SECOURS A DONNER AUX PERSONNES EMPOISONNÉES OU ASPHYXIÉES. DE L'IMPRIMERIE DE FEUGUERAY; rue du Cloître Saint-Benoit ; n° 4 • (SECOURS A DONNER AUX PERSONNES EMPOISONNÉES OU ASPHYXIÉES; j Suivis des moyens propres à reconnaître les Î oisons et les vins frelatés, et à distinguer a mort réelle de la mort apparente ; Par M.-P. ^RFILA, Médecin par quartier de S. M. ; membre corres- pondant de ^'Institut : membre de là Société médicale d'Émulation ; de l'Université de Du- blin, de Philadelphie, de rAeadémieVde Ma- drid, de Barcelonne, de Murcie, des%les Ba- léares ; Professeur de Chimie à l'Athénée roval j Professeur de Médecine légale , etc. f l'Auteur, rne des Fosses-Saint - Gcrmain-dcs- esoer , Libraire, rue Christine, n°. 2. j-, 1 Pies , n°. 14 J 2 J CroCHARD, Libraire, rne de Sorbonnc, n°. 3: l D 181& V* 06ls JSfÔ*. A MON FRÈRE A. ORFILA, ''' ) ■■ Connue un u:;no:^ï%:^ d'ailacheraent. / M.-P. ORFILA. i •I / l RAPPORT Fait à la Société de la Faculté de Mé*- decine de Paris, dans sa séance du i4 mai 1818. JLa Société nous a chargés , MM. Percy, Pi- nel et moi, de lui rendre compte d'un ma- nuscrit de M. Orfila , intitulé : Secours à don- ner aux personnes empoisonnées 014 asphy- xiées y suivis des moyens propres à reconnaître les poisons. Le but de l'auteur, en composant ce livre, a été de rendre populaires les connaissances les plus importantes de son Traité des poi- sons , et d'indiquer tout ce qui est relatif aux diverses espèces d'asphyxies , aux secours qui doivent être administrés aux enfans qui vien- nent au monde sans donner signe de Yie, aux (• vm )' caractères qui distinguent la mort réelle de la mort apparente, aux brûlures et à la falsifi- cation des vins. L'utilité d'un pareil ouvrage nous paraît trop évidente pour qu'il soit nécessaire de la faire ressortir* Nous dirons seulement que M. Orlila s'est attaché à décrire , avec toute l'exactitude possible, les maladies dont il a traité , et les moyens qu'il a mis en usage pour les combattre. Rejetant constamment les mots techniques pour leur en substituer d'autres gé- néralement connus, et faisant abstraction de toute théorie , il a voulu que son ouvrage fût regardé*;omme un recueil contenant seulement les préceptes d'après lesquels il faut se con- duire pour guérir les individus empoisonnés ou asphyxiés. Nous nous dispenserons de faire connaître la méthode suivie par l'auteur pour atteindre à ce but, le traitement qu'il emploie étant à-peu-près semblablfi à celui qu'il a con- seillé daj^son Traité de Toxicologie générale. ouvrage qui a justifié l'opinion qu'en avait con- çue l'Institut ^ puisqu'il est entièrement épuisé, et qu'une seconde édition est prête à paraître7. (IX) Lorsqu'il s'agit de distinguer les poisons r M. Orfila choisit les caractères les plus impor* tans , ceux qui peuvent être facilement con- statés , €t souvent un ou deux de ces caractères lui suffisent pour faire reconnaître la substance vénéneuse. La manière simple et exacte avec laquelle- M. Orfila a traité son sujet, déjà fort intéres- sant par lui-même , le rend encore beaucoup plus utile. Débarrassé, autant que possible, des ter- mes scientifiques, souvent plus difficiles à com- prendre pour les gens du monde que le fond de la matière, réduit enfin aux préceptes les plus simples, mais suffisans pour atteindre le but proposé, l'ouvrage de M. Orfila sera d'un us.'ge général. 11 est à désirer que le Gouvernement prenne les mesures nécessaires pour qu'il se répande dans toutes les classes de la société, et surtoul qu'il se trouve dans les mains des médecins, des officiers de santé, des maires, des curés, etc., auxquels il devient indispensable de faire con- naître les progrès que l'art a faits, dans ces der- niers temps, dans le traitement des empoison- nemens et des asphyxies. Fait à la Société de médecine de la Faculté, le 4 niai 1818. Signé Pergy , Pinel , Vauçuelin. Pour copie conforme, Le Secrétaire-général, Duméml. INTRODUCTION. Ja r m i les maladies graves, celles qui réclament les plus prompts se- cours sont , sans contredit , les asphyxies et les diverses espèces d'empoisonnement. La conserva- tion des individus asphyxiés ou empoisonnés dépend toujours de la rapidité avec laquelle les médi- camens convenables leur sont ad- ministrés j d'où -il résulte que les médecins, les chirurgiens, les offi- ciers de santé et les pharmaciens doivent toujours se tenir au cou- rant des progrès de la science, pour être à même de combattre ces ma- ladies dangereuses , sans perdre un moment. (X,I> Il est même de la plus haute im- portance que les maires , les cu- rés., les chefs d'établissemens , les pères de famille et les habitans de la campagne , connaissent à cet égard toutes les ressources de notre art , afin de donner des secours aux malheureuses victimes de ces accidens lorsque le praticien est éloigné, et qu'il ne peut se ren- dre auprès d'elles qu'une ou plu- sieurs heures après l'événement. L'expérience prouve tous les jours que les maladies de ce genre ne se terminent souvent d'une manière funeste , que par le défaut de con- naissances des personnes qui en- tourent les malades dès le com- mencement de l'affection. Cette considération nous engage à pu- blier le Manuel que nous offrons au Public : nous l'avons débarrassé des termes scientifiques , souvent ( xm ) plus difficiles à comprendre pour les personnes étrangères à la mé- decine que le fond de la matière $ désirant le mettre à la portée dé tout le monde, nous avons omis à dessein tout ce qui est relatif aux théories et aux ouvertures des ca- davres ; nous avons voulu qu'il fût regardé comme un recueil con- tenant seulement les préceptes d'a- près lesquels il faut se conduire pour guérir les individus empoi- sonnés ou asphyxiés. Nous avons scrupuleusement dé- crit la manière d'administrer et de préparer les médicamens , et nous avons indiqué leurs doses et l'é- poque à laquelle ils doivent être donnés : on pourra même nous accuser d'avoirétéminutieux dans l'exposition de certains détails , et d'avoir, répété des mots qui pou- vaient être omis 5 l'intérêt des ma- ( mr ) lades doit nous servir d'excuse j d'ailleurs , nous sommes persua- dés que ceux de nos lecteurs qui ne possèdent aucune connaissance en médecine ne nous blâmeront pas d'avoir indiqué avec un peu plus de détail tout ce qui est rela- tif au traitement, afin de le rendre plus intelligible. Nous croyons utile, avant d'en* trer en matière , de donner quel- ques notions générales sur les ob- jets dont nous allons traiter. Poisons minéraux. Les acides et les alcalis concen- trés , les préparations d'arsenic , de cuivre , .d'antimoine,.de mer- cure , de bismuth , de zinc , d'é- tain , d'or et d'argent j le nitre , les bains de Barèges artificiels, le .phosphore , et le sel ammoniac , (XV ) tels sont les poisons minéraux dont nous ferons l'histoire. Nous commencerons par décrire les effets qu'ils produisent après avoir été introduits dans l'esto- mac ou appliqués sur des plaies. Lorsque ces effets seront sembla- bles à ceux que détermine un au- tre poison dont nous aurons déjà parlé , nous nous bornerons à in- diquer le numéro du § dans lequel ils ont été exposés: par ce moyen, nous pourrons éviter un très-grand nombre de répétitions. Sous le titre de Considérations générales sur l'emploi des prépa- rations de cuivre, de mercure^etc, nou6 ferons connaître les dangers qu'il y a à se servir de plusieurs île- ces préparations sans l'avis du médecin ; nous insisterons parti- culièrement sur celles qui sont vé- néneuses étant appliquées sur des ( ™ ; plaies ; enfin, nous dirons tout ce qu'il importe de faire pour éviter l'empoisonnement. Dans un autre article intitulé . JkToyens de distinguer les prépa- rations d*arsenic ? de cuivre , etc. 9 nous décrirons les caractères les plus impprtans de ces poisons , ceux qui peuvent être facilement constatés., et souvent un pu deux de ces caractères suffiront pour faire reconnaître la substance vé- néneuse : à l'aide de ces données, les personnes chargées de secourir les malades détermineront aisé- ment la nature du poison qui a été avalé , et pourront combattre ses effets avec plus de sûreté. Avant de parler du traitefrnent de l'empoisonnement, nous exa- minerons ^ sous le titre de Contre- poisons, la valeur des différentes substances qui ont été regardées ( xvn ) comme telles par plusieurs méde- cins : nous rejetterons toutes celles qui sont inutiles ou dangereuses , et nous ne conseillerons que celles dont l'efficacité nous a été démon- trée par des expériences réitérées , et qui sont le blanc d'œuf, le lait, le sel gris , le vinaigre , le jus de citron , le savon, la noix de galîe^ et quelques autres matières que l'on peut se procurer avec la plus grande facilité. Après avoir examiné tout ce qui est relatif aux contre-poisons, nous ferons connaître avec le plus grand détail la manière de traiter les di- vers empoisonnemens -f nous indi- queronsla préparation des médica- mens qui doivent êtreadministrés, la dose à laquelle on doit les don- ner , et l'ordre suivant lequel ils doivent être pris jusqu'au moment où les malades entrent en conva- b ( xvni ) Iescence : alors , loin de les aban- donner, nous les suivrons jusqu'à ce que le rétablissement soit com- plet, persuadés qu'il importe beau- coup de prodiguer les soins les plus assidus aux convnlescens , si on ne veut pas s'exposer à perdre le fruit des médicamens déjà employés '. Poisons végétaux. Nous rangerons les poisons vé- gétaux dans trois sections : les />- ritans 9 les stupéjians et les narco- tico-*âcres. Au commencement de chacune de ces sections , nous ferons Pénu- mération des substances vénéneu- ses qui y sont comprises, puis nous parlerons de leurs effets d'une ma- nière générale. L'article suivant sera consacré àl'exposition du trai- tement qu'il imported'àdopter pour guérir l'empoisonnement qu'elles (XIX ) ont déterminé j en sorte que les histoires particulières qui vien- dront immédiatement après n'au- ront d'autre objet que celui de faire connaître l'énergie de ces poisons , les dangersque l'on peut courir en se les administrant soi-même ou en s& les faisant administrerpardeschar- latans, et les moyens de les dis- tinguer les uns des autres. Il suit de là que,, dans l'empoi- sonnement par une substance vé- gétale dont on. voudra connaître les effets et le mode de traitement, il faudra consulter ce qui aura été placé à la tête de chaque section. Nous aurons d'ailleurs le plus grand soin d'indiquer dans la ta- ble générale les numéros corres- pondans aux diverses pages qui traitent des matières dont nous parlons. («) Poiso7is animaux. Les poisons animaux seront ran- gés sous plnsieurs_chefs : nous par- lerons d'abord des venins, ou des effets produits par la morsure de la vipère , de plusieurs autres rep- tiles venimeux , ou par la piqûre du scorpion , de Fabeille , du bour- don , de la mouche , du taon , de l'araignée, de la tarentule, du cou- sin , etc. Nous indiquerons avec détail les symptômes déterminés par ces animaux et les moyens de les faire disparaître. L'histoire des moulêset de quel- ques poissons qui, dans certaines circonstances, ont produit l'empoi- sonnement, suivra immédiatement après. Enfin, nous traiterons de la rage et de la pustule maligne (charbon); nous indiquerons minutieusement C xxi ) les moyens de s'opposer aux rava- ges de ces maladies désastreuses y et de les prévenir. Asphyxies. Les asphyxies seront traitées avec toutle développement qu'elles exigent. Nous parlerons de l'as- phyxie par la vapeur du charbon, des fours à chaux , des cuves de raisin , des vins et d'autres liqui- des en fermentation j de lVsphy- xie des fosses d'aisance, deségouts, des puisards j de l'asphyxie à la- quelle succombent les noyés , les pendus j de celle qui est produite par le défaut d'air , par le froid , par la chaleur , etc. Nous décrirons les procédés à l'aide desquels on peut introduire de l'air dans les poumons des per- sonnes asphyxiées. Sous le titre de Secours qui doi- ( XXII ) vent être administrés aux enfans qui naissent sans donner signe do vie , nous parlerons de l'asphyxie et de l'apoplexie des nouveau-nés, maladies qui ne sauraient être con- fondues sans danger, puisque le traitement qui convient à Tune est nuisible à l'autre. Signes de la mort réelle , et des précautions à l'aide desquelles o?i peut éviter de confondre les morts avec les vivans. Dans cet article , nous appré- cierons à leur juste valeur les si- gnes qui ont été regardés comme pouvant servir à déterminer si un individu qui paraît mort l'est en réalité, et nous ferons voir qu'au- cun d'eux , pris isolément , ex- cepté l'état de putréfaction bien manifeste , ne peut servir à déci- der cette question , et qu'il faut ( XXIII ) nécessairement juger d'après leur ensemble , si l'on veut éviter de commettre des erreurs graves. Brûlures, Les moyens qui doivent être mis en usage pour guérir les brû- lures feront le sujet de cet arti- cle. Nous parlerons d'abord des brûlures superficielles et de peu d'étendue ; nous indiquerons en- suite tout ce qui est relatif aux brû- lures superficielles qui intéressent une grande partie de la surface du corps , et nous terminerons par celles qui sont profondes , et qui donnent lieu à des ulcères plus ou moins larges. Talsiflcation des vins, Le dernier article de l'ouvrage sera consacré à la falsification des vins. Nousferons dnabord connaître ( XXIV ) les fraudes qui peuvent donner lieu à des accidens plus ou moins gra- ves : ainsi nous indiquerons les moyens de reconnaître dans ces liqueurs la présence du plomb , de l'alun , d'une trop grande quan- tité d'eau-de-vie, etc. ; de là nous passerons à l'histoire des vins fre- latés par des substances sucrées , colorantes ou astringentes , dont l'usage n'est, en général , suivi d'aucun danger; enfin, nous par- lerons des procédés à l'aide des- quels on peut découvrir l'arsenic , le cuivre et l'antimoine , si par hasard ils se trouvent contenus dans le vin. Tels sont les objets dont nous avons cru devoir traiter pçur ren- dre cet ouvrage utile.. TABLE DES ARTICLES. ■LtAPPORT.................. Page vij Introduction.................. xj Classification des poisons......... i Ire Classe. Poisons irritans, déter- minant l'inflammation des par- ties qu'ils touchent.,..........Ibid. Effets produits par les acides concen- trés ........................ 4 Symptômes.................. 5 Contre-poisons............... 7 Traitement.................. 8 Moyens de distinguer les acides... i4 Effets produits par les alcalis con- centrés...................... 16 Symptômes..................Ibid. Contre-poisons des alcalis concew très...................... *7 Moyens de distinguer les alcalis... 18 c ( XXVI ) Effets produits par le sublimé corro- sif et les autres préparations mer- curielles, l'arsenic et les composés arsenicaux y le vert-de-gris et les, autres sels de cuivre, l'émétique , le beurre d'antimoine et les autres préparations antimoniales, les sels d'étain, d'or, de bismuth de zinc et d'argent.............. Page ig Préparations mercurielles........ 21 Effets des préparations mercu- rielles.................... 22 Considérations sur l'emploi des préparations mercurielles.... Ibid. Contre-poisons des préparations mercurielles............... 23 Traitement.................. 24 Moyens de distinguer les prépara- tions mercurielles............. 25 Préparations arsenicales......... 26 Effets des préparations arsenica- les .......................Ibid. Considérations sur l'emploi des préparations arsenicales......Ibid. Traitement de l'empoisonnement pai' les préparations arsenicales. 2 8 ^ XXVII ) Moyens de distinguer les prépara- tions arsenicales........Page. 3o Préparations cuivreuses.......... 51 Effets des préparations cuivreuses. 52 Considérations sur l'emploi des préparations cuivreuses......Ibid. Contre-poispns du vert-de-gris et des autres sels de cuivre...... 54 Traitement de l'empoisonnement par le vert-de-gris et les autres sels cuivreux............... 35 Moyens de distinguer les prépa- rations cuivreuses.....,,,,. Ibid. Préparations antimoniales.......Ibid. Effets des préparations antimo- niales..............>....... 37 Considérations sur l'emploi des préparations antimoniales.... 38 Traitement de l'empoisonnement par Vémétique et par les autres préparations antimom'ales.... 39 Moyens propres à faire connaître les préparations antimoniales.. 41 Préparations d'étain, de bismuth, d'or et de zi?ic................ 4^ ( XXVIII ) Effets des préparations d'étain, de bismuth, d'or et de zinc. . Page 44 Considérations sur C emploi de ïé- tain, du bismuth, de l'or et du zinc......................Ibid. Traitement de [empoisonnement par les préparations d'étain, de bismuth, d'or et de zinc...... 4^ Moyenspropres à faire reconnaître les préparations d'étain, de bis- muth, d'or et de zinc........ 4^ Préparations d'argent...........Ibid. Effets des préparations d'argent. 47 Traitement..................Ibid. Caractères du nitrate d'argent..... 4^ Empoisonnement par le nitre, le sel ammoniac et le foie de soufre. . . Ibid. Nitre.........................Ibid. Effets du nitre............... Ibid. Traitement de ïempoisonnement par le nitre................ 49 Caractères du nitre...........Ibid. Sel ammoniac.................. 5o Effets du sel ammoniac....... Ibid. Traitement.................Ibid. { XXIX ) Caractères du sel ammoniac. Page 5i Foie de soufre ( bains de Barèges ar- tificiels).....................Ibid. Effets du foie de soufre.........Ibid. Traitement.................. 52 Caractères du foie de soufre.... 53 Préparations de baryte..........Ibid. Effets des préparations de baryte. 54 Traitement.................Ibid. Caractères des préparations de baryte.............,...... 56 Phosphore . .................. Ibid. Effets du phosphore,......*... Ibid. Cantharides................... 57 Effets des cantharides......... Ibid. Traitement.................. 58 Caractères, des cantharides..... 60 ferre et émail.................Ibid. Préparations de plomb........... 61 Effets des préparations de plomb introduites dans l'estomac.... 62 Considérations sur l'emploi du plomb et de ses composés.... 63 Traitement .„................ 65 (XXX) i Caractères des préparations de plomb.................Page 65 Effets des émanations de plomb, ou colique des peintres....... 6° Traitement de la colique des pein- tres........................67 Poisons irritans végétaux........ 7^ Effets des poisons irritans végé- taux ..................... 73 Traitement.................. 74 IIe Classe. Poisons narcotiques ou stupéfions................... 81 Effets des poisons narcotiques.. .Ibid. . Traitement............... 82, 86 IIIe Classe. Poisons narcotico- âcres....... ^............... 87 § Ier. Des champignons vénéneux. 88 Eff et des champignons vénéneux. Ibid. Indices qui doivent faire suspecter les champignons............ 89 Traitement.................. 90 § II. De la noix vomique , de tu- pas tieuté, de la fève de Saint- Ignace, de la fausse angusture t ( XXXI ) de l'upas aimpr, des poisons amé- ricains, du camphre et de la coque du Levant..............Page g5 Effets de ces poisons..........Ibid. Traitement.................. 96 § III. Du tabac, de la belladone, du stramonium, de ladigitalepour- prée , du laurier rose, de la rue, de la grande et petite ciguës, de V ivraie, du mancenillieret du seigle ergoté...................... 97 Effets de ces poisons---......Ibid. Traitement.................. 98 Emanations des fleurs........... 104 Traitement.................. io5 Du Seigle ergoté............... 106 Effets produits par une petite quantité de seigle ergoté.....Ibid. Effets produits par une grande quantité de seigle ergoté...... 108 Traitement.................. 109 IVe Classe. Poisons septiques ou putréfians......•............ 112 § Ier. Des animaux vénéneux dont ( XXXII ) la morsure ou la piqm^est acom- pagnée d'accidens plus ou moins graves...............•• Page II3 Effets produits par les vipères et par les serpe?is à sonnettes.........Ibid. Traitement de la morsure des vi- pères et des serpens.......... 115 Caustiques.................. J J6 Suite du traitement extérieur.. . 119 Traitement intérieur..........Ibid. Remède qui paraît très-efficace.. 121 Succès de l'arsenic dans celte ma- ladie.....................Ibid. Du Scorpion.................. 122 Traitement.................. 125 De l'abeille, du bourdon, de la guêpe, dujrelon, du taon, de la mouche, de la tarentule, de l'arai- gnée et du cousin.............Ibid. Des animaux qui peuvent devenir funestes étant mangés......... 12 5 Effets des poissons vénéneux.....126 Effets des moules.......-........ 127 Traitement de Vempoisonnement par les animaux qui ont été mangés.................. Ibid. m( XXXTII ) De la pustule maligne ou du bouton malin, du charbon malin, de la puce maligne............Page 128 Causes.....................Ibid. Symptômes de la pustule maligne. 13o Traitement de la pustule maligne. 135 Traitement interne............ 141 Préparations des rem èdes[employés pour guérir la pustule maligne. 1^1 Morsures des animaux eiwagés... i^S Signes de la rage chez les chiens. 146 Traitement de la rage......... 148 Précautions à prendre......... i56 Emploi du chlore............. 152 Traitement interne de la morswe des animaux enragés......•. 153 Avantages du, plaintain d'eau... 154 Formules des remèdes employés dans le traitement de la rage.. 155 Traitement du bétail.......... i56 Asphyxies..................... ! 58 De l'Asphyxie par la vapeur du charbon... ».............. Ibid. d ( WX1V ) Traitement de l'asphyxie par la vapeur du charbon.....Page i5(j Procédé pour introduire de l'air dans les poumons................. J63 De l'Asphyxie par la vapeur des fours à chaux , des cuves de rai- sin , des vins ou d'autres liquides en fermentation. Asphyxie des marais, des mines de charbon de terre....................... 166 De l'Asphyxie des fosses d'aisance, des puisards, des égouts.......Ibid. Traitement.................. 168 De l'Asphyxie par défaut d'air res- pirable...................... 169 Traitement.........•........ 170 De l'Asphyxie par submersion ou des noyés.................... 171 Traitement................. . Ibid. De l'Asphyxie par strangulation, ou des pendus.......•.......... 175 De VAsphyxie par la chaleur...... 176 Asphyxie par le froid..........„ 177 Membres gelés................... j 7q ( XXXY ) Secours à donner aux enjans qui naissent dans un état de mort ap- parente ................. Page 180 De l'Asphyxie des nouveau-nés. .. Ibid. Traitement......•........... 181 De ïApoplexie des nouveau-nés... i85 Traitement.................. 184 Des signes de la mort réelle, et des précautions à l'aide desquelles on peut éviter de confondre les morts avec les vivans............... 185 Conclusion.................... ig3 De la Brûlure.................. 194 De la Brûlure superficielle et peu étendue................... Ibid. De la Brûlure superficielle très- étendue................... 197 De la Brûlure profonde........ 198 Des Vins falsifiés............... 199 Des Jr ins frelatés par le plomb. . Ibid. Des Tins falsifiés par l'alun..... 204 Des 1 ins falsifiés par la craie.... 207 Des Vins falsifiés par l'eau-de -vie. 208 Moyens employés pour donner de la couleur aux vins.............210 ( XXXVI ) Vins fais/fiés par des substances douces et astringentes......Page 211 Des Vins altérés par quelques autres substances..................Ibid. Vins contenant de ïacide arsénieux (arsenic blanc du commerce). . . 212 Vins contenant un sel d'antimoine. . 213 Vins contenant un sel de cuivre.... 214 Table des matières par ordre al- phabétique ..................216 FJN DE LA TABLE DE6 ARTICLES. SECOURS À DONNER AUX PERSONNES EMPOISONNEE* OU ASPHYXIÉES. Classification des Poisons. 1_/n peut ranger tous les poisons connus dans les quatre classes suivantes : i°. Poisons irritans, déterminant l'in- flammation des parties qu'ils touchent; 2°. Poisons narcotiques ou stupéfians; 3°. Poisons narcotico-âcres ; 4°. Poisons septiques ou putréfians. PREMIÈRE CLASSE. Poisons irritans, déterminant l'inflam- mation des parties qu'ils touchent. Cette classe renferme les acides et les al- calis concentrés, le sublimé coivôsif et toutes les préparations mercurielles, ïar- senic et tous les composés arsenicaux, le vert-de-gris et les autres sels de cuivre, Xémètique, le beurre d'antimoine et les ( a)" autres préparations antimoniales, les oxi- des et les sels d'étain, d'or, de bismuth, de zinc, la pierre infernale et le nitrate d'argent cristallisé, le nitre ', le sel am- moniac, \c foie de soufre (bains de Ba- règes artificiels), les sels de.baryte, le phosphore, le verre en fragmens ou mal pilé, les cantharides, les sels de plomb, et toutes les plantes ou les parties des plantes acres, telles que la gomme gutte, la co- loquinte, le garou, les euphorbes, les 7'e- noncules, les anémones , la chélidoine, les joubarbes, les aconits , la sabine, etc. i. Tous les poisons dont nous venons de parler enflamment les parties avec les- quelles ils ont été mis en contact, mais à des degrés différons. Il en est qui produisent une inflammation tellement intense, qu'ils peuvent être regardés comme des causti- ques presqu'aussi puissans que le fer rouge : on les a appelés corrosifs, escarrotiques ; ils déterminent évidemment la mort par le même mécanisme que la brûlure : tels sont les acides concentrés, la plupart des alcalis, la pierre infernale, le garou, etc. Il en est d'autres dont les effets caustiques (3) sont moins intenses, et qui cependant tuent avec la plus grande rapidité, parce qu'ils sont absorbés, mêlés au sang, portés dans toutes les parties du corps, et qu'ils détrui- sent les propriétés vitales du cœur, des poumons, du cerveau ou du système ner- veux, organes trop essentiels à la conser- vation de l'individu pour que la mort ne soit pas le résultat inévitable de leur altération profonde : l'arsenic, l'émétique, le sublimé corrosif, la baryte, l'aconit, etc., sont dans ce cas. La différence d'action exercée par les poisons de cette classe nous conduit na- turellement à admettre que les symptômes qu'ils développent ne sont pas toujours les mêmes, et par conséquent qu'il est utile d'établir un certain nombre de subdivi- sions lorsqu'on veut décrire exactement leurs effets, et surtout lorsqu'on cherche à les combattre. (4) Effets produits par les acides concentrés. Noms nouveaux. Noms anciens. Acide sulfurique. Huile de vitriol. Acide vitriolique. Acide du soufre. Esprit de soufre. Acide sulfurique tenant Bleu de composition em- de l'indigo en disso- ployé en teinture. lutîon. Acide nitrique ou azo- Eau forte. tique. Eau seconde. Esprit de nitre. Acide nilreux blanc. Acide nitreux déphlogij- tiqué. Acidemuriatique, ou hy- Acide marin. dro-chlorique;ouhy- Acide du sel marin. dro-muriatique. Esprit de sel fumant. Acide nitro-hydro-chlo- Eau régale. rique. Acide régalin. Acide nitro-muriatique. Acide phosphorique. Acide de l'urine. Acide hydro-phtorique Acide spathique. ou fluorique. Acide oxalique. Acide de l'oseille ou du sucre. Acide oxalin ou saccharin. Acide lartarique. Acide tartareux. Acide du Urtre. (5) Noms nouveaux. Noms anciens. Acide acétique. Vinaigre radical. Acide acéleux. Esprit de Vénus. Vinaigre de bois. Vinaigre. Acide pyro-ligneux. Acide citrique. Acide du citron. Chlore. Acide murialique oxigér né. Acide marin déphlogi&r tiqué. Eau de javel.. Symptômes. 2. Aussitôt après avoir avalé un acide con- centré, on éprouve les effets suivans : sa- veur acide, brûlante, très-désagréable; chaleur acre au gosier et dans l'estomac ; douleur aiguë à la gorge, qui ne tarde pas à se propager jusqu'aux entrailles ; fétidité insupportable de l'haleine ; rapports fré- quens ; envies de vomir, vouiissemcns abondans , d'une couleur variable, quel- quefois mêlés de sang, produisant dans la bouche une sensation d'amertume, bouiî- (6) lonnant sur le carreau et rougissant la tein- ture de tournesol, comme tous les acides ; hoquet, constipation; mais le plus souvent selles copieuses plus ou moins sanguino- lentes; coliques, ou plutôt douleurs telle- ment aiguës dans tout le bas-ventre, que le poids de la chemise devient insupportable au malade ; ces douleurs s'étendent jusquedans la poitrine ; difficulté de respirer, angoisses, pouls fréquent et irrégulier, soif ardente: les boissons augmentent les douleurs, et ne lardent pas, à être vomies; frissons de tempsà autre, et presque toujours la peau et surtout les membres inférieurs sont comme glacés; sueurs froides et gluantes; efforts répétés et infructueux pour uriner ; im- possibilité de garder la même position ; mouvemens convulsifs des lèvres, de la face, des membres ; un grand état de pros- tration ; physionomie peu altérée d'abord, bientôt ^après, le leint devient pâle ou plombé ; les facultés intellectuelles con- servent le plus souvent leur intégrité. Il n'est pas rare de voir l'intérieur de la bou- che et les lèvres brûlés, épaissis et rem- plis de plaques blanches ou noires, qui, en (?) se détachant, irritent le malade et provo- quent une toux fatigante : alors la voix est altérée ; il y a parfois une éruption dou- loureuse à la peau. L'ensemble de ces symlômes ne se pré- sente pas toujours chez le même individu. L'acide nitrique ou l'eau forte produit en outre des taches jaunes sur les lèvres et sur les parties de la peau qu'il a touchées. Contre-poisons. 3. 11 résulte de nos expériences que le meilleur contre-poison des acides est la magnésie calcinée : il faudra donc, sans perdre un moment, gorger le malade d'eau dans laquelle on aura délayé une once de magnésie par litre ; on donnera un verre de ce liquide toutes les deux minutes, afin de favoriser le vomissement et d'em- pêcher l'acide qui n'a pas encore agi d'exercer son action délétère. Cependant, comme la magnésie ne se trouve que chez les pharmaciens, en attendant que l'on cherche à se la procurer, on administrera plusieurs verres d'eau, d'une décoction de graine de lin , ou de toute autre boisson (8) adoucissante ; car il faut être convaincu que le succès du traitement dépend de l'activité avec laquelle on fait prendre ces boissons ; quelques instans de retard chan- gent complètement le sort du malade. A défaut de magnésie , on administrera demi- once de savon dissous dans un litre d'eau ; le blanc d'Espagne ou la craie, le corail pulvérisé, les yeux d'écrevisse, les perles préparées, ou la corne de cerf brûlée, dé- layés dans l'eau, à quelque dose que ce sok , pourront être extrêmement utiles dans le cas où l'on n'aurait ni magnésie ni savon. On fera également prendre des la- vemens préparés avec les substances dont nous parlons. La potasse et la soude sont trop irritante» pour pouvoir être employées comme là magnésie ; la thériaque est tout-à-fait inu- tile. Traitement. 4- Si, malgré l'emploi du contre-poison, le vomissement n'a pas lieu ( ce qui n'est pas présumable ) , on se gardera d'admi- nistrer de 1 cinétique, de l'ipécacuanha ou d'autres substances irritantes, ni de (9) chatouiller le gosier, déjà enflammé par lé poison , avec les doigts , la barbe d'une plume , etc. Certain d'avoir neutralisé tout le poison qui n'a pas agi, on s'oc- cupera de guérir l'inflammation dévelop- pée ; pour cela , on appliquera sur le ventre des linges trempés dans une forte décoction de graine de lin , de racine de guimauve, ou de fleurs de mauve encore tiède ; et si le malade ne peut pas endu- rer le poids de ces linges , on arrosera fréquemment le ventre avec ces liquides à l'aide d'une éponge ; ou, ce qui vaut en- core mieux , on placera l'individu dans un bain tiède. Si l'on n'obtient pas un sou- lagement marqué et prompt, on appli- quera douze ou quinze Sangsues sur l'en- droit le plus douloureux du ventre , et on pratiquera une saignée. Si , par l'effet des sangsues , la douleur disparaît pour se montrer ailleurs , on n'hésitera pas à entourer ce nouveau point d'irritation du même nombre de sangsues , et l'on ne s'effraiera pas si, par un nouveau déplace- ment de la douleur, il faut encore appli- quer quinze ou vingt sangsues : le salut ( io) du malade dépend désormais de l'abon- dance avec laquelle on fait couler le sang : l'affaiblissement qui résulte de cette é\a- cuation doit donc être considéré comme un léger inconvénient. Ces moyens extérieurs et énergiques seront favorisés par l'usage de boissons douces, telles que l'eau de gomme , de graine de lin ou de guimauve édulcorées ; on interdira toute espèce d'aliment, sans en excepter le bouillon. 5. Si le malade ne pouvait pas avaler, et que l'inflammation de la gorge donnât de l'inquiétude , on appliquerait sans dé- lai douze ou quinze sangsues au cou. 6. Les ctampes, les crispations et les mouvemens convulsifs se dissiperont avec l'inflammation dont ils étaient la suite : ce- pendant s'ils persistaient, on donnerait de quart d'heure en quart d'heure une cuil- lerée à bouche d'une potion préparée avec 4 onces d'eau de fleur d'oranger, de menthe , de mélisse , de tilleul, de la- vande ou de thé , une once de sucre , 3o gouttes de liqueur d'Hoffmann ou d'é- ther; et 20 gouttes de laudanum liquide de ( » ) Sydenham. A défaut de cette potion , on ferait bouillir, pendant un quart d'heure, trois ou quatre têtes de pavot dans deux verres d'eau ; on ajouterait deux ou trois feuilles d'oranger et 3 onces de sucre , et on donnerait la potion en trois doses, à demi-heure d'intervalle. 7. Après la cessation des accidens déve- loppés par ces acides, quand la fièvre est presque tombée , on peut permettre au malade de prendre de l'eau de veau et du bouillon de poulet ; et lorsqu'on le juge près de la convalescence, on le met à l'u- sage du gruau d'orge et d'avoine, de la fécule de pomme de terre , de la crème de riz , des bouillons gras ou de l'eau panée ; on évite avec soin les alimens solides , le vin et les spiritueux, qui irriteraient de nou- veau l'estomac et feraieftt reparaître l'in- flammation. Que l'on se persuade bien que le vin, regardé par plusieurs personnes comme propre à remonter les forces en apparence épuisées , est, dans le cas dont nous parlons , un nouveau poison qui agit absolument comme celui dont on a com- battu les effets. (ta) Ce n'est que trois ou quatre jours après que le malade est entré en convalescence , qu'il faut lui donner des alimens solides, en petite quantité, et d'une digestion facile. 8. Supposons maintenant le cas extrê- mement grave où le malade ne peut avaler aucun des médicamensprescrits, soit parce qu'il éprouve un resserrement convulsif des mâchoires ou une constriction à la gorge, soit par toute autre cause , alors on doit avoir recours au moyen proposé par Boerhaaye, perfectionné par MM. Du- puylren et Renault, et qui consiste à introduire le médicament dans l'esto-» mac à l'aide d'une sonde de gomme élas- tique , armée d'une seringue. « La sonde m de gomme élastique, dit M. Renault, a sera assez longjie pour qu'une de ses » extrémités plonge jusque dans la partie » Ja plus déclive de l'estomac, et d'un » calibre assez grand pour livrer passage » à des matières molles comme celles qui » sont à denii-digérées ; elle aura deux a orifices terminaux ; enfin une virole de » métal embrassera son extrémité exté- C i3) » rieure, qui sera reçue dans la canule d'une » seringue. Les choses ainsi disposées, on » introduit la sonde par la bouche ou par » les narines, on lui adapte la seringue, » et on injecte doucement une certaine » quantité de liquide pour délayer , te- » nir en suspension ou dissoudre le poi- » son ; puis on retire le piston , on fait » le vide, et on aspire une certaine quan- » tité des matières contenues dans l'esto- » mac. Après que ces deux opérations » ont été répétées plusieurs fois, ce vis- » cère est bien lavé , et tout le poison est m extrait sans secousse, presque sans dou- » leur et dans un temps très-court. Tou- » tes les fois que le poison n'aura pas fran- » chi le pylore, et qu'il ne sera pas en m gros fragmens , la possibilité de l'ex- >» traire par ce procédé est évidente pour >» tous ceux qui sont un peu physiciens. m Quand des épreuves sur l'homme en » auront démontré l'efficacité , son usage » pourra devenir très-étendu. En atten- » dant que l'expérience ait prononcé , » voici quelques essais que j'ai tentés sur » les animaux yivans. J'ai injecté jusqu'à ( '4) » 8 onces d'eau dans l'estomac de plu- » sieurs petits chiens, et je suis toujours » parvenu à la pomper en entier par le » procédé que je viens de décrire. La chose m ne pouvait manquer d'arriver ainsi , » quand on se rappelle avec quel succès » des moyens analogues ont été mis en » usage pour vider la vessie remplie de » sang eoagulé. » 9. Appliqués à l'extérieur, les acides concentrés ne sont pas absorbés et se bor- n- nent à déterminer une brûlure , que l'on guérit par les moyens ordinaires. (Voyez Brûlure, à la fin de l'ouvrage. ) Moyens de distinguer les acides. 10. Les acides ont la faculté de rougir fortement la teinture bleue de tournesol. L'acide sulfurique n'a point d'odeur; chauffé avec du charbon , il dégage la même odeur que le soufre qui brûle. L'a- cide nitrique concentré est blanc ; mis sur du cuivre , il bouillonne, et donne des va- peurs d'un jaune orangé. L'acide hydro- chlorique (muriatique) concentré répand des vapeurs blanches, et donne avec le ni- ( i5) trate d'argent un précipité blanc , caille- botté, lourd , qui ne se dissout ni dans l'eau ni dans l'acide nitrique. Ueau régale a. une couleur jaune-rougeâtre, et agit sur le cuivre comme l'acide nitrique. L'acide phosphorique, chauffé avec du charbon dans un creuset, donne du phosphore qui s'en- flamme. L'acide fluorique corrode le verre. L'acide oxalique, chauffé dans une fiole, se volatilise presqu'en entier; une petite portion se décompose et laisse très-peu de charbon ; dissous dans l'eau , il précipite l'eau de chaux en blanc, et le précipité ne se dissout pas dans un excès d'acide oxa- lique. L'acide tartarique est entièrement décomposé par le feu et fournit beaucoup de charbon ; dissous dans l'eau, il précipite l'eau de chaux, et le précipité se redissout facilement dans un excès d'acide tartarique. L'acide citrique est décomposé par le feu, et ne précipite l'eau de chaux qu'autant qu!il est solide ou que l'on fait chaufferie mélange. L'acide acétique a l'odeur de vi- naigre. Le chlore est jaune-verdâtre, répand une odeur désagréable, dissout l'or en la- mes, et détruit la couleur du tournesol. ( i6) Effets produits par les Alcalis concentrés. Noms nouveaux. Noms anciens. Potasse à falcool et po- Potasse caustique. tasse à la chaux. Alcali végétal caustique. Pierre à cautère. Potasse silicée. Liqueur de cailloux. Sous-carbonate de po- Sel de tartre. tasse. Huile de tartre par dé- faillance. Soude. Soude caustique. Sous-carbonate de soude. Lessive des savonniers. Alcali marin. Alcali minéral caustique. Ammoniaque liquide. Alcali volatil. Alcali volatil fluor. Chaux. Chaux vive. Lait de chaux. Symptômes. 11. Les effets des alcalis concentrés dont nous parlons sont à-peu-près les mêmes que ceux qui ont été décrits § 2 en par- lant des acides ; il faut seulement noter que la saveur de ces poisons est acre, caustique et urineuse , et que la matière des voiais- semens, loin d'être acide et de bouillpnner t j7 ; ■sur le carreau, est alcaline et verdit le si- rop de violette. JJalcali volatil concentré agit avec plus d'énergie que les autres, et tarde beaucoup moins à déterminer des convulsions horribles; l'expérience prouve qu'il est même très-dangereux de le faire respirer pendant long-temps aux personnes évanouies que l'on cherche à ranimer : en effet, s'il est très - concentré, il se va- porise ; la vapeur enflamme la gorge et les poumons, et occasionne la mort, comme on l'a observé dernièrement : il faut donc, dans des circonstances pareilles, se borner à passer légèrement sous le nez le flacon dans lequel l'alcali est ren- fermé. Contre-poisons des alcalis concentrés. 12, Nous avons fait voir, par des expé- riences directes, que le vinaigre et le jus de citron sont les meilleurs contre-poisons des alcalis compris dans cet article. Il faudra donc se hâter d'administrer, dans un em- poisonnement de ce genre, plusieurs verres d'eau acidulée, préparée en mettant deux -cuillerées à bouche de vinaigre ou le jus 3 ( '8 )> d'un citron dans un verre d'eau ; et, si 1 on ne peut pas se procurer de suite ces sub- stances , on gorgera le malade d'eau afin de le faire vomir: on se gardera bien de donner l'émétique, de l'ipécacuanha ou d'autres substances irritantes. Si les accidens ne se dissipent pas, on aura recours aux bois- sons adoucissantes, aux fomentations émol- lientes, aux sangsues, etc. : on se conduira, en un mot, comme nous l'avons dit § 4 et sûivans. Moyens de distinguer les Alcalis. i3. Les alcalis, dissous dans l'eau, ver- dissent le sirop de violette. L'alcali vola- til a une odeur très-forte qui le fera recon- naître sur-le-champ. L'eau de chaux pré- cipite en blanc par l'acide carbonique ou les carbonates, et n'est point troublée par l'acide sulfurique. La potasse et la soude ne sont troublées ni par l'un ni par l'autre de ces acides : la potasse précipite en jauné- sêrirt par le muriate de platine ; la soudé', au contraire , reste transparente quand on la mêle avec ce muriate. i j9 ; Effets produits par le sublimé corros/fet les autres préparations mercurielles, l'arsenic et les composés arsenicaux, le vert-de-gris et les autres sels de cui- vre, l'émétique y le beurre d antimoine et les autres préparations antimoniales, les sels d'étain, d'or, de bismuth, de zinc et d'argent. i4- Avant de parler de chacun de ces poisons en particulier, nous croyons de- voir faire connaître leurs effets d'une ma- nière générale, ces effets étant à peu de chose près les mêmes. La saveur de ces poisons est acre, mé- tallique , plus ou moins analogue à celle de l'encre, moins brûlante que celle des aci- des et des alcalis concentrés ; le malade se plaint quelquefois d'un resserrement à la gorge ; les douleurs ne tardent pas à se manifester dans l'arrière-bouche, l'estomac, les entrailles; elles deviennent bientôt après insupportables ; les envies de vomir et les vomissemens se déclarent et se succèdent avec plus ou moins de rapidité. La matière rendue, d'une couleur variée, souvent ( 2° ) mêlée de sang, ne bouillonne pas sur le carreau ; elle ne verdit jamais le sirop de violette, et lorsqu'elle rougit la teinture bleue de tournesol, ce n'est qu'à un degré très-faible ; il y a constipation ou diarrhée ; quelquefois celle-ci est sanguinolente. A tous ces symptômes alarmans se joignent des rapports fréquens et souvent fétides, le ho- quet, la difficulté de respirer , et presque la suffocation; le pouls devient accéléré, petit, serré; on dirait, dans certains cas, qu'il vibre sous les doigts comme une corde à hoyau ; il n'est pas rare de le voir inégal, intermittent, c'est-à-dire qu'il n'y a pas le même intervalle entre chaque battement. Une soif inextinguible, la difficulté d'uri- ner , les crampes, le froid glacial des ex- trémités , des convulsions horribles ou la prostration générale des forces, la décom- position des traits de la face, et le délire, tels sont les symptômes que l'on voit sur- venir, et qui annoncent une mort prochaine si l'on ne se hâte pas de porter des secours énergiques. Dans certaines circonstances , le malade conserve toutes ses facultés in- tellectuelles jusqu'au moment de la mort. (»' ) Préparations mercuiielles. Noms nouveaux. Noms anciens. Deuto-chlorure de mer- Sublimé corrosif. «ure. Muriate sur - oxigéné de mercure. Muriate de mercure au maximum. Oxi-muriate de mercure. Deuloxide de mercure Oxidt rouge -de mercure, rouge. Précipité per se. Précipité rouge. Arcane corallin. fiulfure de mercure noir. Eihiops minéral. Sulfure de mercure rou- Cinnabre. ge. Vermillon. Sous - deuto - sulfate de Turbith minéral. mercure. Sulfate de mercure jaune. Nitrate de mercure. Nitre îuercurîeL Sous - deuto - nitrate de Eau mercurielle. mercure. Dissolution mercurieîle. Turbith nîtreux. Onguent mercuriel. Onguent gris. Onguent napolitain. (M ) Effets des préparations mercurielles. (Voyez § i4). Considérations sur Vemploi des préparations mercurielles. i5. La plupart des préparations de mer- cure deviennent des remèdes héroïques entre les mains d'un médecin habile ; mais comme les charlatans abusent souvent de. la crédulité populaire et les administrent sans aucune précaution, il importe de signaler les dangers auxquels les malades sont exposés. Il est rare qu'à la dose d'un grain le sublimé corrosif en boisson ne donne lieu à des accidens fâcheux, et à plus forte raison si la quantité prescrite est double ou triple. Mis sur des plaies, des cancers, des lou- pes , etc, dans le dessein d'en opérer la guérison, il agit comme un poison vio- lent et détermine la mort au bout de dix, quinze, vingt, trente heures, comme nous l'avons fait voir ; d'où il suit qu'il ne doit jamais être employé à l'extérieur dans ces sortes de maladies. Uonguent gris, et surtout Y onguent (23) napolitain, dont on frotte souvent la tête ou quelques autres parties du corps pour tuer les poux, ne sont pas toujours exempts de danger : l'expérience prouve que, dans certains cas, lorsque la quantité d'onguent employé est trop considérable, le frotte- ment trop prolongé et la peau très-délicate, on détermine plusieurs des symptômes de l'empoisonnement. Cou tre-poisons des préparations mercurielles. 16. Nous avons prouvé, par des expé- riences incontestables, que le blanc d'oeuf délayé dans l'eau froide est le meilleur contre-poison du sublimé corrosif et de tous les composés mercuriels. A défaut de blanc d'œuf, le lait peut être employé avec grand succès. Les alcalis salins et terreux, les foies ou hépars de soufre, Y hydro- gène sulfuré, les hydro-sulfates, Y eau de quinquina, le charbon et Y eau de char- bon , conseillés par plusieurs auteurs, sont toujours inutiles' et souvent dangereux ; d'où il suit qu'ils doivent être bannis du traitement dont nous allons nous occuper. (=4) Traitement. 17. Lorsqu'un individu sera empoisonne par une préparation mercurielle, intro- duite dans l'estomac, ou appliquée à l'ex- térieur, on délaiera provisoirement douze ou quinze blancs d'œuf ( on pourra même sans inconvénient se servir également du jaune) dans deux pintes d'eau froide, et on lui donnera un verre de cette boisson toutes les deux minutes afin de favoriser le vomis- sement. Si l'on n'a pas à sa disposition le nombre d'œufs indiqué , loin de renoncer à cette boisson salutaire, on la préparera avec ceux que l'on aura ; en attendant on cherchera à s'en procurer d'autres. Dans le cas où l'on ne pourrait pas en avoir , on donnerait du lait en abondance; enfin l'eau de gomme, de graine de lin, de fleurs de mauve, de racine de guimauve, l'eau su- crée , et même l'eau simple seraient admi- nistrées sans délai si on manquait d'œufs ou de lait. Si, après avoir fait prendre la quantité d'œufs prescrite, le vomissement et les autres accidens ne'sont pas sensiblement «aimés a on donnera le même nom hcfi (a5) d'œufs que l'on aura délayés d'avance, pour pouvoir agir avec plus de promptitude. Ces premiers secours une fois administrés, on soignera le malade comme nous l'avons dit en parlant des acides, § 4 et suivans, excepté que l'on devra favoriser le vomis- sement en introduisant les doiirts dans la bouche ou en chatouillant le gosier avec les barbes d'une plume. Moyens de distinguer les préparations mercurielles. 18. Toutes les préparations mercurielles, chauffées jusqu'au rouge dans un tube de verre avec de la potasse, se décomposent et donnent du mercure (argent vif) qui se volatilise. Le sublimé corrosif est blanc , se dissout dans l'eau» et précipite en jaune- serin par la potasse , et en blanc par L'am- moniaque. Le deutoxide de mercure est rouge , se dissout dans l'acide hydro-chlo- rique ( muriatique) et se transforme en su- bi imé corrosif. Le cinnabre est rouge, in- soluble, dans l'eau et dans l'acide hydro- chlorique. Uonguent mercuriel, bouilli avec de l'eau, se décompose; la graisse fond , et l'argent vif se dépose. 5 (26) Préparations arsenicales. Noms nouveaux. Noms anciens. Acide arsénieûx ou deut- Arsenic blanc. oxide blanc d'arsenic. Chaux dNirsenrc. Acide arsénique. Acide arsenical. Arséniate acide de po- Sel neutre arsenical de tasse. Macquer. Arséniate de soude. Sel arsenical de soude. Arséniate d'ammonia- Ammoniaque arsenicale. que. Arsénite de soude. Sel arsenical de soude. Sulfure d'arsenic jaune. Orpiment natif ou artifi- ciel. Sulfure d'arsenic rouge. Réalgar natif et artificiel. Oxide noir d'arsenic ou Poudre aux mouches. protoxide d'arsenic. Pâte arsenicale. Pâte de Rousselot. Pâte du frère Cosme. Effets des préparations arsenicales. (Voyez § 14). Considérations sur remploi des préparations arsenicales. 19. Depuis long-temps la pâte de Rous- selot est employée à l'extérieur par les chi- rurgiens les plus célèbres pour détruire ' ( -1 ) quelques cancers ; cependant l'expérience prouve que l'arsenic blanc qui en fait par- tie peut donner lieu à tous les symptômes de l'empoisonnement, et déterminer la mort dans l'espace de vingt-quatre à quarante- huit heures : il faut donc prendre les plus grandes précautions lorsqu'on fait usage d'un pareil médicament. Quel inconvé- nient y aurait-il à le préparer sans arsenic? Nous croyons qu'il aurait presque les mêmes avantages, sans exposer aux mêmes dan- gers. Les autres préparations arsenicales sont beaucoup plus vénéneuses que cette pâte lorsqu'on les met sur des plaies. Avalés, même à des doses infiniment petites , les composés arsenicaux sont des poisons énergiques qui ne tuentpas, comme on le croit vulgairement, parce qw'ils brû- lent l'estomac et les intestins, mais parce -qu'ils sont absorbés et qu'ils détruisent les propriétés vitales du cœur : assez souvent; même ils enflamment et ulcèrent cet organe Ces faits étant posés ;, poiirra-mm se flawer de retirer quelqu avantage de l'arsenic poui- combattredes fièvrestierces,quartes, «te. , comane le pensent les médecins qui ont osé l'administrer à plusieurs reprises ? Nous croyons qu'il est dangereux de s'obstiner à traiter les maladies de ce genre par le poi- son dont il s'agit lorsqu'elles ne guérissent pas à la troisième ou quatrième prise du médicament, employé à très-petite dose et avec les plus grandes précautions : en effet, non-seulement on peut donner lieu à des accidens graves peu de temps après l'administration du remède, mais encore on dispose le malade à avoir par la suite une maladie du cœur, comme cela paraît déjà avoir été observé. Traitement de l'empoisonnement par les préparations arsenicales. 20. La meilleure manière de traiter l'em- poisonnement par une préparation arseni- cale introduite dans l'estomac ou appliquée à • l'extérieur, consiste à faire boire plu- sieurs verres d'eau sucrée, d'eau tiède ou froide , de décoction de racine de guimauve pu de graine de lin : pa*> ce moyen, l'es- tomac se i trouve rempli ,1e vomissement a )ie\x, etnécessairement Je poison est rejeté. On peut aussi faire boire.quelques verres d'un mélange de parties égales d'eau de chaux (i) et d'eau sucrée. La thériaqtie, Y huile, la noix de galle, le quinquina, les écorces de pin , de grenade, le foie de soufre et le vinaigre , conseillés par quel- ques médecins , ne doivent pas être em- ployés , parce qu'ils sont inutiles et souvent dangereux. Lorsqu'on est parvenu à calmer les prin- cipaux accidens , on soigne le malade comme il a été dit § 7 ; si, au contraire , malgré les secours dont ndus parlons, la maladie persiste ou fait des progrès, que les douleurs du ventre soient très-fortes, et que l'individu ait des mouvemens convulsifs , on ordonne les sangsues, la saignée, etc. ; en un mot, on se conduit comme nous l'a- vons dit à l'article Acides. Voyez § 4 et suivans. (1) On prépare feau de chaux en faisant chauf- fer, pendant cinq ou six minutes, un quart d'once de chaux vive éleinte par l'eau dans deux litre* d"eau; on passe la liqueur à travers un linge. <3o) Moyens de distinguer les préparations arsenicales. 21. L'arsenic blanc (deutoxide d'arse- anc ) est sous la forme d'une poudre blanche comme le sucre ; mais il en diffère parce qu'il est beaucoup plus lourd ; parce qu'il se volatilise et répand une odeur d'ail lors- qu'on le met sur le feu ; parce qu'il ne fond pas dans l'eau froide; enfin parce qu'il devient d'un très-beau vert lorsqu'on le met dans du sulfate de cuivre ammonia- cal bleu. L'acide arsénique est blanc, ré- pand l'odeur d'ail lorsqu'on le met sur les charbons allumés , se fond très-facilement dans l'eau, et passe au bleu clair quand on îe met dans du sulfate de cuivre ammonia- cal. L'orpiment est jaune: chauffé jusqu'au rouge avec de la potasse, il répand des vapeurs d'arsenic qui sentent l'ail. Le réal- gar- se comporte de la même manière avec la potasse, mais il est rouge. La poudre aux mouches est noirâtre, donne des va- peurs qui ont l'odeur d'ail lorsqu'on la met sur les charbons ardens , et devient verte quand on la laisse pendant plusieurs heures dans le sulfate de cuivre ammoniacal bleu. (5,) Préparations cuivreuses. Noms nouveaux. Noms anciens, Sous-acétate de cuivre. Vert-de-gris. Vert-de-gris artificiel. Verdet. Oxide de cuivre. Sous - carbonate de cui- Vert-de-gris naturel. vre. Acétate de cuivre cris- Verdet cristallisé. tallisé. Cristaux de Vénus. Sulfate de cuivre. Couperose bleue. Rleu de Chypre. Vitriol bleu. Bleu de Vénus. Bleu de cuivre. Hydro-chlorate de cui- Sel marin cuivreux. vre. Muriate de cuivre. Nitrate de cuivre. Nitre de cuivre. Oxide de cuivre. Chaux de cuivre. Rouille de cuivre. Oxide de cuivre ammo- Eau céleste. niacal. Hydro - chlorate de cui- Fleurs ammoniacales cui* vre et d'ammoniaque. vreuses. (3a) Effets des préparations cuivreuses. (Voyez § 14.) Considérations sur l'emploi des préparations cuivreuses. 22. Toutes les préparations de cuivre indiquées dans ce tableau sont vénéneuses lorsqu'on les introduit dans l'estomac, même à petite dose : elles peuvent, au con- traire, être mises sur les plaies sans qu'il en résulte d'autre inconvénient qu'une in- flammation locale. Le vert-de-gris naturel (sous-carbonate de cuivre) que l'on observe sur les pièces de monnaie, dans les fontaines et sur les robinets de cuivre, peut être mis dans l'eau sans lui communiquer aucune propriété malfaisante, parce qu'il ne s'y dissout pas ; mais si, en buvant le liquide qui a séjourné sur le vert-de-gris naturel, on avale une partie de ce vert-de-gris , alors on est en proie à tous les symptômes de l'empoisonnement : il est donc prudent de ne jamais boire les liquides que l'on a conservés dans des vases recouverts de la poudre verte dont nous parlons. Le vert-de-gris artificiel (sous-acétate (33) de cuivre ) est facilement dissous par l'eau ; il est toujours vénéneux, soit qu'on l'avale en poudre , soit qu'on boive 1 eau avec laquelle il a été mis en con- tact. On ne saurait prendre trop de pré- cautions pour éviter la formation de ce poison dans les ustensiles de cuisine. Que l'on se persuade que les casseroles parfai- tement étamées n'offrent aucun danger , quel que soit le mets que l'on y prépare ; niais que l'on soit également convaincu que lorsqu'elles sont mal étamées , le vin, le vinaigre, le suc d'oseille, l'huile, les corps gras et plusieurs autres substances, déterminent la formation du vert-de-gris, qui se mêle avec les alimens et donne lieu aux accidens les plus funestes. La quantité de vert-de-gris produite est surtout très- considérable quand on a l'imprudence de laisser refroidir dans des vases de cuivre les substances dont nous parlons ; il est donc urgent , lorsqu'on a été obligé d'employer des ustensiles mal étamés, de transvaser les alimens encore bouillans. 11 arrive aussi quelquefois que l'on est empoisonné après avoir mangé de la salade assaison- (34) née avec le vinaigre contenu dans les pe- tite tonneaux de cuivre des marchands qui parcourent les rues : c'est parce que ce vinaigre contient du vert-de-gris ; enfin des médecines faites et laissées pendant quelque temps dans des vases de cuivre, ont souvent produit l'empoisonnement, par la même raison. Contre-poisons du vert-de-gris et des autres sels de Cuivre. 23. Il résulte de nos expériences que le blanc d'œuf est le meilleur contre-poison du vert-de-gris et des autres sels de cuivre. Le sucre, qui avait été regardé comme tel par plusieurs personnes, peut être utile dans l'empoisonnement par les prépara-. lions cuivreuses, mais il n'est pas leur contre-poison. Le foie de soufre, les alca- lis , la noix de galle, le quinquina, le charbon, etc., considérés aussi comme contre - poisons , sont inutiles , souvent dangereux, et doivent par conséquent être bannis. (35), Traitement de l'empoisonnement par le vert- de-gris et les autres sels cuivreux. 24. Une personne empoisonnéee par le vért-de-gris ou par un autre sel de cuivre, doit être soignée comme il a été dit en parlant du sublimé corrosif. Voy. § 17. Moyens de distinguer les préparations cuivreuses. 25. Les sels de cuivre dissous dans l'eau ont, en général, une couleur bleue ouverte. Ils précipitent en rouge-brun parle prussiate de potasse; le fer métallique et le phos- phore en séparent sur-le-champ du cui- vre. Le vert-de-gris artificiel ne se dissout pas en entier dans l'eau froide ; bouilli avec l'eau , il donne une liqueur bleue et une poudre brune-noirâtre. Chauffé jusqu'au rouge dans un creuset, il se décompose et laisse du cuivre métallique. Préparations antimoniales. Noms nouveaux. Noms anciens. Tarlrate de potasse an- Tartre stibié. timonié. Tartre émétique. Tartre antimonié. Emétique. (36) Noms Nouveaux. Noms anciens. Chlorure d'antimoine. Beurre d'antimoine Muriate d'antimoine. Sous-hydro-sulfate d'an- Kermès minéral. limoine. Poudre des chartreux. Oxide d'antimoine hydro- sulfuré brun. Sous-hydro-sulfate sul- Soufre doré d'antimoine. furé d'antimoine. Oxide d'antimoine hy- dro-sulfuré orangé. Hydro - chlorate d'anti- Muriate d'antimoine. moine. Sous - hydro - chlorate Poudre d'Algaroth. d'antimoine. Mercure de vie. Mercure de mort. Sous - muriate d'anti- moine. Deutoxide d'antimoine Fleurs d'antimoine. par le feu. Fleurs argentines de ré- gule d'antimoine. Oxide d'antimoine blanc Neige d'antimoine. sublimé. Deutoxide d'antimoine Antimoine diaphorétique par le nilre. lavé. Matière perlée de Ker- kringius. Céruse d'antimoine. Deutoxide d'antimoine Antimoine diaphorétique uni à la potasse. non lavé. (57) Noms nouveaux. Noms anciens. Deutoxide d'antimoine Bézoard minéral. par feau régale. Ovide d'anlimoine plus Foie d'antimoine. ou moins sulfuré et Crocus metallorum. mêlé de silice. Safran des métaux. Rubine d'anlimoine. Verre d'antimoine. Vin antimoine. Effets des préparations antimoniales. L'émétique, le kermès, le beurre d'an- timoine , etc., employés tous les jours avec le plus grand succès parles médecins, peu- vent être dangereux, même à petite dose, s'ils ne sont pas vomis. Les accidens aux- quels ils donnent lieu ont déjà été exposés d'une manière générale, § i4 ' cepen- dant on remarque qu'ils déterminent plus particulièrement des vomissemens abon-» dans et opiniâtre», desselles très-copieu- ses , une grande difficulté de respirer, et souvent un tel resserrement de la gorge que le malade ne peut rien avaler ; enfin des crampes très-douloureuses, une sorte d'i- vresse et un abattement plus ou moins con- sidérable. (38) Considérations sur Temploi des préparations antimoniales. 26. Les préparations antimoniales sont souvent administrées inconsidérément , parce qu'on ne les regarde pas comme dan- gereuses : l'expérience prouve pourtant que l'émétique peut occasionner la mort à la dose de quelques grains, lorsqu'il n'est pas vomi : on a même vu un abatte- ment extrême et une grande faiblesse suc- céder à-la prise d'un grain de ce poison qui n'avait déterminé aucune évacuation. Quel- quefois , au contraire , il excite dès vomis- semens tellement abondans et douloureux, que l'on est obligé de les arrêter : c'est ce que l'on observe principalement chez les enfans. H suit de là qu'il est très-irnpru- dent de prendre ce médicament sans l'avis du médecin. Mêlé avec de largraisse ou d'autres sub- stances , l'émétique peut occasionner l'em- poisonnement et la mort lorsqu'on l'em- ploie à l'extérieur comme irritant. Le beurre d'antimoine, dont on se sert avec succès contre la morsure des animaux (39) enragés, ne doit jamais être introduit dans l'estomac, car il le brûlerait, et donnerait lieu à une vive inflammation qui ne tarde- rait pas à occasionner la mort. Traitement de l'empoisonnement par Témé- tique et par les autres préparations antimo- niales. 28. Supposons que le malade empoi- sonné par une préparation antimoniale ait des vomissemens abondans, des dou- leurs et des crampes d'estomac, il fautfavo- f iser le vomissement en administrant plu- sieurs verres d'eau sucrée ou d'eau simple ^ pendant qu'on est occupé à fondre le sucre. Si malgré l'emploi de ces moyens, le vo- missement et les douleurs persistent ou augmentent, on donne un grain d'extrait d'o- pium dissous dans un verre d'eau sucrée, et on réitère trois fois le médicament, à un quart d'heure d'intervalle, si les accidens ne sont pas calmés. A défaut d'extrait d'o- pium , on ferait prendre une once de sirop diacode dissous dans un verre d'eau ; en- fin , si on ne pouvait pas se procurer ce sirop, on ordonnerait la décoction de pa- ( 4o ) vôt dont nous avons indiqué la préparation §6. Dans le cas où les accidens persisteraient ou augmenteraient, il faudrait appliquer douze ou quinze sangsues sur la région de l'estomac : la même application devrait être faite sur la région du col si le resserrement de la gorge empêchait le malade d'ava- ler. Supposons que l'individu qui a pris une préparation antimoniale n'ait pas vomi et présente des symptômes d'empoisonne- ment , on doit administrer plusieurs verres d'eau sucrée. Si le vomissement n'a pas lieu, on fait bouillir dans deux litres d'eau, pendant dix minutes, quatre ou cinq noix de galle concassées, ou 2 onces de quinqui- na en poudre grossière : à défaut de ces sub- stances , on emploie l'écorce de chêne ou de saule : on administre plusieurs verres de cette boisson. L'expérience nous a prouvé que la noix de galle doit être préférée aux autres sub- stances énumérées. On doit bien se garder de faire prendre au malade de l'ipécacuanha, du vitriol blanc ou bleu (sulfaté de zinc (4> ) ou de cuivre), dans le dessein d'exciter le vomissement : ces médicamens aggra- veraient la- maladie en augmentant l'irri- tation. Si, malgré l'emploi des moyens indiqués, le mal fait des progrès, on a recours aux sangsues, et on se comporte comme il a été dit § 4. Moyens propres à faire comiaître les préparations antimoniales. Toutes les préparations antimoniales , chauffées jusqu'au rouge, dans un creuset, avec de la potasse et du charbon, donnent de l'antimoine métallique facile à recon- naître , 1 ° à sa couleur blanche-bleuâtre ; 20 à la propriété qu'il a, lorsqu'on le chauffe avec de l'acide nitrique , de donner une poudre blanche qui se dissout dans l'acide hydro-chlorique : celte dissolution précipite en orangé par l'acide hydro-sul- furique, et en blanc par l'eau. L'émétique est blanc : mis sur les char- bons ardens, il noircit et laisse de l'anti- moine métallique. Use dissout dans l'eau : la dissolution n'est point troublée par l'eau 4 (4*) distillée ; elle précipite en orangé par l'acide hydro-sulfurique, et en blanc-grisâtre par la noix de galle. Le kermès a un aspect velouté ; il est d'un rouge brun, et passe au blanc-jaunâtre lorsqu'on le cliauffe avec de la potasse dis- soute dans l'eau. Le soufre doré a une cou- leur orangée ; il se comporte avec la potasse comme le kermès. Le beurre d'antimoine est blanc et fond comme de la graisse ; il trouble l'eau avec laquelle on le mêle , et donne un précipité blanc. Les autres sels d'antimoine dissous pré- cipitent en blanc par l'eau, et en orangé , ou en rouge par l'acide hydro-sulfurique et par les hydro-sulfates. Les oxides d'an- timoine se dissolvent dans l'acide hydro- chiorique (muriatique), et donnent un sel d'antimoine que l'on reconnaîtra comme nous venons de le dire. (45) Préparations d'étain, de bismuth, d'or et de zinc. Noms nouveaux. Noms anciens. Hydro-chlorate d'étain. Muriate d'étain. Chlorure d'étain. Beurre d'étain. Licuieur fumante de Li- bavius. Etain eorné. Sel de Jupiter. Sel d'étain. Protoxide et deutoxide Oxide d'étain gris. d'étain. Potée d'étain. Fleurs d'étain. Sel stanno-vitreux. Nitrate de bismuth. Blanc de fard. Sous-nitrate de bismuth. Oxide de bismuth. Hydro^chlorate d'or. Muriate d'or. Sel régalin. Sel d'or. Oxide de zinc. Alcaest- de Respour. Fleurs de zinc. Pompholix. Nihil album. Laine ou colon philoso- phique. Fleurs de zinc. (44) Noms nouveaux. Noms anciens. Sulfate de zinc. Vitriol blanc. Couperose blanche. Vitriol de zinc. Vitriol de Goslar. Effets des préparations d'étain, de bismuth, dor et de zinc. Nous avons parlé des effets de ces prépa- rations § i4« Considérations sur l'emploi de rétain, du bismuth, de For et du zinc. Les préparations d'étain sont vénéneuses, et ne doivent pas être confondues avec le sel de cuisine, comme cela a déjà eu lieu dans une fabrique de teinture, où l'on faisait usage du sel d'étain comme mor- dant. L'élain métallique n'est point nuisible, et peut, par conséquent, être employé sans danger dans l'étamage. Le blanc de fard (sous-nitrate de bis- muth), dont on se sert souvent pour blan- chir la peau, a le double inconvénient d'empêcher la transpiration en bouchant (45) les pores, et de donner naissance à des ma- ladies chroniques, telles que des rhuma- tismes, des douleurs nerveuses, etc. Le zinc est employé avec succès pour faire des chaudières et des baignoires ; mais û ne doit pas servir à la construction des ustensiles de cuisine, car l'expérience prouve que l'eau , les acides végétaux les plus fai- bles , le beurre et quelques sels l'attaquent et le dissolvent, en sorte que les mets assai- sonnés dans des vases semblables peuvent occasionner la diarrhée, des vomissemens et d'autres accidens, surtout chez les per- sonnes délicates. Les sels de zinc sont tous plus ou moins vomitifs. Traitement de l'empoisonnement par les pré- parations d'étain, de bismuth, d'or et de zinc. L'expérience nous a prouvé que le lait est le meilleur contre-poison des sels d'étain; on doit donc en administrer plusieurs verres; mais en attendant qu'on puisse se le procu- rer , on donnera de l'eau tiède ou froide pour favoriser le vomissement : du reste y (46) si les aecidens augmentent, on se conduira comme il a été dit § 4 et suivans. L'empoisonnement par les sels de bis- muth, d'or et de zinc, doit être traité comme celui que produit l'arsenic. Voyez §20. Moyens propres à faire reconnaître les pré- parations d'étain, de bismuth, d'or et dé zinc. 32. Les sels d'étain ne précipitent point par l'eau distillée ; ils précipitent en blanc par la potasse et en jaune ou en chocolat par les hydro-sulfates. Les sels de bis- muth précipitent en blanc par l'eau dis- tillée , et en noir par les hydro-sulfates. Les sels d'or sont jaunes ; ils précipitent en noir par la couperose verte. Les sels de zinc précipitent en blanc par la potasse et par les hydro-sulfates. Préparations d'argent. Noms nouveauté. Nonts anciens. Citrate d'argent. À.nmouiure d'argent. Pierre infernale. Cristaux de lune. Argent fulminant. (47) Effets des préparations d'argent. (Voyez §14.) 33. Le nitrate d'argent, dont on parait pouvoir tirer parti dans l'épilepsie, est très-vénéneux lorsqu'il est avalé ; il en est de même de la pierre infernale. Cepen- dant , appliquées sur la peau ou sur des plaies , ces préparations se bornent à les enflammer et à les brûler : aussi doutons- nous que la chirurgie découvre jamais un caustique qui ait moins d'inconvéniens que la pierre infernale. Traitement. 34- Nous avons fait voir que le sel de cuisine était le meilleur contre-poison du nitrate d'argent : il faudra donc faire avaler aux personnes empoisonnées par ce corps plusieurs verres d'eau salée, que l'on pré- parera en faisant fondre une cuillerée de sel dans deux pintes d'eau : le vomisse- ment aura lieu , et les accidens diminue- ront. Si par hazard ils persistaient, on aurait recours aux sangsues , aux boissons adoucissantes, aux fomentations ; et à tous les moyens indiques § /\. (48) Caractères du nitrate d'argent. 35. On reconnaîtra le nitrate d'argent ou la pierre infernale aux caractères sui- vans : i° en les chauffant jusqu'au rouge, on obtiendra de l'argent ; 2° en les dissol- vant dans l'eau, le liquide précipitera en blanc par la dissolution du sel commun, en jaune par le phosphate de soude, et en rouge par le chromate de potasse. Empoisonnement par le nitre, le sel ammoniac et le foie de soufre. Noms nouveaux. Noms anciens. Nitrate ou azotate de Nitre. deutoxide de potas- Sel de nitre. sium ou de potasse. Salpêtre. Hydro - chlorate d'am- Sel ammoniac. moniaque. Muriate d'ammoniaque. Sulfure de potasse. Foie de soufre. Bains de Barèges. Nitre. Effets du nitre. 56. Le nitre, que plusieurs médecins s'obstinent à ne pas regarder comme un poison, est vénéneux pour l'homme et (49) pour les animaux , même lorsqu'il est mis sur les plaies. Il donne lieu à des vomis- semens opiniâtres , souvent sanguinolens , a. une vive inflammation de l'estomac, et par conséquent aux symptômes qui sont la suite de cette inflammation, et qui ressemblent plus ou moins à ceux dont nous avons parlé § i4- Nous devons par- ticulièrement noter qu'il affecte le genre nerveux, et qu'il occasionne souvent une sorte d'ivresse , la paralysie des membres,' des convulsions, et autres maladies ner- veuses. Traitement de l'empoisonnement par le nitrei 37. Les individus qui ont été empoi- sonnés par le nitre doivent être soignés comme ceux qui ont avalé de l'arsenic f excepté qu'on doif supprimer l'eau def chaux. Voy. § 20. Caractères du nitre. 38. Il importe surtout de distinguer le nitre du sel de Glauber (sulfate de soude), à la place duquel il a été quelquefois ad- ministré par méprise. Mis sur les charbons 5 ( 5o) ardens, le nitre pétille et donne une belle flamme blanche ; au contraire , le sel de Glauber fond , se boursouflle et devient Opaque. Réduit en poudre fine et mêlé avec de l'huile de vitriol (acide sulfurique concentré ) , le nitre donne des vapeurs blanches : rien de pareil ne s'observe avec le sel de Glauber. Sel ammoniac. Effets du sel ammoniac. 3g. Le sel ammoniac , souvent em- ployé par les médecins et par les chirur- giens , est vénéneux lorsqu'il est introduit dans l'estomac ou appliqué sur les plaies à forte dose. Il détermine des vomisse- mens , des mouvemens convulsifs , une roideur générale, des douleurs dans le bas- ventre , la décomposition des traits de la face et la mort. Traitement. 4o. On se hâtera de favoriser le vomis- sement à l'aide de l'eau , ou mieux en- core -» • .,,, ,. Traitement. 4&;'' Aussitôt qu'un individu aura avalé du foie de«*njfire-, on lui fera boire plu- sieurs vérr^J#ea\^acidulée, kjue l'on pré- •(53) parera en mettant deux cuillerées de vi- naigre ou le jus d'un citron dans un verre deau. Lorsque, par ce moyen, on aura favorisé le vomissement et la décomposition du foie de soufre, on appliquera douze ou quinze sangsues aux endroits les plus dou- loureux du ventre, à moins que les accidens ne soient déjà diminués ; enfin on se con- duira , pour la suite du traitement, comme nous, l'avons dit § 4^ suivans. Caractères du foie de soufie. 44- Le foie de soufre est solide , d'ua jaune verdâtre : mêlé avec de l'eau et du vinaigre, il dégage une odeur insuppor- table d'œufs pourris. Préparations de baryte. Noms nouveaux. Noms anciens, Protoxide de baryum, Barote. ou baryte. Terre pesante. Spath pesant. Carbonate de baryte. Terre pesante aérée. Hydro - chlorate de ba- Sel marin barotique. ryle. Muriate de baryte. ( 54) Effets des préparations de baryte. 45. Ces préparations sont extrêmement vénéneuses lorsqu'elles sont introduites dans l'estomac ou appliquées sur les plaies; elles sont rapidement absorbées, portées dans le torrent de la circulation, et déter- minent des vomissemens , des convulsions, la paralysie des membres, des douleurs de ventre, le hoquet, la décomposition des traits de la "face et la mort. 11 importe que les médecins qui emploient le muriate de baryte soient prévenus des accidens qu'il peut occasionner lorsqu'il est donné à trop forte dose ; il est également essentiel que les pharmaciens ou les malades ne le con- fondent pas (comme cela est arrivé dans ces derniers temps en Angleterre) avec le sel de Glauber. Traitement. 46. On se hâtera de faire boire au ma- lade qui aurait avalé une préparation de baryte, plusieurs verres d'eau dans laquelle on aura fait fondre du sulfate de soude ou du sulfate de magnésie (1); on mettra, » ■'■■■■ ■'— — - ■ — ■ ■----——————•----------------------* (1) Le sulfate de soude qst connu vulgairement par exemple, demi-once de l'un ou l'autre de ces sels dans un litre d'eau. L'expé- rience nous a prouvé qu'il n'y avait pas de meilleur contre-poison pour les prépara- tions de baryte. A défaut des sels dont nous parlons , on pourra administrer avec le plus grand succès l'eau de puits, qui contient beaucoup de sulfate de chaux (plâtre). Lorsque, par ce moyen, on aura favorisé levomissement, décomposé le poi- son qui n'avait pas encore agi, et calmé les principaux accidens, on donnera de l'eau sucrée, ou toute autre boisson adou- cissante; et dans le cas on la maladie, loin de diminuer,, ferait des progrès, on se con- jduiiait comme il a été dit § 4 ct suiv- sous les noms de sel de Glauber, de sel admi- rable, de sel admirable de Glauber. Celui de magnésie était autrefois nommé sel d'Epsom, sel cathartiqueamer,selde Sedlùz , sel d'Egra, vi- triol de magnésie, sel de Scheidschutz, etc. < 56 ) ' ,Caracùres des préparations de baryte. 47. Toutes les préparations de baryte solubles, mêlées avec l'eau de puits , ou avec une dissolution de sel de Glauber ou de sel de Sedlitz, donnent un précipité blanc insoluble dans l'eau'et dans l'eau-forte la plus pure; il est donc impossible de les confondre avec le sulfate de soude, qui ne" trouble point ces liquides. La baryte, dis- soute dans l'eau, verdit le sirop de violette. Phosphore. Effets du phosphore. 48. Le phosphore introduit dans l'esto- mac en petits morceaux est vénéneux ; mais il l'est beaucoup plus lorsqu'il a été dissous dans une huile, l'éther, etc. 11 donne tou- jours lieu aux mêmes symptômes que les .acides minéraux dont nous avons déjà par- lé : d'où il suit que l'empoisonnement qu'il détermine doit être combattu par les mêmes moyens. (57) Cantharides. Mouches cantharides. Teinture de cantharides. Emplâtre de cantharides. Pommade de cantharides. Pommade épispastique. Effets des cantharides. 4q. Appliquées sur la peau, ou intro- duites dans l'estomac , les cantharides don- nent souvent lieu à des accidens très-graves qui peuvent être suivis de la mort. Voici les symptômes qu'elles produisent lors- qu'elles ont été avalées : odeur nauséabonde et infecte, saveur acre très-désagréable, chaleur brûlante dans le gosier, dans l'esto- mac et dans les autres parties du ventre; envies de vomir; vomissemens fréquens et souvent mêlés de sang ; selles copieuses, plus ou moins sanguinolentes ; douleurs atrOces dans le ventre, surtout vers l'esto- mac; priapisme opiniâtre et très-doulou- reux ; ardeur dans la vessie ; grande diffi- culté d'uriner; quelquefois l'urine est en- tièrement supprimée, et lorsque le malade parvient à en rendre quelques gouttes, ce (58) n'est qu'avec la plus grande difficulté ; elle est souvent mêlée de sang ; le pouls est fréquent et dur ; dans quelques circon- stances, il est impossible de faire avaler des boissons, qui sont même repoussées avec horreur ; les mâchoires sont resserrées ; il se déclare enfin des convulsions affreuses , une roideur générale et le délire ; la mort ne larde pas à survenir. Ce tableau fidèle des symptômes occa- sionnés par les cantharides fait voir com- bien il est dangereux d'en avaler pour réveiller momentanément les organes de la génératign affaiblis par l'âge, par les ma- ladies et le plus souvent par la débauche. Traitement. 5o. On fera boire au malade un grand verre d'huile d'olive pour favoriser le vo- missement; on donnera, à défaut de celte substance, plusieurs verres d'eau, ou mieux encore d'eau sucrée, de lait, de décoction de guimauve, de mauve, des quatre fleurs, ou de graine de lin ; puis on se conduira sui- vant les accidens, comme nous l'avons dit §4et) d'heure d'intervalle, la tisane suivanic r dans un litre de la lisane sudorifique du deuxième jour, on met une once de feuilles- de séné que l'on fait bouillir pendant quel- que temps et que l'on passe. Dans le reste de la journée, on administre la lisane su- dorifique simple du deuxième jour, et le soir on donne le lavement anodin , la thé- riaque et l'opium, comme dans le premier jour. /te J O U IU Boisson purgative. On donne le matin la boisson purga- tive suivante : dans un verre de décotion de séné (i) on met demi-once de sel de Glauber , un gros dejalapen poudre et un once de sirop de nerprun. Dans la journée, le malade prend de la lisane sudorifique du deuxième jour. Le soir, on donne le la- vement anodin , ainsi que la thériaque et l'opium , comme le premier jour. (i) On prépare cette décoction en faisant bouillir un quart d'once de feuilles de séné dans un verre et demi d'eau . que Jron réduit à un verre- et que fou passe. (70 5e J o u n. Le matin, on donne la tisane légèrement purgative du troisième jour ; à quatre heures , le lavement anodin du premier jour ; à huit heures, la thériaque et l'opium (P. 68). 6* JOUR. Même traitement que le quatrième. Si , malgré tous les moyens énoncés, le malade n'évacue pas, on lui donne les bols suivans. Bols purgatifs des peintres. On mêle avec du sirop de nerprun io grains de diagrède et autant de résine de jalap, 12 grainsde gomme gutte et un gros et demi de confection de Hamech : on fait douze bols, et on en donne un toutes les deux heures ; dans les intervalles, on fait boire delà tisane sudorifique. Il est rare qu'après un pareil traitement les malades ne soient pas guéris. Si les boissons prescrites étaient vomies, on donnerait de l'éméiique en la- vage , préparé en mettant un grain d'émé*^ tique dans une pinte d'eau.. (70 Poisons irritans végétaux. Aconit napel, cape de moine ou cam- marum, tue-loup ou lycoctonum, et an- thora. r Anémone pulsatilla ou teigne œuf, co- quelourde, herbe au vent, anémone des bois , des prés, des champs. Bois gentil ou joli bois ( daphne meze- reum ). Bryone, bryone blanche ou couleuvrée ( bryonia dioica). Clématite, vigne blanche. Colchique (colchicum autumnale ). Coloquinte (cucumis colocynthis). Concombre d'âne ou concombre sau~ vage ou elaterium ( momordica elale- rium). Chélidoine, éclaire (chelidoTiium ma' , jus). Couronne impériale ( fritillaria impe- rialis). Ellébore blanc ( veratrum album ); Ellébore noir (helleborus niger). " Euphorbe officinal (E. officinarum)/ Epurge (E.lathyris); Réveil-matin, etc. (75) Garou ou sain bois (daphne gnidiuin). Gomme gutte. Gratiole (graliola offîcinalis). Herbe aux poux, staphysaigre (del~ phinium staphysagria ). Joubarbe des toits (sedum acre). Narcisse des prés (narcissus pseudo narcissus). - ISoix des Barbades, pignon dinde (ja- tropha curcas). Palme de Christ(ricinuspalmaChrisli). Renoncule des prés ( R. acris ) , s ce" lérate, etc. Rhus radicans ou toxicodendron. Sabine fjunipcrus sablna). S cille ( scilla maritima ). Scammonéc (convolvulus scammonéa}. Effets des poisons irritans végétaux. 58. Saveur acre, piquante, pi us ou moins amère ; chaleur brûlante , grande séche- resse dans la langue et dans les autres par- lies de la bouche, resserrement doulou- reux de la gorge, envies de vomir , éva- cuations par haut et par bas , efforts pour vomir lors même que l'estomac est déjà 7 ( 7-i ) \ide; douleurs plus ou moins vives dans l'estomac et dans les entrailles, pouls fort, fréquent el régulier; respiration gênée et accélérée. Assez souvent la démarche de- \ienl chancelante ; le malade paraît ivre ; sa prunelle est dilatée; il tombe dans un abat- tement tel qu'on le croirait mort ; le pouls se ralentit, perd de sa force , et la mort survient- Quelques-uns de ces poisons dé- terminent des convulsions plus ou moins violentes , la roideur des membres, et des douleurs aiguës qui font pousser les cris les plus plaintifs. Les propriétés véné- neuses de ces plantes sont très-différentes sous le rapport de l'intensité ; la plupart peuvent même être utiles à l'homme dans certaines maladies si on les administre avec prudence. Traitement. 5g. Le traitement des personnes empoi- sonnées par les plantes irritantes ne dif- fère , dans la plupart des cas p de celui dont, nous avons parlé àj'ar^ticle. Sublimé corrosif y qu'en ce qu'il n'est pas néces- saire de donner le blanc dVeuf : on se con- (75) duira donc comme il a été dit § i 7 : on évi- tera avec soin d'administrer de l'émétique, du vinaigre et d'autres boissons irritantes, qui ne pourraient qu'augmenter la maladie. Il arrive quelquefois que le poison avalé ne détermine pas de très-grandes douleurs de ventre , et qu'il occasionne des vomis- semens , un abattement et une insensibi- lité très-remarquables ; alors, après avoir favorisé le vomissement par l'eau sucrée , on donne plusieurs petites lasses de café, préparé en versant un litre d'eau bouil- lante sur 8 onces de café en poudre, en lais- sant infuser pendant demi-heure, et en passant à travers un linge ; on administre aussi de temps à autre 3 ou 4 grains de camphre dans un jaune d'œuf. Si le ma- lade rejette le café , on le fait prendre en lavemens et sous forme de frictions. Il est cependant nécessaire d'examiner si le ven- tre ne finit pas par être douloureux ; dans ee cas , on appliquerait douze ou quinze sangsues. Lorsqu'au lieud'un grand abatte- ment , il y a excitation , convulsions, dé- lire , elc. , il faut, après avoir fait vo- mir à l'aide de l'eau sucrée, donner la po- (76) lion avec l'opium dont nous avons déjà parlé, ou bien la décoction de pavots, §7- Aconit. La racine , le suc et les feuilles, d'aconit napel, de la cape de moine, du lue-loup , etc. , produisent des accidens graves quand on les mange, ou lorsqu'on les applique sur des blessures. Les sau- vages empoisonnaient autrefois leurs flè- ches avec la cape de moine (aconitunt cammarum). Anémone. La racine, les jeunes pous- ses et plusieurs autres parties de l'anémone pulsatille , des bois, des champs, etc., sont vénéneuses, même étant appliquées à l'ex- térieur. L'âcrete de certaines espèces est telle, qu'il y a des exemples de personnes empoisonnées , et dont les yeux ont été en- flammés , pour les avoir seulement pul- vérisées. Les habitans du Kamtschatka em- ploient l'anémone des bois pour empoison- ner leurs flèches. Bois gentil. Le bois gentil et son fruit (daphne mezereum ) doivent également être regardés comme des poisons acres. Bryone. La racine de bryone, que l'on (77) administre quelquefois comme purgatif, enflamme l'estomac et les intestins si on la donne à forte dose. Clématites. Plusieurs espèces dé cléma- tites sont vénéneuses lorsqu'on les mange : appliquées sur la peau , elles déterminent des excoriations. Colchique. La semence du colchique est très-dangereuse ; les bulbes peuvent, dans certains climats , occasionner des ac- cidens. Coloquinte. La coloquinte, le vin de coloquinte et les'autres préparations *de ce genre , dont les. charlatans font un si grand usage, et à l'aide desquelles ils prétendent guérir une foule de maladies, doivent être prises avec prudence et par ordre d'un médecin ; car elles peuvent devenir funestes et occasionner la mort, étant in- troduites dans l'estomac, données sous forme de lavement, ou appliquées sur la peau. Concombre sauvage. L'élatérium ou le concombre d'dne ou sauvage, dont les médecins tirent quelquefois parti, peut également déterminer la mort à forte dose, (78) car il enflamme l'estomac et les intestins. Chélidoine. La chélidoine ou l'éclairé détermine aussi l'inflammation des parties .qu'elle touche. Ellébores blanc et noir. Les racines d'el- lébore blanc et noir sont très-vénéneuses , soit lorsqu'on les mange ou qu'on les donne en lavement, soit lorsqu'on les applique sur des plaies, et même quelquefois lorsqu'on en frol te la peau qui est saine : elles occasion- nent toujours des vomissemens opiniâtres et un grand abattement. Euphorbe. La plupart des euphorbes donnent un suc acre, très-vénéneux, avec lequel il suffit de frotter certaines parties du corps pour les enflammer. Prises à l'inté- rieur, soit par la bouche, soit sous forme de lavement, elles occasionnent des coli- ques, des vomissemens, etc., et finissent par déterminer la mort si on n'administre pas les remèdes indiqués §17. Garou. Le garou ou sain-bois, dont on se sert quelquefois en chirurgie comme vésicatoire, est un corps très-^caustique , qui peut produire la mort, même étant ap- pliqué sur la peau. .'( 79 >) Gomme gutte. La gomme gutte en- flamme les parties qu'elle louche, et peut, par conséquent, déterminer la mort lors- qu'elle a été avalée en assez grande quantité. Graliole. Il serait à souhaiter que les mal a- des renonçassent, pour leur propre intérêt, à consulter cette nuée de charlatans pour les- quels les maladies les plus graves n'offrent rien de désespérant, et qui n'hésitent pas à administrer cl es lavemens ou des boissons de gratiole qui enflamment leurs entrailles et les conduisent infailliblement au tombeau. Malheureusement nous pourrions citer beaucoup de faits à l'appui de ce que nous avançons. Herbe aux poux. L'herbe aux poux, ou la staphysaigre, n'est pas dangereuse lorsqu'on n'en met que très-peu sur la tête ; il n'en est pas de mênre si on en em- ploie beaucoup, ou si, par mégarde, on l'avale : car alors elle détermine une vive inflammation. Pignon dinde. Le pignon d'Inde est un puissant caustique, dont l'emploi est par conséquent très-dangereux. Palme de Christ ou ricin. Les semences (■*>) de ricin ou de palma Christi sont très-acre* et enflamment l'estomac. Renoîicules. Il en est de même de la plu- part des renoncules, Rhus toxicodendron. Le rhus radicans ou toxicodendron exhale, surtout pendant la nuit et à l'ombre, un gaz malfaisant: aussi les personnes qui le touchent ou qui passent à côté de lui ressentent des cuissons, de l'enflure, de la dureté et d'autres sym~ ptômes plus ou moins désagréables. 11 pa- raît au contraire que ses effets sont presque nuls en plein midi ou lorsqu'il est exposé au soleil. Sabine. La sabine, trop souvent maniée par les charlatans, est très-caustique et peut déterminer la mort. On trouvera, dans notre Traité général des poisons , l'histoire de plusieurs autres plantes irritantes plus ou moins acres : nous nous sommes bornés à citer les principales. (Voyez Toxicologie générale, 2e édition). (■8i ) SECONDE CLASSE. Poisons narcotiques ou stupéfians. Cette classe renferme les poisons sui- vans. L'opium. La jusquiame noire et blanche. L'acide hydro-cyanique (prussique, ou acide du bleu de Prusse) , et toutes les ma- tières qui en contiennent, telles que le lau- rier-cerise , l'eaivdistillée, l'huile, l'extrait de la même plante, et les amandes amèr^s. La laitue vireuSe. Les solanum, et principalement la mo- relle. L'if. Les morviaux, L'ers. Effets des poisons narcotiques. Go. Lorsqu'on a introduit dans l'estomac ou appliqué sur une blessure, l'un ou l'au- tre de ces poisons, on observe les effets sui- yans : stupeur, engourdissement, pesan- (82) teur de tête, envie de dormir, légère d'a- bord , puis insurmontable ; sorte d'ivresse , regard hébété, prunelle très-ouverte, dé- lire furieux ou gai ; quelquefois douleur , convulsions légères ou fortes dans l'une ou l'autre partie du corps, paralysie des jamr bes, pouls variable, mais en général plein et fort dans le commencement de la mala- die; respiration quelquefois un peu accélé- rée; vomissement, surtout lorsque le poi- son a été appliqué sur des plaies , ou donné sous forme de lavement : bientôt après les convulsions et l'abattement augmentent, et le malade meurt s'il n'est pas secouru. Traitement. 61. Si le poison a été introduit dans l'es- fomac (i), on doit commencer par donner 4 ou 5 grains d'émétique dissous dans un verre d'eau ; si au bout d'un quart d'heure le vomissement n'a pas lieu, on prescrit 24 grainsde sulfate de zinc (couperose blanclie) que l'on dissout également dans un verre (1) Ce traitement ne s'applique pas à l'acide prussique. (83) d'eau, et que l'on donne en deux fois, à un quart d'heure d'intervalle si la première por- tion n'a pas fait vomir. Enfin si ces moyens n'ont pas réussi, on fait prendre 3 ou 4 grains de sulfate de cuivre (coupe- rose bleue) dissous dans un verre d'eau , toujours dans l'intention de chasser le poi- son par le haut ou par le bas. On doit favo- riser le succès de ce remède, en introdui- sant les doigts dans la gorge, et en chatouil- lant le gosier avec la barbe d'une plume. On évitera de dissoudre le vomitif dans une très-grande quantité d'eau, et de faire prendre des boissons abondantes, soit pour adoucir, soit pour hâter le vomissement : loin d'être utile on aggraverait la maladie. L'expérience nous a prouvé que le vi- naigre, le jus de citron et les autres acides tant recommandés par les médecins, sont très-nuisibles, avant d'avoir chassé le poi- son par le vomissement ou par les selles. Si l'on soupçonne que le narcotique ait eu le temps de parvenir jusqu'aux entrailles, on administre le lavement purgatif décrit page 67. 62. Supposons que le malade ait vomi ( «*■■) et que le poison ait été entièrement ou presqu'entièrement évacué, la maladie, quoique moins dangereuse, serait encore mortelle si on l'abandonnait à elle-même. Il faut donc administrer toutes les cinq mi- nutes et alternativement une tasse d'eau aci- dulée avec du 'vinaigre, du jus de ciirâh ou de la crème détartre, et une tassé d'in- fusion de café préparée en versant un litre d'eau bouillante sur 8 onces de bon café , et en passant la liqueur dix minutes après. On cherche à dissiper l'engourdissement en frottant les bras et les jambes du malade avec une brosse ou avec un morceau de laine. On ne cesse l'usage du café et de l'eau vinaigrée que lorsque le malade est hors de danger. Quelquefois, quand l'as- soupissement est extrême, que la maladie ressemble à une attaque d'apoplexie, et que, par les moyens employés , on n'obtient aucun soulagement, on a recours à la sai- gnée, que l'on pratique au bras et de préfé- rence à la jugulaire. . 63. Si l'empoisonnement a eu lieu par l'application du narcotique sur des blessu- res, loin de perdre du temps à faire vomir, (85) on met de suile le malade à l'usage du café, des acidulés, etc. Voyez § 62. Opium. L'opium, le laudanum liquide de Sydenham, et les têtes de pavot, dont on tire de si grands avantages en médecine, sont plus ou moins vénéneux : l'opium sur- tout est très-énergique. Jusquiame. La racine de jusquiame noire, confondue quelquefois avec le pa- nais, a été mise dans des bouillons et a oc- casionné les accidens les plus graves: Les feuilles de cette plante sont aussi très-véné- neuses. Enfin on a vu des tremblemens et l'ivresse survenir seulement pour avoir préparé un emplâtre dont cette racine fai- sait partie. Les jusquiames blanche, do- réet etc., sont également vénéneuses. Acide prussique. Parmi les poisons con- nus , l'acide prussique ou l'acide du bleu de Prusse, est sans contredit le plus énergique: il suffit d'en appliquer une ou deux gouttes sur l'œil, sur la langue, etc., pour faire périr dans l'espace d'une ou deux minutes les chiens les plus robustes. Heureusement, la difliculté qu'il y a à obtenir ce poison re- doutable et à le conserver, le rend exccàsi- (86) vement rare, et par conséquent peu propre à servir d'instrument au crime. Le laurier- cerise, l'eau distillée plusieurs fois sur la même plante, l'huile et 1 extrait sont égale- ment vénéneux, parce qu'ils contiennent de l'acide prussique ; il en est de même des amandes amères, qui sont très-odorantes et qui ont un grand degré d'amertume. Traitement. 64. Si l'empoisonnement a eu lieu par l'acide prussique faible (1), ou par les plantes qui en contiennent, on fait vomir j comme il a été dit § 61 ;, puis on admi- nistre l'infusion de café indiquée dans le § 62, et on fait prendre trois où; quatre cuillerées d'huile 'de térébenthine , que l'on donne à demi-heure de distance dans l'infusion de café. Laitue virilise et solanum. La laitue 1 vareuse est loin d?être ( dans nos. climats ) aussi dangereuse qu'on l'a annoncé ; il en est de même $e la plupart des solanùm. (1) Lorsque f acide a été pris concentré, la mort- arrive sans que l'on ait pu porter le moindre se-i (Tcrars. C *7 ) TROISIÈME CLASSE. Poisons narcotico-âcres. Cette'classe renferme : i°. Les champignons. 2°. La noix vomique, l'upas tieuté, la fausse angusture, la fève de Saint-Ignace, l'upas anliar, le tiounas ou poison améri-j cain, le woorara, le camphre, la coque du levant. 3°. Le tabac,.la grande et la petite ciguës, la belladone, le strainonium, la di- gitale pourprée, le laurier rose, la rue , l'ivraie, le mancenillier et l'aristoloche. 4°» Les vins, l'alcool, l'éther, tous les liquides spiritueux, et par conséquent l'i- vresse. 5°. Les émanations des fleurs. 6°. Le seigle ergoté, •» Nous allons faire connaître les effets de. ces poisons dans les trois paragraphes sui- vans : •> X'.yuùi;:o,- (88) Si". Des Champignons vénéneux. Les principaux champignons vénéneux sont la fausse oronge ( agaricus musca- rius), Y agaric bulbeux, V agaric printa- nier(agaricusbulhosus vernus), l'oronge ciguëfverte, jaunâtre ou blanche, Y oronge souris (agaricus conicus), Y oronge croix- de-Malte, Y agaric meurtrier (agaricus necator), les agarics acre, caustique et styptique, Y œil de corneille, h tête de Méduse, le blanc d'ivoire, le laiteux pointu rougissant, Yceil de l'olivier, Y en- tonnoir cireux et vénéneux, et le grand moutardier* Effets des champignons vénéneux. 65. Les effets déterminés par les champi- gnons varient un peu suivant l'espèce qui les a fait naître ; mais, en général, ils peuvent être réduits aux suivans : tranchées, envies de vomir, évacuations par haut et par bas, chaleur d'entrailles , langueurs , douleurs vives, presque continues, crampes, mou- (8g) vemensconvulsifs de telle ou de telle autre partie du corps , soif dévorante ; pouls petit, dur, tendu et fréquent. Dans cer- taines circonstances, il se manifeste une sorte d'ivresse, un délire sourd et une espèce d'assoupissement dans lequel les malades sont plongés jusqu'à ce que les douleurs ou les convulsions les réveillent : quelquefois, loin d'être assoupis, les infor- tunés conservent toutes leurs facultés intel- lectuelles ; des douleurs et des convulsions atroces, des défaillances et des sueurs froides épuisent les forces, et finissent par amener la mort. En général, les effets de ces champignons ne se manifestent que cinq, sept, douze, ou vingt-quatre heures après qu'ils ont été mangés. Indices qui doivent faire suspecter les cliampignons. 66. Les champignons qui croissent dans l^mbre, dans les forêts épaisses, là où le soleil ne donne pas, sont, en général, très - mauvais ; leur surface est humide, plus ou moins sale, et leur aspect hi- deu\. lien est de même de ceux qui sont 8 c 9° ; lourds, dont la surface est mouillée, l'odeur nauséabonde, qui croissent à l'ombre , qui sortent d'une enveloppe, et qui étant cou- pés offrent plusieurs couleurs, ou changent souvent de nuance. Ceux qui ont été mor- dus et abandonnés par les insectes doivent être rejetés. La même chose a lieu pour ceux qui croissent vite et qui se pourrissent avec facilité , ainsi que pour ceux qui ont des tiges molles, et à la surface desquels se trouvent collés des morceaux de peau. Traitement. 67. L'expérience prouve que les champi- gnons les plus vénéneux, coupés par petits morceaux et laissés pendant long-temps dans duvinaigre,da.nsde\'eaù£or\em.ent salée e\ dans Yéther, perdent leurs propriétés ^é- néneuses ; mais le vinaigre, l'eau salée et l'éther ont dissous toute la partie active, et doivent être regardés comme des poi- sons énergiques. Il suit de là que, dans l'em- poisonnement par les champignons, on ne doit jamais donner ces liquides tant que le champignon na pas été évacué par haut ou par bas : en effet, ils dissoudraient dans (9< ) l'estomac la partie vénéneuse , et alors les effets seraient plus terribles. Aussitôt que l'on éprouve des symptômes d'empoisonnement par les champignons, on administre 3 grains d'émétique dans un verre d'eau ; un quart d'heure après , On donne, en trois fois et à vingt minutes d'intervalle, un second verre d'eau dans lequel on a fait fondre 3 grains d'émé- tique , 3 ou 4 grains d'émétine (que l'on peut remplacer par 24 grains d'ipécacua- nha ) et une once de sel de Glauber. Après avoir fait vomir, on doit songer à évacuer les champignons qui pourraient se trouver dans les intestins, à l'aide des purgatifs. On donne de demi-heure en demi-heure une cuillerée à bouche d'une potion composée d'une once d'huile de ricin et dune once et de mie de sîrop de fleurs dépêcher; on admi- nistre un lavement purgatif préparé en fai- sant bouillir pendant un quart d'heure un litre d'eau, 2 onces de casse concassée, un demi-gros de séné et demi-once de sel d'Epsom (sulfate[de magnésie). Si l'éva- cuation n'a pas lieu , on réitère deux ou trois fois le lavement. Enfin si, malgré (9*) l'emploi des moyens indiqués, les cham- pignons ne sont pas évacués, et que la maladie fasse des progrès , on fait bouillir pendant un quart d'heure une once de tabac dans un litre d'eau, on passe et on donne la liqueur sous forme de lavement : presque toujours le vomissement est la suite de l'emploi de ce médicament. Après avoir évacué le poison, on donne au malade quelques cuillerées d'une potion composée de 4 onces d'eau de fleurs d'oran- ger, d'un quart d'once d'éther ou de liqueur d'Hoffmann , et de 2 onces de sirop ordi- naire , et mieux encore de sirop d'écorce d'orange, Si la maladie, loin de se calmer, fait de nouveaux progrès, et que le malade se plaigne de vives douleurs dans le bas-ventre, on ordonne l'eau sucrée, l'eau de gomme, de graine de lin ou de racine de guimauve ; on applique sur les points douloureux des- linges mouillés avec l'une et l'autre de ces boissons , et on met l'individu dans un bain. Si la douleur ne cède pas, on ap- plique dix ou douze sangsues sur la partie du ventre la plus sensible, et on se conduit (9^) comme nous l'avons dit en parlant des poi- sons acres, § 5g. Si par hasard on ne pouvait porter se- cours au malade que lorsqu'il a déjà beau- coup de fièvre, que le ventre est enflé et très-douloureux, que la langue est sèche et la soif ardente, que la chaleur de la peau, de la bouche et de la gorge est brûlante , il faudrait abandonner les purgatifs irritans que nous avons conseillés ; alors on saigne- rait le malade, on mettrait les sangsues au ventre, on emploierait les fomentations et les lavemens de graine de lin, Sii. De la noix vomique, de l'upas tieuté, de lafêve de Saint-Ignace, de la fausse angustures de l'upas antiar, des poisons américains, du camphre et de la coque du Levant. Effets de ces poisons. 68. Introduitsdans l'estomac ou appliqués sur des blessures, ces poisons sont rapide- ment absorbés, et vont exciter le cerveau ou la moelleépinière près de la nuque; ils déterminent une roideur générale et con- (94) vulsive; la tête se renverse sur le dos , la poitrine se dilate à peine, la respiration cesse ou se fait mal, et les malades meu- rent asphyxiés : la mort a même lieu dans l'espace de quelques minutes si le poison a été employé à assez forte dose. Aucune de ces substances n'enflamme les par lies qu'elle touche. Les effets de quelques-unes d'entre elles né sont pas continus, puisqu'il en est qui donnent lieu à des accès plus ou moins rapprochés dans l'intervalle desquels la personne empoisonnée paraît peu affectée. Noix vomique. La noix vomique, dont on se sert pour préparer les boulettes à l'aide desquelles on empoisonne les chiens dans les rues de Paris , est un poison pour l'homme., quoique le contraire soit avancé et soutenu par quelques médecins. Il faut donc la manier avec prudence. Upas tieuté. L'upas tieuté ou le bohon upas est le suc d'une plante du Java, avec lequel les sauvages empoisonnent les flèches pour en rendre les blessures mortelles. Il est difficile de se faire une idée de la promptitude avec laquelle ces armes em- poisonnées déterminent la mort. (95) Upas anliar. L'upas antiar est le suc d'un arbre qui ne croît pas en Europe , et dont les Indiens se servent pour empoi-r sonner leurs flèches ; il est très-actif quand il est introduit dans les blessures. Ticunas. Le ticunas ou poison améri- cain , est un extrait préparé par les Indiens avec le suc de certaines plantes, et particu- lièrement de certaines lianes. Lorsqu'il est sec, d peut être respiré et mis sur les yeux sans danger ; les vapeurs qu'il répand sur les charbons ardens ne sont pas véné- neuses. Il est très-dangereux lorsqu'il est appliqué sur des blessures profondes, sur- tout si on trempe dans l'eau chaude la partie de la flèche qui le contient. Camphre. Le camphre est un remède salutaire dans une foule de circonstances , et peu de médecins le regardent comme vénéneux ; il est cependant démontré que f lorsqu'il est dissous dans l'huile ou dans tout autre corps , et qu'il est administré à assez forte dose, il peut déterminer des accidens graves suivis de la mort. Coque du Levant. La coque du Levant, etsurtout la picrotoxine, qui en est la partie (96) active, sonl des poisons pour l'homme 7 pour les poissons , les oiseaux de Paradis , les chèvres, les vaches sauvages , les cro- codiles, etc. Traitement. 6g. Lorsqu'on est appelé pour secou- rir un individu qui a pris à l'intérieur l'une ou l'autre de ces substances, on doit donner un émétique ( Voyez § 67 ), et chatouiller le gosier pour favoriser le vomissement ; il faut ensuite s'opposer à l'asphyxie, qui est la principale cause delà mort : pour cela, on insuffle de l'air dans les poumons, et on procède comme il est dit à l'article Asphyxie, § 104. On administre à l'intérieur , à dix minutes d'intervalle, quelques cuillerées d'une po- tion faite avec 2 x>nces d'eau , un gros d'é- ther, 2 gros d'huile de térébenthine et demi-once de sucre. 70- Si le poison a été appliqué sur de* blessures, ou qu'il ait été introduit à l'aide de flèche s, on commencera par retirer celles-ci, on brûlera la plaie avec un fer chauffé jusqu'au rouge blanc, et on liera (97 ) fortement le membre au-dessus de l'endroit blessé : la saignée sera pratiquée si le ma- lade est robuste. On fera prendre la potion d'éther et de térébenthine dont nous venons de parler § 6g. Enfin on s'opposera à l'as- phyxie en insufflant de l'air dans les pou- mons (Voy. Asphyxie, % 104). L'eau sa- lée, employée par les Indiens et regardée comme contre - poison de ces substances vénéneuses , doit être rejetée. s m. Du tabac, de la belladone, du stramonium, de la digitale pourprée, du laurier - rose ,' de la rue, de la grande et petite ciguës, de tivraie, du mancenillier et du seigle ergoté. Effets de ces poisons. 71. Les poisons de eette section, introduits dans l'estomac ou appliqués sur des bles- sures , donnent lieu aux symptômes sui-e vans : agitation, douleur, cris aigus, sorte de délire plus ou moins gai, mouvemens convulsifs de la face, des mâchoires et des membres; la prunelle est dilatée, le pouls fort, fréquent, régulier, ou petit, lent, 9 (98) irrégulier; envies de vomir, vomissemens opiniâtres, selles, douleurs de ventre plus ou moins aiguës. Quelquefois, au lieu d'une grande agitation , on observe une sorte d'ivresse , un grand abattement, do l'in- sensibilité , un tremblement général, et les malades n'ont aucune envie de vomir. Traitement. 72. Si la personne empoisonnée n'a pas vomi, on donnera l'éniélique,comme nous l'avons conseillé en parlant de l'opium, $ 61. S'il y a déjà long-temps que le poison a été avalé, on fera usage des purgatifs dont nous avons fait mention dans le même paragraphe. Si, après avoir évacué par le haut et par le bas, le malade paraissait for- tement assoupi et comme apoplectique, on pratiquerait une saignée au bras, et de pré- férence à la veine jugulaire; alors on ad- ministrerait l'eau vinaigrée comme pour l'opium : ce remède serait nuisible s'il était donné avant d'avoir chassé le poison. On appliquerait, au contraire, douze sangsues au ventre si les douleurs de cette partie étaient aigtrës, «t on ferait boire de l'eau 1») êuCrée, de l'eau de mauve, de guimauve ou de graine de lin ; on se conduirait, en un mot, comme nous l'avons dit en par- lant des plantes acres , § 5g. Tabac. Il importe de faire connaître les effets du tabac , pour éviter les dan- gers auxquels il peut donner lieu. On a vu l'ivresse et des vomissemens se manifester chez des en fans sur la tète desquels on avait appliqué un liniment préparé avec la poudre de tabac et du benne. Les mêmes accidens ont eu lieu dans certains cas, pour avoir lavé des parties affectées de la gale avec de l'eau dans laquelle on avait fait bouillir du tabac. On assure même qu'un individu mourut pour avoir pris par le nez une trop grande quantité de poudre de tabac. Les dangereux effets de ce corps mis sur des blessures sont connus de tou- tes les personnes qui observent avec atten- tion. Introduit dans l'estomac , le tabac purge , fait vomir, donne des tremble- niens, des convulsions, et peut même oc- casionner la mort , comme le prouve l'exemple du célèbre Sanleuil. Traitement, Voy. § 72. ( ioo 1 Belladone. La belladone est un poison très-énecgique ; son fruit, lorsqu'il est mûr, ressemble au raisin noir, pour lequel il a souvent été pris, et les résultats en ont été funestes. On le distinguera du raisin en ce que celui-ci n'offre qu'une loge, tandis que le fruit de la belladone en a deux. Ce poison est un de ceux qui occasionnent le plus souvent un délire gai avec un sou- rire niais. Datura slramonium. Le stramonium est très-vénéneux ; on a vu le délire le plus furieux , les convulsions, la para- lysie , des tremblemens et la mort surve- nir pour avoir bu de l'eau dans laquelle on avait fait bouillir le fruit ou les graines de celte plante. Digitale pourprée. La poudre de digi- tale pourprée , ses extraits aqueux et ré- sineux , et sa teinture , sont des poisons énergiques, lors même qu'on les applique sur les plaies. Ces préparations donnent lieu à des vomissemens abondans qui ne tardent pas à être suivis d'un grand abat- tement et de la mort , si on ne porte pas les secours dont nous avons parlé § 72. ( '01 ) Laurier rose. II est parfaitement prouvé que le laurier rose, introduit dans l'esto- mac ou appliqué sur des blessures , est un poison pour l'homme , les chevaux, les moutons, les chiens, etc. On prétend même qu'un individu mourut pour s'êlre ren- fermé dans une chambre à coucher où il y avait des fleurs de cette plante. Ce poison détermine des vomissemens, l'inflamma- tion des parties qu'il touche, et la stupé- faction du cerveau. Rue. La rue, à une dose un peu forte , occasionne de l'agitation , de la fièvre , le mal de gorge , et l'inflammation des par- ties sur lesquelles on l'applique. Son huile essentielle est beaucoup plus active. Grande ciguë. La grande ciguë est très- vénéneuse dans les climats chauds ; elle l'est même beaucoup dans les pays tem- pérés , pourvu qu'elle ait été cueillie à sa maturité. On peut la reconnaître aisément à sa tige, qui est cylindrique et chargée in- férieurement de taches d'un pourpre brun ou noirâtre. Elle détermine la mort lors même qu'on la met sur des blessures. La ciguë aquatique ou \ ire use est encore ( »<» ) plus énergique que la précédente. Trai- tement. Voyez § 72. Petite ciguë. La petite ciguë est souvent confondue avec le persil : on la distin- guera aux caractères suivans : i° ses feuilles sont d'un vert noirâtre en dessus et lui- santes ; 20 elles n'ont point d'odeur lors- qu'on les flaire sans les broyer : au con- traire , quand on les écrase entre les doigts, elles répandent une odeur nauséabonde. La petite ciguë est très-vénéneuse; elle oc- casionne des vomissemens , Fivresse ou le délire, des engourdissemens dans lesmem- bres, etc. Ivraie. Le pain auquel on a mêlé de l'i- vraie donne lieu à des accidens fâcheux : on éprouve un tremblement général ou de quelque partie du corps, une sorte d'ivresse, des tintemens d'oreille presque continuels, une grande pesanteur de tête accompagnée souvent de douleurs au front ; on a beau- coup de difficulté à avaler et à parler ; la respiration est gênée, l'estomac doulou- reux , et l'on a des envies de vomir. Ces symptômes ne tardent pas à être suivis d'as- soupissement, ( ïo5 ) On ordonne l'eau vinaigrée , la limo- nade ou l'eau de fleurs d'oranger avec du miel et du vinaigre. Manccnillier. Le fruit du manc%nillier donne un suc très-vénéneux, qui brûle les entrailles , et dont les sauvages se sont servis pour empoisonner leurs flèches. La pluie qui lave les feuUlcs et les branches de cet arbre fait lever des ampoules comme l'huile bouillante. On a^ vu des nègres avoir les mains et le visage enflés et brûlés pour avoir fendu une petite branche de cet arbre. On prétend même (ce qui mérite confirmation ) que son ombre fait gonfler ceux qui s'y reposent. Ivresse. Le vin, l'esprit-de-vin, les li- queurs spiritueuses, l'éther, etc. , pris im- modérément, déterminent l'ivresse; on peut même devenir ivre pour avoir res- piré l'air chargé de vapeurs d'esprit-de- vin, par exemple, celui d'un endroit dans lequel se trouvent plusieurs tonneaux remplis de ce liquide et ouverts. Pres- que toujours les symptômes de l'ivresse, si généralement connus, se dissipent d'eux- mêmes au bout de dix , douze pu quinze ( io4) heures ; mais comme le contraire peut avoir lieu , et qu'alors la maladie présente du danger, nous croyons devoir indiquer les moyens*de la combattre. On commence par faire prendre 2 ou 3 grains d'émétique dissous dans un verre d'eau ; on donne de l'eau chaude , et on chatouille le gosier pour favoriser le vomis- sement : lorsque le malade vomit, on lui fait boire , toutes les dix minutes , un de- mi-verre d'eau dans lequel on a mis une cuillerée de vinaigre ou du jus de citron ; on administre un "lavement purgatif pré- paré comme il a été dit § 5j ', on frotte tout le corps avec des linges imbibés de vinaigre. Si, malgré l'emploi de ces mé- dicamens, l'assoupissement persiste ou aug- mente , et que le malade soit robuste, on pratique la saignée , ou mieux encore on met douze sangsues au cou. Emanations des fleurs. Les personnes qui habitent impunément des chambres remplies de fleurs odorantes auront de la peine à se persuader qu'il serait impossible à certains individus de rester ( «o5) pendant quelques minutes dans ces appar- tenons sans éprouver des symptômes fâ- cheux , tels que des maux de tête , des en- vies de vomir , des syncopes , des convul- sions ou l'asphyxie : l'expérience prouve pourtant que le fait est exact. L'odeur de la rose, de l'œillet, du chèvre-feuille, etc., a quelquefois occasionné les accidens dont nous faisons mention. L'odeur qui se dé- gage en pilant l'ellébore noir et la colo- quinte a produit, dans certaines circon- stances , des effets purgatifs ; enfm , les historiens rapportent des exemples de grands personnages empoisonnés par des gants parfumés, ou par des vapeurs qui s'exhalaient de certaines torches. Traitement. On sortira le malade de l'appartement où se trouvent les fleurs ; on le placera au grand air ; on lui fera respirer du vinaigre et on lui donnera de l'eau sucrée. S'il est asphyxié , on le traitera comme nous le di- rons § io4- S'il a des convulsions, on lui donnera la potion anti-spasmodique dé-^ çrite dans le § i. (.oG) Du Seigle ergoté. Caractères. Le seigle éprouve quel- quefois une maladie qui change sa for- me , sa composition, et le rend vénéneux. 11 se recouvre d'une écorce violette , se courbe et s'allonge en forme d'éperon ou de corne : on donne à celle-ci le nom d*er- got , et on dit que ce seigle est ergoté. Le% grains ergotes se rompent facilement, et se cassent net en faisant un petit bruit comme une amande sèche. Lorsqu'ils sont réduit» en poudre , ils ont une odeur désagréable, et une saveur acre, semblable à celle du blé corrompu. Le pain contenant du seigle er- goté offre des taches ou des points de cou- leur violette ; sa pâte a même quelquefois une teinte de la même couleur. Effets produits par une petite quantité de seigle ergoté. Lorsqu'on mange du pain dans lequel se trouve une petite quantité de seigle er- goté, on remarque les effets suivans (i) : (i) Ces efl'ets ont ét<- décrits par J.-A.Srinc, d'après l'épidémie qui dévasta le pays de "Wur- temberg, en Bohême, en 1786. ( io7 ) la maladie commence par une sensation incommode aux pieds , une sorte de four- millement; bientôt se déclarent une vive douleur d'estomac , des envies de vomir ; les mains et la tête ne tardent pas à être af- fectées; les doigts sont tellement contractés, que l'homme le plus robuste peut à peine les redresser , et que les jointures sont comme luxées. Les malades poussent des. cris aigus , et sont dévorés par un feu qui leur brûle les pieds et les mains. A la suite de ces douleurs , la tête devient iourde, le malade paraît ivre , les yeux se couvrent d'un nuage épais, au point que quelques individus deviennent aveugles ou voient les objets doubles; les facultés intellec- tuelles se dérangent, la manie , la mélan- colie ou l'assoupissement se déclarent, 1 i- vresse augmente , le corps est renversé en arrière , et forme un arc dont la convexité est en avant ; la bouche contient une écume presque sanguinolente, jaune on verdâtre ; la langue est souvent déchirée parla violence des convulsions; elle se gon- fle quelquefois au point d'intercepter la voix , de gêner la respiration, et de pro- ( io3) duire une grande salivation. Ces symptô- mes sont suivis de faim canine , et il est rare que les malades aient de l'aversion pour les alimens ; quelquefois , mais plus rare- ment , on observe des taches sur plusieurs parties du corps. Effets produits par une grande quantité de seigle ergoté. Lorsque le seigle ergoté a été pris en grande quanti té, ou qu'on en fait usage pen- dant long-temps, lamaladie débute par une douleur très-vive avec chaleur intolérable aux orteils. La douleur monte, s'empare du pied , et gagne la jambe. Le pied devient bientôt froid , pâle , puis livide. Le froid s'empare de la jambe, qui est très-doulou- reuse, et le pied est devenu insensible. Les douleurs sont plus vives la nuit que le jour; il y a de la soif, mais l'appétit se soutient, et le malade fait régulièrement ses fonc- tions. Il ne peut se mouvoir ni se soutenir sur ses pieds. Bientôt il paraît des taches violettes, des ampoules ; la gangrène se montre avec toute son horreur, et monte ( «09 ) jusqu'au genou. La jambe se détache de son articulation, et laisse voir une plaie vermeille, qui se ferme avec facilité , à moins que le malade, mal nourri, habitant un lieu froid et humide, couché dans un lit infecté de matière gangreneuse , ne pompe de nouveau des miasmes putrides. ( Lettre de M. François au rédacteur de la Gazette de Santé. ) Traitement. Si la maladie est légère , qu'il n'y ait qu'un peu de fièvre , de l'embarras dans la tête et quelques mouvemens convulsifs, on donnera 4 ou 5 cuillerées de la potion anti-spasmodique indiquée au § 7 , et on fera boire de l'eau vinaigrée ou de l'eau dans laquelle on aura exprimé du jus de citron. Si les douleurs, l'engourdissement et le froid qui leur succèdent annoncent l'ap- proche de la gangrène sèche , on cher- chera à la prévenir. On placera le malade dans un appartement sec et chaud, et dans un lit bien propre, dont on renouvellera fréquemment les couvertures. ( »o) Plusieurs médecins ont recommandé de faire prendre l'émétique lorsque la bouche est amère, la langue chargée, et les en- vies de vomir fréquentes. L'expérience prouve pourtant que ce médicament aug- mente l'irritation, et peut occasionner une diarrhée qui est toujours à craindre. Ce- pendant , comme on est quelquefois obligé d'administrer un vomitif pour faire cesser les symptômes dont nous parlons, on doit avoir recours à l'ipécacuanha : alors on verse, sur un gros d'ipécacuanha, trois verres d'eau bouillante ; dix minutes après, on passe la liqueur. Si le premier verre dé- termine des vomissemens abondans, on ne donne point les autres. On favorise l'effet de ce vomitif par l'eau tiède. Dans le cas où le malade se plaindrait d'engourdissement et de froid aux mem- bres , on lui ferait prendre des bains de jambes avec une décoction de plantes aro- matiques , telles que la lavande, le roma- rin , la sauge , animée avec du vinaigre ; au sortir du bain, on frotterait le pied et la jambe avec la main ou avec de la laine; on les couvrirait de compresses trempées dans ( <>« ) l'infusion de fleurs de sureau ou d'oranger, à laquelle on ajouterait i5 ou 20 gouttes d'alcali volatil par verre.Ces compresses peu- vent également être trempées dans la les- sive de cendres ou dans la décoction suivan- te, dont on administre trois verres par jour au malade. On fait bouillir pendant demi- heure 4 onces de quinquina concassé dans un litre d'eau ; au bout de ce temps, on ajoute demi-once de sel ammoniac et deux pincées de fleurs de camomille ; on laisse refroidir et on passe. On peut en- core donner avec succès une tisane d'infu- sion d'arnica ou de serpentaire de Virgi- nie, édulcorée avec du sirop de vinaigre ou de l'oximel. Si l'engourdissement et le froid persis- tent , on met de larges vésicatoires sur les endroits voisins des membres engourdis ; enfin si rien ne peut empêcher le dévelop- pement de la gangrène, on applique plu- sieurs fois par jour sur les membres la fomentation suivante. On fait bouillir dans un litre d'eau 4 onces d'alun calciné, 3 on- ces de vitriol romain, une once de sel de cui- sine; on réduit la liqueur jusqu'à moitié. ( ,,a) Si la gangrène est tellement prononcée qu'il faille couper le membre, on attend que la nature ait établi une ligne de démar- cation entre le vif et le mort, qui indi- que l'endroit où l'opération doit être faite. L'amputation ne doit être pratiquée que dans le cas où la gangrène s'est arrêtée au milieu d'un membre, qu'elle a mutilé d'une manière irrégulière, en sorte que la partie saine deviendrait après la guérison un ob- stacle au mouvement ; ou bien lorsque les parties gangrenées ne se séparent pas assez promptement, se pourrissent et infectent le malade. QUATRIÈME CLASSE. Poisons septiques ou putpéfians. Cette classe comprend les poisons sui- vans : i°. La vipère, et tous les animaux véné- neux dont la morsure ou la piqûre est ac- compagnée d'aceidens plus ou moins graves. 2°. Les animaux qui peuvent devenir fu- - nestes étant mangés. 5°. La pustule maligne et la rage. ( 1,3) Des animaux vénéneux dont la morsure ou la piqûre est accompagnée d'accidens plus ou moins graves. Ces animaux sont : La vipère (vipera berus). La vipère naja (cobra de capello). La vipère élégante de Daudin (katuka rekulapoda des Indiens). Le rodroo pam des Indiens. Le gedi paragoodoo des Indiens. Les seiyens à sonnettes. Plusieurs insectes, tels que le scorpion, les araignées, la tarentule, Xabeille y le bourdon , la guêpe, \q frelon, le taon et la mouche. Effets produits par les vipères et par tes serpens à sonnettes. ?3. Lorsqu'une partie du corps est mor- due par l'un ou l'autre de ces animaux, on éprouve une douleur aiguë dans la partie blevjée, qui ne tarde pas à se répandre dans tout le membre , cl qui se propage même ÎO ( »4) jusque dans l'intérieur du corps; l'enflure se manifeste ; la tumeur est d'abord ferme et pâle, puis rougeâtre, livide et comme gangreneuse ; elle augmente et gagne peu à peu les parties voisines ; les défaillances , les vomissemens et les mouvemens convul- sifs surviennent et sont quelquefois suivis de jaunisse ; l'estomac est tellement sen- sible qu'il ne peut presque rien garder ; le pouls est fréquent, petit, concentré , ir- régulier; la respiration difficile; il y a sueurs froides et abondantes , trouble de la vue et des facultés intellectuelles. Le sang qui s'écoule d'abord de la plaie est souvent noi- râtre ; quelque temps après il en sort une humeur fétide ; mais lorsque l'enflure est bien prononcée, les petits vaisseaux ne per- mettent plus au sang de circuler ; la peau cpii les recouvre se refroidit, et le pouls est à peine sensible. Lorsque tous les sym- ptômes énumérés ont acquis pi us d'inten- sité , l'inflammation et la suppuration se manifestent dans les parties blessées, et quand l'abcès est très-considérable, le ma- lade meurt. Fontana avait avancé que la morsure de (..5) la vipère commune n'était jamais mortelle pour l'homme; ce fait n'est pas exact, car la vipère de Fontainebleau a souvent pro- duit la mort. Traitement de la morsure des vipères et des serpens. 7.4. On commencera parplacer uneliga- turc légèrement serrée immédiatement au- dessus de la morsure, et on ne se servira ni de ficelle ni d'autres liens trop minces qui irriteraient la peau ; celte ligature ne sera pas continuée pendant long-temps , car elle augmenterait la teinte livide et favori- serait le développement de la gangrène. On laissera saigner la plaie , et même on la pressera doucement pour en retirer le ve- nin. S'U est possible , on trempera pen- dant quelque temps la partie mordue dans l'eau tiède; on la pressera légèrement et on l'enveloppera d'un linge mouillé. Si la maladie est grave, que l'enflure soit trop considérable, les douleufte très- vives , etc., on supprimera la ligature dont l'objet n'était que de retarder la circulation du sang en la gênant, et on se gardera bien Ci.6) de faire des incisions , des scarifications multipliées , qui aggravent souvent les ac- cidens. On cautérisera la plaie avec le fer rouge, la pierre infernale ou la pierre à cautère, le beurre d'antimoine, etc. Caustiques. j5. Ferrouge. On fera rougir jusqu'au blanc un morceau de 1er plus large que la plaie, et on la brûlera ; la douleur sera d'au- tant moindre et le succès d'autant plus sûr, que le fer sera plus chaud. Pierre infernale. Ce caustique est écrasé ou réduit en poudre, et appliqué sur toute la surface de la plaie ; on le recouvre de charpie , on met un bandage serré , et au bout de cinq à six heures on lève l'appareil. Piètre à cautère. On doit l'employer de la même manière que la précédente. Beurre d'antimoine. Ce caustique, qui, après le fer rouge , doit être préféré aux autres , s'applique de la manière suivante : à l'exn'émité d'un petit morceau de bois mince on attache un pinceau fait avec de la charpie effilée ; on trempe celui-ci dans le beurre d'antimoine, et on l'applique sur ( "7) toute la surface de la plaie ; on recom- mence cette opération plusieurs fois, en ayant soin d'appuyer spécialement sur les parties que l'on veut cautériser avec plus de force ; puis on fait un tampon de char- pie , on l'applique sur la plaie , on entoure celle-ci de charpie, et on met un bandage. L'huile de vitriol. Ce caustique est ap- pliquéde la même manière que le précédent. Le caustique ammoniacal de M. Gon- dret. On chauffe doucement dans un flacon à large ouverture demi-once de suif de chandelle et autant d'huile d'olives, ou d'amandes douces ; on ajoute petit à petit une once d'alcali volatil, et on remue jus- qu'à ce que le mélange soit solide. Alors on étend la pommade sur un linge dune ou de deux lignes d'épaisseur ; on l'appli- que sur la plaie; on le recouvre d'un ban- dage , et on le laisse pendant un quart d'heure ou une demi-heure. La lessive des savonniers. Non-seule- ment il faut nettoyer la plaie avec cette les*- sive , mais encore la recouvrir de charpie qui en est imprégnée; on la maintient à l'aide d'un bandage ; et au bout de quatre ( »8) ou cinq heures, on lait une nouvelle ap- plication. Chaux vive et savon. On fait une pâte avec une once de savon tendre et autant de chaux vive réduite en poudre ; on appli- que cette pâte de la même manière que le caustique de M. Gondret. Mo va. Le moxa est un cylindre de loile rempli de coton ; on le place sur la bles- sure; on nielle feu à la partie supérieure, et on souffle jusqu'à ce qu'il soit entière- ment consumé. Huile bouillante. On peut cautériser la blessure avec de l'huile bouillante ; niais il importe de ne l'appliquer qu'à l'aide d'un entonnoir que l'on appuie fortement sur les environs de la plaie, afin d'empêcher la cautérisation des parties environnantes. Si, après avoir cautérisé avec l'un ou l'autre de ces caustiques , les accidens ne diminuent pas , on élargit la plaie avec un bistouri, et on cautérise de nouveau, mais plus profondément. ( "9) Suite du traitement extérieur. 73 bis. On applique sur les parties engor- gées voisines de la plaie, un mélange fait avec une partie d'alcali volatil et le double d'huile. Lorsque les principaux accidens sont bien diminués , on ôte le caustique et on le remplace par un linge imbibé d'huile d'olives, puis on frotte de temps en temps le membre avec la même huile, à laquelle on a ajouté quelques gouttes d'alcali vo- latil. Enfin, bientôt après la plaie n'offre aucune espèce de danger, et doit être gué- rie avec de la charpie comme les plaies simples. Traitement intérieur. 76. Ce traitement a pour objet de favori- ser la transpiration et le sommeil. Immédia- tement après l'accident et pendant que l'on s'occupe du traitement externe , on fera prendre au malade un verre d'eau de su- reau ou de fleurs d'oranger , dans lequel on versera 6 ou 8 gouttes d'alcali volatil ; on renouvellera cette boisson toutes les deux heures : on pourra aussi administrer un petit verre de vin de Madère ou de Xerez : \ i2° ; le malade sera placé dans un lit bien cou- vert , et s'il transpire , on é\ itéra de le re- froidir. L'ipécacuanha ou rémétîquc seront administrés comme nous l'avons dit § (i i. Si des vomissemens bilieux ou la jaunisse se manifestaient, si la gangrène faisait des progrès , on donnerait la potion de quin- quina indiquée p. 11 t en parlant du seigle ergoté. Si au contraire l'intensité de la ma- ladie diminuait, et que l'individu fût prêt à entrer en convalescence , on n'accorde- rait aucun aliment solide 'dans les premiers jours ; on permettrait seulement deux ou trois soupes légères et peu copieuses. 77. Si la morsure n'a occasionné qu'une maladie légère, que l'enflure soit peu con- sidérable, que le malade n'ait ni envies de vomir ni défaillances, on se borne à écar- ter lesbordsde la blessure avec précaution ; on y verse une ou deux gouttes d'alcali volatil, puis on la recouvre dune com- presse mouillée avec le même alcali, et on la mkinlient à l'aide d'un bandage; on frolle légèrement le membre avec de l'huile d'o- lives tiède, et on l'enveloppe de linges trem- pés dans l'huile. C ni ) 78. On fait prendre à l'intérieur, toutes les deux heures, une tasse d'eau de feuilles d'oranger, de fleurs de sureau ou de ca- momille , à laquelle on a ajouté 5 ou 6 gouttes d'alcali volatil. Remède qui paraît très-efficace. Plusieurs contrées de l'Amérique of- frent une plante appelée guaco, dont les Indiens se servent pour se défendre contre la morsure des nombreux serpens qui in- fectent leur pays ; ils avalent une ou deux cuillerées du suc de cette plante ; ils en inoculent dans cinq ou six blessures qu'ils se font à dessein sur les côtés de la poitrine et entre les doigts : alors ils peuvent prendre impunément les serpens les plus venimeux, et si par hasard ils en sont mordus, la mala- die disparaît aussitôt qu'ils ont frotté la plaie avec les feuilles de la même plante. Succès de l'arsenic dans cette maladie. Plusieurs expériences et quelques obser- vations tendent à prouver que la potion suivante est extrêmement utile dans la mor- sure dont nous nous occupons. 11 ( 122 ) On fait bouillir pendant un quart d'heure un grain d'arsenic blanc (deutoxide d'arse- nic), un grain de potasse et trois cuillerées d'eau ; on fait refroidir la liqueur et on ajoute une once et demie d'eau de menthe poi- vrée, dix gouttes de teinture d'opium et une demi-once de jus de citron. On donne celte potion en une fois , et on la répèle à chaque demi-heure pendant quatre heures successi- ves , si la maladie est grave ; on fait prendre un lavement purgatif comme celui dont il a été fait mention § 57, et on frotte les parties souffrantes avec le liniment suivant: Pr. Huile de térébenthine, demi-onee. Alcali volatil........ demi-once. Huile d'olive....... une once et demte- Du Scorpion. 79. La piqûre des scorpions d'Europe est peu dangereuse ; elle n'occasionne d'acci- dens graves que dans les pays méridionaux et pendant les fortes chaleurs de Tété ; elle produit une tache rouge de la gran- deur d'un centime, qui s'agrandit, et noircit vers le milieu : le point noir est celui de la piqûre : des douleurs, une inflammation ( >^) plus ou moins considérable, de l'enflure , et quelquefois des pustules , des frissons , de la fièvre, de l'engourdissement, des vomissemens , le hoquet, un tremble- ment , etc., tels sont les symptômes qui surviennent. Traitement. 80. On donnera à l'intérieur ce qui a été conseillé en parlant de la vipère. Voy. §78. A l'extérieur on appliquera des cataplasmes faits avec la farine de graine de lin et de l'eau de racine de guimauve , ou avec du lait et de la mie de pain ; dans tous les cas, on arrosera ces cataplasmes avec dix ou douze gouttes d'alcali volatil. De l'abeille, du bourdon, de la guêpe, du frelon, du taon, de la mouche, de la ta- rentule, de laraignée et du cousin. 81. En général, la piqûre de ces insectes n'occasionne dans nos climats qu'une dou- leurolus ou moins vive , de l'enflure et un peiJKë fièvre. Il suffit alors de frotter la partie piquée avec un mélange préparé en agitant dans un flacon deux cuillerées ( 124) d'huile d'amandes douces et une cuillerée d'alcali volatil. On donne à l'intérieur la boisson prescrite en parlant de la vipère, S78\. Si l'insecte a sucé des plantes vénéneuses, des cadavres d'animaux morts de maladies pestilentielles, ou toute autre matière pour- rie , ou bien qu'il appartienne à des climats irès-chauds , les symptômes peuvent être beaucoup plus graves, plus ou moins sem- blables à ceux de la vipère ( voy. § 73) , et occasionner la mort ; il faut alors cauté- riser la piqûre, et se conduire comme nous l'avons dit à l'article Vipère. * 82. Dans le cas où la piqûre a été faite par l'abeille ou le bourdon, et qu'il s'est développé une petite tumeur dont le centre est dur et blanc, il faut, indépen- damment des boissons recommandées en parlant de la vipère, chercher à enlever l'aiguillon, soif avec la pointe d'une épin- gle, soit avec de petites pinces : on est même quelquefois obligé, pour parvenir à l'extraire, de couper avec des ciseauVtout ee qui est en dehors de la plaie. Quand l'aiguillon est retiré, on lave la blessure ( "5 ) avec de l'eau froide, et mieux encore avec de l'eau salée, puis on applique le Uniment du§ 75 bis, que l'on recouvre d'une com- presse imbibée d'eau salçe. On a également recours à ce liniment lors même que l'ai- guillon n'a pas été retiré. Si l'on a été assailli par une troupe de cousins, que les piqûres soient très nombreuses , et que la fièvre se manifeste, on fait coucher le malade, et on lui donne tous les quarts d'heure une tasse d'infusion de feuilles d'oranger à laquelle on ajoute quatre ou cinq gouttes d'alcali volatil. Des animaux qui peuvent devenir funestes étant mangés. 83. La daurade ou le dauphin, le con- gre, le scombre, le dupé cailieux tassart, quelques autres poissons et les moules, peuvent occasionner , dans certaines cir- constances , des accidens plus ou moins graves : on a même vu quelques-uns de ces poissons déterminer la mort. Si l'ex- périence prouve que les animaux dont nous parlons sont quelquefois vénéneux, elle dé- montre aussi qu'ils sont loin de l'être ton- ( ia6) jours et pour toutes les personnes. Tel in- dividu qui les mangera impunément dans nos climats à toutes les saisons, pourra en être incommodé dansles pays très-chauds, et surtout en été. Les moules qui, en général, servent d'aliment à des peuplades entières , incommoderont assez fortement une per- sonne, tandis qu'elles ne produiront aucun effet nuisible sur d'autres qui en auront mangé. Effets des poissons vénéneux. La daurade a quelquefois occasionné un violent mal de tête, des envies de vomir, des taches vermeilles sur la peau, une dé- mangeaison insupportable et un resserre- ment de la poitrine. Le congre a produit des tranchées, des vomissemens, des selles , des défaillances , des tiraillemens convulsifs , et la paralysie des membres. Les malades sentaient un goût cuivreux, et croyaient que leur gosier était déchiré. Le dupé cailleux lassart(clupœa thrys- sa de L.) a déterminé des convulsions horribles , l'inflammation de l'estomac, et (. I27 ) la mort a eu lieu au bout d'une demi- heure. Effets des moules. Les moules ont souvent produit des fris* sons irréguliers , une douleur aiguë à l'es- tomac et à la tête avec oppression et diffi- culté de respirer, des inquiétudes géné- rales , la rougeur et le gonflement de la face et des paupières , des démangeaisons très-vives sur toutes les parties du corps , une éruption d'ampoules semblable à celle que produit la piqûre des orties, etqui paraît surtout à l'épaule, des convulsions et quel- quefois un enchifrenement subit : on aurait dit que le malade était fortement enrhumé du cerveau. Enfin, dans quelques cas fort rares, à la vérité , ces symptômes ont été suivis de la mort. Traitement de ¥ empoisonnement par les animaux qui ont été mangés. 84« On commence par donner un émé- tique. Voy.% 61. S'il y a déjà long- temps que le poisson a été avalé, on ad- ministre un purgatif et un lavement de ( ï*8 ) même nature. Voy. % ^j. Immédiate- ment après l'effet de ces remèdes, on fait prendre des morceaux de sucre , sur lesquels on a mis vingt ou vingt*-cinq gouttes d'éther ; on administre quelques cuillerées de la potion anti-spasmodique indiquée § 7, et on donne pour boisson habituelle de l'eau contenant par chaque verre deux cuillerées de vinaigre ou le jus d'un citron. Si les douleurs d'estomac per- sistent, sont très-vives et qu'il y ait de la fièvre, on applique dix ou douze sangsues sur le bas-ventre. De la pustule maligne ou du bouton matin, du charbon malin, de la puce maligne. Causes. 85. Les bouchers , les tanneurs , les fer- miers , les vétérinaires, les bergers, et tous les ouvriers qui manient la laine ou la peau des animaux morts parce qu'il s'est dé- veloppé chez eux un virus putréfiant ou septique, sont sujets à contracter la pus- iule maligne, s'ils n'ont pas la précaution de se laver sur-le-champ et avec soin toutes ( 129 ) les parties touchées par ces matières cor- rompues. L'eau mêlée de, vinaigre, la les- sive de cendres , et surtout de l'eau dans laquelle on a délayé de la chaux , sont les liquides avec lesquels on doit se laver. La maladie dont nous parlons se déve- loppe principalement dans les temps chauds et humides, chez les animaux qui vivent dans les endroits bas et marécageux, et qui se nourrissent de pâturages qui ont été ra- pidement desséchés par le soleil, après avoir été mouillés, ou de fourrages vases et chargés d'insectes pourris. Ces animaux éprouvent alors une fièvre gangreneuse, ou d'autres maladies aiguës ; leur peau pré- sente des boutons charbonneux; leur sang et leurs chairs sont comme pourris, et ne peuvent, en général, toucher à l'homme sans l'infecter, en lui communiquant le char- bon. Il faut cependant noter que, dans Cer- taines circonstances, la pustule maligne n'est point contagieuse. ( >3o) Symptômes de la pustule maligne. 86. On distingue deux variétés de pustule maligne , la proéminente et la déprimée. Variété proéminente. ■— Première pé- riode (i ). Démangeaison incommode, mais légère, sur un point très-circonscrit, sans rougeur, ni chaleur, ni tension à la peau ; picotement vif mais passager; peu à peu l'épiderme se détache et forme une am- poule séreuse de la grosseur d'un grain de millet, mais qui bientôt apris s'accroît et devient brunâtre ; la démangeaison revient de temps en temps, le malade gratte et rompt l'ampoule qui recouvre le foyer du mal ; il s'échappe une ou deux gouttes de sérosité roussâtre ; la démangeaison cesse pendant quelques heures. Deuxième période. 11 se forme une pe- tite #umeur mobile, dure, circonscrite , (i) La description de cette variété ayant été donnée avec la plus grande exactitude, par M. le professeur Chaisier et par M. Enaux, nous avons cru ne pouvoir mieux faire que de la leur emprunter. ( iSi ) aplatie, ayant ordinairement la formé et le volume d'une lentille. La couleur de la peau n'est point encore altérée : seulement, dans le centre et sous la première ampoule, elle est ordinairement citronnée, livide et comme gangreneuse ; les démangeaisons deviennent plus vives, plus fréquentes, et sont accompagnées d'un sentiment de cha- leur, d'érosion et de cuisson : alors le tissu de la peau s'engorge, sa surface paraît tendue et luisante ; le corps muqueux se gonfle, et forme autour du point central une sorte de cercle plus ou moins large et saillant, tantôt pâle , tantôt rougeâtre ou livide, tantôt orangé ou nuancé de différentes cou- leurs, mais toujours superficiel, et parsemé de petites ampoules isolées qui ne tardent pas à se réunir, et qui sont pleines d'une sérosité roussâtre. Le tubercule central qui forme la tumeur primitive change de cou- leur, dévient brunâtre, très-dur et insen- sible : c'est un point gangreneux qui prend tout-à-coup un nouvel accroissement. Cette période, qui dure ordinairement quel- ques heures, marche quelquefois beaucoup plus lentement, et dure plusieurs jours, ( 132 ) Troisième période. Le mal ne se borne pas à l'épaisseur de la peau ; il pénètre peu à peu dans le tissu cellulaire : alors les pro- grès sont rapides ; le centre de la tumeur devient plus dur, plus profond et entière- ment noir ; le point gangreneux s'étend peu à peu; le cercle d'ampoules qui l'en- vironne toujours annonce et précède les progrès de la mortification. Ce cercle s'a- vance , s'élargit par degrés ; quelquefois il s'élève en saillie, et forme autour du noyau primitif une espèce de bourrelet qui le fait paraître enfoncé, et qui produit une seconde tumeur compacte , mais moins dure et en- core sensible. Il survient en même temps un gonflement considérable qui s'étend souvent fort au loin : c'est une espèce d'en- flure élastique et rénitente, qui fait éprou- ver un sentiment d'étranglement et d'en- gourdissement dans la partie : la gangrène fait en même temps des progrès dans le tissu cellulaire. Chez un sujet fort et ro- buste , dont le traitement méthodique a été commencé de bonne heure, cette troisième période dure quatre à cinq jours : d'abord le maîVarrête, l'enflure perd peu à peu cet ( -33) état de tension et d'emphysème qui carac- térisait l'irritation; le cercle d'ampoules prend une couleur plus animée; on y re- connaîtle caractère de l'inflammation vraie ; lé malade y sent une chaleur douce, des pulsations réitérées ; la gangrène se borne ; un cercle rouge environne la tumeur ; il s'y établit une suppuration abondante, qui dégorge le tissu cellulaire, détache l'escarre et termine ainsi la maladie ; tandis que chez les personnes faibles , elle fait des progrès rapides, et l'infection devient générale. Quatrième période. Lorsque la ma- ladie a attaqué successivement le corps muqueux, la peau et le tissu cellulaire, le pouls se concentre, il est plus ou moins fréquent et inégal; la peau est sèche, la langue aride et brunâtre; la chaleur paraît modérée, et cependant le malade sent un feu intérieur qui le dé- vore ; il demande souvent à boire, et rien n'apaise sa soif; il est toujours dans un état d'accablement ; il éprouve des fai- blesses , des envies de vomir, des douleurs d'estomac, quelquefois aiguës; dans cer- tains cas la respiration est courte et entre- (i34) coupée par des sanglots et des soupirs ; l'urine est rare, épaisse et briquetée ; rare- ment on voit survenir la diarrliée , des sueurs coUiquatives, des hémorrhagies. Si le mal parvient à son terme, la raison s'égare et le malade tombe dans un délire obscur ; tous les accidens locaux augmentent d'in- tensité , l'enflure devient énorme, et il périt dans un état gangreneux , en répan- dant l'odeur la plus fétide. (Enaux et Chaussier, p. 184—r92-) Variété déprimée. Elle commence par une démangeaison assez forte qui dure plu- sieurs jours : le deuxième jour, il se pro- duit un point noir semblable à la morsure de la puce. Dès le lendemain il se manifeste des ampoules circonscrites et régulières, de la douleur, de la chaleur, et un sentiment d'engourdissement dans la partie du ventre située au-dessous de l'éruption ; le malade éprouve des défaillances, des envies de vomir; le pouls est concentré. Les am- poules se rompent ; il en sort une sérosité roussâtre ; on voit au-dessous une portion de peau qui est noire, comme charbonnée , et qui adhère peu aux parties soujacentes; ( ,35) il y a peu de gonflement : cependant d en existe quelquefois. Le cinquième jour, les angoisses et les défaillances sont très-fré- quentes. Le sixième jour, le malade a le dé- lire ; l'enflure locale et l'état gangreneux sont très-prononcés, enfin la mort arrive. Cette variété a été décrite par M. Davy la Chevrie ;. elle est plus dangereuse que la précédente. Traitement de la pustule maligne. 87. Dans le traitement delà pustule mali- gne, il ne s'agit que de circonscrire, dans le plus petit espace possible , cette petite tu- meur, ce foyer gangreneux, qui a la plus grande tendance à se propager aux parties environnantes ; on emploie à cet effet, et avec le plus grand succès, les scarifications et surtout les caustiques. Les remèdes in- ternes ne sont pas toujours nécessaires. Scarifications. Les scarifications ou les petites incisions faites avec une lancette ou un bistouri, ne suffisent pas pour guérir la maladie/mais elles sont utiles, parce qu'elles favorisent l'action des autres remèdes. Elles ne doivent être ni trop superficielles ni trop ( '30) profondes; elles doivent comprendre toute la partie mortifiée, mais ne pas pénétrer au-delà des chairs mourantes. Caustiques. Le beurre d'antimoine, l'huile de vitriol, la pierre infernale et le fer rouge, sont, parmi les caustiques, ceux que l'on doit employer de préférence. Mais comme leur emploi, ainsi que celui des scarifications, doit être modifié suivant les circonstances, nous allons développer le traitement des différens cas qui peuvent se présenter. Premier cas. Si la maladie est encore à sa première période ( voy. pag. i3o), on coupe l'ampoule, on essuie la sérosité, on roule entre les doigts de la charpie, on en fait un petit tampon serré de la grosseur d'un pois, on l'imbibe de beurre d'anti- moine , d'huile de vitriol, etc. ; on le met sur le centre de l'ampoule, et on le main- tient en l'entourant de charpie sèche et en le recouvrant d'un emplâtre adhésif et d'un bandage convenable. Au bout de cinq ou six heures, on lève l'appareil, et on trouve une escarre sèche, dure, sur laquelle on met un plumasseau ( '37 ) de charpie, couvert du digestif animé dont nous donnons là composition^ 8g. Le lendemain, on renouvelle le pansement aved le même digestif s'il n'y a point de dureté, ni de cercle d'ampoules, ni de douleurs vives ; car il est évident que le caustique a suffi pour borner lés progrès du mal. On continue tous les jours ce pandlment jus- qu'à la ehute de l'escàrre ; lorsque celle-ci est tombée, on panse avec de la charpie sèche que l'on A trempée dans une légère dissolution d'alun, dans l'eau de chaux, etc. Second cas. On a recours aux scarifi- cations si, après l'application du caus- tique , il se forme autour de l'escarre une tumeur dure, un cercle d'ampoules ; et si l'enflure devient considérable, on ouvre l'escarre avec la pointe d'un bistouri, on là partage en plusieurs portions, et on ^§lend la section un peu au-delà dans les ehairs mourantes, en évitant de couper les chairs vives; on enlève quelques morceaux de l'escarre avec des ciseaux ; on absorbe avec delà charpie les sucs stagnans dans le fond; enfin on porte dans le fond de la plaie et darts tout son contour; un petit pinceau de 12 ( >38) toile effilée, chargé d'un caustique liquide. (voyez § 75) ; on y place quelques petits tampons de charpie trempés dans le même caustique , et on recouvre le tout de char- pie sèche, de compresses et d'un bandage.1 On lève l'appareil au bout de quelques heures, et on panse la plaie avec le digestif animé (voirez § 89 ); les jours suivans on lave la plaie avec un mélange d'eau légère- ment salée et d'eau-de-vie, ou avec le collyre de Lanfranc ( voy. § 90 ) ; puis on panse avec le digestif animé, et on ap- plique des compresses imbibées d'une dé- coction résolutive ( voy. § 91 ). Les pan- semens sont renouvelés toutes les douze heures, jusqu'à ce que l'on aperçoive une ligne de démarcation entre le mort et le vif; enfin, s'd est nécessaire, on fait usage de remèdes internes dont nous parlerons» §88. Troisième cas. Si l'on n'est appelé que vers la fin de la troisième période, lorsque l'escarre qui forme le centre de la tumeur est dure comme du cuir et l'enflure très- considérable , on doit diviser tout le noyau infecté; multiplier les incisions; si on le juge convenable , détacher et enlever tO)3 les morceaux de l'escarre qui pourraiert s'opposer à l'action du caustique, dont on doit faire l'application comme nous ve- nons de le prescrire. Le premier pansement se fait en mettant sur l'escarre le plumasseau trempé dans le digestif stimulant, en appli- quant par-dessus un linge sur lequel on a étendu le Uniment camphré décrit § 92, et en recouvrant le membre de compresses imprégnées de la décoction anti-putride du § g3. Les pansemens doivent être renou- velés toutes les douze heures, jusqu'à ce que l'escarre soit tombée. Alors la plaie devient simple, et doit être pansée avec de la charpie sèche ou trempée dans une eau vulnéraire. Quatrième cas. Si la pustule maligne est à sa quatrième période , que l'escarre soit sèche et compacte, et que tout annonce que les parties environnantes tombent dans une gangrène humide, on doit commence» par faire des scarifications, mais avec mé- nagement , crainte de donner lieu à une hémorrhagie abondante qui épuiserait le malade ; on applique ensuite le caustique, et on choisit de préférence l'acide hydro- chlorique ou l'esprit de sel concentré (que l'on emploie comme le beurre d'antimoine (vôy. § 75), ou la pierre infernale. On porte celle-ci sur tous les points de la sur- face de la plaie; on l'appuie principale- ment sur ceux que l'on a scarifiés, et sur les parties les plus affectées. Aî< rs on applique une sorte de cataplasme fait avec de la poudre de quinquina et de l'eau-de- vie camphrée; on le recouvre avec un linge fin enduit du Uniment camphré du § 92 et avec des compresses trempées dans la décoc- tion anti-putride, § 93. Ce cataplasme doit être renouvelé toutes les six heures jusqu'à ce que les chairs s'animent et annoncent la séparation de l'escarre : dès ce moment on panse avec un plumasseau de charpie enduit du digestif animé § 89, ou trempé dans le collyre de Lanfranc. Dans le cas où l'es- carre serait molle et putride, il vaudrait mieux supprimer l'eau-de-vie camphrée, continuer l'application du quinquina, et faire des lotions avec la décoction anti-pu- tride : on devrait également faire usage du traitement interne ci-après. ( '4> ) On recommence les scarifications, les cautérisations des chairs mourantes par l'es- prit de sel ( acide hydro-chlorique ) , si la gangrène fait de nouveaux progrès , et on insiste principalement sur l'emploi des re- mèdes internes. Si l'escarre se détache, on panse la plaie avec de la charpie, comme si elle était simple. Traitement interne. 88. La diète, de l'eau vinaigrée ou de la limonade , suffisent ordinairement pen- dant la première et la seconde période de la maladie. Dans la troisième période, si le pouls est petit, serré , tremblant, accompagné de soubresauts ; si l'enflure est dure et compacte, on donne un opiat fait avec du quinquina et du camphre (voy. § 94) > tandis qu'il faut administrer la décoction de quinquina acidulée du § §5 si le pouls est lâche, l'enflure étendue , souple, pâ- teuse , séreuse , et l'escarre humide et peu compacte. Le malade doit observer le ré- gime le plus sévère ; il ne doit prendre que des bouillons faits au gruau de riz, d'orge ( *4*) ou de l'eau panée ; le vin vieux ou la bière récente coupés avec moitié d'eau, et la li- monade , sont également utiles. On administre 2 grains d'émétique dissous dansun verre d'eau, si le malade a des envies de vomir, si la langue est blanche , char- gée d'un limon épais, mais molle et humide, enfin, si l'urine offre un dépôt jaunâtre ; on se garderait bien de faire prendre Yémé- tique si la langue était sèche, aride , rouge ou couverte d'une croûte noire et écail- leuse, et l'urine crue. Les envies de vo- mir que le malade éprouve dans ce cas dépendent d'une irritation, et on doit avoir recours sur-le-champ à la décoction anti- putride et acidulé du § 95. Préparations des remèdes employés pour guérir la pustule maligne. 89. Digestif animé. Miel blanc et mieux encore miel rosat,, 1 onc« Verdet en poudre très-fine........ 2 gros. Myrrhe en poudre.......>........ 1 gros. Un jaune d'œuf. On mêle exactement ces matières dans un mortier de cuivre, et il en résulte un ( '43 ) onguent qui durcit l'escarre et ranime les chairs. On peut le rendre plus actif en aug- mentant la dose de verdet ; on y ajoute quelquefois 2 gros d'essence de térében- thine : c'est lorsque l'escarré est spongieuse •t tend à la dissolution putride. 90. Collyre de Lanfranc. Vin blanc.................... 18 onces. Orpin préparé................. 2 gros. Vert-de-gris.................. 4 gros. Myrrhe...................... 4^ grains. Aloès....................... 4^ grains. On réduit ces substances en poudre dans un mortier, et on y ajoute peu à peu le vin blanc. Nous avons indiqué les cas où ce collyre convient. 91. Décoction résolutive. On fait bouillir dans un litre d'eau quel- ques pincées de l'une ou l'autre des ma- tières suivantes : fltfurs de sureau, de imlle- perluis, de camomille ; sommités de mille feuilles, tiges de scordium, ou de menthe : on ajoute le quart d'eau-de-vie camphrée, 2 onces de sel de cuisine ou de tartre vitriolé ( '44) ( sulfate de potasse ) : on doit éviter l'em- ploi du sel ammoniac et du tartre. 92. Uniment camphré. Camphre.......•.......»........ ï once. Deux jaunes d'œufs. On broie ces deux substances dans un mortier, et on ajoute 2 onces de miel blanc, que l'on mêle exactement. 9^. Décoction anti-putride. Quinquina..............,...... 1 once. Eau-de-vie camphrée............4 onces. Sel marin..................... j once. On fait bouillir le quinquina dans un demi-litre d'eau , et on y ajoute les deux autres substances. 94. Opiat. Quinquina en poudre fine.......... 1 once. Camphre....................... I gros. Sirop de limon. Un- jaune d'céuf. On délayé lé camphré dans le jaune d'ceuf ; on ajoute peu à peu le quinquina, et assez de sirop de limon pour faire un ( '45) opiat, que l'on divise en huit parties éga- les : on donne une de ces doses toutes les trois heures. g5. Décoction de quinquina acidulée. On fait bouillir une once de quinquina concassé dans une livre et demie d'eau ; on réduit à une livre ; on passe à travers un linge ; on ajoute 2 onces de sirop de limon et quelques gouttes d'acide sulfurique ( acide vitriolique, huile de vitriol) : il faut mettre l'acide goutte à goutte, et jusqu'à ce qUe la liqueur ait une acidité agréable. On donne un verre de cette boisson toutes les trois heures, et même plus souvent si les sym- ptômes de putridité sont très-prononcés. Morsures des animaux enragés. 96. 11 est parfaitement démontré que l'homme, les chevaux, les mulets, les ânes, les bœufs, les cochons, et plus souvent en- core les renards, les loups, les chats et les chiens, deviennent enragés sans avoir été mordus. Plusieurs causes peuvent déve- lopper cette affreuse maladie ; mais, en gé- i5 ( '46) néral, on l'observe principalement dans les étés brûlans et les hivers rigoureux. Presque toujours la rage est communi- quée par la morsure d'un animal qui en est affecté ; cependant elle peut avoir été dé- terminée par l'application de la salive ou de la bave d'un animal enragé sur les lè- vres et sur les plaies. Signes de la rage chez les chiens. Suivant MM. Enaux et Chaussier, le chien qui commence à- être enragé est ma- lade, languissant, plus triste qu'à l'ordi- naire ; il aime l'obscurité ; il reste dans un coi|iy il n'aboie plus, mais il grogne sans cesse contre les étranger» et sans cause ap- parente ; il refuse les alimens et les bois- sons ; sa démarche- est vacillante et sem- blable à celle d'un homme qui serait presque endormi. Au bout de deux ou trois jours, il fuit de tous côtés ; il marche comme un ivrogne : aussi tombe-t-il souvent. Le poil est hérissé, l'œil Hagard, fixe, brillant ; la tête basse, la gueule béante et pleine d'une Bave écumeuse, la langue pendante, la queue serrée ; il a l'horreur de l'eau ; ce K- ( '47) quide semble même redoubler ses maux ; il éprouve de temps à autre des accès de fureur , et il cherche à mordre tous les ob- jets qui se présentent, sans excepter son maître. La lumière et les couleurs vives augmentent également sa fureur. Au bout de trente ou trente-six heures il meurt dan» des convulsions. Il est évident que l'on doit chercher à le tuer dès le moment que l'on s'aperçoit qu'il est enragé, ou du moins à l'attacher et à l'enfermer. Le cadavre se pourrit avec la plus grande promptitude, et répand une odeur infecte j il importe de ne point le laisser à l'air afin qu'il ne soit pas dévoré par des animaux affa- més qui pourraient devenir enragés. On doit l'enterrer très-profondément, et laver avec de l'eau dans laquelle on a délayé, de la chaux vive , les murs et toutes les parties où il a été renfermé, ainsi que les instru- mens employés pour lui donner des ali- mens. La personne qui aura touché le ca- davre aura soin de laver ses mains avec du vinaigre ( '48) Traitement de la rage. 97. Une personne mordue par un animal enragé n'éprouve guère les symptômes de la rage avant le trentième ou le qua- rantième jour. Il faut cependant la se- courir immédiatement après l'accident. ip. On déshabillera le malade et on met- tra ses vêtemens dans l'eau, pour préve- nir la contagion , dans le cas où ils au- raient touché la bave. 20. Si la morsure est récente, on la laissera saigner, et on la pres- sera dans tous les sens pour faciliter l'é- coulement du sang : alors on la lavera avec de l'eau , et mieux encore avec de l'eau tiède dans laquelle on aura fait fondre du sel ou du savon. Si la morsure est petite et profonde, on l'agrandira à l'aide d'un bistouri et on la pressera : cette opération deviendra inutile si l'épiderme seul a été enlevé. Il faut faire attention que sou- vent les blessures paraissent superficielles, quoique le venin ait pénétré profondé- ment. 5°. Onlavera la plaie; on choisira un linge un peu rude afin de l'irriter et d'en exprimer le sang ; il serait même utile, (■49) pour remplir ce put , d'y appliquer une ventouse. 4°' On cautérisera les blessures et même les écorchures avec l'un ou l'au- tre des caustiques indiqués § y 5 : cepen- dant on préférera le fer rouge-blanc , le beurre d'antimoine ou l'huile de vitriol. La cautérisation doit être exacte et pro- fonde ; si elle est légère, elle ne suffit pas pour prévenir la rage : on n'a rien à crain- dre de trop cautériser. Si les blessures sont nombreuses, U faut les cautériser succes- sivement , en laissant un jour d'intervalle , et en commençant par celles de la tête et du visage. 5°. Six ou sept heures après avoir cautérisé, on applique sur l'escarre un large vésicatoire dont la composition est indiquée § i oo ; on le laisse pendant douze heures , puis on l'enlève , et on coupe l'épiderme avec la pointe des ci- seaux ; on panse deux fois par jour avec une feuille de poirée sur laquelle on a mis du beurre ou du cérat adoucissant. (Voy.$ ioi). 70. Lorsque l'escarre tombe, ce qui a lieu du cinquième au huitième jour , on cherche à cicatriser la plaie , si toutefois l'on aperçoit que la cautérisation (.5o) ait été plus profonde que la plaie faite par la dent de l'animal : si le contraire a lieu, on doit cautériser de nouveau , et lorsque la seconde escarre est tombée, on entretient la suppuration pendant quarante ou cinquante jours : à cet efifet, on met dans la plaie un pois , une fève, ou , ce qui est préférable, un morceau de ra- cine d'iris, d'aristoloche, de gentiane, et on la panse avec la pommade vésicatoire du § ioo bis. Précautions à prendre. 98. Si la blessure est à la tête , on doit raser tous les cheveux afin d'apercevoir et de cautériser les diverses parties mordues. Si le gonflement et l'inflammation de la tête succédaient à la cautérisation, il faudrait faire usage de fomentations émol- lientes et résolutives , et panser la plaie comme si elle étail simple. La morsure des lèvres , des joues et des paupières doit être profondément brûlée , et on doit y entretenir long-temps la suppuration. La cautérisation des pau- pières demande quelques précautions ; on < '5' ) doit les soulever pour les éloigner de Fœil, et brûler les bords de la morsure à l'aide d'un petit pinceau trempé dans un caus- tique. Si la bave de l'animal enragé avait touché le globe de l'œil, il faudrait y pas- ser légèrement le pinceau imbibé de caus- tique ; il n'y aurait d'autre inconvénient que celui de donner lieu à une légère inflammation et à un larmoiement plus ou moins -considérable : dans ce cas, on la- verait l'œil avec de l'eau dans laquelle on aurait fait bouillir de la graine de lin , de la racine de guimauve ou de la gomme, et à laquelle on ajouterait quelques gouttes de laudanum liquide de Sydenham. Si la plaie était dans la bouche , on ferait laver celle-ci avec de l'eau et du vinaigre, puis on cautériserait la morsure avec le^èr rouge : les caustiques liquides auraient l'inconvé- nient de se mêler avec la salive et d'étendre leur action sur des parties saines plus ou moins importantes. Lorsque la morsure est voisine d'une artère , et, dans ce cas, on voit un batte- ment plus ou moins considérable , ou on le sent en appuyant l'extrémité du doigt (•5a) sur la plaie , on se borne à toucher légè- rement toute sa surface avec un pinceau imbibé de beurre d'antimoine : par ce moyen on évite d'entamer l'artère , ci par conséquent on ne craint pas l'hémorrha- gie qui, sans cette précaution, aurait lieu à la chute de l'escarre. 11 y aurait du dan- ger à cautériser la morsure comme nous venons de le dire, si l'artère, au lieu d'être recouverte de quelques portions de mus- cle ou de tissu cellulaire, était à nu : alors on devrait .se contenter de mettre sur la plaie une petite quantité de poudre de cantharides ou de quelque onguent acre. Si la morsure est ancienne , que la plaie soit déjà cicatrisée, et que l'on ait la cer- titude que l'animal est enragé , A faut ou- vrirla plaie sans délai, à l'aide d'un bis- touri, la brûler et la faire suppurer. (Enaux et Chaussier. ) Emploi du Chlore. M. Brugnatelli a rapporté plusieurs faits qui tendent à pipuver que le chlore (acide muriatique oxigéné ), mis sur les blessures des animaux enragés, empêche la rage de se ( '53 ) manifester. Long-temps avant, Cluzel avait annoncé que le même remède, pris inté- rieurement, avait sauvé plusieurs personnes mordues par un loup enragé. En atten- dant que l'expérience prononce sur les avantages de ce médicament, il est de la plus haute importance de continuer à brû- ler les plaies , comme nous venons de le prescrire. Traitement interne delà morsure des animaux enragés. 99. Pendant les premiers jours, on favo- rise la transpiration à l'aide de la boisson indiquée § 76, en parlant de la vipère ; ce n'est que dans le cas où la plaie est très- enflammée et douloureuse qu'on remplace cetle boisson par une décoction de gui- mauve , de graine de lin, ou par la poudre de Dower, § 101 bis. On saigne le malade si le pouls est dur et plein. L'émétique et les purgatifs sont administrés si l'estomac est charge' , la langue recouverte d'une cou- che jaune et la bouche pâteuse. On pres- crit des alimens doux , faciles à digérer et ( '54 ) un exercice modéré. Le régime est plus sévère si le malade a de la fièvre. Avantages du plantain d'eau. On assure avoir guéri plusieurs person- nes entragées en leur donnant de la racine de plantain d'eau ( alisma plantago ) la- vée , sécliée à l'ombre, et mêlée avec du pain et du beurre. Deux vaches atteintes de la rage furent traitées avec cette plante : l'une d'elles périt; l'autre, qui avait mangé beaucoup plus de plantain , fut entière- ment rétablie. Ces faits, quelque sur- prenans qu'ils paraissent , peuvent être exacts : l'expérience seule peut nous éclai- rer ; mais en attendant, nous croyons de- voir conseiller de donner aux personnes affectées de la rage, immédiatement après les avoir cautérisées ( voy. § 98 ), deux prises , à deux heures d'intervalle , de 20 à 24 grains de la racine de cette plante : à cette dose le remède est sans danger, et peut-être serak-il de quelque utilité. (,55) Formules des remèdes employés dans le traitement de la rage. Emplâtre vésicatoire. ioo. On fait fondre à un feu doux : Cire jaune................ 4 onces. Te're'benthine.............. 6 gros. Huile d'olives.............. i once 2 gros. On retire la masse du feu, et lorsqu'elfé commence à se refroidir, on y ajoute, Cantharides parfaitement pulvérisées, 3 onces. Mastic......^.................. 2 gros. Cet emplâtre peut être remplacé par les suivans : i ° on mêle 3 gros de cantharides avec* une once d'emplâtre diachylum ; 2° on incorpore 6 gros de cantharides ré- duites en poudre fine dans une pâte épaisse préparée avec de la mie de pain et du vi- naigre très-fort : onl'étend sur un morceau de linge. 100 lis. Pommade vèsicatoire. On mêle : Cantharides finement pulvérisées... ■; gros. Cérat, basilicum, ou quelqu'autre on- guent gras................... i once. ( '56) ï o i. Ce rat ado ucissan t. On fait fondre à un feu doux : Cire blanche................... ï once. Huile d'olives................... 2 onces. Blanc de baleine................ 2 onces. 101 bis. Poudre de Dower. On réduit en poudre fine : Ipécacuanha............... £ gros- Extrait d'opium............-5 gros. Sulfate de potasse.......... 1 gros et demi. On mêle intimement. Tous les soirs on en donne depuis douze jusqu'à vingt-quatre grains dans du miel. Traitement du bétail. Les bœufs, les veaux , les moutons, les chevaux, mordus par un animal enragé, éprouvent à-peu-près les mêmes symptômes que l'homme, mais avec beaucoup plus de rapidité. Si la morsure a été faite à la queue ou à l'oreille , il faut couper ces parties et cau- tériser la plaie saignante avec le fer rouge ; ensuite on pansera avec le digestif térében- thine de la page 15j. (>57) Lorsque les morsures ont été faites dans un endroit qui ne peut pas être enlevé , on coupe le poil, on lave les blessures , on les agrandit avec un bistouri, on les cautérise profondément, et on les panse avec le même onguent digestif térébenthine ; on anime de temps en temps les plaies avec la poudre de cantharides ou avec la pierre à cautère, et on ne les laisse fermer qu'au bout de quelques semaines. L'animal doit être séparé des autres , et la personne qui le panse ne doit pas oublier de laver ses mains avec de l'eau contenant du savon ou du vinaigre. 11 faut également avoir soin de ne pas le dépouiller dans le cas où il mourrait enragé, de Crainte de gagner la maladie. Onguent digestif térébenthine. On mêle : Térébenthine................... 2 onces. Huile d'olives................... 2 onces. Deux jaunes d'oeuf. Et ce n'est qu'autant que l'on veut activer la suppuration que l'on ajouta un demi-gros de pierre à cautère pulvérisée (potasse à la chaux. ) ( 458 ) ASPHYXIES. Nous croyons devoir nous occuper des asphyxies suivantes : i°. Asphyxie par la vapeur du charbon. 2°. Asphyxie par la vapeur des fours à chaux, des cuves de raisin, des vins ou d'autres liquides en fermentation. Asphyxie des marais, des mines de charbon de terre. 3°. Asphyxie des fosses d'aisance, des puisards, des égouts. 4°. Asphyxie par défaut d'air respirable. 5°. Asphyxie par submersion ou des noyés. 6°. Asphyxie par strangulation ou des pendus. 7°. Asphyxie par le froid. 8°. Asphyxie par la chaleur. <)°. Asphyxie des nouveau-nés. De T Asphyxie par la vapeur du charbon. 102. Signes. Les personnes asphyxiées par la vapeur du charbon éprouvent une grande pesanteur de tête, des tintemens d'oreille intolérables , une grande disposi- tion au sommeil, la diminution des forces, ( '5g) et leur chute inévitable. A ces symptômes se joignent le troublée la vue, des douleurs de tête atroces, une grande gêne dans la res- piration , des battemens de cœur violens qui ne tardent pas à être suivis de k suspension de la respiration et de la circulation ; les sens n'exercent plus leurs fonctions ; la sensibi- lité paraît ©teinte ; l'abattement est extrême, le mouvement nul, en sorte que l'individu paraît mort ; les membres sont tantôt fle- xibles, tantôt roides et contournés; la cha- leur est comme dans l'état naturel ; la face est quelquefois rouge ou violette ; d'autres fois elle est pâle et très-plombée ; dans cer- taines circonstances les excrémens et l'urine sortent involontairement. Il arrive quel- quefois que Ton n?observe qu'un certain nombre des symptômes que nous venons dfénumérer. Traitement de l'asphyxie par la vapeur du charbon. io3. i°. On commencera par exposer la personne'asphyxiéè au grand air, sans crain- dre le froid, qui ne peut jamais lui être con- traire ; on la déshabillera et on la coucher* (i6o) sur le dos , la tête et la poitrine un peu plus élevées que le reste du§prps, pour faciliter la respiration. 2°. On se gardera bien de placer Vas- phyxié dans un ht chaud, et de lui don- ner des fumigations de tabac par le fondement. 3°. On lui administrera du vinaigre affai- bli avec trois parties d'eau ou de l'eau con- tenant du jus de citron, et en même temps on fera sur tout le corps, et principalement Sur le visage et la poitrine, des aspersions d'eau vinaigrée froide ; on frottera le corps avec des linges trempés dans la même li- queur, dans de l'eau-de-vie camphrée, l'eau de Cologne, ou tout autre liquide spi- ritueux. Au bout de trois ou quatre minu- tes on essuiera les parties mouillées aveq des serviettes chaudes, et deux ou trois mi- nutes après on recommencera les aspersions et les frictions avec l'eau vinaigrée froide. Ces moyens doivent être employés avec persévérance. 4°- On irritera la plante des pieds, la paume des mains et tout le trajet de l'épine du dos, avec une forte brosse de crin. ( ,6, ) 5°. On administrera un lavement d'eau froide mêlée avec un tiers de vinaigre; quelques minutes après, on en donnera un autre préparé avec de l'eau froide, 2 ou 3 onces de sel de cuisine, et une once de sel d'Epsom ( sulfate de magnésie ). 6°. On promènera sous le nez des allu- mettes bien soufrées que l'on allumera, afin d'irriter l'intérieur de cet organe , ou bien on fera flairer de l'alcali volatil (i)ou de l'eau de la reine de Hongrie : on pourra encore irriter le nez en remuant douce- ment dans les narines un petit rouleau de papier ou la barbe d'une plume. 70. On insufflera de l'air dans les pou- mons à l'aide du procédé que nous allons décrire. 8°. Si, malgré l'emploi de ces moyens, l'asphyxié continue à être plongé dans un grand état d'assoupissement, qu'il conserve de la chaleur, que le visage soit rouge, les lèvres gonflées et les yeux saillans, on (1) On se gardera bien de laisser pendant long- temps sous le nez lejlacon contenant de l'alcali volatil concentré. Voy. §11. if (,62) le saignera du pied, et mieux encore de la jugulaire. Ce moyen est préférable à l'émé- tique , dont on a quelquefois fait usage en pareil cas, et qui a été plutôt nuisible qu'utile. g°. Lorsque l'asphyxié sera entièrement rappelé à la vie, on le couchera dans un lit chaud , placé dans un appartement dont les fenêtres soient ouvertes, et on aura soin d'écarter les personnes inutiles. Alors on lui fera prendre quelques cuillerées d'un vin généreux, tel que celui de Malaga , d'Alicante, de Rota, de Madère , de Xe- rez ; ou bien on lui donnera du vin chaud sucré, ou quelques cuillerées de la potion anti-spasmodique du § 7. io°. L'émétique ne peut être administré que dans le cas où la personne asphyxiée, après avoir repris connaissance, éprouve des envies de yornir, une pesanteur d'es- tomac , etc. ; et encore vaut-il infiniment mieux alors avoir recours aux lavemens purgatifs et irritans préparés avec le sel com- mun et le sulfate de magnésie (seld'Epsom.) ii°. Il faut administrer les secours dont nous venons de parler avec la plus grande ( .63) promptitude, et les continuer pendant long-temps, lors même que l'individu pa- raît mort. On a été «quelquefois obligé d'at- tendre cinq ou six heures avant de tirer les malades de l'état de mort apparente dans lequel ils étaient plongés. 11 faut surtout insister sur l'insufflation de l'air dans les poumons. Procédé pour introduire de l'air dans les poumons. io4- La nécessité dans laquelle on se trouve souvent d'insuffler de l'air dans les poumons pour faire cesser l'asphyxie, a fait imaginer plusieurs moyens propres à rem- plir cet objet : nous allons les faire con- naître , en commençant par ceux qui mé- ritent la préférence. i°. Après avoir déprimé la base de la langue avec le doigt indicateur de la main gauche , on introduit dans le larynx la plus petite extrémité du tube laryngien , imaginé par le professeur Chaussier (ï) , (ï) Le tube laryngien e.->t conique; il a sept à huit pouces de long, et ressemble assez à une ( '64 ) et on a soin d'appuyer légèrement pour placer sur l'ouverture du larynx la tran- che de peau de buffle ou d'agaric ; on place dans sa bouche l'autre extrémité , et on aspire les mucosités qui peuvent être con- tenues dans les bronches ; alors on adapte à cette extrémité un petit soufflet ou une vessie remplie d'air , et même la beuche ; on insuffle de l'air petit à petit, par sac- cades , et de manière à imiter la respira- tion ; en même temps on fait des fric- tions sur le ventre et sur la poitrine avec un morceau d'étoffe de laine. «onde; il est en argent ou en cuivre: sa grosse extrémité est assez élargie pour recevoir le bout d'un soufflet ou d'une vessie, ou pour être mise dans la bouche; la petite extrémité, celle qui doit entrer dans le larynx, est aplatie et offre deux trous allongés. A un pouce trois lignes environ de cette extrémité, cet instrument présente une courbure arrondie où se trouve placée transver- salement une rondelle que l'on a percée de plu- sieurs trous qui servent à fixer une lame d'agarie ou un petit morceau de peau de buffle : par ce moyen, l'ouverture du larynx se trouve exacte- ment fermée, et l'air insufflé doit nécessairement dilater le poumon. ( '65) 2°. A défaut de cet instrument, on peut insuffler de l'air dans les poumons en in- troduisant le tuyau d'un soufflet dans une des narines , et en soufflant pendant que l'on tient l'autre narine fermée. Il vau- drait encore mieux , si on pouvait dispo- ser d'une sonde, pousser une de ses ex- trémités jusqu'au larynx, en l'introduisant par une des narines , et adapter le souf- flet à l'autre extrémité. "^P 3°. Enfin s'il est impossible de prati- quer l'insufflation par les procédés que nous venons de décrire, on applique sa bouche sur celle du malade et on souffle. 4°. On évite de faire, comme on l'a Conseillé , des incisions à la trachée-artère, car l'expérience prouve que l'air dirigé par ce moyen sort par l'ouverture du la- rynx sans avoir dilaté les poumons. ( '66) De l'Asphyxie par la vapeur des fours à chaux, des cuves de raisin, des vins ou d'autres liquides en fermentation. Asphyxie des marais, des mines de charbon de terre. ï o5. Les signes de ces espèces d'asphyxie et les moyens à mettre en usage pour les gué- rir , sont les mêmes que ceux dont nous avons parlé en traitant de l'asphyxie par la vajjjitr du charbon. Voy. % 102 et io3. De TAsphyxie des fosses d aisance, des puisards, des égouts. 106. L'asphyxie qui faille sujet de cet article est principalement due au gaz acide hydro-sulfurique : or , ce gaz, lors même qu'il est mêlé avec beaucoup d'air, est un poison très-énergique. Signes. Lorsque la maladie est légère , l'individu éprouve du malaise, des envies de vomir, des mouvemens convulsifs de toutes les parties du corps , et principale- ment des muscles de la poitrine et des mâ- choires ; la peau est froide, la respiration libre mais irrégulière; le pouls est très-em- barrassé. ( '67 ) 107. Si la maladie est plus grave, l'as- phyxié est privé de connaissance, de senti- ment et de mouvement ; le corps est froid , les lèvres et la face violettes ; une écume san- glante s'échappe de la bouche; les yeux sont fermés, sans éclat, la pupille dilatée et immobile, le pouls petit et fréquent, les battemens du cœur desordonnés et tu- multueux; la respiration est courte, difïi- ' cile et comme convulsive ; les membres sont dans le relâchement. A cet état suc- cède quelquefois une agitation plus ou moins vive. Lorsque la maladie est encore plus grave, les muscles offrent des contrac- tions violentes de peu de durée , mais qui sont remplacées par des mouvemens con- vulsifs avec courbure du tronc en arrière. Le malade paraît éprouver des douleurs aiguës, et pousse des cris semblables aux mugissemens d'un taureau ; la peau , la respiration , les battemens du cœur , la face, les lèvres, la bouche et la pupille sont comme nous l'avons dit § 107. ( '68) Traitement. i°. L'exposition du malade au grand air, les aspersions avec l'eau vinaigrée froide, les frictions avec une forte brosse de crin : tels sont les premiers secours à donner aux personnes asphyxiées dans les fosses d'aisance. En parlant de l'asphyxie par la vapeur du charbon, nous avons détaillé comment ces secours devaient être admi- nistrés. Voy. § io3. 2°. Si l'on peut se procurer du chlore (gaz muriatique oxigéné ) , on promènera sous le nez le flacon qui le contient; mais on ne le laissera pas long-temps , crainte d'irriter les poumons. Ce moyen paraît utile surtout lorsqu'on peut y avoir recours promptement. 3°. Si, comme il arrive souvent, le ma- lade a avalé de l'eau contenue dans la fosse, on se hâtera de le faire vomir en lui don- nant un verre d'huile, ou mieux encore 2 grains d'émétique ou 24 grains d'ipéca- cuanha, comme il a été dit $ 61. 4°. Dans le cas où ces moyens seraient insuffisans et les battemens du cœur désor- ( '69) donnés ou tumultueux, on pratiquerait une saignée au bras, et on laisserait couler une quantité de sang proportionnelle à la force de l'individu. On n'hésilerait pas à le sai- gner de nouveau , quelque temps après , si l'on était persuadé que la première sai- gnée avait produit un effet favorable. 5°. On chercherait à calmer les désordres nerveux, les spasmes, les convulsions, par les bains froids, et par l'usage de quelques cuillerées de la potion anti-spasmodique décrite § 7. A près l'emploi du bain, on pla- cerait le malade dans un lit chaud, et on continuerait à faire des frictions sur l'é- pine du dos. 6°. Enfin on appliquerait des sinapismes et des vésicaloires aux pieds, si, malgré l'u- sage de ces moyens, l'individu était encore privé de connaissance , de sentiment et de mouvement. De l'Asphyxie par défaut d'air respirable. 108. Lorsque plusieurs personnes restent pendant long-temps dansun appartement, une salle de spectacle, ou tout autre endroit oùl'air ne se renouvelle pas, l'asphyxie se ma- i5 C 170 ; nifeste, non-seulement parce que toutes les parties de l'air propres à la respiration ont été consumées, mais encore parce que, pendant la respiration, il s'est formé du gaz acide carbonique qui reste dans ce lieu, et qui agit comme un poison éner- gique. Signes. Les asphyxias éprouvent une sueur abondante et continuelle , accom- pagnée d'une soif insupportable, et suivie de grandes douleurs de poitrine, de difficulté de respirer, de suffocation et d'une fièvre intense ; ils perdent leurs forces, et tombent dans un grand état d'assoupissement qui ne tarde pas à amener la mort si on ne se hâte de leur porter des secours. Traitement, Le traitement de cette espèce d'asphy- xie ne diffère en rien de celui qui a été exposé § io3, en parlant de l'asphyxie par la vapeur du charbon. t-'7' ) De TAsphyxie par submersion ou des noyés. 109. Comme il est parfaitement prouvé qu'un individu peut rester plus ou moins d ■>. temps dans l'eau sans périr, il faut lui admi- nistrer le plus promptement possible les se- cours dont nous allons parler , lors même que son état paraîtrait désespéré. Il serait dangereux de perdre un moment : aussi M. Portai conseille-t-il de commencer le traitement dans le bateau même qui a servi à pêcher la personne noyée, sur le rivage , ou dans un endroit voisin et commode. Pour transporter le malade, on fera usage d'un brancard, d'une civière ou de quel- que voiture ; on le mettra sur de la paille ou sur un matelas ; on le couchera sur le côté,*la tête découverte et un peu relevée. Dans le cas où û serait impossible de le transporter comme nous venons de le dire, deux personnes pourraient le coucher sur leurs bras ou l'asseoir sur leurs mains jointes. Traitement. i°. On se gardera bien de suspendre le noyé par les pieds : cette pratique em,- ( «7») ployée autrefois dans le but de faire ren- dre l'eau qui peut se tromer dans l'esto- mac et dans la poitrine, est inutile , et surtout dangereuse. On évitera également de lui donner de fortes secousses pour le rappeler à la vie : cette manœuvre a été souvent funesle. 2°. Pendant qu'une personne coupe avec des ciseaux les vêlemens humides du noyé, on le couche, sur le colé droit, dans un lit bas, un peu plus élevé vers la tête que vers les pieds , et qui est placé dans une chambre dans laquelle il y a du feu : on soutient la tête par le front , et on la fait pencher légèrement ; on fait sor- tir l'eau qui se trouve dans la bouche et dans les narines, en écartant les mâchoi- res. 3°. On examine toutes les parties du corps pour ■ s'assurer que l'individu n'a reçu aucune blessure mortelle : en effet, dans ce cas, tout secours serait inutile ; mais on ne se décide à l'abandonner qu'au- tant que l'existence d'une pareille blessure est parfaitement constatée. 4°. On promène sous le nez des allu- ( '75) nielles bien soufrées que l'on allume afin d'irriter l'intérieur de cet organe, ou bien on fait flairer de l'alcali volatil, de l'eau de la reine de Hongrie. Voyez pag. 161. Pendant que l'on administre ces secours, une autre personne cherche à réchauffer le malade. Le corps ne doit être réchauffé que lentement : pour cela on met sur le ventre une vessie remplie d'eau chaude ; on applique des briques chaudes à la plante des pieds ; on promène sur tout le corps des sachets remplis de cendres chaudes , un fer à repasser échauffé, ou une bassi- noire ; on fait des frictions générales avec une brosse sèche, avec de la flanelle chaude, et même avec la main. Après avoir fait ces frictions, on en fait d'autres avec de la flanelle trempée dans de l'eau-de-vie cam- phrée , dans du vinaigre, etc. 5°. On chatouille les lèvres et l'intérieur des narines avec une plume ou quelque autre corps léger. 6°. On insuffle de l'air dans les poumons par le procédé qui a été décrit $ 104. 7°. On donne un lavement préparé avec de l'eau dans laquelle on a fait fondre ( <7i ) quatre onces de sel, ou avec 5 parties d'eau et une de vinaigre. 8°. On se garde h. en de donner des la- vemens de tabac, o\\ d'introduit e la fil- mée de ce corps dans lefondement, comme l'ont prescrit plusieurs auteurs ; ces re- mèdes sont inutiles, n'offrent aucun avan- tage sur ceux que nous proposons, et peu- vent augmenter les accidens. 90. Si le noyé ne se rétablit point, on fait brûler sur le creux de l'estomac , sur les cuisses et sur les bras, de petits mor- ceaux d'amadou, de liège ou de papier. io°. Si son état s'améliore et qu'il soit possible de le faire boire, on lui donne de cinq en cinq minutes une cuillerée d'eau- de-vie camphrée ou d'eau de Cologne cou- pée avec 2 parties d'eau. Mais il faut se garder de le forcer à boire tant qu'il a beaucoup de difficulté à avaler. ii°. Si le noyé, loin de se rétablir, reste sans connaissance , que le visage soit rouge , violet ou noir, et que les membres soient flexibjes et chauds , on doit prati- quer une saignée au pied , et mieux en- core à la jugulaire; on se garderait bien ( »7« ) d'avoir recours à ce remède si le corps était froid et les membres roides. 120. Si les boissons que l'on a fait pren- dre à l'intérieur donnent lieu à des enviis de vomir, que la langue soit chargée et la bouche pâteuse , on administre 2 ou 3 grains d'émétique, § 61 , surtout si l'ac- ( ident a eu lieu peu de temps après un repas. On donne au contraire quelques cuillerées de vin chaud si les médicamens opèrent par les selles. 15°. On n'abandonne le noyé que lors- qu'on a la certitude qu'il est mort. Nous dirons plus tard comment on peut distin- guer la mort réelle de la mort apparente. (Voy. § 116). Que l'on se persuade que souvent huit ou dix heures suffisent à peine pour rétablir la santé. De l'Asphyxie parstrangulation,ou des pendus. 110. On doit employer, pour rétablir la santé des personnes qui ont été pendues, les mêmes moyens que ceux que nous venons d'indiquer en parlant des noyés. 11 faut cependant noter : i°. Qu'il n'est pas nécessaire de réchauf- ( ,76) fer le corps, à moins qu'il n'ait été exposé pendant long-temps en plein air, et dans un lieu froid. ^2°. Qu'il faut couper la corde et desser- rer le nœud. 3°. Que la saignée du pied et surtout de la jugulaire, est beaucoup plus souvent né- cessaire que pour les noyés. De l'Asphyxie par la chaleur. m. Il arrive quelquefois que l'on est asphyxié pour avoir élé pendant long-temps dans un lieu chaud. Dans ce cas, il faut, i°. placer l'asphy- xié dans un endroit frais. 2°. Le déshabiller, à moins qu'il ne fasse très-froid ; car alors on se borne à dé lâcher les vêtemens, et à couper tous les liens qui peuvent s'opposer à la libre circulation du sang. 3°. Administrer un mélange de parties égales d'eau et de vinaigre , ou de la li- monade. 4°. Donner un lavement d'eau salée. Voy. pag. 161. 5°. Appliquer six , huit ou dix sang- ( '77 ) sues aux tempes si la maladie fait des pro- grès ou ne diminue pas. 6°. Pratiquer la saignée au pied et mieux encore à la jugulaire, si la respiration et les battemens du cœur sont comme anéantis. 70. Suivre les préceptes qui ont été ex- posés en parlant de l'asphyxie par la va- peur du charbon. Asphyxie par le froid. 112. Lorsqu'un individu est soumis pen- dant long-lemps à l'action du froid, il éprouve un engourdissement général, une sorte d'ivresse ; il ne tarde pas à s'endormir et à perdre connaissance ; il est asphyxié et pa- raît mort. 11 arrive quelquefois qu'il revient à lui-même sans aucune espèce de secours ; mais le plus souvent il finit par succomber. 11 importe donc : ï °. S'il est éloigné de l'endroit où il peut être soigné, de le transporter sur-le-champ (ii enveloppant son corps d'une couverture et en laissant la tête découverte. 2°. De lui oler ses vêtemens et de le j(longer dans la neige;-de le frotter douce- ment avec celle substance, en se dirigeant ('78) du ventre vers les extrémités ; de faire, quelques minutes après, des friciions avec des linges trempés dans de l'eau à la glace, puis avec de l'eau dégourdie, enfin avec de l'eau tiède ; en un mot, on doit chercher à réchauffer le corps, non pas brusque- ment, en le mettant à côté d'un brasier ardent, mais lentement et par degrés. 3°. Si l'on ne peut se procurer ni neige ni glace, on plonge le malade dans un bain d'eau froide, que l'on réchauffe doucement en ajoutant peu à peu de l'eau légèrement dégourdie d'ï-bord, puis de l'eau moins froide, puis enfin de l'eau tiède : on le frotte comme û a été dit dans le paragraphe précédent, et on fait des aspersions d'eau sur le visage. 4°. On chatouille les lèvres et l'intérieur des narines avec une plume ou quelque autre corps léger. 5°. On insuffle de l'air dans les poumons. Voy. § 104. 6°. On lui fait respirer de l'alcali volatil, ou les autres excitans dont nous avons parlé pag. 161. 70. Lorsque le corps commence à se ( i79 ) réchauffer, que les membres ne sont plus roides, on met le malade dans un lit sec non bassiné, et on fait des frictions avec une brosse sèche. 8°. On administre des lavemens irritans, comme il a été dit pag. 161. cf. Aussitôt qu'il peut avaler, on lui fait boire de l'eau vinaigrée, de l'eau de menthe ou de tilleul, du bouillon et de l'eau rougie. io°. On ne permet l'usage des alimens solides que plusieurs heures après le ré- tablissement complet. Membres gelés. 113. Les personnes dont les membres ont ~été gelés ou menacent de l'être, doivent être soignées comme celles qui ont été asphy- xiées par le froid , excepté qu'il faut sim- plement plonger dans le bain les parties qui ont été affectées; les frictions ne doi- vent être faites que sur ces parties. On ad- ministre à l'intérieur de l'eau de fleurs d'o- ranger contenant six ou sept gouttes d'al- cali volatil par tasse. ( >8o) Secours à donner aux enfans qui naissent dans un étal de mort apparente. 114- Les enfans qui naissent sans donner signe de vie peuvent être asphyxiés ou apo- plectiques ; il importe beaucoup de distin- guer ces deux états, puisque le traitement qui convient à l'un est nuisible à l'autre. De VAsphyxie des nouveau-nés. Causes. L'asphyxie des nouveau - nés peut dépendre d'un accouchement labo- rieux , avec des pertes considérables, de la délicatesse de l'enfant, et le plus couvent de la compression du cordon ombilical : aussi observe-t-on qu'elle est beaucoup plus commune quand l'enfant vient par les pieds. Signes. L'enfant qui, suivant l'expres- sion de Baudelocque , peut être regardé comme n'ayant point de sang , est pâle, décoloré ou violet ; ses chairs sont flas- ques , ses membres souples et sans mou- vement ; il est impossible de sentir les bat- temens du cœur ni du cordon ombilical; il ne respire plus et paraît mort. roi Traitement. Quelque grave que soit l'état du nouveau- né , il faut sur-le-champ lui administrer les secours suivans. On ne doit se décider à l'abandonner qu'autant que les signes de la putréfaction sont très-manifestes. i°. On se gardera de couper le cordon ombilical, surtout s'il n'y a point d'hé- morrhagie, si le délivre ( placenta ) n'a pas encore commencé à se détacher , et que le cordon offre qudBies légères pul- sations. 2°. On placera l'asphyxié sur le côté, en ayant soin de relever sa tête et de lais- ser la face à l'air : les autres parties du corps devront être enveloppées d'une cou- verture. On évitera de tirailler le cordon. 3°. On visitera la bouche et les na- rines pour voir s'il n'y a point de muco- sités ou des caillots de sang qui empêchent l'air d'entrer dans les poumons : dans ce cas, on introduira dans la bouche le doigt, les barbes d'une plume, ou un pin- ceau de-charpie trempé dans de l'eau sa- lée , et on l'appliquera légèrement en le ( i8») tournant toujours dans le même sens pour détacher tout ce qui s'oppose à l'entrée de l'air. 4°. On procédera à l'insufflation de l'air comme il a été dit § ï o4- 5°. On fera des frictions sur le dos et sur la plante des pieds avec une brosse douce ; les autres parties du corps seront frottées avec des linges chauds imbibés de vin ; on pressera tout doucement le cordon ombi- lical , la poitrine et le ventre . 6°. On administrera un petit lavement préparé avec defeau tiède et un peu de vinaigre, ou avec quelques grains de sel. 7°. Si, à l'aide de ces secours , le ma- lade ne revient pas, on le plongera jus- qu'aux aisselles dans un bain d'eau tiède à laquelle on ajoutera du vin. 8°. On pourra également employer avec ménagement le pincement de la peau , la succion de la mamelle et l'application des ventouses. 9°. On évitera d'employer des irritans trop énergiques , tels que l'alcali volatil, le vinaigre radical ou concentré , etc. io°. On insistera long-temps sur ces ( *S5 ) moyens, en les suspendant par inter- valles , et en les variant de toutes les ma- nières. Si le délivre ou le placenta est détaché, si le cordon ombilical n'offre plus de bat- temens , on le coupera, on éloignera l'en- fant de la mère , et on lui prodiguera les secours dont nous venons de parler. De F Apoplexie des nouveau-nés. 115. Les causes qui peuvent déterminer l'apoplexie des nouveau - nés sont un ac- couchement laborieux , la compression de la tête par le bassin ou par le forceps, et celle du cou par quelques tours du cordon om- bilical. Signes. L'enfant ne donne aucun signe de vie; il est profondément assoupi et im- mobile ; sa face est noire, livide et gonflée ; sa peau est colorée ; la poitrine est gorgée de sang et comme ecchymosée. Quelque- fois on observe sur la tête une tumeur molle, d'un volume variable, remplie de sang ou de sérosité. ( '84 ) Traitement. i°. On doit se hâter de couper le cordon ombilical pour laisser couler le sang. On en favorise l'écoulement en faisant des frictions avec des linges chauds sur la poitrine et sur le ventre, et en tenant la tête élevée. 2°. On doit appliquer une ou deux sangsues derrière les oreilles si, par la sec- tion du cordon, la saignée n'a pas été co- pieuse. Dans le cas où on manquerait de sanssues, on ouvrirait une des veines de la lêle ou du ^cou avec une lancette. S'il y avait une tumeur à la tête , on l'inciserait avec un bistouri, et lorsqu'elle serait affais- sée , on favoriserait l'écoulement du sang en y appliquant des compresses trempées dans l'eau chaude. 3°. On plonge l'enfant dans un bain d'eau tiède animée de quelque liqueur exci- tante, telle que le vin, Teau-de-vie ou le vinaigre. Pendant qu'il est dans le bain, on frblle le dos avec des linges chauds. 4°. On pourra également employer lès stimulans indiqués en parlant de l'asphyxie des nouveau-nés. Voy. page 182, 5°, 6°. ( '85) Des signes de In mort réel/e, et des précau- tions à l'aide desquelles on peut éviter de confondre les morts avec lès vivans. ï i G. 11 est parfaitement démontré que des personnes qui ont été regardées comme mon es sont revenues à la vie au moment où on allait les ouvrir ou les ensevelir , ou bien lorsqu'elles étaient déjà dans le cercueil el nièinc (huis le tombeau. On peut assurer que plusieurs d'entre!les ne sont mortes que pour avoir été enterrées avec trop de précipitation. Celte funeste méprise tient à la difficulté que l'on éprouve, dans cer- taines circonstances, à distinguer la mort réelle de la mort apparente. Il importe donc d'examiner avec soin la valeur des signes qui ont été regardés comme propres à éta- blir la distinction dont nous parlons. i°. Nous pensons qu'un des signes les plus certains de la mort est la roideur du cadavre; mais comme d arrive quelque- fois que ce signe se manifeste pendant la vie, il faut établir les différences qui exis- tent entre la roideur cadavérique et celle 16 .( ,86 ) qui a lieu du vivant de l'individu , dans certaines maladies. A. La roideur peut être très-considé- rable chez une personne qui a été gelée , qui n'est pas encore morte, et qui peut même être rappelée à la vie. Cette roideur ne saurait être confondue avec celle qui est le résultat inévitable de la mort, parce qu'on sait que le corps a éprouvé l'action d'un froid considérable , et surtout parce qu'elle est très-générale : en effet, la peau, les mamelles, le bas-ventre et tous les or- ganes offrent autant de dureté que les muscles , ce que l'on n'observe pas dans la roideur cadavérique, dans laquelle les mus- cles seuls présentent un grand degré*dc résistance. D'ailleurs, lorsqu'on enfonce la peau d'une personne congelée , en ap- puyant fortement dessus avec le doigt, on produit un creux qui tarde beaucoup à disparaître. Quand on change la position "du membre congelé , on entend un petit bruit qui dépend de ce que l'on brise les petits glaçons contenus dans la partie que l'on déplace. B. La roideur à laquelle feu M. Nys- ( i87) tcn a donné le nom de convulsive , et qui se manifeste quelquefois dans les maladies nerveuses graves , sera facilement distin- guée de la roideur cadavérique. Lorsqu'un membre est roide par suile de tétanos, de convulsions , etc. , on éprouve la plus grande difficulté à le faire changer de si- tuation, et lorsqu'on y parvient, il re- prend aussitôt sa première position. Il n'en est pas de même dans la roideur cadavé- rique : le meumre dont on a changé l'at- titude ne retourne pas vers le lieu où il était. C. La roideur qui se manifeste dans cer- taines syncopes ne peut pas être confondue avec la roideur cadavérique : en effet, dans la syncope, la roideur a lieu presque immé- diatement après que la maladie a com- mencé ; la poitrine et le ventre conservent de la chaleur ; tandis que la roideur cada- >érique ne s'observe que quelque temps après la mort, et lorsque la chaleur du corps n'est plus sensible à nos sens. D. La roideur que l'on remarque quel- quefois chez les asphyxiés peut être aisé- ment distinguée de la roideur cadavérique* ( '88) Supposons une personne asphyxiée depuis dix ou quinze minutes et dont les mem- bres soient roides, il est impossible que cette roideur soit le résultat de la mort, puisque les cadavres des asphyxiés qui meurent dans l'espace de quelques mi- nutes ne deviennent roides qu'au bout de plusieurs heures (ï). Si le corps de la personne asphyxiée par des gaz non res- pirantes ou par la strangulation est froid, on est certain qu'il y a plu*de douze heu- res que l'asphyxie s'est manifestée (car dans ces maladies la chaleur se conserve au moins pendant douze heures) : alors nid doute que la roideur ne soit cadavérique , puisqu'il est impossible qu'un asphyxié vive douze heures. 2°. Si, par une cause qu'il n'est pas toujours permis de prévoir , l'individu que l'on croit mort depuis long-temps est froid et mou, tandis qu'il devrait offrir un cer- tain degré de roideur, on ne doit pas se hâter de l'enterrer. Il faut avant de décider (ï) Plus la mort a été prompte, plus la roideur cadavérique tarde à -commencer. f '89 ) qu'il n'existe plus, mettre à découvert un des muscles du bras ou de la cuisse, et 1 elccti iscr au moyen de la pile de Volta. S'il ne donne aucun signe de contraction, la vie est éteinte : dans le cas contraire, l'in- dividu n'est pas mort, et il faut chercher à ranimer les mouvemens du cœur et des poumons par les moyens indiqués à l'ar- ticle Asphyxie (Voy. §io3). 5°. Le signe le plus certain de la mort est la putréfaction bien caractérisée ; mais esl-il prudent d'attendre qu'elle soit bien développée pour procéder à l'inhumation? Celte pratique et dangereuse pour les as- sistais, et doit être bannie. On a pensé qu'il, suffisait d'un commencement de pu- tréfaction pour affirmer que l'individu était mort , et qu'on devait l'enterrer aussitôt après que ce signe s'était manifesté. Nous partageons cette opinion ; mais nous de- vons faire sentir qu'il n'appartient pas au vulgaire de décider s'il y a ou non un commencement de putréfaction : le mé- decin seul peut établir ce fait. Combien de fois n'a-t-on pas vu des personnes que l'on croyait mortes , exhalant une mau- ( '9° ) vaise odeur, offrant plusieurs taches vio- lettes sur la peau et quelques autres signes de putréfaction, se rétablir dans l'espace de quelques heures à l'aide des secours ap- propriés! Dans quelques circonstances, ces phénomènes dépendaient de la pourriture d'un membre. 4°. On a regardé comme signe de la mort réelle l'état cadavéreux de la face, dont Hippocrate a donné la description * suivante : front ridé et aride, yeux caves, nez pointu, bordé d'un cercle violet ou noirâtre ; tempes affaissées, creuses et re- tirées; oreilles redressées, lèvres pendantes, pommettes enfoncées, menton ridé et ra- corni , couleur de la peau plombée ou vio- lette , poil des narines ou des cils parsemé d'une espèce de poussière d'un blanc jau- nâtre.Pris isolément, ce signe n'est d'aucune valeur, puisqu'on l'observe quelquefois chez des malades qui tardent encore vingt- quatre ou quarante-huit heures à mourir, et que, d'une autre part, il manque souvent chez les individus qui ont péri de mort subite. 5°. La mollesse, l'affaissement, la flacci- ( >9' ) dite et l'obscurcissement des yeux ont été considérés, par quelques médecins célèbres, comme un signe certain de la mort réelle. S'il est vrai de dire que» général les yeux se ternissent et s'enfoncent après la mort, il est également constant que cet effet ne s'observe pas toujours, qu'il a quelque- fois lieu du vivant de l'individu, et que, par conséquent, il ne suffit pas pour éta- blir la réalité de la mort lorsqu'on le prend exclusivement. 6". L'absence de la circulation, l'im- possibilité de sentir les battemens du cœur et les pulsations des artères ont été re- gardées comme un moyen infaillible de dé- cider si l'individu est mort ; mais il est parfaitement prouvé que l'on peut vivre plusieurs heures sans qu'il soit possible d'apercevoir le moindre mouvement dans les parties dont nous parlons : donc ce signe est un de ceux qui ont le moins de valeur. 11 arrive même quelquefois qu'il est très-difficile de constater si le pouls et le cœur offrent des battemens, soit parce que ceux-ci sont très-faibles , soit parce que les artères elle cœur sont déplacés. ( l92 ) 70. On a cru devoir admettre que l'in- dividu était mort lorsqu'il ne resprait plus ; etnonr s'assurer de l'exercice de cette fonction , on a imaginé plusieurs moyens : les uns ont présenté la flamme d'une bou- gie ou un brin de laine cardée à la bouche et aux narines , et ils ont jugé que la per- sonne ne respirait plus lorsque ces corps n'étaient pas agités ; d'autres ont, tiré la même conclusion lorsqu'un miroir placé devant la bouche n'était pas terni ; enfin il en est qui ont conseillé de mettre un verre rempli d'eau un peu au-dessus du creux de l'estomac (le malade étant cou- ché sur le dos ) , persuadés que si l'eau était agitée _, la respiration s'exécutait en- core. L'expérience prouve qu'aucun de ces signes ne suffit pour établir la réalilé de la mort. 8°. On a pensé que l'individu était mort quand il était froid, et qu'il vivait encore s'il conservait de la chaleur. Il n'est peut- être aucun signe d'une aussi faible valeur : en effet, les noyés qui peuvent^ être rap- pelés à la vie, et plusieurs autres individus vivans, sont ordinairement très-froids, tan- C i93 ) dis que les asphyxiés, etc., conservent, de la chaleur, ^ même long-temps après la mort. 90. Les incisions, les brûlures, les vé- sicafoires et les ventouses, employés quel- quefois pour constater si une personne était morte , doivent être considérés comme des moyens secondaires , puisque l'expérience prouve que, dans certaines maladies, la sen- sibilité est tellement anéantie , que les ma- lades n'éprouvent "aucune douleur, même trois ou quatre jours après leur applica- tion. On ne doit regarder ces médicamens comme valables qu'autant qu'ils four- nissent des résultats positifs, c'est-à-dire, lorsque les personnes que l'on croyait mor- tes éprouvent des douleurs et donnent par conséquent des signes de vie : dans le cas contraire, on doit se garder d'affirmer que l'individu est mort. CONCLUSION. II résulte de ce qui a été précédemment exposé : i°. Qu'aucun des signes énumérés, pris isolément (excepté la putréfaction bien ca- J7 ( *94 ) ractérisée), ne suffit pour prononcer qu'une personne est morte. 2°. Que la mort doit être regardée comme réelle chez un individu qui offre l'ensemble de ces signes. De la Brûlure. De la Brûlure superficielle et peu étendue. 117. Lorsqu'on est appelé pour secourir. un individu qui vient d'être brûlé , on doit faire plonger la partie brûlée dans de l'eau très-froide, contenant de l'extrait de Saturne et de la chaux vive : on prépare ce mélange en délayant un gros de chaux vive dans une pinte d'eau et en ajoutant deux cuillerées à bouche d'extrait : ce li- quide doit être renouvelé à mesure qu'il s'échauffe, et la partie brûlée doit y être laissée pendant plusieurs heures de suite. Lorsque, parce moyen, la douleur est presque calmée, on retire la partie malade de ce bain local, on l'enveloppe de com- presses trempées dans le même liquide , et on les arrose de temps à autre. A dé- faut d'extrait de Saturne, on emploie l'ea: ( '9^) de chaux , l'eau simple très-froide , et mieux encore la glace. Si, à raison de la forme delà partie brûlée, il est impossible de lui faire prendre le bain local, il faut, à l'aide d'une éponge , l'arroser avec le même li- quide. L'expérience confirme tous les jours l'efficacité du remède que nous conseillons; elle prouve en oulre qu'il peut être em- ployé avec le plus grand succès un quart d'heure ou demi-heure après que l'acci-* dent a eu lieu , lors même que les clo- ches se sont élevées.^ « Quand l'irrilationwst diminuée, que le malade ne souffre plus, et seulement au bout de quelques jours , on doit ouvrir les cloches s'd en existe : à cet effet, on pra- tique avec une épingle une ou deux petites piqûres à leur partie inférieure , et on laisse écouler la sérosité. Il y aurait de l'ineon- ténient à ne pas percer ces cloches, ou à les percer trop tôt : dans le premier cas, la sérosité accumulée pourrait donner lieu à des ulcères ; dans le second cas, l'air irriterait trop fortement là surface'de U plaie et augmenterait la douleur. ( '96) Toutes les parties dépouillées d'épidémie et celles qui correspondent aux cloches, doivent être recouvertes d'un linge ou de papier bromllard fins, enduits de ce rat ; on met sur le linge des compresses im- bibées d'extrait de Saturne mêlé avec do ï^eau. Le cérat simple peut être remplacé avec le plus grand succès par le cérat de Saturne ou de Goulard , si la sensibilité de la partie est bien amortie : dans le cas con- traire , il serait nuisible, parce qu'd aug- menterait le$ souffrances. Dans le cas où ia douleur est telle- ment vive, que le poids des linges est insupportable au malade, on prépare un linimen avec parties égales d'eau de chaux et d'huile de lin ou d'olives, et, à l'aide d'un pinceau, on en applique une légère couche sur la partie qui est à nu : la suppuration ne tarde pas à se manifester ; on panse la plaie deux fois par jour ; les pansemens doivent être faits en couvrant la plaie avec des linges imprégnés de cérat : il importe même que ces linges offrent plu- sieurs trous pour donner issue au pus. ( »97 ) 118. Si, malgré l'emploi de l'extrait de Saturne, l'inflammation se développe dans la partie brûlée, il faut la recouvrir avec un cataplasme préparé en faisant bouillir simplement de la racine de guimauve et deux ou trois têtes de pavot, et en y ajou- tant assez de farine de graine de lin ou de mie de pain pour lui donner la consistance convenable. De la Brûlure superficielle très étendue. 119. Lorsque la brûlure est superficielle et occupe une très-grande surface, la mala- die est dangereuse et peut même devenir mortelle ; les douleurs sont atroces, l'in- flammation considérable et la fièvre très- forte. Il faut alors pratiquer une ou deux saignées, interdire toute espèce d'aliment, sans en excepter le bouillon, et administrer de l'eau de graine de lin, de racine de gui- mauve ou simplement de l'eau sucrée. On fait prendre toutes les demi-heures une cuillerée de la potion anti-spasmodique décrite § 7. Indépendamment de ces médicamens in- ternes , on couvre toutes les parties brûlées ( '98) avec du papier brouillard sur lequel on n étendu du cérat simple, et mieux encore du cérat de Saturne , si le malade peut le supporter : cependant si la douleur était très-aiguë, on emploierait les éniolliens , les relâchans, tels que l'eau de graine de lin, de racine de guimauve, etc. Dans le cas où la brûlure aurait été pro- duite par la poudre à canon, on devrait commencer par ôter les grains de poudre avec la pointe d'une aiguille. De la Brûlure profonde. 120. Si la brûlure a été profonde etgrave, qu'il y ait des escarres ou des parties comme charbonnées, entourées d'un cercle inflam- matoire plus ou moins rouge, on doit ap- pliquer les cataplasmes émolliens dont nous avons fait mention § 118, ainsi que le cé- rat simple , et attendre que l'escarre soit' tombée. Lorsqu'on aperçoit quelques par- ties de cetie escarre prête à tomber, on doit les couper avec des ciseaux. La plaie plus ou moins profonde qui résulte de la séparation des parties gangre- nées doit être traitée comme une plaie C '99 ) simple ; il faut la panser une ou deux foî.< par jour avec de la charpie, et abandon- ne!' les onguens dont les anciens chirUr-* giens faisaient un si grand cas : ce n'est que vers la fin, lorsque la cicatrisation est pres- que opérée, qu'il convient d'entourer ses bords avec un linge sur lequel on a étendu du cérat : par ce moyen, on conserve leur Souplesse, on évite leur adhérence avec la charpie , et une trop forte irritation de la plaie , qui s'opposerait à la cicatrisa- tion. Des Vins falsifiés. 121. Lès vins-peuv'enlêlrc falsifiés par une multitude de substances. L'objet que Ton se propose de remplir en faisant une pa- reille fraude , est de masquer quelques-uns de leurs défauts, et de leur donner de la couleur, de l'odeur ou de la force. Parmi les substances employées par les marchands de vin , il en est qui n'offrent aucun danger ; d'autres, au contraire, sonl, plus ou moins vénéneuses, et ne sauraient être avalées sans donner lieu à des acci- dens qui peuvent même quelquefois être suivis delà mort. Cette considération nous ( 200 ) engage à faire connaître les moyens à l'aide desquels on peut établir que les vins ont été falsifiés. Des Fins frelatés par le plomb. On a imaginé, pour rendre doux les vins acides et aigres, de les mêler avec de l'acétate de plomb (sel de Saturne), de la céruse, et plus souvent encore avec de la litharge ( protoxide de plomb). Ces pré- parations finissent par communiquer au vin Une saveur douce. De toutes les fraudes , celle-ci est la plus dangereuse. Les per- sonnes qui boivent des liqueurs falsifiées par ces préparations éprouvent tous les symptômes dont nous avons parlé à l'article plomb, § 53. Vins blancs. Les vins blancs frelatés par le plomb, indépendamment d'une sa- veur sucrée astringente, offrent plusieurs propriétés qui peuvent les faire recon- naître. i°. Us rougissent à peine la teinture de tournesol, parce que l'acide qu'ils renfer- ment naturellement est saturé par l'oxide de plomb. (201 ) 2°. L'acide sulfurique (huile de vitriol), ou les sulfates dissous dans l'eau, tels que le sel de Glauber , le sel d'Epsom , etc. , les troublent, et y font naître un précipité blanc qui ne tarde pas à se ramasser au fond du vase dans lequel l'expérience se fait. Le dépôt ne disparaît pas lorsqu'on ajoute de l'eau. 5°. L'acide hydro-chlorique (muria- tique) ou les hydro-chlorates dissous, tels que l'eau salée, donnent également un précipité blanc, lourd, qui se dissout dans vingl-cinq ou trente fois son poids d'eau. 4°. Les sous-carbonates de potasse, de soude et d'ammoniaque , se comportent de la même manière. Le précipité blanc qu'ils déterminent, insoluble dans l'eau , se dis- sout à merveille dans l'acide nitrique pur (eau forte pure). 5°. L'acide chromique et le chromale de potasse y font naître un précipité d'un très-beau jaune serin. 6°. L'hydrogène sulfuré (acide hydro- sulfurique), les hydro-sulfates ou le foie de soufre dissous dans l'eau, versés dans les vins blancs frelatés par le plomb, les noir- ( 202 ) cissent,ct donnent au bout de quelques mi- nutes un dépôt noir. 70. Si on ramasse sur un filtre les pré- cipités obtenus par les moyens que nous veno;vs d'indiquer; si, après les avoir fait sécher ,• on les mêle avec du charbon en poudre et de la pierre à cautère , et qu'on les chauffe jusqu'au rouge dans un creuset pendant une demi-heure, on obtient du plomb métallique facile à reconnaître, i°. à sa couleur bleue foncée; 2°. à la facilité avec laquelle il est rayé par l'ongle ; 3°. à la promptitude avec laquelle il se dissout dans l'eau forte, en donnant un sel liquide, doué d'une saveur sucrée, et de la propriété de précipiter en blanc par les sulfates , les hydro-chlorates et les carbonates. 8°. Les vins blancs frelatés parle plomb précipitent en blanc par la potasse et la soude dissoutes dans l'eau, ou par l'alcali volatil. g°vEvaporés dans une capsulera la tem- pérature de. l'éhulliiion , ils donnent une masse qui, étant calcinée jusqu'au rouge avec du charbon en poudre , fournit, au ( 2C,3 > bout de trente ou quarante minutes, du plomb métallique. Ce caractère suffit pour r.'ablir l'existence du plomb dans les vins. Vins rouges. Les vins rouges frelatés par les préparations de plomb n'offrent jamais une couleur aussi foncée que celle qu'ils avaient avant d'avoir été falsifiés : ils sont d'un rouge pâle. On peut y démontrer la présence du plomb au moyen des agcns qui servent à découvrir ce métal dans les vins blancs. Il importe seulement de noter : ï °. Que l'ammoniaque les précipite or- dinairement en vert sale, tandis qu'elle fait naître dans les vins blancs dont nous avons déjà parlé , un précipité blanc. 2°. Que les hydro-sulfates peuvent in- duire en erreur si on se borne à examiner superficiellement leur action. En effet, les vins rouges frelatés par le plomb donnent avec ces agcns un précipité noir ; mais la plupart des vins rouges ne contenant point de plomb se comportent à-peu-près de la même manière ; ils noircissent et finissent par déposer des flocons d'un violet noirâtre. II importe donc, lorsqu'on veut tirer parti ( *>4 ) du caractère fourni par les hydro-sulfates, d'ajouter que le précipité noirâtre qu'ils forment dans les vins rouges indique la présence du plomb , si, après avoir été ra- massé sur un filtre et calciné avec de la po- tasse et du charbon, il donne du plomb métallique. Des F ins falsifiés par l'alun. La falsification des vins par l'alun a pour objet de les rendre plus rouges et moins altérables, et de leur donner une saveur astringente. Les dangers de cette fraude sont généralement connus : la digestion devient pénible ; il se manifeste des vo- missemens , des obstructions, des lié— morrhoïdes, etc. On a cru pouvoir reconnaître les vins frelatés par ce moyen aux caractères sui- vans, qui appartiennent à l'alun : i°. Leur saveur est acide, légèrement sucrée et astringente. 2°. Ils rougissent assez fortement le pa- pier de tournesol , parce qu'indépendam- ment de l'acide qui leur est propre, ils ren- ferment l'acide sulfurique libre de l'alun. ( *o$ ) 3°. Ils donnent par l'ammoniaque (alcali volatil ) un précipité blanc ou coloré qui ne se dissout pas dans un excès d'alcali. 4°. La potasse caustique ( pierre à cau- tère ), dissoute dans l'eau, les trouble également ; mais le précipité disparaît dans un excès de potasse. 5°. Le sous-carbonate de potasse les précipite et ne redissout pas le dépôt. 6°. L'acétate, le nitrate et l'hydro- chlorate (muriate) de baryte, y font naî- tre un précipité blanc abondant, insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique pur ( eau forte pure). S'il est vrai que, dans quelques circon- stances, les vins contenant de l'alun offrent les caractères dont nous venons de parler, il est également démontré que certains vins qui ne renferment pas un atome de ce corps présentent quelques-unes des propriétés indiquées, et surtout qu'il en existe d'au- tres dans lesquels , malgré la présence de l'alun , il est impossible de constater tous les caractères énoncés , parce qu'ils ren- ferment quelques autres substances étran- gères à l'alun ; d'où il faut conclure que ( 2CC ) ces caractères n'ont pas autant de valeur qu'on a bien voulu le dire , et qu'ils ne doivent être regardés tout au plus que comme secondaires. • 7P. De tous les moyens proposés pouf découvrir l'alun dans le vin, le suivant nous paraît mériter la préférence. On fait chauffer plusieurs pintes de vin dans une capsule, et on obtient une masse rougeâtre, composée d'alun, de la matière colorante el du tartre qui faisaient partie du vin. On dissout celte niasse dans beaucoup d'eau , et on la fait boudlir avec du charbon de tilleul ; par ce moyen , on obtient une lin queur presque sans couleur ; on la filtre , on la verse dans une capsule, et on là fait évaporer à une douce chaleur ; on la retire du feu lorsqu'il se forme une pelli- cule , et on la place dans un endroit frais,: le tartre cristallise, et la liqueur qui sur- nage les cristaux renferme l'alun. Cette liqueur doit avoir une saveur su- crée , astringente ; elle doit donner un précipité blanc par l'alcali volatil et par la potasse caustique ; celui qui est formé par ce dernier corps doit être soluble dans un N ( ^7 ) excès de potasse. L'eau de baryte, l'acé- tate ou l'hydro-chlorate de baryte, doi- vent la troubler, et faire naître un précipité hlanc insoluble dans l'eau et dans l'acide nitrique. Des Vins falsifiés par la craie. On a imaginé d'ajouter de la craie aux Vins blancs ou rouges doués d'une acidité désagréable, afin de saturer les acides acé- tique et tartarique , et de faire disparaître leur saveur aigre en les combinant avec la chaux de la craie. Les vins traités par ce moyen sont effectivement plus doux ; mais ils peuvent donner lieu à quelques sym- ptômes désagréables s'ils contiennent une trop grande quantité d'acétate de chaux. On reconnaîtra la fraude aux caractères suivans : i°. On fera boudlir plusieurs pintrs de vin dans une capsule, ou dans des vais- seaux fermés si on veut recueillir l'alcool ; lorsque la liqueur sera réduite jusqu'en consistance presque sirupeuse , on la mê- lera avec 5 ou 6 onces d'eau distillée ; on l'agitera pendant dix ou douze minutes, et ( 208 ) on filtrera le liquide, qui se trouvera con- tenir l'acétate de chaux formé aux dé- pens de l'acide acétique du vin et de la chaux qui fait partie de la craie ; le tartre contenu dans le vin ne sera pas dissous et restera sur le filtre. 2°. On versera dans la liqueur de l'oxa- late d'ammoniaque, qui fera naître un pré- cipité blanc ou coloré d'oxalate de chaux , si réellement le vin contenait dé la chaux : ce précipité , ramassé, lavé et séché sur un filtre, donnera de la chaux vive lorsqu'on le calcinera dans un creuset. 3°. On reconnaîtra la chaux vive à la propriété qu'elle a de se dissoudre dans l'eau, de verdir le sirop de violette, de précipiter en blanc par l'acide carbonique, et de ne point se troubler par l'acide sul- furique. Des Vinsfalsif.es par T eau-de-vie. Il arrive quelquefois que l'on corrige un vin faible en y ajoutant de l'eau-de-vie ; dans d'autres circonstances, on fait le vin de toutes pièces en mêlant du cidre ou une autre liqueur spiritueuse, de l'eau-de-vie, ( 209 ) du bois de santal, de campèche, ou toute autre matière colorante. Ces falsifications n'ont d'autre inconvénient que celui d'oc- casionner plus facilement l'ivresse ; assez souvent ils déterminent aussi des maux de tête. On pourra reconnaître que le vin a été rendu plus forf par l'eau-de-vie aux carac- tères suivans : i°. Il aura une odeur d'esprit-de-vin beaucoup plus pénétrante que celle du vin pur : en effet, celui-ci ne contient que l'es- prit-de-vin qui s'est développé pendant la fermentation , et qui est intimement com- biné avec les autres parties du liquide ; tandis que, dans le vin avec addition d'eau- de-vie , la liqueur ajoutée est en quelque sorte libre , et se manifeste à l'organe de l'odorat. 2°. Par la même raison, la saveur du vin frelaté par l'eau-de-vie est beaucoup plus chaude que celle du vin pur. 5°. Suivant M. Rémer, lorsqu'on dis- tille à un feu très-doux le vin contenant de l'éau-de-vic, et que l'on change souvent de récipient, on remarque que l'eau-de-vic 18 C3I0 ) passe d'abord dans le récipient, même avanl l'ébullition : quelque temps après, on obtient de l'eau , et enfin de l'alcool. Les vins qui ne contiennent pas d'eau-de- vie, soumis à la même épreuve, donnent, au contraire, de l'eau d'abord, puis de l'alcool, et enfin de l'eau. Ce caractère ne nous paraît pas exact. Moyens employés pour donner de la couleur aux 'vins. Les vins vieux étant, en général, plus co- lorés que les jeunes, on conçoit que les marchands de vins aient cherché à donner plus de couleur à ces derniers. Vins blancs. ï °.On expose quelquefois les vins pâles à l'air; leur couleur devient plus foncée : on dit alors qu'ils rouillent : ce moyen est sans danger. 2°. Il en est de même de celui qui con- siste à colorer les vins au moyen du cara- mel. 3°. On peut jaunir ces liquides à 1 aide du gaz acide sulfureux : pour cela on les verse dans un tonneau dans lequel on a fait brûler du soufre : cette fraude est dan- gereuse si l'acide se trouve en assez grande ( «I ) quantité. Le vin frelaté par ce moyen a une odeur semblable à celle du soufre qui brûle, et il la perd lorsqu'on le fait bouillir pendant un quart d'heure. 4°. On a quelquefois coloré les vins pâles avec les baies de myrtille (vacciniwti myr- tillus), avec le bois de campèche, etc., substances qui ont également la proprié- té de les rendre plus astringens. Cette fraude , qui n'est accompagnée d'aucun danger, peut être reconnue à la difficulté avec'laquelle on fait partir les taches pro« duiles par les vins sur le linge. Vins falsifiés par des substances douces et astriîigentes. ' i°. On ajoute quelquefois aux vins du sucre , des raisins de casse ou des vins plus doux : celte addition est sans danger. 2°. Dans certaines circonstances, pqnr rendre le vin plus astringent, on y ajoute de l'extrait d'écorce de chêne, desaule> etc. : ce moyen n'offre aucun inconvénient. tir 1 •/. i " >':. ( 212 ) Des vins altérés par quelques autres substances. Les vins peuvent quelquefois conte- nir de l'acide arsénieux, du cuivre, de l'antimoine, etc ^, et donner lieu aux symptômes les plus funestes. Nous ne croyons pas qu'une pareille fraude ait ja- mais été tentée par les marchands ; mais comme ces substances vénéneuses peuvent se trouver accidentellement dans les vins, nouspensons qu'il est nécessaire de faire connaître les moyens propres à les déceler. Vins contenant de Tacide arsénieux (arsenic blanc du commerce). i°. Un mélange fait avec 10 parties de vin rouge et une partie d'acide arsénieux dissous , précipite en jaune foncé par l'a- cide hydro-sulfurique (hydrogène sulfuré), en bleu noirâtre par le sulfate de cuivre ammoniacal, et en blanc par le nitrate d'argent. 2°. Un mélange fait avec io parties de vin rouge et 7 d'acide arsénieux, préci- pite en jaune doré par l'acide hydro-sul- furique, en vert par le sulfate de cuivre (213 ) ammoniacal, et en blanc par le nitrate d'argent. 3°. Le meilleur moyen de reconnaître la présence de l'acide arsénieux consiste à ramasser sur un filtre le précipité jaune formé par l'acide hydro-sulfurique , et à le chauffer dans un tube de verre étroit et long , avec parties égales de potasse causti- que (pierre à cautère) et de charbon : quel- ques minutes d'une chaleur rouge suffisent pour volatiliser l'arsenic métallique brillant comme l'acier qui s'attache aux parois de la partie supérieure du lube , et qui , mis sur les charbons ardens, répand l'odeur d'ail. Vins contenant un sel d'anlimoine. i°. Le vin antimonié, évaporé dans une capsule de porcelaine, et calciné dans un creuset avec du charbon et de la potasse , donne de l'antimoine métallique dont les caractères ont été exposés page 4l ■ 2°. 11 ne précipite point par l'eau. 3°. Il donne avec l'hydro-sulfate de po- tasse un précipité rouge foncé , à moins qu'on n'emploie beaucoup cfhydro-sulfate : dans ce cas le précipité est noir. ( " < ) 4°. L'acide sulfurique (huile de vitriol) y fait naître un dépôt d'un jaune foncé, tirant légèrement sur le gris. 5°. L'infusion alcoolique de noix de galle le précipite en blanc sale. Il arrive quelquefois que les vins rouges contenant de l'émétique précipitent en jaune rougeâtre ou. en vert par l'hydro- sulfate de potasse , en violet foncé par l'a- cide sulfurique , et en violet clair par l'in- fusion de noix de galle ; d'où nous croyons pouvoir conclure qui! faut, lorsqu'on veut s'assurer de l'existence d'une préparation antimoniale dans le vin, le calciner avec du charbon et de la potasse, et en séparer l'an- timoine .métallique. Vins contenant un sel de cuivre. i°. Un mélange de io parties de vin rouge et d'une partie d'une dissolution con- centrée de vert-de-gris , précipite en noir par l'hydro-sulfaté de potasse, de soude ou d'ammoniaque , en brun-marron par le prussiale de potasse, et en gris très- foncé par l'ammoniaque. Ce dernier pré- cipité ne se dissout pas en entier dans un ( 2l5 ) excès d'alcali, et la liqueur qui le surnage n'est jamais bleue. 2°. La même quantité de vin unie à 7 parties de dissolution de vert-de-gris donne des précipités analogues, sicen'est quecelui qui est fourni par l'ammoniaque est d'une couleur noire. 3°. Le meilleur moyen pour s'assurer de l'existence d'un sel de cuivre dansun vin consiste à le faire évaporer, et à calciner la masse résultante avec du charbon et de la potasse. Au bout d'une demi-heure d'une chaleur rouge , on obtient du cuivre, re- connaissable à sa couleur. FIN. TABLE DES MATIÈRES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. \. XXBEILLE. Page ia3 Acétate de cuivre. 3i Acétate de plomb. 61 Acide acéteux. 5 Acide acétique. Acide arsenical. i5 26 Acide arsénieux. Ibid. Acide arsénique. Ibid. Acide azotique. Acide citrique. Acides concentrés. Acide du bleu de Prusse. 4 i5 4 81 Acide fluorique. Acide hydro-chlorique. Acide hydro-cyanique. Acide hydro-phtorique. Acide marin. i5 14 81 4 ibid. Acide muriatique. *4 Acide muriatique oxigéné. 5 Acide nitreux blanc. 4 Acide nitreux déphlogistiqué. Ibid. ( ai7 ) Acide nitrique. Page i4 Acide nitro-hydro-chlorique. 4 Acide nitro-mui iatique. Ibid. Acide de l'oseille. Ibd. Acide oxalin. Ibid. Acide oxalique. i5 Acide phosphorique. Ibid. Acide prussique. .85 Acide régalin. 4 Acide saccharin. Ibid. Acide du sel marin. Ibid. Acide du soufre. Ibid. Acide spathique. Ibid. Acide sulfurique. H Acide tartareux. " 4 Acide tartarique. i5 Acide du tartre. 4 Acide de l'urine. ' Ibid. Acide vilriolique. Ibid. Aconit anthora 72 Aconit cammarum. Ibid. Aconit napel. 72-76 Agarics. 88 Alcaest de Respour. '43 Alcali marin. 16 Alcali minéral caustique. Ibid, Alcali volatil. Ibid. A lis ma plantago. 154 *9 (2,8) Ammoniaque arsenicale. Page 26 Ammoniaque liquide. 16 Ammouiure d'argent. 46 Anémone des bois. 72-76 Anémone des champs. Ibid. Anémone des prés. Ibid. Anémone pulsatille. Ibid. Angusture (fausse). 93 Animaux enragés. i45 Antimoine diaphorétique lavé. 36 Antimoine diaphorétique non lavé. ibid. Apoplexie des nouveau-nés. i83 Araignée. 123 Arcane corallin. 21 Arséniate acide de potasse. 26 Arséniate d'ammoniaque. Ibid. Arséniate de soude. Ibid. Arsénite de soude. Ibid. Arsenic. 26-3o Arsenic blanc. 30-121 Asphyxie. i58 Asphyxie des égouts. 166 Asphyxie des fosses d'aisance. Ibid. Asphyxie des marais. Ibid. Asphyxie des mines de charbon de terre. Ibid. Asphyxie des nouveau-nés. 180 Asphyxie des noyés. 171 Asphyxie des pendus. 175 (2Ï9 ) Asphyxie des puisards. Page 166 Asphyxie par défaut d'air. 16g Asphyxie par la chaleur. 176 Asphyxie par le charbon. 158 Asphyxie par le froid. 177 Asphyxie par la vapeur des cuves de rai- sin , de vin ou d'autres liquides en fer- mentation. 166 Asphyxie par la vapeur des fours à chaux. Ibid. Asphyxie par strangulation. 175 Asphyxie par submersion. 171 Avantages du plantain d'eau dans la rage. 154 B. Bains de Barèges artificiels. 5i Baryte. 53 Barole. Ibid. Belladone. 100 Beurre d'antimoine. 38 Beurre d'étain. 43 Bezoard minéral. 37 Blanc de fard. 44 Blanc d'ivoire (champignon). 88 Blanc de plomb. 6t Bleu de composition employé eu teinture. 4 Bleu de cuivre. 31 Bleu de Chypre. ■#"*• Bleu de Vénus. •#«*• ( 220 ) Bois gentil. Page 76 Boisson purgative. 68-70 Bourdon. I 23 Bouton malin. 128 Brûlure. ]94 Bt yone. 72-76 Bryone blanche. , Ibid. c. Camphre. 95 Cape de nîoine. 72 Caractères des cantharides. 60 Caractères des préparations de baryte. 56 Caractères des préparations de plomb. 65 Caractères du foie de soufre. 53 Caractères du nitrate d'argent. 48 Caractères du nitre. 49 Caractères du sel ammoniac. 5i Carbonate de baryte. 53 Carbonate (sous-) de cuivie. 32 Carbonate de plomb. 61 Cérat adoucissant. i56 Céruse. 61 Céruse d'antimoine. 36 Champignons. 38 Charbon malin. 128 Chaux d'arsenic. 26 Chaux vive. 16*18 ( 221 ) Chélidoine. Page 78 Chlore. 5 Chiens enragés. i4^ Ciguë (aquatique). 101 Ciguë (grande). Ibidi Ciguë (petite). 10a Ciguë (vircuse). 101 Cinnabre. 21 Classification des poisons. 1. Clématite. 77 Cobra de capello, clupé cailloux tassart, 125 Colchique. 77 Colique des peintres. 66 Collyre de Lanfranc. 143 Coloquinte. «7 Concombre amer. ro Concombre d'àne. Ibid, Concombre sauvage. «7 Congre. 12q Contre-poisons des acides concentrés. 7 Contre-poisons des alcalis concentres. 17 Contre-poisons des sels, d'argent. 47 Contre-poisons des sels d'étain. 45 Contre-poisons du sublimé corrosif et des préparations mercurielles. 23 Contre-poisons du vert-de-gris et des pré- parations de cuivre. 34 Coque du Levant. ^5 ( 222 ) Coquelourde. Page 72 Coton philosophique. 43 Couleuvrée. 72-76 Couperose blanche. 4 f Couperose bleue. 31 Couronne impériale. 72 Cousin. 123 Cristaux de lune. 46 Cristaux de Vénus. 3i Crocus metallorum. 37 Cuivre ammoniacal (oxide de). 31 D. Datura ferox. 100 Datura metela. Ibid. Datura stramonium. Ibid. Dauphin, daurade. 126 Décoction anti-septique ou anti-putride. i44 Décoction de quinquina acidulée. 145 Décoction résolutive. i43 Deuto-chlorure de mercure. 21 Deutoxide d'anlimoine. 36 — d'arsenic. 26 ■— d'étain. 43 — de mercure. 21 — de plomb. 1 Digestif animé. 142 Digestif stimulant. Ibid. ( 225 ) Digestif térébenthine. Page i57 Digitale pourprée. ioo E. Eau blanche. 61 Eau céleste. 3r Eau distillée de laurier-cerise. 86 Eau de Goulard. 6r Eaudejavel. 5 Eau forte. i4 Eaumercurielle. 2t Eau régale. 4 Eau seconde. Ibid» Eau végéto-minérale. 6i Éclaire. j8 Effets des cantharides. 5j Effets des champignons vénéneux. 88 Effets des émanations de plomb. 66 Effets des poisons irritans végétaux. 73 Effets des poisons narcotico-âcres. 93 Effets des poisons narcotiques. 8i Effets des préparations de baryte. 54 Effets du foie de soufre. 51 'Effets du nitre. 48 Effets du phosphore. 56 Effets du sel ammoniac. 5o Effets produits par les acides concentrés. 4 Effets produits par les alcalis concentrés. 16 (»*■'. )■ Effets produits par les préparations anti- moniales. Page 37 Effets produits par les préparations arse- nicales. 26 Elîets produits par les préparations cui- vreuses. 32 Effets produits pa*r les préparations d'ar- gent. 47 Effets produits par les préparations d'é- tain, de bismuth , d'or et de zinc. 44 Effets produits par les préparations de plomb. 62 Effets produits par les préparations mer- curielles. 22 Elaterium. 77 Ellébore blanc. 78 Ellébore noir. Ibid. Email en poudre. 60 Emanation» de plomb. 66 Emanations des égoùts. 166 Emanations des fleurs. 1 o\ Emanations des fosses d'aisance. „ 166 Emanations des marais. Ibid. Émanations des mines de charbon de ter- re. Ibid. Émanations des mines de houille. 166 Emanations des puisards. Ibid. Émétique. 38,4'560 ( 225 ) Emplâtre de cantharides. Page i55 Emplâtre vésicatoire. Ibid. Emploi du chlore dans la rago. 15i Empoisonnement par cause extérieure. 22,26 et 93 Epurge. 78 Ergotisme. / 106 Ers. . 81 Esprit de nitre. 4 Esprit de sel fumant. Ibid. Esprilde soufre. Ibid. Esprit-dc-vin. 1 o3 Etain corné. 43 Etamage. 44 Élhiops minéral. 2ï Euphorbe. 78 Extrait de laurier-cerise. 86 Extrait de Saturne. 61 F. Fausse oronge. 88 Falsification des vins- 199 Fer rouge. 116 Fève de Saint-Ignace. g3 Fleurs ammoniacales cuivreuses. 3r Fleurs argentines de régule d'antimoine. 36 Fleurs d'étain. 43 i 1 eurs de zi ne. Ibid. Foie d'anlimoine. 37 ( 226 ) Foie de soufre. Page 51 Formule de remèdes employés dans le traitement de la ,pustule maligne. ï \ \ Formule de remèdes employés dans le traitement de la rage. 155 Frelon. 123 G. Garou. 7^ Gaz acide carbonique. i5g Gaz acide hydro-sulfurique. 166 Gaz azote. 169 Gaz hydrogène sulfuré. 166 Gaz méphitique. ï58 Gedi paragoodoo. u3 Gomme gutte. 79 Grande ciguë. 101 Gratiole. 79 Guêpe. *23 Guaco. 121 H. Herbe aux poux. 79 Herbe au vent. 7^ Huile de laurier-cerise. 86 Huile détartre par défaillance. 16 Huile de vitriol. 4 Hydro-chlorate de baryte, d'étain et d'or. 53 Hydro-chlorate d'étain. 4* ( 227 ) Hydro-chlorate d'or. Page 43 Hydrogène sulfuré. 166 I. If. 81 Indices qui doivent faire suspecter les champignons. 89 Ivraie. ,02 Ivresse. io3 J. Jatropha curcas. 79 Joli-bois. 7(3 Joubarbe des toits. 73 Jusquiame. 85 K. Katuka "rekula poda. 113 Kermès minéral. 36 et 4^ L; Laine philosophique. 43 Lait de chaux. 16 Laitue vireuse. . 86 Laurier-cerise. Ibid. Laurier-rose. 101 Lavement anodin. 68 Lavement purgatif. 67 Lessive des savonniers. 16 Liniment camphré. 1^4 Liqueur des cailloux. 16 v ( 228 ) Liqueur fumante dcLibuviu^. Page \ ï Litharge. (u M. Maladies contagieuses. i:\3 Mancenillier. lO.i Massicot. (X Matière perlée de Kerkringius. M» Membres gelés. '79 Minium. 6t Morelle. 8Tr Morsures d'animaux enragés. i45 Morsures des serpens venimeux. Ibid. Morsures de la vipère. n3 Mort apparente. i85 Mort réelle. Ibid. Morviaux. 8r Mouches. 123 Mouches cantharides. ^ Moxa. n8 Moyens de distinguer les acides. »4 Moyens de distinguer les alcalis. 18 Moyens de distinguer les préparations an - timoniales. 4« Moyens de distinguer les préparations ar senicales. 3o Moyens de distinguer les préparations cui vreuses. 35 ( 229 ) Moyens de distinguer les préparations mercurielles. Page %S Moyens employés pour donner de la cou- leur aux vins. 21 o Moyens propres à faire reconnaître les préparations d'étain, de bismuth, d'or et de zinc. 4g Muriate d'ammoniaque. 40 Muriate d'antimoine. 3^ Muriate de baryte. 53 Muriate de cuivre. ^i Muriate d'étain. 4^ Muriate de mercure au maximum. 21 Muriate d'or. 43 Muriate sur oxigéné de mercure. £i N. Narcisse des prés. Neige d'antimoine. Nilùl album. Nitrate d'argent. Nitrate de bismuth. Nitrate de cuivre. Nitrate de mercure. Nitrate dépotasse. Nitre. Nitre de cuivre. Nitre mercuriel. ?3 36 43 47 43 4* •Ibid. 3ï ( 230 ) Noix des Barbades. Page ^i N iix vomique. 94 Noyés. 175 O. (.1 nguent gris. 22 Onguent napolitain. Ibid. Opium. 85 Oronge. Voyez fausse oronge. Otronge ciguë. 88 Orpiment natif ou artificiel. 26 Oyide d'antimoine. 36 Oxide d'antimoine blanc sublimé. Ibid. Oxide d'antimoine hydro-sulfuré brun. Ibid. Oxide d'antimoine hydro-sulfuré rouge. Ibid. Oxide d'antimoine sulfuré. 37 0% ide blanc d'arsenic. 26 Oxide noir d'arsenic. Ibid. Orfide de bismuth. 43 Oxide de cuivre. 3i Cx-de de cuivre ammoniacal. Ibid. Oxide d'étain gris. 43 Oxide rouge de mercure. 21 Ox de rouge de plomb. 61 Qxide de zinc. 43 Oxi-muriate de mercure. 21 (25! ) P. Palma Christi. Page 79 Palme de Christ. Ibid. Pâte de Rousselot. 26 Pâte du frère Cosme. Ibid. Petite ciguë. 102 Phosphore. 56 Pierre à cautère. 16 Pierre infernale. 47 Pignon d'Inde. 79 Poisons acres végétaux. 72 Poisons américains. 94 et 95 Poisons animaux. 112 Poisons corrosifs. 1 Poisons irritans. Ibid. Poisons minéraux. 4 Poisons narcotiques. 81 Poisons narcôtico-âcres. 87 Poisons putréfians. 112 Poisons septiques. Ibid. Poisons stupéfians. 81 Poisons végétaux. 72 Poissons venimeux. 125 Pommade de cantharides. 57 Pommade épispastique. Ibid. Pommade vésicatoire. i55 Pompholix. 43 ( 252 ) Potasse à l'alcool. Page 16 Potasse à la chaux. Ibid. Potasse carbonatée. Ibid. Potasse caustique. Ibid. Potasse silicée. Ibid. Potée d'étain. 43 Poudre d'Algaroth. 36 Poudre anti-spasmodique de Dower. 156 Poudre des Chartreux. 36 Poudre aux mouches. 26 Précautions à prendre dans la cautérisa- tion des morsures des animaux enragés. 15o Précipité per se. 21 Précipité rouge. Ibid. Préparations antimoniales. 35 Préparations arsenicales. 26 Préparations cuivreuses. 31 Préparations d'argent. 4^ Préparations de baryte. 53 Préparations de bismuth. 43 Préparations d'étain. Ibid. Préparations d'or. Ibid. Préparations de plomb. 61 Préparations de zinc. 43 Préparations mercurielles. 21 Procédé pour introduire de l'air dans les poumons. x63 ■Protoxide de baryum. 53 ( 253 ) Protoxide de plomb. Puce maligne. Page 6t 128 Purgatif. 68 Pustule maligne. 128 R. Rage. Réalgar natif ou artificiel. *45 26 Remèdes contre la rage. ï48 Renoncule des prés. 73 Renoncule scélérate.' Ibid. Réveil-matin. 72 Rhus radicans. 80 Rhus toxicodendron. Ibid. Ricin. Rodroo pam des Indiens. 79 n3 Rouille de cuivre. 3i Rubine d'antimoine. 37 Rue. S. Sabine. 10c 80 Safran des métaux. 37 Sain-bois. 78 Salpêtre. 48 Scammonée. 73 Scille. Ibid. Scorpion. 122 Secours à donner aux enfans qui naissent sans donner signe de vie. 20 (234) Sedum acre. Page 73 Seigle crgoléy 106 Sel arsenical de soude. 26 Sel neutre arsenical de Manquer. Ibid. Sel d'étain. 43 Sel de Jupiter. Ibid. Sel de Saturne. 61 Sel de nitre. 48 • Sel d'or. 43 Sel de tartre. 16 Sel marin barotique. • 53 Sel marin cuivreux. 3i Sel neutre arsenical. 26 Sel régal in. 43 Sel stanno-vitreux. Ibid. Serpens à sonnettes. n3 Signes de la mort réelle, et des précau- lions à l'aide desquelles on peut éviter de confondre les morts avec les vivans. i85 Signes de la rage chez les chi jns. 146 Solanum. 86 Soude carbonatée. 16 Soudecaustique. Ibid. Soufre doré d'antimoine. 36 Sous-acétate de cuivre. 3i Sous-acéiate de plomb. 61 Sous-carbonate dépotasse. 16 Sous-carbonate de cuivre. 3i ( 235 ) 5ous-deuto-nitrate de mercure. Page 21 Sous-hydro-chlorate d'antimoine. 36 Sous-hydro-sulfated'antimoine. Ibid. Sous-hydro-sulfate sulfuré d'antimoine. Ibid. Sous-muriate d'anlimoine. fbid. Sous-nitrate de bismuth. 43 Spath pesant. Staphysaîgre. Sublimé corosif. 53 79 22 et 25 Sucre de Saturne. 6r Sulfate de cuivre. 3r Sulfate de mercure jaune. 21 Sulfate de zinc. 44 Sulfure d'arsenic jaune. 26 Sulfure d'arsenic rouge. Ibid. Sulfure de mercure. 21 Sulfure de potasse. 48 T. V Tabac. Taon. 99 123 Tarentule. Ibid. Tarirate de potasse antimonié. 35 Tartre antimonié. Ibid. Tartre émétique. Tartre stibié. Ibid. Ibid. Teigne œuf. Teinture de cantharides. 7a 57 ( 236 ) Terre pesante. Page $5 Terre pesante aérée. Ibid. Ticunas. q5 Tisane légèrement purgative. Gq Tisane sudorifique. Ibid. Toxicodendron. ;.j0 Traitement delà pustule maligne. i35 Traitement de la rage. j/g Traitement de l'empoisonnement par les acides concentrés. $ les alcalis concentrés. 17 les animaux enragés. 148 les antimoniaux. 3q les arsenicaux. 28 la belladone. 08 les champignons. qo le charbon malin. 135 la ciguë. qg le cousin. i23 le datura stramonium. 98 l'eau forte. 8 l'émétique. 39 l'huile de vitriol. 8 l'ivraie. io3 les moules. 127 les poisons acres. 74 les poisons irritans végcir.ux. Ibid. les poisons mercuriels. 24 (a3;i par lespoisonsnarcoliques. Page$i les poisons narcotico-àcres. 97 les poisons putrélians. ii5 les poisons septiques. Ibid. les poissons vénéneux. 127 le scorpion. 123 le seigle ergoté. 109 les serpens à sonnettes. n5 le sublimé corrosif. 2J la tapeur du charbon. i5g la vapeur méphitique ou des fosses d'aisance. ' 168 le vert-de-gris. 35 la vipère. n5 Traitement des brûlures, 194 Traitement du bétail. * i56 Tue-loup. 72 Turbith minéral. 21 U. Upasantiar. 9*> Upas tieuté. 94 V. Vapeurs du charbon. i58 Vapeurs tics cuves de raisins. 166 Vapeurs des fouii à chaux. Ibid. Vapeurs des liquides en fermentation. Ibid. Vapeurs du >in. Ibid. Vapeurs méphitique-. Voyez émanations ( 238 ) Verre d'antimoine. PageZj Verdet. 3i Verdet cristallisé. Ibid. Verre en poudre. 60 Vermillon. 21 Vert-de-gris. 32 Vert-de-gris artificiel. Ibid. Vert-de-gris naturel. Ibid. Vigne blanche. 72 Vin adouci par le plomb. 61 e1 '99 Vin antimonié. ^ 37 et 21? Vin coloré par le bois de campêche. 211 Vin émétique. 37 et 213 Vins frelatés. '99 Vins frelatés par l'alun. 204 Vins frelatés par l'aniimoine. 2l3 par l'arsenic. 212 par la craie. 207 par le cuivre. 214 par l'eau-de-vie. 208 Vin lithargiré. 65 et 199, Vipères. n3 Vitriol blanc. 4. Vitriol bleu. 3r Vitriol de Goslar. •i Vitriol de zinc. Ibii ÏIM DE X.A TABLE PAR ORDRE ALPHABÉyiQ^E. \