ARMY MEDICAL LIBRARY WASHINGTON Fouxided 1836 ANNE* /} / h f Number ).)^S3.3£ Foum 113c, W. D., S. G. O. 3—10543 (lieviscd June 13, 1936) ?.. tj*$% * vf* ELEMENS.y^* DE r^~?3 CHIMIE MÉDICALE; Par M*(lOoRFILÀ, / ¥ m * Médecin par quartier de Sa Majesté LOUIS XVlII ; Membre correspondant de l'Institut de France ; Membre de la Société médieale d'Emulation^ de l'Université de Dublin, de l'Académie de Barcelonne, de Murcie, été. ; professeur de Chimie et de Médecine légale. TOME SECOND; iWh A PARIS i Cà\e% CROCHARt), LlBRAIKE; RUE de Soubonnè, N* 5, 1817. DE L'IMPRIMERIE DE FEUGUERAY „ rue du Cloître Saint-Benoît, n° 4- QD iô De l'Hématine. Ni4r Couleur rouge du Carthame. i4a De l'Indigo. ifâ De la Matière colorante du santal rouge. i^5 De la Polychroïte. 146 De la Matière colorante de Vorcanette. Ibid. De la Teinture. \fyj Ç Ier. Du Blanchiment. 148 § IL De VApplication des mordons. 15o § III. De la Fixation des matières colorantes. ï5s Des Teintures rouges. 15% De la Teinture en jaune. i55 Des Teintures en bleu. 156 De la Teinture en noir. i5çj De la Teinture en couleurs composées* 160 CLASSE V. De VÉmétine. Ibid. Qe la Picrotoxine. t6» VÏlj TAKLE «ES MATIERES. De la Sarcocolle. Page 163 De la Gelée. '64 De VUJmine. Ibid. Del'Extractif. '65 CLASSE ^ I. Des Principes immédiats végéto-animaux. Ibid. De VAsparagine. 166 De la Morphine. * Ibid, Substance cristallisable de l'opium (sel d'opium). 170 Du Gluten. 171 De la Fungine. 173 .De V Albumine, de la Fibrine et de la Gélatine. Ibid. Du Ferment. 1 ;4 Art. IIL Z)es Parties des végétaux que Von ne peut pas regarder comme des principes immédiats simples. 17'5 De la Sève. Ibid. Des Sucs laiteux. 177 Des Gommes-résines. 180 .Des Sucs résineux et huileux.^ 186 Des Baumes. Ibid. .De /a Gomme de gaïac. 189 Des Sucs mucilagineux. 190 .Des i$t*cy sucrés. Ibid. Du Tannin. 192 Des Bois. 197 Des Ecorces. iq8 Des Racines. 205 Des Feuilles. 212 Des Fleurs. 216 Du Pollen. 217 Des Semences. Ibid. Pam de froment. 219 Des Fruits charnus. Des Bulbes. Des Lichen s. 22i| Des Champignons. 225 2 90 221 ÇHAP. IL De /a Fermentation. 226 X AELE «ES MATIERES. IX De la Fermentation alcoloïque, spiritueuse ou vineuse. Page 227 De la Fermentation acide. 206 De la Fermentation putride. 238 De Zu Distillation du charbon de terre. il\i Du Succin (karabé, ambre jaune, electrum). 244 TROISIÈME PARTIE. Des Corps organiques animaux, ou de la Chimie ani- male. 246 CHAP. Ier. Des Moyens propres à faire connaître la na- ture des principes médiats des animaux. 247 CHAP. IL Des Principes immédiats des animaux. Ibid. Section Ire. Des Principes immédiats qui ne sont ni gras ni acides. Ibid. De la Fibrine. 25o De l'Albumine. 254 Du Principe colorant du sang des animaux. 259 De la Gélatine ( colle-foite ). 261 Du Mucus animal. 265 De l'Urée. 267 De la Matière caséeuse. 270 De la Matière extractive du bouillon (osmazome). 271 Du Picromel. Ibid. De la Matière jaune de la bile. 272 De la Résine de la bile ( matière verte ), 273 Du Sucre de lait ( snvcharum. l&cûs ). 274 Des Principes immédiats gras. 275 Dmla Choleslérine. Ibid, Des Acides à radical binaire ou ternaire , contenus dans les animaux, ou produits par l'action de quelques corps sur les substances animales. 276 De VAcide inique. Ibid. rosacique. 277 amniotique. 27" for/risque. 2^9 lactique. a"Ç X TABJ.F. DE S M AT I È RE». De TAcide butirique. Page 281 sébacique. Ibid. choie stérique. 2 " 2 Des Cholestérates. 2°** Du Cyanogène. Ibid. Des Cyanures métalliques. 2"4 alcalins. 287 De l'Acide hydro-cyunique (prussique). 289 Des Hydro-cyanates simples (prussiates simples ). 292 doubles (prussiates doubles ). 294 neutre de potasse et d'argent. 295 De VHydro-cyanate neutre de potasse et de fer (prussiata de potasse ferrugineux ). Ibid. Du Z?/eu Je Prusse. 297 Extrait du travail de M. Poirett sur le., p:tissiates triples , et sur les acides formés par l'union de quelques corps avec le$ élémens de Vacide prussique. 298 De VAcide chloro-cyanique (prussique oxigéné). 299 Section IL Des Matières salines et terreuses que Ton trouve dans les diverses parties des animaux. 3 o 1 CHAP. III. Des différentes parties fluides ou solides com- posant les animaux. 3o2 Section Ire. De la Digestion et de ses produits immédiats. Ibid, Du Chyme, 3o3 Du Chyle. 3o4 De la Matière fécale. 3oj Du Sang. 31 o Des Phénomènes chimiques de la respiration. 315 Des Liqueurs des sécrétions» 318 De la Lymphe. Ikid. De la Synovie. 319 De l'Eau de Vamnios de la femm.e. 320. De la Salive. 321 Du Suc pancréatique. 322 Des Humeurs de l'œil. Ibid, Des Larmes. 324 De la Liqueur spermatiquc* Ibid, f)u Suc gastrique. 325 TABLE DES M A T I È R F .,. v i M De la Bile. Page326 Des Liqueurs acides. ^\0 De l'Humeur de la transpiration. Ibid. De VUrine. 33J Des Variétés de l'urine dans les animaux, 338 Du Lait. g/j Du Beurre. 345 Secti on IL Des Parties solides des animaux. 347 De la Matière cérébrale. Ibid. De la Peau. 35Q Des Tissus cellulaires, membraneux, tendineux , apo- névrotique et ligamenteux. 35 2 Du Tissu glanduleux. 353 Du Tïssu musculaire ou des Muscles. 354 Des Os. 35fcï Des différentes parties molles susceptibles de s'ossifier. 36i Des Dents. 3g? Du. Tartre des dents. 363 Dit Tissu cartilagineux. Ibid. Des Cheveux, des Poj'/s , des Ongles, 364 Du Cérumen des oreilles. 366 Des Calculs biliaires de l'homme, 367 Des Calculs vésicaux. 36a Des Concrétions arthritiques. Znk Des Concrétions de dijférens animaux. Ibid. De quelques autres matières particulières à certaines classes d'animaux. $n5 De la Putréfaction, 379 Des Fumigations. 382 De /« Préparation des Substances végétales, Ibid. De l'Acide acétique, Ibid. malique. 38g oxalique, 3gQ sorbique. 3g 1 tartarique. 392 citrique. 3g5 benzoïque, 3g6 gallique. 397 quinique, 3(j8 XÏj TABLE DES MATIÈRES. De VAcide moriquc. Page 398 mellitique. 3y9 succinique. Ibid. fungique. 4°° de la laque en bâton. Ibid. méconique. 4GI camphorique. Ibid. mucique (saccholactique). 4°"* pyro-tartarique. Ibid. subérique. 4°^ nancéique. 4°4 Du Sucre de canne. Ibid. de betterave. 4°^ de châtaignes. 410 de raisin. ^n de Diabète. 4ia des Champignons. Ibid. liquide de mélasse. Ibid. Du .MeZ. Ibid. De /u Mannite. 4 ' 3 De 7« Fécule. Ibid. De l'Inuline. 4*5 Du Ligneux. Ibid. Des Produits de la distillation du bois. J^i6 De l'Olivile. 4iQ De /« Cétine. Ibid. De l'Acide oléique et de VAcide margarique. Ibid. De l'Acide cétique. 42i De /a Graisse. Ibid. Des Huiles fixes. Ibid. Des Huiles essentielles et des Eaux aromatiques. faS Des Savons. À^/L De la Cire des abeilles. 428 Des Résines. Ibid, Du Camphre. A^q. Du Camphre artificiel. 43o Du Caoutchouc (gomme élastique). ^'it De l'Alcool et de l'Eau-de-vieK Ibid. Des Ethers du premier genre. 435 Des Ethers du deuxième genre. 44* TABLE DES MATIÈRES. Xiij De l'Esprit pyro-acétique. Page 446 Des Vernis. ° 77 De VHématine. , À Du Rouge de carthame. j^id De la Polychroïte. / / ' De l'Indigo guatimala. j^||j De la, Matière colorante du bois de santal rouge. A50 De l'Or canette. j£icj De l'Émétine. Ibid De la Picrotoxine. //j " De la Sarcocolle. Vo\o\ De la Gelée et de l'Ulmine. Ibid De l'Asparagine. Ibid; De la Morphine. //j2 De /u Substance cristallisable de l'opium ( sel d'opium ). D 7 77 • Ibid* Ue la rungine. ^53 Du Gluten. \h\<\ De la Levure de bière (ferment). A$l De la Préparation du pain. Yù\à. Du Tannin. /« De l'Encre. /^g De la Matière sucrée, et de la Matière cristallisable de n !a ™Slisse'. 45; De la Préparation des substances animales. Ibid. De la Fibrine. Ibid. De l'Albumine. Ibid. Du Principe colorant du sang. /5 g" De la Gélatine. Ibid. Du Caseum. /5Q Du Fromage. \b\à Du Beurre. aq0 Du Petit-Lait. \h\c\ Du Sucre de lait. /gr De V Urée. Ibid> De la Matière extractive du bouillon (osmazome). 462 De la Matière jaune de la bile. Ibid. De /T & MATIÈRE». De l'Acide urique. Page 464 rosacique. Ibid. amniotique. Ibid. sèbacique. Ibid. lactique. 465 cholestériquet Ibid. Du Cyanogène. 466 De l'Acide hy'dro-cyanique. Ibid. D/i Cyanure de mercure. 4^7 Du 2?/eu de Prusse. i\66 De l'Acide chloro-cyanique. 47° QUATRIÈME PARTIE. SECT. Ire. De TExamen des forces d'où dépend Vactiort chimique des corps, et des Composés considérés relatif ventent à la proportion de leurs élémens. 47l Chap. Ier. De l'Examen des forces d'où dépend l'action chimique des corps. Ibid. De l'Influence de la cohésion} et de la force expansivà de la chaleur sur l'affinité. 47^ De VInfluence qu'exerce la présence d'un liquide sut l'affinité. An'$ De l'Influence des masses sur l'affinité. 474 De VInfluence de la lumière solaire sur l'affinité. ^6 De l'Influence de l'électricité sur Vaffinité. Ibid. Chap. IL Des Composés relativement à la proportion de leurs élémens. A-,ç\ Des Combinaisons définies. Ibid. Composition des oxides métalliques. 48° des sels. Agi des sulfures. 4^3 des iodures. A$A des phosphures métalliques. Ibid. des chlorures métalliques. 4^5 Des Combinaisons indéfinies. 488 SECT. IL De l'Analyse. 489 TABLE DES MATIÈRES. XV Chap. Ier. De VAnalyse des corps gazeux. Page 4&9 Premier problème. Ibid. Second Problème. De V Analyse de Vair atmosphérique. 493 Des Corrections relatives à la température et à la pression de l'atmosphère. 498 Troisième Problème. De V Analyse du gaz provenant de la décomposition de Vammoniaque par le feu. 5oo Quatrième Problème. De l'Analyse des Gaz composés. 5oi Tableau des Proportions en volume des élémens qui com- posent diffférens gaz. 5o4 Chap. IL De l'Analyse de Veau. 5o5 Chap. III. De l'Analyse des acides minéraux. 5o6 Des Moyens propres à faire connaître les proportions des élémens qui constituent les acides minéraux. 5o8 Chap. IV. Un métal étant donné, déterminer quelle est sa nature. 509 De l'Analyse de quelques alliages. 51 o Chap. V. De VAnalyse des oxides. 5i4 . Des Procédés au moyen desquels on parvient à déterminer les proportions d'oxigène et de métal/jui constituent un oxide. 515 Chaf. VI. Un sel minéral étant donné, déterminer quelle est sa nature. 517 Des Moyens propres à faire connaître la quantité d'acide et d oxide qui entre dans la composition d'un sel. 5 26 Tableau représentant la composition des principaux sels. 529 Chap. VIL De l'Analyse des pierres. 532 Chap. VIII. De l'Analyse des eaux minérales. 538 § Ier. Des Moyens propres à faire connaître la nature des principes contenus dans les eaux minérales. 53c^ § IL Des Procédés à l'aide desquels on peut séparer les principes constituons des eaux minérales ? ou en déter- miner les quantités. 542 XVJ TABLE DES M ATT HUES. § III. De l'Analyse des principales eaux minérales. P. 54 8 Chap. IX. De VAnalyse végétale. 553 Méthode pour déterminer la proportion des principes cons- tituans des matières végétales. 55f Méthode de M. Berzelius. 558 Chap. X. De l'Analyse des Matières animales. 55g § Ier. Des Procédés à l'aide desquels ont peut déterminer le nombre et la nature des principes immédiats qui cons- tituent les parties des animaux. Ibid. Méthode pour déterminer la proportion des principes cons-' tituans des matières animales. 565 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES* ÉLÉMENS DE CHIMIE MÉDICALE. SECONDE PARTIE. CHAPITRE PREMIER. Des Corps organiques végétaux, ou de la Chimie végétale. Lorsqu'on observe attentivement un végétal parfaite- ment développé, on y remarque une multitude de matières différentes qu'il est impossible de confondre, à l'aide des seuls caractères physiques : ainsi les feuilles , les tiges, les racines, les fleurs , etc., seront facilement distinguées les unes des autres. Il en sera de même d'une multitude de produits fournis par les végétaux. Quel rapport y a-t-il, par exemple, entre le suc de la canne qui contient le sucre, et celui du pavot, qui est presque entièrement formé par l'opium ; entre la gomme que l'on trouve sur les fruits de certaines plantes, et un très-grand nombre de matières ré- sineuses ou acides , etc. ? Cependant si on soumet à l'ana- lyse chimique toutes les parties dont nous venons de parler, n. r 2 SECONDE PARTIR. on les trouvera constamment formées des mêmes élémens; le plus souvent on n'y reconnaîtra que de l'hydrogène, del'oxi- gène et du carbone 5 quelques-unes d'entre elles renferment, outre ces trois principes, de l'azote. Ces considérations ont fait naître l'idée d'admettre dans les végétaux trois sortes de matières : i° les matières simples , que l'on a appelées aussi principes médiats, et dont la réunion constitue la mo- lécule végétale ; tels sont l'oxigène, l'hydrogène , le car- bone, et quelquefois l'azote ; 20 les matières composées de ces élémens, auxquelles on a donné le nom de prin- cipes immédiats : ainsi la gomme, le sucre, l'amidon, le ligneux, les huiles , etc., substances fournies immédiate- ment par les plantes , et formées d'hydrogène , de carbone et d'oxigène , sont des principes immédiats ; 3° les matières composées d'un plus ou moins grand nombre de principes immédiats : tels sont, par exemple, les sucs, les tiges , les feuilles, les fleurs, les racines, etc., produits dans lesquels on découvre quelquefois trois ou quatre principes immé- diats. L'existence de ces diverses matières dans les végétaux nous trace l'ordre que nous avons à suivre dans l'étude de cette branche de la science. 1 °. Nous allons prouver que le uombre de leurs principes médiats est tel que nous l'avons indiqué ; nous nous abstiendrons de décrire leurs pro- priétés, parce qu'elles font l'objet d'une partie de la Chimie minérale 5 i° nous étudierons les divers principes immé- diats ; 3° nous ferons connaître la nature et les princi- pales propriétés des matières composées de plusieurs de ces principes. Nous croyons cependant devoir faire pré- céder l'étude de ces différens objets par quelques considé- rations générales sur les phénomènes chimiques de la ger- mination et de l'accroissement des plantes. DE LA GERMINATION. 3 Considérations générales sur les phénomènes chimiques de la germination et de l'accroissement des plantes. La germination est généralement définie, l'acte par le- quel les graines fécondées se développent et donnent nais- sance à dé nouvelles plantes. Quelque précieux que soient les instrumens dont la Chimie s'enrichit tous les jours il nous est impossible de créer des plantes autrementque par la germination; il n'en est pas de même de certains principes im- médiats des végétaux, qu'il est en notre pouvoir de produire- ainsi les acides malique, oxalique , acétique, et le sucre de raisin, peuvent être obtenus dans nos laboratoires tels qu'ils sont fournis par la nature , et l'on prévoit facilement que les progrès de la Chimie nous mettront à même d'en imiter un plus grand nombre par la suite. 568. Conditions nécessaires pour que la germination ait lieu. i°. Il faut que la température soit de io° à 3o° - en effet, ïa chaleur éloigne les molécules, excite les forces vitales , et dispose les parties de la graine à entrer dans de nouvelles combinaisons -, cependant il faut éviter une tem- pérature trop élevée ou trop basse ; car la graine fortement chauffée se dessèche et ne peut plus se développer; elle ne donne aucun signe de germination au-dessous de zéro. i°. La présencedel'eauestindispensable,- ce liquide, en s'introdui- santdans l'intérieurde la graine, délaye l'albumen, gonfle les cotylédons, ramollit toutes les parties, dissout la matière nutritive, et en facilite l'assimilation : l'expérience prouve que les graines ne germent pas sans eau. 3°. L'air ou le gaz oxigène sont nécessaires pour que la germination ait lieu ; c'est en vain que l'on chercherait à faire germer des graines dans du gaz azote, du gaz acide carbonique , du gaz hydro- gène , etc. Mais comment agit l'oxigène ? Il se combine ave« le carbone de l'albumen , passe à l'état de gaz acide carbo- A SECONDE PARTIE. nique, et transforme cet albumen en une matière sucrée qui sert d'aliment à la jeune plante. La formation du gaz acide carbonique pendant l'acte de la germination peut être fa- cilement prouvée en plaçant sur la cuve à mercure une capsule contenant un peu d'eau et plusieurs graines , et en la recouvrant d'une cloche remplie de gaz oxigène ou d'air atmosphérique : à la fin de l'expérience, on trouvera, si la pression et la température restent les mêmes , un vo- lume de gaz acide carbonique égal à celui de l'oxigène qui aura disparu ( Voy. t. Ier, p. 74 )• L'action de l'air sur les graines explique pourquoi l'on ne peut pas faire germer celles qui sont très-enfoncées dans la terre. La lumière nuit à la germination par l'élévation de température qu'elle dé- termine : en effet, que l'on décompose ce fluide impondé- rable au moyen d'un verre, de manière à en absorber les rayons qui produisent la chaleur, les graines germeront comme à l'ordinaire (Th. de Saussure). Le sol n'influe sur la germination qu'en présentant un point d'appui à la graine, et en lui transmettant la chaleur, Peau et l'air qu'il contient : aussi peut-il être remplacé avec succès par une éponge humide. 56g. Accroissement des plantes. Lorsque la plumule est hors de la terre , et s'est transformée en tige , que les cotylédons desséchés sont tombés, et que la radicule , en s'allongeant et se divisant dans la terre , constitue une véri- table racine, la germination est terminée, et cependant le végétal continue à s'accroître par l'action de l'air et des gaz quïl renferme, de l'eau, des engrais , du sol, etc. Examinons l'influence de ces agens sur la fonction qui nous occupe. Influence du gaz acide carbonique. Si l'on place au soleil des plantes renfermées dans du gaz acide carbonique pur^ elles périssent promptement. Ce gaz, mêlé à l'air atmosphérique , retarde constamment la végétation des DE LA GERMINATION. 5 plantes exposées à Vombre, et s'il entre en assez grande proportion dans le mélange , il les fait périr, même en très- peu de temps. Au contraire, toutes les parties vertes des plantes, frappées par les rayons solaires et mises en con- tact avec un mélange d'air et de gaz acide carbonique, décomposent celui-ci, en absorbent le carbone et une por- tion d'oxigène, augmentent de poids et mettent l'autre por- tion de gaz oxigène à nu; d'où il suit que, dans cette cir- constance particulière , le gaz acide carbonique favorise la végétation. ( Théodore de Saussure. ) Influence du gaz oxigène. Des feuilles fraîches de cactus opuntia , ou toute autre partie verte d'un végétal, placées dans l'obscurité sous une cloche remplie d'air at- mosphérique privé d'acide carbonique, absorbent une certaine quantité de gaz oxigène sans toucher à l'azote, et si elles sont minces , convertissent une autre portion du gaz en acide carbonique qu'elles retiennent :expose-t-on ces parties au soleilaprès cette absorption, elles laissent dégager tout le gaz oxigène absorbé, et l'acide carbonique qui s'était formé se décompose en carbone qui reste dans le végétal, et en gaz oxigène qui se dégage également. M. Théodore de Saussure, à qui nous sommes redevables de ces expériences, a désigné ces phénomènes sous les noms dHinspiration et à?expiration. Les parties des végétaux, autres que celles qui sont vertes , ne jouissent pas de celte propriété; cepen- dant le gaz oxigène exerce une influence salutaire sur les racines, car elles périssent promptement lorsqu'on les entoure de gaz acide carbonique, de gaz azote et de gaz; hydrogène, tandis qu'elles sont encore vigoureuses au bout de trois semaines si on substitue à ces gaz l'air atmosphé- rique ou le gaz oxigène : du moins tels sont les résultats obtenus par M. Th. de Saussure sur les racines de jeunes marronniers. Influence du gaz azote. Ce gaz n'est absorbé dans au- 6 SECONDE *\ RTIE. cime circonstance, par aucune partie du végétal ; cepen- dant il existe un certain nombre de plantes marécageuses très-riches en parties vertes, qui peuvent végéter dans ce gaz au soleil ou à une lumière faible : cest ce qui a lieu pour le lythrum salîcaria, Yinula dysenterica, Yepi- lobium molle et montanum, le polygonum persicaria, etc. Il parait qu'il se forme dans ce cas et aux dépens de leur- oxigène et de leur carbone, une petite quantité d'acide car- bonique qui est décomposé et recomposé tour-à-tour. Toutes ces plantes périssent si, au lieu de les exposer au soleil, on les place dans l'obscurité. Le gaz oxide de car- bone et le gaz hydrogène agissent sur elles à-peu-près comme le gaz azote. Influence de l'air atmosphérique. Les végétaux, que nous supposons herbacés, absorbent pendant la nuit une certaine quantité de gaz oxigène , qu'ils transforment en partie en acide carbonique : dans le jour, lorsque leurs parties vertes sont en contact avec les rayons solaires, le gaz oxigène absorbé pendant la nuit se dégage en grande partie ; l'acide carbonique qui se trouve dans l'atmosphère est décomposé, son oxigène est mis à nu et le carbone est absorbé par le végétal, en sorte que celui-ci s'accroît par cette seule raison. 11 résulte évidemment de cette décom- position que l'atmosphère, privée pendant la nuit de tout le gaz oxigène absorbé par les végétaux, et contenant d'ailleurs l'acide carbonique expiré par les divers animaux, doit se purifier par l'action des rayons solaires sur les par- ties vertes, et devenir plus riche en oxigène. Les plantes dont nous parlons finiraient par périr si on les conservait constamment dans l'air et dans un lieu obscur ou à l'ombre, parce que l'acide carbonique formé les entourerait de toutes parts, et nous avons vu combien ce gaz pur s'oppose à la végétation. A la vérité , on pourrait les faire végéter en mettant de la potasse, de la de LA germination, n chaux, etc., sous le récipient, pour absorber l'acide car- boni* (ue à mesure qu'il se forme. L'air atmosphérique est encore quelquefois utile à la végétation en cédant de la vapeur aqueuse aux feuilles : ceci a principalement lieu lorsque le sol est très-sec ; car dans le cas contraire , l'excès d'humidité du végétal s'exhale dans l'atmosphère au moyen des feuilles. Influence de Veau. La nécessité de l'eau dans la végé- tation est parfaitement établie ; on a cru pendant quelque temps qu'elle se bornait à charrier et à dissoudre les prin- cipes nutritifs des plantes ; mais M. Th. de Saussure a prouvé par des expériences directes qu'elle était absorbée, et cédait au végétal son oxigène et son hydrogène. Influence des engrais. Suivant M. Th., la nourriture des végétaux a principalement lieu aux dépens de l'eau et du gaz acide carbonique de l'air ; les engrais ne fournissent aux plantes qu'un petit nombre de sucs et une certaine quantité de gaz acide carbonique, qui sont loin de repré- senter le poids qu'un végétal acquiert dans un temps donné : ainsi dans une expérience faite avec un tournesol, l'engrais ne fournit que 26,85 grammes de matières nu- tritives , tandis que le poids du végétal s'était accru presque de vingt fois autant. Influence du sol. Le sol influe sur les végétaux , aux- quels il sert d'appui, non-seulement à raison de sa tem- pérature, de l'eau et des engrais qu'il contient, mais encore à raison des sels qu'il renferme; ainsi M. de Saussure a prouvé, i° que les plantes puisent les sels solubles qui entrent dans la composition du terrain ; 2° que plusieurs de ces plantes exigent pour leur accroissement des sels d'une nature particulière : par exemple, les plantes marines végètent mal dans un terrain dépourvu de sel marin; 3° que ces sels ne sont point décomposés en pénétrant dans ces plantes ; 4° que la nature des sels contenus dans 8 SECONDE PARTIE. les végétaux doit varier suivant la composition des sels qui font partie du sol ; 5° que lorsqu'on présente aux plantes des dissolutions salines, l'absorption de l'eau a toujours lieu dans un plus grand rapport que celle du sel ; 6° que ce n'est pas toujours la matière la plus favorable à la végétation qui est absorbée en plus grande quantité. Ces considérations expliquent aisément l'origine de la plupart des sels solubles que Ton rencontre dans les végé- taux ; mais d'où proviennent les sels et les autres principes insolubles que l'on y rencontre, tels que le soufre , la si- lice, l'alumine, les oxides de fer, de manganèse, le sous- phosphate de chaux , de magnésie , etc. ? Schreeder et plusieurs savans pensent que ces substances sont formées par l'acte de la végétation. M. de Saussure croit au contraire qu'elles sont fournies par le terreau, qui en contient beau- coup ; suivant lui, ces matières sont combinées avec de l'extrait qui les rend solubles dans l'eau. Toutes les plantes et toutes leurs parties ne fournissent pas une égale quantité de cendres; les plantes herbacées en donnent plus que les ligneuses ; les branches plus que les troncs ; les feuilles plus que les branches et les fruits ; l'écorce plus que les parties intérieures; l'aubier plus que le bois ; les feuilles des arbres qui se dépouillent en hiver plus que celles des arbres qui sont toujours verts ; enfin, les parties qui en fournissent le plus sont celles où la transpiration est plus abondante. (Th. de Saussure.) ARTICLE PREMIER. De la Nature des principes médiats des végétaux. 070. Nous avons dit que les produits végétaux étaient formés d'oxigène, d'hydrogène, de carbone, ou de ces trois élémens, plus de l'azote 5 voici comment on peut prouver ï DE LA NATURE DES VÉG^T'iX. 9 cette proposition : que l'on introduise du ,uc? dans une cornue de grès lutée, dont le col se rend dhr .»r* des extrémités d'un tuyau de porcelaine disposé dans t four- neau à réverbère, de manière à pouvoir être ^monré de charbon ; que l'on fasse partir de l'autre e*trérrV': du 1^au de porcelaine un tube de verre qui se rend cfcin,ç une des tubulures d'un flacon bitubulé vide, entouré de glace et de sel, et dont l'autre tubulure livre passage à un autre tube de verre recourbé propre à conduire les gaz sous des cloches pleines de mercure ; que l'on fasse rougir le tuyau de porcelaine, après avoir luté les jointures de l'appareil ; lorsque ce tuyau sera incandescent, que l'on mette le feu sous la cornue ; le suere ne tardera pas à se décomposer et fournira des produits qui traverseront le tuyau de porce- laine ; l'on trouvera à la fin de l'opération, i° du charbon dans la cornue; 20 du gaz oxide de carbone, du gaz hy- drogène carboné et du gaz acide carbonique dans les cloches remplies de mercure ; 3° de l'eau dans le flacon bitubulé : quelquefois ce liquide est mêlé d'une certaine quantité d'huile et d'acide acétique; mais en le soumettant de nou- veau à l'action d'une chaleur rouge, il se décompose com- plètement et fournit les produits que nous venons d'indi- quer. Pour peu que l'on réfléchisse à la nature de ces produits formés aux dépens du sucre, on verra qu'ils sont tous composés de carbone et d'hydrogène, de carbone et d'oxigène, ou bien d'oxigène et d'hydrogène; d'où il suit que ces trois principes sont les seuls élémens du sucre : or, toutes les matières végétales , excepté celles qui sont azotées, se comportent de même; celles-ci fournissent en outre de l'azote ; leur nombre nous paraît plus considérable qu'on ne pense généralement ; en effet, la plupart d'entre elles donnent en se décomposant un charbon susceptible de fournir, lorsqu'il est rougi avec de la potasse et mis dans l'eau, une plus ou moins grande quantité d'hydre- TO SÇ-30NDE PARTIE. cyan Ue de pot*$se ( Proust, Vauquelin, etc. ). Or, nous verrons qu'JJ est impossible d'admettre la formation de l'acicfe hydro-cyaniqUesans azote; à la vérité, plusieurs de ces substances ne fournissent qu'une très-petite quantité d'acide hydro-cyamque. ARTICLE II. Des Principes immédiats des végétaux. Le beau travail de MM. Gay-Lussac et Thenard, sur l'analyse d'un très-grand nombre de principes immédiats qui ne sont pas sensiblement azotés, prouve, i ° qu'il en existe quelques-uns dans lesquels l'oxigène est à l'hydro- gène dans un rapport plus grand que dans l'eau, et qui en outre contiennent du carbone : ces principes sont acides. a°. Qu'il en est d'autres où l'oxigène et l'hydrogène sont dans le même rapport que dans l'eau, quelle que soit la quantité de carbone qui entre dans leur composition. 3°. Enfin, que quelques-uns d'entre eux, contraires aux premiers, renferment plus d'hydrogène qu'il n'en faudrait pour transformer l'oxigène en eau : telles sont les huiles, les résines, les substances éthérées, etc. Ces données conduisent naturellement à diviser les principes immédiats analysés en trois classes ; mais comme il en existe un cer- tain nombre qui n'ont pas encore été soumis à l'analyse r on doit, pour établir une classification exacte, admettre un plus grand nombre de classes : nous en ajouterons trois autres d'après M. Thenard ; la quatrième comprendra les matières colorantes , isolées jusqu'à présent; la cinquième renfermera tous les principes immédiats non azotés, et non compris dans les classes précédentes ; enfin la sixième sera formée par ceux qui sont azotés, et que l'on peut appeler végéto-animaux. BES ACIDES VÉGÉTÂT"! Il CLASSE PREMIÈRE Des Acides végétaux. Les acides végétaux connus jusqu'à ce jour sont au nombre de dix-neuf, savoir : les acides acétique, malique , oxalique, tarlarique, sorbique, benzoïque, citrique, gal- lique, kinique, mellitique, morique, fungique, saccho- lactique , camphorique, subérique, suecinique, pyro-tarta- rique, nancéique et l'acide de la laque ; ils reçoivent les noms des subtahces végétales qui les fournissent, excepté l'acide acétique et nancéique. Us rougissent tous Yinfusum de tournesol et saturent lès bases salifiables. Propriétés physiques. Tous les acides végétaux, ex- cepté l'acide malique , peuvent être obtenus à l'état solide ; ils sont tous susceptibles de cristalliser, excepté les acides sorbique , malique, fungique, subérique et nancéique : ce dernier, l'acide malique et celui de la laque, sont les seuls qui soient colorés. Il n'y a que l'acide acétique qui soit odorant. Leur saveur aigre est plus ou moins marquée, suivant qu'ils sont plus ou moins forts, et plus ou moins solubles dans l'eau. Propriétés chimiques. Soumis à l'action d'une chaleur rouge3 tous ces acides se décomposent et fournissent les produits indiqués § 5^o; chauffés dans une cornue, à une température moins élevée, il en est qui se décomposent en entier : tels sont les acides malique, tartarique, sor- bique, kinique, mellitique, fungique, saccholactique et nancéique: un.seul, l'acide acétique, se volatilise en tota- lité ; enfin les autres se partagent en deux parties; l'une se décompose et fournit des gaz à la faveur desquels la portion non décomposée se volatilise : tels sont les acides oxalique, benzoïque, gallique , morique, camphorique, l'> SECONDE PARTIE. subérirr>3, suecinique, pyro-tartarique, et, suivant quel- r ''■,-: chimistes , 'acide citrique. 571. Voyons maintenant quels sont les produits fournis parles acides végétaux qui se décomposent à.cette tempé- rature. Lorsqu'on les introduit dans une cornue dont le col va se rendre dans une allonge, que l'on adapte à celle-ci un récipient bitubulé, dont l'une des tubulures reçoit un tube recourbé propre à conduire les gaz sous des cloches pleines de mercure, et que l'on chauffe graduellement la cornue, on obtient les produits suivans : i° dans le ballon, un liquide composé d'eau , d'acide acétique (1) et d'huile empyreumatique ; 20 dans la cuve , du gaz oxide de car- bone, du gaz hydrogène carboné et du gaz acide carbo- nique; 3° dans la cornue, du charbon retenant toujours une certaine quantité d'hydrogène. Ces divers produits se forment aussitôt que les molécules constituantes de l'acide sont assez éloignées les unes des autres par le calorique pour être hors de leur sphère d'attraction ; alors l'oxigène commence par s'emparer d'une portion d'hydrogène et de carbone pour donner naissance à l'eau et à l'acide carbo- nique; l'oxide de carbone et l'acide acétique, produits moins oxigénés, se forment immédiatement après ; enfin l'huile, dans laquelle il y a fort peu d'oxigène, et l'hydro- gène carboné qui n'en contient pas du tout, se forment en, dernier lieu. Nous devons cependant ajouter que celte progression dans la formation des produits est plutôt un résultat théorique que pratique, car on les obtient tous à-peu-près en même temps dès que la chaleur est assez forte pour opérer la décomposition du principe immédiat : la cause de ce phénomène dépend de ce que la portion qui (1) L'acide sorbique ne fournit point d'acide , d'après M. Bo- novan ; l'acide tartarique donne > outre ces divers produits y de l'acide pyro-tartarique. < DES ACIDES VÉGÉTAUX. l3 est au centre de la cornue, moins chaude que celle qui est en contact avec ses parois, commence à se décomposer lorsque la décomposition de l'autre est déjà très-avancée. En faisant l'histoire de la préparation du charbon de l'acide acétique et du gaz qui sert à l'éclairage, nous dirons comment on doit procéder pour séparer les uns des autres les produits de la distillation des principes immédiats des végétaux. Tous les acides végétaux exposés à l'air saturé d'humi- dité, sont déliquescens ; les acides malique, sorbique, acétique, fungique et nancéique le sont toujours, quel que soit l'état de l'atmosphère. A moins d'être dissous dans l'eau, ces acides ne se putréfient que très-lentement par le contact de l'air, ce qui les distingue des principes immé- diats de la 2e classe. Ce phénomène ne surprendra point lorsqu'on saura que l'altération que les végétaux éprouvent à l'air dépend principalement de ce qu'ils en absorbent l'oxigène ; or, les acides sont en général des produits très- oxigénés. Tous les acides végétaux sont solubles dans l'eau; à la vérité il en est quelques-uns, tels que les acides saccholac- tique , subérique et camphorique, qui y sont peu solubles. La majeure partie d'entre eux se dissolvent dans l'alcool; la dissolution opérée par ces deux liquides est beaucoup plus marquée à chaud qu'à froid. L acide nitrique concentré et bouillant paraît décomposer tous les acides végétaux, excepté l'acide benzoïque et l'acide subérique; il s'empare, à l'aide de son oxigène, de leur hydrogène et de leur carbone, et les transforme en eau et en acide carbonique. A l'état solide, les acides végétaux n'agissent que sur les métaux de la deuxième classe, et encore faut-il que la température soit élevée; ils leur cèdent une portion d'oxi- gène, les transforment en oxides ou en sous-carbonates, et l4 SECONDE PARTIE. il se forme de l'eau, du gaz hydrogène carboné, du charbon et du gaz acide carbonique. S'ils sont dissous clans l'eau et doués d'un peu de force, ils exercent une action marquée sur les mêmes métaux, sur le fer, le zinc et le manganèse; l'eau est décomposée pour oxider le métal; l'hydrogène se dégage, et l'oxide formé se dissout dans l'acide végétal. Enfin quelques-uns d'entre eux agissent sur des métaux qui ont le contact de l'air et qui ne sont pas susceptibles de décomposer l'eau: dans ce cas l'oxida- tion du métal a lieu aux dépens de l'oxigène de l'air. 5^2. Tous les acides végétaux s'unissent aux bases sali- fiables et forment des sels. L'action du calorique sur les sels végétaux est trop variée pour pouvoir être exposée d'une manière générale ; on peut seulement établir qu'ils sont tous décomposés par cet agent. Le fluide électrique et l'eau se comportent avec eux comme avec les sels minéraux, (ployez t. Ier, § i53.) Plusieurs d'entre eux se décomposent facilement à l'air , surtout lorsqu'ils sont dissous dans l'eau; du reste l'action hygrométrique de cet agent est la même que celle dont nous avons parlé en faisant l'histoire des sels minéraux. Les alcalis, l'acide hydro-sulfurique, les hydro-sulfates, l'hydro-cyanate de potasse et de fer, Vinfusum de noix de galle agissent à-peu-près sur eux comme sur les autres sels. M. Thenard partage l'étude des acides végétaux en trois sections : i° ceux qui sont à-la-fois le produit de l'art et de la nature; 2° ceux qui sont naturels ; 3° ceux qui sont artificiels. SECTION PREMIÈRE. De l'Acide acétique ( acéteux ). L'acide acétique se trouve dans la sève de presque tous les végétaux, dans la sueur, le lait et l'urine de l'homme; ,il se produit pendant la fermentation acide et pendant la DE L'ACIDE ACÉTIQUE. l5 putréfaction des matières végétales et animales; il est le résultat de la décomposition de ces substances par le feu, par certains acides et par quelques alcalis. 5?3. Il est liquide, incolore, très-sapide et doué d'une odeur forte suigeneris; sa pesanteur spécifique, à la tempé- rature de i6°, est de i,o63. Il est volatil, et entre en ébul- lition au-dessus de i oo° sans éprouver la moindre décompo- sition ; si au lieu de le chauffer on le refroidit, il se congèle à zéro quand il est concentré. Il attire l'humidité de l'air et se dissout parfaitement dans l'eau; il est moins soluble dans l'alcool. A la température de l'ébullition, il dissout une assez grande quantité de phosphore , et il en retient même après son refroidissement ( Boudet). Il n'est pas décomposé par les métaux à la température ordinaire ; cependant quel- ques-uns de ces corps décomposent l'eau qu'il renferme , s'oxident et passent à l'état d'acétate : tels sont, par exemple, le fer et le zinc. Il se combine avec un très-grand nombre d'oxides, et forme des acétates qui sont en général solubles dans l'eau. Il est formé, suivant MM. Gay-Lussac et The- nard , de Carbone.......................... 5o,224. Hydrogène et oxigène, dans le rapport nécessaire pour former de l'eau...... 46>9! i • Oxigène en excès.................. 2,865. Il sert à préparer plusieurs acétates ; il fait la base du vinaigre, dont nous allons exposer les nombreux usages ; il est souvent employé comme assaisonnement. Les médecins regardent le vignaire comme résolutif, rafraîchissant, anti- septique, sudorifique, etc. On s'en sert, i° dans tous les cas où les acides minéraux affaiblis sont indiqués ( voyez t. Ier, § 88 ); 2° vers la fin des rhumatismes, et alors il est associé à quelques infusions sudorifiques ; 3° dans l'empoisonnement par les narcotiques, après avoir ex- pulsé le poison par le vomissement : en effet, il résulte l6 SECONDE PARTIE. d'un très-grand nombre d'expériences que nous avons ten- tées, que le vinaigre, loin d'être le contre-poison de l'opium, augmente son action meurtrière lorsqu'il se trouve avec lui dans le canal digestif; mais que l'eau vinaigrée est un des meilleurs médicamens que l'on puisse employer pour combattre les symptômes développés par ce poison ( Voyez ma Toxicologie générale, t, II, i e part. ) ; 4° dans l'asphyxie, où il est employé avec le plus grand succès en frictions, en lavemens, en boissons, etc. ; 5° dans les angines muqueuses , catarrhales, gangre- neuses, etc., où il agit comme résolutif: dans ce cas il est employé en gargarisme ou sous la forme de fumigations ; 6° pour résoudre certaines tumeurs; 70 pour calmer les accès hystériques et hypochondriaques, pour arrêter les hoquets et les vomissemens nerveux, et, suivant quelques médecins, pour apaiser les fureurs maniaques. Le vinaigre est aussi très-employé comme anti-septique dans les fièvres d'un mauvais caractère, les petites-véroles gangreneuses, pétéchiales, le scorbut, etc. Administré dans un grand état de concentration, il agit comme un poison corrosif énergi- que. Le sel de vinaigre, dont on fait usage dans la syncope, l'asphyxie, etc., n'est autre chose que de l'acide acétique concentré, uni à du sulfate de potasse cristallisé. Des Acétates. Tous les acétates, excepté celui d'ammoniaque, sont décomposés par le feu, et l'on obtient des produits volatils, et d'autres qui sont fixes ; les produits volatils sont, en général, de l'eau, de l'acide acétique, un liquide inflam- mable connu sous le nom d'esprit pyro-acétique , une huile, du gaz acide carbonique et du gaz hydrogène car- boné. La nature des produits fixes varie suivant l'espèce d'acétate; ils renferment cependant toujours du charbon. Les acétates de nickel, de cuivre, de plomb , de mercure et DES ACÉTATES. 1^ d'argent sont réduits à l'état métallique ; ceux de baryte, de strontiane, dépotasse, de soude et de chaux, donnent pour résidu un carbonate; ceux de zircone, d'alumine, de glucine, d'yttria, de magnésie, de zinc et de manganèse, laissent les oxides respectifs; enfin, le trito-acétate de fer laisse dudeutoxidenoir; ces phénomènes sont faciles à con- cevoir si l'on a égard à l'affinité plus ou moins grande de l'acide acétique pour l'oxide, à celle de cet oxide pour l'acide carbonique, et à celle du métal pour l'oxigène. Il suit de là que, dans cette opération, il y a constamment décomposition d'une partie de l'acide, et quelquefois de l'oxide : si l'acide acétique tient peu à l'oxide , il s'en dé- composera très-peu et s'en volatilisera beaucoup ; si, au contraire, l'affinité de l'acide et de l'oxide est très-grande, tout l'acide sera décomposé; on obtiendra des résultats qui tiendront le milieu entre ceux dont nous venons de parler avec les acétates, qui ne sont ni dans l'un ni dans l'autre des cas que nous supposons, Les acétates neutres sont tous solubles dans l'eau, et les dissolutions qui en résultent sont décomposées spontané- ment : on ne connaît pas bien la nature des produits qui résultent de cette altération. Les acides sulfurique, nitrique, phosphorique, hydro-chlorique, oxalique, tartarique, etc., décomposent les acétates, s'emparent de l'oxide, et mettent à nu l'acide acétique qui se dégage avec la vapeur de l'eau. L'acide hydro - sulfurique décompose en totalité ou en partie les acétates dont les oxides peuvent former avec lui des sulfures ou des hydro-sulfates insolubles. 5^4. Acétate de zircone. Il est soluble dans l'eau; il a une saveur très-astringente et n'a point d'usages. 5^5. Acélated'alumine.lleslli^màe-.SK saveur estastrin-, gente et sucrée ; évaporé jusqu'à siccité, il se transforme en acide et en sous- acétate. Lorsqu'on l'expose à la tempéra- ture de 5o° à 6o°, il se trouble et se change en sous-acétate l8 SECONDE PARTIE. insoluble qui reste en suspension, et en acide acétique. Si on laisse refroidir la liqueur et qu'on l'agile , le trouble disparait et l'acétate se reforme. M. Gay-Lussac, qui a dé- couvert ce fait, l'explique en disant que, par l'action de la chaleur, les molécules d'acide et de sous-acétate s'éloignent assez les unes des autres pour être hors de leur sphère d'at- traction ; le sous-acétate insoluble, abandonné à lui-même, doit donc se précipiter ; tandis que , par le refroidissement, toutes les particules se rapprochant, l'acide peut réagir sur le sous-acétate et le dissoudre. Si on chauffe l'acétate d'alumine jusqu'au-dessous de la chaleur rouge, tout l'acide se dégage sans se décomposer; ce phénomène dépend pro- bablement de l'eau contenue dans le sel, qui favorise la sépa- ration de l'acide. On emploie fréquemment l'acétate d'alu- mine pour fixer les couleurs sur les toiles peintes. 5-/6. Acétate d'yttria. Il cristallise en prismes à quatre faces, tronqués aux extrémités, incolores, très-solubles dans l'eau , doués d'une saveur sucrée et astringente. Il est sans usages. 5nn. Acétate de glucine. Il peut être obtenu sous la forme de peiites lames minces, brillantes , complètement solubles dans l'eau, douées d'une saveur très-sucrée, astringente. Il est sans usages ; cependant M. Vauqueîin pense qu'il pour- rait être employé avec succès dans les dévoiemens et les diarrhées chroniques. 5^8. Acétate de magnésie. Il est difficilement cristalli- sable, légèrement déliquescent, très-soluble dans l'eau et cloué d'une saveur très-amère. Il est sans usages. 579. Acétate de chaux. Il est sous la forme d'aiguilles prismatiques, brillantes, satinées, incolores, très-solubles dans Teau, et dont !a saveur est acre et piquante. On l'emploie pour préparer le sous-carbonate de soude : pour cela on le mêle avec du sulfate de soude dissous; les deux sels se décomposent, et il en résulte du sulfate de chaux inso- DE S ACÉT A TES. IQ lubie et de l'acétate de soude soluble. Il suffit de filtrer et de calciner ce dei nier pour obtenir le sous-carbonate de soude. L'acétate de chaux purifié paraît aussi servir à la prépara- lion de l'acide acétique ; on le décompose par l'acide sul- furique, qui s'empare de la chaux et met l'acide à nu; celui- ci reste à la surface, sous la forme d'un liquide que l'on sépare par décantation. 58o. Acétate de baryte. Il est en aiguilles transparentes, qui sont des prismes dont la forme n'a pas été déterminée; il est légèrement efïlorescent, soluble dans 88 parties d'eau froide et dans i5 parties d'eau bouillante; sa saveur est acre et piquante. Il n'a point d'usage particulier. 581. Acétate de strontiane. Il cristallise en aiguilles ou en lames hexagonales, incolores, inaltérables à l'air, douées dune saveur acre , piquante, solubles dans 2 parties et demie d'eau, et sans usages. 582. Acétate de potasse ( terre foliée de tartre). La sève de presque tous les arbres renferme, suivant M. Vauquelin, une plus ou moins grande quantité de ce sel. Il est sous la forme de petits feuillets brillans, incolores, excessivement déliquescens, se dissolvant rapidement dans l'eau et ayant une saveur très-piquante. Chauffé dans des vaisseaux fermés avec son poids d'oxide blanc d'arsenic, cet acétate se dé- compose en décomposant l'oxide, et il en résulte du gaz acide carbonique , du gaz hydrogène carboné, du gaz hy- drogène arsénié, de la posasse plus ou moins carbonatée, de l'arsenic métallique, et deux liquides volatils dont le pre- mier, huileux, jaune, fétide, volatil, fumant, a été connu sous le nom de liqueur fumante de Cadet, et doit être regardé, d'après M. Thenard, comme une sorte d'acétate oléo-arseni- cal, contenant un peu d'esprit pyro-acétique ; l'autre produit liquideestjaunebrunàtre, moins dense que le premier et res- semble à de l'eau colorée ; il a moins d'odeur que le précédent, dont il ne parait différer que par l'eau qu'il renferme et par 20 SECONDE PARTIE. une plus grande quantité d'acide acétique. L'acétate de po- tasse est employé en médecine comme diurétique et fondant ; il est employé avecle plus grand suce es dans lesengorgemens du bas-ventre, les hydropisies, certains ictères, les conci é- tions bilieuses, les coliques hépatiques, les fièvres intermit- tentes, surtout les fièvres quartes; on l'administre ordi- nairement à la dose de 4 5 6 ou 8 gros par jour, dissous dans des décoctions apéritives, résolutives ou autres. 583. Acétate de soude. Il est sous la forme de longs pris- mes striés , inaltérables à l'air, solubles dans 3 parties d'eau froide, plus solubles dans l'eau bouillante, et doués d'une saveur piquante et amère. Il suffit de le faire fondre pour le décomposer et le transformer en sous-carbonate de soude. 584- Acétate d'ammoniaque ( esprit de Mindérérus ). Il existe dans l'urine pourrie, dans le bouillon gâté, etc. ; il est ordinairement liquide; mais il peut être obtenu cris- tallisé si on le concentre doucement et qu'on l'abandonne à lui-même. Il est volatil, très-soluble dans l'eau et doué d'une saveur très-piquante. Lorsqu'il est rapidement éva- poré, il perd une portion d'ammoniaque, passe à l'état d'acétate acide qui se sublime en partie sous la forme de longs cristaux déliés et aplatis. 11 est souvent employé en médecine comme sudorifique , et anti-spasmodique; on le donne depuis un ou 2 gros jusqu'à une once ou une once et demie, dans une potion de 4 ou 5 onces; il est très-utile dans le typhus, les fièvres putrides, malignes, nerveu- ses , etc., à la fin des rhumatismes aigus, dans les gouttes rentrées, dans la petite-vérole, surtout lorsque l'éruption et la suppuration n'ont lieu que lentement. 585. Acétate deprotoxide de manganèse. Il cristallise en petites aiguilles légèrement colorées en rose, solubles dans l'eau et douées d'une saveur styptique; on peut s'en servir pour marquer le linge : pour cela on mêle de l'amidon on DES ACÉTATES. 2y de la gomme avec sa solution concentrée avec laquelle on trace le dessin sur la toile ; lorsque celui-ci est sec , on le met dans une lessive de cendre qui décompose l'acétate et laisse sur le tissu une oxide brun qui y adhère fortement. 586. Acétate de zinc II cristallise en aiguilles fines ou en lames hexagonales , solubles dans l'eau, fusibles dans leur eau de cristallisation et sans usages. 687. Acétate de protoxide de fer. Il est liquide et se trans- forme rapidement, au contact de l'air, en sous-acétate de peroxide insoluble, et en acétate acide de peroxide soluble. 588. Acétate de peroxide de fer ( acétate rouge). Il est liquide, incristallisable et très-soluble dans l'eau; lors- qu'on le fait évaporer, il se décompose et se réduit en sous-acétate insoluble; l'eau bouillante transforme ce der- nier en peroxide pur. On emploie ce sel dans les manu- factures de toiles peintes pour les couleurs de rouille et les mordans de fer; il jouit d'un avantage remarquable, celui de ne pas détruire l'étoffe sur laquelle il est appliqué, ce qui dépend du peu d'énergie de l'acide acétique mis à nu. 589. Acétate de deutoxide de cuivre neutre (cristaux de Vénus, verdet cristallisé). Il cristallise en rhomboïdes d'un vert bleuâtre, légèrement eiliorescens,solubles dans 5 parties d eau bouillante et doués d'une saveur sucrée etstyptique. Chauffé, il décrépite , lance au loin des fragmens qui vont jusqu'au col de la cornue , se dessèche etdevientblanc: dans cet état il suffit de le mettre en contact avec l'eau ou avec l'air humide pour lui faire contracter de nouveau une belle couleur bleue. Mis dans l'acide sulfurique concentré, il blanchit également et conserve sa forme cristalline. Onl'em- ploie pour obtenir le vinaigre radical et la liqueur verte appelée vert d'eau ? dont on se sert pour le lavis des plans ^ il est très-vénéneux. Sous-acétate de cuivre. Il est vert,pulvérulent, insoluble dans, l'eau, et indécomposable par le gaz acide carbonique 22 SECONDE PARTIE. Le vert-de-gris est formé, suivant M. Proust, de $3 parties d'acétate de cuivre neutre, de 37,5 d'hydrate de cuivre (combinaison d'eau et de deutoxide de cuivre) et de i5,5 d'eau. Traité par l'eau froide, le vert-de-gris se décompose, l'acétate neutre est dissous, et l'hydrate bleuâtre se précipite ; si l'eau est bouillante, la décomposition est plus complète : non-seulement l'acétate neutre est dissous , mais encore l'hydrate est réduit en eau et en deutoxide de cuivre brun qui se précipite. Soumis à l'action du calo- rique , le verl-de-gris se décompose et laisse pour résidu du cuivre métallique. Si on le fait chauffer avec de l'acide acétique, il se convertit entièrement en acétate neutre, à moins qu'il ne contienne des substances étrangères. La dis- solution du vert-de-gris dans l'eau se comporte avec les réactifs comme les autres sels de cuivre. (Voyez t. Ier, pag. 4'5.) Il est employé dans la peinture à l'huile , dans certaines opérations de teinture et pour faire le verdet( acétate neu- tre); il entre dans la composition de l'emplâtre divin , de l'onguent égyptiac , du cérat d'acétate de cuivre, de l'on- guent de poix avec le verdet, de la cire verte de Baume, etc., préparations dont on se sert pour le traitement extérieur de certains ulcères syphilitiques, scorbutiques, carcinoma- teux, etc.; pour détruire les chairs fongueuses, les verrues, les cors. On a proposé d'employer comme excitant, au commencement de quelques plithisîes tuberculeuses , le sous-acétate de cuivre à des doses réfractées et soutenues; mais l'expérience n'a pas encore prononcé sur l'utilité de ce médicament dangereux. Le remède de Gamet et les pi- lules de Gerbier, que plusieurs praticiens assurent avoir administré avec succès dansles affections cancéreuses où l'ex- cision et la cautérisation sont impraticables, renferment de l'acétate de cuivre cristallisé. Les préparations cuivreuses sont douées au plus haut degré des piopriétés délétères les plus énergiques; elles DE S ACÉ T AT E S. 2$ irritent et enflamment les tissus sur lesquels on les applique, déterminent tous les symptômes de l'empoisonnement par les corrosifs, et ne tardent pas à occasionner la mort. Le médicament le plus propre à les neutraliser est l'albumine (blanc d'oeuf délayé dans l'eau) : quelle que soit la dose à laquelle ces poisons aient été pris, on peut les empêcher d'agir à la faveur d'une suffisante quantité de celte sub- stance , qui a la faculté de les transformer en une matière d'un blanc bleuâtre , insoluble dans l'eau , et sans action sur l'économie animale. Ici, comme pour tous les cas d'em- poisonnement par une substance irritante, les contre-poi- sons ne sont utiles qu'autant qu'ils sont administrés peu de temps après l'ingestion du poison ; si l'inflammation est déjà développée lorsque le médecin est appelé, on doit la combattre par les moyens appropriés, tout en songeant à neutraliser le poison qui pourraitresterdans le canal digestif. 5go. Acétate de plomb neutre ( sel de Saturne, sucre de Sa- turne, sucre de plomb). Il cristallise en tétraèdres terminés par des sommets dièdres semblables à des aiguilles blanches, inaltérables à l'air, même lorsque celui-ci est très-humide, très-solubles dans l'eau et douées d'une saveur douce et astringente. Sa dissolution se comporte avec les réactifs comme les autres sels de plomb. (Voy. t. I6.) Elle peut dissoudre par l'ébullition un poids presque égal au sien de protoxide de plomb (litharge), et passer à l'état de sous-acétate de plomb au maximum d'oxide. L'acétate de plomb neutre sert à la préparation en grand de l'acé- tate d'alumine dont on fait une grande consommation dans les fabriques de toiles peintes ; on l'emploie pour la fa- brication des sous-acétates de plomb. Il doit être regardé comme astringent, dessiccatif et répercussif ; il a été employé avec succès dans certains catarrhes chroniques simulant des phthisies tuberculeuses; on prétend qu'il a été très-utile pour arrêter les hémorrhagies passives des P-4 SECONDE PAKTIE. poumons et de l'utérus, pour diminuer les sécrétions muqueuses excessives ou les sueurs colliquatives des phthi- siques; on s'en estser\i avec avantage pour combattre cer- taines diarrhés, quelques écoulemens vénéiiens anciens, les flueurs blanches, etc.; on l'administre à la dose de un ou de 2 grains , dans une potion de î\ à 6 onces dont le véhicule est de l'eau distillée, et on augmente la quantité jusqu'à en faire prendre 8, 10 à 12 grains par jour. A 1 ex- térieur on fait usage de l'eau végéto-minérale dans les brûlures, les inflammations érysipélateuses produites par des piqûres d'insectes, ou par l'application d'un caustique, à la fin de celles qui sont aiguës et dans lesquelles on craint l'apparition des vésicules noirâtres ; mais il serait dangereux de l'employer dans les érysipèles chroniques ; on s'en sert encore pour faire disparaître les tumeurs in- flammatoires des glandes du sein, des testicules, etc. Laplupartdes préparations de plomb sont vénéneuses. En faisant l'histoire de l'empoisonnement par ce métal, dans notre ouvrage de Toxicologie, tom, II, partie 11e, nous nous sommes attachés à prouver qu'il était indispensable de l'envisager sous deux rapports. i°. Il peut avoir lieu par l'ingestion d'une préparation saturnine ; 20 il peut être produit par l'émanation des particules de plomb. Sous une multitude de rapports, ces deux modes d'empoisonnement doivent être distingués. A. On peut prendre à l'intérieur un assez grand nombre de grains d'une dissolution de plomb sans en être incommodé ; lorsque la dose avalée est assez forte pour déterminer des accidens, ceux-ci sont de nature inflammatoire ; la mort ne tarde pas à survenir si les ma- lades sont abandonnés à eux-mêmes, et à l'ouvertm'e des cadavres, on trouve les tissus du canal digestif fortement enflammés ; on peut découvrir dans l'estomac ou dans les intestins une partie du poison ingéré ; enfin cet empoison- nement peut être combattu avec succès au moyen d'un DES ACÉTATES. 25 sulfate alcalin entièrement soluble, qui transforme le sel de plomb en sulfate insoluble , sans action sur l'économie animale. B. Au contraire , dans l'empoisonnement par émanation saturnine, des atomes imperceptibles suffisent pour développer les accidens les plus graves; ces accidens constituent la colique de plomb, regardée à juste titre comme une affection purement nerveuse. Si celte maladie est terminée par la mort (ce qui arrive rarement), ce n'est jamais avec autant de promptitude que dans le cas où le poison a été introduit dans l'estopiac à assez forte dose; à l'ouverture des cadavres , on ne trouve aucune trace d'inflammation ; le canal intestinal est seulement rétréci dans quelques-unes de ses parties; il est impossible de dé- couvrir un atome de plomb par les moyens chimiques les plus rigoureux ; enfin les sulfates, qui sont si efficaces dans l'autre traitement, ne sont ici que de très-peu d'utilité, et l'on doit avoir recours aux émétiques et aux purgatifs les plus forts. 591. Sous-acétate de plomb soluble. Il peut être cristal- Iisé en lames opaques et blanches, cependant on l'obtient plus communément en masses d'une forme confuse ; comme le précédent, il a une saveur douce et astringente; il verdit le sirop de violette ; il est inaltérable à l'air et se dissout dans l'eau, mais moins que l'acétate neutre. Le solutum est abondamment précipité en blanc par l'acide carbonique, qui le change en soîff-carbonate de plomb insoluble (cé- ruse , blanc de plomb) , et en acétate neutre soluble; il est décomposé et précipité en blanc par les sulfates, les phosphates, et par une multitude de sels neutres dis- sous ; la. gomme, le tannin et la plupart des matières animales en dissolution le décomposent, et forment avec l'oxide de plomb des produits tantôt solubles, tantôt inso- lubles. Si l'on fait évaporer la dissolution de ce sous-acé- ute, on obtient l'extrait de Saturne, qui > étendu d'eau, est 30 SECONDE P A n T I E. décomposé, et constitue l'eau blanche, Veau vègéto-miné- raie ou l'eau de Goulard. On emploie le sous-acétate de plomb dans les arts pour préparer le blanc de plomb ( sous- carbonate ) ; il sert dans l'analyse des matières an imales ; enfin M. Chevreul l'a proposé avec raison pour déterminer si l'eau distillée contient de l'acide carbonique. 5gi. Sous-acétate de plomb au maximum d'oxide. Il est blanc, pulvérulent, insoluble dans l'eau, et est sans usages. Suivant M. Berzelius, ces trois acétates sont formés, savoir : Acc't. neutre. Sous-acét. sol. Sous-acet. insol. Acide acétique..... ioo 100 100 Protoxide de plomb. 217,662 656 1608 Eau............. 53,i4o 5p3. Acétate de protoxide de mercure. Il est sous la forme d'écaillés extrêmement brillantes, très-peu solubles dans l'eau froide, douées d'une saveur mercurielle ; il fait partie des dragées de Keyser ; quelquefois aussi on le sub- stitue au nitrate de protoxide de mercure pour composer le sirop de Belet. 594. Acétate de deutoxide de mercure. Il est liquide; lorsqu'on le fait bouillir, il se décompose, et passe à l'état de proto-acétate ; en effet l'hydrogène et le carbone d'une portion de l'acide s'emparent d'une partie de l'oxigène du deutoxide. Si l'on verse de l'eau dans la solution concen- trée du deuto-acétate, on la décompose également, et on en précipite du sous-acétate jaunâtre. Ce sel est sans usages. 595. Acétate d'argent. 11 est sous la forme d'écaillés nacrées, peu solubles dans l'eau ; il noircit promptement par son exposition à la lumière. De l'Acide malique. 596. On trouve cet acide dans les baies vertes du sor- bier, dans le sempervivum tectorum (joubarbe), et dans DE L'ACIDE MALIQUE. 2T les baies du sureau noir ; il existe associé à l'acide sorbique dans les baies mûres du sorbier ( sorbus aucuparia), dans les pommes, les prunes sauvages , et les baies d'épine-vinette ; on le rencontre uni à l'acide citrique dans les framboises et les groseilles ; la pulpe de tamarins, les pois chiches , et suivant plusieurs chimistes, le pollen du dattier d'Egypte, le suc de l'ananas, et l'agave americana en contiennent également. L'acide malique est toujours liquide et un peu coloré en jaune ; il rougit Yinjusum de tournesol ; sa saveur n'est pas très-marquée. 11 n'est point volatil ; il se décompose comme toutes les matières végétales lorsqu'on le chauffe ; il est déliquescent dans un air humide ; il se dissout très- bien dans l'eau et dans l'alcool; la solution aqueuse, aban- donnée à elle-même, s'altère, se recouvre de moisissures, et laisse déposer du charbon. L'acide nitrique le décom- pose en se décomposant lui-même, et il en résulte une très-grande quantité d'acide oxalique , pourvu qu'on élève un peu la température. (Voyez p. i3.) L'acide sulfurique concentré le charbon ne.. 597. 11 forme, avec la potasse, la soude et la magnésie, des sels déliquescens et incristallisables ; il ne précipite pas l'eau de chaux, mais il produit un précipité blanc , flo- conneux dans les eaux de baryte , de strontiane , dans les dissolutions de nitrate et d'acétate de plomb, de ni- trate de mercure et d'argent. Les divers malates inso- lubles se dissolvent dans un excès d'acide malique , ni- trique , etc. Il donne avec l'alumine un sel très-difficilc- ment soluble. Il n'a point d'usages. Il fut découvert par Schéele en 1780 , dans le suc de pommes. MM. Vogel et Bouillon-Lagrange, dans un mémoire pu- blié en février 1817 (Journal de Pharmacie), établissent que l'acide malique naturel, ou obtenu par l'art, n'est pas un acide particulier ; qu'il est formé diacide acétique et 28 SECONDE PAttTIE. d'extractif; que l'on peut séparer la matière extractive par la barvte , et recomposer l'acide malique en combinant cette substance avec l'acide acétique. Cette opinion est loin d'être partagée par tous les chimistes. Acide oxalique. 698. L'acide oxalique se trouve dans les pois chiches, dans l'oseille, etc. ; il est toujours uni à la chaux ou à la potasse. 11 cristallise en longs prismes quadrangulaires , in- colores , transparens et terminés par des sommets dièdres ; il est très-sapide, etrougit fortementYinfusum de tournesol. Lorsqu'il est chauffé dans une cornue , il fond dans son eau de cristallisation, se dessèche et se volatilise presqu'en totalité, sans éprouver de décomposition ; il est, au con- traire , complètement décomposé à une chaleur rouge, et il laisseàpeinedu charbon , ce qui dépend de la grande quan- tité d'oxigène qui entre dans sa composition. Il n'éprouve aucune altération à l'air ; il se dissout dans son poids d'eau bouillante et dans 2 parties de ce liquide à la température ordinaire; il est moins soluble dans l'alcool. Il précipite l'eau de chaux et tous les sels calcaires solubles, sans en excepter le sulfate ; le précipité est insoluble dans un excès d'acide oxalique ; cette propriété rend cet acide précieux dans les laboratoires, où il est souvent employé comme réactif. Si l'on met en contact £vec le zinc ou le fer l'acide oxalique dissous dans l'eau, celle-ci est décomposée ; il se dégage du gaz hydrogène, et l'oxide formé se combine avec l'acide oxalique. €& s'en sert dans quelques fabriques de toiles peintes pour détruire les couleurs à base de fer ; on l'emploie aussi pour enlever les taches d'encre. Il est formé, d'après MM. Gay-Lussac et Thenard, de •» Carbone.......................... 26,566 Oxigène......................... 70^689, * Hydrogène,.............r......... 3*745. DES OXALATES. 20 M. Dulong, qui a fait dans ces derniers temps un travail sur les oxalates , pense que l'acide oxalique est formé d'acide carbonique et d'hydrogène. Des Oxalates. Tous les oxalates sont décomposés par le feu ; mais ilg ne fournissent pas tous les mêmes produits : nous allons entrer dans quelques détails à cet égard. La baryte , la chaux et la strontiane se combinent avec l'acide oxalique sans qu'il y ait décomposition ; chauffe-t-on ces oxalates , il se forme des produits analogues à ceux que fournissent les autres matières végétales, savoir, de l'eau, de l'acide carbonique , du gaz oxide de carbone, de l'acide acétique, de l'huile, du gaz hydrogène carboné, du charbon et un sous-carbonate. Les oxides o parties d'eau et 12,5 d'a- cide borique vitrifié et pulvérisé, on remarque, au bout de quelques minutes , que la plus grande partie du tartrate de chaux se précipite, tandis que le reste se dissout ; la liqueur, filtrée et évaporée , fournit une poudre fine très- blanche , qui est la crème de tartre soluble : en effet, 3 parties d'eau froide ou 2 d'eau bouillante suffisent pour en dissoudre une partie. Les borates neutres et les sous- borates de potasse et de soude ont également la propriété de rendre la crème de tartre soluble. M. Meyrac, à qui nous devons ces observations, se propose de déterminer quelle est la nature de ce sel soluble ; mais il pense que l'acide borique ne s'empare pas d'une portion de potasse de la crème dé tartre. Suivant M. Vogel, la crème da. DES TARTRATES. 37 tartre rendue soluble par l'acide borique serait une com- binaison chimique de 0,20 de tartre et de 0,20 d'acide bo- rique ; et celle qui a été rendue soluble par le sous-borate de soude serait une combinaison chimique de crème de tartre et de borate de soude. La crème de tartre soluble doit être préférée pour l'usage médical à la crème de tartre ordinaire toutes les fois qu'on voudra la donner dans de l'eau, car celle-ci exige soixante fois son poids de ce liquide pour pouvoir être dissoute à froid. Ce médicament est à4a-fois purgatif, apéritif, diuré- tique et anti-septique ; on l'administre comme purgatif, de- puis demi-once jusqu'à deux onces , seul ou dans une tisane acidulé. On l'emploie dans beaucoup d'ictères, dans cer- tains engorgemens non squirrheux du foie, dans plusieurs hydropisies qui sont la suite de maladies inflammatoires, dans la goutte, dans les fièvres putrides , etc. ; on l'incor- pore quelquefois dans des bols et des pilules, et alors on en donne 20 , 5o ou 80 grains par jour. 613. Le tartrate de soude et le tartrate d'ammoniaque sont le produit de l'art; ils cristallisent en aiguilles solubles dans l'eau, et n'ont point d'usages. 614. Tartrate acidulé de soude. lise dissout dans 12 parties d'eau froide ; traité par l'acide borique ou par les borates solubles, il donne des composés très-acides, déliquescens, et solubles dans la moitié de leur poids d'eau. 615. Tartrate de potasse et de soude (sel de Seignette , sel de la Rochelle ). On ne le trouve pas dans la nature ; on peut l'obtenir cristallisé en prismes à huit ou dix pans inégaux ; mais le plus souvent ces prismes se trouvent coupés dans la direction de leur axe. Il est inaltérable à l'air, soluble dans environ cinq fois son poids d'eau froide et dans une beaucoup plus petite quantité d'eau bouillante ; il a une légère saveur amère. Suivant M- Vaucpielin il est formé de 54 parties de tartrate de potasse et de 46 d- 3S SECONDE PARTIE. tartrate de soude. Il est employé en médecine comme purgatif, à la dose de 3 , 6 ou 8 gros. 616. Tartrate de potasse et de fer. Il est sous la forme de petites aiguilles d'une couleur verdâtre, solubles dans l'eau et ayant une saveur styptique. La potasse, la soude, l'ammoniaque, ni les sous-carbonates de ces bases ne troublent point la dissolution de ce sel ; l'acide hydro- sulfui iquela décompose et s'empare de l'oxide de fer, tandis que l'acide tartarique mis à nu forme, avec le tartrate de potasse, du tartrate acide moins soluble. Les diverses pré- parations connues sous les noms de tartre martial soluble, ou de tartre chalybé, de teinture de mars de Ludovic, de teinture de mars lartarisée, de boules de Nancy, sont formées par ce sel double. Nous indiquerons ailleurs la manière de les obtenir; elles sont employées en médecine dans tous les cas où les préparations ferrugineuses sont indiquées. Le tartre martial se donne en boisson , ou sous la forme de bol , depuis 12 grains jusqu'à un scrupule. La teinture de marstartarisée s'administre en potion, à la dose de 3o ou 36 grains jusqu'à un gros et demi; on fait prendre de temps en temps une cuillerée de celte potion : il en est de même de la teinture de mars de Ludovic, qui est encore plus astringente que la précédente. On emploie Y eau de boule, qui n'est que la dissolution aqueuse de la boule de Nancy, comme tonique , en douches ou en lotions, dans les entorses, dans les empâtemens légers des parties ex- ternes , etc. ; on l'administre aussi à l'intérieur pour arrêter les dévoiemeus, dans la chlorose, etc. (V. Fer, t. Ier, § 357. ) 617. Tartrate de potasse et de protoxide d'antimoine ( émétique, lartre stibié). On ne le trouve jamais dans la nature. Il cristallise en tétraèdres réguliers, ou en pyramides triangulaires, ou en octaèdres allongés, incolores, trans- parens, doués d'une saveur caustique et nauséabonde ; il rougit Yinfusum de tournesol. Lorsqu'on le chauffe DES TARTT.ATr. S. 3û dans un creuset il norcit, se décompose à la manière des substances végétales, répand de la fumée, et laisse pour résidu de l'antimoine métallique et du sous-carbonate de potasse blanc ; si on le met sur des charbons rouges, on obtient des résultats analogues au bout d'une ou de deux minutes : il est évident que, dans ce cas, l'oxide d'antimoine est réduit par le charbon provenant de l'acide tartarique décomposé. L'émétique exposé à l'air s'y efïleurit. Cent parties d'eau bouillante en dissolvent 53 parties, tandis que la même quantité d'eau froide n'en dissout que 7 parties environ ; du reste, cette dissolution n'est pas dé- composée par l'eau comme cela arrive avec les sels antimo- niaux simples. ( Voy. t. Ier, pag. 375 ). L'acide sulfurique et les sulfates acides en précipitent du sous-sulfate d'anti- moine blanc, soluble dans un excès d'acide. Les sous- sulfates et les sulfates neutres des deux premières sections ne la décomposent point. La potasse en précipite sur-le- champ l'oxide blanc, et le précipité se redissout dans un excès d'alcali, h'eau de chaux la décompose également et y fait naître un dépôt blanc très-épais de tartrate de chaux et de tartrate d'antimoine, soluble dans l'acide nitrique pur. Le sous-carbonate de soude y fait naître également un pré- cipité blanc qui est de l'oxide plus ou moins carbonate. Les hydro-sulfates solubles en séparent du sous-hydro-sulfate d'antimoine jaune orangé, qui passe au rouge brun par une nouvelle quantité d'hydro-sulfate. Uinfusum alcoolique de noix de galle est le réactif le plus sensible pour décou- vrir les atomes d'émélique dissous; aussitôt que l'on mêle ces deux dissolutions, on obtient un précipité abondant, caillebotté, d'un blanc grisâtre, tirant un peu sur le jaune, qui contient l'antimoine plus ou moins oxidé , comme on peut s'en convaincre en le traitant par l'acide nitrique. Les sucs des plantes, les décodions extractives des bois, des racines, des éeorces amères et astringentes, précipitent la 4° SECONDE PARTIE. dissolution d'émétique en jaune rougeàtre; le précipité est formé d'oxide d'antimoine , de matière végétale et de crème de tartre; d'où il suit que l'on ne doit jamais ad- ministrer ce médicament avec ces sortes de décoctions. Qn emploie le tartre stibié, i° comme émélique , depuis la dose d'un demi-grain jusqu'à 6, 8 ou io grains, et même plus, suivant l'âge , le sexe , le tempérament et les circonstances ; on le donne dissous dans l'eau distillée , ou dans de l'eau de rivière pure; on peut aussi l'associer à quelques sulfates purgatifs sans qu'il se décompose ; 2° comme purgatif, on en administre un grain dans une pinte de petit-lait ou de tout autre liquide approprié. On le donne dans les fiè\ res bilieuses continues, dans l'apoplexie séreuse, etc. On remarque souvent, dans les affections céré- brales et autres , que l'émétique agit simplement comme altérant, sans déterminer ni vomissement ni selles , même lorsqu'il est employé à la dose d'un gros dans les vingt-quatre heures , propriété qui a conduit certains praticiens à l'em- ployer dans une foule de cas où il n'y avait pas urgence d'évacuer. M. Magendie a prouvé que l'émétique n'agissait qu'après avoir été absorbé, et que s'il n'était pas expulsé après avoir été pris à assez forte dose, il occasionnait l'in- flammation de l'estomac et du système pulmonaire, et ne tardait pas à déterminer la mort. ( Voyez mon ouvrage de Toxicologie', tom. Ier, partie ire.) Les infusions de noix de galle , de quinquina et de joutes les écorces astringen- tes, sont les remèdes les plus efficaces pour décomposer l'émétique dans l'estomac, et pour l'empêcher d'exercer son action délétère. De l'Acide citrique. Cet acide se trouve dans le citron et dans l'orange ; les fruits rouges, le fruit du sorbier des oiseaux, etc., doivent leur acidité aux acides citrique et malique. DE L'ACIDE CITRIQUE. 41 6i8. Il cristallise en prismes rhomboïdaux, dont les pans Bont inclinés entr'eux d'environ 6o° et 1200 , terminés par des sommets àquatre faces trapézoïdales, qui interceptent les angles solides, doués d'une saveur très-acide, qui devient très-agréable lorsqu'ils sont dissous dans une grande quan- tité d'eau. Chauffé dans des vaisseaux fermés, l'acide ci- trique se décompose et fournit les mêmes produits que les autres matières végétales (voy. pag. 11 de ce vol.); une por- tion d'acide non décomposé , dit-on , se volatilise. L'acide nitrique le transforme, à l'aide delà chaleur, en acide oxali- que. 11 est inaltérable à l'air. Trois parties d'eau à 180 en dissolvent 4 parties; ce solutum, exposé à l'air, se couvre de moisissures en se décomposant. Il ne s'unit à la potasse que dans une proportion. Il précipite en blanc les eaux de baryte et de strontiane : un excès d'acide redissout ces citrates. Il neutralise l'eau de chaux sans la précipiter ; mais si l'on fait bouillir celte dissolution , le citrate cal- caire se dépose. Il ne précipite pas non plus les nitrates d'argent et de mercure. Il trouble, au contraire, l'acétate de plomb. L'on voit, par ce qui précède , que l'acide ci- trique peut se combiner avec un assez grand nombre de bases : voici l'ordre d'affinité de plusieurs de ces bases pour cet acide : baryte, strontiane, chaux, potasse, soude, ammoniaque et magnésie. Cent parties de cet acide cris- tallisé renferment, suivant M. Berzelius , 79 parties d'acide et 21 parties d'eau. D'après le même chimiste , l'acide desséché est formé de MM. Gay-LnssacetThcn. Carbone............. • 4*,$1 55>8i » Oxigène............. 54,85 $9,859 Hydrogène........... 5,8o 6,55o 100 100 La différence de ces analyses provient sans doute de jusqu'à 10 ou 12 grains en poudre, dans l'alcool ou dans une conserve ; il fait partie des pi- lules de Morlon. Des Benzoates. Tous les benzoates sont décomposables par le feu ; ceux de potasse, de chaux et d'ammoniaque sont très-solubles dans l'eau ; ceux qui sont formés par les autres oxides des deux premières sections, et par les oxides de zinc et d'argent sont solubles ; enfin, ceux de mercure, d'étain, de cuivre , de cérium sont insolubles. Les acides puissans décomposent tous les benzoates en s'emparant de l'oxide métallique , 44 S E C O N D i: V A R T I E. en sorte que si l'on verse de l'acide hydro-chlorique ou nitrique dans un benzoate dissous , on obtient un précipite blanc d'acide benzoïque. 621. Les benzoates de potasse et de soude se trou vent dan s l'urine des animaux herbivores : le premier, lorsqu'il est légèrement acide , cristallise facilement en petites lames ou en aiguilles minces, solubles dans 10 parties deau, et douées d'une saveur légèrement acre ; il précipite les sels de peroxide de fer. 622. Benzoate de chaux. Chauffé dans des vaisseaux fer- més, il fond , se décompose et fournit, i° de l'eau ; 20 une huile très-liquide, ayant une odeur et une saveur semblables à celle du baume du Pérou ; 3° de l'acide benzoïque ; 4° du carbonate de chaux et du charbon. De l'Acide gallique. L'acide gallique se trouve dans la noix de galle et dans un très-grand nombre d'écorces ; il est toujours uni au tannin , substance que l'on a regardée à tort , pendant long-temps , comme un principe immédiat. 623. 11 cristallise en petites aiguilles blanches, bril- lantes , ayant une saveur acide marquée sans être forle, et rougissant Yinfusum de tournesol. Chauffé dans des vaisseaux fermés , il est en partie sublimé et en partie décomposé ; s'il a, au contraire , le contact de l'air , il absorbe l'oxigène avec dégagement de calorique et de lumière. A la température ordinaire, l'air ne fait éprouver aucune altération à l'acide gallique solide ; l'eau bouillante. en dissout le tiers de son poids, tandis qu'il n'est soluble que dans 20 parties d'eau froide : cette dissolution se couvre de moisissures par le contact de l'air. L'acide gallique est très-soluble dans l'alcool. Il est converti en acide oxali- que par l'acide nitrique. Il n'altère point la transparence de la potasse, de la soude ni de l'ammoniaque ; mais les DE L'ACIDE QTJINïQTJE. 4^ gallates qui en résultent ont une couleur fauve. Vei'3e en petite quanlité dans les eaux de chaux, de baryte ou de strontiane, il les précipite en blanc verdàtre ; ce précipité passe au violet, et finit par disparaître si l'on ajoute une nouvelle quantité d'acide ; alors le gallate acide est rou- geâtre. Il colore en bleu foncé les dissolutions de peroxide de fer, et il n'agit pas sur les autres sels métalliques s'il est pur; mais il en précipite un très-grand nombre lorsqu'il est uni au tannin: aussi l'infusion de noix de galle, prin- cipalement formée de tannin et d'acide gallique, et dont nous nous sommes souvent servis en faisant l'histoire des métaux, décompose-t elle un assez grand nombre de ces dissolutions. L'acide gallique pur n'a point d'usage; on l'emploie souvent uni au tannin. Nous ne ferons point l'histoire des gallates , sels peu importans et fort peu connus. De l'Acide quinique. 624. L'acide quinique a été découvert, par M. Vauquelin, dans le quinate de chaux, relire de l'extrait de quinquina par M. Deschamps ; il ne s'est trouvé jusqu'à présent que dans cette écorce. Il cristallise en lames divergentes ; il a une saveur très-acide, nullement amère ; il rougit fortement Yinfusum de tournesol. Il est décomposé par la chaleur; il est inaltérable à l'air et très-soluble dans l'eau. Il forme des sels solubles et cristallisables avec les oxides des deux premières classes; enfin, il ne précipite pas les nitrates d'argent , de mercure et de plomb. Il est sans usages. De l'Acide morique (moroxalique ou morolinique). 6i5. L'acide morique, découvert par Klaproth dans une concrétion de morale de chaux recueillie sur l'écorce du morus alba (mûrier blanc), cristallise en petits prismes 46 SECONDE PARTIE. ou en aiguilles très-fines , de couleur de bois pâle ; il a une saveur acre et rougit Yinfusum de tournesol. Chauffe dans des vaisseaux fermés , il donne une eau acide et un sublimé blanc, en cristaux prismatiques d'acide non altéré. Il est très-sol uble dans l'eau et dans l'alcool; il n'éprouve au- cune altération delà part de l'air; il forme avec la potasse, la soude et l'ammoniaque, des sels très-solubles. Le morate de chaux exige soixante-six fois son poids d'eau froide pour se dissoudre, et vingt-huit fois son poids d'eau bouillante. L'acide morique ne précipite point les dissolutions métal- liques des quatre dernières sections. Il est sans usages. De l'Acide mellitique (honigstique). 626. L'acide mellitique n'a été trouvé jusqu'à présent que dans la pierre de miel (mellite, honigstein), oùil estcorabiné avec l'alumine ; il a été découvert par Klaproth ; il cris- tallise en petits prismes durs , isolés , ou en aiguilles fines qui se réunissent en globules rayonnes ; il a une saveur douce, acide et amère ; il est décomposé par la chaleur ; il est peu soluble dans l'eau ; il n'agit point sur l'acide ni- trique ; il précipite en blanc les eaux de chaux, de baryte, de strontiane, et même le sulfate de chaux, ce qui pour- rait le faire confondre avec l'acide oxalique; mais il en diffère, 1 ° par la propriété qu'il a de redissoudre le mel- lilate de chaux ; 20 parce qu'il forme avec la potasse deux mellitates, l'un neutre, qui cristallise en longs prismes groupés ; l'autre acide, également cristallisable et suscep- tible de précipiter la dissolution d'alun, tandis que l'oxa- late acide de potasse ne la trouble point. Les mcllitates de soude et d'ammoniaque sont solubles dans l'eau et crii- lallisent, le premier en cubes ou en tables triangulaires, et le second en prismes à six pans, eiïïorescens. L'acide mellitique trouble à la longue la dissolution d'hydro- chlorate de baryte, et en précipite du mellitate de Laryce DE L'ACIDE FUNGIQUE. 47 en aiguilles fines très-transparentes ; enfin il précipite les acétates de baryte , de cuivre et de plomb, ainsi que les nitrates de mercure et de fer : ces divers précipités se re- dissolvent dans l'acide nitrique pur. 11 est sans usages. De l'Acide succinique. 627. L'acide succinique se trouve dans l'ambre ouïe suc- ci n ; il cristallise en prismes aplatis, qui paraissent rhom- boïdaux; ils sont incolores, transparens, doués d'une saveur légèrement acre , et rougissent Yinfusum de tournesol. Sou- mis à l'action de la chaleur , il se décompose en partie ; la portion non décomposée se sublime. Il est peu soluble dans l'eau, et inaltérable à l'air. Il forme avec la potasse un sel déliquescent. Les succinates de soude , d'ammo- niaque, de magnésie, d'alumine et de zinc sont solubles , tandis que ceux de baryte, de strontiane, de chaux, de plomb, de cérium et de cuivre sont insolubles ou peu so- lubles. L'acide succinique et les succinates de potasse ou de soude précipitent les sels de peroxide de fer , et ne précipitent pas ceux de protoxide de manganèse , en sorte qu'on pourrait s'en servir pour séparer ces deux oxides si leur emploi n'était pas aussi dispendieux. Ces produits sont sans usages. De V Acide fungique. 628. L'acide fungique, découvert par M. Braconnot, se trouve dans la plupart des champignons; il est incolore, incristallisable, déliquescent et doué d'une saveur très-aigre. Il forme avec la potasse et la soude des sels incristalli- sables, très-solubles dans l'eau, et insolubles dans l'alcool. Il décompose le solutum d'acétate de plomb , et le pré- cipité , blanc, floconneux, se dissout dans l'acide acétique ; enfin il transforme l'ammoniaque en fungate acidulé , sus- 48 SECONDE PARTIE. ceptible de cristalliser en prismes hexaèdres parfaitement réguliers. Il est sans usages. 629. Acide particulier retiré de la laque en bâton. Suivant M. John, la laque en bâton renferme un acide nouveau uni à une très-petite quantité de potasse et de chaux, à de la résine, et à quelques autres principes. Cet acide peut cristalliser ; il a une couleur d'un jaune de vin très-clair ; sa saveur est acide ; il est soluble dans l'eau , dans l'alcool et dans l'éther; il n'altère point la transpa- rence de l'eau de chaux , ni des nitrates d'argent et de ba- ryte; il précipite en blanc les sels de fer oxides , les disso- lutions de plomb et de mercure. Il forme avec la chaux , la potasse et la soude des sels déliquescens , solubles dans l'alcool, et dont on ignore la forme cristalline. De l'Acide méconique. 63o. M. Sertuerner, dans un mémoire récent sur Y opium, établit l'existence d'un nouvel acide végétal dont il a fort peu étudié les caractères et auquel il donne le nom d'acide méconique. Cet acide est solide, incolore, d'une saveur aigre , fusible dans son eau de cristallisation et susceptible d'être sublimé en longues et belles aiguilles ; il paraît avoir beaucoup d'affinité pour l'oxide de fer, et il précipite l'hy- dro-chlorate de ce métal en beau rouge cerise, lors même qu'il contient un excès d'acide faible ; il forme avec la chaux un sel acide cristallisable en prismes, peu soluble dans l'eau et indécomposable par l'acide sulfurique. Il ne paraît pas exercer sur l'économie animale une action très- remarquable , puisque M. Sertuerner en a pris 5 grains sans en éprouver aucun effet. Suivant cet auteur, le principe cristallisable de Vopium, découvert par M. Derosne , est un véritable sel formé d'acide méconique et de morphine 7 substance alcaline très-remarquable, dont nous ferons l'his- toire dans la section des matières végéto-animales'. L'acide «k l'acide camphorique. 49 méconique sur lequel, comme on voit, nous avons si peu de données , est maintenant l'objet des recherches de quel- ques chimistes distingués, et nous devons espérer que son histoire ne lardera pas à eue complète. section m. De l'Acide camphorique. 631. L'acide camphorique cristallise en parallélipipèdes opaques et blancs ; il a une saveur légèrement amère , une odeur analogue à celle du safran ; il rougit Yinfusum de tournesol. Chauffé dans une cornue , il se décompose, et fournit, i° une matière blanche, opaque, non cristallisée, douée d'une saveur légèrement acide et piquante, qui se condense dans le col de la cornue ; 2° de l'eau contenant une petite quantité d'acide acétique ; 3° une huile brune , très-épaisse; 4° une très-petite quantité de charbon. Il est inaltérable à l'air. Onze parties d'eau bouillante suffisent pour dissoudre une partie d'acide camphorique, tandis qu'il en faut ioo parties à la température ordinaire. Cent parties d'alcool en dissolvent 106 parties à froid; l'alcool bouillant le dissout en toutes proportions. Les acides mi- néraux , les huiles fixes et volatiles peuvent également en opérer la dissolution. J\ forme avec la potasse un sel acide qui cristallise en petits prismes, si toutefois on a laissé évaporer spontanément la dissolution concentrée jusqu'en consistance de sirop clair ; ce sel fond dans son eau de cristallisation lorsqu'on le chauffe. L'acide camphorique peut transformer en camphorate soluble un peu plus de la moitié de son poids de carbonate de chaux ; ce camphorate est toujours acide ; chauffé, il se dessèche, et ne fond pas , bientôt après, il se décompose, et fournit, i° de l'eau empy- reumatique, ayant quelque analogie avec celle du romarin; a° une huile épaisse; 3° du carbonate de chaux, qui reste 5o SECONDE PARTIE. dans la cornue avec du charbon; on n'obtient aucun subli- mé d'acide camphorique ni d'aucune autre matière, comme cela avait été annoncé. On ne connaît point les autres camphorates. L'acide camphorique n'a point d'usages. De VAcide mucique ( muqueux, sacc/iolactiqne ). 632. L'acide mucique a été découvert par Schéele. Il est Ijlanc, pulvérulent, comme terreux, rougissant faiblement Yinfusum de tournesol, et avant une saveur peu acide. Il est décompoé par le feu , et donne, outre les produits désignés § 571 , en parlant de l'action du calorique sur les substances» végétales , une matière blanchâtre qui se sublime sous la forme de lames, d'après Scbéele. Il est inaltérable à l'air, insoluble dans l'alcool, et peu so- luble dans l'eau; 60 parties de ce dernier liquide à 120 peu- vent en dissoudre une partie, tandis qu'à la température! de l'ébullition , il paraît n'en exiger que l5 ou 16. Le solu- tum précipite en blanc les eaux de chaux , de barvte et de strontiane, et le mucate déposé se dissout dans un excès d'acide. Il n'altère point les sels de magnésie , d'alumine , les hydro-chlorates d'élain et de mercure , les sulfates de fer, de cuivre, de zinc et de manganèse ; il précipite , au contraire , i'acétate , le nitrate , l'hydro-chlorate de plomb, et les nitrates d'argent et de mercure. Chauffé avec les sous- carbonates de potasse, de soude et d'ammoniaque , il en dégage le gaz acide carbonique avec effervescence. Il n'a point d'usages. Il est formé , d'après les expériences de JiyiM. Gay-Lussac et Thenard, de : Carbone........................... 33,69. Oxigène........................... 6,1,69. Hydrogène......................... 5}62. DE L ACIDE SUEÉRIQUE. 5l Des Mucates. 633. Ils sont tous décomposés par le feu ; la plupart sont insolubles dans l'eau et décomposables par presque tous les acides forts ; si l'on verse un de ces acides dans une dissolution de mucate de potasse , de soude ou d'am- moniaque , on obtient un précipité blanc d'acide mu- cique. Les eaux de chaux , de baryte et de strontiane , et un assez grand nombre de dissolutions salines, précipitent également les mucates solubles. Le mucate de potasse se dissout dans huit fois son poids d'eau froide , et peut être obtenu cristallisé ; celui de soude n'exige que 5 parties de ce liquide pour être dissous. De l'Acide pyro-tartarique. 634» Cet acide a été découvert par Rose. Il est solide, cristallisable, doué d'une saveur très - acide , et rougit fortement Yinfusum de tournesol. Il est en partie décom- posé , en partie volatilisé par le feu ; chauffé à l'air, il na laisse aucun résidu charbonneux. Il se dissout parfaitement dans l'eau, et le solutum fournit des cristaux par l'évapora- tion ; il forme avec les six alcalis des pyro-tarlrates solubles ; il précipite le nitrate de mercure. Il se distingue de l'acide tartarique , 1 ° en ce qu'il ne précipite pas les acétates de ba- ryte, de chaux et de plomb ; 20 en ce qu'il forme avec la potasse un pyro-lartrate déliquescent, cristallisable en lames, qui ne devient pas moins soluble par un excès d'acide pyro- tartarique. Ce pyro-tartrate précipite en outre l'acétate de plomb, ce qui distingue l'acide pyro-tartarique de l'acide acétique. Il est sans usages. De l'Acide subérique. 635. L'acide subérique, découvert par Brugnatelli, est sous la forme d'une poudre blanche , d'une saveur peu mar- 02 SECONDE PARTIE. quée , ayant fort peu d'action sur le tournesol. Chauffé graduellement dans une cornue, il se fond comme de la graisse, et peut être obtenu cristallisé par le refroidisse- ment, surtout si on l'agite contre les parois du vase lors- qu'il est fondu ; chauffé plus fortement , il se sublime prcsqu'cn entier sous la forme de longues aiguilles ; la portion non volatilisée se décompose , et laisse un peu'de charbon dans la cornue. Lorsqu'on le met sur des charbons incandescens, il fond et répand une fumée qui a l'odeur du suif. Il est soluble dans 38 parties d'eau à 6o°, tandis qu'il en exige 80 à la température de i3°. L'alcool le dis- sout beaucoup mieux : aussi l'eau versée dans le solutum alcoolique en précipite-t-elle une portion. Les nitrates de plomb, dé mercure et d'argent, Thydro-chlorate d'étain , le proto-sulfate de fer et l'acétate de plomb, sont préci- pités par cet acide , qui ne trouble point au contraire les dissolutions de sulfate de cuivre et de zinc. Il n'a point d'usage. Les subérates sont décomposés par le feu, excepté ceux de potasse, de squde et d'ammoniaque; ils sont pour la plupart insolubles ou peu solubles. Les acides un peu forts précipitent l'acide subérique qui entre dans la composition des subérates solubles ; ceux - ci décomposent presque toutes les dissolutions salines neutres des quatre dernières classes. Les subérates de potasse et SECONDE PARTIE. acides dont nous avons déjà parlé, savoir : l'acide ma- lique, oxalique, saccholactique ou subérique; la quantité de ces acides sera toujours moindre que celle du principe immédiat décomposé; enfin il pourra rester encore dans la cornue une portion d'acide nitrique non décomposé, de l'eau, un peu d'acide acétique, etc. Théorie. Une portion de l'oxigène de l'acide nitrique s'unit à une certaine quan- tité d'hydrogène et de carbone du principe immédiat pour former de l'eau et de l'acide carbonique; une autre portion d'oxigène de l'acide nitrique forme, avec une nouvelle quantité d'hydrogène et de carbone, de l'acide acétique; l'acide nitrique, ainsi privé de son oxigène, se trouve trans- formé en gaz acide nitreux, en gaz deutoxide d'azote, ou en azote; une portion de cet azote se combine avec une partie d'hydrogène et de carbone du principe immédiat pour don- ner naissance à de l'acide hydro-cyanique. Cela étant posé, que doit devenir ce principe immédiat qui a cédé tant d'hy- drogène et de carbone pour donner naissance à de l'eau et aux acides carbonique, acétique et hydro-cyanique ? Il est évident qu'il doit se trouver transformé en un corps très-oxigéné , puisqu'il n'a point perdu d'oxigène et qu'il a cédé une grande partie de son hydrogène et de son carbone ; ce corps oxigéné est effectivement l'acide malique, oxalique , saccholactique ou subérique, qui, comme nous l'avons dit, reste dans la cornue. Plus la quantité d'hydrogène et de carbone cédée est considérable, plus l'acide qui en résulte est oxigéné; c'est ainsi que le sucre , qui peut donner , soumis à cetle opération,- de l'acide malique ou de l'acide oxalique, se transforme d'abord en acide malique qui est moins oxigéné eue l'acide oxalique. Ces principes immédiats, chauffés avec les sels précédem- ment étudiés, agissent sur eux comme le charbon ; en effet par l'action delà chaleur la matière végétale se trouvedécom- posée et ne laisse pour résidu que du charbon très-divisé. DES SUCRES. % Du Sucre. 642. On donne le nom de sucre à toute substance solide ou liquide , douée d'une saveur douce , soluble dans l'eau , soluble dans l'alcool, d'une pesanteur de o,83 , suscep- tible d'éprouver la fermentation alcoolique lorsqu'elle, est mise en contact avec des proportions convenables d'eau et de ferment, et ne donnant point d'acide mucique lorsqu'on la traite à chaud par l'acide nitrique. On connaît plusieurs espèces de sucre. ilc Espèce. Sucre de canne. Ce sucre se trouve dans la tige de toutes les plantes du genre arundo, et principalement dans Yarundo saccha- rifer'a; on le rencontre aussi dans la sève de Yacer'mon* tanum (érable), dans la betterave, la châtaigne, le navet, l'oignon, et dans toutes les racines douces. 11 cristallise en prismes quadrilatères ou hexaèdres, incolores , terminés par des sommets dièdres et quelquefois trièdres, auxquels 011 donne le nom de sucre candi; sa pesanleur spécifique est, suivant Fahrenheit, de i,6o65. Il est inaltérable à l'air; uni au tiers de son poids d'eau, il forme un sirop épais qui se conserve long-temps , mais qui ne tarde pas à s'altérer par le contact de l'air si on l'éicnd d'une plus grande quantité de liquide: il paraît aussi se décomposer lorsqu'on l'expose pendant long-lemps à une température de 60 ou 8o° ; du moins la majeure partie du sucre qu'il renferme perd la propriété de cristalliser. La dissolution aqueuse du sucre devient aussi incristallisable et astrin- gente par son mélange avec la potasse, la soude , la chaux, la baryte et la strontiane ; mais si on en sépare ces alcalis au moyen des acides, elle acquiert de nouveau la propriété de cristalliser} à moins que le sucre n'ait éié décomposé 60 SE COIS DE PARTIE. par son ébullition avec ces oxides. La litharge peut ê-tre dissoute dans l'eau si on la fait bouillir avec du sucre. L'eau sucréen'esltroubléenipar le squs-acétatede plomb, ni par aucun autre réactif, excepté par l'hydro-chlorate de deutoxide de mercure ( sublimé corrosif dissous), qui y fait naître , au bout de quelques jours, un précipité de proto- chlorure de mercure (calomélas) et de sucre altéré. Cependant le sucre peut, à l'aide de la chaleur, décom- poser un certain nombre de dissolutions métalliques r comme l'a prouvé M. Vogel, et comme nous l'avions déjà fait entrevoir. (Voyez Toxicologie générale, tom. iv., Addition, article Vert-de-gris. ) L?acétate de cuivre est décomposé par ce produit ; l'acide acétique se dégage ; il se précipite du protoxide de cuivre, et la liqueur ren- ferme , suivant M. Vogel, du proto - acétate de cuivre, tandis que l'on obtient du cuivre métallique avec le sulfate. Le nitrate et l'hydro - chlorate de deutoxide de cuivre sont transformés, par le sucre, en sels à base de protoxide. Le nitrate d'argent et l'hydro-chlorate d'or sont aussi décomposés avec la plus grande facilité. Lenitrate de mercure est réduit. Le deutoxide de mercure, Yhydrç- chlorate et Y acétate de ce même deutoxide, sont ramenés par le sucre à un degré inférieur d'oxidalion. Il n'agit point sur les sels dont les métaux décomposent l'eau, comme ceux de fer, d'étain, de zinc , de manganèse, etc. Il est évident que, dans toutes ces circonstances, le carbone et l'hydrogène du sucre s'emparent d'une portion ou de la tota- lité de l'oxigène qui entre dans la composition de l'oxide métallique. Le sucre de canne est très-peu soluble dans l'alcool con- centré. Il est formé, diaprés MM. Gay-Lussac et Thenard, de Carbone.......................... . 42,47 . Oxigène........................... 5o,63. Hydrogène........................... 6,90 ^ DES SUCRES. (3i On se sert de ce produit immédiat pour la préparation du sucre d'orge : pour cela , on fait bouillir l'eau sucrée et on la concentre jusqu'à ce qu'elle soit susceptible de fournir une masse fragile et transparente quand on la met dans l'eau ; alors on la coule sur une table imbibée d'huile, et on la coupe en petits cylindres lorsqu'elle est encore molle. Le sucre entre dans la composition d'un très-grand nombre d'alimens, de boissons et de médicamens. M. Magendie a fait, dans ces derniers temps , des expériences sur les chiens, qui l'ont conduit à admettre que le sucre, ainsi que tous les autres alimens privés d'azote, ne nourrissent point ; qu'ils sont cependant facilement digérés, et qu'ils fournissent un chyle incapable d'entretenir la vie au-delà de 3o ou de 4© jours environ. On a cru pendant quelque temps que le sucre était le contre-poison du vert-de-gris et des sels mercuriaux; mais nous avons prouvé qu'il ne pouvait être regardé comme tel, puisqu'il n'a pas la propriété de décomposer ce* pré- parations dans l'estomac, et que d'ailleurs, lorsqu'on le fait prendre à des animaux empoisonnés par le vert-de-gris, et que Ton s'oppose au vomissement des matières ingérées > ces animaux périssent, et l'on observe tous les symptômes et les mêmes altérations organiques auxquels donne lieu le vert-de-gris sans mélange de sucre. Cette substance ne peut donc être utile dans cet empoisonnement que comme adoucissante. 11e Espèce. Sucre de raisin. Il se trouve dans le raisin, dans le miel et dans une multitude de fruits, d'où il peut être séparé avec faci- lité ; mais on peut aussi l'obtenir avec l'amidon, de l'eau et de l'acide sulfurique. (Voyez Amidon, pag. 65.) L'urine des malades atteints de diabètes sucré renferme quelquefois C2 SECONDE PARTIE. du sucre cristallisable entièrement analogue au sucre de raisin : il a été caractérisé par M. Proust. Il est sous la forme de petits grains réunis en une espèce de tubercule, ou bien il cristallise en petites aiguilles ; il a une saveur fraîche qui unit par être sucrée; il se fond à une douce chaleur. Il est bien moins soluble dans l'eau froide que le précédent, car il en faut deux fois et demie autant que du sucre de canne pour que l'eau acquière une saveur sucrée aussi forte ; il est plus soluble dans l'eau et dans l'alcool bouillans que dans ces liquides froids : aussi se dépose-t-il en grande partie à mesure que leur température diminue ; sa dissolution aqueuse moisit assez promptement. On peut faire avec ce sucre un sirop que l'on emploie avec succès dans la préparation des compotes, des fruits à l'eau-de-vie, etc. ; mais sa saveur n'est pas assez agréable pour qu'il puisse remplacer l'espèce précédente dans un très-grand nombre de cas où elle est employée, par exemple, pour sucrer l'eau, le café, etc. 111e Espèce. Sucre des Champignons. Cette espèce, découverte par M. Braconnot, cristallise en prismes quadrilatères à base carrée, lorsqu'on aban- donne sa dissolution aqueuse à l'évaporation spontanée ; mais si la cristallisation est opérée promptement, on a des aiguilles soyeuses très-fines. Les acides n'enlèvent point à cette substance la propriété de cristalliser, comme cela a lieu avec le sucre de canne ; elle est moins soluble dans l'eau que ce dernier, et n'a point d'usages. ive Espèce. Sucre liquide. Plusieurs chimistes regardent le sucre liquide inci istal- lisable qui se Irouve dans la canne , dans la betterave , dans le miel, etc., comme une espèce particulière, caractérisée, i° par son état liquide; 2° par sa couleur, qui est constant- DU MIEL. 6.1 ment jaune. M. Chevreul, qui ne partage pas cette opinion, pense que le sucre liquide est une combinaison d'un sucre cristallisable , dont l'espèce peut varier, avec un autre prin- cipe qui surmonte la force de cohésion du premier. On emploie la mélasse ou le sucre liquide pour obtenir l'alcool ; il suffit pour cela de la faire fermenter avec de la levure de bière ou du levain de pâte d'orge délayés dans de l'eau tiède. D'après M. Chaptal, ioo litres de mélasse fournie par la betterave, donnent 33 litres d'esprit-de-vin à 220, qui n'a point de mauvais goût, et qui est infiniment plus piquant que celui que l'on retire par tout autre procédé. Du Miel. Le miel de bonne qualité est entièrement formé, i° de eucre liquide incristallisable; 2°de sucre cristallisable sem- blable à celui de raisin ; 3° d'un principe aromatique : tel est le miel de Mahon , du mont Hymette, du mont Ida et de Cuba ; il est liquide , blanc et transparent. Le miel de seconde qualité contient en outre de la cire et de l'acide; il est blanc et grenu comme, par exemple, celui de Narbonne et du Gâtinais (1). Enfin le miel de qualité inférieure, comme celui de Bretagne, qui est d'un rouge brun, et dont la saveur est acre et l'odeur désagréable , renferme encore du couvain, qui lui donne la propriété de fermenter lors- qu'on l'étend d'eau, pourvu que la température soit à i5° ou 180 thermomètre centigrade : il se forme alors une li- queur alcoolique sucrée connue sous le rxom. d'hydromel. M. Bucholz, en examinant l'action du miel privé d'acide (1) Si après avoir délayé ce miel dans un peu d'alcool, on le presse fortement dans un sac de toile serrée, celui-ci retiendra le sucre cristallisable, tandis que le sucre liquide dissous par l'alcool passera à travers les pores , et pourra être obtenu par la simple évaporalion du liquide. "4 SECONDE PARTIE. yur le borax, a établi, i° que ces deux substances se com- binent chimiquement, et qu'il en résulte une matière dé- liquescente, incristallisable, ne verdissant pas le sirop de violette, ne rougissant pas le papier de curcuma, qu'il regarde comme un sel nouveau ; 20 que 2 onces de borax deviennent solubles, à l'aide du miel, dans 5 onces d'eau , tandis que le borax seul exigerait 32 onces de ce liquide à 180; 3° que les proportions les plus convenables pour la saturation réciproque sont parties égales de miel et de borax. On n'est pas d'accord sur l'existence du miel dans les plantes ; quelques naturalistes pensent que le suc sucré et visqueux recueilli par les abeilles dans les nectaires et sur les feuilles de quelques végétaux, a besoin d'être élaboré par l'animal pour être converti en miel, tandis que d'autres embrassent l'opinion contraire. Le miel est employé avec succès à la préparation d'un très-bon sirop connu sous le nom de sirop de miel : pour l'obtenir on fait bouillir dans une bassine , pendant deux minutes , 100 onces de miel, une once et demie de craie (Garbonatedechaux)et i3 onces d'eau ; on y ajoute 5 onces de charbon pulvérisé, lavé et séché, et 7 onces d'eau dans laquelle on a délayé deux blancs d'oeuf; on agite le mélange, que l'on continue à faire bouillir pendant deux minutes ; on retire la bassine du feu, et au bout de 7 à 8 minutes, on passe le sirop à travers la chausse. On peut ensuite traiter le résidu par l'eau chaude, que l'on fait évaporer pour avoir un sirop de seconde qualité. Le miel doit être regardé comme relâchant et émoi* lient ; associé à des boissons adoucissantes, il est employé dans les catarrhes pulmonaires ; on l'administre dans cer- tains cas de constipations longues ; on fait usage de Yhy- dromel comme rafraîchissant et anti-putride ; on l'emploie encore pourédulcorerle colchique, la scille, etc. TJoximel, DE LA MANNITE. (15 regardé comme un résolutif expectorant, et dont on se sert dans les fièvres bilieuses, au commencement des fièvres putrides-, etc., n'est autre chose que du miel uni au vinai Te. De la Mannite (substance cristallisable de la manne ). La mannite n'a été trouvée jusqu'à présent que dans les diverses espèces de manne, surtout de la manne en larmes, qui en est presqu'entièrement formée. Elle -est solide, blanche , inodore, douée d'une saveur fraîche et sucrée „ qui n'est pas nauséabonde ; elle cristallise en prismes quadrangulaires Irès-fins , demi-transparens ; elle est dé- composée par le feu , ne s'altère point à l'air et se dissout très-bien dans l'eau; l'alcool bouillant en opère bien, la dissolution ; mais la majeure partie se précipite, par le re- froidissement, sous la forme de petits grains cristallins ; traitée par l'acide nitrique, elle fournit de l'acide oxalique et ne donne pas un atome d'acide mucique ( saccholactique); elle ne peut éprouver la fermentation spiritueuse ou alcoo- lique ; sa dissolution aqueuse n'est point précipitée par le «ous-acétate de plomb. Elle n'a point d'usagés. Du Principe doux des huiles. 643. Schéele a admis dans les huiles grasses un principe doux, liquide, d'une saveur douce, déliquescent, ne donnant pas d'alcool lorsqu'on le met en contact avee du ferment, susceptible d'être transformé en acide oxalique au moyen de l'acide nitrique, etc. ; mais il paraît, d'après les expériences faites par M. Frémy, que ce principe ne se trouve pas tout formé dans les huiles, et qu'il est le résultat de l'action qu'exerce la litharge, dont on se sert pour le préparer, sur ces matières grasses. 11. 5 66 SECONDE PARTIE. De la Fécule amilacée ( amidon). 6^4' Ce produit immédiat existe dans les graines de toutes les légumineuses et des graminées , dans les palmiers, dans les marrons, le9 châtaignes, les pommes de terre, les ra- cines d'arum, de bryone, de plusieurs espèces dejatropha, d'orchis, etc. Il est en petits cristaux brillans, ou sous la forme d'une poudre blanche , insipide, inodore. Il est décomposé par le feu à la manière des substances végétales ( § 571 ) ; cette décomposition a lieu avec beaucoup plus d'intensité et avec dégagement de calorique et de lumière, si la fécule est projetée sur un corps incandescent placé dans l'atmosphère. 11 est inaltérable à l'air, insoluble dans l'al- cool, dans l'éther et dans l'eau froide ; il se dissout cependant dans ce dernier liquide s'il a été légèrement torréfié, prépara- tion qui parait changer un peu sa nature. Il est soluble dans l'eau bouillante ; la dissolution, concentrée, se prend en gelée par le refroidissement ; cette gelée, connue sous le nom d'empoix, se décompose à l'air et devient acide. MM. Colin et Gaulthier de Claubry ont fait voir que lorsqu'on triture l'amidon avec une suffisante quantité d'iode, le composé acquiert une couleur noire; si l'on emploie moins d'iode, il devient d'un très-beau bleu; en- fin il est violet, et même blanc , si la quantité d'iode employé va toujours en diminuant. On peut obtenir cons- tamment la couleur bleue en faisant dissoudre le composé noir dans la potasse liquide, et précipitant la dissolution par un acide végétal ; ce composé se dissout dans l'acide sulfurique faible, auquel il communique une belle couleur bleue. 645. Si l'on fait bouillirpendant trente-six heures, comme l'a prouvé M. Kirschoff, 100 parties d'amidon délayées dans 4oo parties d'eau contenant une partie d'acide sulfurique con- centré , on observe, si toutefois l'on a soin de remplaces DE IA FÉCULE AMILACÉE. Gj l'eau à mesure qu'elle s'évapore, que l'amidon se trans- forme en une matière sucrée, semblable au sucre de rai- sin et susceptible d'éprouver la fermentation alcoolique : l'acide n'est point décomposé, et il ne se dégage aucun gaz. L'acide sulfurique, suivant M. Th. de Saussure, n'agit qu'en diminuant la viscosité de la dissolution aqueuse de l'amidon, tandis que celui - ci se combine avec une certaine quantité d'eau, ou du moins avec les élémens de ce liquide; en effet, M. de Saussure , en comparant l'ana- lyse de l'amidon à celle du sucre obtenu, a trouvé que ioo parties d'amidon supposé sec et privé de matières ter- reuses , fixent, dans cette expérience, 24,62 parties d'eau ; cependant, loin d'obtenir 124,62 parties de sucre, on n'en forme que 80 ou 90 pour 100, ce qui doit être attri- bué à ce que l'amidon employé est humide, impur, et que d'ailleurs il y a toujours quelque perte. L'acide sulfurique concentré charbonne l'amidon. L'acide nitrique étendu d'eau le dissout à froid; si on chauffe le mélange, il se forme de l'acide malique, de l'acide oxalique, et une matière grasse ; mais il ne se produit point d'acide mucique. La potasse liquide dissout l'amidon, et la disso- lution est précipitée par les acides, qui s'emparent de l'al- cali. L'amidon contient : Gty-Lussac et Theu, Berrelim; Th. de Saussure» Carbone............ 43,55 45»oa7 45>59 Oxigène............ 49>6o> 49»583 48»5ï Hydrogène......... 6,77 7,090 5,3o Azote.............. 0,00 0,000 0,40 La fécule préparée avec le blé ou avec l'orge, celle qui constitue véritablement l'amidon, sert à faire l'empoix; elle entre dans la composition de la farine et des dragées ; enfin elle constitue la poudre à poudrer. On emploie en médecine, sous le nom de sagcu, la fécule du cycas cir- c> SECONDE V A 1\TIE. cinalis, et celle de Yorchis mono, que l'en nomme sàlep. Ces substances mucilagineuses , comme toutes les variétés de fécwle , conviennent aux personnes épuisées par des excès vénériens, par des veilles continues, par des maladies longues, telles que la phthisie purulente, les diarrhées séreuses-j etc. \ on les administre en décoction , depuis 2 gros jusqu'à demi-once, dans 2 pintes d'eau que l'on fait réduire aune, et que l'on aromatise avec la cannelle, la zédoaire, etc.; quelquefois aussi on rapproche assez la décoction pour en faire une crème. La fécule de pomme de terre est employée dans la préparation du pain. De VInuline. 6l\6. L'inuline, découverte par Rose, et étudiée ensuite par M. Gaulthier de Claubry, se trouve dans la racine d'aul- née ou éAécampe ( inula helenium ) ; elle est sous forme de poudreblanch.e, insoluble,semblable à l'amidon, mais dont on peut la distinguer aux propriétés suivantes : i° elle se dissout très-bien dans une petite quantité d'eau à 6o° ther- momètre vcentigrade, sans donner une gelée, et se dépose par le refroidissement en une poudre blanche ; 20 elle ne donne pas d*e trace d'huile à la distillation ; 3° elle forme avec l'iode un composé jaune verdâtre ; 4° elle se dissout dans l'acide sulfurique concentré sans odeur d'acide sulfureux, et l'ammoniaque peut la précipiter de cette dissolution. Elle n'a point dVsages, .Des Gommes. 647« On donne le nmn dégomme aux produits immédiats des végétaux incristallisiables, insolubles dans l'alcool, formant avec l'eau un mucilage plus ou moins épais j don- nant avec l'acide nitrique > à l'aide de la chaleur, d© DE LA COMME ARATWQeE. 6û l'acide mucique (saccholactique), et n'étant point suscep- tibles d'éprouver la fermentation alcoolique. On connaît plusieurs espèces de gomme. ire Espèce. Gomme arabique. La gomme arabique se trouve dans plusieurs espèces de mimosa qui croissent sur les bords du Nil et dans l'Arabie ; on la rencontre aussi dans deux espèces d'arbres qui bor- dent le fleuve Sénégal, et que les naturels appellent uerek et nebueb, de là le nom de gomme du Sénégal, sous lequel elle est également connue. Elle se présente sous la forme de petites masses jau- nâtres, transparentes, concaves d'un côté, convexes de l'autre, fragiles et par conséquent faciles à réduire en poudre. La gomme du Sénégal est quelquefois orangée; elle est assez soluble dans l'eau, et forme avec ce liquide un mu- cilage qui n'est pas à beaucoup près aussi épais que celui que donne l'espèce suivante. Elle diffère encore de la gomme adragant, i° en ce qu'elle donne moins de char- bon lorsqu'on la décompose par le feu ; 2° en ce qu'elle fournit moins d'acide mucique quand elle est traitée par l'acide nitrique. Suivant M. Vauquelin, la gomme arabique la plus pure contient de l'acétate ou du malate de chaux, et une petite quantité de phosphate de chaux et de fer. On l'emploie pour donner du lustre aux étoffes et du brillant à certaines couleurs; elle sert à la préparation des pastilles ; enfin on en fait un grand usage en méde- cine, à raison de ses propriétés adoucissantes, expecto- rantes, etc. : on l'administre avec sueccès dans les catarrhes pulmonaires, les diarrhées, les dysenteries, les maladies des voies urinaires, dans les empoisonnemens par les sub- stances acres et corrosives, etc.; on en fait dissoudre un gros ou un gros et demi dans une pinte et demie d'eau qmr 7° SECONDE PARTIE. l'on fait bouillir. La gomme arabique est formée, d'après MM. Gay-Lussac et Thenard, de, Carbone.......................... 42»2^ Oxigène.......................... 5o,8 \ Hydrogène........................ 6,y5 2e Espèce. Gomme adragant. La gomme adragant se trouve dans Yastragalus tra- gacantha, qui croit dans l'île de Crète et dans les îles envi- ronnantes. Elle se présente sous la forme de petites masses blanches, opaques, semblables à de petits rubans entor- tillés; elle ne se réduit bien en poudre qu'autant que l'on a fait chauffer le mortier, phénomène qui dépend de ce qu'elle est légèrement ductile. Elle donne plus de charbon à la distillation que la précédente, et plus d'acide mucique lorsqu'on la traite par l'acide nitrique. Suivant M. Bucholz, la gomme adragant est composée de 57 parties d'une matière analogue à la gomme arabique, très-soluble dans l'eau froide, et de 43 parties d'un prin- cipe susceptible de se gonfler et de prendre l'aspect gélati- neux lorsqu'on le met dans l'eau froide, qui du reste ne le dissout point ; l'eau bouillante opère parfaitement la dis- solution de ce principe, et paraît le décomposer, du moins il perd la propriété de se gonfler lorsqu'on le met de nou- veau dans ce liquide froid, et il y devient soluble à la manière des mucilages. Une partie de gomme adragant et 60 parties d'eau froide donnent un mucilage épais ; une partie de la même substance et 100 parties d'eau, forment un liquide aussi consistant que celui que l'on obtient avec une partie de gomme arabique et 4 parties du même liquide. Une partie de gomme adragant et 36o parties d'eau donnent encore un liquide mucilagineux. Cette espèce de gomme partage les propriétés médicinales de la gomme arabique ; mais son DE LA BASSOïlINE n\ mucilage est tellement épais qu'on ne l'emploie guère qu'à la préparation des loochs. On connaît encore, sous le nom de gomme du pays ( gummi nostras) , un produit solide fourni par les arbres fruitiers à noyau, et sous le nom dégomme de graines et de racines, une matière mucilagineuse qui se trouve dans la graine de lin, dans les racines des malvacées, etc. On emploie la première pour donner du brillant à l'encre et à quelques autres couleurs; on fait un fréquent usage de la dernière pour préparer les cataplasmes émolliens et la plu- part des tisanes adoucissantes. Ces produits ne diffèrent des gommes que nous avons décrites que par une moins grande pureté : aussi ne les avons-nous pas considérés comme des espèces particulières. De la Bassorine. 648. Suivant M. J. Pelletier, la gomme de Bassora, exa- minée par M. Vauquelin, doit être regardée comme un prin- cipe immédiat particulier ; on la trouve dans l'assafœtida, le bdellium, l'euphorbe, le sagapenum, 1 e nostoc, etc. M. Des- vaux pense que la gomme de Bassora est le produit d'une plante grasse, et peut-être d'un cactus. Elle est solide, demi transparente, insipide et inodore. Soumise à la dis- tillation , elle fournit de l'eau, de l'huile, de l'acide acé- tique, du gaz acide carbonique et du gaz hydrogène carboné, enfin un charbon contenant de la chaux et de l'oxide de fer. L'eau , quelle que soit sa température, la gonfle consi- dérablement sans la dissoudre. L'acide nitrique affaibli la dissout presque complètement à l'aide de la chaleur; il ne reste qu'une petite quantité de matière jaunâtre ; l'alcool précipite de ce solutum une substance analogue à la gomme arabique. Les acides hydro-chlorique et acétique agissent sur elle comme l'acide nitrique, excepté que le résidu, au lieu d'être jaune, est blanc. Elle est sans usages. 72 SECONDE PATI TIC. Du Ligneux. 649. Le ligneux constitue presque à lui seul le bois; il entre dans la composition de la tige, des fleurs , des fruits et des racines; ces deux dernières parties ne renferment, à la vérité, qu'un atome de ligneux, d'après les expériences récentes de M. Clément ; néanmoins on peut affirmer qu'il est le plus abondant de tous les produits immédiats des végétaux. Le papier blanc doit être regardé comme du ligneux pur ; le chanvre et le lin sont aussi formés par ce principe immédiat, uni, à la vérité, à un très-petit nombre de matières étrangères, dont on n'a pas pu le pri- ver par la fermentation. Le ligneux est solide , incristalli- sable et formé de fibres d'un blanc sale ; il est insipide, incolore, et plus pesant que l'eau. Nous avons exposé, page 54 et suivantes, l'action du calorique, de l'air et de l'acide sulfurique sur ce produit. Il ne se dissout dans aucun liquide; il forme avec l'acide nitrique une gelée qui finit par se convertir en acide oxalique. Les alcalis ne l'attaquent qu'avec la plus grande difficulté. Il est com- posé , d'après MM. Gay-Lussac et Thenard, de, Carbone.......................... 51,45 Oxigène.......................... 4a,-- 3 Hydrogène........................ 5,82 Les usages du ligneux pur ( papier), du chanvre, du lin, du bois et des produits formés par ce principe immédiat, sont si généralement connus, que nous pouvons nous dis-. ' penser de les énumérer. De la Subérine. 65o. M. Chevreul regarde la substance qui constitue le tissu du liège, et celui de l'épiderme de plusieurs végétaux, comme un principe immédiat particulier, auquel il a donné DE L'OLIVILL. 73 le nom de subérine: il est caractérisé par la propriété de fournir de l'acide subérique quand on le décompose au moyen de l'acide nitrique. Moelle de sureau. 651. Suivant le même savant, la moelle de sureau consti- tuerait aussi une nouvelle espèce de principe immédiat. Elle ressemble à la subérine par sa structure; mais elle en dif- fère en ce qu'elle ne donne point d'acide subérique par l'acide nitrique; chauffée dans des vaisseaux fermés, elle laisse près de o,25 de charbon, tandis que le ligneux n'en fournit que de 0,17 à 0,18. De V OU vile. 652. Suivant M. Pelletier, il existe dan s la gomme d'olivier un principe particulier auquel il a donné le nom d'olivile; nous le rangeons ici parce qu'il paraît tenir le milieu entre les substances de cette classe et celles de la classe suivante. L'olivile est sous forme de poudre blanche, brillante, amilacée, ou bien en petites lamelles ou en aiguilles aplaties; elle est inodore et douée d'une saveur amère, sucrée et aromatique; elle fond et jaunit à la tempéra- ture de 700 thermomètre centigrade. Soumise à la dis- tillation , elle se comporte comme les autres principes de cette classe. Ueau froide la dissout à peine; mais elle est soluble dans 32 parties de ce liquide bouillant ;de solutum devient laiteux et opaque à mesure qu'il se refroidit ; il re- prend sa transparence si on le fait bouillir de nouveau; et si on continue l'ébullition pendant quelque temps , l'oli- vile se sépare, paraît à la surface de la liqueur comme une substance oléagineuse, et se solidifie par le refroidissement. 1^alcool n'agit presque pas sur l'olivile à froid ; mais il la dissout en toutes proportions à l'aide de la chaleur ; la dis- solution, saturée, précipite par l'eau des flocons blancs, so- 74 SECONDE PARTIE. lubies dans un excès de ce dernier liquide. Véther est sans action sur l'olivile pure. Les huiles fixes ou volatiles n'a- gissent point sur elle à froid; à chaud elles en dissolvent une certaine quantité. L'acide acétique concentré la dissout à toutes les températures, et la liqueur ne précipite pas par l'eau. L'acide sulfurique concentré la charbonne. L'acide nitrique la dissout à froid, et se colore en rouge foncé ; si on élève un peu la température, il la décompose en se dé- composant lui-même, et fournit une Irès-granJe quantité d'acide oxalique. Les a/cafts étendus d*eau, dissolvent l'oli- vile sans l'altérer. Le sous-acétate de plomb précipite de sa solution aqueuse des flocons très-blancs, solubles dans l'a- cide acétique; l'acétate de plomb neutre la précipite égale- ment, mais avec moins d'énergie. L'olivile est sans usages. CLASSE IIL Des Principes immédiats dans lesquels l'hydrogène est en excès par rapport à l'oxigène. 653. Cesprincipes immédiats contiennent tous une très- grande quantité de carbone; ce corps simple y est d'autant plus abondant que l'excès d'hydrogène, par rapporta l'oxi- gène, est plus considérable. On trouve dans cette classe les substances grasses, la cire, les résines, le camphre, le caout- chouc, l'alcool, les ethers et l'esprit pyro-acétique. La plupart de ces produits sont plus légers que l'eau; ils sont très-fusi- bles; chauffés avec le contact de l'air, if s absorbent l'oxigène avec énergie etavec dégagememvde calorique et de lumière. Il en est qui se volatilisent facilement lorsqu'on les soumet à la distillation ; d'autres se décomposent; aucun ne résiste à l'action d'une chaleur rouge, et ils fournissent tous, en se décomposant, beaucoup de gaz hydrogène carboné, du charbon et une certaine quantité de gaz oxide de carbone. L'eau ne dissout guère que l'alcool, et il n'en est aucun qui DES SUBSTANCES GRASSES. <~S éprouve dans ce liquide l'altération putride dont nous avons parié ( § 639 ). Les acides sulfurique, nitrique, etc., agissent sur eux d'une manière plus ou moins analogue à celle qu'ils exercent sur les principes de la classe précédente ; cette action ne peut être exposée d'une manière exacte que dans les histoires particulières. La plupart d'entre eux se com- binent avec un certain nombre d'oxides métalliques, et peuvent même être décomposés par eux. Des Substances grasses. 654- On avait cru jusque dans ces derniers temps que les huiles fixes, les diverses espèces de graisse fournies par les animaux, et le beurre, étaient des principes immédiats particuliers. M. Chevreul a publié récemment une série de Mémoires remplis de faits précieux , entièrement nou- veaux, à l'aide desquels il renverse cette opinion , et il dé- montre, i° que ces substances sont constamment composées de deux principes particuliers, nullement acides, qu'il a fait connaître sous les noms de stéarine et d'élaïne ; 20 que quelques-unes d'entre elles contiennent en outre un prin- cipe odorant; 3° que, par la réaction des huiles et des ma- tières grasses sur les alcalis, il se forme deux hydracides gras, que l'on doit aussi regarder comme des principes immédiats, et auxquels il a donné les noms d'acide marga- rique et d'acide oléique ; 4° que le blanc de baleine est un principe immédiat particulier, qu'il désigne sous le nom de cétine; 5° enfin, qu'il existe un autre principe immédiat acide résultant de l'action des alcalis sur la cétine, auquel il a donné le nom d'acide cétique. . Les résultats de ce beau travail nous tracent naturelle- ment la marche que nous avons à suivre dans l'histoire compliquée des substances grasses. Nous la diviserons eu trois sections : dans la première, nous parlerons des prin- cipes immédiats dont elles sont formées, et de ceux qui 7^ SECONDE PARTIE. sont le résultat de leur action sur les alcalis; dans la se- conde, nous parlerons des graisses et des huiles ; dans la troisième, nous ferons connaître tout ce qui concerne les savons, ou l'action des substances grasses sur les oxides métalliques. Nous aurions peut-être dû traiter des huiles, des graisses et des savons à la section où nous devons parler des substances végétales composées; mais nous avons crû préférable pour l'étude de réunir ici tout ce qui est relatif aux corps gras saponifiables ; nous ne renvoyons pas non plus à la chimie animale l'histoire des graisses qui peuvent être saponifiées ; en effet ces substances , formées d'hydro- gène , de carbone et d'oxigène, comme la plupart des matières végétales, ressemblent entièrement aux huiles. 5 Ier. Des Principes immédiats gras susceptibles d'être saponifiés. Ces principes sont au nombre de six, la stéarine, l'élaïne, la cétine, les acides margarique, oléique et cétique : ces trois derniers paraissent être de véritables hydracides ; les autres, au contraire, sont plutôt alcalins qu'acides. De la Stéarine. 655. La stéaiine, découverte par M. Chevreul, a été décrite d'abord sous le nom de substance grasse de la graisse ; sa dénomination actuelle est dérivée de arsap, suif; unie à l'élaïne, elle constitue la graisse d'homme, de mouton, de bœuf, de porc, d'oie. Elle n'est fluide qu'au-dessus de 38° thermomètre centi- grade; la stéarine d'homme , de mouton, de bœuf et d'oie se présente sous la forme d'une masse dont la surface est plane et comme composée d'une multitude de petites ai- guilles ou d'étoiles microscopiques; celle de porc est en masses dont la surface est inégale, et semble aussi formée de petites aiguilles; elle est incolore, insipide, très-peu DE L'ÉLAÏNE. 77 odorante et sans action sur Yinfusum de tournesol. Cent parties d'alcool d'une densité de o,7g52 , bouillant, ont dissous 2i,5o de stéarine d'homme, 16,07 de stéarine de mouton, i5,48 de stéarine de bœuf, i8,25 de stéarine de porc, 36,oo de stéarine d'oie. Chauffée avec de la potasse caustique à l'alcool et de l'eau, la stéarine est décomposée, et donne une masse sa- vonneuse, formée de potasse, de beaucoup d'acide marga- rique et d'un peu d'acide oléique, et une matière soluble dans laquelle on trouve un principe particulier appelé principe doux. Ces diverses substances sont produites en vertu de l'affinité qui existe entre l'alcali et les acides oléi- que et margarique, en sorte que le savon obtenu est du sur- margarate et de l'oléate de potasse. La stéarine d'homme a fourni, par sa réaction sur la potasse, 94,9 de savon et5,i de matière soluble; celle de mouton, 94,6 de savon et 5,4 de matière soluble ; celle de bœuf, 95,1 et 4,9 ; celle de porc, 94,65 et 5,35; enfin celle d'oie, 94,4 et 5,6 de matière soluble. La stéarine pure n'est pas employée; mais elle joue un très-grand rôle dans la saponification des graisses. De VÉlaïne. 656. L'élaïne, découverte par M. Chevreul, fut décrite d'abord sous le nom de substance huileuse de la graisse ; sa dénomination actuelle est dérivée de e^aiov, huile; unie à la stéarine elle constitue la graisse d'homme, de mou- ton, de bœuf, de porc, de jaguar, d'oie. L'élaïne est fluide à la température de 7 à 8° thermom. centigrade; elle est incolore ou d'un jaune citrin, presque inodore, et plus légère que l'eau; sa'densité varie suivant h plus fusum de tournesol. L'alcool à o,7952 dissout au moin* 7$ SECONDE PARTIE. son poids d'élaïne à la température de 75 à 780 thermom.1 centigrade, et le solutum en dépose une plus ou moins grande quantité par le refroidissement, suivant l'espèce d'animal à laquelle appartient l'élaïne. Chauffée avec de la potasse caustique à 1 alcool et de l'eau , l'élaïne est décomposée et transformée en une espèce de savon, et .en une certaine quantité de matière solu- ble ; le savon est composé de potasse, de beaucoup d'ac ide oléique et d'un peu d'acide margarique, ou bien d'oléate et de margarate de potasse ; la matière soluble renferme le principe doux. Les élaïnes de mouton, de porc, de jaguar, d'oie, extraites par l'alcool et traitées de cette manière, ont fourni à M. Chevreul 89 parties de savon et 11 parties de matière soluble ; celle de bœuf, extraite de la même ma- nière, a donné 92,6 de savon et 7,4 de matière soluble; mais comme ces élaïnes avaient éprouvé un commencement d'altération, on fit des essais sur ces substances pures, et on trouva que l'élaïne humaine se convertit en 95 de savon et en 5 de matière soluble, et l'élaïne de porc, parfaitement incolore, en 94 de la première et en 6 de la seconde. On ne fait point usage de l'élaïne pure ; mais la transformation des graisses en savon dépend entièrement de la décomposi- tion de l'élaïne et de la stéarine opérée par l'alcali. De la Cétine ( blanc de baleine, spermaceti ). 657. La cétine entre dans la composition de la graisse de plusieurs cétacés ; elle existe en plus grande quanlité dans le tissu cellulaire interposé entre les membranes du cerveau de diverses espèces de cachalot, principalement du phy- seter macrocephalus. Elle est solide, sous la forme de lames brillantes, incolores, douces au toucher, peu odorantes, fragiles et sans action sur Yinfusum de tournesol. Elle fond à 44°>68 thermomètre centigrade. Distillée, elle fournit DE l'ACIBE MARGARIQUE. 7Q une assez grande quantité de cristaux lamelleux, jaunâtres, une matière brunâtre, de l'eau acide, une huile empyreu- matique, et très-peu de charbon. Elle est soluble dans l'alcool bouillant, d'où elle se dépose presqu'en totalité par le refroidissement sous la forme de lames. Lorsqu'on la fait digérer pendant quelques jours avec quatre fois son poids d'eau et la moitié de son poids environ de potasse à l'alcool, on obtient un liquide jaune , et une masse vis- queuse, demi-transparente, qui devient opaque et plus solide par le refroidissement; cette niasse est un savon com- posé d'alcali et de deux acides : l'un d'eux porte le nom d'acide cétique, l'autre est fort peu connu. Suivant M. Che- vreul, ce savon contient encore une matière jaune et une huile volatile ; le liquide coloré en jaune renferme un atome d'une matière rousse amère. Ces faits prouvent que la cétine est décomposée par l'alcali, et que le savon qui en résulte est principalement fo mé de cétate dépotasse. La cétine n'est point transformée en acide rétique par l'action de l'acide nitrique, tandis que la cholestér'ne (adipocire, ou substance cristallisable des calculs biliaires ) passe à l'état d'acide cholestérique lorsqu'on la traite par l'acide nitrique. ( MM. Pelletier et Caventou. ) De VAcide margarique (margarine). 658. L'acide margarique, découvert par M. Chevreul, fut d'abord décrit sous le nom de margarine. Il est le produit de l'art, et se forme toutes les fois que l'on traite par la chaleur un alcali avec de la graisse de porc, de mouton, de bœuf, de jaguar, d'oie et d'homme. Il est solide, d'un blanc nacré, insipide, d'une odeur faible, analogue à celle de la cire blanche ; il est plus léger que l'eau; il ne rougit pas Yinfu- sum de tournesol à froid; mais à l'aide de la chaleur l'acide se ramollit, et la couleur bleue passe au rouge. A 56°, 56 th. 8o SECONDE PARTIE. centigrade, il se fond en un liquide incolore, très-limpide, qui cristallise par le refroidissement en aiguilles brillantes du plus beau blanc. Distillé,il se volatilise en grande partie ; la portion décom- posée fournit du chaibon et un produit qui paraît être de l'huile empyreumatique volatile unie à de l'acide acétique ; il ne se dégage que très-peu de gaz. Il est insoluble dans IVau. Cent parties d'alcool d'une pesanteur de 0,816 en dissolvent, à la température de 75° th. centigr., 189,79 parties ; la disso- lution se prend par le refroidissement subit en une masse solide; tandis qu'elle fournit des aiguilles qui se réunissent en étoiles si elle n'est pas très-saturéc d'acide, et si la tempé- rature diminue par degrés. L'acide margarique décompose le sous-carbonate de potasse à l'aide de la chaleur, et en dégage le gaz acide carbonique. On peut combiner l'acide margarique avec la potasse, Ja soude, la baryte, la strontiane, la chaux et le protoxide de plomb; les margarates obtenus sont entièrement ana- logues aux savons. 65g. Lorsqu'on fait chauffer 4o grammes d'acide marga- rique, 24 grammes de potasse à l'alcool et 160 grammes d'eau, on obtient une masse blanche, opaque, qui, après avoir été pressée entre deux papiers Joseph et traitée par l'alcool, se dissout, et laisse déposer par le refroidissement des aiguil- les qui constituent le margarate neutre de potasse. Ce sel est blanc, moins doux au toucher que le sur-margarate ; sa saveur est faible et légèrement alcaline; agité dans une grande quantité d'eau froide il se décompose en potasse et en sur-margarate insoluble ; l'eau chaude le dissout com- plètement; mais il se dépose par le refroidissement du sur- margarate et un mucilage épais. L'alcool bouillant peut en dissoudre environ 9 parties. Il est formé de 100 parties d'acide margarique et de 18,14 de potasse. 660. Sur-margarate de potasse ( margarate acide ou DE LACIDE MARGARIQUE. 8 I matière nacrée ). II est solide, nacré, doux au toucher, presque sans saveur; il ne se fond pas lorsqu'on le chauffe au bain-marie ; il est insoluble dans l'eau froide ; l'eau bouil^ lante se combine avec lui et le divise sans le dissoudre • ce- pendant elle en sépare une très-petite portion de potasse. Il se dissout dans 318 parties d'alcool d'une pesanteur de o,834 et à la température de 200 ; tandis que 100 parties du même liquide à 670 en dissolvent 31,37 parties; ce solutum alcoo- lique est précipité par l'eau, qui s'empare de l'alcool et d'une portion de potasse ; le dépôt contient nécessairement moins d'alcali. Ce sel est formé ^ d'après M. Chevreul d'environ 100 parties de margarine et de 8,88 de potasse. 661. En faisant bouillir 20 grammes d'acide margarique, 80 grammes d'eau, et 12 grammes de soude, on obtient un savon très-dur sous la forme de grumeaux, soluble dans l'alcool bouillant, qui se prend en une belle gelée trans- parente par le refroidissement de la liqueur, mais qui de- vient peu à peu opaque; il paraît formé de 100 parties d'acide margarique et de 11,68 de soude. Ce savon, ou ce margarate de soude, se décompose par l'eau comme celui de potasse ; mais avec beaucoup plus de difficulté. 662. Lorsqu'on fait bouillir avec précaution, et pendant deux heures, de l'eau de baryte et de l'acide margarique, on obtient un savon (margarate) composé de 100 d'acide et de 28,93 de baryte; celui que fournit la strontiane placée dans les mêmes circonstances est formé de 100 d'acide et 30,a3 de strontiane. Si l'on verse de l'hydro-chlorate de chaux dissous et bouillant dans une dissolution de mar- garate de potasse saturée d'alcali, on obtient un précipité qui est du margarate de chaux (savon), et qui donne à l'a- nalyse 100 d'acide margarique et 11,06 de chaux. En fai- sant bouillir de l'acide margarique avec du sous-acétate de plomb, en épuisant la masse obtenue par l'eau, et en la traitant par l'alcool, il se dépose par le refroidissement 82 SECONDE PARTIE. t Une quantité notable de savon de plomb composé de roc* parties d'acide et de 83,78 de protoxide de plomb. De l'Acide oléique. 663. L'acide oléique, découvert par M. Chevreul, qui lui donna d'abord le nom de graisse fluide, ne se trouve pas dans la nature; il se produit toutes les fois que l'on traite convenablement parles alcalis la graisse du porc, de l'homme, du bœuf, du mouton, de l'oie, etc. A la température de 6° -{- o , l'acide oléique est sous la forme d'aiguilles blanches, tandis qu'il est liquide et légèrement jaunâtre au-dessus de cette température ; il a une odeur et une sa- veur rances; sa pesanteur spécifique est de 0,898 à 190 th. centigrade. Il rougit Yinfusum de tournesol ; il est inso- luble dans l'eau et très-soluble dans l'alcool. Il forme avec la potasse deux sels, un sur-oléate insoluble dans l'eau , rougissant Yinfusum de tournesol, et un oléate qui, mis dans l'eau, se gonfle, devient gélatineux, demi-transparent, et finit par se dissoudre complètement si le liquide est en quantité suffisante ; il est déliquescent. L'acide oléiqueforme avec la soude un oléate solide, dur, n'attirant pas l'humi- dité de l'air et étant soluble dans l'eau et dans l'alcool. Il peut décomposer le carbonate de baryte et de strontiane, et donner naissance à des oléates. Uni à la potasse , il décom- pose les sels solubles de chaux ,'de magnésie, de zinc, de cuivre, de cobalt, de nickel, de chrome, et y fait naître des précipités qui sont des oléates ou des savons de l'une ou de' l'autre de ces bases. De l'Acide cétique. 664 « Cet acide, découvert encore par M. Chevreul, qui le décrivit d'abord sous le nom de spcrmaceti saponifié, est un produit de l'art ; il se forme lorsqu'on traite convena- blement le spermaceti, ou blanc de baleine, par les alcalis. déeagrAissE. 83 11 est insipide et inodore; il entre en fusioh, comme le spermaceii, à la température de 44 à 46° th. centigrade - mais il ne fournit pas, comme lui, des lames brillantes par le refroidissement. Il est insoluble dans l'eau. Il n'exige pas même son poids d'alcool bouillant pour être tenu en dissolution ; le solutum dépose par le refroidissement des cristaux lamelleux, brillans, et se prend ensuite en masse 5 il rougit Yinfusum de tournesol; maismoins fortement que l'acide margarique. L'acide cétique se combine aisément, à la- chaleur de l'ébullition, avec la potasse caustique dissoute dans l'eau, et fournit une matière gélatineuse, demi-transparente, insoluble dans l'eau, qui devient opaque et blanche en se refroidissant. Cette matière, qui est un Savon, et que l'on peut appeler cétate de potasse, se dissout dans l'alcool bouillant, et se dépose en grande partie par le refroidisse- ment; ainsi déposée, lavée à plusieurs reprises avec l'al- cool froid, et pressée, elle est décomposée par l'acide hydro-chlorique, qui forme avec la potasse un sel soluble, et précipite l'acide cétique. Suivant M. Chevreul, 100 parties de cet acide exigent pour être saturées 8,29 de potasse. § II. Des Substances grasses composées. Ces substances sont les diverses espèces de giaisse d'homme, de mouton, de bœuf, etc., et les huiles. Nous allons parler d'abord des graisses. De la Graissei, Ce que nous allons dire de général sur la graisse s'ap- plique seulement à la graisse d'homme, de mouton, de bèuf, de jaguar et d'oie. L'analyse qui en a été faite par M. Chevreul prouve que ces diverses substances sontformées de stéarine et d elaïne. 84 SECONDE PARTIE. 665. La graisse se trouve dans tous les tissus des animaux ; elle est très-abondante sous la peau, près des reins, dans l'épiploon, à la base du cœur, à la surface des muscles, des intestins, etc. ; elle est quelquefois incolore et le plus sou- vent jaunâlre; tantôt elle est inodore, tantôt elle a une odeur agréable ou désagréable ; sa consistance varie aussi suivant les animaux et les parties qui l'ont fournie ; ainsi, telle espèce de graisse est fluide à i5° thermomètre centi- grade ; telle autre ne l'est pas à 24°; sa saveur est en géné- ral douce et fade ; elle ne rougit point Yinfusum de tour- nesol lorsqu'elle est paifaitement pure ; enfin elle est plus légère que l'eau. Soumise à l'action du calorique, la graisse fond très-faci- lement et se décompose si la température est un peu élevée. A une chaleur rouge et dans des vaisseaux fermés, elle fournit du gaz hydrogène carboné, du gaz oxide de carbone et du charbon, sans donner un atome d'azote. Si on la chauffe moins fortement dans un appareil distillatoire, on obtient un peu d'eau, du gaz acide carbonique , de l'acide acétique, de l'acide sébacique ( voyez Chimie animale'), beaucoup de gaz hydrogène carboné, une assez grande quantité d'une matière grasse ou huileuse, et fort peu de charbon spongieux et facile à incinérer. Les produits liqui- des , condensés dans le ballon, ontune odeur insupportable. Exposée à l'air, à la température ordinaire , la graisse rancit, acquiert de l'odeur et se colore ; on pense qu'elle absorbe l'oxigène de l'atmosphère , et se transforme en un acide qui a beaucoup de rapport avec l'acide sébacique. Si on élève la température, elle fond, se décompose, répand des fumées blanches , piquantes , se colore , et absorbe l'oxigène avec dégagement de calorique et de lumière. L'hydrogène, le bore, le carbone et l'azote ne paraissent pas avoir d'action sur elle. L'iode, le chlore , le soufre, le phosphore , les métaux et les acides agissent sur la graisse DE EA GRAISSE. 85 comme sur les huiles fixes. (Voyez pag. go.) L'eau n'en dissout pas un atome. 666. Lorsqu'on fait bouillir une de ces graisses avec de Yalcool d'une densité de 0,791 à 0,798 , une portion de graisse est dissoute ; si on laisse refroidirla liqueur décantée, il se dépose une matière formée de beaucoup de stéarine et d'un peu d'élaïne, et il reste dans le liquide beaucoup d'é- laïne avec un peu de stéarine. Si l'on traite la première de ces matières , celle qui est solide, avec de l'alcool bouillant, et à plusieurs reprises , on dissout l'élaïne, et on finit par avoir la stéarine pure; quanta la combinaison liquide avec excès d'élaïne, si on l'expose à l'action de l'air froid, le peu de stéarine qu'elle contient ne tarde pas à se solidifier et à se séparer ; on peut, par ce moyen, obtenir l'élaïne isolée : c'est en suivant ce procédé que l'on peut se procurer ces deux substances et faire l'analyse de la graisse. ( Chevreul. ) 66-y. Si l'on fait chauffer de la graisse avec de la potasse, de la soude , de la baryte, de la strontiane, de la chaux, de l'oxide de zinc ou du protoxide de plomb r et de l'eau, elle est décomposée, et il se forme de l'acide margari- que, de l'acide oléique, et un principe doux semblable à celui que Schéele a découvert dans l'huile d'olive traitée avec la litharge (voyez -p-ag. 65}; il se produit aussi quel- quefois deux principes, l'un colorant, l'autre odorant; les acides margarique et oléique formés se combinent avec la base employée, et donnent naissance à du savon qui est à- la-fois du margarate et de l'oléate ; le principe doux reste dans la liqueur. Le gaz oxigène n'est point nécessaire à la production de ces phénomènes, et il ne se forme point d'acide carbonique ni d'acide acétique. Il faut conclure de l'action de ces oxides sur la graisse que leur affinité pour los acides margarique et oléique est plus grande que celle qu'ils ont pour la stéarine et pour l'élaïne, et par conséquent qu'ils déterminent la décomposition de la graisse et sa transfoy- 86 SECONDE PARTIE. mation en deux matières acides et en un principe doux. Graisse humaine. Après avoir exposé les propriétés gé-> nérales de la graisse, nous devons entrer dans quelques détails relatifs à leur histoire particulière. La fluidité delà graisse humaine peut varier suivant les proportions de stéa- rine et d'élaïne qui entrent dans sa composition ; si celle-ci prédomine, elle pourra être fluide à i5°, tandis que le con- traire aura lieu si la stéarine en fait la majeure partie. Cent parties d'alcool bouillant, d'une densité de 0,821 , en ont dissous 2,48. Lorsqu'on saponifie 100 parties de cette graisse par une des bases indiquées ( § 667 ), on obtient g5 parties de matière savonneuse et 5 parties de matière soluble. La graisse des reins et celle du sein d'une femme ont fourni à M. Chevreul un savon qui, étant décomposé par l'eau, a donné un liquide doué d'une odeur de fromage extrêmement prononcée ; il n'en a pas été de même de la graisse des cuisses. Graisse de mouton (suif). Elle est incolore, presqu'ino- dore dans l'état de fraîcheur, mais elle acquiert une très- légère odeur de chandelle par son exposition à l'air ; sa consistance est assez ferme; 100 parties d'alcool bouillant à 0,821 en dissolvent 2,26 ; les acides et les alcalis la trans- forment en une substance analogue à la cire et en une huile très-soluble dans l'esprit-de-vin (Braconnot); saponifiées par les bases , 100 parties de cette graisse fournissent g5,1 de matière savonneuse , et 4,9 de matière soluble ; il se dé- veloppe pendant cette opération un principe odorant ana- logue à celui que les moutons exhalent dans certaines cir- constances. On emploie cette graisse pour faire du savon et de la chandelle, il parait que les chandeliers augmen- tent sa consistance et sa blancheur en y ajoutant un peu d'alun. Suivant quelques praticiens, le suif employé en lavemens, à la dose d'une ou de deux onces, est avan- tageux pour faire cesser les anciens dévoiemeus et quelques dysenteries. DE LA GRAISSE. 87 Graisse de porc ( axonge , saindoux ) Elle est molle, incolore , inodore lorsqu'elle est solide ; mais elle répand une odeur fade et très-désagréable si on la met dans de l'eau bouillante ; sasaveurest fade; elle fond à environ 270. Cent parties d'alcool bouillant, d'une densité de 0,816, eu dissolvent 2,80. Traitées par les bases salifiables , 100 parties de cette graisse ont fourni g\,^ de matière savon- neuse , 5,3 de matière soluble , et quelques traces d'une huile volatile et d'un corps orangé. On l'emploie comme aliment ; on en fait usage dans la corroierie, la hongroierie et l'éclairage ; elle sert à graisser les roues des voitures, etc. h'onguent napolitain est composé de parties égales de graisse de porc et de mercure métallique très-divisé par l'a- gitation ; Y onguent gris n'est autre chose que ce même on- guent étendu dans 7 parties d'axonge. Les expériences de M. Vogel prouvent que , dans ces préparations , le mercure est à l'état métallique et non pas à l'état d'oxide , comme on l'avait cru. La graisse oxigénée est le produit que l'on cblient enfaisaut chauffer cette graisse avec un dixième de son poids d'acide nitrique. \Jonguent citrin résulte du mé- lange du nitrate de mercure provenant de l'action de 90 grammes de mercure et de 120 grammes d'acide nitrique , avec un kilogramme de graisse : on commence par faire fondre celle-ci ; on y verse le nitrate, et on agile. L'axonge fait encore partie des pommades cosmétiques et de quelques autres préparations pharmaceutiques. Graisse de bœuf. Elle est d'un jaune pâle ; son odeur est très-légère; 100 parties d'alcool bouillant, d'une densité de 0,821, en dissolvent 2,52 ; saponifiée par les bases ( § 667 ), elle fournit g5 parties de matière savonneuse et 5 de matière soluble ; il se développe pendant cette opé- ration un principe odorant analogue à celui que les bœufs exhalent dans certaines circonstances. L'huile de pied de beuf est employée comme aliment, principalement pour 00 SECONDE PARTIE. les fritures ; la difficulté avec laquelle elle se fige et s épaissit fait qu'on la recherche pour le graissage des mécaniques. Graisse de jaguar. Elle a une couleur jaune orangée, et une odeur particulière et très-désagréable; ioo parties d'alcool bouillant à 0,821 en dissolvent 2,18; traitée par les bases salifiables , elle se saponifie, et acquiert une odeur forte, semblable à celle qui se répand quelquefois dans les ménageries d'animaux féroces. Graisse d'oie. Elle est légèrement colorée en jaune ; son odeur est agréable ; elle paraît être aussi fusible que la graisse de porc. Beurre. Le beurre pur est formé de stéarine , d'élaïne, d'acide bulirique (principe odorant) et d'un principe co- lorant; sa composition est donc un peu plus compliquée que celle des graisses ,• cependant on voit par les élémens qui le constituent, qu'il doit saponifier les alcalis. Nous reviendrons sur son histoire en parlant des substances ani- males. Des Huiles. On distingue les huiles en celles qui sont grasses ou fixes , et en celles qui sont volatiles ou essentielles ; les premières paraissent formées, comme les graisses, de deux principes immédiats particuliers. M. Chevreul, en imbibant d'huile d'olive un papier qui fut exposé ensuite à l'action du froid , en retira deux substances différentes : l'une solide, l'autre fluide. Les expériences récentes de M. Braconnot prouvent que la matière solide à laquelle ce chimiste donne le nom de suif est d'un blanc éclatant, inodore , peu sa- pide , d'une fermeté comparable au suif de bœuf, mais beaucoup plus fusible, car elle est liquide à 160 thermo- mètre de Réaumur. La matière liquide a l'odeur, la saveur et la couleur de l'huile d'olive; elle ne se fige plus à io° ~|- 0 Réaumur, comme le fait l'huile d'olive ordinaire, ce DES HUILES. 89 qui peut la rendre très-utile dans l'horlogerie. M. Bra- connot a retiré de 100 parties d'huile d'olive, à la tempé- rature de 5° thermomètre de Réaumur, 72 d'huile liquide, et 28 de suif; cependant la proportion de ces principes varie suivant que l'huile est de ile, de 2e ou de 3e qualité. Cent parties d'huile d'amandes douces, traitées par le même procédé, ont fourni 76 parties d'huile jaune et 24 d'un suif très-blanc, fusible à 5° thermomètre de Réaumur. Cent parties d'huile de colza ont donné 54 d'une huile fluide d'un beau jaune, et 46 de suif très-blanc, inodore, peu sapide , fusible à 60-j-o , que les acides transformaient en une masse filante comme la térébenthine. L'huile de pavot et les autres huiles siccatives ont fourni des résultats analogues. M. Braconnot est porté à croire que les huiles volatiles sont également formées de deifx substances diffé- rentes, l'une fluide, l'autre solide : cette dernière, dans cer- taines espèces d'huile , n'est autre chose que du camphre. 668. Comparonsmaintenantl'histoiredes huiles grasses à celle deshuiles volatiles. Les huiles grassesne se trouvent que dans les semences ou dans le péricarpe des plantes dicoty- lédones , tandis que les huiles volatiles se rencontrent dans tous les végétaux aromatiques et dans toutes leurs parties. Les huiles grasses sont pour la plupart fluides à la tem- pérature ordinaire , visqueuses, légèrement odorantes , douées d'une saveur faible et d'une couleur jaunâtre ou jaune verdâtre; leur pesanteur spécifique est moindre que celle de l'eau. Les huiles volatiles sont solides ou liquides à la température de io° -f- o , nullement visqueuses et très- odorantes; leur saveur est chaude, acre et même caustique, et leur couleur très-variée; elles sont en général plus légères que l'eau; il y en a cependant quelques-unes plus pesantes que ce liquide. Les huiles grasses, chauffées dans une cornue, sont dé- composées , et il se produit du gaz hydrogène carboné, un 9° SECONDE PARTIE. peu de charbon et une nouvelle huile d'un jaune brun dont l'odeur est piquante. Les huiles essentielles, placées dans les mêmes circonstances, se volatilisent sans éprouver aucune altération ; mais elles n'entrent pas aussi facilement en ébullition que l'eau. Pour que les huiles grasses prennent feu par l'approche d'un corps enflammé, il faut qu'on en ait imprégné une mèche de coton ou de toute autre matière avide d'oxigène, tandis que les huiles volatiles s'enflamment, en répandant une fumée noire et épaisse, aussitôt qu'elles sont en contact avec un corps en ignition. Si on expose les huiles grasses à l'air , à la température ordinaire , elles se décomposent et s'épaississent; quelques-unes d'entre elles finissent même par se durcir et sont appelées siccatives. Les huiles essentielles, placées dans les mêmes circonstances, se décomposent toutes et se transforment en une matière solide, plus oumoins analogue aux résines ; il y a aussi une petite portion de ces huiles qui se volatillise. On explique la décomposition qu'éprouvent les huiles à l'air par l'action de l'oxigène de l'atmosphère sur l'hydrogène et sur le car- bone qu'elles renferment. 669. Les huiles grasses sont insolubles dans l'eau, tan- dis que les autres peuvent s'y dissoudre en petite quanlité et donner naissance aux diverses eaux aromatiques ou spi- ritueuses , comme celles de lavande , de menthe, etc. L'al- cool dissout la plupart des huiles grasses et toutes celles qui sont volatiles. Ces dissolutions alcooliques sont préci- pitées par l'eau en blanc. Les huiles grasses et volatiles ont la faculté de dissoudre, à l'aide de la chaleur, le soufre et le phosphore , qui se déposent en partie à mesure que le liquide se refroidit, et qui peuvent même être obtenus cristalli- sés. Les huiles phosphorées , surtout celle de gérofle , luisent beaucoup daus l'obscurité ; si on les expose à l'air, le phosphore passe à l'état d'acide. Les huiles grasses et volatiles sont décomposées par le chlore, qui s'empare DES HUILES, Q) de leur hydrogène pour passer à l'état d'acide hydro-chlo- iique ; celui-ci s'unit alors à la matière huileuse en partie altérée, et donne naissance à un composé onctueux pâ- teux, et en général insoluble dans l'eau. 670. Plusieurs acides forts peuvent s'unir aux huiles grasses à la température ordinaire , et former des produits visqueux qui ne se dissolvent pas dans l'eau. M. Gaulthier de Claubry, en examinant l'action de l'acide sulfurique concentré sur ces huiles , a fait des observations curieuses que nous allons rapporter. En versant cet acide sur de l'huile d'olive et sur d'autres huiles fixes , le mélange se colore en jaune, prend de la consistance, et il se dégage du gaz acide sulfureux. Si l'on introduit dans un verre de l'acide sulfurique concentré, et que l'on verse par-dessus de l'huile grasse tenant en suspension de l'amidon , de la gomme, du sucre, de l'inuline, etc. , il se formera deux couches de pesanteur spécifique différente ; si l'on agite dans les points où ces deux couches sont en contact, on observera une succession de teintes qui est exactement dans l'ordre des anneaux colorés de Newton : ces teintes sont le jaune paille, l'orangé, le rouge du premier ordre, et le violet du deuxième ordre. Si au lieu d'agir ainsi on agite rapidement tout le mélange , on obtiendra sur-le- champ une belle teinte rouge qui passera promptement au carmin; il se dégagera du gaz acide sulfureux, et l'huile s'épaissira, comme si l'on n'avait pas employé de matière végétale. La teinte conservera son intensité pendant plu- sieurs jours , et après un assez long espace de temps , elle passera au violet, la matière se charbonnera et la couleur finira par disparaître. Ces phénomènes seront produits presqu'instantanément si l'on élève la température du mélange. (Voyez, pour plus de détails, le Mémoire de de M. Gaulthier. Journal de Physique, année i8i5). Mis en contact avec les huiles volatiles , cet acide 92 SECONDE PARTIE. agit d'une manière analogue, mais avec beaucoup plus d'intensité, car plusieurs d'entre elles sont charbonnées , même à froid ; il se dégage beaucoup de calorique ; le mélange entre en ébullition, et une portion de l'acide «ulfurique est décomposée en acide sulfureux et en gaz oxigène. Les acides nitrique et nitreux concentrés décomposent les huiles grasses, même à la température ordinaire, et l'on obtient du gaz acide carbonique , du gaz oxide d'azote et de l'azote, ce qui prouve que l'acide nitrique est égale- ment décomposé. Suivant M. Tromsdorff, les matières gras- ses se transforment d'abord en cire puis en résine ; mais on ignore au juste quelle est la nature des produits formés dans ce cas. Versé sur les huiles essentielles, l'acide ni- trique les décompose avec beaucoup d'énergie et sans dé- gagement de lumière, lors même qu'il est mêlé avec l'acide sulfurique concentré j tandis que l'acide nitreux, qui agit sur elles avec la plus grande violence, mais sans produire de flamme quand il est seul, les décompose avec déga- gement de beaucoup de calorique et de lumière lorsqu'il est uni au tiers de son poids d'acide sulfurique concen- tré. Cette expérience est accompagnée de danger, et doit être faite en mettant les deux acides dans une petite fiole que l'on attache à l'extrémité d'une longue tige , et en versant le mélange dans un creuset contenant l'huile essen- tielle. Théorie. L'acide nitreux liquide, que nous supposons ici contenir de l'eau, cède ce liquide à l'acide sulfurique et se décompose subitement, en sorte que l'on obtient du gaz acide carbonique, de l'eau, du gaz oxide d'azote et du gaz azote. 671. Le gaz acide hydro-clorique que l'on fait arriver dans les huiles grasses les épaissit, mais ne leur donne pas la propriété de cristalliser, tandis qu'il transforme quel- ques huiles essentielles en une matière cristalline qui par- DES H VI LE S. 9J tage quelquefois la plupart des propriétés du camphre : telle est, par exemple, celle que l'on obtient en faisant arriver ce gaz dans l'huile essentielle de térébenthine. 672. Les huiles grasses sont susceptibles de se com- biner avec la plupart des oxides métalliques, et de former des savons qui sont solubles ou insolubles dans l'eau; tandis que les huiles essentielles ont peu de tendance à s'unir avec cette série de corps ; on peut cependant opérer quelques-unes de ces combinaisons, que l'on désigne sous le nom de savonnules : ainsi le savonnule de Starkey est composé de soude et d'huile essentielle de térébenthine. Examinons maintenant l'action des huiles grasses sur les bases d'une manière plus particulière. Suivant M. Chevreul, l'huile d'olive, traitée par la potasse, se convertit, comme les graisses, en deux substances grasses acides, dont l'une est plus fusible que l'acide margarique , et dont l'autre pa- raît avoir tant de rapport avec l'acide oléique, que l'on peut les regarder comme étant la même chose : ces deux acides formés s'unissent ensuite à l'alcali, et forment des sels qui constituent le savon. Les huiles grasses peuvent se combiner en toute pro- portion avec les huiles volatiles ; les huiles volatiles peuvent dissoudre les résines, le camphre, la gomme élastique, etc. Les huiles grasses sont émollientcs et relâchantes ; à une certaine dose elles sont purgatives et même émétiques. Les huiles essentielles déterminent au contraire une excitation tonique , prompte, intense, mais momentanée ; elles augmentent la chaleur générale, la fréquence du pouls et de la respiration ; elles sont toutes sudorifiques ; enfin elles peuvent déterminer tous les symptômes de l'empoisonne- ment par les substances acres si on en prend une assez grande quantité. Nous allons indiquer, en faisant l'histoire parti- culière de ces huiles, les divers cas où leur emploi peut être suivi de succès. 94 S E CO S D E P A R T I E. Huiles grasses non siccatives. i°. Huile d'olive. On peut faire avec l'olive, fruit de l'olea ewropœa , plusieurs Variétés d'huile. La plus pure, que l'on appelle huile vierge , est à peine colorée en jaune ; sa saveur et son odeur sont agréables et peu sensibles. L'huile commune est jaune et se rancit facilement. Enfin l'huile de mauvaise qua- lité est trouble, d'un jaune verdâtre et douce , d'une odeur et d'une saveur plus fortes et moins agréables. En gé- néral , ces différentes variétés sont solides à la tempéra- ture de io° -t- o. On emploie l'huile d'olive pour faire le savon , pour adoucir les frottemens des pièces qui compo- sent les machines compliquées , etc. On s'en sert comme aliment. Administrée à la dose d'un demi-verre par prise , cinq ou six fois par jour, elle fait vomir et purge , en sorte qu'on l'a employée souvent avec succès dans l'em- poisonnement par les substances acres et corrosives ; mais comme il arrive qu'elle augmente l'énergie de quelques-uns de ces poisons, et que, d'ailleurs, on peut déterminer des évacuations par une multitude d'autres médicamens qui ne sont accompagnés d'aucun danger, on doit l'abandonner dans ces cas particuliers. On l'avait recommandée dans le* blessures des animaux venimeux , dans l'hydropisie ascite ; mais depuis long-temps on en a senti l'insuffisance. On peut l'employer en frictions pour calmer certaines dou- leurs internes qui souvent sont inflammatoires, et pour diminuer l'irritation locale des surfaces suppurantes. Ap- pliquée en frictions à l'aide d'une éponge , elle favorise la sécrétion urinaire et détermine une sueur très-abondante : cette dernière propriété la rend utile dans l'imminence de la peste et dans le début de la fièvre jaune; il faut, dans tous ces cas, éviter de la laisser long-temps sur la peau, car elle se rancit et peut développer un érysipèle, ou rendre les sur- faces suppurantes pâles , flasques et fongueuses. Mêlée avec de la cire et de l'eau, l'huile d'olive forme le cérat ^ES HUILES. g5 de Galien , que l'on emploie souvent comme calmant et rafraîchissant. Elfe entre dans la composition du cérat de saturne , du cérat de diapalme 7 de l'onguent de la mère de l'onguent populéum, etc. Huile d'amandes douces ( amygdalus communis ). Cette huile est liquide , d'un blanc verdâtre, et a l'odeur et la saveur des amandes ; mais elle rancit plus prompte- ment que la précédente. On doit, avant de s'en servir, la laisser reposer pour la clarifier, ou mieux encore la fil- trer à travers un papier. On l'a administrée dans les inflam- mations de poitrine, du bas-ventre, etc. ; elle fait partie des émulsions, de quelques potions huileuses , etc. Le li- niment volatil, employé avec tant de succès comme ré- solutif dans les engorgemens laiteux des glandes et du tissu cellulaire , les rhumatismes lents , les douleurs scia- tiques opiniâtres , est formé de 4 ou 5 onces de cette huile ou de la précédente, et de deux gros d'ammoniaque liquide, auquel on ajoute autant de baume tranquille. Huile de faîne (jagus sylvatica ). Cette variété res- semble assez à l'huile d'olive , et peut être employée dans les mêmes circonstances. Huile de colza (brassica napus). Elle est jaune, assez visqueuse, et douée d'une odeur semblable à celle des plantes de la famille des crucifères. On s'en sert pour éclairer et pour préparer les savons verts ; on l'emploie aussi en petite quantité pour faire le savon ordinaire. Huile de ricin ( ricinus communis). Cette huile, d'un jaune verdâtre et transparente, n'a point d'odeur; sa saveur fade produit une légère sensation d'àcreté ; elle conserve sa liquidité, même à plusieurs degrés au-dessous de zéro. Exposée à l'air, elle se dessèche sans devenir opaque ; elle se dissout très-bien dans l'alcool ; on l'emploie avec succès pour purger les personnes délicates, et comme anthelmin- tique: la dose est, pour les enfans, d'une à deux onces à ff> SECONDE PARTIE. prendre par cuillerées , tandis que l'on en administre 3 , 4 ou 5 onces aux adultes : il est préférable de la faire pren- dre sans addition d'aucun acide. Si l'huile de ricin n'a pas été bien préparée ou qu'elle soit sophistiquée , elle détermine les symptômes de l'empoisonnement par les sub- stances acres, et doit être rejetée. Huile de lin (linum usitatissimum,). Cette huile a une couleur blanche verdâtre et une odeur sui generis ; elle a la propriété de dissoudre, à la température de l'ébullition , une certaine quantité de litharge qui la rend plus sicca- tive , et propre à être employée dans la peinture commune et à la préparation des vernis gras ; il faut pour cela Ja faire bouillir avec sept ouhuit fois son poids de litharge, jusqu'à ce qu'elle devienne rougeâtre , l'écumer avec soin , et la laisser reposer hors du feu pour l'obtenir claire. L'encre des imprimeurs se prépare en broyant une partie de noir defumée avec six parties d'huile de lin, dont on a augmenté la consistance en la faisant bouillir dans un pot de terre , en l'enflammant, la laissant brûler pendant une demi- heure , et en la faisant bouillir pendant quelque temps, après l'avoir éteinte. Huile d'oeillet ou de pavot (papaver somniferum ). Cette huile, moins visqueuse que beaucoup d'autres, est d'un blanc jaunâtre, inodore, liquide, même à zéro, et doue'e d'une légère saveur d'amande. On s'en sert comme aliment et pour éclairer. Traitée par la litharge , elle devient plus siccative, et peut être employée pour délayer les couleurs et les appliquer sur la toile. On prépare avec 2 livres d'huile de pavot, 3 onces de sulfure de potasse , une li- vre de savon blanc ordinaire et un gros d'huile volatile de thym, le liniment anli-psorique de M. Jadelot. Huile de noix (juglans reçia). Elle a une couleur blanche verdâtre, et une saveur particulière. On l'a re- gardée pendant long-temps comme anthelmintique ; on a CES H CIL ES. O-? même proposé de l'associer à son poids de vin de Mal- voisie pour guérir le ténia ; mais ce traitement est loin de réussir assez souvent pour le préférer à d'autres : on s'en sert dans l'éclairage, dans la peinture, et comme aliment. Huile de chenevis (cannabissativa). Elle est liquide, même à plusieurs degrés au-dessous de zéro ; sa couleur est jaunâtre ; on l'emploie pour faire les savons mous, dans la peinture et dans l'éclairage. Huile ou Beurre de cacao (theobroma cacao). Elle est solide et d'une couleur blanche jaunâtre ; sa saveur est douce et agréable ; elle est très-adoucissante ; on en fait des suppositoires , des pommades , des bols, etc. ; on la prend aussi quelquefois en potions. Huile de noix muscade (myristica moschafa). Elle est concrète comme du suif, d'une couleur jaune tirant sur le rouge, et d'une odeur fort agréable qu'elle doit à une huile volatile. On prépare encore plusieurs autres huiles grasses , dont nous nous contenterons d'indiquer ici les noms, parce qu'elles sont rarement employées : telles sont les huiles d'anacarde, d'arachide ou pistache de terre, de cameline , de laurier, de moutarde , de palme, de sé- same , etc. Huiles essentielles considérées sous le rapport médical. Ces huiles peuvent être administrées toutes les fois que les sudorifiques , les toniques et les stimulans sont indiqués ; celles d'anis, de fenouil, de lavande, de romarin, de men- the poivrée, de pouliot, de cannelle, de macis , de gérofle, de térébenthine , de genièvre, etc., s'emploient à la dose de 4, 6 ou 10 gouttes sur du sucre, ou sous la forme de pas- tilles , ou dans des potions anti-spasmodiques. «Les huiles essentielles sont encore administrées avec de l'eau ; ainsi les eaux distillées aromatiques font presque toujours la base des potions anti-spasmodiques , et constituent des ti- n. 7 9^' SECONDE PARTIE. sanes excessivement utiles dans une multitude craflections nerveuses; on emploie plus particulièrement les eaux dis- tillées de fleurs d'oranger, de rose, de mélisse de menthe poivrée, de lavande, de tilleul, etc.; quelquefois aussi on fait prendre les huiles volatiles dissoutes dans l'alcool, sous le nom d'eaux spiritueuses. Le tableau suivant, extrait de l'ouvrage de M. Thompson , donne une idée exacte de la couleur et de la densité des principales huiles volatiles, ainsi que des parties dont on se sert pour les préparer. Tableau des Huiles volatiles. PLANTES. PARTIES. HUILE. COULEUR. | i Arthemisia absynlhium racine.......• roseau odorant- ■ piment § (i).. • • verte. 5 Angelica arcîiangelica. • • • • semences.- idem. blanclie. brune. jaune. verte. janne. idem. idem. blanche. jaune de soufre. bleue. jaune. idem. idem. blanche. idem. jaune. idem. jaune brunâtre. anis étoile, ouha-myrte §........ cocblcaria...... laurier-culilaban. ecorce du fruit-semences...... fi 10 Melaleuca leucodendra- <• • • 11 Eugenia caryoplvyttata • • ■ • l3 Amomum cardamomum. • • « racines........ ecorce........ écorce du fruit-feuilles........ semences...... i5 Scandix cerefolium........ 16 Matricaria chamamilla 17 Tmutus cinnamomum...... ! (i) Lm Huiles marquée* du signg § «col pins pesantes que l'eau DÈS HUILES VOLATILES1 99 Suite du Tableau dès Huiles volatiles. PLANT ES. 25 Cuminum cyminum...... 26 litula helenium.......... 27 Anethumj'œniculum..... 28 Croton eleutheria........ 29 Maranta galanga........ 3o Hyssopus qfficinalis...... 31 Juniperus communis,..... 3 a Lawandula spica......... 33 Ldurus nobilis........... 3 i Prunus laurocerasiis...... 35 Lwisticum ligusticum.- • • • 36 Myristica moschata...... 37 Origanummajorana...... 38 Pistacia lenliscus- •••••.. 3g Matricaria parlhenium. • • • 4o Melissa qfficinalis........ 41 Mentha crispa.......... 4*-----piperitis............ 43 Achillea millefolium...... 44 Citrus aurantium........ 45 Origanum creticum...... 46 Apium petroselinum...... 47 Pinus sylvestris et abies- • ■ 48 Piper nigrum. • • •........ 4f) Rosmarinus qfficinalis 5o Mentha pulegium.....« • > 5i Genista canariensis...... 5a Rosa centifolia........... 53 Muta graueolens.......... 5\ Juniperus sabina......... 55 Salviaqfficinalis......... 56 Santalum album.......> « 57 Laurus sassafras......... 58 Satureia hortensis.'.....> 5p Thymus serpillum........ 60 faleriana qfficinalis..... 61 Kœnfpferia rntunda...... 62 Amomum zinziber........ 63 Andrbpogon schoenanthum PARTIES. HUILE. semences. racines....... semences.- • • ■ écorce....... racine •...... feuil'es....... semences. fleui>,....... baies........ feuilles...... racines ... semences (1). ■ feuilles....... résine........ plante....... feuilles.- • • • < ■ idem........ idem ........ fleurs.»...... pétales....... fleurs....... » racines....... bois et résine • semences. • • • < plante....... fleurs........ racine....... pétales........ feuilles...... idem........ idem........ bois......... racines....... feuilles....... feuilles etfleurs racines ....... idem ....... idem........ cumin ........ année......... fenouil....... cascarillc- galanga....... hyssope...... genièvre...... lavande.....'. j laurier........ laurier-cerise § ■ liVèche........ muscade...... marjolaine.- • • • lentisque...... matricaire..... mélisse........ menthe crépue • menthe poivrée millcfeuille* • ' • néroli........ dictame. •..... acbe.......... térébenthine- ■ • poivre noir- • ■ ■ romarin....... pouliot....... genêt....... rose.....•..... rue......... sabine ........ sauge........ santal blanc §• ■ sassafras ...... sariette........ tbym......... valériane...... zédoaire....... gingembre.- • • • tehœname. COULEUR. jaune. l)Jancbe< idem. jaune. idem. idem. verle. jaune. brunâtre. jaune. idem. idem. idem. bleue. blanche. idem. jauhe. bleue et verte. orange. brune. jaune. sans couleur. jaune. sans couleur. jaune. idem. sans couleur: jaune. idem. vei te. jaune. idem. idem. idem. verte. bleue verdâtre. jaune. brune. (1) Elles fournissent ausssi une huile lise. 100 SECONDE PAltTIF. Des Savons. 6^3. Nousavons établi (psg. 77 et suiv. ) que l'élaïne,1* stéarine et la cétine, traitées parla potasse caustique, se dé- composent et se transforment en une matière savonneuse qui est un véritable composé de margarate, d'oléate ou de cétate de potasse ; nous avons dit en outre que les corps gras composés d'élaïne et de stéarine se comportent de la même manière lorsqu'on les traite par les alcalis, qu'il se forme de l'acide margarique, de l'acide oléique et un principe doux, et qu'il en résulte deux matières , l'une savonneuse, l'autre soluble. La combinaison des acides formés avec l'alcali employé constitue les savons, qui doivent par conséquent être assimilés aux sels ; et, en effet, M. Chevreula prouvé que, comme eux, leur com- position est assujettie à des proportions définies. Les savons obtenus avec la graisse de porc, de mouton, de boeuf, d'homme, de jaguar, d'oie et de beurre, sont des composés de margarate et d'oléate; ceux qui résultent de l'action de la cétine sont formés de cétate et d'un autre sel dont l'acide est peu connu ; enfin ceux que l'on produit avec les huiles fixes sont composés d'oléate et d'un autre sel dont l'acide est plus fusible que l'acide margarique. Ces savons, sont solubles ou insolubles 4ans l'eau, suivant la nature de la base qui sert à les former; ceux de potasse, de soude et d'ammoniaque sont dans le premier cas ; ceux de baryte, de strontiane, de chaux, etc., sont insolubles. 674» Savons à base de potasse ( savons mous) formés par les graisses de porc, de mouton, d'homme, de bœuf, de jaguar et d'oie. Ils ont plus de tendance à cristalliser en aiguilles que les corps gras qui les ont fournis. Ils sont moins fusibles que les graisses d'où ils proviennent : ainsi celui qui est fait avec la graisse d'homme ne fond qu'au- dessus de 35° thermomètre centigrade; ceux que l'on a DE S SAVONS. lOI préparés avec la graisse de mouton ou de boeuf ne fondent qu'au-dessus de 48°; celui que fournit la graisse de ja- guar est solide à 36°. L'alcool bouillant, d'une densité de 0,821, les dissout en toutes proportions; il en est de même des ethers. (Pelletier. ) Lorsqu'on délaye dans l'eau ces savons, que l'on peut considérer comme composés d'un savon de margarate de potasse et d'un autre d'oléate de potasse, une partie du margarate se décompose en sur- margarate de potasse ( matière nacrée ) qui se précipite, et en potasse qui reste en dissolution. Cette décomposi- tion a lieu en vertu de l'insolubilité de la matière na- crée , et de l'affinité de la potasse pour l'eau : aussi se produit-elle mieux lorsqu'on opère à une température basse qui facilite la précipitation de la matière nacrée. Si on filtre la dissolution et qu'on sature l'excès d'alcali par de l'acide tartarique, il se précipite un corps gras floconneux, composé de beaucoup d'acide oléique et d'un peu d'acide margarique ; on peut transformer ce précipité en oléate et en margarate au moyen de la potasse et de l'eau. C'est en ayant égard.à la décomposition du margarate de potasse opérée par l'eau, que l'on explique pourquoi les savons préparés avec ces sortes de graisses enlèvent la matière grasse qui salit les étoffes : en effet, l'alcali mis à nu par suite de cette décomposition se combine avec la matière grasse. Les savons de potasse et de graisse dont nous parlons se dissolvent à merveille dans les eaux de potasse et de soude. On les emploie pour les usages de la toilette. Ceux que l'on appelle savons de toilette sont préparés avec de la potasse, du saindoux et une huile aromatique. Les savons Verts faits avec de la potasse et de l'huile de graines peuvent être rendus plus verts au moyen de l'indigo; on les emploie quelquefois pour faire des savons durs ou à base de soude; il suffit pour cela de les mêler avec de l'hydro-chlorate de soude dissous ( sel commun ) ; l'acide hydro-chlorique se *°2 SECONDE PARTIE. porte sur la potasse du savon , et les acides decelui-ci s'unis- sent avec la soude pour former du savon de soude que l'on sépare de la lessive. On suit ce procédé dans tous les pays où la soude est à un prix plus élevé que la potasse. 6j5. Savons à base de soude (savons durs). La soude se comporte avec les corps gras comme la potasse : donc les savons formés par ces deux substances sont analogues. Les savons de soude sont solides, durs, incolores ou colorés , plus pesans que l'eau, d'une saveur légèrement alcaline, moins caustique que celle des savons à base de potasse. Soumis à l'action du calorique, ils fondent, se boursouf- lent et se décomposent comme les autres substances végé- tales. Exposés à Y air, ils se dessèchent, surtout si l'air est souvent renouvelé. Ils se dissolvent très-bien dans l'eau bouillante; mais si on laisse refroidir la liqueur, surtout lorsqu'on a employé une très-grande quantité d'eau , il se dépose du sur-margarate de soude sous la forme d'une gelée demi-transparente qui, par la dessiccation, se réduit en pellicules d'un blanc jaunâtre ; du reste, l'eau se com- porte avec ces savons comme avec ceux de potasse, ex- cepté qu'elleles décompose moins facilement. ( Voy. §674.) L'eau froide dissout aussi les savons de soude, mais moins bien que celle qui est bouillante. Le solutum e^t déedmposé sur-le-champ, i° par les acides, qui s'empa- rent de la soude et précipitent les acides margarique et oléique, sous la forme d'une émulsion; 20par tous les sels solubles autres que ceux à base de potasse, de soude et d'ammoniaque : dans ce cas l'acide du sel se porte sur la soude du savon avec laquelle il forme un sel soluble, tan- dis que les acides margarique et oléique se combinent avec l'oxide du sel, et donnent naissance à un margarate et à un oléate insolubles ; ce fait explique pourquoi les eaux de puits chargées de sulfate de chaux ne peuvent pas dissoudre je savon ; en effet, le sulfate est décomposé et il se préci* B ES SAVONS. 103 pi te du margarate et de l'oléate de chaux. L'alcool, surtout à l'aide de la chaleur, dissout parfaitement les savons à base de soude ; si on laisse refroidir le liquide, il se dépose un masse jaune transparente, qui ne devient point opaque par le refroidissement. Ces savons sont solubles dans tous les ethers. (Pelletier. ) Ils jouissent, comme ceux de po- tasse , de la propriété de dissoudre la graisse qui salit les étoffes. On emploie en médecine, sous le nom de savon médi- cinal , un savon blanc prépaie avec de l'huile d'olive ou d'amandes douces et de la soude , dans des vases non métalli- ques : il doit être fait depuis un certain temps pour qu'il ait la dureté convenable. On doit le regarder comme un puissant excitant du système lymphatique ; les anciens le considé- raient comme un excellent fondant et dissolvant de la lymphe et de la bile. On l'a employé avec succès contre les calculs biliaires, les engorgemens essentiels ou consé- cutifs de la rate et des autres viscères du bas-ventre, contre le carreau, les tumeurs scrophuleuses , graisseuses et laiteuses : on s'en est servi avec avantage dans cer- tains ictères sans fièvre, daus quelques catarrhes chroni- ques de la vessie, dans l'asthme piiuiteux, goutteux, dans les gouttes anciennes avec lophus , dans les dysenteries muqueuses, dans certaines faiblesses de l'estomac et des intestins, etc. On l'a vanté à tort comme nn excellent li- tiioiitriptique. Il est administré à la dose de 4 ou 6 grains par jour, et l'on augmente progressivement jusqu'à en faire prendre 2 ou 3 scrupules : on le donne ordinairement sous forme solide. Uni à la réglisse, à la farine de graine de ]lu et à quelques gommes-résines, telles que Tassa foetida^ lopopanax, le sagapénum, Taloès, ele., il constitue les pilules de savon composées. L'eau de savon est employée avec le plus grand succès comme neutralisant dans le ca^ d'empoisonnement par les acides ; en effet, nous a\ons six I0,| SECONDE PARTIE. que ceux-ci la décomposent. On emploie aussi le savon à l'extérieur sous forme de lotion, de cataplasme, d'emplâtre, ou dissous dans Teau-de-vie, pour favoriser la résolution de certaines tumeurs oedémateuses, contre les contusions, etc. Le savon de Starkey ou savon tartareux, préparé avec le sous-carbonate de potasse et l'huile de térébenthine, est aujourd'hui généralement abandonné. 676. Savons à base d'ammoniaque. Ces savons sont fort peu connus. Le Uniment volatil dont nous avons parlé p. q5 est formé par cette base et par l'huile d'amandes douces. \2eau de Luce est le résultat de l'action de l'ammoniaque pure et caustique sur l'huile empyreumatique de succin rectifiée ; on en favorise la dissolution au moyen du savon blanc et de l'alcool rectifié ; on l'emploie avec succès comme stimulant dans l'apoplexie, les léthargies, la syncope, etc. ; elle sert en frictions contre les piqûres ou morsures d'ani- maux venimeux, ou sur les brûlures récentes. M. Roullay, en faisant passer du gaz ammoniac à travers de l'huile et de la graisse, est parvenu à former, au bout d'un certain temps, un savon ammoniacal solide; suivant lui, la graisse paraît plus propre que l'huile à opérer celte combinaison. 677. Savons insolubles. Lorsqu'on fait bouillir la baryte, la strontiane ou la chaux hydratées, l'oxide de zinc ou le protoxide de plomb, avec un corpsgras formé de stéarine et d'élaïne, on obtient des savons insolubles, composés de l'une de ces bases et d'acide margarique et oléique; il n'en est pas de même de la magnésie, de l'alumine et du per- oxide de cuivre; soumis à la même opération ces oxides ne saponifient point la graisse; cependant on peut obtenir des savons de ces oxides en versant dans une dissolution saline de magnésie, d'alumine et de cuivre, un savon soluble de potasse ou de soude. Les savons insolubles ont été fort peu étudiés et ne sont d'aucune utilité. «E LA CIRE. ioa De la Cire. Les rapports de la cire avec les huiles grasses concrètes sont tellement nombreux, que plusieurs chimistes regar- dent ces substances comme identiques. La cire se trouve, i° dans la fécule verte de plusieurs plantes, notamment du chou; 2° dansle pollen de toutes les fleurs; 3° dans l'en- veloppe des prunes, et d'un très - grand nombre d'autres fruits ( Proust); 4° dans le vernis qui recouvre la surface supérieure des feuilles de beaucoup d'arbres ^ et dont elle fait la majeure partie ; 5° à la surface des baies du myrica cerifera, arbrisseau de la Louisiane et de quelques autres contrées de l'Amérique septentrionale ; on en trouve aussi dans les myrica angustifolia, latifolia et cordifolia, Sui- vant M. Hatchett, la laque renferme une substance analogue à la cire de myrica ( myrte ). Le pela des Chinois paraît n'être autre chose que de la cire retirée d'un insecte. Le gale, le ceroxylon andicola, le chaton mâle du bouleau,de l'aulne, du peuplier, du frêne, en donnent aussi plus ou moins. En6n les abeilles fournissent également une très- grande quantité de cire. Suivant M. Hubert, ces animaux préparent eux-mêmes la cire, en sorte que celle-ci est le résultat d'une élaboration vitale ; après avoir nourri pen- dant long-temps des abeilles avec du sucre ou du miel, ce naturaliste observa qu'elles donnèrent beaucoup de cire. 678. Cire des abeilles. Nous allons décrire spécialement cette variété parce qu'elle est mieux connue que les autres, et parce qu'il semble que les propriétés des diverses espèces de cire que nous venons de nommer diffèrent assez entre elles pour qu'on ne puisse pas les décrire d'une manière générale. La cire des abeilles est solide, incolore, insipide et presque inodore ; sa pesanteur spécifique varie depuis o,82o3 jusqu'à 0,9662 (Bostock). L'odeur de la cire des abeilles , récemment préparée, est due à des substances *o6 SECONDE PARTIE. étrangères qui s'y trouvent mêlées, car elle la perd lors- qu'on l'expose à l'air pendant quelque temps pour la blan- chir, surtout si elle a été coupée en rubans minces pour augmenter sa surface. A 68° thermomètre centigrade la cire se fond en un fluide transparent, qui reprend sa forme concrète par le refroidissement. Si la température est assez élevée , elle s'évapore, bout et se décompose à la manière des huiles ; si la chaleur est encore plus forte et qu'elle ait le contact de l'air, elle absorbe Foxigène et produit une belle flamme. Le chlore et l'air humide n'exercent point d'action sur la cire blanche; mais si elle est colorée ils la décolorent en détruisant la matière colorante ( Voyez Action du Chlore sur les matières colorantes, pag. i4o). Elle est insoluble dans l'eau; l'alcool et l'éther ne la dissolvent pas à froid; ils eu opèrent la dissolution à l'aide de la chaleur, quoique difficilement. Les huiles.fixes la dissolvent à chaud et donnent une matière plus ou moins consistante, connue sous le nom de cérat. Elle se dissout également, à l'aide delà chaleur, dans les huiles volatiles, notamment dans l'huile essentielle de térébenthine. La potasse et la soude la transforment en savon. Elle est formée, d'après MM. Gay~ Lussac et Thenard, de Carbone......................... 81 ,-84. Hydrogène....................... 12,672. Oxigène........................ 5,5^4 - Ons'ensert pour faire la bougie, les pièces anatomiques artï-s ficiellesetlecérat; on l'emploie pour injecter des vaisseaux. 679. M. Chevreul, en faisant l'analyse du liège, a trouvé un principe particulier auquel il a donné le nom de cériney parce qu'il se rapproche beaucoup de la cire; cependant il en diffère par moins de fusibilité, plus de densité et plus de solubilité dans l'alcool. DES RÉSINES. 10} Des Résines. 680. Les résines sont des substances solides, sèches, plus ou moins fragiles, sans odeur, douées d'un certain degré de transparence, d'une couleur jaune ou tirant sur le jaune, insipides ou ayant une saveur acre et chaude, et plus pe- santes que l'eau. G81. Lorsqu'on les chauffe , elles se fondent et ne lardent pas à se décomposer. Si on fait l'expérience dans des vaisseaux fermés, on obtient beaucoup de gaz hydrogène carboné, de l'huile et un peu de charbon; si on agit au contraire avec le contact de l'air, il se produit une grande quantité de fumée noire et une belle flamme jaune. Elles n'éprou- vent aucune altération de la part de l'air ni de l'eau; ce liquide n'en dissout pas un atome. 11?alcool et l'éther les dissolvent presque toutes , principalement à l'aide de la chaleur; la dissolution alcoolique filtrée est transparente; pari addition de l'eau elle devient laiteuse et laisse préci- piter la résine sous la forme d'une poudre blanche ; si on y verse un sel appartenant aux quatre dernières classes, on obtient un précipité composé de résine et d'oxide métal- lique , insoluble dans l'eau, très-peu soluble dans l'alcool bouillant, et décomposable par la plupart des acides , qui agissent en s'emparant de l'oxide. 682. Les huilesfixes, et surtout celles qui sont siccatives, dissolvent également un très-grand nombre de résines; il en est de même de l'huile essentielle de térébenthine. La potasse et la soude liquides opèrent aussi cette dissolution avec facilité, comme l'a prouvé M. Hatchett; le solutum, d'un jaune clair, partage les propriétés du savon, et laisse précipiter la résine en flocons jaunes par l'addition d'un acide. Ces faits expliquent pourquoi les fabricans de savon sont dans l'usage d'ajouter de la. poix-résine à leurs cuites, 683. L'action des .aides sur les résines a fourni à M. Hat-* 10S SECONDE PARTIE. chett des résultats curieux. L'acide sulfurique concentré dis- sout très-promptement et à froid une résine quelconque ré- duite en poudre fine; le solutum est transparent, visqueux et d'un brun jaunâtre ; par l'addition de l'eau il laisse pré- cipiter la résine presque sans altération ; si on le fait chauf- fer sur un bain de sable, il se décompose, sa couleur de- vient plus foncée, et l'on obtient du charbon , du gaz acide sulfureux, et les autres produits qui résultent de l'action de l'acide sulfurique concentré sur les matières végétal es. {Voy. § 640. ) Si au lieu de chauffer ainsi le solutum jusqu'à ce qu'il soit entièrement décomposé, on cesse de le chauffer un peu avant qu'il ait acquis la couleur noire, et qu'on le mêle avec de l'eau, on obtient un précipité qui, étant traité par l'alcool, se dissout en partie; en chauffant la disso- lution alcoolique, Tesprit-de-vin se dégage; le résidu , en partie soluble, en partie insoluble dans l'eau, traité par ce liquide, donne une dissolution qui jouit de toutes les pro- priétés du tannin artificiel. 684. L'acide nitrique que Ton fait digérer pendant long- temps sur les résines les décompose, et opère la dissolution du produit formé ; cette dissolution n'est pas précipitée par l'eau; lorsqu'on la fait évaporer, elle donne une masse visqueuse, d'un jaune foncé , soluble dans l'eau et dans l'alcool, qu'il suffit de faire chauffer avec une nouvelle quantité d'acide nitrique pour la transformer en tannin arti- ficiel. 11 ne se forme point d'acide oxalique. Les acides hydro-chlorique et acétique dissolvent aussi les résines, mais plus lentement que l'acide sulfurique ; l'eau précipite de ces dissolutions les résines non altérées. M. Hatchett a proposé même le dernier de ces acides pour séparer ces substances de quelques autres matières insolubles dans l'acide acétique. Nous parlerons des usages des résines à mesure que nous les ferons connaître. Résine animé. Elle découle d'un arbre de l'Amérique DES RÉSINES. jqq septentrionale, connu sous le nom d'hymœnea courbaril ou carouge. Elle est jaune , très-odorante, et un peu sem-, blable au copal, dont on peut aisément la distinguer par la facilité avec laquelle elle se dissout dans l'alcool : on l'emploie très-souvent dans la composition des vernis. Baume de copahu. Il découle d'incisions faites au tronc du copaifera qfficinalis, arbre de l'Amérique méridionale et des Indes occidentales. Lorsqu'il est récent il est de consis- tance huileuse; mais il devient peu à peu aussi épais que le miel; il est transparent, d'une couleur jaunâtre, d'une odeur forte et d'une saveur piquante et amère; sa pesan- teur spécifique est de 0,950. Il est très-employé comme astringent dans la dernière période des écoulemens véné- riens : on le fait prendre à l'intérieur, depuis 20 , 3o gouttes jusqu'à un gros, dissous dans un peu d'alcool et mêlé en- suite avec de l'eau; ou bien on le triture avec du mucilage pour faciliter sa dissolution dans l'eau, que l'on peut aussi administrer à l'intérieur, mais dont on fait principalement usage en injection. Baume de la Mecque, de Judée. Il découle de Yamyris gileadensis ou opobalsamum, arbre qui croît dans l'Arabie surtout près de la Mecque. On dit que lorsqu'il est récent, il est trouble et blanchâtre, doué d'une odeur forte, aro- matique , et d'une saveur acre, amère et astringente ; si on le garde pendant quelque temps il s'éclaircit et sa couleur devient verte d'abord, puis jaune. Il a la consistance de la térébenthine. Il est excessivement rare en Europe, et par conséquent peu employé. Résine copal. Elle est fournie par le rhus copallinum, arbre qui croît dans l'Amérique septentrionale. Elle est d'un blanc légèrement brunâtre, quelquefois parfaitement transparente ; suivant Brisson, sa pesanteur spécifique est de i,o45à 1,139 ; e^e répand une légère odeur lorsqu'on la frotte, et se distingue des autres résines par la diffi- 110 SECONDE TAnTIE. culte avec laquelle l'alcool, l'huile essentielle de térében- , thine et les huiles fixes en opèrent la dissolution ; il faut même, pour parvenir à la dissoudre, prendre des précautions que nous indiquerons en parlant de la préparation des vernis pour lesquels elle est employée. Résine élémi. Elle est fournie par l'incision des écorces de Yamyris elemifera, arbre qui croit dans le Canada, dans l'Amérique méridionale et en Asie. Ou la.trouvc dans le commerce sous forme de gâteaux arrondis, enveloppés dans des feuilles d'iris, de palmier ou de roseau; elle est d'un jaune pâle, demi-transparente, douée d'une saveur amère et d'une odeur forte, semblable à celle du fenouil ou des germes de peuplier, et qui s'afflaiblit peu à peu; sa pe- santeur spécifique est de 1,018. Elle est d'abord un peu molle et s'attache aux doigts; mais elle se durcit avec le temps. Elle entre dans la composition des onguens martia- tum, de styrax et d'arcœus, dans Yoppodeltoch, et divers autres emplâtres. Autrefois on l'administrait à l'intérieur dans le traitement des écoulemens passifs, et on l'employait sous la forme de lïnïment dans certaines douleurs rhuma- tismales. Gomme lacque. On connaît dans le commerce trois va- riétés de cette résine, i° la lacque en bâtons, que Ton trouve sous forme de croûte sur les petites branches de plusieurs arbres des Indes orientales, où elle a été déposée par l'insecte coccus lacca; elle est d'un rouge foncé, et communique à l'eau cette couleur. 20. La lacque en grains, qui paraît être la précédente traitée par l'eau bouillante: elle est brune. 3° La lacque en écailles, que Ton obtient en faisant fondre la lacque en bâton et en la coulant en plaques minces : elle est également brune. La première con- tient beaucoup plus de matière colorante et moins de résine que les autres; elle renferme aussi l'acide dont nous avons parlé § 629 ; la dernière est la moins riche en couleur. DES RÉSINES. IIr Toutes les trois sont fragiles, tiansparentes, inodores et douées d'une saveur astringente et amère. Fondue avec la térébenthine et le vermillon ( cinnabre pulvérisé ) la lac- que donne la cire à cacheter rouge, tandis que Ton obtient la cire noire si Ton substitue le noir d'ivoire au cinnabre. La lacque est encore employée en teinture et dans la pré- paration des vernis. On l'administrait autrefois en méde- cine à la dose d'un demi-gros ou d'un gros dans l'alcool, comme tonique et astringente ; on la fait entrer aujourd'hui dans quelques gargarismes anti-scorbutiques, et dans la composition des poudres propres à raffermir les gencives ; on l'emploie aussi quelquefois pour déterger et mondifier les plaies. Mastic. On le retire par incision du pistachia lentiscusy arbre qui croît dans le Levant, et particulièrement dans l'île de Chio. Il est sous la forme de larmes ou de grains jau- nâtres, fragiles, demi-transparens, dont la saveur n'est pas désagréable. Lorsqu'on le chauffe, il se fond et exhale une odeur suave; il se ramollit dans la bouche, et détermine la salivation, ce qui Ta fait mettre au rang des masticatoires. On Ta employé quelquefois pour remplir les cavités des dents cariées, et les Turcs en font usage pour fortifier les gencives et corriger la mauvaise odeur de l'haleine. On s'en sert dans la préparation des vernis ; mais il n'est pas entiè- rement soluble dans l'alcool. Sandaraque. Cette résine découle du thuya articulata, espèce de conifère qui croît en Barbarie. Elle est, comme la précédente, sous la forme de petites lames arrondies, d'un blanc jaunâtre, inodores; mais on peut facilement l'en distinguer, parce qu'elle est très-fragile , même lors- qu'on la met dans la bouche ; par sa plus grande transpa- rence et par son entière solubilité dans l'alcool. Elle entre dans la composition de quelques vernis ; on l'emploie pour empêcher le papier de boire* ÏÏ2 SECONDE PAUTIK. Sangdràgon. On l'obtient par incision du pterocarpus draco, arbre de la famille des légumineuses, qui croît à Santa - Fé, dans les Indes orientales, etc. ; le dracœna draco en fournit aussi. 11 est en petites masses sèches, fragiles, dures, opaques, de forme ovale, d'un rouge li- ront sur le noir, et qui donnent par la trituration une poudre d'un rouge de sang, inodore et insipide. Elle est regardée par plusieurs praticiens comme un excellent astringent, très-utile dans les anciens dévoiemens séreux et sanguins, et dans les hémorrhagies passives de l'utérus : il y a cependant beaucoup de cas de ce genre où son em- ploi n'a été suivi d'aucun succès. Onladonne, i°en poudre, à la dose de 8, 10 ou 12 grains par jour; 20 en pilules , unie à l'alun et à une poudre styptique; 3° dissoute dans l'alcool et étendue dans un véhicule, etc. On l'emploie aussi dans la préparation des vernis. Térébenthine. On connaît plusieurs variétés de cette résine, i°la térébenthine de Chio, que Ton extrait du tere- binthus pistacia de L., arbre de la famille des conifères, qui croît principalement dans Tîle de Chio ; elle est sous la forme d'un suc de consistance glutineuse, quelquefois transparent, et d'une couleur jaune foncée. 20. La térében- thine de Venise, fournie parle pinuslarix deL., estd'unblanc jaunâtre, diaphane, gluante, d'une odeur très-pénétrante, d'une saveur acre et amère. 3°. La térébenthine brute et le galipot, que Ton extrait par incision du pinus sylvestris, du pinus maritima, etc. On donne principalement le nom de térébenthine brute à la portion que Ton recueille dans une petite cavité pratiquée dans la terre au bas du sapin ; tandis que Ton appelle gatipot toutes les parties qui se figent à la surface des incisions. Le galipot, appelé aussi barras r résine blanche, fondu et agité dans Teau, se débarrasse des matières étrangères; lorsqu'il est décanté et filtré à travers de la paille, il constitue la poix jaune, ou la poix de DES RÉSINES. Il3 Bourgogne, ou la résine jaune. Cette variété de térében- thine , ainsi purifiée, donne, lorsqu'on la décompose par la distillation, de l'huile essentielle de térébenthine, et laisse un résidu appelé colophane ou brai sec, qui est solide, brun et fragile. Nous indiquerons , en parlant de l'extraction des prin- cipes immédiats des végétaux, les divers procédés employés pour obtenir la poix noire, le goudron, le brai gras et le noir de fumée. La térébenthine de Chio et de Venise est fréquemment employée en médecine comme tonique ; on la donne, i° en injection dans le traitement des gonorrhées syphili- tiques anciennes , dans les flueurs blanches , les ulcérations des voies urinaires , etc. ; on commence par la dissoudre dans un jaune d'oeuf, puis on Tétend d'eau. 20. En lave- ment dans les coliques nerveuses, les diarrhées et les dy- senteries anciennes ; on associe i, 2 ou 3 gros de térében- thine dissoute dans un jaune d'oeuf, à un ou 2 gros de thériaque, que Ton mêle avec la quantité d'eau qui fait la base du lavement. La térébenthine a quelquefois été employée avec succès pour corriger la fétidité de quel- ques sinus fistuleux, pour hâter la cicatrisation de vieux ulcères, etc. Vhuile essentielle de térébenthine est généralement re- gardée comme un excellent diurétique. On en à fait un fréquent usage dans Thydropisie ; on donne ordinairement une ou deux cuillerées à bouche d'un mélange fait avec un gros de cette huile et demi-once de miel» Le fameux re- mède de Durande, dont on a souvent obtenu d'excellens effets dans les coliques hépatiques produites par des calculs biliaires, n'est qu'un mélange de 3 parties d'éther sulfu- rique et de 2 parties de cette huile ; on en donne 2 scru- pules tous les matins. n g «4 SECONDE PARTIE. Du Camphre. Le camphre se trouve dans le laurus camphora ( arbre très-commun en Chine et au Japon), et dans plusieurs autres espèces du même genre , dans un très-grand nombre de plantes de la famille des labiées et dans quelques om- bellifères. Il existe aussi à Sumatra et à Bornéo un végétal qui fournit une très-grande quantité de camphre, et qui, suivant M. Corréa de Serra, a beaucoup de rapport avec le shorea robusta de Roxburgh. Les naturels l'appellent hapour-barros. 685. Le camphre pur est solide, blanc, demi-transparent, fragile , d'une odeur particulière , forte , aromatique et désagréable, d'une saveur amère , acre et brûlante; il est gras au toucher, ductile et granuleux ; sa pesanteur spéci- fique est de 0,9887. Soumis à l'action du calorique dans des vaisseaux fermés, il se sublime en lames hexagonales ou en pyramides, et il ne fond qu'autant que la chaleur estplus forte quecelleque Teau exige pour bouillir; la sublimation du camphre a même lieu à la température ordinaire, mais elle est beau- coup moins marquée. Si, étant exposé à l'air, on le met en contact avec un corps en ignition, il absorbe Toxigène de l'atmosphère, se décompose et s'enflamme sans laisser aucun résidu. Il exige 1152 fois son poids d'eau froide pour se dissoudre ; cependant il peut être mêlé à ce liquide à l'aide d'un corps mucilagineux. Ylalcool en dissout environ les trois quarts de son poids : aussi le solutum alcoolique pré- cipite-t-il abondamment par Teau. Les huiles volatiles et fixes en opèrent également la dissolution, beaucoup mieux à chaud qu'à froid, en sorte qu'elles en laissent déposer une partie sous la forme de cristaux lorsqu'on les a saturées à l'aide de la chaleur. Les alcalis ne paraissent pas pouvoir le dissoudre. Il se dissout à merveille dans DU CAMPHRÉ. n5 l'acide acétique. Si on le fait chauffer dans des vaisseaux fermés, avec trois ou quatre fois son poids d'acide sulfu- rique , il y a décomposition réciproque , et Ton obtient du gaz acide sulfureux, de l'acide sulfurique faible une huile volatile jaune, d'une odeur camphrée, et une ma- tière noire qui reste dans la cornue; cette matière traitée par Teau bouillante, s'y dissout en panie; ia por- tion insoluble, d'une couleur noire, est formée d'acide sulfurique et de charbon très-hydrogéné ; la portion dis- soute est astringente et composée d'acide sulfurique et d'une matière particulière ; lorsqu'on en sature l'acide par Teau de baryte, oh en précipite l'acide sulfurique, et la matière astringente jouissant des propriétés du tannin artificiel, découvert par M. Hatchett, reste en dissolution. (Hatchett et Chevreul.) 686. L'acide nitrique dissout, rapidement le camphre; la dissolution se sépare en deux portions : Tune, plus légère, jaunâtre , a l'aspect oléagineux et porte le nom d'huile de camphre; elle contient presque tout le camphre et la ma- jeure partie de l'acide dans un grand état de concentra- tion; l'autre, très-limpide , ne renferme qu'un peu de camphre, une petite quantité d'acide et beaucoup d'eau. Abandonné à lui-même, ce mélange fournit au bout d'un certain temps des cristaux de camphre, et il se forme, suivant M. Planche, un peu d'acide camphorique ; du moins c'est ce qu'il a observé après avoir gardé pendant quatorze ans de l'huile de camphre dans un flacon bouché. L'eau décompose sur-le-champ cette huile et en sépare le camphre. Si on élève la température du. mélange fait avec le camphre et l'acide nitrique, il se dégage du gaz ni- treux ; l'acide et le camphre sont décomposés , et Ton obtient de l'acide camphorique. Plusieurs autres acides ont également la propriété de dissoudre le camphre. M. Brown pense que le camphre extrait de l'huile essen- IlÔ SECONDE PARTIE. tielle de thym (plante de la famille des labiées ) diffère du précèdent : en effet, il ne se dissout pas dans les acides sulfurique et "nitrique. Lecamphré est administré à l'intérieur aVeC le plus grand succès, commestîrhulant diffusible, comme anti-spasmodi- ïpïèét comme sudorîfique. On l'emploie dans les fièvres ady- namiquès et putrides, dans lès fièvres âtërxiqûès, principale- ment lorsque la peau est sèche ; dans les phlegmasies cutanées aiguës dans lesquellesPéruplionnesefàitpasbieû,languit on dégénère ; dans les angines grahgréneuses et dans toutes les jgfangrènes locales ; dans certaines douleurs rhumatismales, scia tiques, etc. Il a été souvent utile dans les fièvres in- termittentes , dans la paralysie, et dans Une multitude d'affections où les ahti-spasmodicjûës sont indiqués. On Ta souvent administré avec succès comme atiti-aphro- disîaquè. 11 prévient l'action des cantharides slir la vessie, et il la fait cesser lorsqu'elle existe déjà. On le donne à l'intérieur depuis 18 , 20 ou 24 grains jusqu'à 2, 3 ou 4 gros dans les vingt - quatre "heures ; les doses doivent varier suivant Ta nature et l'intensité delà maladie; mais oh doit éviter d'en faire prendre "beaucoup à-la-fois, parce qu'il agirait comme un "poison énergique, Capable éToccasionnér la "mort en très - peu de temps ( Voyez ma Toxicologie générale); 'oh le fait prendre 'ordinai- rement «ans tin jaune d'oeuf bti dans un "mucilage. On le donne en lavëinëns depuis'un demi-grahv jusqu'à Un gros 5 introduit par cette voie, il est encore susceptible d?agir comme poison'et'de déterminer lés accidens les plus graves si la dose employée est trop forte. La dissolution du camphre dans Thûile est souvent employée en friétiônssur la'paftie'ihférriëdés cuisses et sur quelques autres points; on se sert aussi d'eau-de-vie camphrée préparée nvec une demi-once de camphre et dé'ifx livres d'eatt-de-vie; enfin le cairiphre entre dans la composition de quelques linimens DU CAMPHRE ARTIFICIEL. IÏT résolutifs, etc. Son emploi extérieur exige beaucoup moins de précautions que son administration intérieure, car l'ex- périence prouve qu'il agit avec beaucoup moins d'énergie dans le premier cas. Du Camphre artificiel. 687. Nous avons déjà dit que Ton obtient une su^tance cristallisée, ayant des rapports avec le camphre, lorsqu'on sature de gaz acide hydro-chlorique l'huile essentielle 4e térébenthine. Ce camphre artificiel, découvert par Kjn4, est blanc , brillant, en cristairx grenus , d'une forme indéterminable , sans action sur Yinfusum de tournesol, et d'une odeur analogue à celle du camphre • sa plensité est moindre que celle 4e Teau, Chauffé dans des vaisseaux fermés, il se sublime en partie ; mais une portion se décompose et fournit 4ç l'acide hydro - chlorique : il est pQmpïèfemenJ décom- posé si on le fait passer à travers un tubje de pprcelaine incandescent. Si, étant exposé à l'air, on le met en contact ayec un corps en ignilion, il absorbe l'oxigène de l'atmosphère, s'enflamme, ne laisse point de résidu, ej se transforme en eau, en acide carbonique ej; en acide hydro- chlorique. Il est insoluhlje qlans Ye#u} il se dissout assez abondamment dans l'alcool, d'où il peut être précipité par l'eau. Il ne se comporte pas avec l'acide nitrique comme lie- camphre ordinaire; en effet, lorsqu'on Ig chauffe avec cet acide, ou obtient du chlore; il ne se forme point d'acide camphorique, et Ton ne remarque pas les deux couches de densité différente dont nous avons parlé § 686. 11 est insoluble dans l'acide acétique^ si on ^ fait digérer avec les alcalis, ceux-ci lui enlèvent une petite quantité d'acide hydro-chlorique. Suivant M. Thenard, le camphre lïS SECONDE PARTIE. artificiel est formé d'acide hydro-chlorique et d'huile de térébenthine non altérée. Kind, Tromsdorff, MM.Boullay, Clusel et Chomet pensent, au contraire , qu'il est compose d'oxigène, d'hydrogène et de carbone. Il est sans usages. Du Caoutchouc {gomme élastique). Le caoutchouc est regardé par plusieurs chimistes comme un principe immédiat particulier ; d'autres pensent qu'il est formé d'une matière solide et d'une substance huileuse. En attendant que de nouvelles expériences nous aient éclairés sur sa composition intime , nous adopterons la première de ces opinions. Les nombreux rapports du caoutchouc avec les autres principes de cette classe nous engagent à placer ici son histoire ; cependant nous devons indiquer qu'il contient de l'azote, et qu'il devrait peut-être se trouver parmi les substances végéto-animales. 688. Le caoutchouc n'est autre chose, suivant Fourcroy, qu'un suc laiteux oxigéné par le contact de l'air, et obtenu, par incision, del'hœvea caoutchouc, du jatropha elastica, du ficus indica, de Yartocarpus integrifolia, arbres qui croissent dans les Indes occidentales et dans l'Amérique méridionale. Lorsqu'il a été desséché, il est solide, blanc , inodore, insipide , mou , flexible, très-élastique , tenace et plus léger que Teau ; sa pesanteur spécifique est de o,9335. Le caoutchouc du commerce est brunâtre au lieu d'êtreblanc, parce que les Indiens le soumettent à l'action de la fumée. Soumis à la distillation, il fond, se décompose et fournit un produit ammoniacal. Si, étant exposé à l'air , on le met en contact avec un corps en ignition, il absorbe l'oxigène et s'enflamme. Il ne s'altère point-dans l'atmosphère ; il est insoluble dans Teau et dans l'alcool. L'eau bouillante le gonfle, et ramollit tellement ses bords, qu'on peut, en les rapprochant et les pressant l'un contre l'autre, les faire adhé-. de l'alcool. ng rer, propriété dont on tire parti pour faire des tubes et des sondes de gomme élastique. Les huiles essentielles dissolvent le caoutchouc qui a été ramolli par Teau ; il en est de même de l'éther sulfurique privé d'eau ; lorsqu'on verse de Tal- cool dans cette dissolution éthérée, il se forme tout-à-coup un précipité de caoutchouc, et l'alcool s'unit à l'éther. Les alcalis le dissolvent à peine, mais le changent en une ma- tière glutineuse. L'acide sulfurique le charbonne; il est décomposé par l'acide nitrique ; l'acide hydro-chlorique n'agit point sur lui. On l'emploie pour préparer les sondes , et certains vernis, et pour effacer les traces de crayon. De l'Alcool {esprit-de-vin ). L'alcool est constamment un produit de l'art; il se forme toutes les fois que le sucre éprouve la fermentation spiri- tueuse, que Ton désigne plus particulièrement sous le nom de fermentation alcoolique. 689. L'alcool pur et concentré est un liquide transparent, incolore comme Teau, ne rougissant point Yinfusum de tournesol, doué d'une odeur forte, agréable, et d'une saveur chaude et caustique ; sa pesanteur spécifique est, suivant Richter, de 0,792, à la température de 200 ; cette pesanteur devient plus considérable à mesure que Ton ajoute de Teau à l'alcool: ainsi, d'après Gilpin, elle est de 0,99327 lors- qu'il contient 95 parties d'eau sur 100. 690. Il est très-volatil, et entre en ébullition à la tempé- rature de 790 thermomètre centigrade, sous la pression de r-6 centimètres ; la pesanteur spécifique de sa vapeur est 1,6133, celle de l'air étant prise pour unité; elle est par conséquent près de trois fois aussi considérable que celle de Teau, qui ne s'élève qu'à o,6235. Si on fait passer l'al- cool en vapeur à travers un tube de porcelaine rouge , on le décompose. M. de Saussure a retiré de 81,17 gram- 120 SECONDE PARTIE. mes d'alcool liquide soumis à cette expérience et contenant n,23 grammes d'eau : I*. Gaz hydrogène carboné , gaz oxide de carbone et un atome de gaz acide carbonique....., . ,. 59,o(.mj 2°. Eau................................ 17,7;J 5°. Lames minces volatilisées et huile essentielle brune......«....., . ,.............. o,Q 1i 4°. Un atome d'acide acétique.............. 5°. Alcool non décomposé................. o,oC5 6°. Ghdrbon........................,____ o,oo5 7°. Perte.............................., 3,042 Si au lieu de traiter l'alcool par le feu, on le soumet à l'action d'un mélange frigorifique dont la température est de 68°, 33— o thermomètre centigrade , il ne se Congèle pas ( Walker). Suivant M* Hutton , il se solidifierait et cris- talliserait à 790 — o, température extraordinairement basse, que ce savant paraît avoir obtenue par des moyens particu- liers qu'il a omis de publier et qui nous sont inconnus. Lumière. La puissance réfractive de l'alcool, comparée à celle de Tair, est de 3,2223* Il n'est point conducteur "' fluide électrique. G91. Mis en contact à la température ordinaire avec le gaz oxigène ou avec Y air atmosphérique,ïl se volatilise, se mêle avec ces gaz, leur communique Todeur qui lui est propre et la propriété d'enivrer les animaux qui le respirent. L'alcool contenu dans ces mélanges prend feu parTapproche des corps en ignition. Lorsque, par le moyen d'un corps enflammé ou d'un certain nombre d'étincelles électriques on élève la température de Te&prit-de-vin qui a le contact du gaz oxigène ou de Tair, il est décomposé ; Thydrôgène et le carboné qu'il renferme se combinent rapidement avec T oxigène pour former de Teau et du gaz acide carbonique l DE L'ALCOOL. 121 et il se produit une flamme blanche très-étendue ; il n'y a aucun résidu si l'alcool est pur. 692. L'hydrogène, le bore, le carbone et l'azote n'agis- sent point sur l'alcool. Il dissout un peu dephosphorek l'aide de la chaleur ; ce solutum est précipité par Teau, qui en sé- pare le phosphore. Boyle a remarqué le premier que lors- qu'on en verse une petite quantité dans un verre rempli d'eau froide et placé dans un lieu obscur, on aperçoit à la surface du liquide des ondes lumineuses , brillantes, qui paraissent dues au gaz hydrogène phosphore qui se dégage : l'eau devient laiteuse. Le soufre et Talcool se combinent parfaitement à l'état de vapeur et donnent naissance à un liquide dont l'odeur est analogue à celle de l'acide hydro-sulfurique, et dont Teau précipite le soufre ; Talcool sulfuré peut être préparé en chauffant du soufre dans un alambic de verre , dans l'intérieur duquel on a sus- pendu , au moyen de deux ou trois fils , un petit vase con- tenant de Talcool ; le soufre fond et se réduit en vapeurs qui échauffent Talcool; celui-ci se vaporise, et se com- bine avec la vapeur de soufre pour former le liquide dont nous parlons, qui ne tarde pas à se condenser dans un récipient queTon a adapté au bec de T alambic. Ilrésultedes expériences faites par Fabre, que le soufre en poudre fine se dissout dans Talcool liquide à l'aide d'une douce chaleur, et même à froid ; mais la dissolution s'opère très-lentement. 693. Si l'on fait arriver une suffisante quantité de chlore gazeux dans Talcool liquide, celui-ci est complètement dé- composé , et Ton obtient beaucoup d'eau et d'acide hydro- chlorique, un peu de gaz acide carbonique, un produit dans lequel le charbon prédomine, et une très-grande quan- tité d'une matière huileuse dont M. Berthollet a parlé le premier, et qui peut être presqu'entièrement séparée du li- quide par Teau. Voici quelles sont les propriétés de cette matière pure ; elle est sous la forme d'un liquide huileux, 122 SECONDE PARTIE. d'une odeur forte , pénétrante et désagréable, d'une saveur très-piquante, et sans action sur Yinfusum de tournesol ; elle est très-volatile. Si on la fait passer à travers un tube de porcelaine incandescent, elle se décompose et fournit du chlore. Si, étant exposée à Tair , on la met en contact avec un corps en ignition, elle s'enflamme facilement et répand des vapeurs d'acide hydro-chlorique. L'eau la décompose avec promptitude. L'acide sulfurique la charbonne dans le même instant, et détermine la formation d'une certaine quan- tité d'eau aux dépens de l'oxigène et de l'hydrogène qui en- trent dans sa composition. Traitée par la potasse caustique pure, et chauffée convenablement, elle se décompose pres- que complètement, et laisse un résidu charbonneux assez considérable. L'alcool est également décomposé par l'iode, qui s'em- pare de son hydrogène et forme de l'acide hydriodique. 694. L'eau se combine avec Talcoolen toutes proportions, et Ton observe qu'il y a élévation de température et rappro- chement des molécules si Talcool est concentré ; ainsi un composé d'une pinte d'alcool concentré et d'une pinte d'eau occupe un volume moindre que celui des deux pintes ; il y a, au contraire , raréfaction et élévation de température si Tal- cool est très-faible : nous devons ces résultats curieux à M. Thillayefils. Lorsque Talcool a été affaibli par ce moyen, il constitue les diverses variétés d'esprit-de-vin que Ton trouve dans le commerce, et qui marquent des degrés différens au pèse-liqueurs. Nous dirons, à l'article des Préparations, que dans Teau-de-vie il y a parties égales en poids d'alcool concentré et d'eau ; il est cependant impos- sible de faire de la bonne eau-de-vie en mêlant ces deux substances. 6g5. L'alcool agit sur les acides d'une manière très-va- riée; il n'exerce aucune action sur les acides carbonique , molybdique, tungstique, columbique et mucique; il dis- T>E L'ALCOOL 12$ sout, au contraire , tous les autres, si toutefois Ton en ex- cepte l'acide phosphorique : ce dernier, et un assez grand • nombre de ceux qui y sont solubles, peuvent, dans certaines circonstances particulières , transformer Talcool en éther, tandis qu'il y en a d'autres dont l'action sur Talcool se borne à une simple dissolution : tel est, par exemple , l'acide borique, dont la dissolution alcoolique jouit même de la propriété de donner une belle flamme verte lorsqu'on la met en contact avec un corps en ignition. 696. Les métaux sont insolubles dans Talcool ; le potas- sium et le sodium décomposent Teau qu'il renferme, s'em- parent de son oxigène et mettent l'hydrogène à nu; d'où il suit qu'ils rendent Talcool plus concentré qu'il n'était. 697. Il n'y a parmi les oxides métalliques que la potasse et la soude qui se dissolvent dans ce liquide. L'ammoniaque y est également soluble. 698. L'action des sels sur Talcool est de la plus haute importance. Tous les sels déliquescens se dissolvent dans Talcool concentré, tandis que les sels efflorescens, ceux qui sont peu solubles dans Teau, et ceux qui ne le sont pas du tout, sont pour la plupart insolubles dans celiquide. SiTal- cool, au lieu d'être concentré, se trouve affaibli par de Teau , alors il acquiert la faculté de dissoudre un certain / nombre de ceux qui auparavant y étaient insolubles, comme on pourra s'en convaincre en jetant les yeux sur le tableau suivant. Plusieurs des sels solubles dans ce liquide com- muniquent à sa flamme une couleur particulière : ainsi les sels de strontiane la colorent en pourpre, les sels cuivreux en vert, l'hydro-chlorate de chaux en rouge , le nitrate de potasse en jaune, etc. Il existe des sels si peu solubles dans ce liquide concentré, que Ton peut les précipiter par Tal- cool de leurs dissolutions aqueuses; Talcool s'empare de Teau et le sel se dépose : tels sont, par exemple, la plu- part des sulfates. 124 ' SECONDE PARTIS. Dissolubililé des Sels dans ioo parties d'alcool de densités différentes , d'après Kirwan. ( Voyez son traité sur les Eaux minérales , pag. 274. ) SELS. ALCOOL DE 0,900. 0,872. 0,848. o,834. 0,817. 0. 0. 0. O. 0. Sulfate de magnésie. • • 1. 1. 0. 0. 0. Nitrate de potasse- • * • 2,76. 1. o. 0. 0. io,5o. 6. 0. o,38. 0. Hydro-chlorate de po- 4.6a. 1,66. 0. o,38. 0. Hydro - chlorate de 5,8o. 6,5o. 3,67. 4,75. o,5o. i,5o. Hydro-chlorate d'am- 0. 0. 0. Hydro-chlorate de ma-gnésie desséché à 49° 21,25. 0. 23,75. 36,25. 5o. Hydro-chlorate de ba- I. 0. 0,29. o,i85. 0,09. 1,56. 0. i,43. 0,3s. 0,06. ! Acétate de chaux. 3,40. 1 0. 4,ia. 4,75. 4,88. Ces expériences ont été faites par Kirwan avec des sels privés de leur eau de cristallisation , que Ton faisait digérer dans Talcool pendant trois jours , à la température de 45° environ, thermomètre centigrade. 699. Nous devons maintenant faire connaître l'action par- ticulière de Talcool sur les nitrates de mercure et d'argent. Lorsqu'on fait bouillir, pendant deux ou trois minute* de l'alcool. ia5 seulement, 11 parties d'alcool avec du nitrate de mercure obtenu préalablement, en dissolvant une partie de mercure dans 7 parties et demie d'acide nitrique à 3o° de l'aréo- mètre de Baume, on remarque à mesure que la liqueur se refroidit, qu'il se précipite -des aiguilles légèrement apla- ties , d'un blanc grisâtre, connues sous le nom de poudre fulminante de Howard, qui le premier en a parlé : dans cette expérience Talcool est décomposé. Suivant M. Ber- thollet, la poudre obtenue est formée d'ammoniaque, d'oxide de mercure, et d'une matière végétale particulière provenant de la décomposition de Talcool. M. Howard la croit au contraire composée de 21,28 d'acide oxalique, de 64,72 de mercure, et de 14,00 de gaz vitreux éthéré et de gaz oxigène combiné avec le métal. Quod qu'il en soit, eUe détonne fortement par la percussion, phénomène qui doit être attribué à sa décomposition et à la formation instanta- née d'une plus ©u moins grande quantité de gaz acide car- bonique , de gaz azote et de vapeur mercurielle. Mise sur les charbons ardens elle produit une légère explosion, se décompose, et absorbe l'oxigène de Tair avec dégagement de lumière d'un bleu tendre. L'acide hydro-ohlorique la transforme en proto-chlorure de mercure., *en thydro-chlo- rate d'ammoniaque et en hydro-chlorate de deutoxide de mercure. 700. Si Ton verse 3o parties d'alcool et 3o parties d'acide nitreux concentré sur 5 parties de pierre infernale pulvé- risée (nitrate d'argent fondu ) , la température 12 gr*Si au l,eu de soumettre l'éther à l'action de la chaleur, on le refroidit en le mettant sous le récipient de la machine pneumatique, et en faisant le vide, il se vaporise en partie; si on absorbe la vapeur à mesure qu'elle se forme, au moyen de l'acide sulfurique concentré, une autre portion d'éther se congêîe, comme Ta prouvé M. Configliachi. ( Voyez pag. 29 , tom. Ier. ) L'éther est mauvais conducteur du fluide électrique; il réfracte fortement la lumière. Abandonné à lui-même dans un flacon bouché contenant de Tair, il se décompose, perd une partie de sa volatilité et de son odeur suave et il se forme de l'acide acétique, surtout si Ton débouche souvent le flacon (Planche.) M- Gay-Lussac pense qu'il se produit en outre une huile et peut-être de 1 alcool ; l'éther devient plus dense, rougit le tournesol, et acquiert une «aveur brûlante, acre et persis- tante ; lorsqu'on le distille il commence à entrer en ébul- lition à la température de 35°,6 environ;mais bientôt après il exige 200 de plus pour bouillir. Si, étant exposé à Tair, on approche de l'éther un corps en ignitîon, il absorbe l'oxigène de l'atmosphère avec déga- gement de calorique et de lumière ; il se produit une flamme blanche très-étendue, fuligineuse, et susceptible de noircir les corps blancs. La vapeur d'éther, mêlée avec le gaz oxigène de l'éther sulfurique. 129 ou arec Y air atmosphérique , et soumise à l'action d'une «tincelle électrique, détonne et se trouve décomposée. Le phosphore et le soufre sont légèrement solubles dans ce liquide. Le chlore le décompose, s'empare de son hy- drogène pour former de l'acide hydro-chlorique, et il y a du charbon mis à nu. L'eau dissout environ le dixième de son poids d'éther; lorsqu'on agite pendant quelque temps ces liquides, il se forme deux couches : Tune supé- rieure , composée d'éther et d'un peu d'eau ; l'autre infé- rieure, formée d'eau et d'un peu d'éther. Le potassiurp. et le sodium sont oxides par Y éther, et il y a une légère effer- vescence. Le barium, le strontium et le calcium agissent probablement de la même manière. 704. Si Ton met une goutte d'éther dans un verre froid, et que Ton plonge dans le verre un fil de platine de g^ ou de ~ de pouce de diamètre, roulé en spirale et préalable- ment chauffé sur un morceau de fer ou à la flamme d'une bougie, le fil devient resplendissant, presque d'un rouge blanc dans quelques parties du verre, et ce phénomène continue tant qu'il y a une quantité suffisante de vapeur et d'air ; il se forme en même temps une substance qui paraît être un acide particulier. ( Voyez les belles recherches de M. Davy sur la flamme , Annales de physique et de chimie, 1817. ) Voici les propriétés assignées par M. Faraday à cet acide nouveau : il est liquide, transparent, incolore, d'une saveur légèrement acide et d'une odeur très-irritante ; il rougit Yinfusum de tournesol et donne avec l'ammoniaque un sel très-volatil, d'une odeur fétide particulière ; il trans- forme la potasse et la soude ensels neutres, qui neprécipitent que les sels d'argent et de mercure ; les précipités obtenus se dissolvent dans une grande quantité d'eau. Si on chauffe le sel qu'il donne avec la potasse, il reste beaucoup de carbone dans la cornue , et il se dégage de l'acide carboni- que , de l'oxide de carbone et de Tbydrogène carboné. Il 11. 9 i3o SECONDE partie. décompose les carbonates dépotasse, de soude, d'ammo- niaque et de magnésie ; et n'a aucune action sur le carbo- nate de chaux. Tous les sels formés par cet acide sont dé- composés par les acides ordinaires. M. Faraday croit qu'il est composé d'oxigène , d'hydrogène et de carbone. Il est parvenu à l'obtenir facilement par le procédé suivant : on met un peu d'éther sulfurique dans une vessie que Ton remplit ensuite d'air atmosphérique ; on fait passer lente- ment le mélange gazeux dans un tube de verre échauffé , dans lequel on a mis du platine en fils ou en feuilles, et dont l'extrémité plonge dans un vase entouré d'un mélange frigorifique. Lorsque la vessie ne contient plus d'air éthéré, on la remplit de nouveau, et on réitère plusieurs fois la même opération ; il se dégage beaucoup de gaz acide car- bonique , et il se dépose du carbone sur le métal ; enfin on trouve dans le vase une dissolution aqueuse contenant le nouvel acide. 7o5. L'éther sulfurique ne se combine point avec les bases, si toutefois Ton en excepte la potasse et l'ammo- niaque. Les acides hydro-chlorique et acétique le dissolvent, et Teau ne le sépare que de la dernière de ces dissolutions. (Boullay). l^acide sulfurique concentré le décompose à l'aide de la chaleur; il se forme de Teau, de Thuile douce de vin , du gaz hydrogène per-carboné, du gaz acide sulfu- reux, du gaz acide carbonique, et il se dépose du charbon. Vacide nitrique n'agit point sur lui à froid ; il le décom- pose si on élève la température. 11 ne paraît pas avoir beaucoup d'action sur les sels ) nous avons déjà parlé des phénomènes qu'il présente avec l'hydro-chlorate d'or. {Voy. pag. 456, t. Ier). Il dissout le sublimé corrosif par l'agitation ; M. Vogel a observé que le solutum, exposé au soleil pendant quelques jours, se dé- compose et laisse déposer du proto-chlorure et du carbo- nate de mercure sous la forme d'une poudre blanche, DE L'ÉTHER HYDRO-CnLORlQfJE. l3l phénomène qui annonce à-la-fois la décomposition de Télher et celle du sel mercuriel. L'alcool et l'éther s'unissent et forment un liquide in- colore, limpide, décomposable par Teau, qui s'empare de l'alcool et sépare l'éther sous la forme de petits globules qui viennent à la surface. La liqueur minérale anodine d'Hoffmann n'est autre chose qu'un mélange fait avec parties égales d'alcool et d'éther concentrés. Les huiles fixes et essentielles, le camphre, les résines, etc., peuvent se dissoudre dans l'éther. D'après M. Gay-Lussac, l'éther est formé de 100 parties d'hydrogène et de carbone dans le rapport convenable pour faire le gaz hydrogène per-car- boné, et de 31,95 d'oxigène et d'hydrogène dans les pro- portions nécessaires pour donner lieu à de Teau, ou, ce qui revient au même, de 2 volumes de gaz hydrogène per- carboné et d'un volume de vapeur d'eau. L'éther est un des caïmans et des anti-spasmodiques leS plus accrédités et les plus généralement employés en mé- decine. Il est administré avec le plus grand succès, i° dans une foule d'affections nerveuses ; 20. dans un* très-grand nombre de fièvres intermittentes; donné une heure avant l'accès, il le prévient souvent, ou du moins, il s'oppose à ce que le frisson se manifeste. On le fait prendre depuis 6, 8 ou 10 gouttes, jusqu'à un demi-gros et même plus; cependant il faut être circonspect sur son emploi, car , à forte dose, il détermine l'inflammation des tissus du canal digestif, tous les symptômes de l'ivresse, et la mort. ( Voyez ma Toxicologie générale ). On le donne ordi- nairement sur un morceau de sucre eu dans une po- tion anti-spasmodique; quelquefois aussi on le fait ins- pirer. 706. Ethersdu deuxième genre. Ces ethers sont au nombre de neuf;Téther hydro-chlorique, l'éther nitreux, l'éther hydriodique, l'éther acétique, l'éther benzoïque, Tédier ï32 seconde partie. oxalique,l'éther citrique, l'éther tartarique et Téther gal- lique. On peut considérer ces ethers comme des composés d'alcool et d'acide, dans lesquels ce dernier est plus ou moins retenu ou neutralisé par Talcool ; on peut encore les regarder comme étant formés des principes constituans de Tune ou de l'autre de ces substances ; nous préférons adopter la pre- mière de ces hypothèses. Trois d'entre eux, savoir, l'éther hydro-chlorique, l'éther nitreux et l'éther hydriodique sont plus volatils que Talcool ; les six autres le sont moins. Il* sont tous le produit de l'art. Des Ethers du deuxième genre plus volatils que l'alcool» 707. Éther hydro-chlorique. Cet éther peut se présenter sous deux états : au-dessus de 11° therm. cent., il est gazeux; à 11° et au-dessous il est liquide, pourvu que la pression de l'atmosphère soit de 76 centimètres. Éther hydro-chlorique gazeux. Il est incolore, doué d'une odeur forte, semblable à celle de Téther sulfurique, et dTune saveur légèrement sucrée; il n'agit point sur Yinfusum de tournesol ni sur le sirop de violette; sa pesanteur spécifique est de 2,219. Éther hydro - chlorique liquide. Il est plus lourd que Téther sulfurique; sa pesanteur spécifique, comparée à celle de Teau, est de 0,874 à la température de 5° -f- o. Il est très-volatil, puisqu'il suffit de le verser sur la main pour le faire entrer en ébullition. Si on le fait passer lentement à travers un tube chauffé au rouge blanc , rempli de fragmens de porcelaine , pour que la surface se trouve augmentée, et la chaleur également distribuée , on le décompose en totalité, et Ton obtient, suivant les dernières expériences de MM. Colin et Robiquet, un gaz composé en volume de 36,79 d'acide hydro-chlorique, et de 63,21 d'hydrogène per-carboné ; il ne se produit point d'eau ni d'acide carbonique, et il ne se dépose pas de charbon. DE L'ÉTHER DU fcAZ OLÉFIANT. l3$ Si Ton approche de Téther hydro-chlorique qui est en contact avec le gaz oxigène ou avec Tair, un corps enflam- mé , ou bien qu'on y fasse arriver une étincelle électrique, Téther absorbe l'oxigène, se décompose, produit une flamme verte, et se transforme en eau, en gaz acide hydro- chlorique et en gaz acide carbonique. Si l'expérience se fait dans des vaisseaux fermés, et que Ton emploie 3 parties d'oxigène contre une d'éther, il y a une vive détonnation et l'instrument est brisé. Le chlore le décompose à toutes les températures, s'empare de son hydrogène et passe à l'état d'acide hydro-chlorique. L'eau, à la température de 18°, età la pression de 28 pouces, peut dissoudre un volume d'éther hydro-chlorique égal au sien ; la saveur du solutum est sucrée. Les acides sulfurique, nitrique et nitreux ne le décomposent qu'à l'aide de la chaleur, et ils en dégagent du gaz acide hydro-chlorique. La potasse, la soude ou l'am- moniaque n'agissent sur lui qu'après quelques jours de contact, et donnent lieu à des hydro-chlorates. Le nitrate d'argent et le nitrate de protoxide de mercure, qui jouis- sent de la propriété de décomposer sur-le-champ l'acide hydro-chlorique et de lui enlever l'hydrogène, ne décom- posent cet éther qu'au bout de quelques heures ; alors seule- ment i) se dépose une petite quantité de chlorure d'argent ou de proto-chlorure de mercure ; la décomposition n'est même pas complète au bout de trois mois , comme Ta prouvé M. Thenard. Mais si on met le feu au mélange d'éther et de l'un ou de l'autre de ces sels, il se forme dans le même instant une très-grande quantité de chlorure, qui annonce que la décomposition est subite. L'alcool dis- sout très-bien Téther hydro-chlorique, et le solutum est dé- composé par Teau, qui s'empare de Talcool. Cet éther a été découvert par M. Basse de Hameln ; il a fait ensuite l'objet des recherches de MM. Gehlen , Thenard et Boullay. Il est formé, d'après MM. Colin et Robiquet, de parties égales l34 SECONDF. PARTIE. en volume de gaz acide hydro-chlorique et de gaz hydro- gène per-carboné. 708. Ces deux derniers chimistes , en examinant l'action du chlore sur le gaz hydrogène per-carboné, ont obtenu un liquide qui, suivant eux , ne diffère du précédent qu'en ce qu'il contient moins d'hydrogène, et qu'ils appellent éther du gaz oléfiant. Voici quelles sont ses propriétés. Il est huileux et incolore; il a la même odeur et la même saveur que le précédent; sa pesanteur spécifique à 70 th. centigrade, comparée à celle de Teau, est de 1,2201. Il n'entre en ébullition qu'à la température de 66°, 74 therm. centigrade, d'où il suit qu'il est moins volatil et beaucoup plus pesant que Téther hydro-chlorique. En le faisant passer à travers un tube de porcelaine chauffé au rougè blanc, il est décomposé comme Téther hydro-chlorique ; 100 parties du mélange gazeux obtenu par cette décomposition sont formées de 61.39 de gaz acide hydro-chlorique, et de 38,61 de gaz hydrogène per-carboné. Si, étant exposé à Tair, on le met en contact avec un corps enflammé, il se décompose, répand une flamme verte, et des vapeurs épaisses, suffocantes, composées principalement d'acide hydro-chlorique, et mêlées.de flocons de charbon sem- blables au noir de fumée. Le chlore , après avoir été absorbé par ce liquide oléagineux, le décompose et s'empare d'une portion de son hydrogène pour former de Tacide hydro-chlorique; il lui communique une couleur citrine verdâtre , une odeur désagréable, une saveur caus- tique métallique, et la propriété de répandre des fumées suffocantes, très-acides. La potasse, la soude et l'ammo- niaque liquides agissent sur lui à froid comme sur Téther hydro - chlorique. Si on le traite par la potasse caustique pure et qu'on chauffe convenablement le mélange, il ne s'altère pas et peut être complètement distillé. Si Ton fait Knconlrer à l'état gazeux et à une température élevée, Tain- de l'éther hydriodique. i35 moniaque et le liquide dont nous parlons, la décomposition a lieu sur-le-champ ; il se produit de l'hydro-chlorate d'ammoniaque et un gaz inflammable. Mise en contact avec de l'oxide de cuivre chauffé jusqu'au rouge cerise, la vapeur de ce liquide est facile- ment décomposée, et Ton obtient du cuivre métallique, du chlorure de cuivre, du gaz acide carbonique et du gaz hydro- gène très - chargé de carbone. L'acide sulfurique concentré n'agit point sur cet éther. Ces propriétés suffisent pour le distinguer de la matière huileuse découverte par M. Berthollet en faisant passer du chlore dans Talcool ( voyez § 693 ) ; mais elles prouvent en même temps qu'il a le plus grand rapport avec Téther hydro-chloriqûe. MM. Colin et Robiquet le regardent comme formé de parties égales en volume de chlore et de gaz hydrogène per-carboné ; d'où il suit qu'il ne diffère de Téther hydro-chlorique qu'en ce qu'il contient moins d'hy- drogène. Il est probable que ce produit huileux pourra être employé avec succès en médecine, tandis qu'il est impossible de se servir de Téther hydro-chlorique à raisoa de sa grande volatilité. 709. Ether nitreux. Il est liquide, d'un blanc jaunâtre, sans action sur Yinfusum de tournesol, doué d'une saveur acre, caustique, et d'une odeur semblable à celle des ethers pré- cédens, mais beaucoup plus forte; sa pesanteur spécifique, moindre que celle de Teau, est plus grande que celle de Talcool. Il se volatilise à toutes les températures, et entre en ébullitionà 210 thermomètre centigrade. Lorsqu'on le fait passer à travers un tube de porcelaine incandescent, il fournit de Teau, de l'acide hydro-cyanique (î), de l'ammoniaque, de Thuile, du charbon, du gaz acide car- (1) Acide prussique r composé d'hydrogène, de carbone et d'azote. l36 SECONDE l'ARTIE. bonique, du gaz deutoxide d'azote, du gaz azote, du gaz hydrogène carboné et du gaz oxide de carbone. Si, étant exposé à Tair, on le met en contact avec un corps en ignition, il absorbe l'oxigène, se décompose avec facilite et produit une flamme blanche: on n'obtient aucun résidu. Lorsqu'on l'agite avec une assez grande quantité d'eau, il se volatilise en partie; la portion non volatilisée se dé- compose presque en totalité en acide nitreux et en alcool ; en effet, le liquide résultant rougit Yinfusum de tournesol, et donne, lorsqu'il est distillé avec de la potasse, de Tal- cool et de Teau qui se volatilisent, et du nitrite de potasse fixe. Il fournit à-peu-près les mêmes produits quand il est enfermé dans des flacons pendant quelques jours. La po- tasse dissoute dans Talcool agit également sur Téther ni- treux, le décompose, et il se forme des cristaux de nitrite de potasse; mais la décomposition n'est complète qu'au bout de plusieurs jours. Cet éther, entrevu par Kunkel, ne fixa l'attention des chimistes qu'au moment où Navier publia les résultats de ses expériences. M. Thenard, qui a fait sur lui un travail fort intéressant, le croit formé d'alcool, d'a- cide nitreux, et peut-être d'une petite quantité d'acide acé- tique. Il agit sur l'économie animale comme Téther sulfuri- que ; mais il doit lui être préféré, à raison de sa plus grande volatilité, lorsqu'il est employé pour déterminer le refroi- dissement. On ne doit le mêler avec les boissons qui lui ser- vent d'excipient qu'au moment où le malade va les prendre, afin d'éviter la décomposition qu'il éprouve de la part de Teau. 710. Éther hydriodique. Il est liquide, transparent, in- colore, doué d'une odeur forte, analogue à celle des autres ethers; sa pesanteur spécifique à 22°,3 therm. centigrade, est de 1,9206. Il prend au bout de quelques jours une couleur rosée qui dépend d'une certaine quantité d'iode mis à nu ; mais la potasse et la soude le décolorent sur-le- champ en s'emparant de l'iode. Il entre en ébullition à la de l'éther benzoïque. i3^ température de 64°,8. Soumis à faction du calorique dans un tube de porcelaine incandescent, il se décompose et fournit de l'acide hydriodique très-brun, un gaz inflammable carburé, un peu de charbon et une substance floconneuse d'une odeur éthérée, que M. Gay-Lussac regarde comme de l'acide hydriodique uni à une matière végétale particu- lière. Il n'est point inflammable ; mis sur les charbons ar- dens, il exhale des vapeurs pourpres. Il est inaltérable par la potasse, et par les acides nitrique et sulfureux. Il a été découvert par M. Gay-Lussac, et décrit par lui dans les Annales de Chimie, tom. XCI. Ce savant le croit formé de ioo parties d'acide et de i8,55 d'alcool en poids. Il n'a point d'usages. Des Ethers du deuxième genre moins volatils que l'alcool. 711. Ether acétique. Il est liquide, incolore, et sans action sur Yinfusum de tournesol ; il a une odeur agréable d'éther sulfurique et d'éther acétique, et une saveur particulière différente de celle de Talcool. Sa pesanteur spécifique, comparée à celle de Teau, est de 0,866 à la température de 70 thermomètre centigrade. 11 se volatilise à toutes les tem- pératures , et il entre en ébullition à 71°, à la pression de 76 centimètres. Si, étant exposé à Tair, on le met en con- tact avec un corps en ignition, il absorbe l'oxigène, se décompose, produit une flamme d'un blanc jaunâtre, et laisse pour résidu de l'acide acétique. Il est soluble dans sept fois et demie son poids d'eau à 170, et il n'éprouve au,cune altération de la part de ce liquide; si on ajoute de la potasse au mélange, il est subitement décomposé , perd l'odeur éthérée, et fournit à la distillation de Talcool et de Teau qui se volatilisent, et de l'acétate de potasse fixe. Il est très-soluble dans Talcool ; Teau le précipite presqu'en entier de cette dissolution. Mêlé et distillé avec parties égales d'acide sulfuriqueconcentré,ilestdécomposé, et transformé 100 SECONDE PARTIE. en éther avec excès d'acide acétique et en éther sulfurique. ( Planche. ) C'est au comte de Lauraguais que Ton doit la découverte de cet éther. Il agit sur l'économie animale à-peu- près comme Téther sulfurique ; il produit du froid et aug- mente l'exhalation cutanée. On l'emploie avec le plus grand succès, en frictions, dans certains paroxysmes de goutte et de rhumatisme ; ces frictions doivent être renouvelées plu- sieurs fois par jour et faites chaque fois avec 3 ou 4 gros d'éther. Il paraît cependant préférable de se servir d'éther acétique solidifié par le savon. M. Pelletier conseille de faire dissoudre à la chaleur du bain-marie un gros et demi de savon animal dans une once d'éther acétique , de filtrer la dissolution et de la laisser refroidir ; elle se prend en masse à Ja température de io°-f-o, et constitue alors le savon acétique éthéré. On peut aussi diminuer la quantité de savon, et ajouter un peu de camphre et d'huile volatile. On favorise en même temps l'action de ce médicament à l'extérieur par des boissons sudorifiques dans lesquelles on met 4° ou 5° gouttes du même éther, par verre. 712. Éther benzoïque. Il est incolore, liquide à latempé- rature ordinaire, doué d'une saveur piquante et d'une odeur faible, différente de celle de Téther sulfurique ; sa consis- tance est oléagineuse, et sa pesanteur spécifique plus consi- dérable que celle de Teau ; il est presque aussi volatil que ce liquide. Il se dissout très-bien dans Talcool, très-peu dans Teau chaude et beaucoup moins dans Teau froide ; le solutum alcoolique précipite par Teau. Il est entièrement décomposé lorsqu'on l'agite avec de la potasse. Sa décou- verte est due à M. Thenard. Il n'a point d'usages. 713. Éther oxalique, citrique et malique. Ces ethers sont un peu jaunâtres, inodores, plus pesans que Teau, un peu solubles dans ce liquide et très-solubles dans Talcool, d'où ils peuven t être précipités par T eau. La saveur de Téther oxalique est légèrement astringente ; celle de Téther citrique est très- DE l'esprit pyro-acétique. i39 amère : le premier est le seul qui soit volatil ; il se volatilise même dans Teau bouillante. Chauffés avec une dissolution de potasse, ils sont entièrement décomposés et transformés en alcool qui se volatilise, et en acide qui reste combiné avec la potasse. Ils n'ont point d'usages. Leur découverte est due à M. Thenard. Éther tartarique. Il est sous la forme d'un liquide si- rupeux , d'une couleur brune, d'une saveur amère, légè- rement nauséabonde; il est inodore, sans action sur Yin- fusum de tournesol, très-soluble dans Teau et dans Talcool. Soumis à la distillation, il se décompose , répand des fu- mées épaisses, d'une odeur alliacée, et laisse un résidu charbonneux qui contient beaucoup de sulfate de potasse et qui n'est pas alcalin. Il agit sur la potasse comme les trois ethers précédemment étudiés. Il diffère de ceux-ci en ce qu'il contient du sulfate de potasse qui s'est formé pendant sa préparation ( V'oyez Extraction des corps organiques, à la fin de ce volume ). Il n'a point d'usages. Sa découverte est encore due à M. Thenard. De l'Esprit pyro-acétique. 714. L'esprit pyro-acétique est le produit de l'art; il se forme lorsqu'on décompose par le feu un certain nombre d'acétates. Il est liquide, incolore et très-limpide; il a une saveur d'abord acre et brûlante ; mais qui ensuite devient fraîche et mineuse ; son odeur se rapproche de celle de la menthe poivrée, mêlée de celle des amandes amères ; sa pesanteur spécifique est de 0,7864 lorsqu'il a été distillé sur du chlorure de calcium. 11 bout à 590 thermomètre centigrade, et il conserve sa liquidité à i5°—o°. Si, étant exposé à Tair, on approche de lui un corps en ignition , il absorbe l'oxigène et produit une flamme blanche à l'ex- térieur, et d'un beau bleu à l'intérieur. 11 est susceptible de se combiner en toute proportion avec Teau, Talcool, les Ï40 SECONDE partie. huiles fixes et volatiles, surtout à l'aide d'une douce cha- leur. Il dissout très-peu de soufre à froid; le phosphore y est un peu plus soluble ; le camphre n'a pas de dissolvant plus actif. La cire blanche d'abeilles y est soluble à chaud. Lapotasse agit à peine sur l'esprit pyro-acétique. L'acide sul- furique le décompose même à froid, et il ne se forme point d'élher; il est également décomposé par l'acide nitrique ; il forme avec l'acide hydro-chlorique un composé qui n'est pasacide, etdanslequel on ne peut démontrer Texislence de l'acide hydro-chlorique qu'en le décomposant parla chaleur. Nous avons emprunté ces détails à M. Chenevix, qui a particulièrement étudié cette substance, dont Courtanvaux, Monnet, Lassone, Desrones, etc., avaient déjà parlé. CLASSE IV. Des Matières colorantes. Il est probable qu'il existe un très-grand nombre de ma- tières colorantes particulières qui pourront être isolées par la suite, et qui augmenteront par conséquent le nombre des principes immédiats : jusqu'à ce jour on n'en a séparé que six, Thématine , le rouge de carthame , l'indigo, la polycrhoïte , la matière colorante du santal rouge et Tor- canetle : nous parlerons de chacune d'elles en particulier , après avoir exposé leurs principales propriétés générales. 715. Ces matières se trouvent dans toutes les parties des plantes , unies tantôt à quelques principes immédiats inco- lores , tantôt à des principes colorés. M. Thenard pense qu'elles renferment beaucoup de carbone ; plusieurs d'entre elles contiennent de l'azote. Leur couleur varie à l'infini ; elles paraissent toutes être solides, insipides et inodores. Soumises à la distillation , elles sont décomposées et four- nissent des produits analogues à ceux donlnous avons parlé ( § 6I$7 ) ; celles qui sont azotées donnent en outre de DE L*HÉMATINE. l4l l'ammoniaque. L'air humide, avec le concours des rayons lumineux, altère leur couleur, et la détruit même quel- quefois; on observe des phénomènes analogues lorsqu'on substitue à la lumière une chaleur capable de faire monter le thermomètre à 15o° ou à 2000 centigrade. Le chlore dé- truit et jaunit toutes les matières colorantes, même à froid; il s'empare de leur hydrogène et passe à l'état d'acide hydro-chlorique. 716. L'eau les dissout presque toutes ; il en est cependant qui ne se dissolvent que dans Talcool, dans Tttherou dans les huiles ; presque toujours ces menstrues acquièrent la couleur de la matière sur laquelle ils agissent. Les acides et les alcalis concentrés peuvent détruire un très-grand nombre de ma- tières colorantes en agissant sur elles comme sur les autres principes immédiats ; cependantces réactifs, étendus d'eau, ont la faculté d'en dissoudre un certain nombre ; à la vérité, ils en changent quelquefois la couleur ; mais dans ce cas on peut faire reparaître par un alcali celle qui a été chan- gée par un acide , et vice versa. La majeure partie des oxides métalliques et des sous- sels insolubles , ont la faculté d'enlever à Teau les matières colorantes qu'elle tient en dissolution ; l'oxide ou le sous- sel coloré par ce moyen porte le nom de laque. ( Voyez Préparations. ) Les matières colorantes sont principale- ment employées dans la teinture. De VHémaline. 717. Cette substance a étéséparéepar M. Chevreul dubois de Campèche ( hœmatoxylum campechianum ) ; son nom est dérivé d'atpix, sang, qui est la racine du mot hœmatoxy- lum. Elle cristallise en petites écailles d'un blanc rosé, qui ont l'aspect métallique; sa saveur est légèrement astrin- gente , amère et acre. Soumise à la distillation, elle fournit, outre les produits indiqués § 637 , de l'acétate d'ammo- 142 SECONDE PARTE E. niaque , et laisse pour résidu o,55 de charbon ; elle est peu soluble dans Teau froide: Teau bouillante la dissout plus facilement, se colore en pourpre et jaunit par le refroidis- sement ; lorsqu'on fait évaporer cette dissolution, elle fournit des cristaux d'hématine; les acides la font passer au jaune et au rouge quand ils sont forts et employés en excès ; l'acide sulfureux commence par la jaunir; il détruit ensuite la couleur si on le fait agir assez long-temps ; l'acide hydro- sulfurique se combine avec elle, la jaunit et finit par la dé- colorer , mais sans détruire la couleur ( voyez Acide hydro- sulfurique, t. Ier, § 3s ); les alcalis, et presque tous les oxides qui saturent les acides, la font passer au bleu ; elle précipite la dissolution de gélatine sous la forme de flocons rougeàtres. On n'emploie jamais Thématine à l'état de pureté, mais elle fait partie essentielle des couleurs préparées avecle bois deCampèche: ces couleurs sont principalement le violet et le noir. M. Chevreul la regarde avec raison comme un excellent réactif propre a découvrir la présence des acides. Couleur rouge du Carthame. 718. Cette matière , isolée poUr la première fois par Du- four, se trouve dans la fleur du carthamus tinctorius de Lin- née ; elle est sous la forme d'une poudre d'un rouge foncé ; sa couleur est extrêmement fugace. Soumise à la distillation , elle fournit très-peu d'eau et d'huile, une assez grande quantité de charbon et une très-petite quantité de gaz. Elle est insoluble dans Teau. Les acides avivent sa couleur sans la dissoudre. La potasse, la soude et les sous-carbonates de ces bases la dissolvent et lui donnent une teinte jaune, que Ton peut faire passer au rose par l'addition d'un acide quelconque , et surtout d'un acide végétal. L'alcool la dis- sout facilement, et acquiert une belle couleur rose qui passe à l'orangé par l'action de la chaleur ; elle est moins DE L'iNDIGO. l43 soluble dans Téther. Les huiles fixes et volatiles n'agissent point sur elle. On emploie souvent le carthame pour teindre la soie, le fil et le coton en rose ou en rouge : ces couleurs sont très- éclatantes , mais peu solides, surtout la première. Broyée avec du talc finement pulvérisé, la matière colorante du carthame constitue le rouge dont les femmes font usage pour la toilette. De l'Indigo. 719. L'indigo n'a été trouvé jusqu'à présent que dans quel- ques espèces du genre indigofera, dans l'isatis tinctoria, et dans quelques espèces du genre nerium; il est probable qu'il existe dans toutes les espèces de ces genres et dans quelques autres plantes. La substance connue dans le com- merce sous le nom d'indigo flore ow de guatimala, renferme, outre ce principe immédiat, beaucoup d'autres matières. M. Chevreul, qui le premier a fait connaître l'indigo pur, en traitant l'indigo flore par Teau, par Talcool et par l'acide hydro-chlorique, a trouvé dans 100 parties d'indigo guati- mala, i° matières solubles dans Teau , savoir : matière verte unie à l'ammoniaque , un peu d'indigo désoxidé, extractif, gomme, 12 parties; 20 matières solubles dans Talcool, c'est-à-dire, matière verte, résine rouge, un peu d'indigo, 3o parties ; 3° matières solubles dans l'acide hydro-chlori- que , savoir : résine rouge, 6 parties ; carbonate de chaux, 2 parties ; peroxide de fer et alumine, 2 parties ; 4° matières insolubles dans ces agens : silice , 3 parties ; indigo pur, 45 parties. 720. Indigo pur. L'indigo pur est solide, d'un bleu cuivré, susceptible de cristalliser en aiguilles , et alors il a vraiment l'aspect métallique ; il est inodore et insipide. Soumis à l'action du calorique dans des vaisseaux fermés , il se par- tage en deux parties : Tune se volatilise sous la forme de 144 SECONDE PARTIE. vapeurs pourpres qui se condensent dans le col de la cor- nue; l'autre se décompose à la manière des substances azotées et fournit beaucoup d'ammoniaque. ( Voyez Action de la chaleur sur les matières animales. ) Si on le chauffe avec le contact de Tair, aune température moyennement élevée , il s'en volatilise beaucoup plus que dans le cas pré- cédent; mais si la chaleur est rouge, il absorbe rapidement l'oxigène de Tair, avec dégagement de calorique et de lu- mière , se décompose et laisse un charbon volumineux. Il n'éprouve aucune altération de la part de Tair ; il est insoluble dans Teau et dans Téther ; Talcool bouillant le dissout sensiblement et se colore en bleu ; mais il se préci- pite en grande partie à mesure que le liquide se refroidit. Pulvérisé et mis en contact avec 9 ou 10 parties d'acide sulfurique concentré, il se dissout, surtout à l'aide d'une douce chaleur ; mais il paraît que dans cette opération il éprouve une altération quelconque, car il perd la propriété de se volatiliser, et il peut se dissoudre dans certains réac- tifs qui auparavant n'agissaient point sur lui. L'acide ni- trique , même étendu d'eau , le décompose et le trans- forme en une très-grande quantité de matière résineuse et en deux substances amères et détonnantes. (Chevreul.) L'acide hydro-chlorique et les alcalis lui communiquent une teinte jaunâtre à l'aide de la chaleur. Lechlore le jaunit en très-peu de temps. Plusieurs substances avides d'oxigène, comme l'acide hydro-sulfurique , Thydro-sulfate d'ammoniaque, le sulfate de protoxide de fer, un mélange de potasse et de protoxide d'étain, ou de potasse et de sulfure d'arsenic , etc., le dé- composent à froid ou à chaud, s'emparent d'une portion de son oxigène, et le transforment en indigo jaune que Ton pourrait appeler indigo au minimum d'oxigène ; cet indigo est soluble dans Teau, surtout à l'aide des alcalis; si on l'expose à Tair, il absorbe de l'oxigène, et il passe à l'état DE LA COULEUR DU SANTAL. l/±5 d'indigo bleu insoluble dans Teau. L'indigo est employé dans la teinture. De la Matière colorante du santal rouge. 721. Le bois dusantalrouge (pterôcarpussantolinus,arhr.uç, plusieurs , et xpoa, couleur. 722. La polychroïte est sous la forme d'écaillés d'un jaune rougeâtre, brillantes et transparentes lorsqu'elles sont chau- des, attirant l'humidité de Tair et devenant visqueuses quand elles sont refroidies. Soumise à la distillation, la poly- chroïte se décompose et donne de Teau, un acide, deux espèces d'huile, Tune d'un jaune citrin, l'autre plus co- lorée , du gaz acide carbonique, de l'hydrogène carboné, etc. Elle se dissout dans Teau et dans Talcool ; le solutum, exposé aux rayons solaires, dans un flacon bien bouché , se déco- lore et devient limpide comme de Teau. La dissolution al- coolique n'est pas précipitée par Teau; elle a une odeur suave, analogue au miel, et une saveur amère piquante comme celle du safrau. L'acide sulfurique, versé en petite quantité dans une dissolution de polychroïte, la fait passer d'abord au bleu d'indigo , puis au lilas. L'acide nitrique lui communique une couleur vert pré ; les couleurs dispa- raissent par l'addition de Teau, ou changent par T addition d'une nouvelle quantité d'acide. Le chlore la décolore ; le sulfate de protoxide de fer y fait naître un précipité brun foncé. L'huile de térébenthine la décompose. Elle n'a point d'usages. De la Matière colorante de ïorcanette. L'orcanette se trouve dans la partie corticale des racines du lithosper'mum tinctorium : voici quelles sont ses pro- priétés. Suivant M. J. Pelletier, qui Ta étudiée avec soin , elle est solide , d'un rouge tellement foncé qu'elle paraît brune ; sa cassure est résineuse ; elle est fusible au-dessous DE LA TEINTURE. i£] de 6o° thermomètre centigrade. Soumise à la distillation , elle se comporte comme les matières végétales non azotées. Traitée par l'acide nitrique , elle fournit de l'acide oxa- lique et une très-petite quantité de substance amère. L'al- cool, les huiles , les corps gras et surtout Téther la dissolvent et acquièrent une belle couleur rouge. Si Ton fait arriver du chlore gazeux dans sa dissolution alcoolique, la couleur rouge se détruit et passe au jaune sale ou au blanc grisâtre. Les alcalis employés eA excès dissolvent cette matière co- lorante'et deviennent bleus ; mais* on peut faire reparaître la couleur rouge en saturant Talcali par un acide. L'acétate de plomb, et surtout le sous-acétate, faitnaître dans la disso- lution alcoolique de cette matière colorante un précipité bl'eu magnifique; l'hydro-chlorate de protoxide d'étain la précipite en rouge cramoisi : ces précipités sont formés par la matière colorante et par l'un ou l'autre de ces oxides. Si Ton fait agir pendant quelques heures Y eau pure sur cette matière colorante, elle est altérée , devient violette, passe au bleu et finit même par noircir : ces effets sont beaucoup plus prompts si Ton fait bouillir sa dissolution alcoolique avec de Teau. M. Pelletier pense que Ton pourrait em- ployer Torcanette dans la peinture à Thuile pour faire de très-beaux bleus. De la Teinture. On désigne sous le nom de teinture Tart qui a pour objet de fixer les principes colorans sur certaines substances, qui sont principalement les fils et les tissus de coton, de chanvre , de lin , de laine et de soie. On ne parvient, en général, à remplir ce but d'une manière convenable qu'au. tant que Ton a fait subir aux divers fils dont nous parlons trois opérations distinctes : i° le blanchiment, que Ton appelle quelquefois décreusage, désuintage ; 2° l'appli- cation des mordans ; 3° la fixation de la matière colorante. »48 SECONDE PARTIE. § Ier. Du Blanchiment. Pour se faire une idée de cette opération , il faut savoir que les fils et les tissus de chanvre, de lin , de soie, etc., que Ton veut blanchir, sont formés de fibres blanches et d'une matière colorante ; il s'agit donc simplement de détruire celle-ci pour que la fibre devienne incolore. On ne pra- tique l'opération que nous allons décrire que dans le cas où les tissus doivent recevoir une teinte légère ou partielle, comme dans les toiles peintes. Blanchiment des fils de chanvre, de lin et de coton. ï°. On laisse pendant quelques jours ces substances dans de l'eau limpide, afin de leur faire éprouver un commence- ment de fermentation propre à faciliter la séparation du * principe colorant, et d'un enduit appelé parou, dont les tis- serands se servent dans le tissage des toiles. 2° On les les- sive en les plongeant dans une dissolution de potasse on de soude caustiques , qui ne soient pas concentrées , et qui aient été préparées d'avance avec une partie de chaux vive éteinte par le moyen de Teau, deux pai ties de sous-carbo- nate de potasse ou de soude, et,une plus ou moins grande quantité d'eau : le but de cette opération est de dissoudre dans l'alcali une portion de la matière colorante : on lave ces tissus à grande eau. 3° On les plonge dans une dissolution aqueuse de chlore qui, comme nous l'avons dit (§ 715 ) , détruit le principe colorant et le transforme en une matière très-soluble dans les alcalis ; si la dissolution de chlore était trop concentrée , le tissu lui même pourrait être atta- qué; si elle était trop faible, l'action serait presque nulle : l'expérience a prouvé qu'elle est au degré convenable de concentration lorsqu'elle peut détruire la couleur d'une fois et demie ou de deux fois son volume d'une dissolution d'in- digo préparée avec une partie de ce corps , 7 parties d'acide sulfurique concentré, et étendue de 992 fois son poids d'eau. DU BLANCHIMENT. ify Dans plusieurs manufactures on ajoute à la dissolution de chlore une certaine quantité de carbonate de chaux ( craie)^ qui jouit de l'avantage de faire absorber à Teau une plus grande quantité de chlore , et de détruire presqu'entière- ment son odeur, sans affaiblir sensiblement son action sur le principe colorant : on lave les tissus à grande eau. 4°- O» les met en contact avec de l'acide sulfurique très-faible , afin de dissoudre une certaine quantité d'oxide de fer qui, pen- dant le cours de l'opération , se dépose sur ces substances- principal ement sur le coton, et les colore en jauue : on les lave de nouveau. 5°. On renouvelle plusieurs fois et suc- cessivement les immersions dans la lessive et dans la dis- solution de chlore, ainsi que les lavages. ( M. Berthollet. ) Avant d'avoir adopté ce procédé, onblanchissait les toiles en les lessivant de temps en temps, les étendant sur le pré et les arrosant deux ou trois fois par jour. Blanchiment de la soie et de la laine. Si après avoir décreusé la soie, on veut la rendre encore plus blanche, on l'expose à la vapeur du soufre en ignilion ( gaz acide sulfureux ). La laine doit être désuintée d'abord, puis traitée par une faible dissolution de savon tiède, qui s'em- pare du suint qui peut rester à sa surface ; enfin on doit la mettre en contact avec le gaz acide sulfureux. Décreusage. Le décreusage est une espèce de blanchi- ment moins parfait que le précédent, que Ton fait subir aux tissus de coton, de lin , de chanvre et de soie qui doi- vent être teints en une couleur foncée. Décreusage du lin, du chanvre et du coton. On fait bouillir ces matières avec de Teau pendant deux heures ; on les laisse égoutter; on les. fait bouillir de nouveau pendant deux heures avec une dissolution de soude rendue caustique par la chaux; on les lave à grande eau et on les fait sécher à Tair. Pour 100 ki- logrammes de chanvre ou de lin, on prépare la dissolution! avec i5 seaux d'eau et % kilogrammes de soude y tandis. 100 5EC0 NDE P ART IE. qu'on ne met qu'un kilogramme et demi de soude pour la même quantité de coton. Décreusage de la soie. Suivant M. Roard, on décreuse les soies, écru blanc ou jaune, en les faisant bouillir pendant une heure avec quinze fois leur poids d'eau et une plus ou moins grande quantité de savon, suivant la nuance que Ton désire; il faut plonger la soie dans le bain une demi-heure avant que le liquide soit en ébullition , et la retourner souvent; dans cette opération, la soie perd la totalité ou la majeure partie des matières gom- meuses, grasses, colorantes et huileuses qu'elle contient presque toujours. Désuintage. La.laine est enduite d'une matière que Ton appelle suint, composée d'un savon à base de potasse, d'une substance-animale particulière, de chaux, de carbo- nate , d'acétate et d'hydro -chlorate de potasse ( Vauque- lin ) ; la quantité de suint est d'autant plus considérable que la laine est plus fine. On donne le nom de désuintage à l'opération qui a pour objet de lui enlever l'enduit dont nous parlons : cette opération consiste à plonger la laine pendant un quart-d'heure dans un bain presque bouillant, préparé avec trois parties d'eau et une partie d'urine pourrie ou ammoniacale, à laquelle on ajoute quelquefois du savon ; on la remue de temps en temps, puis on la retire; on la fait égoutter ; on la lave à grande eau et on la fait sécher au so- leil. Le bain qui a déjà servi est encore très-utile pour d'autres opérations du même genre. On pratique quelquefois le dé- suintage sans employer d'urine. § IL De VApplication des mordans. On donne le nom de mordant à toute substance qui éiant dissoute dans Teau, a la faculté de s'unir aux tissus préalablement décreusés, désuintés ou blanchis, que Ton veut teindre, et d'augmenter leur affinité pour les principes colorans. Le nombre des mordans est presque infini- ce- DE LA FIXATION DES M\TtÈRES Cr>LOR\?;TES. l5l pendant on n'emploie guère que Y alun : aussi cette opé- ration de teinture est-elle souvent désignés sous le nom d'alunage ; dans la teinture écarlate on se sert du sel d'étain ( voyez § 369 ) ; dans les toiles peintes on fait usage de l'acétate d'alumine ; et pour le rouge d'Andrinopie on emploie la noix de galle. Alunage de la soie. On laisse la soie pendant vingt-quatre heures dans une dissolution faite avec une partie d'alun pur conlenantà peine \ millième de son poids de sulfate de fer et 60 parties d'eau; on la tord et on la lave; on agita la tempéra- ture ordinaire pour faire absorbera la soie une plus grande quantité de sel, et lui conserver son brillant sans l'altérer. Alunage de la laine. Après avoir fait bouillir pendant une heure 1000 parties de laine dans de Teau de son, afin de la dégraisser, on la lave à Teau froide, et on la fait bouillir de nouveau avec 8 à 9000 parties d'eau, 25o parties d'alun du commerce et un peu de crème de tartre ; on la fait égoutter et on la lave. Alunage du coton, du chanvre et du lin. On met ces tissus dans une dissolution légèrement chaude, préparée avec 3 parties d'eau et une partie d'alun ; on laisse refroidir le bain; on les retire vingt-quatre heures après ; on les lave et on les fait sécher. L'alun doit être pur lorsqu'on opère sur le coton; car s'il contenait seulement un millième de sulfate de fer, les nuances seraient altérées. § III. De la Fixation des matières colorantes. On prépare le bain de teinture en faisant dissoudre la matière colorante dans de Teau bouillante, et on y plonge le tissu préalablement blanchi et combiné avec le mordant. Si la matière colorante n'est pas soluble par elle-même, on la rend soluble à l'aide d'un autre corps ; on plonge dans le bain le tissu blanchi et sans être imprégné de mordant, et on précipite la matière colorante au moyen d'une troi- sième substance. Dans tousles cas, on dispose les tissus que l52 SECONDE PARTIE. Ton veut teindre de manière à ce que toutes leurs parties soient en contact avec la couleur pendant le même temps. La température du bain qui sert à teindri' les soies, le chanvre et le lin, doit être portée suecessivemen de 3o à 75°. On teint presque toujours au bouillon les laines et les cotons. Ces opérations étant terminées, on lave les tissus afin de leur enlever le principe colorant qui n'est que su- perposé. Des Teintures rouges. On obtient ces couleurs avec la garance, le bois de Brésil, Sa cochenille, le carthame, etc. Garance (rubia tincto- Tum ). On ne fait usage que des racines ; les meilleures ont un diamètre égal à celui d'un tuyau de plume ; leur cassure est d'un jaune rougeâtre très - vif. La poudre qu'elles fournissent est d'un rouge jaunâtre, et contient deUx ma- tières colorantes; Tune d'un jaune fauve, extrêmement soluble dans Teau et dans une dissolution salurée de sous-carbonate de soude; l'autre, d'un rouge vif, soluble dans Teau à la faveur de la première, et fort peu soluble dans le sous-carbonate de soude. Les couleurs de garance sont très-solides ; les rouges qu'elles fournissent sont les moins altérables. On emploie cette racine, i° pour teindre la laine : il suffit pour cela de plonger dans un bain préparé avec une partie de garance et 3o parties d'eau, une partie de laine alunée. Suivant M. Roard, on peut communiquer à ïa laine et même à la soie préalablement alunées, une teinte rouge magnifique, en séparant la matière jaune fauve de la garance par le sous-carbonate de soude, et en mettant la matière rouge qui reste dans une dissolution de sel d'étain et de tartre; 20 pour donner au lin et au coton les teintes désignées sous les noms de rouge de garance et de rouge d'Andrinopie ( V. Chaptal, sur la teinture) ; 3° pour communiquer aux toiles peintes une foule de nuances DES TEINTURES ROUGES. l53 qui varient depuis le rouge clair jusqu'au rouge foncé, et depuis le violet clair jusqu'au noir; il suffit pour cela d'ajouter au bain de garance des proportions différentes de sels alumineux et ferrugineux ; 4° pour préparer une laque qui peut remplacer la laque carminée ( Mérimée). Pourcela, on épuise la garance par Teau froide afin de dissoudre toute sa matière colorante fauve; on met, pendant vingt-quatre heu- res, la portion rouge qui reste dans une dissolution d'alun , à la température ordinaire; la liqueur devient d'un rouge foncé; on y verse peu à peu du sous-carbonate depotasseou de soude dissous dans une grande quantité d'eau ; l'alumine, qui fait partie de l'alun, se précipite avec la matière colo- rante ; le précipité constitue la laque; les premières portions obtenues sont plus belles que les dernières. On lave le préci- pité avec de Teau froide; on le met sur un fillre, et on le dessèche à une douce chaleur. Bois de Brésil, de Eernambouc, etc. ( Cœsalpina crista de L. ). Ce bois communiqué à Teau bouillante une belle teinle rouge qui malheureusement n'est pas solide. On l'em- ploie cependant assez souvent, i°pour teindre la laine. On fait bouillir pendant trois quarts-d'heure une partiede ce bois réduit en poudre avec 20 parties d'eau ; on y met 6 parties de laine, et on continue l'ébullition pendant le même temps; on retire la laine, on la lave et on la fait sécher. 20 Pour faire de faux cramoisis sur la scie : on procède de la même manière et avec les mêmes proportions, excepté que Ton plonge la soie pendant une heure et demie dans le bain, dont la température n'est que de 3o à 6o° ; alors on la traite par une dissolution alcaline afin de lui donner la teinte cramoisie. Cochenille. La cochenille est un petit insecte qui vit sur plusieurs espèces de cactus, au Mexique, à Saint- Domingue, à la Jamaïque, au Brésil, etc. ; on la met dans Teau bouillante pour la faire périr ; ou la dessèche au soleil '54 SECONDE PVRTIE. et on la passe à travers un crible. Elle est sous la forme d'une petite graine irrégulière, d'un cramoisi violet. Traitée par Teau, elle lui cède sa matière colorante : ce solutum passe au rouge jaunâtre par les acides, au pourpre par les alcalis, et à l'écarlate par Thydro-chlorate d'étain, qui finit par la précipiter entièrement; l'alun Téclaircit et lui com- munique une couleur plus vive. On emploie la cochenille pour teindre la laine et la soie en écarlate; cette couleur paraît résulter de la combinaison delà laine avec la matière colorante, les acides tartarique et hydro-chlorique, et le peroxide d'étain. Pour parvenir à la fixer sur les étoffes , on leur fait subir deux opérations, le bouillon et la rougie. Bouillon. On fait chauffer dans une chaudière d'étain ou de cuivre étamé, à la température de 5o°, 3 kilogrammes de crème de tartre avec 8 ou 900 kilogrammes d'eau; on y verse 2 hectogrammes et demi de poudre de cochenille, et un instant après 2 kilogrammes et demi de sel d'étain dissous dans Teau ; on plonge dans ce bain 5o kilogrammes de drap ; on l'agite ; on porte le bain à l'ébullition, et deux heures après on en retire l'étoffe, on Tévente et on la lave à grande eau. Rougie. On fait bouillir la moitié de Teau de l'opération précédente; on y ajoute 2 ,75 de poudre de cochenille ; on agite , et au bout de quelque temps on y verse 7 kilogrammes de sel d'étain , préparé avec 8 parties d'acide nitrique à 3o°, une partie de sel ammo- niac et une partie d'étain pur en grenaille ( la dissolution obtenue doit être étendue du quart de son poids d'eau ) ; cela étant fait on plonge le drap dans le bain bouillant; on l'agite, on le laisse pendant un demi-heure, on le retire, on Tévente et on le fait sécher. La rougie qui a servi à don- ner au drap la couleur écarlate peut encore être employée pour faire les nuances capucine, cassis, orangé, jonquille, couleur d'or, de cerise, de chair et de chamois, pourvu qu'on y ajoute des quantités convenables de fustet, de sel d'étain DES TEINTURES EN TAUNE. l55 ou de crème de tartre. On emploie encore la cochenille pour teindre en cramoisi ; on fait bouillir le drap dans un bain de teinture composé de i5 à 20 parties d'eau pour chaque partie de drap, de f de partie d'alun, de -^ de crème de tartre, de -^ de cochenille et d'une très-petite quantité de dissolution d'étain. Quelquefois aussi on ob- tient cette couleur en traitant le drap teint en écarlate par l'ammoniaque ou par une dissolution bouillante d'alun, qui ont la faculté d'altérer cette couleur et delà changer en cramoisi. De la Teinture en jaune. On prépare ces couleurs avec la gaude , le quercitron, le bois jaune, etc. Gaude ( reseda luteola ). Suivant M. Roard, les capsules contiennent plus de principe colo- rant que les tiges, et celles-ci beaucoup plus que les racines. Lorsqu'on fait bouillir de Teau avec ces parties, on obtient un solutum tirant sur le brun, qui s'éclaircit et devient ver- dâtre par l'addition d'une plus grande quantité d'eau. Les acides en affaiblissent la teinte ; les alcalis la rendent plus foncée; le sel d'étain y détermine un précipité abondant d'un jaune clair. On emploie la gaude pour teindre en jaune la soie, la laine et le coton ; la couleur est très-solide. On com- mence par préparer le bain en faisant bouillir pendant dix minutes 2 parties de gaude dans 3o ou 4° parties d'eau ; on passe le liquide à travers une toile serrée, et lorsque sa tem- pérature est de 3o à 750, on y plonge pendant un quart- d'heure la soie alunée avec de l'alun pur, ou le coton décreusé et aluné ; si l'alun contient du sulfate de fer, on obtient une couleur olive. La laine se teint delà même manière, ex- cepté qu'on peut la laisser dans le bain bouillant. Quer- citron (écorce du quercus nigra): Il renferme deux matières colorantes; Tune jaune, très-soluble dans Teau, qui se comporte avec les acides et les alcalis comme la gaude ; l56 SECONDE PARTIE. l'autre fauve, moins soluble. On s'en sert principalement pour teindre la laine : pour cela on met 15 ou 20 parties d'eau à 5o ou 6o° thermomètre centigrade, sur une partie de quercition; au bout de douze minutes on passe la dis- solution à travers un tamis fin, et on y plonge 1 o parties de laine alunée et combinée avec le sel d'étain. Bois jaune (morus tinctoria). Si onlefaitbouillir avec del'eau, il donne unliquided'un jaune rougeâtre dans lequel le sel d'étain fait na ître un précipité jaune abondant ; les alcalis le font passer au rouge ; les acides le troublent légèrement et en affaiblissent la teinte. On l'emploie pour teindre les draps : pour cela, on plonge dans 3o parties d'eau bouillante un sac contenant une partie de ce bois réduit en copeaux; on ajoute au bain des rognures de copeaux afin de l'aviver, et on y met l'étoffe alunée ; la gélatine qui fait partie des rognures paraît agir en précipitant une matière d'un fauve rougeâtre analogue au tannin. Des Teintures en bleu. On prépare ces couleurs avec Tindigo, le campèche et le bleu de Prusse; Tindigo est le seul qui fournisse des bleus solides. Teintures en bleu par l'indigo. On procède de deux manières différentes : i° on dissout Tindigo dans Tacide- sulfurique concentré ; on étend la dissolution de 15o parties d'eau pour en précipiter la matière colorante ; on y plonge le corps que Ton veut teindre, on le lave et,on le sèche: le bleu obtenu par ce moyen est très-vif, mais moins solide que celui que Ton fait par le procédé suivant : 20. On met le tissu dans le bain de teinture appelé cuve. On distingue trois espèces de cuves : la cuve à la chaux et au vitriol, la euve d'inde et la cuve de pastel. En réfléchissant à la nature et aux propriétés des différentes substances qui entrent dans la composition de ces cuves ( voyez -plus bas ), on verra, i° que Tindigo doit être ramené à l'état d'indigo au DES TEINTURES EN BLEU*. J$J minimum d'oxidation, d'un jaune verdâtre, qui se dissout dans l'alcali que Ton a ajouté; 2° que l'étoffe que Ton en imprègne doit avoir la même couleur jaune ; 3° enfin qu'en l'exposant à Tair Tindigo au minimum doit absorber l'oxigène et passer à l'état d'indigo bleu ; il suffira donc, pour teindre par ce procédé, de plonger le tissu, à plusieurs reprises, dans la cuve, dont la température est de 4<> à 45°, puis de le mettre en contact avec Tair. Cuve à la chaux et au vitriol. On place dans^ une chaudière profonde 3oo litres d'eau, 2 kilogrammes d'in- digo finement pulvérisé, i kilogrammes de chaux éteinte, 2 kilogrammes et demi.de proto-sulfate de fer du com- merce dissous dans Teau, et un demi-kilogramme de soude du commerce ; on agite le tout et on chauffe pendant vingt-quatre heures à la température de 4° à 5o°, en re- muant de temps en temps : alors on y plonge l'étoffe. Lorsque la dissolution est affaiblie et qu'une portion d'in- digo oxigéné s'est précipitée, on y ajoute 2 kilogrammes de sulfate de fer et un kilogramme de chaux vive, afin de redissoudre le précipité ; on y met une nouvelle quantité d'indigo quelque temps après cette addition. Cuve d'inde. On délaye dans ioo seaux d'eau 6 kilo- grammes d'alcali, 2 kilogrammes de son et autant de ga-, rance; on fait bouillir pendant quelque temps; on intro- duit le mélange dans une chaudière conique et on y ajoute 6 kilogrammes d'indigo bien broyé; on agite le tout et on, chauffe doucement : au bout de quarante-huit heures Topé- ration est terminée, et le bain est d'un beau jaune, couvert de plaques cuivrées et d'écume bleue, surtout si on Ta agité toutes les douze heures ; alors on y introduit l'étoffe que Ton- veut teindre. Le son et la garance agissent en désoxigénant l'indigo; celle-ci jouit encore de la propriété de se com- biner avec le tissu, et le rend propre à être porté au même ton par une plus petite quantité d'indigo. l58 SECONDE PARTIE. Cuve de pastel (isatis tinctoria ). On fait bouillir dans une chaudière, pendant trois heures, 4 kilogrammes de gaude, 6 kilogrammes de garance, 2 kilogrammes de son avec 4^00 litres d'eau ; on retire la gaude et on verse la liqueur dans une cuve eu bois contenant 200 kilogrammes de pastel parfaitement divisé (1) ; on agite continuellement au moins pendant un quarl-d'heure. On laisse le bain en repos pendant six heures ; on Tagite pendant une demi- heure , opération que Ton répète de trois en trois heures jusqu'à ce qu'il se manifeste des veines bleues à la surface du liquide ; alors on ajoute un kilogramme de chaux et 10 kilogrammes d'indigo parfaitement broyé; on agite de nouveau deux fois pendant les six heures qui suivent et on laisse déposer; dans cet état la liqueur est d'un jaune d'or et peut servir à teindre les étoffes ; dès ce moment il faut y ajouter tous les jours un demi-kilogramme de chaux éteinte, et la température doit être constamment de 36 à 5o°. On voit d'après cela que la cuve à pastel diffère de la cuve dinde, en ce qu'elle renferme de la chaux et du pastel, et qu'elle ne contient pas de soude. Si la cuve au pastel contient trop de chaux, ce que Ton reconnaît à l'odeur piquante qu'elle répand, à sa couleur noirâtre, etc., il faut y ajouter du tartre, du son , de l'urine ou de la garance; si le contraire a lieu, et dans ce cas le pastel se décompose et exhale une odeur fétide, il faut y ajouter de l'alcali. Teinture en bleu par le campèche. Les tissus de laine sont les seuls qui soient teints en bleu par cette matière colorante. On compose le bain avec i5 à 20 parties d'eau, | de partie de bois de campèche, — de partie de vert-de- (i) Le pastel n'est autre chose que la plante même lavée, desséchée , broyée, et que l'on a fait fermenter en l'exposant au soleil après l'avoir mise en las. DES TEINTURES EN NOIR. 1 5g gi îs, et on y met une partie de laine ; du reste , le procédé est le même que celui que nous avons décrit en parlant du rouge du Brésil. On emploie encore le campèche pour teindre en violet la laine et la soie : il suffit pour cela de les aluner et de les plonger dans une décoction du bois , sans addition de vert-de-gris. On se sert aussi du campèche pour la teinture en noir, à laquelle il communique du lustre et du velouté. Teinture en bleu de Prusse. Cette couleur n'est em- ployée que pour teindre la soie; on la connaît dans le commerce sous le nom de bleu Raymond. Après avoir dé- creusé la soie on la plonge pendant un quart-d'heure dans un liquide composé de 20 parties d'eau et d'une partie de dissolution de peroxide de fer dans les acides nitrique et hydro-chlorique; on la lave et on la met pendant une demi-heure dans une dissolution de savon presque bouil- lante ; on la lave de nouveau, et on la met dans un solutum froid d'hydro-cyanate de potasse acidulé par l'acide sulfu- rique ou par l'acide hydro-chlorique ; elle devient bleue sur-le-champ; on la laisse pendant un quarl-d'heure; on la lave et on la fait sécher. ( M. Raymond ). De la Teinture en noir. Lorsqu'on veut teindre en noir la laine, le coton et le lin, on commence par leur communiquer une teinte bleue; puis on les plonge dans un bain préparé avec la noix de galle et le campèche, et on finit par les mettre .dans une dissolution de sulfate de fer, de vert-de-gris et de campè- che : on peut substituer avec avantage au sulfate de fer dont nous parlons . l'acétate qui résulte de l'action de l'acide acétique huileux provenant de la distillation du bois sur le fer rouillé; dans tous les cas il se produit une ■nuance d'un gris violet, paraissant noire lorsqu'elle est concentrée, et qui est composée de peroxide de fer, d'acide ï6o SECONDE PARTIE. gallique et de tannin. La soie n'est jamais teinte en bletl avant d'être plongée dans le bain noir. De la Teinture en couleurs composées. On prépare les couleurs vertes en plongeant les tissus d'abord dans un bain bleu, puis dans un bain jaune; le violet, le pourpre, le columbin , la pensée, Tamaranthe , le lilas, la mauve, s'obtiennent avec des bains bleus et rouges; le coquelicot, le brique, le capucine, l'aurore, les mordorés , les cannelles, résultent de Taction du rouge et du jaune. ( Voyez, pour plus de détails sur l'art de la teinture, les ouvrages de MM. Berthollet et Chaptal. ) CLASSE V. Nous réunissons dans cette classe les principes immé- diats qui ne contiennent pas d'azote, que Ton ne peut pas rapporter aux matières colorantes , et dont on ne connaît pas encore les proportions d'oxigène, d'hydrogèue et de carbone. De VÊmétine. n23. MM. Magendie et Pelletier viennent de prouver que Tipécacuanha {psycolhria emetica) , le callicoca ipeca- cuanha, le viola emetica, contiennent un principe immé- diat particulier auquel ils ont donné le nom d'émétine, lire de z\>-i<*, vomo, qui indique sa propriété la plus re- marquable , celle de faire vomir à petite dose. L'émétine estsous la forme d'écaillés transparentes, d'une couleur rouge brunâtre ; son odeur est presque nulle ; sa saveur est amère , un peu acre , mais nullement nauséa- bonde. Soumise à la distillation, elle se comporte comme les matières non azotées, se tuméfie, noircit, donne de Veau, de l'acide carbonique, une très-petite quantité d'huile , de l'acide acétique , et laisse pour résidu un char- DE L'ÉMÉTIISE. iOl bon très-léger et très-spongieux. Elle est inaltérable à Tair, à moins que celui-ci ne soit humide, car alors elle s'hu- mecte. L'eau la, dissout en toutes proportions; le solutum ne cristallise point. Elle est soluble d;ms Talcool et inso- luble dans les ethers. L'acide sulfurique concentré la charbonne. L'acide nitrique la décompose ; il se forme de l'acide oxalique, sans aucune trace de matière amère. Les acides hydror-chlorique et phosphorique la dissolvent sans l'altérer, en sorte qu'on peut la précipiter en satu- rant ces acides par un alcali. L'acide acétique la dissout à merveille. L'acide gallique et la noix de galle font naître dans sa solution aqueuse ou alcoolique un précipité d'un blanc sale , abondant, floconneux,.peu soluble dans Teau , qui parait composé d'acide et d'émétine. Les acides oxa- lique et tartarique ne l'altèrent point. La dissolution alcoo- lique d'iode versée dans la teinture alcoolique d'émétine , produit un précipité rouge qui semble être formé d'iode et d'émétine. L'acétate, et surtout le sous-acétate de plomb, ia précipitent abondamment. L'émétique et les sels de fer n'ont aucune action sur cette matière ; il en est de même du sucre, de-la gomme, de la gélatine , et des autres principes immédiats , végétaux et animaux. MM. Magendie et Pelletier, après avoir administré Témétineà plusieurs espèces d'animaux, ont conclu, i° que Tipécacuanha doit ses propriétés médicinales à Témétine ; 2° qu'elle est vomitive et qu'elle a une action spéciale sur- le poumon et sur la membrane muqueuse du canal intesti- nal; elle est également narcotique; 3° qu'elle peut remplacer Tipécacuanha dans toutes les circonstances où Ton se sert de ce médicament, avec d'autant plus de succès, qu'à une dose déterminée , elle a des propriétés constantes, ce qui n'a pas lieu pour Tipécacuanha du commerce ; 4° que son défaut d'odeur et son peu de saveur lui donnent encore un avan- tage marqué dans son emploi comme médicament ( Annales il " Tb2 !SECoM>E PARTIE. de chimie et de physique , t. IV.) On administre Témétine comme vomitif, à la dose de 4 grains en dissolution dans 4 onces d'eau pour les adultes ; on donne le solutur:: en deux ou trois doses , dont la première est plus forte que les autres ; on fait prendre aux enfans deux ou trois pastilles où Témétine entre à la dose d^n demi-grain ; dans la coque- luche, les catarrhes pulmonaires, les diarrhées chroniques, on emploie avec avantage des pastilles qui contiennent un huitième de grain d'émétine. Administrée à des chiens , à la dose de 10 , 12 ou i5 grains, cette substance détermine tous les symptômes de l'empoisonnement, produit l'inflam- mation des poumons et du canal digestif, et occasionne la mort au bout de 121, i5,ou 18 heures. De la Picroloxine. 724. La picrotoxine, découverte par M. Boullay, ne se trouve que dans le fruit du menispermum cocculus ( coque du Levant). Elle est solide, sous la forme de prismes qua-« drangulaires, blancs , brillans , demi-lransparens et exces- sivement amers; elle se comporte au feu à-peu-près comme les résines, et se décompose sans donner de produit ammo- niacal , ce qui prouve qu'elle ne contient pas d'azote; elle est soluble dans 3 parties d'alcool, dans 25 parties d'eau bouillante et dans 5o parties d'eau froide. La potasse, la soude, l'ammoniaque , l'acide acétique et Tacide nitrique faible la dissolvent aussi très-bien; ce dernier la transforme, à l'aide de la chaleur, en acide oxalique. L'acide sulfurique concentré la dissout à froid, et la charbonne si on élève un peu la température ; elle est insoluble dans les huiles ; elle n'a point d'usages. Plusieurs expériences faites sur les animaux nous ont prouvé qu'elle agit sur l'économie animale à-peu-près comme le camphre, mais à un degré beaucoup plus fort, puisqu'il suffit de la donner à la dose de 3 ou 4 grains pour déterminer la mort des chiens les DE LA SARCOCOLLE. l63 plus robustes dans l'espace d'une heure : c'est à elle que la coque du Levant doit ses propriétés délétères. 725. En faisant l'analyse du daphne alpina, M. Vauquelin a découvert une substance cristallisable , douée aussi d'une grande amertume, et qui paraît devoir être rapprochée, par ses propriétés, de la picrotoxine. De la Sarcocolle. 726. La sarcocolle n'a été trouvée jusqu'à présent que dans le penœa sarcocolla , arbrisseau indigène du nord de l'Afrique. Lorsqu'elle est pure , elle est sous la forme de petits gâteaux bruns, demi-transparens, fragiles, incris- tallisables, et doués d'une saveur sucrée d'abord, puis amère • sa pesanteur spécifique est, d'après Brisson, de 1,2684. Chauffée, elle se ramollit sans fondre, et répand une odeur de caramel ; si la température est assez élevée , elle prend la consistance du goudron, noircit, exhale une fumée blanche, pesante, d'une odeur acre , et s'enflamme sans laisser presque de résidu. Elle se dissout très-bien dans l'eau et dans Talcool ; la dissolution aqueuse est comme mu- cilagineuse. L'acide nitrique la dissout également, et le solutum n'est pas précipité par la gélatine. Elle est sans usages. M. Thompson , qui a fait connaître cette substance , pense qu'elle a beaucoup d'analogie avec le suc de réglisse", et qu'elle participe jusqu'à un certain point des propriétés de la gomme et du sucre , mais principalement de ce der- nier. Le produit connu dans le commerce sous le nom de sarcocolle, et qui est sous la forme de petits globules oblongs , demi-transparens , d'une couleur jaune ou d'un brun rougeâtre et d'une odeur analogue à celle de Tanis, est composé, d'après M. Thompson, i° d'une très-grande quanlité de sarcocolle pure; 20 de petites fibres ligneuses mêlées avec une substance molle, d'un blanc jaunâtre j l64 SEC.ONDE PARTIE. 3° d'une matière brune, rougeâtre, ayant l'aspect terreux ; 4° enfin d'une espèce de gelée molle, tremblante et trans- parente. De la Gelée. 727. Le suc de groseilles, de mûres et de presque tous les fruits acides parvenus à leur maturité, laisse déposer une matière tremblante, connue sous le nom de gelée, qu'il suffit de laver avec un peu d'eau froide pour obtenir à l'état de pureté. La gelée est incolore par elle-même, mais elle retient presque toujours un peu de la matière colorante du fruit qui Ta fournie ; elle a une saveur agréable. Distillée, elle se comporte comme les autres matières végétales , si ce n'est qu'elle donne un atome d'ammoniaque qui provient sans doute de la décomposition du ferment dont il est diffi- cile de la priver. Elle est à peine soluble dans Teau froide; ce liquide bouillant en opère bien la dissolution ; mais la gelée se dépose presqu'en entier par le refroidissement ; cependant si on fait bouillir pendant long-temps cette dis- solution aqueuse, elle devient analogue au mucilage et perd la propriété de se gélatiniser en se refroidissant; ce phéno- mène explique la difficulté que Ton éprouve à obtenir des gelées lorsqu'on a été obligé de faire bouillir long-temps les sucs. La gelée se dissout très-bien dans les alcalis ; Tacidc nitrique la transforme en acide oxalique. Elle fait la base des confitures de gelée. De TUlmine. 728. Klaproth a donné ce nom à une substance qu'il a examinée le premier, et qui exsude spontanément d'une espèce d'orme que Ton croit être l'ulmus nigra. L'ulmine est solide , insipide et d'une couleur noire bril- lante; elle se comporte au feu comme les autres matières végétales; elle est insoluble dans Talcool, dans Téther et DE I.' EX TRACT If, l65 Irès-soluble dans Teau ; la dissolution aqueuse , d'une cou- leur brune noirâtre, ne devient pas mucilagineuse par Té- vaporation, et précipite, par Talcool, des flocons d'ulmine d'un brun clair. Traitée par le chlore ou par l'acide nitri- que , elle se décompose et se change eu une matière comme résineuse. Elle n'a point d'usages. De VExtractif 729. On a admis dans les extraits un principeparticuliei? que Ton a désigné sous le nom d'extractif, et que Ton a ca- ractérisé par les propriétés suivantes : il est solide, d'un brun foncé, brillant, cassant, d'une saveur amère , soluble dans Teau et dans Talcool, insoluble dans Teau lorsqu'il est uni à l'oxigène , susceptible de se combiner avec un très- grand nombre d'oxides métalliques, et décomposable au feu en divers produits , parmi lesquels on compte un acide et de l'ammoniaque. La plupart des chimistes pensent aujourd'hui que ce principe immédiat n'existe pas, et que Ton a presque toujours donné ce nom à des combinaisons d'acide, de principe colorant et de matière azotée. CLASSE VI. Des Principes immédiats vêgèto-animaux. Ces principes immédiats sont formés d'oxigène, d'hydro- gène , de carbone et d'une assez grande quantité d'azote : leur composition ne diffère doue pas de celle des substances animales ; nous les plaçons dans la sixième classe , parce qu'ils établissent le passage naturel des végétaux aux ani- maux ; ils se comportent avec les différens agens comme nous le dirons par la suite en faisant l'histoire générale des principes immédiats des animaux. l66 SECOXDE PARTIE. De VAsparagine. 73o. L asparagine, découverte par MM. Vauquelin et Ro- biquet , n'a été trouvée jusqu'à présent que dans le suc d'as- perge; elle cristallise en prismes rhomboïdaux , incolores, durs et fragiles, dont le grand angle de la base est de 13o°; les bords de cette base et les deux angles situés à l'extrémité de la grande diagonale, sont tronqués et remplacés par des facettes ; elle a une saveur fraîche , légèrement nauséa- bonde , qui excite la sécrétion de la salive. Distillée, elle se comporte comme les autres substances végétales ; cepen- dant , vers la fin de l'opération, on obtient un produit am- moniacal. Elle est insoluble dans Talcool ,peu soluble dans Teau froide et très-soluble dans ce liquide bouillant ; la dissolution n'altère point les couleurs du tournesol ni de la violette; les hydro-sulfates, l'hydro-chlorate de baryte, l'acétate de plomb, l'oxalate d'ammoniaque et Yinjusum de noix de galle, ne la troublent point ; l'acide nitrique la décompose à l'aide de la chaleur, et il se produit un peu d'ammoniaque. Elle est sans usages. De la Morphine. La découverte de la morphine est due à M. Sertuerner, pharmacien à Eimbeck, dans le royaume de Hanovre. Il y a environ quatorze ans qu'en faisant l'analyse de l'opium , ce jeune savant découvrit une matière particulière à laquelle il crut devoir attribuer les propriétés vénéneuses de ce médicament ; le mémoire qu'il publia à ce sujet excita à peine Tattention des chimistes, et resta dans l'oubli à raison du petit nombre d'expériences concluantes qu'il renfermait et de l'impossibilité d'obtenir les résultats annoncés par l'au- teur. Aujourd'hui M. Sertuerner fait connaître des travaux ultérieurs, et il met hors de doute l'existence d'une matière DE LA MORPHINE. l6j particulière dans l'opium, à laquelle iL donne le nom de morphine ( morphium ). Celte substance végéto-animale , formée par conséquent de carbone, d'hydrogène, d'oxi- gène et d'azote, possède les propriétés alcalines au plus haut degré, et semble ouvrir un nouveau champ de re- cherches chimiques, physiologiques et médicales. 731. La morphine est solide et incolore ; elle cristallise en pyramides tronquées, transparentes et très-belles, dont la base est ou un carré ou un rectangle ; on l'obtient souvent aussi en prismes à base irapézoïde ; lorsqu'on la fait dissoudre dans Teau, dans Talcool ou dans les ethers , elle a une sa- veur très-amère. Soumise à l'action du feu, elle se fond aisément, res- semble au soufre fondu, et peut cristalliser par le refroi- dissement. Distillée, elle se décompose et fournit du car- bonate d'ammoniaque, de Thuile , et le résidu est noirâtre, résineux, et d'une odeur particulière. Elle s'enflamme vi- vement lorsqu'on la chauffe avec le contact de Tair. Elle paraît éprouver fort peu d'action de la part de la pile gal- vanique ; cependant lorsqu'on la soumet à cette épreuve après l'avoir mêlée avec un globule de mercure, celui-ci semble s'agrandir et changer de consistance. On peut la combiner avec le soufre à l'aide de la chaleur; mais elle se détruit au même moment et il se forme de Tacide. hydro- sulfurique. Elle est insoluble dans Teau froide, très-peu soluble dans Teau bouillante, et très-soluble dans Talcool et dans Téther, surtout à l'aidé de la chaleur; parle refroidissement de ces liquides, la morphine se précipite sous forme de cristaux; les solutions aqueuses et alcooliques brunissent le papier de rhubarbe plus fortement que ie papier de curcuma, et rétablissent la couleur bleue du tournesol rougi. par un acide. Elle a la faculté.de neutraliser les acides et de former des 10Q SECONDE PARTIE. sels simples et même des sels doubles. Elle donne avec Tacide carbonique un sel qui cristallise en prismes courts ; avec Tacide acétique un acétate très-soluble et cristallisable en petits rayons; avec l'acide sulfurique des ramifications cristallines et même des prismes très-solubles ; avec Tacide hydro-chlorique des plumes ou des rayons moins solubles que les sels précédens , et qui, par le refroidissement, se prennent en une masse brillante, d'un blanc argentin , sur- tout si Tévaporaiion a été poussée trop loin ; avec Tacide nitrique, elle forme des cristaux rayonnes qui partent d'un centre commun ; avec Tacide tartarique des cristaux pris- matiques. Le sous-méconate de morphine cristallise en prismes; il est très-peu soluble dans Teau. Suivant M. Ser- tuerner , tous ces sels ont un éclat micacé, s'effleurissent promptement à Tair et paraissent être fortement vénéneux. La morphine décompose la plupart des sels métalliques de> quatre dernières classes, tels que le sulfate, l'hydro- chlorate et l'acétate de fer, plusieurs sels à base de mer- cure , de plomb, de cuivre, etc. ; elle forme avec l'acétate de cuivre une espèce de sel double; du moins cet acétate perd sa couleur par l'addition de la morphine : elle n'a pas la propriété de saponifier les huiles oxidées. M. Sertuerner pense que la morphine , qu'il regarde comme une base sa- lifiable , devrait être placée après l'ammoniaque, parce qu'elle est dégagée de toutes ses combinaisons par cet alcali ; suivant lui, elle se trouverait dans l'opium combinée avec l'acide méconique, dont nous avons parlé § 63o , et à l'état de méconate peu acide de morphine. Propriétés médicales de la morphine. Un demi-grain de morphine dissous dans un demi-gros d'alcool et étendu dans quelques onces d'eau distillée, fut donné à trois indi- vidus âgés d'environ dix-sept ans ; une rougeur générale, qu'on pouvait même apercevoir dans lesyeux, couvrit leur figure , principalement les joues , et les forces vitales sem- x DE LA MORPHINE. 169 blaient exaltées. Lorsqu'après une demi-heure on leur fit prendre encore un demi-grain de morphine, cet état augmenta considérablement; ils sentirent une envie passagère de vomir et un étourdissement dans la tête ; sans en attendre l'effet, on leur fitavaler encore , après un quart-d'heure , un demi- grain de morphine en poudre grossière , avec quelques gouttes d'alcool et une demi-once d'eau; l'effet en fut subit; ils sentirent une vive douleur dans l'estomac , un affaiblissement et un engourdissement général, et ils étaient prêts à s'évanouir ; on leur fit prendre 6 à 8 onces de vinai- gre très-fort, qui déterminèrent un vomissement si violent, que l'un d'eux, d'une constitution délicate et dont l'esto- mac était tout-à-fait vide, se trouva dans un état très-dou- loureux ; on lui donna du carbonate de magnésie qui ne tarda pas à faire cesser le vomissement; il passa la nuif dans un profond sommeil ; le lendemain le vomissement revint, mais il cessa bientôt après une forte dose de carbonate de magnésie. Le défaut d'appétit, la constipation , l'engour- dissement, et les maux de tête et d'estomac ne se dissipèrent qu'après quelques jours. {Annales de Chimie du mois de mai 1817, pag. 28.) M. Sertuerner pense que les combi- naisons des acides avec la morphine ont encore plus d'effet. Voici les résultats des expériences que nous venons de faire sur les chiens : i° la morphine, introduite seule dans l'estomac à la dose de 10 ou 11 grains, ne détermine en géné- ral aucun phénomène sensible , parce qu'elleest insoluble dans Teau et peu susceptible d'être attaquée par le suc gas- trique ; cependant elle donne lieu quelquefois à des vbmis- semens. 20. Six grains de morphine dissous dans 2 gros de vinaigre très-faible et introduits dans l'estomac, occasion- nent une légère paralysie des pattes postérieures et un som- meil peu profond. 3°. Un grain de morphine dissous dans un gros et demi d'acide acétique très-faible, et injecté dans la veine jugulaire, détermine sur-le-champ les symptômes 170 s'econde partie. de l'empoisonnement par l'opium. ( Voyez ma Toxicologie générale. ) 4°. Douze grains de morphine dissous dans un peu d'acide acétique faible, appliqués sur le tissu cellulaire de la cuisse, donnent lieu, dix minutes après l'application, à tous les symptômes de l'empoisonnement par l'opium. Substance cristallisable de Vopium { sel d'opium ). 732. Cette substance, découverte par M. Derosne en 1802, n'a été trouvée jusqu'à présent que dans l'opium; ellecristal- lise en prismes droits , incolores, à bases rhomboïdales, for- mant souvent par leur réunion de petites houpes : elle est insipide, inodore et plus pesante que Teau; chauffée, elle fond comme les graisses, donne beaucoup de carbonate d'ammoniaque et tous les produits fournis par les substances végéto-animales ; si, après avoir élevé sa température, on la met en contact avec Tair, elle s'enflamme à la manière ..des résines. L'eau bouillante n'eu dissout que ■— de son poids, tandis qu'elle n'en dissout pas sensiblement à froid; 24 parties d'alcool bouillant suffisent pour en dissoudre une partie, et il en faut près de 100 parties à la température or- dinaire ; ce solutum précipite par l'eau et ne verdit pas le sirop de violette ; Téther et les huiles volatiles, qui n'agissent presque pas sur elle à froid, en dissolvent une assez grande quantité à chaud. Les acides faibles en opèrent la dissolution à toutes les températures , et on peut précipiter la morphine de ces dissolutions au moyen des alcalis. Elle est peu soluble darc la dissolution de potasse ; elle n'apoint d'usages. Quelque nombreux que soient les rapports qui existent entre cette substance et la morphine , il est évident que leur nature n'est pas la même. M. Sertuerner pense que le sel d'opium dont nous parlons est composé de morphine et d'acide méconique; cette opinion est loin d'être appuyée par les expériences récentes de M. Robiquet, qui n'est ja- mais parvenu à en séparer Tacide méconique. DU GLUTEN. 171 Du Gluten. Le gluten , découvert par Beccaria , se trouve dans le froment, le seigle , l'orge, et dans beaucoup d'autres graines céréales; suivant M. Proust, il existe aussi dans les glands, les châtaignes , les marions d'Inde, les pois , les fèves , les pommes , les coings , les baies de sureau et de raisin , dans la rue, les feuilles de chou, les sedum , la ciguë, la bour- rache , etc. 733. Le gluten esl solide, mou, d'un blanc grisâtre, très- visqueux , collant, insipide et doué d'une odeur sperma- tique ; il est très-élastique et susceptible d'être étendu en lames minces; plusieurs de ces propriétés physiques sont dues à l'humidité qu'il renferme , car si on le fait dessé- cher , il devient d'un brun foncé, fragile , très-dur et demi- transparent ; sa cassure est alors vitreuse. Soumis à la distillation , il se décompose , se comporte comme les matières animales, et laisse un charbon très- volumineux et très-brillant. Exposé à Tair sec , il brunit, se recouvre d'une couche huileuse et finit par devenir très- dur ; si Tair est humide, il se gonfle, se putréfie , répand une odeur-.fétide , sa surface se recouvre de byssus et il acquiert l'odeur du fromage ; il se dégage du gaz hydrogène et de Tacide carbonique , et il se forme de l'acétate d'am- moniaque. ( Proust. ) Il ne se dissout point dans l'eau froide ; mis dans ce liquide bouillant, il perd sa ténacité et son élasticité ; laissé pendant long-temps avec de Teau à la température ordinaire, il commence par se réduire en une bouillie dont on peut se servir pour coller la porcelaine et toute espèce de poterie ; bientôt après il se pourrit et se transforme en une matière d'un gris noirâtre : suivant Fourcroy et M. Vauquelin, les produits de cette altération sont de Tacide carbonique, de l'ammoniaque, une matière ï7a SECONDÉ PARTIT. grasse, et une substance analogueàla fibre ligneuse. (An" noies du Muséum.) Il est insoluble dans Talcool; lorsqu'on triture avec un peu de ce liquide du gluten altéré par Teau et semblable à delà glu, on obtient une espèce de mucilage qui, étant délayé dans Teau, donne un liquide glutineux , que Ton peut étendre sur le bois , le papier, etc., et qui, suivant Cadet, peut remplacer les meilleurs vernis ; mêlé avec de la chaux, ce liquide glutineux forme un lut que Ton peut appliquer comme celui que Ton prépare avec la chaux et le blanc d'oeuf ( albumine). 734. Les acides végétaux, surtout Tacide acétique con- centré , Tacide hydro-chlorique et quelques autres acides mi- néraux faibles, dissolvent le gluten à l'aide delà chaleur ; les dissolutions sont presque toujours troubles, mais permanen- tes , et peuvent être précipitées par les alcalis , qui saturent les acides. L'acide sulfurique concentré charbonne le gluten ; Tacide nitrique agit sur lui comme sur les matières ani- males. Les alcalis faibles le dissolvent à l'aide de la chaleur ; le solutum est trouble et décomposable par les acides ; si les alcalis sont concentrés, ils le décomposent et le trans- forment en un produit comme savonneux. L^infusum de noix de galle précipite ses dissolutions en brun jaunâtre. 7-35. Le gluten exerce sur la fécule une action remar- quable , dont nous devons les détails à M. Kirchoff. Si on verse 4 parties d'eau froide sur une partie de fécule de pommes de terre, et qu'après avoir agité on ajoute 20 par- ties d'eau bouillante, on obtient un empois épais; si on mêle.à cet empois encore chaud une partie de gluten pul- vérisé , et qu'on l'expose, pendant huit ou dix heures, à la température de 4o à 6o° de Réaumur, le mélange devient acide et sucré ; si après l'avoir filtré, on le fait évaporer, on obtient un sirop sucré, en partie soluble dans Talcool , et susceptible de donner de Tesprit-de-vin quand on le mêle avec du levain acide. La dissolution alcoolique de ce sirop DE LA FUNGINK. In3 fournit du sucre sous la forme de cristaux blancs et très- petits , lorsqu'on la fait évaporer. Le gluten peut être employé pour faire des vernis, d'après la méthode de Cadet, et pour coller les fragmens de poteries ; la farine lui doit la propriété de faire pâte avec Teau , de lever , et par conséquent de faire du bon pain. De la Fungine. 736. M. Braconnot regarde le tissu des champignons comme un principe immédiat particulier auquel il donne le nom de fungine. La fungine est plus ou moins blanche, mol- lasse, fade, insipide et peu élastique en la comparant au glu- ten ; elle se divise assez bien entre les dents. Soumise à la distillation, elle se comporte comme les matières animales. Mise en contact avec une bougie allumée , elle s'enflamme avec assez de vivacité et laisse une cendre très-blanche. L'acide nitrique la transforme en unematière analogue au suif, et en une autre semblable à la cire, en matière rési- noïde , en une substance amère et en acide oxalique; il se dégage du gaz azote. La fungine s'unit avec la substance astringente de la noix de galle. On peut l'employer tomme aliment. De rAlbumine, de la Fibrine et de la Gélatine. 737. Le suc de papayer ( carica papaya ) et de quelques autres végétaux, contient deux principes immédiats, abso- lument semblables à l'albumine et à la fibrine , qui font partie de plusieurs substances animales. Le pollen duphœ- nix dactylifera renferme une matière qui jouit de toutes les propriétés de la gélatine animale. (Vauquelin.) Nous nous contentons d'énoncer ici ce simple résultat, en nous réservant de revenir sur la description de ses divers prin- cipes immédiats , lorsque nous parlerons des substance? animales. *7l SECONDE PARTIE. Du Ferment. 738.On donne lenom de ferment à la substance visqueuse et floconneuse qui se sépare lorsque les diflerens fruits éprou- vent la fermentation vineuse. On ne saurait affirmer que Je ferment se trouve tout formé dans les végétaux , car il est possible qu'il soit le résultat de la fermentation : dans tous les cas, s'il existe dans les plantes , il n'est pas toujours de la même nature ; nous verrons en effet, en parlant de la fermen- tation, que le ferment de la bière, uni à des quantités con- venables de sucre et d'eau, développe la fermentation spi- ritueuse dans des vaisseaux fermés, tandis que celui du raisin exige le contact de Tair ou du gaz oxigène. Nous allons décrire, les propriétés du ferment connu sous le nom de levure de bière. II. est .sous la forme d'une pâte d'un blanc grisâtre, ferme, fragile, et douée d'une odeur particulière, tirant sur l'aigre. Soumis .à la distillation , il se comporte comme les matières animales, et fournit un produit ammoniacal ; si on ne le chauffe qu'au degré convenable pour le dessécher , jl perd une très - grande quantité d'eau , devient dur, fragile et imputrescible. Mis en contact avec du gaz oxi- gène , à la température de i5° à 200 , il se décompose , cède du carbone et probablement un peu d'hydrogène , et au bout de quelques heures le gaz oxigène se trouve pres- que entièrement transformé en gaz acide carbonique; il est probable qu'il se forme aussi un peu d'eau. Abandonné à lui-même dans des vaisseaux fermés et à la même tempéra- ture , il se puU'éfie au bout de quelques jours. Trituré avec quatre ou cinq, fois son poids de sucre et 20 ou 25 parties d'eau, et soumis à la température de i5° à 200, il ne tarde pas à développer la fermentation spiritueuse, dont les prin- cipaux produits sont Tesprit-de-vin et Tacide carbonique. Il est insoluble dans Talcool et dans Teau; ce liquide DE LA SÈVE. 17$ bouillant lui enlève la propriété fermentes cible, du moins pour un grand nombre de jours, comme on peut s'en con- vaincre en faisant le mélange dont nous venons de parler avec du ferment que Ton a laissé peudant 10 ou 12 mi- nutes dans Teau bouillante. On fait usage du ferment dans certains pays pour faire lever le pain. ARTICLE III. Des Parties des végétaux que Von ne peut pas regarder comme des principes immédiats simples. Cette branche de la chimie végétale est loin d'avoir été missi bien étudiée que celle qui précède; nous allons cepen- dant indiquer plusieurs faits importans relatifs à l'histoire de la sève, des sucs particuliers, des bois, des racines, des écorces, des feuilles, des fleurs , du pollen , des se- mences , des fruits, des bulbes, des lichens et des cham- pignons. De la Sève. Sève de l'orme (ulmus campestris). Cette sève, re-* cueillie à la fin d'avril, était d'un rouge fauve ; sa saveur était sucrée et mucilagineuse ; elle n'exerçait point d'ac- tion sur Yinfusum de tournesol. M. Vauquelin la trouva formée , vsur 1039 parties, de 1027,904 d'eau et de prin- cipes volatils, de 9,240 d'acétate de potasse , de 1,060 d'une matière végétale composée de mucilage et d'ex- tractif, et de 0,796 de carbonate de chaux. Analysée plus tard, cette sève fournit au même savant un peu plus de matière végétale et un peu moins de carbonate de chaux et d'acétate de potasse. Exposée à Tair, elle se décomposa, et l'acétate se transforma en carbonate de potasse. Sève du hêtre (fagus sylvatica). A la fin d'avril, cette sève était d'un rouge fauve et sans action sur le tourne- J7" SECONDE PARTIE. sol ; sa saveur était analogue à celle de l'infusion de tan. M. Vauquelin y trouva beaucoup d'eau , de Tacide acéti- que , de Tacide gallique , du tannin , des acétates de po- tasse de chaux et d'alumine , une matière colorante , du mucus et de Yextraclif. Sève du charme (carpinus sylvestris ). A la fin du mois d'avril et pendant le mois de mai, elle était incolore, limpide, d'une saveur douce, d'une odeur semblable à celle du petit-lait, et rougissait assez fortement Yinfusum de tournesol. Elle était composée de beaucoup d'eau, de sucre, d'acide acétique , d'acétate de potasse et de chaux, et de matière extractive (Vauquelin). Exposée à Tair, elle éprouvait successivement la fermentaiion spiritueuse et acide. Sève du bouleau ( betula alba ) , analysée par M. Vau- quelin. Cette sève fournit les mêmes substances que la pré- cédente , et un peu d'acétale d'alumine; elle était limpide, incolore, d'une saveur sucrée , et rougissait fortement le tournesol ; évaporée et mêlée avec le ferment, elle donna de Talcool (Vauquelin). Sève du marronnier. Sa saveur est légèrement amère ; on y trouve du mucus, du nitrate de potasse, une ma- tière extractive, et probablement de l'acétate de potasse et de chaux (MM. Déyeux et Vauquelin). Sève de la vigne (vitis vinifera). Suivant M. Déyeux, elle contient de l'acétate de chaux et de Tacide acétique tenant en dissolution une matière végéto-animale : elle se pourrit à Tair. (Journal de Pharmacie , an 6.) La sève joue dans les végétaux un rôle analogue à celui du sang dans les animaux; elle monte depuis les racines jusqu'aux feuilles, s'altère, change de nature en vertu d'une force qui nous est inconnue, et donne naissance à une multitude de sucs variables dans leur composition , qui paraissent descendre des feuilles vers les racines, et que DE S SUCS LAITEUX. j-« Ton peut diviser en sucs laiteux, résineux et huileux mucilagineux ou gommeux et sucrés. Des Sucs laiteux. Nous devons examiner dans cet article le suc du pavot blanc (opium) , du papayer^ et des plantes qui fournissent les gommes-résines. 739. Opium. Ce médicament précieux n'est autre chose que le suc laiteux que Ton obtient après la floraison, en faisant des incisions longitudinales aux capsules et aux ti^es du pavot blanc ( papaver album), et que Ton fait épaissir. On cultive cetteplante dans l'Inde et dans l'Orient. L'opium a été considéré jusqu'à ce jour comme formé de sel d'opium ( voyez § 732 ), d'une matière extractive, de résine d'huile, d'acide, d'une petite quantité de fécule, de mu- cilage , de gluten, de sulfate de chaux et de sulfate de po- tasse , enfin de débris de fibres végétales, mêlés quelque- fois de sable et de petits cailloux. (Derosne. ) Suivant M. Sertuerner, il est composé de méconate peu acide de morphine, d'extractif neutre, d'extractif acide, d'une matière analogue au caoutchouc, etc. Tout en admet- tant que la morphine, Tacide méconique et le caoutchouc font partie de l'opium, nous croyons que l'analyse donnée par M. Sertuerner est loin d'être satisfaisante, et demande de nouvelles recherches. 740. L'opium est ordinairement sous la forme de masses assez dures, d'un brun rougeâtre, d'une odeur vireuse parti- culière , et d'une saveur amère , chaude et nauséabonde ; la chaleur de la main suffit pour le ramollir. Soumis à la distillation, il se comporte comme les substances animales. Si on le chauffe avec le contact de Tair, il s'enflamme en absorbant l'oxigène de l'atmosphère. Si on le met pen- dant quelque temps avec de Teau froide, il s'y dissout en partie ; le liquide, convenablement évaporé, constitue Tex- 11. 12 *7" SECONDE PARTIE. trait aqueux, muqueux ou gommeux d'opium qui, suivant M. Derosne , contient une petite quantité de principe cris- tallisable, la majeure partie du mucus, Tacide, delà ré- sine et de la matière extractive. La partie insoluble dans Teau, traitée à plusieurs reprises pendant quelques minutes avec de Talcool à 35° ou 4°° thermomètre de Réaumur, donne un liquide coloré en rouge, dans lequel se trouvent la résine et le sel d'opium ( sous-méconate de morphine de 3NI. Sertuerner); par le refroidissement de ce liquide , le sel d'opium se précipite avec un peu de résine, tandis que Talcool tient en dissolution la majeure partie de ce dernier principe. Il suffit alors , pour avoir le principe cristallisa- ble pur, de traiter de nouveau le dépôt par Tesprit-de-vin à la même température, jusqu'à ce qu'il soit obtenu inco- lore et parfaitement cristallisé. Le marc d'opium épuisé par Teau et par Talcool contient les matières qui n'ont pas été dissoutes par ces liquides. Le vinaigre agit aussi sur l'opium à la température ordinaire ; il en dissout la ma- jeure partie , se colore en rouge ou en rouge brun , et ac- quiert dés propriétés vénéneuses excessivement énergiques. L'opium est une des substances que Ton emploie le plus souvent en médecine. On s'accorde généralement à le re- garder comme un des plus puissans narcotiques et caïmans du système nerveux ; nous sommes loin de partager cette opinion, du moins nous sommes convaincus qu'administré à forte dose, Topium exerce une action particulière, carac- térisée-à-la fois par des symptômes qui annoncent le nar- cotisme et une vive excitation ; les animaux soumis à sou influence poussent des cris plaintifs ; ils sont en proie à des mouvemens convulsifs assez forts ; ils sont inquiets, et si on les secoue pour les tirer de l'état d'assoupissement dans lequel ils paraissent plongés, ils sont réveillés sur- le-champ, s'agitent violemment et font des efforts pour échapper au danger dont ils se croient menacés. Les nom- DES SUCS LAITEUX. t -n breuscs expériences faites dans le dessein de combattre l'empoisonnement par l'opium nous ont conduits à admettre les conclusions suivantes : i° on doit favoriser l'expulsion du poison par les émétiques, les purgatifs dissous dans une petite quantité d'eau , ou par des lavemens d'une décoction de tabac ; i° on doit pratiquer une saignée au bras oumieux à la veine jugulaire ; 3° on doit faire prendre souvent et alternativement de petites doses d'eau vinaigrée et d'une forte infusion de café. Si le vinaigre était administré avant l'expulsion de Topium, il serait plus nuisible qu'utile • en effet, il dissoudrait la partie active du poison , en favori- serait l'absorption, et déterminerait les accidens les plus graves. ( Voyez ma Toxicologie générale, t. II, part. ire. ) L'opium est administré, i° dans la dernière période de la pleurésie, de l'entérite, de l'inflammation de la vessie, etc. ; 20 dans les phlegmasies de la peau avec sécheresse de cet organe , dans la petite-vérole confluenle surtout lorsqu'elle est prête à suppurer, qu'il v a de la douleur , fièvre , etc. ; dans la rougeole; 3° dans la fièvre lente nerveuse, accompagnée de symptômes d'excitation ; 4° dans les fièvres intermittentes entretenues par un état spasmodique, surtout lorsque le frisson est long et fort ; 5° dans plusieurs maladies chroniques , avec douleur, ir- ritation , etc. ; dans une multitude d'affections nerveuses , spasmodiques , telles que Tépilepsie , l'hystérie, le téta- nos , etc. On le donne en pilules , en substance , en extrait, dissous dans du vin , dans du vinaigre, en sirop , etc. ; on commence par en donner un grain, et on augmenté progressivement la dose. 741. Suc de papayer (canca papaya). Le suc de ce vé- gétal , qui croît à l'Isle de France et au Pérou, a été analysé par M. Vauquelin et par M. Cadet de Gassicourt : il contient de Teau , une petite quantité de graisse et de l'albumine , ou du moins une matière animale qui, comme celle-ci. ï8© SECONDE Tk RTIE. est soluble dans Teau après avoir été desséchée au soleil, et fournit une dissolution coagulable par la chaleur, parlesacides, etc. Le suc de papayer est employé dansl'Isle de France contre les lombrics ; on le donne aux enfans , à la dose d'un gros et demi, sous forme d'émulsion, préparée avec une cuillerée de miel et quatre ou cinq d'eau bouil- lante. Il est caustique et très-énergique. Des Gommes-résines. On doit considérer ces produits comme des sucs laiteux, renfermés dans les vaisseaux propres des végétaux , obtenus par l'incision faite aux tiges , aux branches et aux racines, desséchés par l'action de Tair, et composés d'un plus ou moins grand nombre de principes immédiats qui varient dans plusieurs d'entre eux , et que nous ferons connaître dans les histoires particulières. Toutes les gommes-résines dont plus pesantes que Teau; la plupart sont opaques , très-fragiles , douées d'une sa- veur acre et d'une odeur forte ; leur couleur est très-va- riable ; elles sont en partie solubles dans Talcool et dans Teau ; le solutum alcoolique est décomposé par le dernier de ces liquides , qui s'empare de Talcool et précipite la résine sous la forme d'une matière blanche, laiteuse, très- divisée. Les gommes-résines se dissolvent aussi, à l'aide de la chaleur,dans les eaux de potasse et de soude. (Hatchett. ) L'acide sulfurique les dissout, les transforme d'abord eu charbon, puis en tannin artificiel. 742. Assafœtida, ou suc épaissi de la racine dxxferula assajœtida (plantede laPerse ). Il estformé, suivant M. Pel- letier , de 65 parties d'une résine particulière, de 3,6o d'huile volatile, de 19,44 dégomme , de 11,66 de basso- rine, de o,3o de malate acide de potasse. L'assa foetida est sous la forme de masses roussâtres , mêlées de larmes blan- k châtres, friables, douées d'une saveur acre, piquante, amère, DES GOMMES-RÉSINES. l8l et d'une odeur alliacée très-forte, qui a valu à cette sub- stance le nom de stercus diaboli; elle se ramollit facilement par la chaleur; sa pesanteur spécifique est de 1,327. On l'administre en médecine, i° comme un excellent an ti-spas- modique , dans l'hystérie , Tépilepsie , les convulsions., Thypochondi ie , les coliques nerveuses , l'asthme, les ho- quets et les vomissemens spasmodiques ; 20 comme emmé- nagogue, dans les cas où la suppression des règles tient à un relâchement général, surtout s'il y a chlorose,cachexie, etc., 3° comme excitant du système lymphatique , dans les empâ- temens abdominaux ; 4° comme anthelmînlique à Tinté- rieur ; 5° comme antiseptique dans la gangrène , les ulcères anciens et rebelles, etc. On la donne en teinture, à la dose de 12, 20 ou 3o gouttes-, ou en substance , à la dose de 24 à 3o grains ; on peut aussi la faire prendre dans de l'ammo- niaque liquide, sous le nom d'esprit ammoniacal fétide ; on l'associe assez souvent à des tisanes anti-spasmodi- ques , anthelmintiques , emménagogues , etc., suivant l'in- dication que Ton veut remplir; on l'applique aussi quel- quefois à l'extérieur sous la forme d'emplâtre, après l'a- voir dissoute dans du vinaigre. 743. Gomme ammoniaque, ou suc épaissi de Yheracleum gummiferum de Willdenow. Elle est composée, suivant M. Braconnot, de 18,4 parties de gomme , de 70 de résine, de 4i4 de matière glutineuse et de 6 parties d'eau. Elle est solide, en masses ou en larmes, d'un jaune pâle, rous- sâtre en dehors, offrant dans son intérieur des morceaux de la grosseur d'une amande, plus blancs et plus purs ; sa saveur est un peu amère et nauséabonde, son odeur faible et désagréable. On doit la regarder comme un médicament stimulant ; on Ta administrée avec succès dans les catarrhes chroniques,les toux humides, les péripneumoniesfausses, la suppression des règles occasionnée par une faiblesse gé- nérale, dans l'empâtement de certains viscères, etc. ; on 182 SECONDE PARTIE. l'applique aussi quelquefois avec avantage sur des tumeurs indolentes. On en fait prendre à l'intérieur 4 à 6 grains, dose que l'on réitère deux ou trois fois dans la journée ; quelquefois aussi on en donne un scrupule. 744* Euphorbe, ou suc de Yeuphorbia offeinarum et de Yeuphorbiaantiquorum.il est composé,d'après M. Pelletier, de6o,8o parties de résine, de 12^20 de malate de chaux, de 1,80 de malate de potasse, dé i4,40(lecire,de2debassorine et de ligneux, de 8 d'huile volatile et d'eau (perte 0,80). Il est sous la forme de larmes irrégulières, roussâtres en dehors et blanches en dedans, inodores , friables , d'une saveur acre , caustique; sa poudre irrite fortement l'organe de l'odorat. Il doit être regardé comme un des poisons les plus irritans ; il détermine une vive inflammation des tissus sur lesquels on l'applique, et ne tarde pas à occasionner la mort. Il paraît cependant que son administration comme purgatif hydragogue a été suivie de succès dans quelques hydropisies ; on s'en est servi aussi dans la paralysie , dans Tamaurose, dans la léthargie, etc. On le donne en lave- ment, à la dose de 6 à 8 grains, délayé dans un jaune d'œuf et mis dans de Thuile ; ou bien on le fait prendre à l'intérieur, en pilules ou en bols, à la dose de 2 ou de 4 grains, mêlé avec des substances inertes ; on Ta aussi employé comme sternutatoire ; cependant la plupart des médecins ont renoncé à faire usage d'un médicament aussi dangereux et qui peut être si facilement remplacé. M. John a trouvé dans le suc de Yeuphorbia cyparissias 77 parties d'eau, i3,8o de résine, 2,75 de gomme, au- tant d'extractif, 1,37 d'albumine, 2,75 de caoutchouc et une certaine quantité d'huile grasse, d'acide tartarique , de carbonate de sulfate et de phosphate de chaux. 74^. Galbanum, ou suc de la racine du bubongalbanum, arbrisseau qui croît en Afrique et en Asie, Il est formé , d'après M, Pelletier, de 66,86 de résine, de 19,28 de DES GOMMES-RÉSINE S. l83 gomme, de 7,52 de bois et de corps étrangers, d'un peu de- malate acide de chaux, et d'une huile volatile (perte 6,34). Il est tenace, blanchâtre quand il est récent, jaune fauve lorsqu'il est vieux, et marbré de taches blanches brillantes ; il est sous la forme de grains ou de masses demi-transpa- rentes ou opaques , d'une odeur désagréable et d'une saveur acre , chaude et amère. Il a été employé pour dissiper les flatuosités, calmer les douleurs des intestins et certaines névroses; on s'en est servi dans l'asthme et dans la toux opiniâtre. On Tapplique ordinairement à l'extérieur sous la forme de liniment , d'emplâtre, de fumigations, etc. ; on en donne quelquefois 6, 12 ou 20 grains à l'intérieur, suspendus dans un jaune d'œuf. 746. Gomme-gutte, ou suc épaissi du Garcinia cambogia (Decandolle). Elle est formée, suivant M. Braconnot , de 20 parties de gomme et de 80 parties de lésine. Elle est en masses opaques, fragiles, d'une cassure vitreuse, d'un jaune brun à l'extérieur et d'un jaune rougeâtre à l'intérieur ; sa poudre est d'un très-beau jaune ;. sa saveur, d'abord presque nulle, est acre et amère ; elle n'a point d'odeur; elle agit comme un caustique, détermine l'in- flammation des tissus sur lesquels on Tapplique, et ne tarde pas à occasionner la mort. On l'emploie en médecine comme purgatif, i° dans Thydropisie ; elle est un des in- grédiens principaux des pilules hydragogues de Bontius et des pilules purgatives d'Helvétius ; 20 dans les fièvres inter- mittentes; 3° dans l'asthme; 4°P©ur expulser le ténia. On l'administre à la dose de 2 , 4, 6 grains, et même quelque- fois au-delà 5 on la donne dans un acide végétal, mêlée avec quelque poudre inerte, ou avec quelqu'autre substance pur- gative. On en fait usage en peinture. 747. Myrrhe, On ignore quelle est la plante quilafournit ; elle est formée, suivant M. Pelletier, de 34 parties de ré- sine et de 64 parties de gomme. Elle est sous la forme de ,('4 SECONDE rAIHIE. larmes ou de grains fragiles, d'un jaune rougeâtre , légè- rement transparens lorsqu'ils sont purs , mais souvent opa- ques; leur cassure est vitreuse , leur odeur agréable et leur saveur amère,aromatiqueetlégèrement acre ; leurpesanteur spécifique est de i,36o. La myrrhe nous vient de l'Arabie et de l'Ethiopie ; on la regarde comme tonique, stomachi- que et carminative ; on l'administre en poudre, à la dose de 12 , i5 ou 20 grains, pour faire cesser les flueurs blan- ches , les pâles couleurs , etc. ; quelquefois on fait prendre , comme cordiale , 20 ou 3o gouttes de sa teinture. 748. Oliban ( encens des anciens, suc du juniperus lycia, arbre de l'Arabie et de quelques contrées d'Afrique). Suivant M. Braconnot, il est formé de résine et de gomme. 11 est en masses plus ou moins volumineuses, demi-transparentes, sè- ches , fragiles, d'un blanc jaunâtre, couvertes extérieurement d'une poussière blanche farineuse, douées d'une saveur acre, aromatique; elles répandent une odeur agréable lorsqu'on les met sur les charbons ardens. On l'emploie comme parfum. 749. Opopanax, ou suc épaissi de la racine du pastinaca opopanax , plante du Levant. Suivant M. Pelletier, il est composé de 42 parties de résine, de 33,4o de gomme, de 9,80 de ligneux , de 4,20 d'amidon , de 2,80 d'acide ma- lique, de 1,60 de matière extractive, de o,3o de cire, de quelques traces de caoutchouc, et d'une petite quantité d'huile volatile ( perte, 5,90 ) ; il est en morceaux d'un jaune rougeâtre à l'extérieur, blanchâtres à l'intérieur, d'une odeur forte et désagréable , d'une saveur acre et amère ; sa pesan- teur spécifique est de 1,622. Plusieurs médecins le regar- dent comme étant plus emménagogue et plus anti-spasmo- dique que la gomme ammoniaque , mais moins tonique. 75o. Scammonée d'Alep, ou suc épaissi de la racine du convolvulus scammonia, qui croît en Syrie. Elle est formée, d'après MM. Bouillon-Lagrange et Vogel, de 60 parties de résine, de 3 de gomme, 2 d'extractif, 35 de débris de vé- DES GOMMES-RÉSINES. l85 gétaux , de matière terreuse, etc. Elle est cendrée , fragile , transparente dans sa cassure, d'une odeur particulière , nauséabonde , et d'une saveur acre et amère ; sa pesanteur spécifique est de i,235. Scammonéede Smyrne, ou suc épaissi du periploca scammonium. Elle contient 29 parties de résine et de gomme, 5 d'extractif, 58 de débris de végé- taux et de matière terreuse ; elle est noire, plus pesante que la précédente , moins cassante et beaucoup moins recher- chée. La scammonée d'Alep est employée, comme un pur- gatif fort, dans les apoplexies séreuses, dans les maladies de la peau rebelles , etc. : on la donne depuis 8 grains jusqu'à un demi-gros, en poudre , en bols ou en pilules; ou bien on la mêle avec du sucre, un sel neutre, etc., et on Tétend dans une émulsion. On peut aussi faire prendre, pour remplir les mômes indications, 2, 4,6 ou 8 grains de résine de scammonée ; on ne se sert jamais de la scammonée de Smyrne, qui est beaucoup trop forte. 75i. Aloès succotrin, ou suc des feuilles de Yaloe perfo- liata , plante qui croît aux Indes orientales , à Soccotora , aux Barbades , etc. Il est formé, suivant M. Tromsdorff, de 75 parties de principe savonneux , de 25 parties de résine et d'un atome d'acide gallique. Il est d'un rouge brun, jaunâtre; il est demi-transparent et fragile ; sa saveur est très-amère, son odeur nauséabonde ; sa poudre est d'un très - beau jaune; il se dissout presqu'entièrement dans Teau et dans Talcool faible. Aloès hépatique, ou suc épaissi retiré par l'incision des feuilles du même végétal. Il est composé, suivant M. Tromsdorff, de 81,25 de principe savonneux, de 6,25 de résine, de 12,5 d'albumine et d'un atome d'acide gallique. Il a une couleur semblable à celle du foie ; il est plus rouge et plus fragile que le précédent ; il n'est pas transparent ; il a une odeur plus désagréable et une saveur plus amère quel'aloès succotrin. Aloès caballin, ou suc retiré par expression des feuilles du même végétal. Il est Iru) SECONDE PARTIE. très-impur, et renferme les débris de la plante que Ton * broyée pour en obtenir le suc ; il ne sert que dans la mé- decine vétérinaire. L'aloès succotrin est au contraire employé souvent par les médecins, i ° comme purgatif hy- dragogue : on donne son extrait aqueux à la dose de 4 , 6, 8 ou io grains; 2° comme tonique; il fait partie des. pilules gourmandes, de la plupart des élixirs toniques et stomachiques ; 3° comme amer et anthelminlique ; 4° comme emménagogue et anti-hémorrhoïdal, dans les cas où la suppression de ces évacuations tient à des mala- dies de langueur, à une faiblesse, etc. : il faut alors Tadmi- nistrer en teinture. On s'en sert aussi dans la jaunisse avec faiblesse générale; il fait partie des pilules savonneuses. On en fait quelquefois usage à l'extérieur sous la forme d'emplâtre, de teinture, etc. ; on introduit aussi dans l'anus du coton qui en est imbibé , pour tuer des vers. Des Sucs résineux et huileux. En parlant des résines ( § 68o ) , nous avons fait connaître quelques-uns de ces sucs; nous devons mainte- nant parler des baumes, que Ton doit considérer comme essentiellement composés de résine, d'acide benzoïque, et quelquefois d'une huile essentielle. M. Hatchett pense ce- pendant qu'ils sont simplement formés de résine, et que Tacide benzoïque se produit pendant qu'on les traite par quelques agens chimiques. Des Baumes. Les baumes sont des substances concrètes ou liquides > très-odorantes, amères et piquantes. Soumis à Taction d'une douce chaleur, ils se décomposent et laissent dégager Tacide benzoïque, qui se sublime sous la forme de belles aiguilles ; Teau bouillante leur enlève une portion du même aciçle ; Talcool, Téther et les huiles volatiles les DES BAUMES. jRn dissolvent facilement. Traités par les alcalis, ils sont dé- composés à: l'aide de la chaleur, et Ton obtient un ben- zoate soluble dans Teau et de la résine insoluble. Les acides forts les décomposent également. 752. Baume du Pérou. Celui que Ton appelle baume en coque n'est autre chose que le suc obtenu par les incisions faites au myroxilum peruiferum, arbre qui croît au Me- xique , au Brésil et au Pérou. Il est d'un jaune pâle et presque liquide; il brunit ensuite et prend la consistance d'une pâte ; son odeur est suave ; sa saveur est acre et amère. Celui que Ton désigne sous le nom de baume du Pérou noir est le produit de la décoction des branches du même arbre. Sa couleur et sa consistance sont analogues à celles d'un sirop épais un peu brûlé ; son odeur est très-agréable, et il a la même saveur que le précédent. Il est souvent em- ployé en médecine : on s'en sert dans les catarrhes chro- niques du poumon et de la vessie, et dans les affections nerveuses atoniques. On l'administre dans un jaune d'oeuf ou en pilules, à la dose de 4 a 1Q grains par jour ; il fait partie de beaucoup de médicamens composés ; on en fait usage aussi pour exciter la surface de vieux ulcères, et fa- voriser leur cicatrisation. 753. Baumede Tolu, ou suc provenant des incisions faites à l'écorce du toluifera balsamum , arbre qui croît près de Carthagène, dans la province de Tolu. Il est d'abord li- quide , transparent, rougeâtre ou jaunâtre: mais ij ne tarde pas à se sécher et à devenir cassant; il est doué d'une odeur très-suave ; sa saveur est moins acre et moins amère que celle du précédent: c'est, parmi les baumes, celui que Ton emploie le plus souvent en médecine. On l'administre avec succès dans les affections catarrhales, dans la phthisie pulmonaire; tantôt on fait inspirer sa vapeur, tantôt on le donne à la dose de 6, 12, 20 grains dissous dans Talcool, Téther ou un sirop. l88 SECONDE PARTIE. 754. Benjoin. Il est obtenu par incision de plusieurs arbres, notamment du styrax benzoin de Dryander ; il nous vient de Sumatra , de Siam, de Java ; il existe aussi à Santa-Fé, à Popayan dans l'Amérique méridionale. Il est solide , d'un rouge brun, parsemé çà et là de larmes d'un blanc jaunâtre, qui lui font donner le nom de baume amygda- lin ; il est fragile et présente une cassure vitreuse ; son odeur est agréable, sa saveur peu marquée. Il est formé, suivant Bucholz, de 20 gros 5o grains de résine de ben- join, de 3 gros 7 grains d'acide benzoïque, de 25 grains d'une substance semblable au baume du Pérou, de 8 grains d'un principe aromatique particulier, soluble dans Teau et dans Talcool, et de 3o grains de débris ligneux et d'impu- retés. On a conseillé de l'employer dans les faiblesses du canal digestif, dans les fièvres ataxiques, adynamiques , éruplives 1 et même dans les fièvres intermittentes, les catar- rhes rebelles, l'asthme humide, les toux chroniques lors- que l'irritation n'est pas très-vive, les affections rhumatis- males , paralytiques, etc. On l'administre aux mêmes doses et sous les mêmes formes que les précédens. On s'en sert comme cosmétique et pour préparer Tacide benzoïque. 755. Storax calamité. On l'obtient par incision du styrax officinale, arbre qui croît dans le Levant, et, suivant quel- ques auteurs, en Italie, Il est quelquefois sous la forme de larmes rouges; mais il se présente le plus souvent sous la forme ,de gros gâteaux mêlés de sciure de bois, fragiles , doux au toucher et d'un brun rougeâtre ; il est plus aro- matique qu'aucun autre baume ; son odeur a quelque rap- port avec celle du benjoin ; sa saveur est acre. Il jouit des propriétés médicinales des autres baumes, mais il n'est guère employé qu'à l'extérieur. 756. Styrax liquide. Il est obtenu par la décoction des jeunes branches du liquidambar styraciflua , qui croit en Virginie, au Mexique, etc. Il est d'un gris verdâtre foncé, DE LA G O M M E D E GAÏAC. 1 89 opaque; il a la consistance du miel ; sa saveur est acre, son odeur moins agréable que celle du précédent. On ne l'em- ploie qu'à l'extérieur comme excitant des parties gangrenées, des vieux ulcères , etc. 757. La gomme d'olivier, ou le suc concret des oliviers sauvages ou cultivés, est improprement nommé gomme ; car elle est composée, suivant M. J. Pelletier, de résine, d'oli- vile et d'un peu d'acide benzoïque. M. Paoli, qui l'avait examinée d'abord, l'avait crue formée de beaucoup de ré- sine et d'une petite quantité d'extractif oxigéné. La gomme d'olivier estsous la forme de larmes ou de masses translucides sur les bords, presque diaphanes dans les endroits où elle est plus pure, d'un brun rougeâtre, présentant çà et là des parties plus claires et moins transparentes ; elle est fragile, et sa cassure offre un aspect gras, résineux, conchoïde ; sa pesanteur spécifique est de 1,298. Mise sur un fer chaud, elle entre en fusion, bout et exhale une odeur agréable de vanille. Les anciens l'employaient dans les maladies des yeux , de la peau, contre les douleurs des dents, etc. : elle faisait partie des médicamens dont ils se servaient pour panser les plaies et les blessures. De la Gomme de gaïac. 758. La gomme de gaïac a été regardée pendant long- temps comme une résine : nous devons à M. Brande une série d'expériences qui prouvent qu'on doit la considérer comme formée d'une matière particulière et d'extractif; elle est fournie par le guajacum officinale, arbre de l'Amé- rique méridionale ; tantôt elle exsude spontanément, tantôt il faut, pour l'obtenir, inciser l'écorce ou faire chauffer la tige. Elle est solide, d'un rouge brun ouvert, friable, un peu transparente et peu sapide; sa cassure est vitreuse ; sa pesanteur spécifique est de 1,2289. Elle répand une odeur balsamique assez agréable lorsqu'on la triture. Soumise à *9° SECONDE PARTIE. l'action du feu, elle se fond, sp décompose à la manière des substancesnon azotées, et laisse presque le tiers de son poiùs de charbon. Elle communique à Teau une couleur brune verdâtre et une saveur douceâtre ; ce liquide paraît dis- soudre ~- de matière extractive. L'alcool dissout facile- 1 oo ment le gaïac; le solutum est précipité en blanc par Teau, et en un beau bleu pâle par le chlore; Tacide nitrique le verdit au bout de quelques heures, puis le fait passer au bleu et au brun. Le gaïac est soluble dans les alcalis ; Ta- cide nitrique le décompose à l'aide de la chaleur, et il se forme de Tacide oxalique. La dissolution alcoolique de gaïac est employée comme stimulant et sudorifique dans le rhumatisme et la goutte, dont elle éloigne les accès ; étendue d'eau, on s'en sert pour raffermir les gencives ; on Ta vue quelquefois guérir des douleurs sciatiques. On en donne une cuillerée dans une in- fusion amère , telle que la petite centaurée, la gentiane, etc. Des Sucs mucilagineux. Nous avons déjà parlé, en faisant l'histoire delà gomme, des sucs mucilagineux fournis par une multitude de plan- tes : aussi nous dispenserons-nous d'entrer à cet égard dans de plus grands détails. Des Sucs sucrés. 759. Suc de la canne ( arundo saccharifera ). Ce suc ren- ferme de Teau, du sucre cristallisable, du sucre incristal- lisable et une très-petite quantité de fécule verte ( albu- mine) , de gomme, de ferment, de matières salines et de parties fibreuses qui y sont tenues en suspension. On l'em- ploie pour extraire le sucre. ( Voyez Préparations. ) 760. Manne, ou suc concret dufraxinus ornus, qui croît en Calabre. On distingue trois variétés de manne : i° la manne en larmes, la plus pure, est obtenue au moyen de petites DES SUCS SUCRÉS. TQÎ branchettes que Ton introduit dans l'arbre ; elle est so- lide, incolore, légère, douée d'une saveur sucrée; elle est sous la forme de stalactites , dont la surface est brillante et comme cristalline ; 2° la manne en sorte, qui coule natu- rellement de l'arbre, peut être regardée comme l'inter- médiaire entre la manne en larmes et la suivante ; 3° la manne grasse, la moins estimée, se recueille en faisant des incisions très-profondes à l'arbre; elle est en fragmens bruns, moins pesans, d'une odeur et d'une saveur nau- séabondes . liés entre eux par un suc glutineux. Plusieurs autres arbres, surtout les mélèzes, fournissent aussi les trois variétés de manne dont nous parlons. La manne en larmes est formée , suivant M. Bouillon- Lagrange, de deux substances : Tune, soluble dans l'alcool froid, donne fort peu d'acide saccholactique lorsqu'on la traite par Tacide nitrique , et a quelque analogie avec le sucre ; l'autre, insoluble dans ce menstrue, donne une plus grande quantité d'acide saccholactique, et est appelée par ce médecin manne pure (mannite ). La plupart des chimistes admettent au contraire, d'après M. Thenard, que la manne en larmes est composée de beaucoup de mannite, d'une certaine quantité d'un principe muqueux dont on peut démontrer l'existence en versant du sous-acétate de plomb dans sa dissolution aqueuse, d'une matière analogue au sucre , et probablement d'un autre principe auquel elle doit son odeur et sa saveur. En attendant que de nouvelles expériences aient éclairé se sujet, nous embrasserons l'o- pinion de M. Thenard. La manne en larmes est légèrement acide et se dissout dans Teau ; le solutum, abandonné à lui-même à la température de 15°, donne une certaine quantité d'acide acétique ; si on ajoute à ce solutum un peu de levure de bière , on obtient une assez grande quan- tité d'esprit-de-vin. L'alcool bouillant dissout très-bien la mairie en larmes; mais, par le refroidissement, toute I92 SECONDE PARTIE. la mannite se précipite. A la température ordinaire, Talcool dissout la matière sucrée et de la mannite. La manne en larmes abonde en mannite ; le contraire a lieu dans la manne grasse; la manne en sorte tient le milieu, sous ce rapport, entre ces deux variétés. La manne doit être regardée comme un purgatif doux que Ton donne à la dose d'une, de 2 ou de 3 onces, prin- cipalement à la fin des maladies inflammatoires, dans les suppurations internes, etc. ; on l'associe souvent à d'autres purgatifs, tels que le séné, le sulfate de soude, etc. ; elle est moins nauséabonde quand on la délaye dans Teau froide que lorsqu'on la fait dissoudre dans Teau chaude. La mar- melade de Tronchin se fait avec parties égales de manne , de casse cuite et d'huile d'amandes douces. La manne est en- core employée avec succès pour faciliter l'expectoration. Du Tannin. 761. Le tannin a été regardé pendant long-temps comme un principe immédiat particulier, caractérisé par sa saveur astringente, sa solubilité dans Teau et la propriété de pré- cipiter la colle forte (gélatine). Les expériences de Hatchett et de M. Chevreul prouvent que ces propriétés appartien- nent à un trop grand nombre de corps très-différens pour qu'on puisse établir d'après elles l'existence d'un genre nouveau.- Ce dernier chimiste pense que la plupart des matières auxquelles on a donné le nom de tannin sont composées d'acide gallique, de principes colorans, etc. Cette opinion nous paraît très-fondée, et nous engage à placer l'histoire de ce corps parmi celle des matières vé- gétales composées. Le tannin fait partie de la noix de galle, du cachou , de la gomme kino , du sumac, du thé, de la plupart des écorces, des fruits, etc. Il peut aussi être obtenu par l'art, comme nous l'avons dit en parlant des résines, du cam- DU TANNIN. !q3 phre, de Tindigo, etc. Nous allons jeter un coup d'œil sur les diverses variétés de tannin, et sur les matières qui les fournissent. Noix de galle. La noix de galle est une excroissance arrondie, de la grosseur d'une forte.balle de plomb, tu- berculeuse, ligneuse, d'un gris noirâtre, creuse, et souvent percée d'un petit trou : elle est produite par la piqûre que fait un insecte aux feuilles du chêne, sur lesquelles il dé- pose ses œufs. La plus estimée est celle d'Alep, qui vient du Levant ; celle de nos contrées est lisse, spongieuse, et ne mûrit point. Suivant M. Davy, 5oo parties de noix de galle d'Alep sont formées de i3o parties de tannin, de 3i d'acide gallique uni à un peu d'extractif, de 12 de muci- lage et d'une matière qui devient insoluble par Tévapo* ration, de 12 de carbonate de chaux et de matière saline, et de beaucoup de ligneux, fournissant par l'incinération une très-grande quantité de carbonate de chaux. Propriétés du tannin de la noix de galle. Il est solide, incristallisable, d'une couleur brune, fragile, et doué d'unesaveur astringente. Distillé, il se boursouifle, se décompose, laisse un charbon très-volumineux, et fournit une liqueur acide susceptible de noircir les sels de fer, propriété que Ton doit attribuer à une portion de tannin qui a été entraînée dans le récipient par l'action du feu. Il se dissout dans Teau, qu'il colore en brun, et dont il se sépare sous la forme de pellicules lors- qu'on fait évaporer la dissolution ; il est insoluble dans Tal- cool. Le solutum aqueux précipite par les acides sulfurique, hydro-chlorique et arsénique ; Tacide nitrique et le chlore le décomposent facilement ; les eaux de chaux, de baryte et de strontiane le précipitent à la température ordinaire ; la magnésie, l'alumine, l'oxide d'étain, l'oxide de plomb, bouillis avec cette dissolution, la décolorent complètement et se combinent avec le tannin, avec lequel ils forment des produits insolubles. Aucun des sels des deuxpremières classes 11. l3 194 SECONDE PARTIE. n'est décomposé par lui ; il en décompose au contraire un très-grand nombre de ceux des quatre dernières; ainsi, il précipite les dissolutions de cuivre, d'étain, de plomb, de fer , de titane, etc. ; le précipité qu'il forme avec les sels de fer est d'un violet foncé; c'est même à lui que l'on doit attribuer, dans certains cas, les précipités que l'infusion de noix de galle fait naître dans quelques dis- solutions métalliques. (Voyez, t. Ier, Tableau des précipités formés par la noix de galle, p. 47^-) La dissolution aqueuse de tannin précipite abondamment les dissolutions de gélatine et d'albumine ; ces précipités sont insolubles dans Teau, et imputrescibles ; nous ferons voir, en parlant du tannage des peaux, que cet art consiste à combiner le tannin avec la gélatine. Le tannin contenu dans les écorces d'arbres ne diffère pas sensiblement de celui que Ton trouve dans la noix de galle. Cachou ou terre du Japon. Le cachou paraît être l'extrait aqueux obtenu en faisant bouillir les copeaux de l'intérieur du tronc du mimosa catechu, arbre qui croît dans la pro- vince de Bahar, dans Tlndostan. Il est sous la forme de gâteaux solides, compactes, fragiles, d'une cassure mate, inodores, doués d'une saveur astringente et douceâtre. Sui- vant M. Davy, le cachou de Bombay, d'une couleur peu foncée, est composé, sur 200 parties, de 109 de tannin, de 68 d'extractif, de i3 de mucilage et de 10 de matière insoluble formée de sable et de chaux. Le cachou de Ben- gale, d'une couleur chocolat, renferme, suivant ce chi- miste, 97 parties de tannin, 73 d'extractif, 16 de mucilage et 14 de chaux et d'alumine. Propriétés du tannin du ca- chou. Il est plus soluble dans Teau que le précédent; il se dissout dans Talcool ; il précipite les sels de fer en une cou- leur olive, et la gélatine en une matière grisâtre qui passe peu à peu au brun. Gomme-kino ou résine de Botani-Bay. Ce produit, qui DU TANNIN. I0?J ne devrait porter ni le nom de gomme ni celui de résine est fourni par le nauclea gambir de Hunter, par diverses espèces d'eucalyptus, principalement par YE. resinifera de Botani-Bay, et, suivant quelques naturalistes, par le coc- coloba resinifera. 11 nous vient principalement de la Ja- maïque ; il est sous la forme de masses dures, opaques, très-fragiles, dont la cassure est brillante; il est d'un rouge noir, mais il devient d'un rouge brun lorsqu'on le réduit en poudre ; sa saveur est styptique et douceâtre ; on le ramollit aisément en le tenant quelque temps dans la main. Il est fort peu soluble dans Teau froide ; ce liquide bouil- lant le dissout presque en totalité, et le solutum précipite abondamment par la gélatine ; il est très-soluble dans Tal- cool : la dissolution, suffisamment étendue d'eau, devient d'un très-beau cramoisi. Suivant M. Vauquelin , il est presque entièrement formé de tannin; il renferme aussi un peu d'extractif. Tannin artificiel. En traitant le charbon de terre, Tindigo. les résines, etc., par Tacide nitrique, ou bien le camphre et les résines par Tacide sulfurique, on obtient entre autres produits une substance à laquelle MM. Hatchett et Che- vreul ont donné le nom de tannin artificiel; elle est tou - jours composée d'une portion de Tacide employé et de char- bon, ou d'une matière charbonneuse provenant de la sub- stance végétale décomposée. Ses propriétés physiques et presque toutes ses propriétés chimiques sont les mêmes que celles du tannin naturel. Le tannin artificiel résultant de Taction de Tacide nitrique diffère seulement de celui qui est naturel, i° en ce qu'il n'est pas décomposé par cet acide; 2° en ce qu'il fournit à la distillation du gaz deutoxide d'azote (gaz nitreux). Usages des divers produits qui contiennent du tannin. On n'emploie jamais le tannin à l'état de pureté; mais on se sert souvent du tan, de la noix de galle, du cachou: I96 SECONDE PARTIE. du kino, etc. Tan. Nous avons déjà dit que la poudre d'écorce de chêne était employée pour tanner les peaux. Noix de galle. On emploie son infusion alcoolique ou aqueuse comme réactif pour distinguer les unes des autres certaines dissolutions métalliques ; on fait usage de sa dé- coction dans la préparation de l'encre, qui n'est autre chose qu'une combinaison de peroxide de fer, de tannin et d'acide gallique. (Voyez Préparations.) On l'administre en médecine comme astringent, dans les hémorrhagies pas- sives , dans les dévoiemens chroniques , les flueurs blan- ches, les maladies venteuses, etc. ; on la donne ordinaire- ment en poudre depuis 12 jusqu'à 60 grains. Sa décoction doit être regardée comme le meilleur contre-poison de l'é- métique-, en effet elle décompose rapidement ce sel, et le transforme en un produit qui n'a que fort peu d'action sur l'économie animale ; on peut également faire usage de ce decoctum pour conserver les matières animales. Cachou. Le cachou est un excellent astringent que Ton administre à l'intérieur dans les mêmes circonstances que la noix de galle ; il est également utile dans les catarrhes chroniques, la phthisie avec expectoration très-abondante, etc. ; on le donne depuis un demi-gros jusqu'à deux gros par jour, en poudre ou en décoction; et dans ce dernier cas, on l'associe sou- vent à la décoction de riz ou de grande consoude ; quelque- fois aussi on en fait prendre un demi-gros dans une tasse de chocolat. Gomme-kino. Cette matière jouit de propriétés astringentes très-énergiques, et doit être administrée dans tous les cas dont nous venons de parler; on Ta encore em- ployée avec succès dans les fièvres intermittentes, surtout en l'associant au quinquina ; sa dose est depuis 12 grains jusqu'à un gros ; sa solution alcoolique se donne par gouttes. Tannin artificiel. On ne lait aucun usage de cette matière. DES BOIS. *97 Des Bois. Les bois sont presque entièrement formés de ligneux ( voyez § 649 ) ; ils en renferment au moins g5 à 96 par- ties sur 100; ils contiennent en outre une matière végéto- animale, des principes colorans, gommeux, résineux, des sels, etc. 762. Bois de campèche ( liœmatoxylon campechianum r petit arbre épineux, qui croît ahondamment dans la baie de Honduras). Il est compacte, d'un brun rougeâtre à sa surface; mais lorsqu'on le divise parallèlement à ses fibres , on voit que les parties mises à nu sont d'un congé orangé ; il a une odeur de violette assez forte et une saveur sucrée , amère, un peu astringente; il colore la salive en violet. Il est formé,, suivant M. Chevreul, de ligneux,. à'hématiner d'une matière brune insoluble dans Talcool et très - peu soluble dans Teau, d'une huile volatile ayant la mêmeodeur que le bois, soluble dans Teau ; de matière végéto-animale r d'unesubstance résineuse ethuileuserd'acide acétique, d'acé- tates de potasse et de chaux, de silice,, d'oxalate de chaux et de quelques autres sels. Il est employé dans la teinture. 763. Bois de santal (pterocarpus santalinus, arbre qui eroît sur la côte de Coromandeletdansplusieurs autres par- ties des Indes orientales). Il est compacte, pesant, inodore et peu sapide ; il brunit lorsqu'on l'expose à Tair ; il contient r outre le ligneux, une matière colorante rouge dont nous avons parlé, la matière colorante brune qui fait la ! a edes extraits, un peu d'acide gallique et des sels. (M. Pelletier.) 764. Bois de Brésil ( cœsalpinia crista, arbre qui croît dans le Brésil et dans quelques autres pays ). Il est très-dur , très-pesant,- d'une couleur d'abord blanchâtre , qui passe au rouge pari exposition du boisa Tair : il communique cette couleur à Teau avec laquelle on le fait bouillir. On l'em^ ploie dans la teinture- 19° SECONDE PARTIE. 765. Bois de corail. Plusieurs naturalistes pensent que l'arbre qui fournit ce bois est Yadenanthera pavonia, qui croit dans les Indes. Il est rouge , parsemé de veines écar- îates et brillantes , assez dur , et susceptible de prendre un très-beau poli ; il est inodore et insipide ; il communique à Teau bouillante et à Talcool une couleur de brique. Suivant M. Cadet il est essentiellement résineux , et peut être em- ployé pour teindre la soie, pour faire une belle encre rouge et pour colorer les liqueurs de table. On en fait des meubles de luxe. 766. Fustique (morus tinctoria, arbre qui croît dans les îles des Indes occidentales). Il a une couleur jaune veinée d'orangé; il n'est ni très-dur ni très-pesant; il communique à l'eau une couleur orangée très-foncée. On l'emploie pour teindre en jaune. .. 767. Sumac ( rhus coriaria, arbrisseau qui croît dans le Levant ). M. Proust pense qu'il est principalement formé d'une matière tannante particulière; il communique à Teau une couleur jaune verdâtre , qui ne tarde pas à brunir lors- qu'on l'expose à Tair. On l'emploie en teinture comme mordant, à raison du tannin qu'il contient. 768. Bois résineux. Nous avons fait connaître, en parlant des résines, un très-grand nombre d'arbres qui fournissent un suc résineux : tels sont les pins, les sapins , etc. ; nous ne croyons pas devoir entrer dans de plus grands détails à cet égard. Les bois qui ne sont pas colorés et qui ne contiennent pas une très-grande quantité de résine, sont employés pour la construction, pour faire le charbon, etc. (Voyez Prépa- ration du charbon de bois. ) Des Écorces. Les écorces sont principalement formées de ligneux; il en est qui renferment différens autres principes immédiats", DES ÉCORCES. 199 tels que du tannin , des résines , des matières colorantes r des sucs glutineux , etc. 769. Ecorce de chêne. Cette écorce est une de celles qui contiennent le plus de tannin : aussi est-elle très-astrin- gente ; sa poudre porte le nom de tan, et sert à tanner les peaux. 770. Cannelle (écorce intévieure dnlauruscynnamomum^ arbre que Ton cultive principalement à Ceylan. Elle est sous la forme de longs morceaux roulés sur eux-mêmes , d'un jaune tirant sur le rouge, d'une saveur d'abord sucrée, ensuite piquante et aromatique,et d'une odeur très-suave ; elle doit ces deux dernières propriétés à une huile essen- tielle très-soluble dans Talcool. Neuman a retiré 3 grammes de cette huile de 5oo grammes d'écorce. On doit considérer la cannelle comme tonique et stimulante; on l'emploie dans les pertes qui suivent quelquefois l'accouchement, dans la ménorrhagie passive qui attaque des individus faibles, dans la leucorrhée constitutionnelle , dans les digestions pénibles occasionnées par la débilité de l'estomac, à la fin des diarrhées et des dysenteries; enfin comme sudorifique. On l'administre en poudre, à la dose de i o à 12 grains jus- qu'à un demi-gros; en infusion, dans une pinte de liquide, depuis un demi-gros jusqu'à un gros et demi. L'huile es- sentielle se donne à la dose de 3, 4 î ^> & gouttes dans une potion sudorifique j on fait prendre aussi quelquefois, dans une potion , 20 , 3o , ^o gouttes d'alcool de cannelle, ou le double d'eau distillée de cannelle.On connaît dans le com- merce deux variétés de cannelle blanche : la première est l'écorce de Winter ( winterania ) , qui jouit des propriétés delà cannelle, mais à un degré inférieur; la seconde est Técoree du dry mis aromatique, que les Américains em- ploient contre le scorbut, la paralysie , les catarrhes , et qu'ils regardent comme stomachique et sudorifique. 771. Ecorce du chanvre ( cannabis sativa). Elle est for- 20Ô SECONDE PARTIE. mée de beaucoup de ligneux, de résine, d'une matière verte et d'un suc glutineux. Ces deux dernières substances sont susceptibles de se pourrir lorsqu'on les laisse pendant quel- ques jours en contact avec de Teau , que Ton renouvelle peu à peu ; le ligneux reste alors avec la petite quantité de résine; si on l'expose pendant quelques jours sur le pré à Taction du soleil, on obtient le chanvre en filasse. Cette opération, connue sous le nom de rouissage, a été perfec- tionnée dans ces derniers temps ; en effet, on peut faire rouir le chanvre en deux heures de temps : il suffit de dis- soudre une livre de savon vert dans 65o livres d'eau, et d'y plongerle chanvre: on obtient plus de filasse et de meilleure qualité. M. Lée substitue au rouissage le procédé suivant, qui parait préférable aux autres pour préparer le chanvre et le lin. On bat la plante avant qu'elle ne soit parfaitement mûre, en la plaçant entre deux fléaux de bois garnis de fer, cannelés, s'emboîtant l'un dans l'autre , dont l'un est fixe et l'autre mobile : par un moyen mécanique très-simple, la partie ligneuse de la plante est détachée et laisse les fibres à nu ; on passe le chanvre à travers des peignes dont la finesse varie progressivement ; il se trouve promptement préparé et propre à l'usage auquel on le destine; on le lave à Teau pure pour lui enlever la matière colorante. 772. Quinquina (écorce de diverses espèces du genre cm- chona, arbres qui croissent en Amérique, au Péiou, etc.). Suivant M. Vauquelin , cette écorce est composée de li- gneux , d'une matière résiniforme, qui ne paraît pas être identique dans toutes les espèces de quinquina , de muci- lage et de quinate de chaux. Voici quelles sont les pro- priétés assignées par ce savant à la matière résiniforme. Elle est très-amère, très-soluble dans Talcool, dans les acides et dans les alcalis; peu soluble dans Teau froide , et plus soluble dans Teau chaude ; elle communique aux in- fusions de quinquina la propriété de précipiter par Témé- DES ÉCORCES. 20 r tique, par la noix de galle et par la colle-forte (gélatine ) • elle possède au plus haut degré la vertu fébrifuge. Guidé par ces expériences, M. Vauquelin a proposé, pour recon- naître les meilleures espèces de quinquina , de les faire infuser dans Teau , et de soumettre Yinfusum à Taction de ces divers réactifs : celui qui sera fourni par le quinquina d'excellente qualité précipitera abondamment par la noix de galle , l'émétique et la colle ; celui qui ne précipitera par aucun d'eux ne sera point fébrifuge ; celui qui pré- cipitera seulement par la colle ou par la noix de galle et par l'émétique , sera d- qualité moyenne; en général, Yin- fusum qui sera abondamment précipité par la noix de galle sera préférable à celui qui le sera par la noix de galle , par la colle et par l'émétique , mais faiblement. M. Psaff" a publié depuis une série d'expériences qui ne sont pas d'accord avec les résultats que nous venons d'é- noncer. Après avoir isolé par Talcool la matière résini- forme, qu'il regarde comme une résine particulière,* il en a examiné les propriétés : elle est sous la forme de pelli- cules ou de tilamens brillans, transparens, presque insipides, semblables à des cristaux aciculaires ; elle agit sur Teau , Talcool, les acides et les alcalis, comme M. Vauquelin Ta indiqué ; sa dissolution aqueuse se comporte comme le tannin ; sa dissolution alcoolique n'est point précipitée par la noix de galle ; elle est troublée par la colle de poisson ; les sels ferrugineux très-oxidés la précipitent en vert ; le chlore y fait naître des flocons d'un jaune citron, l'hydro- chlorate de deutoxide d'étain ne la trouble point. L'éther sulfurique n'agit point sur cette résine. Mise sur des char- bons ardens, elle se décompose, répand une fumée aroma- tique , et s'enflamme par l'approche d'une bougie. M. Psaff ne croit pas que la propriété qu'a Yinfusum du quinquina de précipiter la noix de galle, la colle et l'émé- tique dépende d'un seul et même principe. Voici les con- 202 SECONDE PARTIE. clusions auxquelles il a été conduit : « i° les matériaux immédiats du quinquina capables de précipiter ces trois réactifs sont tous solubles dans Teau et dans Talcool ; 2° les principes qui précipitent la noix de galle et l'émé- tique paraissent co-exister dans les diverses espèces de quinr quina sans être identiques ; 3° la substance qui précipite Yinfusum de noix de galle est la véritable cause de l'amer- tume du quinquina ou le principe amer , quoique son union avec la noix de galle soit dépourvue de toute amer- tume; 4° la matière qui se précipite avec la gélatine animale diffère tout-à-fait de ce principe amer ; elle appartient à cette modification de tannin qui colore en vert les disso- lutions de fer, et qui existe dans quelques mauvaises espèces de quinquina sans ce principe amer ». (Journal de Phai- macie, i8i5). Il résulte de ce travail que M. Psaff admet dans le quinquina un plus grand nombre de matières que celles qui ont été indiquées par M. Vauquelin. D'une autre part, Joseph Franck paraît avoir prouvé , par des obser- vations cliniques mullipliées , que la poudre de quinquina est beaucoup plus fébrifuge que la résine et que tout autre principe isolé de l'écorce. Ces considérations nous portent à croire qu'il importe de faire de nouvelles recherches sur le nombre et la nature des principes du quinquina, ainsi que sur leurs propriétés fébrifuges comparées a celle de Técorcei Le quinquina est un des médicamens les plus employés comme tonique , antiseptique , fébrifuge , etc. ; on l'ad- ministre i° dans les fièvres intermittentes pernicieuses, à la dose de 6 ou 8 gros ; on doit le donner pendant Tinter- mission et la rémission ; 2° dans les fièvres intermittentes simples; 3° dans une multitude d'affections intermittentes, nerveuses ou autres ; 4° dans les fièvres putrides et adyna- miques ; 5° dans la fièvre jaune, après la cessation totale de l'irritation fébrile; 6° dans la peste; 70 dans les varioles de mauvais caractère, lorsque l'éruption languit ou que DES LCORCES. 2o3 la fièvre de suppuration est très-forte; 8° dans la faiblesse des organes digestifs , etc. On l'administre sous toutes les formes , et depuis la dose de 6 à 8 grains jusqu'à 8 , 10 gros. 773. Cascarille ( croton cascarilla ou clutia eleutheria, arbuste de l'Amérique australe). Cette écorce est sous la forme de petits morceaux roulés, aplatis, peu épais, d'une cassure résineuse , d'un gris cendré à l'extérieur, et d'une couleur rouille de fer en dedans ; elle a une odeur aroma- tique et une saveur acre très-amère ; elle est formée, suivant Tromsdorff, d'une très-grande quantité de ligneux, de mu- cilage et de principe amer , de résine , d'huile volatile, et peut-être d'une petite quantité d'acide benzoïque. On l'em- ploie avec succès comme fébrifuge dans les mêmes cas où le quinquina est indiqué; on l'administre dans les diarrhées et les dysenteries chroniques , dans les hémorrhagies pas- sives , dans la fièvre hectique , etc. ; on l'administre aussi comme vermifuge : on la donne ordinairement en poudre, depuis 12 jusqu'à 72 grains. 774- Ecorce de Malambo. L'écorce de Malambo paraît appartenir à une espèce du génie winterania; du moins, d'a- près M. Zea , elle aie plus grand rapport avec celle duw/n- terania arornalica. Elle est de couleur cendrée rougeâtre ; son épiderme est gris et couvert de rugosités blanchâtres plus ou moins prononcées; sou odeur est forte et analogue à celle de certains poivres ; sa saveur est très-amère, chaude et piquante. Suivant M. Vauquelin, elle renferme les mêmes corps fixes que la plupart des plantes d'Europe ; elle con- tient environ -73 de son poids de matière résineuse amère, unie à une huile volatile et aromatique extrêmement acre. M. Cadet, qui avait examiné cette écorce avant M. Vau- quelin , l'avait trouvée composée d'une matière colorante extractive , d'une matière résineuse très-abondante et très- amère, et d'un principe aromatique volatil. Il paraît qu'on 304 SECONDE PARTIE. l'emploie avec succès en Amérique comme fébrifuge, to- nique et astringente. M. Vauquelin pense qu'on doit l'ad- ministrer de préférence sous forme de teinture alcooli- que , mêlée avec un sirop ou dans Teau sucrée. 775. Ecorce de tulipier (liriodendrum tulipifera, arbre de l'Amérique septentrionale, qui existe abondamment à Schcenbrunn près Vienne ). L'écorce des jeunes branches est lisse , d'un brun rougeâtre , tenace , d'une odeur très- fine, balsamique, d'une saveur un peu aigre, amère , sans être sensiblement astringente. Suivant M. Tromsdorff, elle est formée de ligneux , d'extractif amer , de principe gommeux et de résine. Hildebrant Ta substituée avec avantage au quinquina dans la fièvre tierce. 776. Ecorce du daplme alpina. Suivant M. Vauquelin, cette écorce contient du ligneux , un principe acre , de la résine verte, une matière cristalline amère, et une substance colorante jaune. Le daphne gnidium n'a point fourni de matière cristalline. 777. Liège. Le liège est la partie extérieure de l'écorce du quercus suber. M. Chevreul a conclu, après avoir fait un très-grand nombre d'expériences , que le liège doit être considéré comme un tissu cellulaire dont les cavités con- tiennent des matières astringentes, colorantes et résineuses ou huileuses; ainsi il y a découvert un principe aroma- tique, de Tacide acétique, de Tacide gallique, une couleur jaune, une matière astringente, un produit azoté, de la cérine, une résine molle, un principe que ce chimiste a ap- pelé subérine, et quelques sels. Suivant Fourcroy , l'épiderme des végétaux ne serait que du liège; cette supposition a été rendue très-vraisemblable par les expériences de M. Chevreul. Toutefois la compo- sition de l'épiderme des graminées paraît différer beaucoup. de celle des autres plantes ; il contient une très-grande quantité de silice. SuivantM. Davy , looparlies d'épiderme DES RACINES. 205 de cannebonnet renferment 90 de silice ; 100 d'épiderme de bambou en contiennent 71,4*, 100 de roseau commun en donnent 48,1 , enfin 100 de lige de blé en renferment 5. Des Racines. Les racines sont tantôt ligneuses, tantôt charnues • les premières sont en quelque sorte formées par le ligneux- les autres contiennent, outre ce corps, plusieurs autrea substances. 778. Ipécacuanha brun (psychotria emetica). Cette racine est brune ou cendrée, diversement tortueuse, hérissée de petits anneaux proeminens , inégaux et rugueux, de la grosseur d'une plume ; elle contient une moelle ligneuse (meditullium), qui ressemble à un fil, et dont il est facile de séparer l'écorce friable; sa saveur est acre et amère, son odeur herbacée et nauséabonde. MM. Pelletier et Magendie dans un beau travail fait sur cette racine, ont prouvé que Y écorce contient, sur 100 parties, 2 de matière grasse huileuse, odorante; 16 d'émétine, 6 de cire végétale 10 de gomme, lyî. d'amidon, 20 de ligneux , et quelques traces d'acide gallique (perte, 4)- Ee meditullium est composé de 1,15 d'émétine, de 2,45 de matière extrac- tive non émétique, de 5 de gomme, de 20 d'amidon, de 66,60 de ligneux, de quelques traces d'acide gallique et da matière grasse (perte, 4,80). Les résultats de cette analyse confirment ce que Ton savait déjà, savoir : que la partie corticale jouit de propriétés médicinales beaucoup plus énergiques que le meditullium. On administre Tipé- cacuanha, i° comme vomitif, principalement dans les fièvres intermittentes dont les paroxysmes se prolongent, dans les fièvres rémittentes de mauvais caractère, dans les dysenteries bilieuses , lorsqu'il y a surcharge des voies di- gesÛYes, dans la coqueluche, dans certaines faiblesses des 206 SECONDE PARTIE. organes digestifs, dans la péritonite puerpérale bilieuse, etc. On le donne à la dose de 4, 6, 12 ou 18 grains délayés dans de Teau ; 20 comme excitant du système pulmonaire, dans les dernières périodes des catarrhes pulmonaires : dans ce cas , on en fait prendre de petites doses souvent répétées. MM. Magendie et Pelletier pensent que Témétine doit être administrée de préférence à Tipécacuanha, parce qu'elle jouit de tous ses avantages à un plus haut degré, et qu'elle n'a point l'odeur et la saveur désagréables de ce médica- ment. Il résulte aussi de leurs expériences que Tipéca- cuanha peut agir à la manière des poisons lorsqu'il est administré à trop forte dose. L'ipécacuanha gris (calicocca ipecacuanha) renferme , sur 100 parties de matière corticale, i4 d'émétine, 2 de matière grasse, 16 de gomme , 18 d'amidon, 48 de ligneux (perle, 2). L'ipécacuanha blanc (viola emetica) paraît contenir, suivant les mêmes auteurs, 5 parties d'émétine , 35 de gomme, 1 de matière végéto-animale et 57 de ligneux (perte , 3 ). 779. Jalap (convolvulus jalappa, plante de Xalapa dans la Nouvelle-Espagne). Elle est sous la forme de iranches minces, dures , d'une couleur brune , présentant des rayons et des cercles résineux; elle a très-peu d'odeur; sa saveur est légèrement acre et nauséabonde; elle s'enflamme aisément. Les expériences faites par M. Planche, dans le dessein d'obtenir la résine de jalap, tendent à faire croire que cette racine est formée de ligneux, d'une matière co- lorante brune, d'un principe ^ucré, d'amidon, d'un acide qui paraît être Tacide acétique, et de résine à laquelle on attribue ses propriétés médicinales. On l'administre comme purgatif, depuis l\,6, jusqu'à 48 grains, dans 3 ou 4 onces de véhicule. La résine de jalap est beaucoup plus active, et fait partie des potions hydragogues ; on la donne depuis 4 jusqu'à 20 grains. Celle qui a été préparée avec la partie DES RACINES. 207 ligneuse de la racine parait plus active que celle qui est fournie par la partie corticale -, du moins , à la dose de 12 à 15 grains , suspendus dans une cmulsion , elle a produit de i5 à 20 selles sur plusieurs malades. (M. Planche. ) 780. Rhubarbe (rhcurn palmatum, racine qui vient des parties septentrionales delà Chine). Elle est en morceaux cylindriques et arrondis, d'un jaune sale à l'extérieur, d'une texture compacte, d'une marbrure serrée, d'un rouge brique à l'intérieur ; elle a une odeur particulière et une saveur acre ; elle colore la salive en jaune orangé et croque très-fort sous les dents ; sa poudre est d'une couleur qui tient le milieu entre le fauve et Torangé. Elle est formée, suivant M. Henry, i° d'un principe colorant jaune, analogue au tannin, doué d'une saveur amère, âpre, insoluble dans Teau froide, soluble dans Talcool, Téther et Teau bouillante , auquel on a donné le nom de caphopicrite; 20 d'une huile fixe douce, rancissant par la chaleur; 3° d'un peu de gomme ; 4° d'amidon ; 5° de ligneux ; 6° de malate acide de chaux; 7° d'oxalate de chaux, qui fait le tiers de son poids; 8° d'un peu de sulfate de chaux et d'uu sel à base de po- tasse. La rhubarbe de Moscovie ne diffère de la précé- dente qu'en ce qu'elle contient un peu moins d'oxalate de chaux. Celle de France renferme beaucoup plus de tannin et d'amidon que les précédentes; elle contient beaucoup moins d'oxalate de chaux. On administre ce médicament, i° comme tonique du système digestif, à la dose de 4, 5 à 6 grains, en poudre ou en infusion vineuse ; 20 comme purgatif, surtout chez les enfans : on en fait infuser un ou 2 gros dans de Teau, que Ton emploie aussi comme an- thelmintique; 3° comme astringent dans les diarrhées et dans les dysenteries atoniques : la dose est de 4 à 6 grains. On s'en sert aussi dans les jaunisses lentes , etc. *$j. Racine d'iris deFlorence(irisflorentina). Cette ra- cine , fraîche, est acre et amère ; elle perd une partie de ces 208 SECONDE PARTIE. propriétés par la dessiccation ; elle a une odeur agréable et très-analogue à celle des fleurs de violette. Elle contient, suivant M. Vogel, de la gomme, un extrait brun, de la fécule, une huile grasse, acre, amère , une huile volatile en paillettes blanches et du ligneux. Elle était très-employée autrefois en médecine, comme tonique et incisive, dans certaines affections atoniques du système pulmonaire; on l'administre aujourd'hui, mais rarement, comme calmante, dans les coliques et les dévoiemens , surtout chez les en- fans : on en donne 6 à 8 grains, avec autant de magnésie et de sucre. 782. Racine de curcuma(curcuma longade Linné, amo- mum curcuma de Jacquin ; racine jaune qui nous vient des Indes orientales). Elle est formée, suivant MM. Pel- tier et Vogel, d'une matière ligneuse, d'une fécule ami- lacée , d'une matière colorante brune, semblable à celle que Ton retire de plusieurs extraits, d'un peu dégomme, d'une huile volatile odorante, très-âcre, d'un peu d'hy- dro-chlorate de chaux, et d'une matière colorante jaune que ces chimistes regardent comme une matière particu- lière, très-hydrogénée, très-soluble dans les alcalis, sus- ceptible de passer au rouge cramoisi par les acides con- centrés. On emploie celte racine pour dorer les jaunes de gaude et donner plus de feu à Técarlate ; on s'en sert pour teindre en jaune orangé ; mais la couleur qu'elle fournit n'est point solide ; on prépare avec elle le papier de cur- cuma, dont on fait usage pour reconnaître les alcalis : ce- pendant nous devons dire que, s'il est vrai que ce papier est rougi par les alcalis, il Test également par les acides sulfurique, nitrique, hydro-chlorique, borique et phos- phorique, si toutefois ce dernier est concentré. 783. Racine de gentiane (gentiana lutea, plante des contrées montagneuses de la Suisse, de la Hongrie , de la France , etc. ). Elle est cylindrique , marquée d'anneaux DES RACINES. 20q voLius les uns des autres, rugueuse, d'un brun foncé ou fauve, peu odorante et douée d'une saveur très-amère- son parenchyme est jaunâtre et tire un peu sur le rouge. Suivant Neuman, elle est formée de ligneux, d'un prin- cipe amer auquel elle doit principalement ses propriétés médiciuales, d'une matière mucilagineuse, de résine et d'extractif. Les expériences que M. Planche a faites sur cette racine pour en obtenir de Teau distillée, tendent à prouver qu'elle renferme en outre de Tacide acétique et un principe nauséabond volatil, agissant sur le cerveau à la manière des plantes vireuses. La racine de gentiane de Suisse contient en outre du sucre : en effet, elle a une saveur sucrée, et lorsqu'on la laisse fermenter pendant quinze jours avec de Teau, dans une chambre chaude, on obtient de Yeau-de-vie qui n'a point de saveur désa- gréable , mais qui conserve l'odeur de la gentiane; on pré- pare aussi cette liqueur de gentiane dans les Vosges et dans le Jura. (M. Planche.) La racine de gentiane est employée en médecine comme un excellent tonique ; on l'adminis- tre dans les fièvres intermittentes printanières , dans le scorbut, les obstructions des viscères du bas-ventre, les scrophules ; on Ta aussi vantée comme anti-arthritique, lithontriptique, etc. On l'administre le plus ordinaire- ment sous la forme de teinture alcoolique que Ton donne à la dose de 3o ou de 60 gouttes, ou sous la forme de vin. aromatisé; on l'emploie aussi pour faire des tentes propres à dilater les trajets fistuleux. M. Planche ayant pris un,e cuillerée à bouche d'eau distillée de gentiane, eut de. fortes nausées , et au bout de trois minutes il éprouva une sorte. d'ivresse qui se prolongea pendant plus d'une heure. 784. Racine de réglisse (glycyrrhizaglabra). Cetteracine est formée, d'après M. Robiquet, de fécule amilacée, d'al- bumine végétale ou de substance végéto-animale, d'une huile résineuse brune et épaisse qui donne de Tàcreté aux ' 1* 2IO SECONDE PARTIE. décoctions de réglisse, de ligneux, d'une matière colorante, d'acide phosphorique et d'acide malique combinés avec la chaux et avec la magnésie, d'une matière sucrée qui se rapproche des résines , et que M. Devaux a appelée sacco- gommite; enfin d'une matière cristalline qui a l'aspect d'un sel et qui a quelques rapports avec Tasparagine. Pro- priétés de la matière sucrée. Elle est solide, d'un jaune sale, d'une saveur analogue à celle de la réglisse} elle se boursouffle sur les charbons ardens, et répand une odeur semblable à celle des résines ; elle est très-peu soluble dans Teau froide , soluble dans Teau bouillante, et se prend en gelée par le refroidissement-, elle se dissout dans Talcool à toutes les températures; elle n'est point fermentescible ; Tacide nitrique la transforme en une masse jaune, inso- luble dans Teau , qui paraît contenir un peu d'amer. Pro- priétés delà matière cristalline. Elle cristallise en octaèdres rectangulaires, incolores, dont les deux arêtes les plus courtes sont remplacées par des facettes; elle est presque insipide et peu soluble dans Teau ; le solutum n'est troublé par aucun réactif. Elle se boursouffle sur les charbons et répand une odeur ammoniacale ; elle se dissout dans Tacide sulfurique sans le noircir, et dans Tacide nitrique sans dégagement de gaz nitreux ; broyée avec la potasse caustique, elle laisse dégager de l'ammoniaque au bout d'un certain temps. Le jus de réglisse n'est autre chose que le decoctum de la racine convenablement évaporé. L'infusum de réglisse , préparé avec un gros de racine sèche dépouillée de son écorce et une livre d'eau bouillante, est employé comme adoucissant et expectorant, dans les catarrhes légers , les chaleurs de poitrine. Le jus de réglisse peut être utile dans les toux catarrhales invétérées. 785. Carotte rouge (daucus carotta). Suivant M. Bouil- ion-Lagrange, cette racine fournit à l'analyse du sucre liquide DES RACINES. 211 încristallisable, de la fécule amilacée , du malate acide de chaux, et une matière jaune laissant des taches sur le pa- pier, insoluble dans Teau , soluble dans Talcool et dans les huiles, n'a\ant été trouvée jusqu'à présent que dans la carotte, qui lui doit sa couleur. On l'administre en mé- decine comme apéritive et analeptique , dans la strangurie et l'ictère. Le sucre et l'extrait de cette racine ont été em- ployés avec succès dans le traitement des ulcères malins et carcinomateux , sinon pour guérir la maladie, du moins pour la diminuer : tantôt ou applique le suc sur la partie affectée, tantôt on l'introduit par injection. 786. Calaguala ( racine du polypodium adianthiforme de Forster et Jussieu , cryptogame de l'Amérique australe, de St.-Domiugue, de la Nouvelle-Hollande, etc.). Elle est cylindroïde, écailleuse, roussâtre, flexueuse, garnie d'une multitude de fibrilles grêles qui se subdivisent en- core en d'autres filamens; sa saveur, d'abor 1 douce, ir.ii par être amère ; son odeur est rance et huileuse. Elle est for- mée d'un peu de sucre, d'un mucilage jaunâtre, d'un peu d'amidon, de ligneux, de résine amère, acre et soluble dans les alcalis, d'une matière coloraate rouge, d'acide malique, d'hydro-chlorate de potasse, de carbonate de chaux et de silice (Vauquelin). On a préconisé cette racine comme sudorifique dans le rhumatisme, la goutte , la syphilis ; on a vanté ses bons effets dans l'hydropisie , les phlegmasies chroniques de la poitrine , etc» ; mais il est indispensable de réitérer les observations avant de lui accorder autant de propriétés médicinales. 787. Racine du bryonia alba de Linné. Cette racine est fusiforme et acquiert souvent un très-grand volume. Elle contient, d'après les expériences de M. Vauquelin, une très-grande quantité de fécule unie à un suc très-âcre, amer, nauséabond, soluble dans Tenu et dans Talcool; une assez grande quanlité de gomme , une matière vé- 212 SECON DEPARTIE. géto - animale , du ligneux, un peu de sucre et une cer- taine quantité de malate acide de chaux et de phosphate de chaux. On l'administre en poudre comme purgatif, à la dose de 18 à 36 grains ; si la dose était très-forte elle agirait comme les poisons acres. Si après avoir laissé déposer le suc de bryone on épuise le précipité par Teau , on dissout le principe acre, et il ne reste que la fécule amilacée, avec laquelle les Américains se nourrissent. 788. Racine du jatropha manioc (arbrisseau cultivé en Amérique ). On trouve dans cette racine un suc laiteux, com- posé d'un principe volatil Irès-vénéneux, d'amidon , etc. ; la portion de la racine qui n'est pas succulente contient beaucoup de fécule. Les habitans du Nouveau-Monde commencent par extraire tout le suc de la racine; ils des- sèchent celle-ci au soleil et la pulvérisent ; la farine qui en résulte porte le nom de cassave ; ils la font cuire sur une plaque de fer chaude, de manière à en obtenir des galettes auxquelles ils donnent le nom de pain de cassave. 789. Racine de betterave. ( Voyez Préparation du sucre. ) Des Feuilles. Les feuilles sont formées de trois parties distinctes : 1 ° de Tépiderme, dont l'analyse n'a pas encore été faite; 20 de la pulpe, dans laquelle on trouve souvent de la cire, une ma- tière végéto-animale, etc., et qui contient toujours une résine colorée, à laquelle on doit probablement attribuer la couleur des feuilles; 3° de ligneux. 700. Feuillesfraîchesdunicotiana tabacumlatifolia. Ces feui'ies conoennent, i° une grande quantité d'albumine; 20 une matière rouge, peu connue, qui se boursouffle beaucoup lorsqu'on la chauffe, et qui se dissout dans Teau et dans Talcool ; 3° un principe acre, \ olatil, incolore, DES FEUILLES. 2?I ."> très-soluble dans Talcool, et beaucoup moins soluble dans Teau, auquel le tabac doit ses propriétés vénéneuses ; 4° de la résine verte; 5° du ligneux; 6°de Tacide acétique; 70 du malate acide de chaux, de l'oxalate et du phosphate de chaux, du nitrate et de l'hydro-chlorate de potasse, de l'hydro-chlorate d'ammoniaque, de l'oxide de fer et de la silice. (Vauquelin.) Le tabac en poudre contient les mêmes principes que les feuilles fraîches, et en outre du carbonate d'ammoniaque et de l hydro-chlorate de chaux. Ce tabac n'est autre chose que les feuilles sèches de quelques espèces de nicotiane que Ton a réduites en poudre, après leur avoir fait subir un commencement de fermentation, et leur avoir ajouté un peu de chaux pour leur donner du montant. Le tabac a été administré comme émétique, purgatif, expectorant, errhin, etc. On s'en est servi dans les infiltrations séreuses de la poitrine, dans l'asthme, les catarrhes, l'apoplexie sé- reuse, les paralysies des parties supérieures, le commen- cement des gouttes sereines, les maux de dents et d'o- reilles , etc. On Ta donné principalement sous la forme de sirop, préparé avec l'infusion de tabac, du miel et du vinaigre. Ce médicament, connu sous le nom de sirop de quercetan, a été employé à la dose d'une cuillerée à café, ou tout au plus d'une cuillerée à bouche, dans une po- tion de trois ou quatre onces dont on faisait prendre une cuillerée de trois en trois heures. On a aussi administré des Iavemens de decoctum de tabac, préparés avec deux ou trois gros de ce médicament et une pinte d'eau que Ton réduisait à chopine. Ces îavemens sont fortement purgatif* et éméliques, et peuvent être très-utiles lorsque, dans un empoisonnement, on ne peut pas obtenir des vomissemens par les émétiques ordinaires. Aujourd'hui on prescrit ra- rement le tabac à l'intérieur; son administration impru- dente est suivie de trop de danger pour que Ton ne 2I'f srcor.DK PARTIE. cherche ps à le remplacer dans les affections où il peut être utile. Qr.el que soit le tissu sur lequel on Tapplique, il est absorbé, transporté dans le torrent de la circulation , et porte son action sur Je système nerveux : il détermine un Ir-vibîement général, des vertiges, la paralysie, Tin- sensibilité générale et la mort. Il exerce, indépendamment de cette action , une irritation locale suivie d'une inflam- mation plus ou moins vive. 791. Feuilles de beïladona ( atropa belladona ). Le suc de cette plante est composé d'eau, d'une substance amère, nauséabonde, so uble dans Talcool,à laquelle la belladona doit ses propriétés médicinales; d'ure matière animale en partie coagil.ible par la chaleur, et qui reste en partie dis- soute à la faveur d'un excès d'acide acétique, de nitrate, d'hydro-chlorate et de sulfate de potasse, d'oxalate acide de potasse et d'acétate de potasse; il ne paraît pas renfermer le principe icre qui fiât partie du tabac. ( Vauquelin. ) La povdre des feuilles de belladona semble avoir été admi- nistrée quelquefois avec succès dans Itô squirrhes des intes- tins, de l'utérus et des mamelles, et dans Tépilepsie; elle a été utile pour soulager "es accès des maniaques, pour guérir les affecu ns syphilitiques anciennes et sans in- flammation, principalement lorsqu'on Ta associée au ca- lomélas. Son emploi est très - avantageux dans la coque- luche , surtout lorsqu'on commence à l'administrer du quinzième au vingtième jour; cependant on en a obtenu de très-bons effets, mène en la donnant dès le début de la maladie. On fait prendre aux enfans au - dessous d'un an un quart de grain de racine de cette plante mêlé avec du sucre, matin et soir ; les enfans de trois ou quatre ans en prennent le double; ceux de six ans, un grain et demi, en augmentant progressivement la dose jusqu'à en donner deux ou trois grains dans les vingt-quatre heures. La belladona, donnée à plus forte dose, agit sur le système DE» FEUILLES. 2l5 nerveux comme un poison énergique. (Voyez ma Toxi- cologie générale. ) 792. Feuilles de gratiole (gratiola qfficinalis). Le suc de cette plante est composé d'une substance gommeuse, brune, d'un peu de matière animale, de beaucoup d'hydro-chlo- rate de soude, d'un malate qui paraît être àbase de potasse, d'une matière résineuse très-amère, à laquelle M. Vau- quelin, à qui nous devons cette analyse, attribue les pro- priétés médicinales de la gratiole. Cette résine est très- soluble dans Talcool, soluble dans Teau, surtout à l'aide des autres principes du suc. L'infusum, préparé avec un demi-setier d'eau et vingt ou trente feuilles de gratiole, est quelquefois employé comme purgatif hydragogue, dans les hydropisies atoniques, les maladies cutanées, etc. Le vin de gratiole est encore plus actif. Administrées à forte dose, ces préparations irritent, enflamment le canal digestif, et déterminent la mort. 7q3. Feuilles du cassiasenna (séné). Elles sont pointues, lancéolées , d'uni vert jaunâtre, peu odorantes et douées d'une saveur acre. Suivant M. Bouillon-Lagrange, le séné de la Palthe contient une matière particulière soluble dans l'eau et dans Talcool,. qui. n?èst pas une résine, mais qui en acquiert toutes les propriétés en se combinant avec l'oxigène; il renferme en outre de la potasse, de la mag- nésie, de la silice, du; sulfate de potasse et du carbonate de chaux. On administre comme purgatif un infusum pré- paré avec un ou deux gros de feuilles de séné nonaltérées ^ et trois ou quatre onces d'eau ; on l'associe ordinairement à d'autres purgatifs. 794. Feuilles d'eupatofium perfoliatum. On a annoncé dans le journal de Pharmacie que les feuilles de cette plante ©ntétéadministrées avec succès, en infusion, en poudre ou en teinture alcoolique, dans la fièvre jaune et dans les affec- tions accompagnées d'une grande faiblesse. ^IO SECONDE PARTIE. 795. Feuilles d'absinthe (artemisiaabsinthium). L'absin- the a fourni à l'analyse une très-grande quantité de résine, de l'hydro-chlorate et du sulfate de potasse, du sulfate et du carbonate de chaux, de la silice, de Talumine, de l'oxide de fer, un acide végétal libre, et un acide végétal combiné avec la potasse. ( Kunsmuller. ) On administre Yinfusum aqueux et vineux d'absinthe comme tonique et stomachi- que, comme diurétique, vermifuge, emménagogue, etc. 796. Indigqfera aniL Le suc des tiges de cette plante est composé d'indigo au minimum d'oxidation , de matière végéto-animale, d'une matière verte et d'une matière jaune extractive, solubles dans Talcool, de mucilage, d'un sel cal- caire et de sels alcalins. La fécule verte ou la partie tenue en suspension dans le suc non filtré, contient de la cire, de Tindigo , de la résine verte, de la matière animale et une matière rouge particulière. Le marc est presque entièrement formé de ligneux. Des Fleurs. Les fleurs ont été fort peu étudiées sous le rapport de l'analyse chimique : aussi nous nous dispenserons de faire leur histoire en détail. 797. Girofle (fleurs desséchées du caryophyllus arorna- * ticus , arbre qui croit particulièrement auxMoluques), Les girofles sont d'un brun foncé; leur saveur est acre, aroma- tique et brûlante ; ils donnent une poudre grasse, surtout lorsqu'ils sont de bonne qualité. Ils sont formés , suivant M.Tromsdorff, sur 1000 parties, de 180 d'huile volatile, acre, aromatique qui communique cette propriété aux fleurs; de 4o parties d'une matière extractive peu soluble, de i3o de tannin particulier, de i3o de gomme, de 60 . d'une résine particulière, de 280 de fibre végétale et de 180 d'eau. On emploie Thuile de girofle pour cautériser DU POLLEN. 217 les nerfs dentaires, pour détruiréla carie des dents et celle des autres os. On prépare avec une pinte de vin et 4 ou 5 clous de girofle, une boisson tonique , stomachique, dont on se sert avec succès dans les maladies venteuses, à la fin des dévoiemens, dans les infiltrations passives, dans la petite-vérole, lorsque l'éruption est difficile. Du Pollen. 798. Fourcroy et M. Vauquelin ont faitl'analyse du pollen duphœnix dactylifera (dattes) ; ils l'ont trouvé formé d'une matière animale, d'acide malique, de phosphate de chaux et de phosphate de magnésie. La matière animale est inso- luble dans Teau et paraît tenir le milieu entre le gluten et l'albumine; elle est très-putrescible , et répand, en se pu- tréfiant, l'odeur du vieux fromage. Des Semences. 799. Graines céréales (seigle). Suivant Einhoff, 384o parties de seigle sont formées de 93o parties d'enveloppe, de 390 d'humidité etde 2Ô20 de farine. La même quantité de farine renferme 126 d'albumine, 364 de gluten non des- séché, 426 de mucilage , 2345 d!amidon , 126 de sucre, 245 d'enveloppe. (Perte 208.) Seigle ergoté. M. Vauquelin vient de prouver que le seigle ergoté contient, i° une matière colorante d'un jaune fauve, soluble dans Talcool, ayant une saveur semblable à celle de Thuile de poisson; 20 une assez grande quantité d'une matière huileuse, blanche, d'une sayeur douce; 3° une matière colorante violette, de la même couleur que l'oseille, insoluble dans Talcool et pouvant être facilement appli-:rêe sur la soie et sur la laine alunées; 4° un ac,de libre qù tarait être Tacide phosphorique ; 5° une matière vé;■■■it'i jiimale très-abondante, très-putrescible, fournis- 2 1 8 s E C o N n E P A R T 1 E. sant beaucoup d'huile épaisse et d'ammoniaque à l'a distil- lation ; 6° un peu d'ammoniaque que Ton peut séparer a la température de Teau bouillante. En compai ant cette analyse à la précédente, on verra que le seigle ergoté ne contient plus d'amidon; que le glu- ten s'y trouve altéré, et qu'il renferme une huile épaisse et de l'ammoniaque, produits que Ton ne rencontre pas dans le seigle ordinaire. Plusieurs naturalistes pensent d'après cela que Tcrgot du seigle n'est qu'une dégénération résul- tante d'une maladie produite par des causes extérieures. M. Virey le regarde comme l'effet d'une matière putride r. et il attribue ses effets vénéneux à la matière acre et à la substance animale putrescente qu'il contient. Cette opi- nion n'est p?s cependant généralement adoptée- Paulet et M. Decandoile croient que l'ergot n'est autre chose qu'un végétal nouveau, développé dans la balle qui devait con~ tenir le grain de seigle; ce végétal serait une espèce du genre sclerolium (champignon). L'analyse du■ sclerotium sleriorum, faite par M. Vauquelin, ne milite pas en faveur de cette opinion : en effet, ce savant chimiste a trouvé qu'il existe des différences essentielles entre ces deux pro- ductions. 8oo. Froment.M. Vogel vientd'analyserla farine du triti- cumhybcrnum, cultivé au bord du Danube, entre Ratis- bonne et Straubing ; il y a trouvé 63 parties de fécule ,. 24 de gluten non desséché, 5 de sucre gommeux, i,5 d'albumine végétale. La farine dxxtriticum spelta r du même pays , adonné 74 de fécule y 22 de gluten non desséché,, 5,5ode sucre gomme ux, o,5o d'albumine végétale. Les. cen- dres sonlformées de plusieurs sels. M. Davy a prouvé que le froment cultivé dans les provinces méridionales contient plus de gluten que celui du Nord. L'orge , et probablement une foule d'autres graines céréales, sont formées des même». principes, mais dans des proportions différentes. DU PAIN DE FROMENT. 219 801. Pain de froment. Suivant M. Vogel, la mie de pain de froment contient le quart de son poids d'eau. Cent parties de mie desséchée sont composées de 3,60 parties de sucre, de 18 de fécule torréfiée, soluble dans Teau froide ( voyez fécule, § 644 ) > de 53,5o de fécule , de 20,75 de gluten combiné avec un peu de fécule, d'acide carbonique, de magnésie et d'hydro-chlorate de chaux. ( Voyez Préparation du pain. ) 802. Avoine. La farine d'avoine ( avenasativa ) contient, d'après M. Vogel, 5g parties de fécule , 4i 3o d'albumine, 3,5o de gomme, 8,25 de sucre et de principe amer, 2 d'huile grasse et un peu de matière fibreuse. Suivant M. Journet, l'écorce de la semence d'avoine renferme un principe odorant semblable à celui delà vanille, so- luble dans Talcool, et que Ton peut employer pour aro- matiser les liqueurs , les crèmes , les pastilles, le choco- lat, etc. 8o3. Riz. Le riz est formé, suivant M. Vogel, de 96 de fécule, de 1 de sucre , de i,5o d'huile grasse, et de 0,20 d'albumine. Dans un travail plus récent, M. Braconnot a retiré du riz de la Caroline 5,00 d'eau, 85,07 de fécule, 4,8o de parenchyme, 3,6o de matière végéto-animale, 0,29 de sucre incristallisable , 0,71 de matière gommeuse voisine de l'amidon , 0,13 d'huile, o,4o de phosphate de chaux. 804. La maladie connue sous le nom de nielle, à laquelle sont sujets l'orge et le froment, et qui est produite par un fungus , a été aussi l'objet des recherches de Fourcroy^ de M. Vauquelin et d'Einhoff. Ces semences contiennent une huile acre , du gluten putride , du charbon qui leur communique une couleur noire, de Tacide phosphorique, du phosphate ammoniaco-magnésien , et du phosphate de chaux ; elles ne renferment pas un atome d'amidon. Graines des légumineuses. M. Einhoff, en faisant l'analyse 220 SECONDE PARTIE. des pois (pisum sativum ) et des fèves ( vicia Java ) , les a trouvés formés , sur 384o parties, de : Poit. FèvM. Matière volatile................................ 5'\o 600 ■ Amidon...................................... 1^65 i3ia- Matière vt'gcto-animalc......................... 55g t\ 17 • Albumine............•....................... 66 3i- Sucre........................................ 81 o • Mucilage..................................... 249 177- Matière féculente, fibreuse et enveloppe........... 840 996* Extractif soluble dans l'alcool................... o i36> Sels......................................... 11 37,ï Perte........................................ 229 133,.*»- 8o5. Noix du cocotier (cocos nucifera). M. Tromsdorff a trouvé dans le suc de ce fruit beaucoup d'eau et de sucre liquide, un peu de gomme et un sel végétal. Le noyau et la partie charnue de la noix contiennent une très-grande quan- tité d'huile grasse, se figeant facilement, que M. Troms- dorff propose d'appeler beurre végétal ; un liquide aqueux, de l'albumine et du sucre liquide (mucoso-sucré). Il suit de ces détails que la noix de cocotier doit être une sub- stance très-nourrissante ; et en effet elle est très-employée comme aliment en Asie et en Amérique. 806. Semences du lycopodium clavatum (lycopode). Sui- vant M. Bucholz, ces semences contiennent 60 parties d'une huile fixe, soluble dans Talcool, 3o de sucre, 10 de mu- cilage, 895 d'une substance insoluble dans Teau, dans Tal- cool, Téther , Thuile essentielle de térébenthine et les dis- solutions alcalines froides. On emploie ces semences toutes les fois que Ton veut produire de grandes flammes : il s'agit simplement de les projeter sur une bougie allumée. Des Fruits charnus. Tous les fruits charnus contiennent du sucre, du ferment, oji bien une matière qui n'exige pour fermenter que le con- DES BULBES. 221 tact de Tair ; ils renferment en outre du mucus, du ligneux, un principe colorant, et un ou deux acides. Les acides les plus généralement répandus dans les fruits sont les acides malique, sorbique et citrique ; on y trouve quelquefois Tacide acétique et le tartrate acide de potasse ; quelques-uns d'entre eux renferment aussi de la gelée, du tannin, et une substance végéto-animale analogue à l'albumine ou au gluten. 807. Pulpe sucrée du tamarin (tamarindus indica). M. Vauquelin a prouvé que 9752 parties de cette pulpe sont formées de 3oo parties de tartrate acide de potasse, 4^2 de gomme, n52 desucre, 576 de gelée, 864 d'acide citrique, 144d'acide tartarique , 4o d'acide malique, 2880 d'amidon et 3364 d'eau. La pulpe de tamarin est employée avec succès comme purgatif doux dans les fièvres bilieuses con- tinues , les fièvres putrides, etc. ; on la donne à la dose d'une ou de deux onces dans une pinte d'eau ou de petit-lait. Des Bulbes. Nous comprenons sous ce titre l'oignon, l'ail, la pomme de terre, etc. Nous sommes pourtant loin d'admettre que toutes ces parties soient des bulbes ; car on ne devrait don- ner ce nom qu'à la racine d'une plante composée d'un corps charnu plus ou moins arrondi, dont la substance tendre et succulente est recouverte d'une ou de plusieurs tuniques , et qui offre à son extrémité inférieure une ex- croissance charnue, sur laquelle toutes les fibrilles radi- cales ont leur point d'insertion (M. Richard). 808. Oignon (bulbes de Yallium cepa ). Cettebulbecon- tient une huile blanche, acre , volatile et fétide , à raison d'unecertaine quantité de soufre qu'elle renferme, beaucoup de sucre liquide et de mucilage semblable à la gomme ara- bique, une matière végéto-animale coagulable par la cha- leur et analogue au gluten , du ligneux tendre, retenant 222 SEC0M1E PARTIE. un peu de cette dernière matière , de Tacide phosphorique et de Tacide acétique, du phosphate et du citrate calcaire ( Fourcroy et Vauquelin). Le suc de cette bulbe est-il aban- donné à lui-même, à la température de i5 à 200, il ne fournit point d'alcool, le sucre se détruit, et il se forme beaucoup d'acide nitrique et de la manne. La manne serait- elle le produit d'une altération analogue éprouvée par la sève des frênes et des mélèzes ?..... 800. L'ail cultivé (alliurn sativum), analysé par Neuman etM. Cadet de Gassicourt, vient d'être soumis a un nouvel examen par M. Bouillon-Lagrange. Il conlient une huile volatile très-âcre à laquelle il doit, suivant M. Cadet, ses propriétés les plus remarquables, du soufre, un peu de fécule amilacée, de l'albumine végétale, et une matière sucrée. L'ail est un puissant stimulant; cependant il est fort peu employé en médecine à cause de son odeur et de sa saveur désagréables. On donne quelquefois son decoc- tum dans les affections vermineuses ; il est un des prin- cipaux ingrédiens du vinaigre des quatre voleurs, dont on fait usage intérieurement et extérieurement dans les mala- dies contagieuses. 810. Scille (scillamaritima).SuivantM. Vogel, 100 par- ties de scille desséchée contiennent 3o parties de ligneux, 6 de ^omme, 24 de tannin, du citrate de chaux et une matière sucrée ; enfin 35 parties d'un principe qu'il a ap- pelé scillitine ou principe amer visqueux. Ce principe est blanc fragile , pulvérisable, transparent ; sa cassure est ré- sineuse, sa saveur amère ; il se ramollit au feu , attire l'hu- midité de Tair, se dissout dans Talcool, et ne domine point d'acide mucique lorsqu'on le traite par Tacide nitrique : c'est à lui que la scille doit ses propriétés médicales, suivant M. Vogel. La scille fraîche contient en outre un principe acre volatil, qui se décompose à la température de Teau bouillante. On emploie la scille en médecine comme diu- DES L1C HE A S. 223 pétique, expectorante, émétique; on l'administre ordinai- rement dans Toximel ou dans le vin. 811. Pomme de terre (tubercules du solanum tuberosum). Suivant Einhoff, la pomme de terre dont l'enveloppe est rougeâtre et le suc couleur -de chair, contient 6,336 par- ties d'eau, o,i53 d'amidon., 0,107 d'albumine, o,3i2 de mucilage en sirop épais , o,54o de matière fibreuse, ami- lacée, et une certailfe quantité d'acide tartarique. Plusieurs chimistes pensent qu'elle contient en outre du sucre ; en effet, les pommes de terre , exposées à la gelée, se ramollissent, acquièrent une saveur sucrée, et ne tardent pas à éprouver la fermentation putride; d'une autre part, si on les écrase dans de Teau chaude après les avoir fait cuire , et qu'on les mêle avec de la levure, on obtient de Teau-de-vie : or, ce produit ne peut pas se former sans la présence du sucre. M. Einhoff" croit que dans ces difïé- rentes circonstances le mucilage contenu dans la pomme déterre se transforme en sucre. Les cendres fournies par ces tubercules sont composées de sous-carbonate, de sulfate, d'hydro-chlorate et de phosphate dépotasse, de sous-car- bonate de chaux, de magnésie, d'alumine , de silice, des oxides de fer et de manganèse. La pomme de terre est l'aliment le plus sain et le plus économique dont on puisse se nourrir. M. Cadet-de-Vaux vient de prouver que le parenchyme, qui a été rejeté jus- qu'à présent comme inutile, est une substance alimen- taire avec laquelle on peut faire du pain , et que Ton doit regarder comme une matière très-impoitinte. Cent livres de pommes de terre en contiennent 9 livres. Réduit à l'état de farine, et associé à parties égales de farine de froment, il donne un pain savoureux, qui se conserve frais pendant plusieurs mois. On peut faire un excellent pain de ménage avec 9 livres de parenchyme, 9 livres de farine de froment «t 18 livres de farine d'orge. 224 SECONDE PAlWli.. Si Ton veut convertir en pain le parenchyme frais, lavé et fortement exprimé, on l'humecte avec de Teau presque bouillante, on le malaxe, on l'introduit dansle levain, et on y ajoute parties égales de la farine qu'on veut lui associer ; ou le mêle parfaitement et on le pétrit. ( M. Chabrand. ) Des Lichens. 812. La plupart des espèces de lichens, surtout celles qui ont des feuilles larges , contiennent une: grande quantité d'une matière gélatineuse, regardée par quelques chimistes comme de la gomme; elles renferment toutes du ligneux et des substances terreuses ; on trouve dans la plupart d'entre elles de la résine et une matière colorante. 813. Lichen d'Islande (lichen islandicus). Il est formé de ' i,5 de sirop mêlé d'un peu d'extractif et de sel végétal, o, 1 de principe amer, o,58 d'extractif soluble dans Teau, mêlé de sels calcaires , 2,82 d'extractif soluble dans le sous- carbonate dépotasse, 20,23 de substance coagulable, ana- logue à la gélatine, 0,49 de gomme produite par l'ébulli- tion, 14,00 de squelette insoluble. Le lichen d'Islande est très-employé en médecine, comme mucilagineux , contre les toux rebelles , l'hémoptysie , les catarrhes et les pre- miers degrés de la phthisie pulmonaire. On l'administre en décoction, et mieux encore sous la forme de gelée. Nous avons été souvent à même de reconnaître l'efficacité de cette dernière préparation administrée à forte dose, et nous sommes persuadés qu'elle n'a été jugée inefficace que par les praticiens qui en ont seulement fait prendre quel- ques petites cuillerées pat jour. Nous avons donné avec le plus grand succès, dans les toux invétérées, chez des per- sonnes disposées à la phthisie , une livre de gelée de lichen avec autant de lait ; le malade prenait cette boisson en trois doses dans les 24 heures. Cette espèce de lichen sert de nourriture en Islande. En DES CHAMPIONONS. S>T>5 effet, la farine qu'il fournit, débarrassée du principe amer, est aussi nourrissante que la moitié de son poids de farine de froment. Suivant M. Berzelius , on peut le priver dé là matièreamère en versant sur 5oo grammes de lichen divisé 8 kilogrammes d'eau, et 4kilogrammes de lessive contenant environ 32 grammes de sel. On abandonne le mélange à lui-même en l'agitant de temps en temps ; au bout de 24 heures , on décante le liquide; on lave le lichen deux ou trois fois, et on le laisse dans de Teau pendant 24 heures ; alors on le fait sécher et moudre. Plusieurs lichens fournissent des couleurs employées dans la teinture : tel est principalement le lichen roccena. Des Champignons. 813. Les champignons on tété analysés par MM. Bbuillon- Lagrange, Braconnot et Vauquelin. Champignon comes- tible (agarieus campestris). Il contient de Tadipocire , de la graisse , de l'albumine , de la matière sucrée , de Tos - niazome ( voyez Chimie animale ), une substance animale insoluble dans Talcool, delà fungine ou partie fibreuse , de l'acétate de potasse. Agarieus bulhosus. Il renferme de Tosmazome, la matière animale insoluble dans Talcool qui se trouve dans le champignon comestible, une sub- stance grasse , molle, d'une couleur jaune et d'une saveur acre; un sel acide qui n'estpoint un phosphate, etde la fun- gine. Agarieus theogalus. Il est formé de matière sucrée', cristalline ; de matière grasse, d'une saveur acre et amèrè ; d'osmazome , de matière animale insoluble dans Talcool, d'un sel végétal acide, de fùngirie. Agarieus muscariuS. Il contient les deux matières animales dont nous avons parlé , la matière grasse, dé Thydro-ehlbrate, du sulfate et du phosphaté dépotasse, et de la'fungine. M. VaUquëînl, auteur de ces analyses , aurait désiré multiplier ses expé- riences; mais il n'a pu disposer qùed'une très-petite quail- 320 SECONDE PARTIE. thé de ces champignons ; cependant il est porté à croire que les propriétés vénéneuses dont ils peuvent jouir doi- vent être attribuées à la matière grasse. M. Braconnot, qui s'était occupé de cet objet avant M. Vauquelin , avait trouvé dans Y agarieus volvaccus de la fungine, de la gélatine, de l'albumine, du sucre cris- tallisable , de Thuile, de la cire, de Tadipocire, de Tacide benzoïque , un principe délétère très-fugace, du phos- phate , de l'hydro-chlorate et de l'acétate de potasse. D'au- tres champignons avaient fourni une matière animale encore inconnue, du mucus animal et quelques acides parmi les- quels on doit citer Tacide fungique. On peut voir , dans les tomes xlvi et li des Annales de Chimie, les analyses de la truffe et du boletus igniarius, par M. Bouillon- Lagrange. CHAP I T R E I I. '' De la Fermentation. On désigne sous le nom de fermentation tout mouve- ment spontané excité dans les corps, dont le résultat est la formation d'alcool, d'acide acétique ou d'un produit plus ou moins infect. On doit donc distinguer trois sortes de fermentation : la fermentation alcoolique, la. fermentation acétique et la fermentation putride. : on a encore; admis là fermentation panaire et la fermentation sucrée. Nous ferons voir plus tard que la première se compose de la fermenta- tion .alcoolique et acide ;.qua#tà 1? seconde , appelée/er- mentation saccharine, quelques chimistes .pensent qu'elle existe réellemenjt, puisque des graines ne contenant point de sucre en fournissent si - on les traite par Teau chaude après la germination, Cette opinion paraît fortement ap- puyée par les expériences récentes de M. ;Kirchoff. ( Voyez k'note de la pag. a35. ) f, , , . f 0 ,s . DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE, etc. 227 De la Fermentation alcoolique, spiriiueuse ou vineuse. Pour exposer avec clarté tout ce qui est relatif à cet ob- jet, nous allons examiner i° la fermentation alcoolique qui Se développe dans un mélange fait par l'art; 20 celle qui a lieu lorsqu'on place dans des circonstances conve- nables certains sucs fournis par la nature. 8i4- Fermentation alcoolique d'un mélange artificiel. Si Ton introduit dans un flacon 5 parties de sucre dissous dans 25 ou 3o parties d'eau et intimement mêlé avec une partie de ferment frais ( levure de bière), etquel'onadapteà ce flacon un bouchon percé d'un trou qui donne passage à Un tube de verre recourbé, propre à recueillir les gaz sous le mercure, on observe , si la température est de i5° à 3o° , tous les phénomènes de la fermentation alcoolique : 1 ° il se forme une multitude de petites bulles de gaz acide carbonique, qui, en s'élevant, entraînent un peu de ferment, viennent à la surface de la liqueur, où elles restent pendant quel- que temps , et produisent de l'écume ; bientôt après elles se rendent sous les cloches, et le ferment qui avait été élevé tombe au fond du vase, d'où il est porté de nouveau vers la surface du liquide par d'autres bulles de gaz acide car- bonique; ce mouvement de bas en haut et de haut en bas continue, devient très-fort pendant les premières heures, et rend le liquide trouble ; 20 au bout de quelque temps Tef- fervescence se ralentit, et la fermentation finit par cesser; alors le liquide est clair, transparent, et Ton observe au fond du flacon une matière blanche, .composée seulement d'oxigène, d'hydrogène et de carbone, tandis que le fer- ment employé contient en outre de Tazote. La quantité de cette matière déposée est à-peu-près égale à la moitié de celle du ferment décomposé. La liqueur renferme de Y alcool, de Teau, et une très-petite quanlité d'une matière 228 SECONDE rARTTE. très-soluble ; mais elle ne contient plus un atome de sucre. Il suit de là que les résultats de cette expérience sont, la dé- composition totale du sucre, la décomposition partielle du ferment, la formation de Talcool, du gaz acide carbonique et de la matière blanche dont nous avons parlé. Théorie. Suivant M. Gay-Lussac, Talcool et Tacide car- bonique se forment aux dépens de l'hydrogène, de l'oxigène et du carbone du sucre; en effet, ioo parties de sucre se convertissent, pendant la fermentation, en 5i,34 d'alcool et en 48,66 d'acide carbonique. Voici, du reste, le raison- nement établi par ce savant chimiste pour faire concevoir cette transformation. Admettons que le sucre est formé de 4o,o de carbone, et de 60,0 d'oxigène et d'hydrogène dans les proportions nécessaires pour former de Teau (1) ; ré- duisons ces poids en volumes, alors nous pourrons regarder le sucre comme composé de 5 volumes de vapeur de carbone , 3 volumes d'hydrogène, 1 -i-1 volume d'oxigène. Or, Talcool peut être considéré comme étant formé de 2 volumes de vapeur de carbone, 3 volumes d'hydrogène, i volume d'oxigène (2). (1) L'analyse prouve en effet que le sucre est composé de 42,47 de carbone et de 57,53 d'oxigène et d'hydrogène. (2) En effet, Talcool est composé de f 2 volumes de vapeur de carbone. 1 volume de gaz olëfîant=< l 2 volnmes d hydrogène. f ï volume d'hydrogène. «t 1 volame de vapeor d'eau ={ . , l ; vol. d'oxigène. ( V. p. 108, t. Ie'.) DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE, etc. ViQ 11 est donc évident que, pour transformer le sucre en al- cool , il faut lui enlever i volume de vapeur de carbone , 1 volume de gaz oxigène. Ces deux volumes forment, en se combinant, un volume de gaz acide carbonique. Il est aisé de voir que, dans cette théorie, on néglige les produits fournis par le ferment dans l'acte de la fermen- tation : ces produits sont presque nuls. M. Thenard a éta- bli que ioo parties de sucre n'exigent que 2 parties et {de fermentsupposé sec pour leur décomposition totale, et qu'il ne se forme qu'environ une partie et j de la matière blanche insoluble non azotée dont nous avons parlé. Puisque Talcool et Tacide carbonique se produisent aux dépens du sucre , qu'il y a cependant une petite portion de ferment décomposée et transformée en matière blanche non azotée, que devient Tazote cédé parle ferment, et quel rôle joue celui-ci dans l'acte de la fermentation ? On l'ignore. On sait seulement qu'il n'y a point d'azote dans Talcool, ni dans Tacide carbonique , ni dans la matière blanche inso- luble , ni dans la petite quantité de matière soluble qui se trouve unie à l'alcool dans la liqueur (M. Thenard). Si 5. Fermentation des sucs fournis par la nature. Il existe un très-grand nombre de sucs susceptibles d'éprouver la fer- mentation alcoolique ; ils contiennent tous de Teau, du sucre et du ferment, ou du moins une matière qui n'a be- soin que du contact de l'air pour agir comme le "ferment. Les principaux de ces sucs sont, i° celui de raisin; 20 celui de pommes ; 3° celui que fournit l'orge qui a éprouvé un commencement de germination et que Ton a traité par Teau ; 4° celui de quelques fruits sucrés. Tous ces sucs perdent la propriété de fermenter lorsqu'on les fait bouillir pendant quelque temps, phénomène qui paraît dépendre S.3o SECONDE PARTIE. de l'altération qu'éprouve le ferment pendant l'ébullition : du moins csl-il certain que si, après avoir fait bouillir ces sucs , on leur ajoute une certaine quanlité de ferment, on excite la fermentation. Suc de raisin (moût). Il contient beaucoup d'eau, une assez grande quantité de sucre, une matière particulière très-soluble dans Teau , qui paraît se transformer en fer- ment lorsqu'elle a le contact de Tair, un peu de mucilage, de tartrate acide de potasse, de tartrate de chaux , d'hydro- chlorate de soude et de sulfate de potasse. Le suc de raisin fermente facilement à la température de 120 ou i5°, pourvu qu'il ait le contact du gaz oxigène, et il donne naissance à une liqueur alcoolique connue sous le nom devin. M. Gay- Lussac a fait des expériences fort intéressantes sur la né- cessité de la présence du gaz oxigène pour que cette fer- mentation se développe. Lorsqu'on écrase des raisins bien mûrs dans une cloche placée sur la cuve à mercure et pri- *•'" vée d'air ou d'oxigène, le moût qui en résulte ne fermente point quelle que soit sa température, tandis que la fermen- tation s'établit presque dans le même instant si on intro- duit dans la cloche quelques bulles de gaz oxigène, et que la température soit de 200 à 25°. Il paraît que ce gaz s'unit à la matière particulière dont nous avons parlé, et la trans- forme en ferment; du moins est-il certain, i° qu'il se dé- pose du ferment pendant la fermentation du moût de raisin; 2° que si on mêle ce moût avec de Tacide sulfureux ou avec tout autre corps capable d'absorber l'oxigène, il ne fermente plus. Vin rouge. Les vins rouges sont le résultat de la fermen- tation des raisins noirs, mûrs et mêlés de l'enveloppe de leurs grains. Après avoir foulé ces raisins pour en extraire le moût, on les abandonne à eux-mêmes dans des cuves en bois ou en pierre, dont la température est de 1 o à 120. Vers le cinquième jour, la fermentation est à son maxi- DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE, elC. 231 mum ; il se dégage beaucoup de gaz acide carbonique ; la masse est soulevée, échauffée et troublée; l'écume, composée de ferment et de matière blanche, se forme ; la liqueur se colore en rouge, perd sa saveur sucrée, et devient alcoo- lique ; en un mot, on remarque tous les phénomènes dont nous avons parlé § 814. Vers le septième jour, on foule la cuve avec un fouloir ou en y faisant descendre un homme nu, afin de ranimer la fermentation qui commence à se ra- lentir ; et lorsque , vers le dixième ou le treizième jour la liqueur n'est plus en ébullition, qu'elle a déjà acquis une saveur forte et de la transparence, on la tire pour la placer dans des tonneaux, où elle continue à fermenter pendant plusieurs mois ; il se produit encore pendant ce temps une écume plus ou moins épaisse, qui se précipite et qui cons- titue la lie, dans laquelle on trouve, outre le ferment la matière blanche, une portion du principe colorant rouge et de tartrate acide de potasse ; celui-ci se sépare de la dis- solution aqueuse à mesure que Talcool se forme et s'unit à Teau. Les vins rouges sont composés de beaucoup d'eau, d'une quantité d'alcool variable qui les rend plus ou moins forts, d'un peu de mucilage et de matière végéto-animale , d'un atome de tannin qui leur communique une saveur âpre , d'un principe colorant bleu, passant au rouge par son union avec les acides, d'acide acétique et de tartrate acide de po- tasse qui leur donnent de la verdeur, enfin de tartrate de chaux, d'hydro-chloratede soude, de sulfate de potasse, etc. Ils ne contiennent point de sucre, à moins que les raisins qui les fournissent ne soient très-sucrés , et que la fermen- tation n'ait pas été aussi prolongée qu'elle devait être. Sui- vant quelques chimistes, ils renferment une huile qui forme le bouquet du vin et qui leur donne plus ou moins de prix; cette huile n'a jamais été isolée, mais il est probable qu'elle existe, du moins pouvons-nous affirmer que la quantité plus 232 SECONDE 1ARTIE. ou moin» supérieure des vins ne dépend d'aucun des prin- cipes que nous y avons admis, et qu'elle doit être attribuée à un corps qui nous a échappé jusqu'à présent. Soumis à la distillation, les vins rouges fournissent un liquide incolore, volatil, connu sous le nom d'eau-de-vie faible , qui est principalement composée d'eau et d'alcool : les autres principes du vin restent dans la cornue. Abandon- nés à eux-mêmes dans des bouteilles bien fermées, ils conti- nuent à fermenter , deviennent par conséquent plus alcooli- ques , laissent déposer une nouvelle quantité de tartre, et acquièrent beaucoup plus de prix ; il paraît que leurs élé- mens reçoivent des modifications dans leurs combinaisons. Les acides font passer les vins rouges au rouge clair ; les alcalis les verdissent ; Tacide hydro-sulfurique et les hydro- sulfates les font passer au vert ou au brun noirâtre, sans y occasionner de précipité distinct. Lorsque, par une cause quelconque, il se développe de Tacide acétique dans les vins rouges , et qu'ils deviennent aigres, ils peuvent dissoudre une assez grande quantité de litharge (protoxide de plomb) , et se trouvent contenir de l'acétate de plomb : leur saveur, loin d'être aigre, est alors styptique, métallique, sucrée. Les marchands ont employé quelquefois ce moyen pour falsifier les vins ; or, il est extrê- mement dangereux, puisque les préparations de plomb solu- bles dans Teau sont toutes vénéneuses. On pourra recon- naître la fraude en versant dans la liqueur de Tacide sulfuri- que, un sulfate ou un carbonate soluble, qui la précipiteront en blanc ; de Tacide chromique ou du chromate de plomb, qui y feront naître un précipité jaune; enfin si on évapore le vin jusqu'à siéqféôt qu'on calcine le résidu dans un creuset, on en retirera du plomb métallique. Les hydro-sulfates, con- seillés parles chimistes pourdécouvrir la présence du plomb dans le vin rouge , sont sans doute des réactifs précieux , puisqu'ils font naître dans cette liqueur un précipité noir de DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE, CtC 233 sulfure de plomb ; mais ils peuvent induire en erreur si on se borne à un examen superficiel ; en effet, plusieurs espèces de vin rouge ne contenant point de plomb noircissent sur-le-champ par l'addition d'un hydro-sulfate : le chan- gement de couleur est donc insuffisant pour prononcer ; il faut nécessairement obtenir un précipité noir de sulfure de plomb dont on puisse extraire le métal. Si les vins sont troubles, on peut les clarifier aisément à l'aide d'une dissolution de colle ou de blanc d'oeuf, qui, en s'emparant du tannin qu'ils contiennent, forment un précipité susceptible d'entraîner avec lui toutes les matières tenues en suspension. Vins blancs. On prépare les vins blancs avec les raisins blancs, ou bien encore avec le moût des raisins noirs séparés de l'enveloppe de leurs grains ; du reste, les phénomènes et la théorie de leur fermentation est absolument semblable à celle dont nous venons de parler ; il en est à-peu-près de même de leur action sur le calorique. Vins mousseux. Il suffit pour obtenir les vins mousseux de les mettre en bouteilles quelque temps après les avoir tirés, de renverser celles-ci , et de les déboucher de temps en temps , pour séparer la lie qui se trouve rassemblée dans le goulot. Il est évident que la fermentation du vin doit continuer dans les bouteilles, et que le gaz acide car- bonique formé qui, dans la préparation des vins ordi- naires , s'échappe dans l'atmosphère , doit rester en disso- lution dans le vin : or, c'est ce gaz qui les rend mousseux lorsqu'on débouche la bouteille, et qu'il se dégage dans l'air. Suc de pommes. Le suc de pommes paraît contenir beaucoup d'eau , un peu de sucre semblable à celui de rai- sin, une petite quantité de ferment, ou du moins d'une matière qui n'exige que le contact de Tair pour le devenir, beaucoup de mucilage et d'acides malique, sorbique et acé- tique. 11 est susceptible de fermenter et de donner une H- à34 SECONUE PARTIE. queur connue sous le nom de cidre. La préparation du cidre se fait ordinairement en Picardie et en Normandie. On entasse les pommes aigres et âpres , cueillies depuis le mois de septembre jusqu'au mois de novembre (i) ; au bout de quelque temps , lorsqu'elles sont mûres et su- crées , on les réduit en une sorte de bouillie au moyen d'une forte pression et d'une certaine quantité d'eau ; on verse le suc dans des tonneaux, et on le laisse déposer; bientôt après il entre en fermentation ; mais celle-ci n'est bien développée que vers le mois de mars : à cette époque le cidre est piquant, et peut être enfermé dans des bou- teilles, où il continue à fermenter et devient mousseux. Il se clarifie de lui-même et n'a pas besoin d'être collé. Il est difficile qu'il puisse se conserver long-temps sans pas- ser à l'aigre. On obtient du cidre de qualité inférieure en coupant le résidu des pommes dont on a exprimé le suc, en y ajou- tant de Teau , en le comprimant fortement, et en faisant fermenter la liqueur qui en découle. Orge germée. Pour obtenir le décoctum de cette graine, on laisse l'orge dans Teau pendant quarante-huit heures pour la ramollir ; on Tétend sur un plancher de manière à former une couche peu épaisse ; au bout de vingt-quatre heures on la retourne avec des pelles de bois pour qu'elle ne s'échauffe pas trop , et on recommence cette opération deux fois par jour ; vers le cinquième jour il se manifeste des signes extérieurs de germination, que Ton arrête vingt-quatre heures après en soumettant l'orge à la température de 6o° : alors les germes se détachent par le frottement, l'orge se trouve desséchée, et doit être grossièrement moulue ; on la met en contact pendant deux ou trois heures avec de Teau à 8o°, qui dissout du sucre, (i) Les pommes de bonne qualilé ne donnent pas de bon cidre. DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE , ClC. 235 Une matière analogue au ferment, de l'albumine, du mu- cus, et , suivant M. Thomson, un peu de gluten, de fé- cule et de tannin. Ce liquide , que nous avons nommé decoctum d'orge germée, est susceptible de fermenter et de donner la bière (i) : pour cela on le met dans une grande chaudière de cuivre; on y ajoute du houblon (humulus lupulus) dans la proportion de deux ou trois millièmes de la poudre d'orge employée pour faire le suc, et on le concentre par Tévaporation ; alors on le fait refroidir promp- tement en le versant dans des cuves très-larges et peu pro- fondes. Lorsque sa température est à 120, on l'introduit dans une grande cuve appelée cuve de fermentation , et on y délaye un peu de levure ; bientôt après la fermentation se développe, la liqueur est fortement agitée et offre beaucoup d'écume à sa surface. Aussitôt que le mouvement s'apaise, on la verse dans depetits tonneaux quel'on expose àl'airpendant quelques jours, et dans lesquels la fermentation continue. Quand il ne se forme plus d'écume on la colle, comme nous (1) M. Kirchoff a fait dans ces derniers temps des expériences pour déterminer comment la matière sucrée se développe dans les graines céréales germées, et dans les farines des céréales in- fusées dans Teau chaude. Il a été conduit à admettre les résultats suivans : i°. Le gluten opère la formation du sucre dans les graines germées , et dans la farine infusée dans l'eau chaude. 2°. La fécule qui fait partie des graines germées n'a point subi de changement, car elle n'est convertie en sucre qu'au-dessus de 4°° thermomètre de Réaumur. 3°. La fécule est, de toutes les parties constituantes de la farine, celle qui sert le plus particulièrement à la formation de Talcool. ( Voyez § 735. ) 4°. Par l'acte de la germination , le gluten acquiert la propriété de transformer en sucre une plus grande quantité de fécule que celle qui se trouve dans la graine. 5°. La formation du su- cre dans les graines qui ont germé est une opération chi- mique et non un résultat de la végétation. 300 SECONDE I'ARTIE. l'avons dit en parlant des vins rouges ; trois jours après, lors- que le dépôt est entièrement formé, on la met en bouteilles ; mais elle ne mousse qu'au bout de huit ou dix jours. La bière obtenue par ce moyen contient moins d'alcool que le cidre, et à plus forte raison que le vin ; elle se trans- forme facilement en acide acétique et devient aigre , chan- gement qu'elle éprouverait avec beaucoup plus de rapidité si elle ne contenait pas de houblon ; du reste, cette plante jouit encore delà propriété de communiquer à la bière une légère saveur amère qui est fort agréable. Suc de quelques autres plantes. Le suc de la canne, des groseilles, des cerises, de Yacer montanum, et tous ceux qui contiennent du sucre et du ferment, ou du moins une matière analogue à celui-ci, sont susceptibles de fermenter et de donner une liqueur spiri tueuse,'d'une odeur et d'une saveur variables. De la Fermentation acide. 816. Lorsqu'une liqueur alcoolique , convenablement affaiblie, est unie à une certaine quantité de matière végéto- animale, et qu'on l'expose à une température de io° à 3o°, elle ne tarde pas à se décomposer et à donner nais- sance à de Tacide acétique : on dit alors qu'elle a éprouvé la fermentation acide. Nous allons démontrer que celte décomposition est quelquefois indépendante de Taction de Y air. i°. Si on remplit un flacon de cristal avec de Teau distillée saturée de sucre et mêlée avec du gluten; si on l'abandonne à lui-même après l'avoir parfaitement bouché, on ne tarde pas à observer tous les phénomènes de la fermentation alcoolique ; bientôt après Talcool formé se convertit en acide acétique, que l'on peut retirer parla distillation de la liqueur. 20. Si on délaye dans un litre d'eau-de-vie à 120 i5 grammes de levure et un peu d'em- pois, il se forme dès le cinquième jour , et sans le con- DE LA FERMENTATION ACIDE. 237 tact de Tair, de Tacide acétique très-fort. (M. Chaptal. ) 3°. Le moût de bière se transforme rapidement en acide acétique dans des vaisseaux clos lorsqu'il n'a été mêlé à aucun principe amer. 4°* La bière et le cidre finissent éga- lement par s'acidifier quand on les prive pendant deux ou trois mois du contact de Tair. Ces expériences établissent rigoureusement la possi- bilité d'exciter la fermentation acide dans certaines li- queurs spiritueuses privées du contact de Tair; elles prou- vent en outre que la matière végéto-animale joue dans l'acte de Tacétification un rôle remarquable qui nous est encore inconnu. Voyons maintenant comment se compor- tent ces liqueurs exposées à Y air. Il est parfaitement démontré, i° que Talcool pur, faible ou concentré, ne se transforme jamais en acide acétique ; 20 que le contraire a lieu si , étant moyennement étendu , on le mêle avec une matière végéto-animale ; 3° que les vins très-vieux qui ne contiennent plus de matière végéto-animale ne passent à l'état d'acide qu'avec la plus grande difficulté ; qu'ils ne deviennent pas aigres, à moins qu'on ne les mette en contact avec des ceps, des feuilles de vigne, de la levure, etc. (M,Chaptal) ; \°. qu'au contraire les vins ordinaires contenant de la matière végéto- animale se décomposent lorsqu'ils ont le contact de Tair , passent à l'état de vinaigre, se troublent, déposent une sorte de bouillie, donnent naissance à du gaz acide car- bonique, et finissent par ne plus contenir d'alcool. Ces résultats nous portent à conclure que la matière végéto- animale joue encore un très-grand rôle, dans Tacétification des liqueurs spiritueuses qui ontlecontact de Tair ; cepen- dant celui-ci exerce une influence remarquable ; car on sait que le vin ne devient jamais aigre s'il est entièrement privé du contact de Tair; d'ailleurs les expériences de M. Théodore de Saussure prouvent que les liqueurs al- 238 Seconde partie. cooliques, exposées à Tair, en absorbent l'oxigène et pro- duisent un volume de gaz acide carbonique égal à celui de l'oxigène absorbé : cet acide est probablement formé aux dépens d'une portion de carbone de Talcool. Nous devrions maintenant chercher à indiquer d'une manière précise comment la matière végéto-animale agit pour opérer la transformation de Talcool en acide acétique, quel est au juste le rôle que joue Tair dans cette opéra- tion , etc. ; mais nous ne pourrions présenter à cet égard que des conjectures peu satisfaisantes. De la Fermentation putride. On désigne sous le nom defermentation putride ou de putréfaction, la décomposition éprouvée par les corps organiques soustraits à l'influence de la vie, et soumis à Taction de Teau et de la chaleur. Il ne doit être question ici que de l'altération des substances végétales. 817. Ces substances ne sont pas toutes susceptibles d'é- prouver la fermentation putride; les principes immédiats de la troisième classe, tels que les huiles, Talcool, les résines, etc., ne se putréfient point ; les acides végétaux ne s'altèrent que difficilement ; les principes immédiats dans lesquels l'oxigène et l'hydrogène sont dans le rapport con- venable pour former de Teau, peuvent au contraire subir plus facilement cette altération. Les plantes dont le tissu est lâche se décomposent plus promptement que celles dont le tissu est serré ; mais dans aucun cas la décomposition des végétaux n'est aussi rapide que celle des animaux. 818. Voyons maintenant quelle est l'influence de Teau, du calorique et de Tair sur les substances végétales sus- ceptibles de se putréfier. L'eau agit en détruisant leur cohésion et en dissolvant quelques produits de leur décomposition ; sa présence est indispensable, puisqu'on peut conserver indéfiniment les matières organiques par- DE LA FERMENTATION PCTRIDE. 23a faitement desséchées. Le calorique exerce la même ac- tion que Teau ; il faut cependant , pour que la tempé- rature favorise la putréfaction, qu'elle ne soit ni trop élevée ni trop basse; car, dans le premier cas, Teau est vaporisée et le végétal se trouve desséché ; dans le second, elle est congelée et la putréfaction s'arrête. La température la plus convenable et de io° à 2ÔQ. Action de Tair. Si Tair est souvent renouvelé, il dessèche les végétaux, entraîne les germes putrides qu'ils exhalent et s'oppose à leur alté- ration ultérieure. S'il est stagnant, il cède une portion dé son oxigène au carbone qu'ils renferment, donne nais- sance à du gaz acide carbonique, et contribue nécessaire- ment à hâter leur décomposition. ( Voyez § 639. ) 819. Phénomènes delà putréfaction des substances vé- gétales. (Voy..'■§ 639.) Nous devons maintenant faire l'histoire du terreau, de la tourbe, du lignite, de la houille, des bitumes, etc., pro- duits que plusieurs naturalistes regardent comme étant le résultat de la décomposition putride des matières organi- ques, et principalement des matières végétales. 820. Terreau. Suivant M. Théod. de Saussure, le ter- reau végétal, ou la matière qui reste après la putréfaction des végétaux,, renferme , à poids égaux, plus de carbone et d'azote, et moins d'hydrogène et d'oxigène que les végé- taux d'où il provient ; il est entièrement soluble dans la potasse et dans la soude, et il se dégage de l'ammoniaque pendant ia dissolution; les acides agissent peu sur lui \ ils, n'en dissolvent que la partie inorganique, L'alcool ne dis- sont qu'un atome de résine et d'extractif qui y sont conte- nus. L'eau a fort peu d'action sur lui. ( Voyez Recherches sur la végétation, pag, 162.) Tourbe. La tourbe est une substance solide, noirâtre, spongieuse, produite dans les eaux stagnantes, et prove- nant de la décomposition des plantes : aussi est-elle corn- 24° SECOMDE PAllTIï. posée de végétaux entrelacés plus ou moins décomposés, mêlés de terre argileuse , sablonneuse , de coquilles , de débris d'animaux, etc. On ignore quel est le temps néces- saire à la formation de la tourbe. Lignite. Le lignite parait être produit par la décompo- sition du bois; on le rencontre assez abondamment en France , sous la forme de couches plus ou moins épaisses. Il est solide, opaque, d'un noir foncé ou d'un brun ter- reux; son tissu est presque constamment semblable à celui du bois. Lorsqu'on l'enflamme, il exhale une odeur â-cre et fétide, et ne se boursouffle point. On distingue plu- sieurs variétés de lignite : i° le jayet, d'un très-beau noir, que Ton emploie pour les bijoux de deuil ; 2° le lignite friable dont on se sert comme combustible dans les manu- factures et pour la cuisson delà chaux ; 3° le lignitefibfêux ', 4° le lignite terreux ( terre de Cologne ) : on l'emploie dans les peintures en détrempe et à Thuile ; on fait usage de sa cendre comme engrais. Houille ou charbon de terre. On ignore quelle est l'ori- gine de cette substance. Plusieurs naturalistes pensent qu'elle provient de la décomposition des corps organisés enfouis dans le sein de la terre. Elle est sous là forme de masses solides, opaques, noires, plus ou moins brillantes , et assez dures pour ne pas pou- voir être rayées par l'ongle. La pesanteur spécifique moyenne de la houille est de i,3. Lorsqu'on la divise, on remarque quelquefois dans ses fragmens des couleurs très-variées. Si, étant exposée à Tair, on la met en contact avec un corps en ignition, elle absorbe l'oxigène, répand une fumée noire et produit une belle flamme blanche. Les principales varictés de houille sont, iQ la houille grasse, friable, très-huileuse, très-légère et très-avide d'oxigène; 2° la houille compacte, dure, légère, et avide d'oxigène; 3° la houille sèche, pe- sante, mêlée de beaucoup de pyrite, et par conséquent DE LA DISTiLLAJ ION DU V.IIARRON DE TERRE. i'.l £ dégageant beaucoup de gaz acide sulfureux loisquon la chaude avec le contact de Tair. De la Distillation du charbon de terre. 821. L'opération qui apour objet la distillation du char- bon déterre offre un irès-0iaud intérêt, puisqu'un de se.-, ré- sultais principaux est le gaz hydrogène carboné huileux qui sert aujourd'hui à l'éclairage des vastes emplacemens. M. Pelletan fils a donné sur cet objet un Mémoire dont nous allons extraire les faits les plus importans. L'ensemble de l'opération dont nous parlons se compose de la distillation du charbon de terre, de la purification du gaz, de son accumulation dans de vastes réservoirs, de son émission par des tuyaux, et de son inflammation. Distillation. La distillation du'charbon de terre peut être divisée en trois époques : dans la première on obtient peu de gaz, beaucoup d'eau ammoniacale e: d'huile em- pyreumatique ; dans la seconde il se dégage du gaz hydro- gène carboné huileux, qui, par l'approche d'un corps en ignition, produit une flamme très-vive; dans la troisième enfin, on obtient du gaz hydrogène carboné simple , beau- coup moins inflammable que le précédent, et qui donne , en se combinant avec l'oxigène, une lumière ro.ige faible. Du mélange de ces deux gaz, dans des proportions diffé- rentes, résulte une flamme d'une intensité variable. L'ex- périence prouve que la température qui convient le mieux à la production du gaz huileux, et par con&cquent à ; 'éclai- rage, est le rouge presque blanc; on doit en même temps agir sur une masse peu considérable de charbon de terre. Purification du gaz. Le gaz obtenu par ce moven contient, outre l'hydrogène carboné huileux, une huile épaisse, du sous-carbonate d'ammoniaque, de Teau, du.gaz acide sul- fureux et de Tacide carbonique. Ou le fait passer dans un }|2 SECONDE PARTIE. récipientconienant de Teau froide qui se renouvelle, et dans lequel se condensent Thuile épaisse et le sel ammoniacal. Lorsque, par ce moyen, il a été débarrassé de ces deux substances, on le fait arriver dans un vase dépuraloire dans lequel on a mis de la chaux éteinte à Tair et réduite en poudre ; cet alcali s'empare du gaz acide sulfureux et du gaz acide carbonique, et le gaz hydrogène carboné huileux peut être regardé comme sensiblement pur. Conservation du gaz. On le conserve dans des gazomètres ovales d'une très-grande dimension, que Ton fait plonger dans Teau ; il est important que la masse d'eau employée soit peu consi- dérable et présente peu de surface, sans cela le gaz se dis- sout en partie, se décompose, et perd en un jour la faculté de donner une flamme brillante. Émission du gaz par des tuyaux. On sait que le gaz dont nous parlons est poussé du gazomètre dans un tuyau principal, qui l'apporte dans une rue à Taide de petites branches qui se divisent en tuyaux d'un très-petit diamètre, et qui se rendent dans chaque maison. Le but que Ton se propose d'atteindre dans l'éclairage est d'obtenir par chaque ouverture qui donne issue au gaz, un courant égal pour toutes , uniforme et ré- gulier dans chacune ; il faut pour cela que le tuyau princi- pal ait une grande capacité par rapport aux branches. La pression exercée sur le gaz pour le faire parvenir dans les tuyaux ne doit jamais excéder celle que représente un pouce d'eau. Inflammation du gaz. Il suffit d'ouvrir les robinets qui se trouvent placés sur les petits tuyaux et de mettre le feu au gaz , qui arrive aussitôt dans les lampes ; on l'éteint au contraire à volonté en fermant les robinets. Suivant M. Pelletan, la flamme blanche produite par ce gaz est due à la présence d'une huile en nature tenue en dissolution dans le gaz hydrogène ; le gaz hydrogène car- boné seul ne donne qu'une flamme rouge et peu lumi- neuse; enfin cette flamme est d'autant plus blanche que DES BITUMES. 5/3 le gaz s'est trouvé dans des circonstances plus favorables pour dissoudre et retenir une huile quelconque. Indépendamment de l'utilité que Ton peut retirer du gaz produit pendant la distillation du charbon de terre on peut encore se servir avec grand avantage du coak ou du charbon résidu de la distillation; en effet, il donne une chaleur plus vive que le charbon brut, et doit lui être préféré pour les usages domestiques et dans un très-grand nombre d'arts. 822. Bitumes. On n'est point d'accord sur l'origine des bitumes; on les regarde comme des produits de la décom- position de la houille, ou de la décomposition spontanée des corps organiques enfoncés dans le sein de la terre. Ils sont solides, liquides, ou de la consistance du gou- dron ; leur couleur est noire, brune ou jaunâtre; quelque- fois même ils sont presque incolores; ils ont une odeur particulière qui se manifeste principalement lorsqu'on les frotte ou qu'on les chauffe; leur pesanteur spécifique est très-variable; ils sont fusibles et inflammables; ils sont insolubles dans Teau et dans T.-ieool. Distillés ils se dé- composent et ne fournissent point d'ammoniaque. 823. Bitume naphte. Il se trouve en Perse , en Calabre, dans le duché de Parme , en Sicile, en Amérique, etc. il est liquide, limpide, d'un blanc tiraut un peu sur le jaune, et doué d'une odeur un peu semblable à celle de Thuile es- sentielle de térébenthine; sa pesanteur spécifique est de 0,80. Il est tellement avide d'oxigène qu'il suffit, pour l'enflammer, de l'approcher d'un corps en ignition. Les Indiens l'emploient pour faire des vernis. On s'en sert en médecine comme calmant et comme anthelmintique. 824 • Bitume pétrole. On le rencontre près de Clermont, en Italie, en Sicile, en Angleterre, en Transylvanie, dans l'Inde, etc. ; quelquefois la mer qui avoisine les îles volcani- ques du cap Vert en estcouverte.il parait devoir son origine *44 SECONDE PARTIE. à une altération particulière dnnaphte. Il est sous la forme d'un liquide onctueux, d'un brun noirâtre, presque opaque et doué d'une odeur forte : sa pesanteur spécifique, d'après Kirwan, est de 0,878 ; il peut être distillé presque sans subir d'altération; il est inflammable et ne laisse qu'un très-petit résidu ; on l'emploie dans l'éclairage, en méde- cine, etc. Il peut remplacer le goudron. 825. Bitume malthe ( goudron minéral ). Il existe princi- palement près de Clermont. Il diffère fort peu du pétrole ; sa consistance est visqueuse. On s'en sert comme du gou- dron ordinaire pour enduire les cables et les bois; il fait partie de la cire noire à cacheter et de quelques vernis que Ton applique sur le fer. On l'emploie pour graisser les essieux des charrettes, etc. 826. Bitume asphalte. 11 se trouve dans différentes con- trées , et principalement à la surface du lac de Judée, dont les eaux sont salées. Il est solide, noir, avec une teinte brune, rouge ou grise; il est opaque, sec et friable; il est inodore, à moins d'être chauffé ou frotté ; sa pesanteur spécifique varie depuis 1,1 o4 jusqu'à i,2o5. Il s'enflamme facilement lorsqu'on le chauffe avec le contact de Tair, et il laisse un résidu assez considérable. Du Succin (karabé, ambre jaune, electrum). 827. Le succin se trouve principalement sur le rivage de la mer Baltique, entre Kœnigsberg et Memel. 11 est solide , d'une couleur jaunâtre, inodore, insipide, d'une texture compacte, d'une cassure vitreuse. Il est souven' transpa- rent , et il peut toujours recevoir un beau poli. Distillé, il fond, se décompose, et donne, outre Tacide succinique, des produits qui diffèrent suivant la température. ( Voyez Préparation de l'acide succinique. ) Si on le chauffe avec le contact de Tair, il s'enflamme facilement; il ne s'altère point dans l'atmosphère. Suivant Gehlen et M. Bouillon-* DU SUCCIN. 245 Lagrange, Teau bouillante dissout une portion de Tacide succinique qu'il contient. Si on le fait bouillir avec de Talcool, il paraît éprouver une altération et se dissoudre en partie ; le solutum a une saveur amère, blanchit par l'addition de Teau, rougit Yinfusum de tournesol, et pré- cipite par les eaux de chaux et de baryte. D'après M. Bouil- lon - Lagrange, il contient de Tacide succinique et du succin altéré. Les huiles grasses et essentielles dissolvent le succin préalablement fondu. Il est employé pour prépa- rer Tacide succinique et les vernis gras. Les Orientaux s'en servent aussi pour faire des bijoux. 246 TROISIEME 1>ARTIE. TROISIEME PARTIE. Des Corps organiques animaux, ou de la Chimie animale. wn trouve dans les animaux, comme dans les végétaux , des principes médiats, des principes immédiats, et des matières composées de deux ou d'un plus grand nombre de ces derniers : ainsi, le sang est une matière composée de trois principes immédiats animaux, l'albumine, la fi- brine et la matière colorante; chacun de ces trois principes est formé d'azote, d'hydrogène, de carbone et d'oxigène. Mais toutes les substances regardées comme des principes immédiats des animaux ne contiennent point d'azote: en effet, Tacide sébacique, le sucre de lait, la cholestérine, les graisses, etc. ,n'en renferment pas un atome, et ressem- blent, par leur composition, aux matières végétales des cinq premières classes; Tacide hydro-cyanique (prussique) que Ton prépare avec des matières animales ne contient point d'oxigène ; le cerveau offre, dans quelques-unes de ses parties, des molécules animales dans lesquelles , outre l'oxigène, l'hydrogène, le carbone et Tazote, on trouve du soufre ; d'autres qui contiennent du pho phore, etc. Il résulte de ce qui précède que dans l'état actuel de la science, on ne peut pas établir d'une mauière générale la composition des divers principes immédiats des animaux- on peut seulement dire que la plupart d'entre eux sont formés d'hydrogène, d'oxigène, de carbone et d'azote. «ES PRINCIPES IMMÉDIATS DES ANIMAUX. »47 CHAPITRE PREMIER. Des moyens propres à faire connaître la nature des principes médiats des animaux. On soumettra la matière animale à Taction de la chaleur ( comme nous l'avons indiqué § 570 ). Si les produits de sa décomposition ne diffèrent pas de ceux dont nous avons parlé en faisant Thistoire des végétaux, on conclura qu'elle ne renferme point d'azote; si au contraire, outre ces pro- duits , on en obtient d'autres qui sont azotés , comme cela a lieu avec la plupart des substances animales, on affirmera que Tazote entre dans leur composition. CHAPITRE II. Des Principes immédiats des animaux. A l'exemple de M. Thenard , nous diviserons ces prin- cipes en principes acides, principes gras, et en ceux qui ne sont ni gras ni acides ; nous rangerons encore dans une autre section les matières salines et terreuses contenues dans les animaux, et qui paraissent essentielles à leur cons- titution : tels sont, par exemple, les phosphates terreux qui se trouvent dans les os. SECTION PREMIÈRE. Des Principes immédiats qui ne sont ni gras ni acides. Ces principes sont au nombre de dix : la fibrine, Talbu- mine, la gélatine, le caséum-, l'urée, le mucus, Tosma- zome, le picromel, la matière jaune de la bile, et 1g sucre 2|8 TROISIÈME PARTIE. de lait: si Ton en excepte ce dernier, tous contiennent de Tazote, et jouissent d'un certain nombre de propriétés com- munes que nous allons faire connaître. 828. Distillés dans un appareil analogue à celui qui a été décrit § 571 , ils sont décomposés et fournissent un produit liquide, un produit solide et un autre gazeux ; ces produits renferment de Teau, du gaz acide carbonique , du sous-carbonate d'ammoniaque en partie sublimé sous la forme d'aiguilles dans le col de la cornue, en partie dissous dans le produit liquide; de Y acétate et de Y hydro-cyanate d'ammoniaque (1), une huile épaisse, noire, fétide et pesante ; du gaz hydrogène carboné, du gaz oxide de car- bone, du gaz azote et un charbon volumineux, léger, brillant et difficile à incinérer. Si au. lieu de chauffer en vases clos, on agit avec le contact de Tair, leur décompo- sition estplus rapide; ils se boursouflent, s'enflamment, finissent par se charbonner, et donnent des produits plus ou moins analogues aux précédens. 829. Excepté la fibrine, l'albumine coagulée, le caséum et la matière jaune de la bile, ils sont tous solubles dans Teau froide ; si on les laisse pendant quelque temps dans ce li- quide , ils se décomposent et éprouvent tous les phénomènes de la putréfaction. ( Voyez la fin de la chimie animale.) L'eau bouillante dissout encore plus facilement que Teau froide les principes que nous avons dit être solubles; quant à Y\ fibrine, le caséum et l'albumine coagulée, substan- es insolubles, elles paraissent subir une altération marquée lorsqu'on les fait bouillir avec ce liquide. ( Berzelius. ) L'action de Talcool est analogue à celle de Teau, excepté que cet agent ne peut dissoudre ni l'albumine , ni la géla- tine, ni le mucus. Exposés à Y air humide, ils ne tardent pas (1) Ces produits ammoniacaux prouvent évidemment l'exis- tu ce de i'azote dans la matière soumise à l'expérience. DES PRINCIPES IMMÉDIATS DES ANIMAUX. ^9 à se putréfier ; si au contraire l'atmosphère est parfaitement desséchée, ils peuvent être conservés indéfiniment. L'hydro- gène, le bore, le carbone, le phosphore, le soufre et Y azote, n'exercent aucune action sur eux. L'iode et les métaux les décomposent, comme nous l'avons dit page 56 de ce vol., en parlant des principes immédiats des végétaux (2e Classe). Le chlore s'empare de leur hydrogène à des températures variables, les altère et s'unit souvent avec les matières qui résultent de leur décomposition. Nous verrons, en parlant des fumigations, que c'est ainsi que cet agent précieux transforme en substances inertes les miasmes animaux les plus délétères. 83o. Les acides forts décomposent ces principes im- médiats ou s'unissent avec eux. L'acide sulfurique con- centré les charbonne tous, même à froid; il agit probable- ment en déterminant la formation d'une certaine quantité d'eau et d'ammoniaque aux dépens de l'oxigène , de l'hy- drogène et de Tazote delà matière animale; il paraît aussi qu'il se forme un peu de matière huileuse. Lorsqu'au lieu d'agir à froid, on élève la température du mélange, on obtient du gaz acide sulfureux provenant de la décom- position de Tacide sulfurique. 831. Si Ton soumet à une douce chaleur, et dans Tap- pareil décrit planche Ilc, fig. 1, un de ces principes immé- diats mêlé avec de Tacide nitrique moyennement concen- tré , on obtient une multitude de produits que nous allons énumérer à-peu-près dans Tordre de leur formation : eau, gaz acide carbonique, gaz azote , acide hydro-cyanique, oxide d'azote, acide nitreux, ammoniaque, acides acé- tique , malique, oxalique , matière jaune détonnante, composée d'acide nitrique et de matière animale altérée. Quelques-uns de ces principes immédiats donnent aussi une certaine quantité de graisse. Théorie. Tout ce que nous avons dit §641, en parlant de Taction qu'exerce 25o TROISIÈME PARTIE. 1 acide nitrique sur les substances végétales s'applique ici ; l'oxigène de cet acide s'unit au carbone et à l'hydrogène de la matière animale pour donner naissance à de Teau et à de Tacide carbonique ; Tazote,l'oxide d'azote et Tacide nitreux proviennent de Tacide nitrique décomposé; Tacide hydro- cyanique et l'ammoniaque se forment aux dépens de Tazote de la matière animale, et peut-être d'une portion de celui qui appartenait à Tacide nitrique ; les acides malique, acétique , oxalique ne sont que la substance animale déshydrogénée, décarbonée et désazotée ; enfin le com- posé détonnant paraît résulter de la combinaison d'une portion d'acide nitrique avec la matière animale contenant encore beaucoup d'azote. 832. Les alcalis dissous dans Teau décomposent ces principes immédiats à la chaleur de l'ébullition, et il se forme de l'ammoniaque qui se volatilise, de Tacide carbo- nique , acétique, et une matière animale particulière , qui restent unis avec l'alcali. 833. Lorsqu'on les fait rougir avec de la potasse ou de la soude, on les décompose; ils se transforment en char- bon; mais comme ce charbon retient de Tazote, il se pro- duit du cyanogène ( composé d'azote et de carbone ) qui, en s'unissant à la potasse ou à la soude , donne naissance à du cyanure de potasse, que Ton avait regardé jusque dans ces derniers temps comme un prussiate. De la Fibrine. La fibrine se trouve dans le chyle, dans le sang et dans le muscles, dont elle fait la base. 834- Elle est solide, blanche , insipide, inodore, plus pesante que Teau, et sans action sur Yinfusum de tournesol et sur le sirop de violette; elle est molle et légèrement élas- tique. Lorsqu'on la dessèche, elle acquiert une couleur jaune plus ou moins foncée, devient dure et cassante. DE LA FIBRINE. 25l Distillée elle fournit beaucoup de sous-carbonate d'ammo- niaque et une plus grande quantité de charbon que la gélatine et l'albumine; ce charbon est excessivement léger, très-brillant et très-difficile à incinérer; la cendre que Ton en obtient renferme une grande quantité de phos- phate de chaux , un peu de phosphate de magnésie , du rarbonate de chaux et du carbonate de soude. La fibrine est insoluble dans Y eau froide; cependant si on la met en contact avec ce liquide , et.qu'où le renouvelle, elle se putréfie de temps en temps , se change en une matière soluble, mais ne se transforme pas en graisse ; le corps gras que Ton obtient en mettant la chair musculaire dans Teau existait tout formé dans le muscle, et a seulement été mis à nu à mesure que celui-ci a éprouvé la putréfaction. ( M. Gay-Lussac.) Si on fait bouillir la fibrine pendant quelques heures dans de Teau , elle se décompose et perd la propriété de se dissoudre dans Tacide acétique, comme Ta prouvé M. Berzelius ; le liquide filtré se trouve conte- nir une matière précipilable par Yinfusum de noix de galle ; lorsqu'on Tévapore il fournit un produit blanc, sec, dur, d'une saveur agréable. L'alcool d'une densité de 0,810, mis sur de la fibrine, la décompose même à froid, et il se forme au bout d'un certain temps une espèce de matière grasse analogue à Tadipocire, d'une odeur forte et désagréable, qui reste en dissolution dans le liquide , et lui donne la propriété de précipiter par Teau. L'éther agit sur elle de la même manière ; cependant la décomposition est plus rapide , la substance grasse formée plus abondante et douée d'une odeur plus désagréable. Lorsqu'on fait digérer sur elle de Tacide hydro-chlorique faible, il se dégage du gaz azote, et Ton obtient une matière dure , racornie, insoluble dans Teau, qui paraît être com- posée d'acide hydro-chlorique en excès et de fibrine al- térée. Traitée à plusieurs reprises par Teau froide, cette ^52 TROISIÈME PARTIE. matière perd une portion d'acide, et se transforme en une masse gélatineuse, soluble dans Teau tiède, qui ne diffère de la précédente qu'en ce qu'elle contient moins d'acide. L'acide sulfurique affaibli par six fois son poids d'eau agit de la même manière sur la fibrine. Concentrés, ces deux acides se comportent avec la fibrine comme nous 1 avons indiqué § 83o. L'acide nitrique un peu affaibli, celui dont la densité est de i,25 , sépare de la fibrine une assez grande quantité de gaz azote; il.se produit de la graisse, et la liqueur ac- quiert une couleur jaune. Au bout de vingt-quatre heures de contact, la fibrine se trouve transformée en une masse pulvérulente, d'un jaune cilrin pâle, qui paraît devoir être regardée, d'après M. Berzelius, comme delà fibrine altérée, de la graisse, de Tacide malique et de Tacide nitrique ou nitreux. Lavée à grande eau, cette masse devient orangée, perd une portion d'acide et constitue Y acide jaune décou- vert par Fourcroy et M. Vauquelin, en traitant la chair musculaire par Tacide nitrique. Ainsi lavée, si on la fait bouillir avec de Talcool, on ne dissout que la graisse; le résidu traité par le carbonate de chaux, donne du malate, du nitrate et du nitrite de chaux solubles. L'acide acétique concentré transforme la fibrine, par Taction de la chaleur, en une masse gélatineuse qui se dissout dans Teau chaude avec dégagement de gaz azote. Ce solutum, incolore, est précipité par les acides sulfurique , nitrique et hydro-chlorique, qui se combinent avec la ma- tière animale, et donnent des produits acides insolubles dans Teau. La potasse, la soude, l'ammoniaque et Thydro- cyanale de potasse et de fer (prussiate) le précipitent éga- lement; mais le dépôt se redissout dans un excès d'alcali. Evaporé, il fournit un résidu transparent, rougissant Yin- fusum de tournesol, insoluble dans Teau , soluble dans Tacide acétique. DE LA II URINE. y.53 La potasse et la soude dissolvent la fibrine à froid, mais beaucoup moins facilement qu'ils ne dissolvent Talbumine coagulée ; la dissolution précipite sensiblement par Tacide hydro-chlorique ; si on élève la température, il y a dé- composition et formation des produits indiqués § 832. Lorsqu'on met de la fibrine dans une solution aqueuse d'hydro-chlorate de deutoxide de mercure ( sublimé cor- rosif) , ce sel est décomposé; on remarque qu'il se forme sur-le-champ un précipité blanc de proto-chlorure de mer- cure ( calomélas ) qui se combine en partie et intimement avec la matière animale; la liqueur rougit le sirop de violette au lieu de le verdir, et contient de Tacide hydro- chlorique libre. Théorie. L'acide hydro-chlorique du su- blimé corrosif peut être représenté par : Acide hydro-chlorique -f* (hydrogène -f-chlore). et le deutoxide de mercure par.................. oxigène + mercure. Eau. Chlorure de mercure. Le deutoxide de mercure et une portion d'acide hydro- chlorique sont décomposés par la fibrine ; l'oxigène du pre- mier se porte sur l'hydrogène de Tacide pour former de Teau ; tandis que le chlore, en s'unissant au mercure, le fait passer à l'état de proto-chlorure qui se combine intimement avec la matière animale : il est évident que Tacide hydro-chlo- rique non décomposé doit rester libre dans la liqueur. La fibrine est composée, d'après MM. Gay-Lussac et Thenard, de Carbone.......................... 53,56o. Oxigène.......................... 19,685. Hydrogène........................ 7,021.. Azote............................ 19^4. Elle est sans usages lorsqu'elle est parfaitement pure, 354 TROISIÈME PARTIE. De l'Albumine. L'albumine se trouve en très-grande quantité dans le blanc d'oeuf, dans le sérum du sang, le chvle, la synovie, dans les liquides exhalés par les membranes séreuses , surtout dans les diverseshydropisies, dans la bile des oiseaux, etc. 835, Albumine solide. Elle offre à-peu-près les mêmes propriétés physiques que la fibrine, et fournit les mêmes produits à la distillation , excepté qu'elle donne un peu moins de charbon. L'eau, Talcool, Téther, les acides sulfu- rique, nitrique et hydro-chlorique agissent sur elle comme surla fibrine. L'acide acétique et l'ammoniaque la dissolvent moins bien que la fibrine , tandis que la potasse et la soude en opèrent beaucoup mieux la dissolution à froid ; le so- lulum alcalin précipite par Tacide hydro-chlorique; mais le précipité se redissout dans un excès d'acide. 836. L'albumine liquide (i) est incolore , transparente, inodore, plus pesante que Teau, et douée d'une légère sa- veur particulière ; elle est susceptible de mousser par l'agi- tation, surtout lorsqu'on Ta mêlée avec de Teau ; elle verdit le sirop de violette, propriété qu'elle doit à une certaine quanlité de sous-carbonate de soude qu'elle renferme. P. E. Lorsqu'on soumet à la température de 74° ther- momètre cenligrade, Talbumine qui n'a pas été affaiblie par une très-grande quantité d'eau, elle se coagule et donne Talbumine solide, dure, opaque et blanche ; ce phénomène n'a pas lieu,, même à la température de l'ébullition, si Tal- bumine est étendue de dix à douze fois son poids d'eau ; cependant si on continue à faire bouillir , la liqueur se concentre, et se coagule lorsqu'elle est parvenue au degré de concentration convenable. M. Bostock a prouvé qu'on (0 L'albumine dont nous allons décrire les propriétés n'est autre chose que du blanc cl'œuf délayé dans l'eau pure, et filtré. DE L'ALBUMINE. 255 pouvait découvrir par ce moyen —- d'albumine dissoute dans Teau. On a beaucoup disserté sur la cause de cette coagulation. Fourcroy Ta expliquée en supposant que Tal- bumine s'emparait de l'oxigène de Tair et se transformait en une substance nouvelle; mais cette explication tombe d'elle-même dès qu'il est établi que le phénomène a lieu aussi bien dans des vaisseaux fermés qu'à Tair libre. M. Thompson ayant égard à la composition de Talbumine liquide, dans laquelle on trouve de Teau, du sous-carbo- nate de soude et de Talbumine, a pensé que sa liquidité était due à la soude qui la tenait en dissolution, et que lorsqu'on la faisait chauffer, l'alcali s'unissait intime- ment avec Teau et abandonnait Talbumine, qui se déposait à l'état solide. Les physiciens s'accordent aujourd'hui à regarder la cohésion comme la cause de la coagulation de cette substance : chauffe-t-on, par exemple, de Talbumine liquide, les molécules d'eau s'éloignent des molécules al- bumineuses ; l'affinité des unes pour les autres diminue et Talbumine se précipite. Lorsqu'on dessèche Talbumine, en l'exposant au soleil ou en la soumettant à une température de 4o à 5o° , elle ne se coagule pas, et Ton obtient une masse jaunâtre parfaite- ment soluble dans l'eau froide. 837. Soumise à Taction d'une pile voltaïque, l'albumine liquide se coagule sur-le-champ ( Grande). Les expériences faites par sir E. Home prouvent qu'il ne faut, pour produire le phénomène, qu'un appareil■ voltaïque d'un très-petit pouvoir, celui, par exemple, qui n'est pas assez fort pour affecter les électromètres les plus délicats; le coagulum formé se irouve tout autour du pôle résineux ou négatif. M. Brande pense que ce moyen peut être employé avec succès pour découvrir les petites quantités d'albumine qui font partie de certains fluides animaux. 838. L'iode, trituré avec Talbumine , la coagule; le $56 TROISIÈME PARTIE. coagulum est brun, se dissout dans les alcalis , et devient blanc lorsqu'on le lave avec del'eau bouillante. (Peschier. ) Le chlore ne tarde pas à coaguler Talbumine liquide et à en séparer des flocons blancs. Les acides sulfurique, sul- fureux, nitrique, hydro-chlorique, et tous ceux qui sont un peu forts, excepté les acides phosphorique et acétique, se combinent avec elle et la coagulent sur-le-champ ou au bout de quelques heures ; le coagulum est formé , d'a- près M. Thenard, d'albumine et d'acide. 83g. Aucun des six alcalis dissous dans Teau ne coagule Talbumine ; ils la rendent au contraire plus fluide. Schéele fit une expérience curieuse que nous croyons devoir rapporter : il combina de Talbumine étendue d'eau avec une dissolution de potasse caustique , privée par consé- quent d'acide carbonique ; le composé, parfaitement trans- parent , fut coagulé aussitôt que la potasse fût saturée par de Tacide hydro - chloriqûe ; le calorique dégagé pen- dant la combinaison de Tacide avec la potasse occa- sionna , suivant Schéele , la prompte formation du coa- gulum. Il répéta l'expérience en substituant à l'alcali caus- tique du sous-carbonate de potasse , et il n'y eut point de coagulation : dans ce dernier cas , le calorique mis à nu par Taction de Tacide sur le sel, fut employé à transfor- mer en gaz Tacide carbonique qui se dégagea pendant la décomposition du sous-carbonate. 84o. L'alcool coagule Talbumine sur-le-champ ; le tan- nin s'y unit et la précipite également ; le précipité jaune , très-abondant, a la consistance de la poix; il est insoluble dans Teau, et ressemble à du cuir trop tanné, lorsqu'il a été desséché. ( Séguin. ) Les dissolutions salines exercent sur ce fluide une action remarquable; presque toutes celles apparfenant aux quatre dernières classes sont décomposées et précipitées par lui ; la nature des précipités obtenus n'est pas assez connue De l'albumine. 2$h pour pouvoir être indiquée d'une manière générale- il est cependant probable que dans un assez grand nombre de cas , ces précipités sont formés d'albumine , d'oxide métal- lique et d'une certaine quantité d'acide. 841. Les sels de cuivre, dissous da^sTeau, donnent avec Talbumine un précipité abondant, d'un blanc verdâtre , ui n'exerce aucune ac tion délétère sur l'économie animale : aussi avons-nous proposé l'albumine comme le meilleur contre-poison des sels cuivreux. 84*?» Si Ton verse une très-grande quantité d'hydro- chlorate de deutoxide de mercure (sublimé corrosif dis- sous) , ou de tout autre sel mercuriel, dans l'albumine , il se forme un précipité blanc floconneux qui se ramasse sur- le-champ; ce précipité, parfaitement lavé , se dissout len- tement, et en petite quantité, dans un excès d'albumine. Lorsqu'il a été desséché sur un filtre, il se présente pour l'ordinaire sous la forme de petits morceaux durs , cassans, faciles à pulvériser , demi-transporens, principalement sur leurs bords , d'une couleur jaunâtre, sans Saveur, sans odeur, inaltérables à Tair et insolubles dans Teau. Chauffés dans un petit tube de verre, ils se boursouiïlent, noircissent, et se décomposent à la manière des matières animales , en dégageant une odeur de cornebrûléeet beaucoup de fumée. Si on casse le tube après l'opération, on trouve le fond rem- pli d'un charbon extrêmement léger, et les parois internes tapissées, vers le milieu de leur hauteur, de glo! ailes mer- curiels. Si, au lieu de faiie cette expérience dans un tube ouvert, on la fait dans des vaisseaux fermés, on p ut re- cueillir tous les produits de l'opération ; la nature de ces produits démontre jusqu'à l'évidence que le précipité est du proto-chlorure de mercure (calomélas) , intimement uni à Talbumine. (Voyez, pour la théorie, § 253.) Ce pré- cipité se dissout parfaitement dans la potasse , la soude et l'ammoniaquej ou dans leurs sous-carbonates. a58 troisième partie. Si au lieu de verser beaucoup de sublimé corrosif dans Talbumine, on n'en met qu'une très-petite quantité , la li- queur se trouble , devient laiteuse , et ne précipite qu'au bout de quelques heures. Si on filtre , on obtient le préci- pité blanc dont nous venons de faire Thistoire, et il passe un liquide parfaitement limpide , qui n'est autre chose que de Talbumine retenant en dissolution une portion du précipité. Lorsqu'on emploie moins d'albumine que dans le cas précédent, les mêmes phénomènes ont lieu, avec cette légère différence que le liquide filtré est composé d'une portion du précipité dissous dans Talbumine , et d'une cer- taine quantité de sublimé corrosif. En effet, il rougit la teinture de tournesol et verdit le sirop de violette ; il préci- pite en noir par les hydro-sulfates ; il agit sur une lame de cuivre absolument comme le sublimé corrosif; il précipite en blanc par une nouvelle quantité d'albumine, et alors il ne contient plus de sublimé. Ajoutons à ces expériences, qui prouvent l'existence du sublimé corrosif dans ce liquide, celles qui y démontrent la présence de Talbumine. L'acide nitrique le précipite en blanc ; la dissolution de sublimé corrosif en sépare sur-le-champ des flocons blancs ; enfin le calorique le coagule ou le rend seulement opalin , suivant que la quantité d'albumine est plus ou moins considérable. Il faut conclure de ces expériences que Talbumine, ainsi combinée avec ce précipité, peut former un corps soluble avec le sublimé corrosif. Ces expériences nous ont conduits à examiner si le pré- cipité obtenu par ce moyen exerçait une action quelconque sur l'économie animale, et nous avons conclu, après une nombreuse suite d'essais faits sur les animaux viv ans, qu'il n'agissait point ; en conséquence nous avons proposé Tal- bumine comme le meilleur antidote du sublimé corrosif et des sels mercuriels , et nous avons eu la satisfaction depuis DU PRINCIPE COLOKANT. 25q de pouvoir en faire une application heureuse dans un cas d'empoisonnement par la liqueur mercurielle de Van- Swiéien. ( Voyez ma Toxicologie générale, t. Ier. ) L'albumine est formée, suivant MM. Gay-Lussac et Thenard, de 52,883 parties de carbone , de 23,872 d'oxi- gène , de 7,540 d'hydrogène et de i5,7o5 d'azote. 11 paraît qu'elle contient en outre un peu de soufre , car lorsqu'on la fait cuire dans des vases d'argent, elle les noircit • elle fournit d'ailleurs du gaz acide hydro-sulfurique en se pu- tréfiant. On l'emploie pour clarifier une multitude de sucs troubles ; ainsi, il suffit de la faire chauffer avec des sirops, des jus d'herbes, etc., pour les rendre transparens - Talbumine se coagule dans ce cas, et s'empare des molé- cules ténues qui altéraient leur transparence. Quelquefois la coagulation de Talbumine, dans, certaines liqueurs, a lieu à froid ; par exemple, lorsque celles-ci contiennent du tannin , qui forme avec elle un composé insoluble : c'est par ce moyen que Ton clarifie les vins , la bière, etc. L'al- bumine sert comme contre-poison des sels cuivreux et mercuriels ; unie à la chaux, elle fonneunlut très-siccatif- enfin elle fait partie de plusieurs matières alimentaires. Du Principe colorant du sang des animaux. M. Brande a prouvé le premier que le sang était coloré par une matière animale, et que c'était à tort que Ton avait fait résider dans le ferla cause de sa couleur. M. Vauquelin en répétant les expériences de M. Brande , a confirmé son travail et y a ajouté quelques faits remarquables : nous al- lons exposer Thistoire de ce corps , d'après les mémoires de ces deux savans. 843. Le principe colorant du sang est solide, inodore et insipide ; lorsqu'il est récemment séparé du sang-, il a une 3l6o TROISIÈME P A R T I E. couleur rouge pourpre et même violacée, qui parait verdâtre par réfraction ; quand il est sec , il est noir comme du jayct, dont il offre la cassure et le brillant. Distillé , il ne change fli de forme, ni de couleur, ni de volume ; il fournit du carbonate d'ammoniaque, une huile rouge pourpre, fort peu de gaz et beaucoup de charbon. Il ne change pas de couleur par son exposilion à Y air. Il est insoluble dans Teau ; mais si on le délaye dans ce liquide, il acquiert une couleur rouge vineuse. Il se dissout à merveille dans les acides et dans les alcalis, auxquels il communique une cou- leur rouge pourpre ; les dissolutions qui en résultent ne sont point précipitées par l'hydro-chlorate de baryte, Tacide gallique, ni le prussiate de potasse, preuve qu'elles ne renferment ni acide sulfurique ni fer; Yinfusum de noix de galle, versé dans les dissolutions acides , en précipite la matière colorante avec sa propre couleur, ce qui n'au- rait pas lieu si la dissolution contenait du fer (i). La dissolution nitrique du principe colorant du sang n'est pas troublée par le nitrate d'argent ; mais l'acétate de plomb y fait naître un précipité brun, et le décolore com- plètement. Si Talbumine du sang est mêlée avec une certaine quan- tité de ce principe colorant, la liqueur est rouge ; en aban- donnant cette liqueur à elle-même, la matière colorante se dépose au bout d'un certain temps et Talbumine acquiert une couleur jaune verdâtre ; mais si le principe colorant 4éjà précipité reste en contact avec Talbumine jusqu'à ce (i) Dans un mémoire récemment imprimé, M. Berzelius prétend, contre l'opinion de MM. Brande et Vauquelin » que le principe colorant du sang contient un demi pour cent de fer à l'état métallique, dont on peut démouler l'existence en réduisant ce principe en cendres, DE LA GÉLATINE. ^6l qu'elle soit putréfiée, il se redissout et la dissolution est de couleur écarlate : ce phénomène dépend de ce que l'ammo- niaque provenant de la décomposition de Talbumine dis- sout le principe colorant, dont la couleur rouge produit Técarlate par son mélange avec la couleur jaune de Talbu- mine. Le principe colorant du sang est sans usages. Les essais qui ont été faits pour le fixer sur le coton ont tous été in- fructueux. M; Vauquelin termine son mémoire par quelques réflexions qui nous semblent devoir être rapportées : i° la matière colorante du sang est exempte de fer; 20 sa couleur diffère de celle du sang, qui est d'un rouge vif; elle ace- pendant beaucoup de rapport avec la couleur du sang qui a été privé pendant quelque temps de l'influence de Tair ; 3° la matière colorante du sang ne change pas de couleur à Tair, tandis que le sang veineux acquiert de suite une belle couleur vermeille. Ces anomalies tiennent-elles à une altération éprouvée par le principe colorant pendant sa préparation, ou bien dépendent-elles de ce que dans le sang la matière colorante est mêlée ou combinée avec d'autre* substances ? On l'ignore complètement. De la Gélatine (colle-forte), La chair musculaire , la peau, les cartilages , les Iiga- mens , les tendons , les aponévroses , les membranes, les os , etc., contiennent une plus ou moins grande quantité d'une matière particulière qu'il suffit de traiter par Teau bouillante pour transformer en gélatine; il paraît donc que ce principe immédiat n'existe pas tout formé dans les divers solides dont nous venons de faire Ténumération ; les fluides animaux, dans l'état sain, ne renferment jamais ni la gélatine ni la matière propre à la former. 844. La gélatine pure est demi-transparente, incolore, 2Ô2 TROISIÈME PARTIE. inodore, insipide, plus pesante que Teau, sans action sur Yinfusum de tournesol et sur le sirop de violette; sa dureté et sa consistance varient beaucoup. Le calorique agit sur elle comme sur toutes les substances de cette classe. A l'état solide, elle n'éprouve aucune altération de la part de Tair ; il n'en est pas de même si elle est à l'état liquide ou sous la forme de gelée, car elle ne tarde pas à s'aigrir et a éprouver tous les phénomènes de la putréfaction. L eau froide n'en dissout qu'une très-petite quanlité ; mais elle se gonfle, devient molle et élastique en absorbant ce liquide ; Teau chaude la dissout à merveille. Suivant M. Bostock , il suffit de dissoudre une partie de gélatine pure dans 100 parties d'eau pour que la liqueur se prenne en gelée par le refroidissement ; tandis qu'avec une plus grande quantité de liquide on ne peut obtenir la gelée qu'à l'aide de Téva- poration. Cette gelée peut être dissoute dans Teau sans éprouver aucune altération , puisqu'on peut de nouveau lui donner l'état gélatineux en la faisant évaporer. 845. Lorsqu'on fait arriver du chlore gazeux dans une dissolution de gélatine , il se forme de Tacide hydro-chlo- rique aux dépens de l'hydrogène de la gélatine, et un produit blanc, floconneux, composé de filamens nacrés très-flexi- bles , très-élastiques, que Ton peut regarder comme de la gélatine altérée, combinée avec du chlore et avec de Tacide hydro-chlorique. Ces filamens sont insipides , insolubles dans Teau et dans Talcool ; ils ne.88i. Oxigène......................... 27,207. Hydrogène...................... 7,914. Azote.......................... 16,998, La gélatine a des usages nombreux; le bouillon , pres- qu'entièrement formé par elle , lui doit ses propriétés nu- tritives ; elle constitue les gelées, etc. Nous devons main- tenant examiner les diverses variétés de gélatine. Ichtyocolle, ou colle de poisson. La colle de poisson n'est autre chose que la membrane interne de la vessiejna- tatoire de différens poissons , lavée et desséchée en plein. air ; la plus estimée est incolore, demi-transparente, sèche, inodore, insipide, pi esqu'entièrement formée de gélatine, et moins soluble dansl'eau que la collt-forte; elle est four- niepar les esturgeons suivans : accipenser sturio, stellatus, huso et ruthenus; on en retire aussi de tous les poissons sans écailles, des loups marins, des marsouins, des re- quins , des sèches , des baleines, etc. ; mais elle est infé- rieure à l'autre. On l'emploie pour clarifier les liqueurs, pour donner de l'apprêt à la soie, pour préparer le taffetas jjommé, etc. Colle-forte. La colle forte la plus pure est très-dure , DU MUCUS ANIMAL. 265 fragile, d'un brun foncé, également transparente dans toutes ses parties et sans aucune tache noire ; Teau froide la gonfle et la rend gélatineuse sans la dissoudre ; elle n'est soluble dans ce liquide que lorsqu'elle n'est pas assez forte; c'est des rognures de peaux de plusieurs espèces d'animaux, des sabots et des oreilles de chevaux , de bœuf, de mou- ion , de veau, etc., qu'on l'extrait ; on l'emploie dans la composition delà peinture en détrempe, pour coller les bois, pour fabriquer le papier , elc. 11 y a une variété de colle- forte appelée size, qui ne diffère de la précédente que par un plus grand degré de pureté, et dont les papetiers se servent pour fortifier le papier; elle est aussi employée par les fabricans de toile, les doreurs, les fourbisseurs, etc. ; on l'obtient avec les peaux d'anguilles, le vélin , le par- chemin, les peaux de chevreaux , de chat, de lapin, etc. Du Mucus animal. Le mucus se trouve à la surface de toutes les membranes muqueuses, dans les cheveux , les poils, la laine, les plu- mes , les écailles des poissons, etc. ; il constitue presque à lui seul les durillons , les ongles , les parties épaisses de la plante des pieds et les cornes ; les écailles sèches que Ton remarque quelquefois à la surface de la peau en sont entiè- rement formées : la bile en contient également. On ne sait pas encore si le mucus de ces diverses parties est identique. 848. Mucus liquide. Il est transparent, visqueux, filant, inodore et insipide. Exposé à Tair, il se dessèche; chauffé, il ne se coagule point, et ne se prend pas en gelée. 849. Mucus solide. Il est demi - transparent comme la gomme, fragile, insoluble dans Teau, Talcool et Téther, susceptible de se gonfler et de se ramollir dans le premier de ces liquides; il est peu soluble dans les acides. Chauffé dans des vaisseaux fermés, il se décompose et fournil une très- 2t)f> TROISIÈME PARTIE. grande quantité de sous-carbonate d'ammoniaque ; mis sur les charbons arderts, il fond, se boursouffle , et répand To- déttr de la corne décomposée par le feu. Nous devons à Fourcroy et à MM. Vauquelin , Berzelius et Hatchett , presque tout ce que nous savons sur le mucus. Après avoir parlé de ce corps en général, nous allons „ examiner quelques espèces en particulier, et noter, d'après M. Berzelius, les différences qu'elles présentent. MucUS des narines et de la trachée. Il est formé , suivant M. Berzelius , de 993,9 d'eau, de 53,3 de matière muqueuse, de 5,6 d'hydro-chlorates' de potasse et de soude, de 3 de ïactate de soude, uni à une substance animale, de 0,9 de soude, de 3,5 de phosphate de soude, d'albumine, et d'une matière animale insoluble dans Talcool et soluble dans Teau. Ce mucus était très-consistant, et aurait fourni une pi us grande quantité d'eau s'il eût été plus fluide. Suivant MM. \auquelin et Fourcroy , le mucus des narines, dans le coryza ou rhume de cerveau, contient de Teau, de l'hydro- chlorate de soude, de la soude libre, du mucus et quelques traces de phosphates de chaux et de soude. Les propriétés dumuCus des narines ne diffèrent presque pas de celles que nous avons attribuées au mucus en général, d'après Four- droy et M. Vauquelin. M. Brande dit que le mucus de la trachée-arière n'est précipiténi par Talcool ni par les acides. Mucus de la vésicule du fiel. Il est plus transparent que celui des narines, et a une teinte jaunâtre qu'il reçoit de la bile. Quand il est desséché , il se ramollît dans Teau , mais il perd une partie de ses propriétés muqueuses. Il se dissout dans les alcalis , devient beaucoup plus fluide, et peut en être précipité par les acides. L'alcool le coa- gule en une masse grenue, jaunâtre , à laquelle on ne peut pas rendre les"propriétés du mucus. Tous les acides y font naître un coagulum jaunâtre qui rougit Yinfusum de tour- nesol. I DE l'uBÉE. 267 Mucus des intestins. Lorsqu'il a été desséché, on ne peut pas lui rendre ses propriétés muqueuses par l'addition de Teau; les alcalis produisent cet effet; mais le mucus est toujours opaque. Mucus des conduits de l'urine. Il perd totalement ses propriétés parla dessiccation; alors il paraît cristallisé, et acquiert une couleur rosée qu'il doit à Tacide urique; il est tres-soluble dans les alcalis', et ne peut être séparé de ses dissolutions par les acides ; le tannin le précipite sous la forme de flocons blancs. Mucus de la salive. Il est blanc, insoluble dans Teau, soluble en grande partie dans la potasse et dans la soude, d'où il peut être précipité par les acides ; la portion qui ne se dissout pas dans ces alcalis disparaît facilement dans Tacide hydro-chlorique , et ne peut pas être précipitée par une nouvelle quantité d'alcali. Les acides acétique et sul- furique étendus d'eau ne le dissolvent pas, mais le rendent. transparent etcorné. Suivant M. Brande, l'acétate de plomb ordinaire le précipite, tandis que Yinfusum de noix de galle, les hydro - chlorates de deutoxide de mercure et d'étain, ne le précipitent point. Ce chimiste croit, après avoir soumis ce rmicusà Taction du fluide électrique, qu'il pourrait être composé d'albumine et de sel commun , ou d'albumine et de soude. M. Berzelius pense que le mucus de la salive est fourni par la membrane muqueuse de la bouche , et par conséquent qu'il n'entre pas comme partie essentielle dans la composition de la salive : cette opinion n'est pas généralement partagée. De l'Urée. L'urée n'a été trouvée jusqu'à présent que dans l'urine de l'homme et dans celle de tous les quadrupèdes ; il est probable qu'elle existe chez tous les autres animaux. 268 TROISIÈME PARTIE. 85o. L'urée pure est souslaforme de lames micacées, bril- lantes , incolores, ou en feuilles quadrilatères, allongées, transparentes , assez dures et plus pesantes que Teau; elle exhale une odeur particulière analogue à celle de l'urine ; sa saveur est fraîche et piquante; elle n'agit point sur Yin- fusum de tournesol; chauffée dans des vaisseaux clos, elle se fond , se décompose subitement, et donne très-peu de charbon, beaucoup de sous-carbonate d'ammoniaque, et une substance qui présente presque tous les caractères de Tacide inique : ces deux matières sont élevées par la subli- mation dans le col de la cornue; le produit liquide est composé d'une très-petite quantité d'eau , d'huile et d'un atome d'acétate d'ammoniaque; le produit gazeux est im- prégné d'une odeur fétide ; il entraîne du carbonate d'am- moniaque. L'urée absorbe fortement l'humidité de Y air, et se dissout très-bien dans Teau. L'alcool la dissout aussi facilement, moins abondamment cependant, et moins vite que ne le fait Teau. La dissolution aqueuse d'urée, abandonnée à elle- même, ne tarde pas à se décomposer, et donne du sous-car- bonate et de l'acétate d'ammon iaque. Le chlore la décompose, sTempare de son hydrogène, passe à l'état d'acide hydro- chlorique , et il seforme des flocons semblables à unehuile concrète; il se produit en outre du gaz acide carbonique, du sous-carbonate d'ammoniaque et du gaz azote. Quelques gouttes d'acide nitrique , versées dans cette dissolution un peu concentrée, donnent naissance sur-le-champ à une foule de cristaux lamelleux, brillans, et la liqueur se prend en nias- se; ces cristaux sont composés d'urée etd'acide nitrique en ex- cès ; ils sont peu solubles dans Teau, décomposables par les alcalis, et susceptibles de détonner quand on les distille ; ce phénomène est dû à ce qu'il se forme une certaine quan- tité de nitrate d'ammoniaque qui , comme nous l'avons dil § 3oo, est susceptible de se décomposer complète- DE L'URÉE. 269 ment par le feu. L'acide nitreux ne précipite point l'urée de sa dissolution , mais il la décompose rapidement et donne naissance aux mêmes produits que Tacide nitrique. L'acide sulfurique faible, chauffé avec cette dissolution , décompose l'urée, qu'il transforme en partie en huile; il en sépare une portion de carbone qui colore et trouble la dissolution ; enfin, il donne naissance à beaucoup du sulfate d'ammoniaque. L'urée influe tellement sur la cristallisation de plusieurs Bels avec lesquels elle est mêlée , que la forme cubique de l'hydro-chlorate de soude est changée en celle d'un octaèdre, tandis que la forme octaédrique de l'hydro-chlorate d'am- moniaque est transformée en celle d'un cube. Il en est à-peu-près de môme pour le sulfate de potasse , qu'on ne peut obtenir que sous la forme de mamelons tant qu'on n'a pas détruit, par la calcination, Turée avec laquelle il était uni. L'infusum de noix de galle ne trouble point la disso- lution d'urée ; il en est de même des alcalis : cependant ceux-ci la décomposent à l'aide de la chaleur. L'urée est formée, d'après Fourcroy et M. Vauquelin, de Oxigène............................ 28,5. Azote...........................• • • 52,5. Carbone............................ Ii^'j- Hydrogène.......................... 11,8. Elle a été découverte par Rouelle le cadet ; maïs la plu- part de ses propriétés ont été exposées , pour la pre- mière fois , par Fourcroy et M. Vauquelin. Elle est sans usages. 27° TROISIÈME PARTIE. De la Matière caséeuse. La matière caséeuse ne se rencontre que dans le lait j cependant elle a été trouvée par M. Cabal dans l'urine d'une femme de vingt-six ans , veuve depuis plusieurs années, et qui n'avait jamais eu de maladie laiteuse. ( An- nales de Chimie, tom. lv , pag. 64). Plusieurs médecins ont annoncé, sans le prouver, qu'elle existait aussi dans l'urine des femmes nouvellement accouchées qui ne nourrissent pas leurs enfans, et dans celle des femmes qui sèvrent. 851. Le caséum est blanc , solide, inodore, insipide, plus pesant que Teau, sans action sur Yinfusum de tournesol et sur le sirop de violette. Soumis à la distillation , il fournit une eau rouge, fétide, une huile épaisse, presque concrète , d'une couleur brune foncée , du sous-carbonate d'ammo- niaque et un charbon volumineux, dur, brillant, qui donne par l'incinération beaucoup de phosphate de chaux. Par son exposition à Tair, le caséum acquiert delà consistance, s'altère et se transforme en une sorte de fromage. Il est in- soluble dans Teau et dans Talcool. Les alcalis, et surtout l'ammoniaque , le dissolvent facilement à Taide d'une légère chaleur; si on le fait bouillir long-temps avec ces substances , il se décompose et fournit de l'ammoniaque, des gaz, etc. Les acides minéraux affaiblis et les acides végétaux concentrés le dissolvent également à une tempé- rature peu élevée. Il est formé, suivant MM. Gay-Lussac et Thenard, de Carbone......................... 59,781. Oxigène......................... 11,409. Hydrogène....................... 7»429- Azote........................... 2it58i. l^ous verrons , en parlant du lait, que le caséum doit DU PICKOMEL. 27I être regardé comme faisant la base de toutes les espèces çle fromage. De la Matière extractive du bouillon, ou de t osmazome. 852. Cette matière, décrite pour la première fois parThou- venel, et que M. Thenard a proposé d'appeler osmazome , se trouve dans la chair de bœuf, dans le cerveau , dans le bouillon, dans quelques champignons , etc. Elle est sous la forme d'un extrait brun rougeâtre, d'une odeur aroma- tique et d'une saveur forte , semblable à celle du bouillon. Chauffée, elle se boursouffle, se décompose, fournit du sous-carbonate d'ammoniaque et un charbon volumineux, dont on retire, par l'incinération, du sous-carbonate de soude. Exposée à l'air, elle en attire l'humidité, mais elle tarde assez long-temps à s'aigrir et à se putréfier. L'eau et l'alcool la dissolvent facilement; le solutum aqueux précipite abon- damment par l'infusion de noix de galle , par le nitrate de mercure, par l'acétate et par le nitrate de plomb. Le bouillon doit sa saveur et son odeur à cette matière ; il est d'autant meilleur qu'il en contient davantage. Suivant M. Thenard, il y a dans le bouillon 7 parties de gélatine contre une partie d'osmazome. Cette matière n'est point regardée par tous les chimistes comme un principe immé- diat particulier. Du Picromel. Le picromel fait partie de la bile de la plupart des animaux ; on ne Ta cependant pas trouvé dans la bile de l'homme, quoiqu'il fasse partie de certains calculs biliaires contenus dans la vésicule humaine. 853. Il ressemble, par son aspect et par sa consistance, à la térébenthine ; il est incolore, doué d'une odeur nauséabonde, et d'une saveur acre, amère et sucrée, qui lui a fait donner *72 TROISIÈME PARTIE. le nom sous lequel il est connu ; sa pesanteur spécifique est plus considérable que celle de Teau. Soumis à la dis- tillation, il se boursouffle, se décompose, et fournit à peine du sous-carbonate d'amoniaque. Il est déliquescent, et par conséquent très -soluble dans Teau ; il se dissout aussi dans Talcool. Le solutum aqueux n'est point troublé par les alcalis, par l'infusion de noix de galle r par l'acétate de plomb ordinaire, ni par la plupart des sels ; il n'est guère précipité que par le sous-acétate de plomb , le nitrate de mercure et les sels de fer. M. Thenard, à qui nous sommes redevables de presque tout ce que nous savons sur cette substance , a prouvé, i° que la résine de la bile, dont nous parlerons plus bas ,est soluble dans le picromel ; 2° que la résine, le picromel et la soude peuvent s'unir et former un composé très-intime ; 3° que la dissolution de résine dans le picromel peut dé- composer , à Taide de la chaleur, l'hydro-chlorate de soude ( sel marin) , et que si Ton calcine le mélange de ces trois corps, on transforme le picromel et la résine en charbon, contenant du sous-carbonate de soude. Le picromel, traité à une ejouce chaleur par les acides nitrique, sulfurique ou hydro-chlorique étendus, donne une masse visqueuse, sur laquelle Teau exerce à peine de Taction. On n'a pas encore analysé ce produit. Il est sans usages. De la Matière jaune de la bile. La matière jaune de la bile , regardée par quelques chi- mistes comme du mucus altéré, fait partie de la bile de presque tous les animaux, et de presque tous les calculs biliaires de l'homme ; les calculs biliaires de bœuf en sont entièrement formés , et il n'est pas rare de la voir se déposer sur les parois de la vésicule du fiel et des canaux biliaires, qu'elle obstrue quelquefois. DE LA RÉ51ÏNE DE LA BILE. 2-3 854- Elle est solide, pulvérulente lorsqu'elle est sèche, «Tunecouleur jaune, sans saveur, sans odeur, et plus pesante que Teau; distillée,ellese comportecomme les matières azo- tées. (Voyez § 828. ) L'eau, Talcool etles huiles nepeuvent point la dissoudre ; il n'en est pas de même des alcalis ; le solutum laisse précipiter des flocons bruns verdàtres par l'addition d'un acide. Elle passe au vert par son contact avec Tacide hydro-chlorique, qui, du reste, n'en dissout qu'un atome. Elle est sans usages. De la Résine de la bile (matière verte). 855. M. Thenard admet dans la bile une matière verte, amère, analogue aux résines , peu soluble dans Teau , sus- ceptible d'être précipitée desa dissolution par l'acétate et par le sous-acétate de plomb , et de donner un précipité com- posé de protoxide de plomb et de résine ; elle est en outre soluble dans les alcalis, dans le picromel, etc M. Ber- zelius la croit formée d'acide et d'une matière particulière propre à la bile. En attendant que de nouvelles expériences aient décidé laquelle de ces deux opinions doit prévaloir, nous considérerons cette matière comme un principe im- médiat particulier, qui, suivant nous , peut s'altérer facile- ment dans certaines maladies bilieuses, contracter une sa- veur acre, caustique^ et jouer un très-grand rôle dans la production de quelques ulcères , qu'il u'est point rare de découvrir dans le canal digestif de certains individus qui ont succombé à la suite d'une maladie bilieuse : du moins tels sont les résultats auxquels nous croyons avoir été conduits par quelques expériences de chimie patholo- gique. u. 18 274 TROISIÈME PARTIE. Du Sucre de lait ( saccharum lactis). Il n'a été trouvé que dans le lait. Il est sous la forme de parallélipipèdes réguliers, terminés par des pyramides à quatre faces, incolores, demi-transparens, durs, inodo- res , doués d'une saveur légèrement sucrée, et plus pesans que Teau. Soumis à la distillation, il se boursouffle et se décompose à la manière des principes immédiats des vé- gétaux de la 2e classe, ce qui prouve qu'il ne renferme pas un atome d'azote. Il est inaltérable à Tair, peu soluble dans Teau froide, plus soluble dans Teau bouillante, et insoluble dans Talcool. Le solutum aqueux n'est précipité ni par les alcalis, ni par les acides, ni par l'infusion de noix de galle, ni parles sels ; Talcool le trouble sensiblement. L'acide nitrique agit sur lui à chaud comme sur la gomme ; il le transforme en acide saccholactique ( mucique), et en acides malique et oxalique. Trituré avec de la levure et de Teau, il ne fermente pas comme le sucre propre- ment dit. M. Vogel a prouvé, en 1812, que lorsqu'on fait bouillir pendant trois heures 100 parties de sucre de lait avec 400 parties d'eau et 2,3, 4 ou 5 parties d'acide sulfurique à 66°, ou d'acide hydro-chlorique, et que Ton ajoute de Teau à mesure qu'elle s'évapore , on obtient, après avoir saturé l'excès d'acide par du carbonate de chaux , une matière analogue à la cassonade, beaucoup plus sucrée que le sucre de lait, très-soluble dans Talcool, et susceptible d'éprouver la fermentation spiritueuse par son mélange avec Teau et avec la levure. Le sucre de lait est composé, d'après MM. Gay-Lussac et Thenard, de 38,825 de carbone, et de 61,175 d'hydro- gène et d'oxigène , dans les proportions nécessaires pour former de Teau. Il fait la base du petit-lait ; il est rare- ment administré seul eu médecine; il est quelquefois DE LA CHOLE5TÊRINE. 2^5 employé pour falsifier la cassonade : on pourra aisément reconnaître la fraude au moyen de Teau ou de Talcool faible ; ces liquides dissoudront le sucre, et n'agiront point ou agiront à peine sur le sucre de lait. Des Principes immédiats gras. Nous avons cru devoir ranger les graisses composées de stéarine et d'élaïne, à côté des huiles, dans la chimie végé- tale : en effet, un des caractères les plus remarquables de ces graisses est de pouvoir saponifier les alcalis, propriété dont jouissent également les huiles grasses : d'ailleurs, ces huiles paraissent également formées de stéarine et d'élaïne ou de substances analogues. Nous réservons pour cette section une matière grasse regardée comme un principe immédiat, et qui ne jouit pas de la propriété de saponifier les alca- lis : elle est connue sous le nom de cholestérine (adipocire). De la Cholestérine. 856. La cholestérine se trouve très-abondamment dans les calculs biliaires de l'homme; elle a été désignée par Four- croy sous le nom impropre d'adipocire, qu'il avait déjà donné au gras des cadavres, dont elle diffère beaucoup. (Chevreul.) La cholestérine, ou substance cristallisée des calculs biliaires humains, est sous la forme d'écaillés blan- ches, brillâmes, inodores, insipides ; elle fond à la tem- pérature de i37°, et cristallise par le refroidissement en lames rayonnées. Distillée , elle fournit un produit huileux qui n'est ni acide ni ammoniacal, tandis que celui que don-^ nent les autres graisses est acide ; elle est insoluble dans Teau. Cent grammes d'alcool bouillant, d'une pesanteur de 0,816, en dissolvent 18; la même quantité d'alcool à 0,840 n'en dissout que 11,24 ; d'où il suit que la majeure partie doit se déposer par le refroidissement de la liqueur. Elle n'est pas altérée par les alcalis et ne jouit pas de la pro- *7^ TROISIÈME PARTIE. priété de se saponifier. Lorsqu'on la traite par Tacide ni- trique, on la transforme en un acide particulier qui vient d'être découvert par MM Caventou et Pelletier, et auquel ils ont donné le nom d'acide choiestérique. Des Acides à radical binaire ou ternaire, contenus dans les animaux, ou produits par l'action de quelques corps sur les substances animales. Ces acides sont: Tacideurique, Tacide rosacique, Tacide amniotique, Tacide butirique,Tacide cholestérique, Tacide hydro-cyanique, Tacide chloro-cyanique , Tacide lactique, et les acides acétique, malique, oxalique et benzoïque. Nous ne parlerons point des quatre derniers , dont les propriétés ont été exposées dans la Chimie végétale. De l'Acide urique. L'acide urique se rencontre dans l'urine de l'homme et des oiseaux, dans un très-grand nombre de calculs uri- naires, et dans les calculs arthritiques; il constitue toute la partie blanche des excrémens des oiseaux. 857. Il est blanc, insipide, inodore, dur ; il cristallise sous forme de paillettes; il rougit à peine Yinfusum de tournesol; il est plus pesant que Teau ; chauffé dans des vaisseaux fer- més , il se décompose à la manière des substances azotées , et fournit, entre autres produits, une substance analogue à l'urée, qui , suivant Schéele, se rapproche de Tacide suc- cinique, et, suivant Pearson , de Tacide benzoïque; il est inaltérable à Tair. L'eau bouillante dissout j^ de son poids de cet acide, tandis qu'elle n'en dissout que -^-^ à la température de i5° à 160. 11 est insoluble dans Talcool. L'acide nitrique concentré le dissout très-bien; cette dissolution, rapprochée par Tévaporation, acquiert une DE L'ACIDE ROSÀCIQUK. 277 couleur rouge violette, d'autant plus intense que Taction du feu a été poussée plus loin. Lorsque le mélange est évaporé jusqu'à siccité, il s'enflamme , phénomène dont l'explication est fort simple, en réfléchissant à Taction que Tacide nitrique a dû exercer sur les élémens de Tacide urique , et dont le résultat a été la formation d'eau, de gaz acide carbonique, d'acide hydro-cyanique (prussique), d'azote, de gaz oxide d'azote et de nitrate d'ammoniaque, sel qui ne partage avec aucun autre la propriété de s'en- flammer. Si Ton fait arriver du chlore gazeux dans de Teau au fond de laquelle on a mis de Tacide urique pulvérulent, celui-ci est décomposé, et il se forme sur-le-champ de l'hydro- chlorate et de l'oxalate acide d'ammoniaque, de Tacide malique, de Tacide carbonique et de Teau. L'acide urique ne produit des sels solubles qu'avec les bases solubles elles-mêmes, et encore faut-il que ces bases soient en excès ; les urates résultans sont décomposés par Tacide hydro-chlorique et par presque tous les acides, qui s'emparent de la base et précipitent Tacide urique. L'urate d'ammoniaque estdécomposé parla potasse ou par lasoude ; il se dégage de l'ammoniaque et il se forme des urates de potasse ou de soude. Lucide urique est sans usages ; il a été découvert en 1776 par Schéele, qui lui donna le nom dHacide lithique, parce qu'il croyait que tous les calculs urinaires étaient formés par lui. M. Gay-Lussac a prouvé, en 1815, que, dans Tacide urique, le carbone est à Tazote dans le rapport de 2 à 1 , comme dans le cyanogène. (Voy. page 283 de ce voL) De l'Aeide rosacique. 858. L'acide rosacîque se dépose de l'urine dès individu» atteints de la goutte, de fièvres intermittentes et de fièvres nerveuses. Suivant M. Proust, qui Ta découvert, il existe 27^ TB QI SU ME PARTIE. même dans Turine de l'homme sain. Il est solide, d'une couleur rouge de cinnabre, sans odeur et presque sans sa- veur.; il rougit Yinfusum de tournesol. Voici les caractères assignés à cet acide par M. Vauquelin : distillé, il se com- porte Comme les matières organiques ne contenant pas d'azote; il est déliquescent, très-soluble dans Teau et dans Talcool; il forme avec les six alcalis des sels solubles; il précipite en rose l'acétate de plomb ; il peut se combiner intimement avec Tacide urique et former un composé très- peu soluble dans Teau: aussi le dépôt rouge que Ton ob- serve dans les maladies dont nous avons parlé est-il com- posé de ces: deu'x acides. M. Vogel, qui a eu occasion d'examiner, depuis* une asSez grande quantité d'acide ro- sàciquè, le caractérise par les propriétés suivantes : i° Ta- cide sulfurique concentré le convertit en une poudre d'un rouge foncé, le dissout et le transforme peu à peu en une poudre blanche, insoluble dans Teau et semblable à Tacide urique. 20. L'acide sulfureux lui communique aussi une teinte rouge dont l'intensité augmente par degrés et qui est inaltérable. 3°. L'acide nitrique le fait également passer à l'état d'acide urique. 4°»- Si on le délaye dans le solutum de nitrate d'argent, il acquiert au bout de quelques heures une couleur brune fauve qui finit par passer au vert bou- teille. L'acide rosacique est sans usages i De l'Acide amniotique. 859. Cet acide a été trouvé dans les eaux de Tamnios de la vache , par MM. Vauquelin et Buniva ; les eaux de Tam- nios de la femme n'en contiennent point; on ignore s'il fait partie de celles de quelques autres animaux. Il est solide, incolore, brillant, d'une saveur légèrement aigre et ino- dore; il rougit Yinfusum de tournesol. Chauffé, il se bour- souffle, se décompose et fournit des produits analogues à DE L'ACIDE FORMIQUE. 279 ceux que donnent les matières organiques azotées» Il est inaltérable à Tair, peu soluble dans Teau froide et dans Talcool, très-soluble dans ces liquides bouillans : aussi se dépose-t-il en grande partie sous la forme de longues ai- guilles à mesure que ces dissolutions se refroidissent; il s'unit à tous les alcalis, avec lesquels il forme des sels solubles ; ces sels sont décomposés par tous les acides un peu forts, qui s'emparent de l'alcali et précipitent Tacide amniotique sous la forme d'une poudre blanche cristalline. Il ne décompose les carbonates alcalins qu'à Taide dé la chaleur. Il ne précipite point les dissolutions nitriques d'argent, de plomb et de mercure ; il est sans usages. De l'Acide formique. 860. L'acide formique, admis et rejeté tour-à-tour par les chimistes, parait être un acide particulier, d'après les ex- périences de Gehlen; il existe dans les fourmis; il est liquide, même au-dessous de zéro; il a une odeur aigre et piquante; sa pesanteur spécifique, comparée à celle de Teau, est de 1,1168 à la température de i6° Réaumur. Distillé avec son poids d'alcool, il présente les mêmes phénomènes que Tacide acétique, excepté qu'il se mani- feste une odeur très-prononcée de noyaux de pêche ; le liquide obtenu dans le récipient a une odeur agréable, forte, analogue à celle de ces noyaux, et une saveur sem- blable , avec un arrière-goût de fourmis. L'acide formique donne avec la baryte urr sel en cristaux transparens, de Téclat du diamant, inaltérable à Tair et soluble dans quatre parties d'eau. Il s'unit au deutoxide de cuivre, avec lequel il forme un sel cristallisable en prismes hexaèdres, d'un beau bleu verdâtre, qui deviennent d'un blanc bleuâtre par la trituration. Leformiatede cuivre, soumis à Taction de là chaleur, se fond dans son eau de cristallisation * se dessèche 280 TnOISIÈME PARTIE. et passe au bleu ; si on continue à le chauffer, il fournit un liquide aqueux, faiblement acide, d'une odeur piquante, qui ne contient pas d'huile empyreumatique; il se dégage du gaz acide carbonique et du gaz hydrogène carboné, et il reste dans la cornue du cuivre métallique sans un atome de charbon. L'eau dissout un tiers de plus de formiate que d'acétate de cuivre. L'alcool n'en prend que j~s ? tandis qu'il dissout 73 d'acétate de cuivre. Ces caractères suffisent pour établir une différence entre Tacide formique et Tacide acétique avec lequel on avait voulu le confondre. L'acide formique est sans usages. De ïdcide lactique. 851. L'acide lactique a été découvert par Schéele dans le peiit-lait aigri; suivant M. Berzelius, il existe aussi dans tous les fluides animaux et dans la chair musculaire ; il y est lantôt libre, tantôt combiné avec un alcali. Il est sous la forme sirupeuse ou d'extrait, incristallisable et peusapide; il rougit Yinfusum de tournesol. Distillé, il donne les mêmes produits que les acides végétaux. ( Voyez § 571. ) 11 est soluble dans Teau et dans Talcool. La potasse, la soude, l'ammoniaque, la baryte, la chaux, la magnésie, l'alumine et le protoxide de plomb forment avec lui des sels déliquescens ; le zinc et le fer, mis dans cet acide étendu d'eau , décomposent celle-ci, s'oxident et se transforment en lactates solubles, et l'hydrogène de Teau se dégagea Tétat de gaz. Le bismuth, le cobalt, l'antimoine, Tétain, le mercure, l'argent et l'or sont sans action sur lui. M. The- nard remarque, avec raison, que Tacide nancéique de M. Braconnot a beaucoup de rapport avec cet acide. v. foy- S 636. ) Plusieurs chimistes le regardent comme de Tacide acétique uni à une matière organique. L'acide lac- tique est sans usages. DES ACIDES EUTIHIQUE ET SÉBACIQUE. a8l De l'Acide butirique. 862. M. Chevreul, en faisant l'analyse du beurre, a dé- couvert un principe odorant très-remarquable, auquel il a donné le nom d'acide butirique. Nous regrettons que le tra- vail de ce savant chimiste sur cet objet n'ait pas encore été publié en entier, pour pouvoir faire Thistoire complète de ce corps ; en attendant, nous allons faire connaître quel- ques-unes de ses propriétés. L'acide butirique rougit Vin- fusum de tournesol; il forme avec l'eau un hydrate qui, à l'exception de l'acidité, jouit de tous les caractères physi- ques des huiles volatiles. A la température de 120 , il donne avec Talcool un composé élhéré qui a l'odeur de pommes de reinette. 11 forme avec la potasse, la chaux, la baryte, la strontiane, les oxides de cuivre, de plomb , etc., des sels bien caractérisés, qui ont une odeur forte de beurre frais. Le buîiratc de potasse concentré peut s'unir avec un excès de son acide sans rougir Yinfusum de tournesol ; mais si on ajoute de Teau à cette combinaison, Tacide en excès est mis en liberté et rougit cette infusion, phénomène ana- logue à celui que M. Meyrac a observé depuis dans les borates. ( Voyez t. L pag. 278.) Le butirate de baryte dis- tillé fournit à-peu-près autant d'acide carbonique qu'il en faudrait pour saturer la baryte qu'il renferme, et un liquide que M. Chevreul nomme pyro - butirique. ( Lettre de M. Chevreul aux rédacteurs du journal de Pharmacie. ) De l'Acide sébacique. 863. L'acide sébacique n'existe pas dans la nature; il est le pi os., jt Je la distillation des graisses. Il fut décrit d'abord par GrvutZnacher, Crell, etc.; mais M. Thenard prouva> en 1801, "aUCl'aide auquel ces savans avaient donné ce 10m n'était t^ue 4e Tacide acétique, de Tacide hydro- ^82 TROISIÈME PARTIE. chloriqûe, ou delà graisse gazéifiée et altérée, et il parvint à l'obtenir pur. Voici quelles sont ses propriétés : il cris- tallise en petites aiguilles incolores, peu consistantes , ino- dores, douées d'une saveur acidulé , légèrement amère, plus pesantes que Teau , et rougissant Yinfusum de tour- nesol. Chauffé, il se fond comme le suif, se décompose et se vaporise en partie; il est inaltérable à Tair; il est peu soluble dans Teau froide ; ce liquide bouillant en dissout les o,25 de son poids : aussi se dépose-t-il sous la forme d'aiguilles ou de lames brillantes à mesure que la disso- lution se refroidit. Il est très-soluble dans Talcool à toutes les températures; les huiles fixes et volatiles le dissolvent également. Il s'unit à la potasse, à la soude et à l'ammo- niaque, et forme des sels solubles et décomposables par les acides nitrique, sulfurique ou hydro-chlorique : en effet, ces acides se combinent avec l'alcali et précipitent Tacide sébacique. 11 ne trouble point les eaux de chaux, de baryte ou de strontiane. Il précipite en blanc les acétates.4e plomb et de mercure, ainsi que les nitrates de ces bases et celui d'argent. H est sans usages. De l'Acide choiestèrique. 864. MM. J. Pelletier et J.-B. Caventou viennent de dé- couvrir cet acide en traitant la cholestérine par Tacide ni- trique. ( Voyez pag. 276 de ce vol. ) L'acide cholestérique est d'un blanc jaunâtre lorsqu'il est cristallisé, et d'une couleur beaucoup plus foncée quand il a été fondu ; il a une odeur analogue à celle du beurre; sa saveur est faible et légèrement styptique ; il rougit Yinfusum de tournesol ;sa pesanteur spécifique est plus grande que celle de Tal^ol et moindre que celle de Teau. H est fusible à 58° thermomètre centigr?^. Pistil lé, i) se décompose à la manière des substance vêpres qui j& DES CHOLESTÉRATES ET DU CYANOGÈNE. *83 contiennent pas d'azote. ( Voyez § 5^i. ) Il est assez soluble dans Teau pour que ce liquide rougisse Yinfusum de tournesol; Talcool bouillant le dissout en toutes propor- tions; il est moins soluble dans ce liquide froid. Les acides ont peu d'action sur lui ; Tacide sulfurique concentré le fait passer d'abord au rouge foncé et finit par le charbonner; Tacide nitrique le dissout à toutes les températures. Aucun des acides végétaux ne peut le dissoudre; il n'en est pas de même des éihers sulfurique et acétique, qui le dissolvent en toutes proportions. Il est sans action sur les huiles fixes, tandis qu'il est rapidement dissous par les huiles volatiles, même à froid. L'acide cholestérique forme avec les oxides métalliques des sels auxquels on donne le nom de cho- lestérates. Il est san$ usages. Des Cholestérates, 865. Ils sont tous colorés. Ceux qui sont formés par les alcalis sont déliquescens et très-solubles dans Teau; ceux qui sont fournis par les oxides des quatre dernières classes sont insolubles ou peu solubles. Excepté Tacide carbo- nique , presque tous les autres acides végétaux et minéraux décomposent ces sels. Les cholestérates de potasse, de soude et d'ammoniaque précipitent toutes les dissolutions métalliques des quatre dernières classes; les précipités sont diversement colorés, suivant la nature et le degré d'oxidation du métal. En général les couleurs sont plus brillantes lorsque les précipités sont encore humides. Du Cyanogène. Avant de parler"de Tacide hydro-cyahique (prussique), nous croyons devoir faire l'histoire du cyanogène, sub- stance gazeuse découverte par j\I. Gay-Lussac, composée de deux volumes de vapeur de carbone et d'un volume de gaz 284 TROISIÈME PARTIE. azote. Le cyanogène , combiné avec l'hydrogène, constitue Tacide hydro-cyanique. 866. Le cyanogène est un produit de l'art; il est sous la forme d'un fluide élastique , permanent, d'une odeur très- vive et pénétrante, et d'une saveur très-piquante ; sa pe- santeur spécifique est de 1,8064. M rougit Yinfusum de tournesol; mais en faisant chauffer la dissolution, le gaz se dégage mêlé avec un peu d'acide carbonique, et la couleur bleue reparaît. Il peut être soumis à Taction d'une tr; s-haute tempéra- ture sans se décomposer; mais si, étant exposé à Tair , on le met en contact avec un corps en ignition, il absorbe l'oxigène et produit une flamme de couleur bleuâtre mêlée c!e pourpre. Le phosphore, le soufre et l'iode, à la tempé- rature produite par la lampe,à Tesprit-de-vin, peuvent être volatilisés dans ce gaz sans agir sur lui ; le gaz hydro- gène ne Yaltère pas non plus à ce degré de chaleur. L'eau, à la température de 20° r agitée pendant quelques minutes avec le cyanogène, en dissout quatre fois et demie son volume; l'alcool pur en prend vingt-trois fois son volume; l'éther sulfurique et l'huile de térébenthine en dis- solvent au moins autant que Teau. Lorsqu'on met ensemble du gaz acide hydro-sulfurique et du cyanogène gazeux, on obtient une substance jaune, en aiguilles très-fines, entre- lacées , soluble dans Teau, composée d'un volume de cya- nogène et d'un volume et demi d'acide hydro-sulfurique,, et qui ne précipite pas le nitrate de plomb, comme le fait Tacide hydro-sulfurique seul. Cette combinaison s'opère lentement. Cyanures métalliques. ■ 867. L'action du potassium sur le cyanogène à froid est ex- cessivement lente ; mais si on chauffeavec la lampe à esprit- e-vin, le potassium devient incandescent et absorbe ui* DES CYANLRES MÉTALLIQUES. 285 volume de cyanogène égal à celui de l'hydrogène qu'il dé- gagerait de Teau. Le cyanure de potassium obtenu est jaunâtre et doué d'une saveur très-alcaline; mis dans l'eau, il se dissout sans effervescence, décompose le liquide et passe à l'état d'hydro - cyanate de potasse ; d'où1 il suit que l'hydrogène de Teau se porte sur le cyanogène pour former de Tacide hydro-cyanique, tandis que l'oxigène s'unit au potassium , qu'il transforme en potasse. 868. Cyanure de mercure (prussiate de mercure). Suivant M. Gay-Lussac, le sel qui a été décrit sous le nom de prussiate de deutoxide de mercure n'est autre chose que du cyanogène et du mercure. Lorsqu'il est neutre, il cris- tallise en longs prismes quadrangulaires, coupés oblique- ment; si on le fait bouillir avec du deutoxide de mercure, il devient très-alcalin et cristallise en très-petites houppes ( M. Proust ) ; il a alors une saveur styptique très-désa- gréable; il excite fortement la salivation; il est inodore et beaucoup plus pesant que Teau. M. Gay-Lussac le regarde dans cet état comme formé de cyanogène et d'oxide de mercure. Le cyanure de mercure neutre et parfaitement sec , soumis à Taction d'une chaleur modérée, noircit, se fond comme une matière animale, et se décompose en partie ; il se dégage du cyanogène pur ; il se volatilise du mercure avec une assez grande quanlité de cyanure, et il reste un charbon aussi léger que du noir de fumée. Si le cyanure est humide et neutre, il fournit, en se décom- posant , de Tacide carbonique, de l'ammoniaque et beau- coup de vapeur hydro-cyanique; d'où il suit que Teau a été décomposée. Si au lieu d'agir sur le cyanure neutre , on distille le cyanure alcalin et humide , on obtient les mêmes produits, et en outre de Tazote, et un liquide brun regardé par M. Proust (qui fit le premier cette expérience) comme de Thuile. Suivant M. Gay-Lussac, ce liquide n'est pas huileux. 286 TROISIÈME PARTIE. 869. Le cyanure de mercure est décompose par Tacid'- livdro-chlorique , qui se décompose également; le cyano- gène du premier forme, avec l'hydrogène de cet acide, du gaz acide hydio-cyanique, tandis que le chlore reste uni avec le mercure. Les acides nitrique et Milfurique fai- bles n'agissent sur le cyanure de mercure qu'en le dis- solvant; Tacide sulfurique concentré est décomposé par lui ; il cède une portion de son oxigène au mercure , détruit le evanogène , et Ton obtient, entre autres produits , du gaz acide sulfureux et du sulfate de mercure. L'acide hydro- sulfurique le décompose en se décomposant ; son hydrogène transforme le evanogène en acide hydro-cyanique, tandis que le soufre s'unit au mercure. La potasse ne décompose point le cyanure de mercure; elle se borne à le dissoudre à Taide de la chaleur. Il parait qu'il en est de même des autres bases salifiables. 870. L'eau dissout facilement ce produit, surtout lorsqu'il est avec excès d'oxide ; la plupart des sels sont sans action sur cette dissolution. Si on la mêle avec de la limaille de fer décapée et de Tacide sulfurique faible, on remarque des phénomènes curieux; le fer s'oxide aux dé- pens de l'oxigène de Teau, et se dissout dans Tacide sulfu- rique; l'hydrogène provenant de la décomposition de Teau s'unit au cyanogène du cyanure pour former de Tacide hydro-cyanique, et le mercure se précipite; en sorte que la liqueur renferme de Tacide hydro-cyanique et du proto- sulfate de fer' en dissolution. C'est eu distillant cette li- queur que Schéele obtint, pour la première fois, Tacide hydro-cyanique liquide, peu concentré. Le cyanure de mercure ne se trouve pas dans la nature ; il est formé, suivant M. Gay-Lussac, de 79,9de mercure et de 20,1 de cyanogène ; ce résultat s'accorde parfaitement avec celui qu'avait obtenu précédemment M. Porrett, qui regar- dait ce produit comme formé d'acide prussique et d'oxide de DES CYANURES ALCALINS. 287 mercure. Il est employé à la préparation du cyanogène et de l'acide hydro-cyanique. On s'en sert aussi quelquefois dans les maladies syphilitiques; mais il est très-vénéneux. Schéele, M. Proust, M. Porrett et M. Gay-Lussac nous ont fait connaître tout ce que nous savons sur ce cyanure. 871. Cyanure d'argent. Soumis à Taction d'une douce chaleur, il laisse dégager du cyanogène; il se fond en un liquide rouge brun , qui devient solide, et acquiert une couleur grisâtre en se refroidissant; dans cet état, il est regardé par M. Gay-Lussac comme un sous-cyanure, in- décomposable par la chaleur dans des vaisseaux fermés ; mais qui donne de l'argent si on le chauffe avec le contact de Tair. M. Gay-Lussac pense que Ton peut obtenir des cyanures avec tous les métaux peu oxidables; mais il élève des doutes sur la possibilité d'en obtenir avec les métaux qui s'oxident facilement. Le cuivre, l'or, le platine n'exercent aucune action sur le cyanogène ; le fer, à la température d'un rouge presque blanc, le décompose en partie ; il se recouvre d'un charbon très-léger et devient cassant ; la portion de cyanogène échappée à la décomposition est mêlée d'azote. Cyanures alcalins. 872. Le cyanogène est rapidement absorbé par une dis- solution de potasse, de soude, de baryte, ou de strontiane caustique etpure. Ces produits ont une couleur jaune citrin si les alcalis ne sont pas saturés de gaz; ils acquièrent au contraire une couleur brune et comme charbonnée si les bases sont saturées. Ils doivent être regardés comme composés de cyanogène et d'alcali ; si on les met en con- tact avec un acide il y a effervescence, Teau et le cyano- gène sont décomposés, et Ton obtient du gaz acide carbo- nique, de Tacide hydro-cyanique et de l'ammoniaque. ÏH88 TROISIÈME PARTIE. Théorie.On se rappelle sans doute que Teau est composée de deux volumes de gaz hydrogène et d'un volume de gaz oxigène; le cyanogène, d'après les belles expériences de M, Gay-Lussac, est formé de deux volumes de vapeur de carbone et d'un volume de gaz azote : ces deux corps peu- vent donc être représentés , savoir, le cyanogène par i vol. de vap. de carbone -f- i vol de vap. de carb. -f- 7 vol. d'azote. -+- 7 vol. d'azote. et Teau par- « 1 vol. d'oxigène -f. 7 vol. d'hydrogène -f- 1 vol. 7 d'hydrog. Acide carbonique , AciHe hydro-cynni- Ammoniaque , 1 vo- I volume. que, 1 volume. lume. On voit, à Taide de ce tableau, 1 ° qu'un volume de va- peur de carbone du cyanogène s'unit au volume d'oxigène qui fait partie de Teau et forme un volume de gaz acide car- bonique (1); 20 que l'autre volume de vapeur de carbone du cyanogène se combine avec un demi-volume de Tazote contenu dans le cyanogène, plus avec un demi-volume de l'hydrogène de Teau, et donne naissance à un volume de vapeur hydro-cyanique (2); 3° que l'autre demi-volume de gaz azote appartenant au cyanogène décomposé, pro- duit avec l'autre volume et demi d'hydrogène provenant de la décomposition de Teau, un volume de gaz ammoniac (3). Le gaz ammoniac et le cyanogène agissent l'un sur (1 ) Nous avons dit ( pag. 74 du t. ier) , que lorsque le gaz oxigène transforme le carbone en acide carbonique, son vo- lume reste le même. (2) En effet, un volume de vapeur hydro-cyanique est formé par un volume de -vapeur de carbone, -f- l volume d'azote , -L-i volume d'hydrogène. (3) Ud vo'ume de gaz ammoniac est effectivement composé d'un volume et £ de gaz hydrogène , et de i volume d'azote. DE l'aCIUE HYDRO-CYANIQUE. 280 l'autre au moment où on les mêle ; mais leur réaction n'est complète qu'au bout de plusieurs heures; il se forme d'abord une vapeur blanche épaisse qui disparaît prompte- ment ; le volume diminue considérablement, et il se produit une matière brune solide, composée d'un volume de cya- nogène et d'un volume et demi de gaz ammoniac ; cettè^ matière esta peine s®luble dans Teau, qu'elle colore pour- tant en orangé brun foncé. Le cyanogène est sans usages. De l'Acide hydro-cyanique (prussique). L'acide hydro-cyanique a été ainsi nommé par M. Gay- Lussac , qui Ta trouvé formé en poids de 3,90 d'hydrogène et de 96,10 de cyanogène (dans lequel il y a 44^9 de car- bone et 51,71 d'azote : ces proportions sont représentées par un volume de vapeur de carbone , demi-volume d'hy- drogène et demi-volume d'azote). Cet acide a été trouvé dans l'écorce du merisier à grappes (prunys padus) , dans le laurier-cerise , les fleurs de pêcher, etc. 873. Il est liquide , incolore, doué d'une odeur forte et d'une saveur d'abord fraîche puis brûlante ; sa pesanteur spé- cifique, à 70 thermomètre centigrade, est de 0,7068 ; elle est de 0,6969 à 180 du même thermomètre ; il rougit faible- ment Yinfusum de tournesol; il entre en ébullitionà 26°,5 thermomètre centigrade ; la densité de sa vapeur est de 0,9476; il se congèle à environ i5°—o° ; il est alors cris- tallisé sous la forme de fibres, à-peu-près comme le nitrate d'ammoniaque. On peut opérer cette solidification , à la température de 20°-L-o th. centigrade , en mettant sur une carte un peu de cet acide liquide : en effet, une portion d'acide se réduit en vapeur, absorbe du calorique à l'autre portion, dont la température finit par s'abaisser assez pour que la congélation ait lieu. ( Voyez les expériences de M. Leslie sur la Solidification de Teau , t. 1e1, pag. 28. ) 874- Si on fait passer Tacide hydro-cyanique à travers 29O TROISIÈME PARTIE. un tube de porcelaine incandescent, on obtient une lé- gère couche de charbon, du gaz hydrogène, un peu d'a- zote et de cyanogène, mêlés avec une assez grande quan- tité d'acide hydro-cyanique échappé à la décomposition. Si, au lieu d'agir ainsi, on fait passer 2 grammes de vapeur du même acide à travers o»r,8o6 de fil de clavecin roulé en un cylindre très-court et rougi dans un tube de porcelaine, on obtient un gaz composé de volumes égaux d'hydrogène et d'azote ; une portion de carbone se dépose sur le fer, l'autre portion se combine avec ce métal et le rend très- aigre ; du reste, le fer n'est pas oxidé. Le cuivre et l'arsenic n'ont aucune action sur lui. Si on fait l'expérience en substituant au fil de fer du deutoxide de cuivre, Tacide et l'oxide sont décomposés ; l'hydrogène et le carbone du premier se combinent avec l'oxigène de l'oxide pour for- mer de Teau et du gaz acide carbonique ; Tazote de Tacide est mis à nu et se dégage, tandis que le cuivre métallique reste dans le tube : on obtient dans cette expérience 2 par- ties d'acide carbonique en volume et une partie de gaz azote. Si on fait chauffer de la vapeur d'acide hydro-cya- nique avec du potassium, Tacide est décomposé ; il se dégage un volume de gaz hydrogène, qui est exactement la moitié de celui de la vapeur acide employée, et il reste un composé de cyanogène et de potassium ( cyanure ). Lorsqu'on soumet à Taction du fluide électrique, dans Teu- diomètre de Volta, un mélange fait avec une partie de va- peur d'acide hydro-cyanique et une partie et demie d'oxi- gène en volume, Tacide est décomposé avec dégagement de calorique et de lumière; le carbone et l'hydrogène s'u- nissent à l'oxigène pour former de Teau, et Tazote est mis à nu. C'est à Taide de ces diverses expériences que M. Gay- Lussac a établi le premier la véritable composition de Ta- ^cide dont nous parlons. 876. L'acide hydro-cyanique liquide, soumis à Taction DE L'ACIDE HYDRO-CYAÎTIQUE. 201 de la pile de Volta, se décompose ; l'hydrogène , attiré par le pôle résineux ou négatif, se dégage à l'état de gaz, tandis que le cyanogène, mis à nu près du fil vitré ou positif, reste en dissolution dans Tacide non décomposé. 876. L'acide hydro-cyanique , conservé dans des vases bien fermés et privés d'air , se décompose quelquefois en moins d'une heure ; d'autres fois il se conserve sans alté- ration pendant douze à quinze jours ; cette décomposition est toujours partielle ; Tacide décomposé se transforme en charbon plus ou moins azoté qui donne au liquide un as- pect noirâtre , et en ammoniaque qui se combine avec Tacide non altéré. 877. Le phosphore et l'iode peuvent être volatilisés dans la vapeur hydro-cyanique sans lui faire subir aucune alté- ration. Le soufre, au contraire , se combine avec elle, et donne naissance à un produit solide composé de soufre et d'acide hydro-cyanique. * 878. Le chlore décompose cet acide , s'empare de son hydrogène pour former de Tacide hydro-chlorique, tandis que le cyanogène ouses élément, le carbone et Tazote, s'unis- sent à une autre portion de chlore, et constituent un acide particulierdécrit pour la première fois parM.Berihollet sous le nom d'acide pr*ussique oxigéné, et que M. Gay-Lussac a appelé acide chloro-cyanique : en effet, il est composé d'un volume de carbone, d'un demi-volume d'azote et d'un demi- volume de chlore. ÎNous exposerons ses propriétés après avoir fait Thistoire de Tacide hydro-cyanique. 879. La baryte, lapotasse, et tous les oxides dans lesquels Toxigène est fortement retenu par le métal, mis en contact à une température ronge avec Tacide hydro-cyanique, le décomposent, s'emparent du cyanogène , passent à l'état de cyanure, etc., et laissent dégager le gaz hydrogène* 880. L'action de cet acide sur les oxides dans lesquels Toxigène est faiblement retenu varie singulièrement. Le 292 TROISIÈME PARTIE. peroxide de mercure, mis en contact à la température ordi- naire avec Tacide hydro-cyanique, cède tout Toxigène à son hydrogène pour former de Teau , et le mercure s'unit au cyanogène, avec lequel il forme du cyanure, que Ton a ap- pelé jusqu'à présent prussiate de mercure. On observe les mêmes phénomènes si, au lieu de faire réagir ces deux corps à froid, on fait chauffer de la vapeur d'acide hydro- cyanique avec le peroxide de mercure ; mais Taction est tellement vive qu'il pourrait se produire une vive explo- sion si Ton agissait sur des masses un peu considérables. Nous avons établi que Tacide hydro-cyanique est com- plètement décomposé parle peroxide de cuivre à une tem- pérature rouge ; maintenant si on fait réagir ces deux corps à froid , une portion d'acide hydro-cyanique est décompo- sée , son hydrogène s'unit à Toxigène de l'oxide de cuivre, forme de Teau , et le cyanogène est mis à nu. L'acide hydro- cyanicfuepur est un des poissons les plus actifs ; il suffit d'en mettre une goutte ou deux sur la conjonctive pour déter- miner presqu'instantanément la mort des chiens les plus robustes ; il agit en stupéfiant le cerveau. Des Hydro-cyanates simples ( prussiates simples ). Les hydro-cyanates simples sont toujours avec excès de base, lors même que Ton a employé un grand excès d'acide pour les produire : aussi ceux qui sont formés par les alcalis verdissent-ils toujours le sirop de violette. Si après avoir des- séché les hydro-cyanates alcalins, on les soumet à Taction d'une température élevée dans des vaisseaux fermés , ils se transforment en cyanures d'oxides ; d'où il suit que Tacide hydro-cyanique a perdu son hydrogène. Si on les chauffe au contraire avec le contact de Tair ou de Teau, ils se changent en carbonates, phénomène qui prouve que Toxigène de l'un oudeTautre de ces agens forme de Tacide carbonique avec le carbone de Tacide hydro-cyanique , et par consé- DES HYDRO-CYANATES SIMPLES. 2C)3 quent que celui-ci est également décomposé. Les acides les plus faibles leur enlèvent l'oxide, et mettent à nu Tacide hydro-cyanique. Ils ont la propriété de précipiter un très- grand nombre de dissolutions métalliques appartenant aux quatre dernières classes , comme on peut s'en assurer par le tableau suivant. DISSOLUTIONS SALINES. PRÉCIPITÉS FORMÉS par les hydro-cyanates simples. jaune sale. orangé. vert bleuâtre. blanc. idem. idem. blanc jaunâtre. cannelle clair. blanc. idem. jaune. blanc jaunâtre. jaune. blanc. blanc qui passe au jaune. O — Cobalt................ Quelleestla nature de ces précipités? Les chimistes ne sont pas encore d'accord sur ce point. M. Gay-Lussac est porté ig4 TROISIÈME PARTIE. à croire que ceux que Ton obtient avec les dissolutions d'or, d'argent, de mercure et même de fer, que Ton a re- gardés jusqu'à présent comme des prussiates, sont des cya- nures métalliques : dans ce cas il y aurait décomposition de Tacide hydro-cyanique et de l'oxide métallique, comme nous l'avons dit en exposant Taction des hydro-chlorates sur le nitrate d'argent. (Voyez t. Ier , pag. 206). 881. Hydro-cyanate d'ammoniaque. Ce sel est un produit de l'art ; il cristallise en cubes, en petits prismes entrelacés, ou en feuilles de fougère; il est tellement volatil qu'à la température de 220, la tension de sa vapeur esl d'environ 45 centimètres ; en sorte qu'à 36° elle ferait équilibre à la pression de l'atmosphère. Il se décompose et se charbonne avec la plus grande facilité. Il est sans usages. Les autres hydro-cyanates simples ont été fort peu étudiés. Des Hydro-cyanates doubles (prussiates doubles). 882. On a cru, jusque dans ces derniers temps, que les hydro-cyanates simples alcalins jouissaient de la propriété de se combiner avec le deutoxide de fer , et de donner des sels doubles beaucoup plus stables et moins faciles à décom- poser que les hydro-cyanates simples ; on accordait même cette propriété aux hydro-cyanates simples non alcalins et on supposait, par analogie, que l'oxide de fer n'était pas le seul qui fût propre à les transformer en sels doubles. M. Gay-Lussac, dans son beau travail sur Tacide hydro- cyanique, a fait des expériences qui sont loin d'appuyer cette opinion : suivant lui, Thydro-cyanate de potasse simple (le seul qu'il ait examiné ) passe à Tétat d'hydro- cyanate de potasse et d'argent, en dissolvant du cyanure d'aigent; îliydro-cyanate de potasse et de fer est regardé par ce savant comme de Thydro-cyanate de potasse-f-du sous-cyanure de fer, et dans ces circonstances le cyanure de mercure et le sous-cyanure de fer donnent aux hydro~ DE l'hYDRO-CYANATE DE POTASSE ET DE FER. 2û5 cyanates simples la propriété de se saturer complètement d'acide, tandis qu'ils sont toujours alcalins quand ils sont simples. En attendant que des travaux ultérieurs nous per- mettent d'exposer, d'une manière complète , les propriétés de cette nouvelle classe de sels, nous allons faire This- toire de ceux qui sont connus. De VHydro-cyanate neutre de potasse et d'argent. 883. On ne trouve pas ce sel dans la nature ; il cristallise en lames hexagonales , groupées confusément et très-solubles dans Teau; sa dissolution n'est point troublée par l'hydro- chlorate d'ammoniaque , ce qui prouve que l'argent, y est en combinaison intime ; Tacide hydro-chlorique la décom- pose , en dégage Tacide hydro-cyanique , réagit sur l'argent et le précipite à l'état de chlorure ; Tacide hydro-sulfurique y produit un changement analogue. Elle précipite en blanc les sels de fer et de cuivre. De l'Hydro-cyanate neutre dépotasse et de fer (prussiata de potasse ferrugineux ). 884. Ce sel est un produit de l'art ; il est sous la forme de cristaux cubiques ou quadrangulaires, d'un jaune citrin; il est inodore, sapide et plus pesant que Teau. Il est dé- composé par une chaleur rouge, et fournit de Tacide hydro- cyanique , de Tacide carbonique et de l'ammoniaque qui se volatilisent, et de la potasse, du fer et du charbon fixes. Il est inaltérable à Tair et insoluble dans Talcool ; Teau le dissout à toutes les températures, mais beaucoup mieux à chaud qu'à froid ; le solutum n'est décomposé ni par les alcalis, ni par l'acide hydro-sulfurique, ni par les hydro-sulfates , ni par l'infusion de noix de galle; il ne dé- compose point Talun lorsqu'il est neutre ; mais s'il est avec excès d'alcali, il le trouble légèrement et en sépare de Taîu*. 296 T R O r S I F M E PARTIE. mine ; il n'est point décomposé par son ébullition avec le cyanure d'argent; il décompose la plupart des dissolutions métalliques des quatre dernières classes, dans lesquelles il fait naître des précipités d'une couleur variable, comme nous l'avons fait voir dans le tableau de la page 4;6 du tome ier. Quelle est au juste la composition de ces préci- pités ? sont-ils formés par un hydro-cyanate simple ou double, ou par un cyanure simple ou double ? 885. Si on fait bouillir du deutoxide de mercure avec le so/atam d'hydro-cyanate de potasse et de fer, on obtient du cyanure de mercure , du mercuie, du peroxide de fer et de /Teau; d'où il suit qu'il y a décomposition du sel et de l'oxide mercuriel. Théorie. En considérant le sel employé comme de Thydro - cyanate de potasse -f- du sous - cyanure de fer ( M. Gay-Lussac ) , on voit que le mercure s'unit au cyanogène du sous-cyanure de fer et de Tacide hydro-cya- nique ; l'hydrogène de celui-ci s'empare d'une portion d'oxigène de l'oxide mercuriel pour former de Teau , tan- dis que l'autre portion d'oxigène de cet oxide transforme le fer du sous-cyanure en peroxide. Les acides sulfurique, hydro-chlorique, acétique, etc. n'exercent aucune action, à la température ordinaire , sur Thydro-cyanate de potasse et de fer pulvérulent ; mais si on fait bouillir le mélange, il y a décomposition, et Ton obtient du gaz acide hydro-cyanique , et un précipité blanc très- abondant , qui paraît formé de sous-cyanure de fer et d'une portion d'acide hydro-cyanique , phénomènes que Ton ne peut expliquer sans admettre que Tacide employé se borne à enlever la potasse à Thydro-cyanate ; une portion d'acide hydro-cyanique se volatilise, et l'autre est précipitée avec le sous-cyanure de fer. L'hydro-cyanate de potasse et de fer est souvent em- ployé comme réactif. DU BLEU DE PRUSSE. 297 Du Bleu de Prusse. 886. Nous conservons le nom de bleu de Prusse à la sub- stance qui est ainsi connue depuis plusieurs années, parce que les chimistes ne sont pas d'accord sur sa véritable composition: en effet on peut la regarder comme un hydro- cyanate ou comme un cyanure de fer hydraté. Les expé- riences de M. Proust, confirmées par d'autres plus ré- centes faites par M. Gay-Lussac, nous paraissent établir que ce composé, parfaitement pur, ne renferme point de potasse. Le bleu de Prusse est solide, d'un bleu extrêmement foncé , sans saveur , sans odeur, et beaucoup plus pesant que Teau. Distillé, il se décompose , et fournit de Tacide hydro-cyanique, de Tacide carbonique, du sous-carbonate d'ammoniaque, de l'oxide de carbone , de l'hydrogène car- boné , et une très-grande quantité d'un résidu composé de charbon et de fer (M. Proust) (i) ; il ne donne point de cyanogène. Ces deux résultats s'expliquent à merveille dans Tune et l'autre des deux hypothèses admises par les chi- mistes sur la composition de ce bleu. Le bleu de Prusse verdit lentement lorsqu'il est exposé à Tair pendant long-temps ; cette altération est due à Toxi- gène de Tair. On ignore quelle est la nature du corps qui se forme ; mais il est extrêmement probable que ce n'est pas , comme on l'avait cru, du prussiate de fer oxigéné ( chloro- cyanate). (j) Suivant M. Proust, le résidu contient aussi de l'alumine; mais il est évident que l'existence de ce corps dans le bleu de Prusse est accidentelle ; elle dépend de ce que l'on s'est servi, pour l'obtenir, d'un bydro-cyanate de potasse et defer alcalin, qui a précipité une certaine quantité deTalurnine que renferme l'alun avec lequel il a été préparc. 29$ TROISIÈME PARTIE. Le bleu de Prusse est insoluble dans Teau et dans Talcool; il est rapidement décomposé par les dissolutions de potasse ou de soude, qui passent à l'état d'hydro-cyanate.s de potasse et de fer, ou de soude et de fer solubles , et séparent un résidu ochreux regardé par M. Berthollet comme un sous- prussiate de fer, et par M. Proust comme du peroxide de fer, Il est évident qu'on ne saurait expliquer ce fait sans admettre la décomposition de Teau, dans le cas où le bleu de Prusse serait considéré comme un cyanure : le résidu ochreux serait alors une combinaison de peroxide de fer et de bleu de Prusse. L'ammoniaque , la baryte , la stron- tiane, la chaux, la magnésie et le deutoxide de mercure ont également la propriété de décomposer le bleu de Prusse et de le décolorer. Le chlore versé sur ce bleu récemment précipité et mou, le transforme en chloro-cyanate de fer vert (prussiate oxi- géné. Voyez Acide chloro-cyanique.) On emploie le bleu de Prusse pour préparer Tacide hydro- cyanique, les hydro-cyanates, etc. ; pour peindre les papiers et les bâtimens; dans la peinture à Thuile; pour teindre la soie en bleu , etc. Extrait du travail de M. Porrett sur les prussiates triples, et sur les acides formés par l'union de quelques corps avec les élémens de l'acide prussique. l°. Suivant M. Porrett, il existe des acides formés par les élémens de Tacide prussique et l'oxide de fer, ou l'oxide d'argent, ou le soufre, etc. Il appelle ces acides chyazique ferrure, argenture, sulfuré, etc. ; le mot chyazique est for- mé des lettres initiales C, H, A, du carbone, de l'hydro- gène et de Tazote, qui constituent Tacide prussique (hy- dro-cyanique). 20. On ne doit pas admettre de prussiates triples ; les corps que Ton a désignés sous ce nom sont des sels simples : ainsi DE L'ACIDE CHLORO-CYANIQUE. 299 le prussiate triple de potasse et de fer n'est autre chose que la combinaison de Tacide chyazique ferrure avec la potasse; celui de potasse et d'argent résulte de l'union de Tacide chyazique argenture avec la potasse, etc. M. Porrett fonde son opinion sur le fait suivant : lorsqu'on expose à Taction de la pile voltaïque un prussiate triple (par exemple, celui de potasse et de fer), la potasse est attirée par le pôle négatif, tandis que Tacide prussique et l'oxide de fer se portent sur le pôle vitré : or, si l'oxide de fer jouait dans ce prussiate le rôle de base , il aurait été attiré par le pôle né- gatif : cela n'a pas lieu : donc l'oxide noir de fer agit comme un des élémens de Tacide. - 3°. On peut isoler Tacide chyazique ^ferrure du prussiate triple de baryte et de fer dissous dans Teau, en précipitant la baryte par Tacide sulfurique : alors Tacide reste pur dans la dissolution. Il est d une couleur jaune pâle, citrine, inodore, et susceptible de décomposer tous les acétates : en effet, il en dégage Tacide acétique, et forme des prussiates simples avec les bases qui étaient auparavant unies à Tacide acétique. Ces prussiates avaient été appelés triples jusqu'à présent. 4°. L'acide chyazique sulfuré forme avec la potasse un sel déliquescent, soluble dans Talcool;avec la soude, un sel qui cristallise en rhombes ; avec la potasse et le prussiate de mercure, un sel d'un brillant argentin, peu soluble dans Teau froide et très-soluble dans Teau chaude. Il s'unit aussi à plusieurs autres oxides. De l'Acide chloro-cyanique (prussique oxigéné). 887. Cet acide est le produit de l'art ; lorsqu'il est pur, il est liquide à la température et à la pression ordinaires de l'atmosphère ; mais il devient gazeux à cette même tempé- rature si on diminue la pression en le mettant dans le vide. Si Tacide chloro-cyanique est au contraire mêlé avec une certaine quantité de gaz acide carbonique, il est à l'état 300 TROISIÈME PARTIE. gazeux à la température et à la pression atmosphérique ordinaires : c'est sous cet état que nous allons l'examiner. Il est composé , d'après M. Gay-Lussac , d'un demi-volume de chlore, et d'un demi-volume de cyanogène ; il est en outre mêlé à une quantité variable d'acide carbonique. Il est incolore, doué d'une odeur vive très-pénétrante , qui irrite fortement la membrane pituitaire et détermine le larmoiement ; sa pesanteur spécifique est de 2,111 ; il rougit Yinfusum de tournesol. Il n'est pas inflammable , et il ne détonne pas lorsqu'on le mêle avec 2 parties d'oxi- gène ou d'hydrogène , et qu'il est soumis à Taction de l'é- tincelle électrique. Il est soluble dans Teau ; le solutum ne trouble ni le nitrate d'argent ni Teau de baryte. Les alcalis l'absorbent rapidement ; mais il faut les employer en excès pour faire disparaître complètement son odeur. Si on ajoute un acide aux composés d'alcali et de ce gaz, il y a effervescence, dégagement d'acide carbonique, et formation d'ammoniaque et d'acide hydro-chlorique : en effet, Tacide chloro-cyanique et Teau sont déomposés ; une portion de l'hydrogène de Teau s'unit au chlore pour former de Tacide hydro-chlorique ; une autre portion d'hydrogène se com- bine avec Tazote du cyanogène pour donner naissance à de l'ammoniaque , tandis que le carbone du cyanogène se porte sur Toxigène de Teau et produit de Tacide carbonique. Nous avons dit que la solution aqueuse d'acide chloro- cyanique ne précipite pas le nitrate d'argent; cependant, si on la mêle avec de la potasse, puis avec de Tacide nitrique, et qu'on verse du nitrate d'argent dans le mélange, on obtient un précipité de chlorure d'argent (muriate) : ce fait prouve incontestablement l'existence du chlore dans Tacide chloro- cyanique. Lorsqu'on fait chauffer de l'antimoine dans une petite cloche de verre contenant le gaz chloro-cyanique dont nous parlons, le gaz diminue de volume , et tout Tacide chloro- DES MATIÈRES SALINES ET TERREUSES» 3oi cyanique est décomposé : en effet, le chlore s'unit à l'anti- moine , et donne des vapeurs de chlorure (beurre d'anti- moine ) qui cristallisent en se condensant, tandis que le cyanogène reste avec Tacide carbonique qui, comme nous l'avons dit, se trouve mêlé au gaz chloro-cyanique. L'ac- tion du potassium sur cet acide est analogue à celle que ce métal exerce sur le cyanogène. 888. L'acide chloro-cyanique précipite les dis solutions d© protoxide de fer en vert ; ce précipité devient d'un très-beau bleu par l'addition de Tacide sulfureux , d'un sulfite , d'un nitrite , etc. ; on obtient encore ce précipité vert en ajoutant à Tacide chloro-cyanique le sel de fer au minimum, plus de la potasse , et un peu d'un acide quelconque. Si, au contraire, on mêle la potasse avec Tacide chloro-cyanique avant d'avoir ajouté le sel de fer, on n'obtient pas de précipité vert. Quelle est la nature de ce précipité ? Avant la découverte du cya- nogène , on le regardait comme du prussiate oxigéné de fer ; maintenant il peut être considéré comme une combi- naison de sous-cyanure de fer et d'acide chloro-cyanique, si toutefois le bleu de Prusse est du sous-cyanure de fer..... L'acide chloro-cyanique a été découvert par M. Berthollet, et étudié dans ces derniers temps par M. Gay-Lussac ; il est sans usages. SECTION II, Des Matières salines et terreuses que Ton trouve dans les diverses parties des animaux. 889. Ces matières sont les sous-phosphates de chaux, de magnésie, de soude et d'ammoniaque; les sous-carbonates de soude, de potasse, de chaux et de magnésie ; les sulfates et hydro-chlorates de potasse et de soude, les benzoates de soude et de potasse, l'acétate de potasse, l'oxalate de chaux, Turated'ammoniaque, lelactatede soude (Berzelius), les 3o2 TROISIÈME PARTIE. oxides de fer et de manganèse , la silice , et, suivant quel- ques chimistes, le phtorure de calcium (fluate de chaux ). La plupart des chimistes pensent que ces matières se trouvent toutes formées dans les fluides ou dans les solides animaux. M. Berzelius croit au contraire que quelques- unes d'entre elles n'y existent pas, et qu'elles se forment, pendant que Ton cherche à les obtenir, par la décomposi- tion de la matière animale ; en sorte que, suivant ce chi- miste , les fluides et les solides animaux, dans ce cas par- ticulier , ne contiendraient que les élémens de certains pro- duits inorganiques que Ton en retire. CHAPITRE III. Dès différentes parties fluides ou solides composant les animaux. Lorsqu'on examine attentivement les diverses fonctions de l'économie animale , on est obligé d'admettre que les alimens se transforment en chyle et en excrémens dans le Canal intestinal; que le chyle est absorbé, versé dans la veine sous-clavière gauche et changé en sang; enfin , que toutes les autres parties des animaux se forment aux dépens du sang. Ces notions nous tracent l'ordre que nous avons à suivre dans Thistoire des matières animales composées. SECTION PREMIÈRE. De la Digestion et de ses produits immédiats. Les alimens, après avoir été broyés dans la bouche, se mêlent avec la salive et avec le mucus renfermé dans cette cavité, et arrivent dans Testomac, où ils se transformenten unematière molle comme de la bouillie, connue sous le nom de chyme; celui-ci, au bout d'un certain temps, passe dans les intestins grêles, et se change en chyle et en excrémens. DU CHYME. 3o3 en vertu d'une force qui nous est inconnue, et de Taction qu'exercent sur lui la bile, les sucs pancréatique et gas- trique. ( Voyez les ouvrages de Physiologie. ) Du Chyme. 890. M. Marcet fit, en 1813, l'analyse du chyme d'une poule d'Inde qui avait été nourrie seulement avec, des vé- gétaux, et il conclut de ses expériences, i° que le chyme n'était ni acide ni alcalin, et qu'il était presque entièrement dissous par Tacide acétique ; 20 qu'il contenait de Talbu- mine , du fer, de la chaux et un hydro-chlorate alcalin : la présence de Talbumine dans le chyme est d'autant plus surprenante qu'elle n'existait point dans les matières avec lesquelles on avait nourri l'animal ; 3° qu'il ne renfermait pas de gélatine; 4° qu'il donnait quatre fois plus de char- bon que le chyle retiré d'un chien que Ton avait nourri avec des substances végétales ; 5°. que le chyme qui pro- vient d'une nourriture végétale donne plus de matière ani- male solide que tout autre fluide animal, tandis qu'il paraît contenir au contraire moins de substances salines. Mille parties de ce chyme fournirent 12 parties de charbon et 200 parties de matière solide, dans lesquelles il y avait 6 parties de sels. M. Emmert avait annoncé, en 1807, que la partie fluide des alimens digérés dans l'estomac des herbivores et des carnivores renfermait, entre autres produits, beaucoup de gélatine, un acide fixe qu'il croyait être Tacide phospho- rique, et du protoxide de fer. Suivant TVerner, le chyme de ces animaux renferme un acide fixe sécrété par la mem- brane muqueuse de l'estomac ; il ne se coagule point comme le chyle. ( Tubingue, 1800.1 Il suit de ce court exposé que Thistoire chimique du chyme est extrêmement imparfaite, parce qu'il a été ra- rement analysé ; il est probable que sa nature varie dans 3o4 TROISIÈME PARTIE. les différentes espèces d'animaux, et même dans les diffé- rens individus de la même espèce : du moins reniarque-t-on que sa couleur, sa consistance et son aspect diffèrent sui- vant les espèces d'alimens ingérés. Du Chyle. 891. Le chyle de Thommen'a jamais été analysé. M. Vau- quelin a trouvé dans celui de cheval, i° de la fibrine, ou du moins une matière albumineuse ayant beaucoup d'a- nalogie avec la fibrine, une substance grasse qui donne au chyle l'apparence du lait, de la potasse, de l'hydro- chlorate de potasse, du phosphate de fer-blanc et du phos- phate de chaux. D'après ce chimiste, la composition du chyle varie suivant qu'il est pris dans telle ou dans telle autre partie : ainsi la matière fibreuse est d'autant plus par- faite que le chyle est plus près de son mélange avec le sang. M. Dupuytren avait déjà obtenu, en analysant le chyle de chien, des résultats analogues à ceux dont nous venons de parler. 892. Propriétés du Chyle ( 1 ). M. Marcet a publié, en 1815, un travail sur le chyle retiré du canal thoracique des chiens, qu'il avait soumis préalablement-à un régime purement vé- gétal ou à un régime animal. Voici les résultats qu'il a obte- nus : nous désignerons ces deux espèces de chyle par les noms de chyle végétal et de chyle animal'. Chyle végétal. Il est liquide etpresque toujours transparent, à-peu-près comme le sérum ordinaire ; il est inodore, insipide et plus pesant que Teau. Abandonné à lui-même, il se coagule à la manière du sang : le coagulum est presque inodore et ressemble à une huître ; sa surface ne se recouvre pas d'une matière onctueuse (1) Le chyle ne peut jamais être obtenu pur; il est toujours mêlé ayec de la lymphe. DES PROPRIÉTÉS DU CHYLE. 3o5 analogue à la crème; la pesanteur spécifique de la portion séreuse paraît être 1021 à 1022. Distillé, il fournit un li- quide contenant du carbonate d'ammoniaque et une huile fixe pesante , et il reste beaucoup de charbon dans lequel on trouve des sels et du fer. Il peut être Conservé pendant plusieurs semaines sans se putréfier. Chyle animal. Il est toujours laiteux, inodore, insipide, plus pesant que Teau; il se coagule comme le précédent ; le coagulum est opaque et a une teinte rosée ; il est surnagé par une matière onc- tueuse semblable à de la crème. Le sérum pèse autant que celui du chyle végétal. Distillé, il donne beaucoup plus de carbonate d'ammoniaque et d'huile ; mais il fournit trois fois moins de charbon : ce produit renferme, comme celui du précédent, des sels et du fer. Le chyle animal se décompose au bout de trois ou quatre jours , et la putré- faction a plutôt lieu dans le coagulum que dans la partie séreuse. Suivant M. Marcet , Télément principal de Ja matière animale de ces deux espèces de chyle est Talbu- mine; ils ne renferment point de gélatine. Mille parties fournissent de 5o à 90 parties de substances solides, dans lesquelles il y a environ 9 parties de sels. • M. Magendie considère le chyle sous deux rapports: i°chyle provenantdematières grasses végétales ou animales ; 20 chyle des matières qui ne sont pas grasses. Le premier, retiré du canal thoracique, est d'un blanc laiteux, d'une odeur spermatique prononcée, d'une saveur salée; il hapne un peu à la langue et est sensiblement alcalin ; il se sépare en trois parties, Tune supérieure, formée par un corps gras; l'autre solide, qui reste au fond du vase, composée de fibrine et de matière colorante rouge; et la troisième li- quide, analogue au sérum du sang. Le chyle des matières qui ne sont pas grasses est opalin, presque transparent : ilse sépare également en trois couches; mais celle qui se produit à la surface est moins marquée que dans la première espèce 11. 20 3o6 troisième partie: de chyle ; la proportion des substances qui forment ceê couches varie suivant les alimens qui ont été pris. Voici maintenant les observations faites par M. Vau- quelin sur le chyle de cheval. Le sérum, semblable à celui du sang, est formé d'albumine, et tient en suspension urt corps gras soluble dans Talcool et insoluble dans les alcalis. Il est coagulé par Talcool, par les acides et par la chaleur ; le coagulum obtenu par la chaleur est formé de matière grasse et d'albumine; lorsqu'on le traite parla potasse, Talbumine seule est dissoute : le contraire a lieu quand on le fait bouillir avec Talcool, qui ne dissout que la matière grasse. Le coagulum qui se forme en abandonnant le chyle à lui- même , est composé, d'après ce savant chimiste, de sérum, de fibrine et de matière grasse. On peut enlever le sérum au moyen de Teau, et séparer la matière grasse par Talcool bouillant ; la matière fibreuse qui reste ne peut pas être regardée comme de la fibrine pure ; car elle n'en a ni la contexture, ni la force, ni l'élasticité ; elle est plus promp- tement et plus complètement dissoute par la potasse caus- tique. On peut la considérer en quelque sorte comme de l'albumine qui commence à prendre le caractère de la fi- brine. Il résulte du travail de M. Vauquelin que Ton pourrait regarder, jusqu'à un certain point, le chyle de cheval comme du sang, moins de la matière colorante, plus de la graisse. MM. Emmert et Reuss, en analysant le chyle des vais- seaux lactés d'un cheval rendu impotent par Téparvin, y ont trouvé de la soude, de la gélatine, de Talbumine, de la fibrine, des hydro-chlorates de soude et d'ammoniaque, du phosphate de chaux et beaucoup d'eau. Suivant M. Emmert, le chyle extrait du réservoir et du canal thoracique des chevaux contient de Teau , une matière albumineuse analogue à la,fibrine, de la soude caustique, de la gé- DE LA MATIÈr, E FÉCALF. 301 y latine, du soufre et plusieurs sels ; il pense que Ton ne trouve de Thuile ou de la matière grasse que dans celui qui provient des gros vaisseaux lactés. Le chyle de la partie supérieure des intestins grêles a fourni à cet auteur de la gélatine et du fer très-oxidé ; il était acide, fortement coloré par la bile, et ne renfermait pas un atome d'albu- mine. Celui qui se trouvait dans la partie inférieure des intestins grêles n'était pas acide, et contenait du fer peu oxidé, de la gélatine, une substance albumineuse non coa- gulable par la chaleur, du soufre et de la bile. De la Matière fécale. 893. Matière fécale humaine. M. Berzelius a retiré de ïoo parties d'excrémensde consistance moyenne 73,3 d'eau, 0,9 de parties de la bile solubles dans Teau, 0,9 d'albu- mine, 2,7 de matière extractive particulière, 1,2 de sels 7,0 de matière insoluble ou résidu des alimens, 14,0 de matière déposée dans l'intestin, consistant en bile , en sub- stance animale particulière, ' et en résidu insoluble. Les sels des excrémens sont formés, sur 17 parties, de 5 de carbonate de soude, 4 d'hydro-chlorate de soude, 2 de sulfate de soude, 4 de phosphate de chaux, et 2 de phosphate ammoniaco-magnésien; il y a aussi des traces de soufre, de phosphore, de silice et de sulfate de chaux. Macquer et M. Proust avaient déjà reconnu l'existence du soufre dans les excrémens de l'homme. Suivant M. Vauquelin, ils contiennent constamment un acide libre» semblable au vinaigre, qui leur donne la propriété de rougir Yinfusum de tournesol. M. John, au lieu d'un acide, y a trouvé un alcali libre. Vogel pense qu'ils renferment du salpêtre. Il semble résulter de ces diverses analyses, que la matière fécale humaine est sujette à des changemens suivant les alimens dont l'homme fait usage. 3o8 TROISIÈME PARTIE. Excrémens des quadrupèdes mammifères. Chevaux. Ils renferment plus dé phosphate de chaux qu'il n'y en a dans le fourrage que Ton a donné à l'animal. Suivant Thompson , ils contiennent de Tacide benzoïque. On retire par la distillation, de la suie de ces excrémens , beaucoup de sel ammoniac ; il paraît aussi qu'ils renferment du nitrate de potasse. Vaches nourries dans Tétable avec de la betterave. Ces excrémens ont fourni à l'analyse 71 f d'eau, 28 \ de matière grasse, de la fibre végétale, plusieurs sels et une substance soluble dans Teau et dans Talcool, qui colore les excrémens en vert et qui exhale l'odeur de bile lorsqu'on la chauffe ; ils ne contiennent ni acide ni alcali libre ( Einoff et Thaer ) ; on y a annoncé aussi la présence du nitre et de Tacide benzoïque ; enfin la suie fournit du sel ammoniac. Chiens ( album grœcum). Suivant Haller, ils ne renferment point d'acîde libre. Fourcroy pensait qu'ils étaient entièrement composés déterre osseuse (phosphates terreux ). Ruminans. Ils contiennent beaucoup d'acide libre. Excrémens des oiseaux. Les oiseaux rendent à-la-fois Turinc et les excrémens. Nous allons parler d'abord de la composition du guano, qui n'est autre chose que la fiente d'un oiseau très-répandu dans la mer du Sud, aux îles de Chinche, près de Pisco, à Ho, Jza et Arica. Le guano est en couches de cinquante à soixante pieds , que Ton exploite comme des mines d'ocre de fer, et dont on se sert comme engrais. ( Humboldt et Bonpland. ) Suivant Fourcroy et M. Vauquelin , il contient : acide urique en partie combiné avec l'ammoniaque et la chaux - • acide oxalique en partie uni à la potasse et à l'ammo- niaque; acide phosphorique combiné aux mêmes bases et à la cliaux, des traces de sulfates et d'hydro-chlorates de potasse et d'ammoniaque, un peu de matière grasse, et du $able en partie quartzeux, en partie ferrugineux. D'aprè* DE LA MATIÈRE FÉCALE. 3o9 Klaproth, Tacide urique n'y serait pas aussi abondant. On trouve près d'Auxerre, et dans plusieurs autres grottes, des dépôts de fiente formés par des chauves-souris et entière- ment semblables au guano. Excrémens de poules. Nous devons à M. Vauquelin un travail remarquable sur ces excrémens. Il fit manger à une poule 483,838 grammes d'avoine qui contenaient, Phosphate de chaux................. 5 qU. Silice............................. 9,182. La poule pondit quatre œufs dont les coquilles conte- naient du carbonate de chaux, du phosphate de chaux et du gluten ; elle rendit des excrémens qui fournirent une cendre composée de carbonate et de phosphate de chaux et de silice. En comparant les matières avalées à celles qui furent rendues, on trouva que la poule rendit 1,115 grammes de silice de moins qu'elle n'en avait pris, tandis qu'elle fournit 7,i3g de phosphate de chaux et 20,457 de carbo- nate de chaux de plus qu'il n'y en avait dans Tavoine : se serait-il formé, pendant Tactede la digestion, une certaine quantité de chaux, d'acide phosphorique et de carbonate de chaux ?... Ces expériences méritent d'être répétées, en ayant la précaution, comme l'indique le piofesseur The- nard , de nourrir la poule pendant long-temps d'avoine et de l'empêcher d'avaler autre chose. M. Wollaston a retiré 7— d'acide urique des excrémens d'une oie qui ne mangeait que de l'herbe.Ceux d'un faisan nourri avec du millet lui en ont fourni 7^. Il a trouvé beaucoup d'urate de chaux dans les excrémens d'une poule qui se nourrissait de toute sorte de matières. Ceux de faucon, d'oiseaux aquatiques , de tourterelles, d'aigles, de vautours, de corbeaux, de grues, de rossignols, etc, contiennent aussi de Tacide urique, M.John a retiré des excrémens de pigeons beaucoup d'acide urique , de la ^10 TROISIÈME PARTIE. résine verte, de la bile, de Talbumine, et mie grande quantité de matière farineuse. Du Sang. 894. Le sang humain a été analysé par un très-grand nom- bre de chimistes. On s'accorde généralement à le regarder comme formé d'eau , d'albumine , de fibrine , d'un prin- cipe colorant et de différens sels; il ne contient pas de gélatine. M. Berzelius a donné, dans ces derniers temps , la composition du sérum. Suivant lui, 1000 parties de sérum de sang humain contiennent 905 parties d'eau, 80 d'albumine, 10 parties de substances solubles dans Tal- cool ( savoir : 6 d'hydro-chlorate de potasse et de soude, et 4 de lactatede soude uni à une matière animale), 4 par- ties de substances solubles seulement dans Teau, savoir : soude carbonatée, phosphate de soude, et un peu de ma- tière animale. Ces résultats sont un peu différens de ceux que M. Marcet avait obtenus quelque temps avant M. Ber- zelius: en effet, suivant M. Marcet, 1000 parties de sérum de sang humain sont formées de 900 parties d'eau, de 86,08 d'albumine, de 6,06 d'hydro-chlorate de potasse ou de soude, de 4 de matière mucoso-extractive, qui est le lactate de soude impur de M. Berzelius, de 1,65 de sous- carbonate de soude, de o,35 de sulfate de potasse et de 0,60 dephophate terreux. Le caillot du sang est entièrement formé de fibrine, d'albumine et de principe colorant (1). M. Proust annonça, en 1800, que le sang contient de l'ammoniaque , du soufre à l'état d'hydro-sulfate, des (1) MM. Déyeux, et Parmentier avaient annoncé dans le,caillot du saug l'existence d'une matière que plusieurs chimiste? re- gardent comme du mucus , et à laquelle ils avaient donné le nom de tomellincH DU SANG. 3n traces de vinaigre un peu modifié , et de Tacide benzoïque combiné avec la soude ; il y trouva aussi de la bile. Ces résultats remarquables ont peu fixé l'attention des chimistes et méritent d'être constatés avec soin. 895. Nous devrions maintenant rapporter les analyses comparatives du sang humain, veineux et artériel ; mais nous manquons de données à cet égard : nous savons seulement que le sang veineux est d'un rouge brun, que son odeur est faible, sa température de 31Q Réaumur, sa capacité pour le calorique 852 (celle de Teau étant 1000) , sa pesanteur spécifique io5i ; qu'il contient plus de se- vum, et qu'il tarde plus à se coaguler que le sang artériel. Celui-ci est au contraire d'un rouge vermeil ; son odeur est forte, sa température de près de 32° Réaumur, sa capacité pour le calorique 839, et sa pesanteur spécifique 1049. L'analyse comparative du sang de cheval faite par Abifdgaard nous apprend seulement que le sang veineux contient moins de carbone que le sang artériel : résultat peu instructif, et qui ne saurait être admis sans avoir été confirmé par de nouvelles expériences. Suivant Fourcroy, le sang de fœtus humain renferme de la soude, beaucoup de sérum, un peu de fibrine mol- lasse , analogue à la gélatine, de la bile et de la gélatine. 896. Propriétés du sang. Nous venons de faire con- naître les propriétés physiques du sang; nous allons maintenant parler de se» propriétés chimiques. Lorsqu'on le chauffe, il se coagule ; le coagulum, d'un brun violet, donne par la calcination un charbon volumineux , difficile à incinérer. Abandonné à lui-même, le sang se sépare en deux parties ; Tune, liquide, constitue le sérum ; l'au- tre , solide, porte le nom de caillot, de cruor, d'insula, etc. Cette coagulation a lieu sans que la température s'élève „ comme le pi ouventles expériences de Hunter et de J. Davy. Quelle peut en être la «cause ? On Pavait attribuée au re- 3 12 TROISIÈME PARTIE. froidissement du sang au cornaci de Tair et au défaut de mouvement; mais l'expérience piouve qu'elle ne dépend d'aucune de ces causes; elle paraît tenir à ce que le sang qui est hors de la veine n'est plus doué de vie. Cependant le contact de Tair et le repos favorisent sa coagulation: aussi peut-on le conserver à l'état liquide si on l'agite beaucoup à mesure qu'on l'extrait; dans ce cas, il ne se sépare qu'une portion de fibrine colorée, sous la forme de longs filamens. Si on agite , avec du gaz oxigène ou avec de Yair atmo- sphérique, du sang battu etdépouillé d'une certaine quantité de fibrine, il devient d'un rouge rose ; Y ammoniaque le fait passer au rouge cerise ; le gaz oxide de carbone , le deu- toxide d'azote et l'hydrogène carboné, au rouge violacé ; le gaz azote, le gaz acide carbonique, le gaz hydrogène et le protoxide d'azote, au rouge brun ; Y hydrogène arsénié et Tacide hydro-sulfurique, au violet foncé, passant peu à peu au brun verdâtre ; le gaz acide hydro-chlorique, au brun marron ; le gaz acide sulfureux, au brun noir ; le chlore, au brun noirâtre, qui passe peu à peu au blanc jaunâtre. Ces trois derniers gaz le coagulent en même temps. Presque tous les acides un peu forts précipitent le sang en s'unissant à Talbumine qu'il renferme ; il en est de même de la plupart des sels des quatre dernières classes. La potasse et la soude exercent une action contraire, le ren- dent plus fluide, et empêchent sa coagulation en dissolvant la fibrine qui tend à se précipiter. L'alcool s'empare de Teau qu'il contient, et en précipite Talbumine , la fibrine, la ma- tière colorante et plusieurs sels. Le sang humain n'a point d'usages. Sang humain dans l'état de maladie. Sang des scor- butiques. Suivant MM. Dc'yeux et Parmentier, ce sang con- tient fort peu de fibrine, et il n'a point l'odeur particulière du sang d'un individu sain ; du reste, il renferme les mêmes DU SANCV. 3l3 élémens. Fourcroy remarqua aussi que le sang tiré des gen- cives d'un scorbutique n'offrait point de fibrine ; il de- venait noir par le refroidissement et restait fluide ; au lieu d'un coagulum, il fournissait quelques flocons mous et comme gélatineux. Sang des diabétiques. Suivant MM. Ni- colas et Guedeville, le sang des diabétiques renferme beaucoup plus de sérum que dans l'état sain ; il contient très-peu de fibrine et paraît peu animalisé. M. Wollaston a prouvé, contre Rollo , que le sérum du sang dont nous parlons n'offre point de sucre, ou du moins que le li- quide qui se sépare du coagulum n'en renferme pas le trentième de ce qu'il en a retiré de l'urine du même individu. Sang des ictériques. Le sang d'un ictérique de quarante- cinq ans, examiné par M. Déyeux, ne formait point de couenne ; il était d'un rouge très-foncé ; le sérum contenait de la gélatine et de Talbumine ; il avait une couleur jaune , sans pour cela contenir de la bile. Nous avons fait trois fois l'analyse du sang des ictériques, et constamment nous y avons trouvé la bile ou la matière résineuse verte qui caractérise cette liqueur : du reste, sa composition chimique ne différait pas de celle du sang humain à l'état de santé. Sang retiré des malades atteints de phlegmasies , de fièvres continues, etc., dans lequel on observe très- souvent une couche plus ou moins épaisse, connue sous le nom de couenne. Sa composition est la même que celle du sang d'un homme sain. La nature des principes qui constituent la couenne nous paraît varier singulière- ment. MM. Déyeux et Parmentier en ont trouvé qui of- frait tous les caractères de la fibrine. Fourcroy et MM. Vau- quelin et Thenard en ont analysé qui était formée de fibrine et surtout d'albumine concrète ; nous l'avons vue quelquefois renfermer une assez grande quantité de gé- latine : enfin M. Berzelius pense qu'elle peut contenir 3i4 TROISIÈME partie: tous les principes qui constituent le caillot. Sang dans la fièvre putride. Suivant MM. Déyeux et Parmentier, ce sang ne forme pas toujours de couenne ; il est semblable au précédent, et il ne renferme point d'ammoniaque. Sang de bœuf M. Berzelius a trouvé le sang de bœuf composé des mêmes principes que le sang humain , et à- peu-près dans les mêmes proportions. Les expériences ré- centes de M. Vauquelin tendent cependant à établir qu'il renferme, outre la fibrine , Talbumine et la matière colo- rante , une huile grasse d'une couleur jaune, d'une saveur douce et d'une consistance molle ; il suffit pour obtenir cette huile de coaguler le sérum par Talcool froid, de traiter à trois ou quatre reprises le coagulum par septôu huit fois son poids d'alcool bouillant, et de faire évaporer les liqueurs alcooliques; Thuile se sépare à mesure que Talcool se vola- tilise. MM. Déyeux et Parmentier pensent que le sang de bœuf renferme en outre un principe volatil odorant qui n'agit point sur les réactifs. M. Vogel a prouvé, dans ces derniers temps, qu'il contient aussi du soufre et de Tacide carbonique. On emploie le sang de bœuf pour faire le boudin, pour clarifier les sirops et obtenir le sucre, pour préparer le cya- nure de potasse, Tacide hydro-cyanique, etc. On peut faire avec le sérum du sang de bœuf et de la chaux vive parfaitement divisée, un mélange très-utile pour peindre les grands emplacemens , les vaisseaux, les ustensiles en bois , et que Ton peut appliquer aussi avec grand succès, comme badigeon , sur les pierres, les murs, les conduits d'eau , etc. Ce mélange a l'avantage d'être économique, d'adhérer forte- ment, de sécher facilement, et de ne pas répandre d'odeur dé- sagréable ; il est d'ailleurs inaltérable, ou du moins il ne s'altère que très-difficilement. C'est à M. Carbonell, savant professeur de chimie à Barcelonne, que nous sommes re- devables de cette découverte, dont il a fait déjà un très-grand- DES PHÉNOMÈNES CHIMIQUES, etc. 3l5 nombre d'applications intéressantes pour les arts. ( Voyez le Mémoire intitulé : Pintura al suero. An. 1802.) Sang de cheval. Suivant Abildgaard, 100 parties de sang artériel ont fourni 25 parties de matière solide. Une once de cette matière a donné 64 grains de charbon. Cent parties de sang veineux contenaient 26 parties de sub- stance solide ; 1 once de cette substance a fourni 116 grains et { de charbon. Ce sang renferme de la potasse. Sang de mammifères dormeurs. Il contient 6,2628 d'eau, i,6454 d'albumine, 0,0177 de fibrine, o,o354 de géla- tine. (Saissy. ) Sang des oiseaux. Le sang des oiseaux est plus rouge et plus chaud que celui des mammifères ; il donne facile- ment un coagulum gélatineux; mais le sérum ne se sépare qu'avec difficulté. ( Fourcroy. ) Suivant Menghini, il con- tient du fer. Sang de poissons. Il est blanchâtre, difficilement coa- gulable, et a la plus grande tendance à devenir huileux. ( Fourcroy. ) Des Phénomènes chimiques de la respiration. Nous avons déjà dit que le chyle produit par la diges- tion des alimens était versé dans la veine sous-clavière gauche et mêlé avec le sang veineux; celui-ci traverse les poumons , et se trouve converti en sang artériel par Taction de Tair atmosphérique. Quel rôle jouent Tair et le sang vei- neux dans cette transformation ? Air. L'air atmosphérique est le seul fluide aériforme qui puisse servir à la respiration ; les animaux périssent promptement dans tous les autres gaz, sans en excepter l'oxigène pur, et l'expérience prouve que quelques-uns de ces gaz n'exercent aucune action délétère par eux-mêmes, et qu'ils tuent les animaux, parce que leur action nepeutpas remplacer celle de Toxigène : tels sont 3l6 TR0I5IÈMErARTIE. Tazote , l'hydrogène, etc.; tandis qu'il existe des gaz forte- ment délétères , agissant à la manière des poisons les plus énergiques : tels sont Tacide hydro-sulfurique, Tbydrogène arsénié, l'ammoniaque, etc. Voyons maintenant quelle est Taction de l'air atmosphérique dans la respiration. i°. La quantité d'air expirée est sensiblement égale à celle qui a été inspirée ; 2° Tair inspiré contient autant d'azote que l'air expiré; 3° celui-ci est mêlé avec une assez grande quantité de vapeur, qui constitue la transpiration pulmo- naire , dans laquelle, suivant M. John, on trouve en outre une matière animale qui lui donne une odeur particu- lière; 4° au lieu de 0,21 d'oxigène et d'une trace d'acide carbonique qui entrent dans la composition de Tair atmo- sphérique , Tair expiré contient 0,18 ou 0,19 d'oxigène et 3 ou 4 centièmes d'acide carbonique ; en sorte que la quantité d'acide produit est un peu plus forte que la quan- tité d'oxigène absorbé. Sang veineux. Après avoir exposé les phénomènes chimiques que présente Tair par son con- tact avec le sang veineux dans les poumons, nous devrions faire connaître les changemens que celui-ci éprouve dans ses propriétés physiques et dans sa composition ; mais, nous devons l'avouer , nos connaissances à cet égard sont extrê- mement bornées ; nous manquons d'analyses exactes et com- paratives du sang artériel et du sang veineux : nous savons seulement que ce dernier devient d'un rouge vermeil, ac- quiert une odeur et une saveur plus fortes, que sa tempé- rature s'élève , etc. (Voyez § 895. ) Lavoisier pensait que Toxigène absorbé dans l'acte delà respiration se combinait avec le carbone du sang veineux pour former de Tacide carbonique , tandis qu'il s'unissait à l'hydrogène pour donner naissance à de Teau qui faisait partie de la transpiration pulmonaire : le changement de couleur du sang était attribué, dans cette hypothèse, à l'action d'une autre portion d'oxigène sur le fer contenu DES VHÉNOM.ÈWES CHIMIQUES, etC 3l^ dans le sang. Cette explication , vicieuse sous tous les rap- ports , tombe d'elle-même par cela seul que Toxigène ab- sorbé pendant l'inspiration suffit à peine pour donner naissance à Tacide carbonique que Ton obtient, en sup- posant même que cet acide se forme aux dépens de l'oxi- gène de Tair et du carbone du sang. Voici quelle est Topinion actuelle des chimistes et des physiologistes sur cette fonction : i° il est évident que le changement de couleur du sang dépend de son contact mé- diat avec Toxigène, puisque Toxigène ou Tair atmosphé- rique sont les seuls gaz susceptibles de l'opérer. Mais sur quelle partie du sang agit Toxigène, est-ce sur le principe colorant, sur le carbone, ou bien cette action est - elle simultanée ? On l'ignore. 2°. Il paraît que la transpiration pulmonaire dépend d'une portion de sérum qui s'échappe des dernières divisions de l'artère pulmo- naire, et d'une portion de vapeur produite par le sang ar- tériel qui se distribue à la membrane muqueuse des voies aériennes. Les expériences de M. Magendie sur les liquides et de M. Nysten sur le gaz , prouvent effectivement que ces substances, injectées dans le système veineux , sont cons- tamment expulsées par la transpiration pulmonaire. 3°. On ne sait pas comment se forme Tacide carbonique : suivant quelques physiologistes, il est produit par Toxigène de Tair et par le carbone du sang veineux ; suivant quelques autres , il existe tout formé dans le sang veineux, et il est exhalé au moment de l'expiration. Les expériences de M. Vogel, qui, comme nous l'avons dit, démontrent l'exis- tence de Tacide carbonique dans le sang de bœuf, pour- raient peut-être servira appuyer, cette opinion. 4°- On ignore quelle est la cause de l'élévation de température qui a lieu pendant la respiration. 5°. Il suit de tout ce qui pré- cède qu'il est impossible d'établir d'une manière précise comment Toxigène agit dans cette fonction importante. 3i8 TROISIÈME PARTIE. Des Liqueurs des sécrétions* Le sang artériel porté dans toutes les parties du corps éprouve dans certains organes une altération particulière, dont le résultat est la production d'un liquide qu'il ne con- tenait point : cette opération est connue sous le nom de sécrétion : ainsi Turine est sécrétée dans les reins, la bile dans le foie, la salive dans les glandes salivaires , etc. ; au- cun de ces fluides sécrétés n'exisiait dans le sang. Nous ignorons complètement la manière dont cette transforma- tion a lieu. On a divisé les liquides sécrétés en alcalins et en acides. De la Lymphe. 807. On donne le nom de /^/r//?/*5 de phosphate, de sulfate et d'hydro-chlorate de soude, de phosphate de chaux et d'oxide de fer, enfin , d'un atome de matière jaune. D'après M. Berzelius, elle ne renferme ni huile ni résine, mais une matière analogue aux résines, soluble dans Teau et dans Talcool, très-peu de spude et de mucus delà vésicule. Suivant Cadet, la bile hu- maine contient de Tacide hydro-sulfurique. Nous pour- rions faire connaître d'autres analyses différentes, sous plusieurs rapports , de Celles dont nous venons de parler; mais nous sommes persuadés que, dans un très-grand nombre de cas, la différence dans les résultats tient à ce que le liquide analysé n'était pas le même ; du moins nous pouvons affirmer, après avoir analysé la bile d'individus morts à la suite d'apoplexie, de fièvres putrides, d'enté- rite , etc., ne l'avoir jamais trouvée identique ; nous avons même observé entre ces liquides des différences assez, frap-. DE LA BILE. 329 pantes. Il serait très-important pour la chimie pathologique d'avoir pour point de départ des analyses bien faites de la bile d'individus guillotinés oufosillés dans l'état de santé; on pourrait alors leur comparer les résultats obtenus jusqu'à pré- sent par les différens chimistes sur la bile provenant de per- sonnes malades, et, certes, le domaine de la science s'agran- dirait. Hanneman parle, à la vérité, de la bile d'un indi- vidu fusillé dans l'état de sanlé, qui donna , par Talcool et par les acides, un coagulum semblable aux calculs biliaires, qu'il appela gluten; mais il suffit de ce simple énoncé pour juger combien ce travail est loin d'être satisfaisant. Nous ne doutons pas, à l'exemple deBoerhaave,deMorgagni,etc, que la bile ne contracte quelquefois des qualités acres, irritantes, qui doiveut nécessairement influer sur le déve- loppement et l'intensité des symptômes que Ton observe dans certaines maladies. La bile humaine est verte , d'un brun jaunâtre, rougeâtre ou incolore ; sa saveur n'est pas très-amère ; elle est rarement limpide, et tient souvent en suspension de la matière jaune. Chauffée , elle se trouble et répand l'odeur de blanc d'ceui. L'extrait de cette bile se décompose comme le précédent lorsqu'on élève fortement sa température. Les acides en précipitent de l'albumine et de la résine. Le sous-acétate de plomb la fait passer au jaune, et n'y découvre point la moindre trace de picromel. Bile des foies gras. M. Thenard n'a trouvé que de Tal- bumine dans la bile provenant de foies dont les | étaient formés par de la graisse; quelquefois aussi , lorsque la maladie était moins avancée , la bile était formée de beaucoup d'albumine et d'un peu de résine. Bile d'un in- dividu alteint d'une fièvre bilieuse grave, avec ulcération de la membrane muqueuse intestinale. Nous avons trouvé dans cette bile environ 96de matière résineuse, 3 de soude, et un atome de sels ; la. matière résineuse était évidemment 33o TROISIÈME PARTIE. altérée, car elle avait une saveur excessivement amère et dcre : il suffisait d'en mettre un atome sur la lèvre pour faire naître des ampoules excessivement douloureuses. Morgagni fait mention, dans ses ouvertures cadavériques , de la bile d'un individu mort subitement, dont Tâcrelé était telle, qu'il suffit de piquer deux pigeons avec la pointe d'un scalpel qui en contenait un peu pour les faire périr subitement..... 914. Biledeporc. Elle est formée, d'après M. Thenard , de résine, de soude et de quelques sels ; elle est entièrement décomposée par les acides. 9i5. Bile des oiseaux. Suivant le même chimiste, elle est composée d'eau, de beaucoup d'albumine, de picromel très- amer , très-acre et peu sucré ; d'un atome de soude, de ré- sine et de différens sels : du moins telle est la bile de ca- nard , de poule , de chapon et de dindon. 916. Bile défraie et de saumon. Elle est d'un blanc jau- nâtre; elle renferme beaucoup de picromel légèrement acre, et ne donne point de résine. cj 17. Bile de carpe et d'anguille. Elle est très-verte, très- amère , et contient du picromel, un peu de soude et de ré- sine; elle ne renferme point d'albumine. (M. Thenard.) Des Liqueurs acides. Ces liqueurs sont l'humeur de la transpiration , l'urine et le lait. De l'Humeur de la transpiration. 918. La sueur séparée dusangparles vaisseaux exhalans de la peau, est formée, suivant M. Thenard, d'acide acétique, d'un peu de matière animale , d'hydro-chlorate de soude et peut-être d'hydro-chlorate de potasse , d'un atome de phos- phate terreux et d'oxide de fer. M. Berzelius n'admet, dans cette humeur, que de Teau, de Tacide lactique , du lactate DE L'HUMEUR DE LA TRANSPIRATION. 331 de soude uni à une matière animale, et des hydro-chlorates de potasse et de soude. Il nie l'existence des acides acétique et phosphorique admis par plusieurs chimistes. Haller et Sorg, pour expliquer l'odeur delà sueur, ont avancé qu'elle contenait les alimens à l'état de vapeur. M* John croit que la sueur des parties génitales de la femme contient la même substance volatile et odorante que le chenopodium vul- varia. La sueur est un liquide incolore , d'une odeur plus ou moins forte et variable , et d'une saveur salée ; elle rougit Yinfusum de tournesol, et tache les étoffes sur lesquelles elle tombe. On connaît les belles observations de Sanctorius , de Lavoisier et de M. Seguin sur l'humeur de la transpi- ration ; ces observations sont entièrement du ressort de la physiologie. Sueur des ictériques. Nous avons réussi deux fois à démontrer l'existence de la bile dans cette hu- meur. M. John dit dans son ouvrage : « La sueur des icté- riques parait contenir la matière de la bile qui jaunit fortement le linge ». Sueur dans la fièvre putride. Suivant MM. Déyeux etParmentier, elle renferme de l'ammoniaque et porte le caractère de la putréfaction. Sueur critique dans la fièvre de lait et la rougeole. Gœrtner n'y admet point d'acide libre. M. Berthollet affirme cependant qu'elle rou- git quelquefois Yinfusum de tournesol. Sueur des arthri- tiques en bonne santé. Elle renferme , suivant Jordan , de Tacide phosphorique. Sueur dans la colique des peintres. Nous n'avons jamais pu y découvrir la moindre trace de plomb ni d'aucune préparation saturnine. De l'Urine. 919 L'urine est sécrétée par les reins ; sa composition varie suivant les animaux; celle que Ton rend le matin est 3 3 2 TROISIÈME PARTIE. beaucoup plus chargée que celle qui est rendue immédia-* tentent après le repas. Urine de l'homme adulte. Suivant M. Berzelius, i ooo par- ties de ce liquide renferment 933 parties d'eau, 3o,io d'u- rée, 3,71 desulfatedepotasse,3,i6desulfatede soude, 2,9^ de phosphate de soude, 4,45 d'hydro-chlorate de soude, 1,65 de phosphate d'ammoniaque, i,5o d'hydro-chlorate d'am- moniaque , 17,14 d'acide lactique libre, de lactate d'am- moniaque umi à une matière animale soluble dans l'al- cool, d'une matière animale insoluble dans cet agent, et qui est combinée avec une certaine quantité d'urée y 1,00 de phosphates terreux avec un atome de chaux ; 1,00 d'acide urique, o,32 de mucus de la vessie , o,o3 de silice. Suivant ce chimiste, l'urine doit son acidité à Tacide lactique. MM. Vauquelin, John, etc., l'attribuent à Tacide phosphorique. M. Thenard pense qu'elle est due à Tacide acétique. L'acide lactique et le lactate d'ammoniaque n'ont été admis jusqu'à présent dans l'urine que par M. Berzelius ; quant à la silice, Fourcroy et M. Vauquelin l'ont an- noncée dans l'urine dès Tan 7. MM. Proust, John, et der- nièrement M. Vogel, ont trouvé dans ce liquide de Tacide carbonique. Plusieurs de ces chimistes pensent que Turin© renferme en outre de la gélatine, de Talbumine , du sou- fre, etc. Plus on examine attentivement les résultats des analyses de l'urine faites par les savans les plus distingués , plus on est convaincu que leur différence doit être attribué© à ce que ce liquide n'est pas toujours le même : en effet, tout en supposant que l'urée et les sels qu'il renferme soient à-peu-près constans, combien la matière animale muqueuse, gélatineuse , albumineuse, etc., ne doit-elle pas varier suivant l'état de santé ou d'indisposition légère dans lequel se trouvent les individus, et suivant une foule d'autres circonstances que les physiologistes saisiront faci- lement! Il suffira de savoir que l'urine est un des fluide^ DE L'URFNE. 333 de l'économie animale les plus susceptibles d'être altérés dans une multitude d'affections, comme nous le ferons voir en l'examinant dans les diverses maladies. 920. L'urine de l'homme sainestsouslaformed'unliquide transparent, dont la couleur varie depuis le jaune clair jus- qu'à Torangé foncé, doué d'une saveur salée et un peu acre, et d'une odeur particulière, qui devient ammoniacale lors- qu'il se putréfie ; il rougit Yinfusum de tournesol ; sa pe- santeur spécifique est un peu plus considérable que celle de Teau. Ces diverses propriétés sont d'autant plus sen- sibles que Turin e est plus chargée. Lorsqu'on la fait chauffer dans des vaisseaux fermés, on observe les phénomènes suivans : i° une portion d'urée et de mucus est décomposée , et donne princi- palement naissance à du carbonate d'animoniaque et à un peu d'huile ; 20 les acides libres de Turine sont transformés en sels ammoniacaux par une partie de ce carbonate, qui étant assez abondant, change ce liquide acide en un liquide alcalin; 3° le phosphate d'ammoniaque formé ne tarde pas à passer à l'état de phosphate ammoniaco de soude ; 4" le phosphate de chaux, le phosphate ammoniaco-mag- nésien, et le mucus non décomposé, qui étaient dissous à la faveur des acides libres, se précipitent ; il en est de même de Turate d'ammoniaque ; 5° la présence de Thuile change la couleur de Turine au point de la rendre d'un rouge brun foncé; 6° la majeure partie de Teau quelle contient, se volatilise, et vient se condenser dans le récipient avec une portion de carbonate d'ammoniaque ; 70 le phosphate ammoniaco de soude, les hydro-chlorates de soude et d'ammoniaque et les autres sels solubles de Turine ayant perdu Teau qui les tenait en dissolution , cristallisent ; 8° enfin l'urée non décomposée a éprouvé un grand degré de concentration. 921. Abandonnée à elle-même, Turine se refroidit, et 334 TROISIÈME PARTIE. dépose le plus souvent, au bout de quelques heures , une plus ou moins grande quantité d'acide urique jaunâtre ou rougeâtre, qui était tenu en dissolution dans le liquide chaud. Si on la laisse assez de temps à Tair, l'urée se dé- compose , donne lieu à de l'ammoniaque qui agit sur les élémens de Turine comme la chaleur, quoique beaucoup plus lentement ; en sorte qu'il se forme d'abord un dépôt d'urate d'ammoniaque, de phosphate de chaux et de phos- phate ammoniaco-magnésien; et quelque temps après, quand le liquide est presque entièrement évaporé, Ton obtient des cristaux formés par les sels solubles de Turine. L'eau ne trouble point Turine ; il n'en est pas de mène de Talcool, qui en précipite toutes les substances qu'il ne peut pas dissoudre. La potasse, la soude et l'ammonia- que en saturent les acides libres , et précipitent le mucus et les divers sels qui étaient dissous à la faveur de ces acides. Les eaux de baryte, de strontiane et de chaux agissent de la même manière, et précipitent en outre Ta- cide phosphorique libre, et celui que renferment les phos- phates de soude et d'ammoniaque. Il est évident encore que si Turine contient des sulfates , ils doivent être décom- posés par la baryte et par la strontiane. L'acide oxalique décompose peu à peu le phosphate de chaux de Turine, et donne lieu à un léger précipité d'oxalate de chaux. Versé dans Turine évaporée jusqu'à consistance de sirop, Tacide nitrique y fait naître une multitude de cristaux de nitrate acide d'urée. (Voy. pag. 268.) L'urine, à raison des sels qu'elle renferme , précipite parle nitrate d'argent, par l'hy- dro-chlorate de baryte , par les sels calcaires solubles , etc. Le tannin la précipite également en se combinant proba- blement avec le mucus. 922. Urine des ictériques. Il résulte des analyses que nous avons faites en 1811, que Turine des ictériques con- tient de la bile : quelquefois nous en avons séparé tous les DE L' URINE. 335 élémens ; d'autres fois nous n'avons pu y découvrir que la matière mineuse verte. Dans tous les cas , on peut recom- poser Turine ictérique en réunissant les élémens de la bile séparée avec Turine privée de ces élémens. Cruiskanck avait déjà annoncé, en 1800, que cette urine contenait la matière bilieuse, et que Ton pouvait la faire passer au vert par Tacide hydro-chlorique. 923. Urine dans l'hydropisie générale. Thompson et Fourcroy ont démontré l'existence de Talbumine dans cette urine. Suivant M. Nysten, elle est ammoniacale; elle renferme de Tacide acétique , de Talbumine , une matière huileuse colorante , différens sels , et ne contient presque pas d'urée. Brugnatelli dit avoir analysé de Turine des hydropiques dans laquelle il y avait de Tacide hydro-cya- nique (prussique). 924. Urine dans le rachitis. Les analyses de Chaptal, de Jacquin , de Fourcroy, etc., prouvent que cette urine contient beaucoup de phosphate de chaux , fait d'autant plus remarquable, que les os des rachitiques sur Turine desquels on opérait étaient très-ramollis, et contenaient par conséquent peu de ce phosphate. 925. Urine des goutteux. Suivant M. Berthollet, elle renferme moins d'acide phosphorique que Turine des indi- vidus bien portans, excepté dans le cas de paroxysme. H paraît à-peu-près certain qu'à la suite des grands accès de goutte, elle contient une plus ou moins grande quantité d'acide rosacique uni à Tacide urique. Tous les observa- teurs s'accordent à regarder le phosphate de chaux comme un des principes les plus abondans de Turine des gout- teux. 926. Urine des hystériques. Cette urine , claire et inco- lore , renferme à peine de l'urée, et contient beaucoup d'hydro chlorates de soude et d'ammoniaque (Cruiskanck et Rollo ). Il en est à-peu-près de même de celle des indi- 336 TROI S I ÈME PARTIE. vidus sujets a des convulsions. M. Nyslen a analysé 1 urinrt d'une demoiselle affectée d'une maladie nerveuse anomale 5 il y a trouvé une assez grande quanlité d'urée, peu de ma- tière huileuse colorante, de Tacide urique et des sels, en sorte qu'elle se rapprochait beaucoup de Turine de la boisson. Urine des diabétiques. Il résulte des travaux de Willis Pool, Dobson , Rouelle le cadet, Cavvley, Frank le fils , Nicolas et Guedeville, Rollo, MM. Dupuytren et Thenard, que cette urine ne contient pas sensiblement d'urée ni d'acide urique ; qu'aucun réactif n'indique un acide libre; qu'elle renferme à peine des phosphates et des sulfates ; qu'au contraire, elle n'est composée que de sucre et d'une certaine quantité d'hydro-chlorate de soude. MM. Nicolas et Guedeville, qui, les premiers, nous ont donné une bonne analyse de cette urine, ont proposé d'appeler le diabète sucré, phthisurie sucrée. M. Chevreul a obtenu des résultats un peu différens de ceux dont nous venons de parler. Il a analysé Turine d'un diabétique au commencement de la maladie, et il en a séparé du sucre et tous les matériaux de Turine ordi- naire. En examinant de nouveau Turine de ce malade, rendue plusieurs mois après, il y a trouvé un acide organique en partie libre, en partie saturé par la potasse, beaucoup de phosphate de magnésie, un peu de phosphate de chaux , de l'hydro-chlorate de soude, du sulfate de potasse, du sucre et de Tacide urique coloré par Tacide rosacique. M. Che- vreul croit que cette urine contenaitde l'urée ; il se fonde sur la facilité avec laquelle ce liquide fournissait de l'ammo- niaque. Il en a séparé la totalité du sucre sous la forme de cristaux. MM. Dupuytren et Thenard pensent, avec Arseteus, Rollo , etc., que cette maladie peut être guérie à toutes ses périodes à Taide d'un régime animal, qui change la nature de Turine à mesure que chaque organe reprend les fonc- tions dont il est naturellement chargé ; mais l'observation démontre tous les jours que ce traitement, avantageux dan* DE L'URINE. 337 quelques circonstances, n'a été d'aucun secours dans plu- sieurs autres ; et il est même arrivé quelquefois , en l'em- ployant, que Ton a fait disparaître la saveur sucrée de Turine sans guérir la maladie. L'hydro-sulfate sulfuré d'am- moniaque parait avoir été utile dans cette affection. Urine dans le diabète non sucré. Suivant Rollo, cette urine ne contient que des sels et fort peu de sucre et d'urée. Pearson en a vue qui n'était pas sucrée et qui avait l'odeur de vieille bière. Urine des fièvres nerveuses. Cette Urine est souvent ardente, et donne lieu à un dépôt rouge-rose, formé d'acide rosacique et d'acide urique. Urine des fièvres putrides, Elle contient de l'ammo- niaque, et ressemble à de Turine pourrie ; nous avons quel- quefois examiné Turine des malades atteints de ces fièvres, et nous nous sommes convaincus qu'elle verdissait forte- ment le sirop de violette au moment où elle était rendue ; on y trouvait une assez grande quantité d'ammoniaque, qui provenait de la décomposition éprouvée par une portion d'urée dans la vessie même : en eftèt, cette urine contenait moins d'urée que celle du même individu dans l'état de santé. Urine dans la dyspepsie. Suivant M. Thompson , cette Urine précipite abondamment le tannin et se pourrit avec facilité. Urine laiteuse. Wurzer dit avoir analysé Turine d'un homme de trente ans, sujet à des affections catarrhales, avec gonflement desseins, et y avoir trouvé une matière caséeuse, fort peu d'urée, et environ 5— du poids de Turine d'acide benzoïque. Déjà nous avons parlé, pag. 270 de ce vol. , de Turine analysée par M. Cabal, dans laquelle ce chi- miste trouva aussi la matière caséeuse. Urine d'un enfant tourmenté de vers. Elle contenait beaucoup d'oxalate de chaux qui se déposait. ( Fourcroy. ) 338 'troisième fartie. Urine de certains individus dans l'estomac desquels on a introduit des substances particulières. L'urine est, sans contredit, de tous les fluides, celui qui change le plus faci- lement de nature par l'ingestion de quelques substances. Mange-t-on des asperges, elle devient fétide ; la térében- thine, les résines , les baumes, lui donnent une odeur de violette; elle acquiert une odeur camphrée lorsque le cam- phre a été introduit dans l'estomac ; si au lieu de camphre , on prend du nitrate ou de Thydro-cyanate de potasse (prus- siate) , on retrouve ces sels dans Turine. La promptitude avec laquelle ces substances passent de l'estomac dans la vessie a fait penser qu'il y avait une voie directe de com- munication entre ces deux organes; cette opinion paraissait fortement appuyée par les analyses chimiques , qui ne démontraient pas l'existence du prussiate de potasse dans le sang , tandis qu'il se trouvait dans Turine. M. Magendie réfute cette opinion; il établit, i° que les réactifs décèlent ce prussiate dans 1% sang si on Ta administré en assez grande quantité ; 2° que ces différentes substances sont absorbées dans l'estomac par les veines, qui les transportent aussitôt au foie et au cœur, de manière que la route suivie par ces matières pour arriver aux reins est beaucoup plus courte que celle qui est admise généralement, savoir : les vais- seaux lymphatiques, les glandes mésentériques et le canal thoracique. Des Variétés de turine dans les animaux. Urine de cheval. Cette urine paraît formée de carbonates de chaux , de magnésie et de soude, de benzoate de soude, de sulfate et d'hydro-chlorate de potasse, d'urée, de mucus et d'huile rousse. ( Fourcroy , Vauquelin , Chevreul. ) Plusieurs chimistes avaient annoncé le phosphate de chaux dans cette urine. Fourcroy et M. Vauquelin réfutèrent cette de l'urine. 33ôî assertion, et leur opinion se trouve confirmée par les ex- périences récentes de M. Chevreul. L'huile rousse paraît entrer dans la composition de Turine de tous lés animaux herbivores, et leur communiquer l'odeur et la saveur. Urine de vache. Suivant M. Brande, elle est formée de 65 parties d'eau, de3,4d'urée, d'une certaine quantité de matière animale, de 3 de phosphate de chaux, de 15 d'hydro- chlorates de potasse et d'ammoniaque, de 6 de sulfate de potasse, de 4 de carbonates de potasse et d'ammoniaque et peut-être d'albumine et d'acide benzoïque. Rouelle le cadet annonça, dès Tannée 1271, l'existence de Tacide benzoïque dans cette urine. Urine de chameau. M. Chevreul Ta trouvée formée d'eau, de matière animale coagulable par la chaleur de carbonates de chaux et de magnésie , de silice, d'un peu de sulfate de chaux, d'un atome d'oxide de fer , de car- bonate d'ammoniaque, d'un peu d'hydro-chlorate de po- tasse et de sulfate de soude , de beaucoup de sulfate de potasse, d'un atome de carbonate de potasse, d'acide ben- zoïque , d'urée, et d'huile d'un brun rougeâtre , odorante communiquant son odeur à Turine. Il n'v avait ni acide urique ni phosphate de chaux, comme M. Brande l'avait annoncé. Urine de lapin. Suivant M. Vauquelin , elle contient de Teau , de l'urée très-altérable, du mucus gélatineux , des carbonates de potasse, de chaux et de magnésie, de l'hydro-chlorate et du sulfate de potasse , du sulfate de chaux et du soufre; son odeur est souvent analogue à celle des herbes qui ont servi à nourrir le lapin. Urine d'dne. D'après M. Brande, cette urine contient beaucoup d'urée, du mucus, beaucoup de phosphate de chaux, du carbonate, du sulfate et de l'hydro-chlorate de soude , et des traces d'hydro-chlorate de potasse. Elle ne renferme ni acide urique ni acide benzoïque. 34o TROISIÈME PARTIE. Urine de cochon d'Inde Elle ne contient ni phosphates ni acide urique; mais on y trouve des carbonates de po- tasse et de chaux, de l'hydro-chlorate de potasse, etc. ; elle est par conséquent analogue aux précédentes. (Vau- quelin.) Urine de castor. Elle contient de Teau , de l'urée , du mucus animal, du benzoate de potasse, des carbonates de chaux et de magnésie, du sulfate et de l'hydro-chlorate de potasse , de l'acétate de magnésie , de l'hydro-chlorate de soude, une matière végétale colorante , et de l'oxide de fer. (Vauquelin. ) Urine de chiens nourris avec des substances ne con- tenant point d'azote. Cette urine , analysée par M. Che- vreul , était alcaline au lieu d'être acide ; elle n'offrait aucune trace d'acide urique ni de phosphate de chaux, caractères qui appartiennent en général à Turine des ani- maux herbivores. Urine de chat. Elle contient de Tacide benzoïque , suivant Giese. D'après Bayen , elle laisse déposer des cristaux qui paraissent composés d'urée et de sel am- moniac. Urine du lion et du tigre royal. Cette urine renferme de Teau , de l'urée, du mucus animal, des phosphates de soude et d'ammoniaque, un atome de phosphate de chaux, de l'hydro-chlorate d'ammoniaque, beaucoup de sulfate de potasse , et très-peu d'hydro-chlorate de soude. ( Vau- quelin.) Urine des oiseaux. Urine d'autruche. Elle contient beaucoup d'acide urique, du mucus, une matière huileuse, des sulfates de potasse et de chaux , de l'hydro-chlorate d'ammoniaque, du phosphate de chaux , et peut-être de TaCide phosphorique; elle ne renferme point d'urée. L'urine du vautour et de l'aigle contient aussi de Tacide urique. (Vauquelin et Fourcroy.) DU LAIT. 34t M. Wollaston a fait, sur Turine des oiseaux, des remar- ques fort intéressantes. Il résulte de son travail que la quantité d'acide urique qu'elle renferme est presque nulle lorsque les oiseaux se nourrissent d'herbes ou de substances non azotées; elle est au contraire très-grande si les ali- mens qui servent à leur nourriture contiennent beau- coup d'azote. Du Lait. Le lait est sécrété par les glandes mammaires des fe- melles des mammifères. 927. Lait de vaehe. Il est formée d'après Fourcroy et M. Vauquelin , d'eau et d'acide acétique libre , de 0,02 de sucre de lait, d'une matière animale analogue au gluten fer- menté , d'hydro-chlorate et d'hydro-phtorate de potasse (tluate), et d'hydro-chlorate de soude : ees principes sont dissous dans le lait. Il renferme en outre 0,08 de matière butireuse et deo,oo6 à 0,007 de phosphaté de magnésie, de chaux et de fer, substances qui se trouvent seulement en suspension ; il contient encore 0,1 de caséum : on nesait pas si ce principe est en dissolution ou en suspension. Enfin, d'après ces savans , les phosphates de soude et de potasse y sont en trop petite quantité pour pouvoir être-découverts. M. Déyeux et Parmentier avaient donné en 1786 l'analyse suivante : «Matière volatile odorante, beurre, sucre de lait, substance animale que Ton obtientsous forme de pellicule à la surface du lait lorsqu'on fait évaporer celui-ci, caséum, hydro-chlorates de chaux et de potasse, et peut-être du soufre et de l'ammoniaque. » Suivant ces auteurs, le beurre et le fromage du lait de vache diffèrent dans les portions de lait successives de la même traite ; ceux des dernières portions de lait sont meilleurs que ceux des premières. Ils ont observé en outre que le lait d'une vaehe qui avait été nourrie avec du blé de Turquie était plus sucré, et conte- 34^ Troisième partie, nait moins de crème, de petit-lait et d'extrait. M. Berzelius a fait, dans ces derniers temps , l'analyse du lait écrémé et de la crème. Le lait écrémé, d'une pesanteur'spécifique de i,o33, renferme 928^75 d'eau, 28 de matière caséeuse , avec quelques traces de beurre; 35,oo de sucre de lait, 1,70 d'hydro-chlorate de potasse, o,25 de phosphate de potasse , 6,00 d'acide lactique, d'acétate de potasse, et d'un atome de lactate de fer ; o,5 de phosphate terreux. Cent par- ties de crème d'une pesanteur spécifique de 1,0244» con-> tiennent, suivant le même chimiste, 4;5 de beurre, 3,5 de caséum, 92,0 de petit-lait , dans lesquels il y a 4,4 ^e sucre de lait et des sels. L'analyse du lait, faite par M. John en 1808 , offre à-peu-près les mêmes résul- tats que celle de M, Berzelius ; cependant cet auteur n'en a pas déterminé les proportions; il pense , en outre, que le lait renferme une substance aromatique qui ne se con-i dense point, une matière muqueuse, et des traces d'un* phosphate, alcalin. 928. Le lait de vache est un liquide opaque, blanc, plus pesant que Teau, et doué d'une saveur plus ou moins* douce. Lorsqu'on le fait évaporer , il se forme une pelli- cule qui ne tarde pas à être remplacée par une autre si on l'enlève, et qui est presque entièrement composé© de matière caséeuse. Distillé», il fournit un liquide aqueux qui contient une certaine quantité de lait. Evaporé jusqu'à siccité et mêlé avec des amandes et du sucre , il constitue la frangipane.. Si on l'abandonne à lui-même, à la température ordi-. naipe , avec ou sans le contact de Tair, il se sépare en; trois parties, la crème, la matière caséeuse et le petit-lait. La crème, formée de beaucoup de beurre, d'une certaine quantité de caséum et de petit-lait, se trouve à la parti© supérieure ; elle est incolore ou d'un blanc jaunâtre, opa- que, molle, onctueuse et douée d'une saveur agréable : DU LAIT. 343 elle se sépare d'abord, et le lait devient d'un blanc bleuâtre. La seconde, ou le caséum, qui forme le caillot, est très- blanche, opaque, mais sans onctuosité et sans saveur. Le petit-lait, composé d'eau, de sucre de lait, de sels et d'a- cide tenant un peu de caséum en dissolution, est liquide, transparent, d'un jaune verdâtre , et d'une saveur douce ; il rougit Yinfusum de tournesol. Si on laisse le lait pendant quelques jours en contact avec Y air, on peut en retirer, par la distillation, une assez grande quantité d'acide acétique. M. Gay-Lussac est par- venu à conserver du lait pendant plusieurs mois, en le faisant chauffer tous les jours un peu; jl a empêché, par ce moyen, la coagulation dont nous venons de parler, et la réaction ultérieure des principes du lait les uns sur les autres , c'est-à-dire, sa putréfaction. 929. Tous les acides s'emparent du caséum contenu dans le lait, et forment avec lui un précipité plus ou moins abon- dant ; c'est sur cette propriété qu'est fondée la préparation du petit-lait par le vinaigre. ( Voyez Préparations. ) M. Des- champs de Lyon a fait voir, en i8i4, qu'en chauffant un mélange de 2 parties de lait et d'une partie de vinaigre, on obtient un coagulum, et que la liqueur filtrée offre à sa sur- face, avant le trentième jour, une croûte de plus de 10 li- gnes d'épaisseur. Cette croûte, desséchée, est transparente, et devient plus mince que la peau de baudruche; on peut l'employer à divers usages ; elle supporte très-bien l'écri- ture et les caractères typographiques, et paraît propre à rem- placer le plus beau parchemin ; cependant, lorsque le temps est très-sec, elle ne peut guère se ployer sans se casser.. 93o. L'alcool s'empare de Teau contenue dans le lait, et en précipite la matière caséeuse. Les sels neutres très-solubles dans Teau , le sucre et la gomme agissent de la même ma- nière lorsqu'on élève la température. Le sublimé corro- sif le précipite, et se trouve transformé en proto-chlorure 3(4 TROISIÈME PARTI T. de mercure. ( Voyez page 253 de ce vol.) Les sels d clam sont subitement décomposés par ce liquide, et Ton obtient un précipité caillebotté qui contient tout l'oxide d'étain de la dissolution, et qui est sans action sur l'économie animale. Nous avons prouvé, par des expériences directes faites sur lès animaux, que le lait est le meilleur contre- poison des dissolutions d'étain. La potasse, la soude et Y ammoniaque , loin de précipiter le lait, dissolvent le ca- séum précipité par les acides. Le lait de vache est employé pour préparer la crème, le beurre, le fromage , le petit-lait, le sucre de lait et la fran- gipane : on peut s'en servir pour clarifier le sirop de bette- rave, dans la peinture en détrempe, etc. Il est très-utile datts Une foule de cas d'empoisonnement, soit qu'il agisse comme adoucissant, soit qu'il décompose certains poisons, ou qu'il se combine avec d'autres en les neutralisant. Lait de femme. Suivant M. Déyeux et Parmentier, le lait pris chez une femme , quatre mois après l'accouche- ment , contient très-peu de matière butireuse, ayant la con- sistance de crème et étant difficile à séparer; beaucoup de sucre de lait, fort peu de caséum très-mou, beaucoup de crème, des hydro-chlorates de soude et de chaux, une partie volatile odorante à peine sensible, et peut-être du soufre. En général, toutes les analyses s'accordent à prouver que le lait de femme renferme plus de sucre de lait et de crème et moins de caséum qtfele précédent. Nous devons cependant avertir que sa composition diffère singulièrement suivant l'époque plus ou moins éloignée de l'accouchement, les alimens dont se servent les nourrices ; et même , d'après M. Déyeux et Parmentier , elle varie dans un même jour. Le lait de femme a une saveur très-douce et ne peut pas être coagulé ; il a peu de consistance, principalement lorsqu'on eu a séparé la crème ; celle-ci ne fournit poiu», de beurre, même par une agitation très-prolongée. DU BEURRE. 345 Lait de chèvre. 11 ressemble beaucoup au lait de vache par ses propriétés et par sa composition ; cependant la ma- tière butireuse qu'il contient est plus solide que celle du lait de vache. ( Déyeux et Parmentier. ) Lait de brebis. Il fournit plus de crème que le lait dé vache ; mais le beurre que Ton en obtient est plus mou ; la matière caséeuse, au contraire, estplus grasse et plus vis- queuse ; il renferme moins de sérum que le lait de vache ; il contient des hydro-chlorates de chaux et d'ammoniaque. ( Déyeux et Parmentier. ) On s'en sert, ainsi que du pré- cédent , pour faire les fromages de Roquefort. Lait de jument. Il contient une très-petite quantité de matière butireuse fluide, se séparant avec beaucoup de dif- ficulté ; un peu de caséum plus mou que celui du lait de vache, plus de sérum que ce dernier, de l'hydro-chlorate d'ammoniaque et du sulfate de chaux. (Déyeux et Parmen- tier. ) Il tient le milieu, par rapport à sa consistance, entre le lait de femme et celui de vache ; il est précipité par les acides, et fournit une crème qui ne donne point de beurre. LesTartares paraissent employer le lait de jument à la préparation d'une liqueur vineuse ; il est probable qu'ils le mêlent avec quelques substances , puisque le lait seul n'é- prouve point la fermentation spiritueuse. Lait d'dnesse. Il a beaucoup de rapport avec celui de femme ; mais il renferme un peu moins de crème et un peu plus de matière caséeuse molle. Suivant M. Déyeux et Parmentier, le beurre ne se sépare de cette crème qu'avec la plus grande difficulté. Le lait d'ânesse a la consistance , l'odeur et la saveur du lait de femme ; il est précipité par Tajcool et par les acides. Du Beurre. q3i. Le beurre n'a été trouvé jusqu'à présent que dans le lait. Il est formé , suivant M. Chevreul, de stéarine t 346 TROISIÈME partie. d'élaïne, d'acide butirique ou principe odorant, et d'un principe colorant. M. Braconnot, dans son Mémoire sur les corps gras, publié après le travail de M. Chevreul , établit que le beurre des vaches des Vosges, récolté pen- dant Tété , fournit 60 parties d'huile jaune liquide à une basse température, et /±o parties d'une matière solide à la- quelle il donne le nom de suif. Le même beurre, récolté en hiver, donna 35 parties d'huile et 65 parties de suif. Sui- vant M. Braconnot, le beurre de vache et de chèvre parait contenir une plus grande quantité de matière solide que celui de brebis , d'ânesse et de jument; celui de femme semble être presque entièrement formé d'huile. 932. Le beurre est un corps mou , d'une couleur jaune ou blanche, d'une saveur agréable et d'une odeur légère- ment aromatique ; sa pesanteur spécifique est moindre que celle de Teau;il se fond avec la plus grande facilité. Si, après avoir été fondu, on le comprime entre plusieurs doubles de papier brouillard, à Taide d'une forte presse et à la tem- pérature de zéro , il fournît une matière blanche, fragile , aussi compacte que le suif le plus dur, et une huile qui. tache le papier. (Braconnot.) M. Coessin avait déjà re- marqué qu'en laissant refroidir très-lentement le beurre qui avait été fondu à 66° , il se divisait en cristaux sphé- riques, graisseux, et en une huile fluide qu'il en séparait par la décantation , et qui conservait le goût et l'odeur du beurre. Ces expériences , qui prouvent évidemment l'exis- tence de deux matières différentes dans le beurre , n'atté- nuent en aucune manièie le mérite du travail de M. Che- vreul , qui en ignorait les résultats , parce qu'ils n'avaient pas été publiés ; d'ailleurs , ce chimiste a fait voir, comme nous l'avons déjà dit, que ces deux matièies sont l'élaïne et la stéarine ; et il a en outre retiré du beurre Tacide buti- rique et un principe colorant. Si après avoir fondu le beurre à 66°, on le laisse refroidir rapidement, on obtient une DE LA MATIÈRE CÉRÉBRALE. 347 masse homogène qui peut être conservée pendant long- temps sans altération, pourvu qu'elle n'ait pas le contact de Tair : en effet, elle ne contracte point de saveur acre , et peut servir à la préparation des alimens aussi - bien que le beurre frais. L air altère facilement le beurre, surtout en été. L'eau et Talcool ne le dissolvent point. Les alcalis le décompo- sent, transforment la stéarine et l'élaïne en acides marga- rique et oléique, avec lesquels ils se combinent : aussi peut-on faire d'excellens savons avec la matière buti- reuse. (Voy. pag. 88 de ce vol.) SECTION II. Des Parties solides des animaux. De la Matière cérébrale. 933. La matière cérébrale de l'homme renferme , d'après la belle analyse de M. Vauquelin, 80,00 parties d'eau, i4,53 d'une substance grasse blanche , 0,70 de matière grasse rouge, 1,12d'osmazome, 7,00d'albumine, i,5o de phos- phore combiné aux matières grasses blanche et rouge , 5,i 5 de soufre et de phosphate acide de potasse , des phos- phates de chaux et de magnésie, et un peu d'hydro-chlorate de soude. Plusieurs chimistes avaient analysé le cerveau avant M. Vauquelin, mais aucun n'avait fait connaître aussi bien sa composition. Les résultats obtenus par Jordan , en i8o3 , nous paraissent les plus remarquables; il trouva dans ce viscère de Teau, de Talbumine dissoute et coagulée, une matière grasse particulière , du soufre et des phos- phates de soude, de chaux et d'ammoniaque. Suivant lui, le cerveau frais ne contient pas d'acide phosphorique , tandis qu'on en trouve dans le cerveau incinéré. M. John avait aussi annoncé, dans le cerveau, Texistence d'une ma- 348 TROISIÈME PARTIE. lière grasse, soluble dans Talcool chaud , et cristallisable enfeuillets. Avant d'exposer les principales propriétés chi- miques du cerveau, nous allons faire Thistoire des deux matières grasses qu'il renferme. 934. Matière grasse blanche. Cette matière contient du phosphore et ne renferme poi nt du phosphate d'ammoniaque ; elle est solide, incolore, molle et poisseuse; elle a un aspect satiné et brillant, tache le papier à la manière des huiles , et n'a point d'action sur le papier de tournesol; exposée au soleil, elle jaunit ; chauffée , elle se fond, et se colore en brun à une température qui ne colorerait pas la graisse ordinaire ; chauffée plus fortement dans un creuset de platine avec le contact de Tair, elle s'enflamme, se dé- compose, et laisse un charbon qui contient de Tacide phos- phorique et qui rougit Yinfusum de tournesol; d'où il suit que cet acide a été formé aux dépens du phosphore, de la matière grasse et dé Toxigène de Tair. Si au lieu de la chauffer seule on la mêle avec de la potasse, on obtient du phosphate de potasse, parce que l'alcali se combine avec Tacide à mesure qu'il se forme. . La matière grasse blanche est à peine soluble dans l'al- cool froid; elle se dissout très-bien dans ce liquide bouil- lant; elle est insoluble dans une dissolution de potasse caustique. M. Vauquelin, tout en la rapprochant des grais- ses , pense qu elle doit en être distinguée par sa solubi- lité dans Talcool, par sa cristallisabilité, sa viscosité, sa fusibilité moins grande, et la couleur noire qu'elle prend en fondant. 935. Matièr-e grasse rouge. Elle contient également du phosphore; elle a une couleur rouge brune, une odeur sem- blable à celle du cerveau, mais plus forte, et une saveur de graisse rance ; elle a moins de consistance, et se dissout mieux dans Talcool que la précédente ; le calorique , la » potasse et Yinfusum de tournesol agissent sur elle eomrm> DE LA MATIERE CÉRÉBRALE. 34o sur la matière grasse blanche. Ces deux substances sont- elles identiques ? On ne peut rien affirmer à cet égard ; mais les différences qu'elles présentent sont très-faibles. 936. Propriétés de la matière cérébrale. La matière céré- brale est sous la forme d'une pulpe en partie blanche , en partie grise. Abandonnée à elle-même, elle se putréfie très- facilement, surtout lorsqu'elle a le contact de Tair. Suivant M. \auquelin, les matières grasses et Tosmazomene sont point sensiblement décomposés ; une partie de Talbumine est seulement détruite par la fermentation. Lorsqu'on traite la matière cérébrale par 5 ou 6 parties d'alcool à 36° et à la chaleur de l'ébullition, le liquide acquiert une couleur verdâtre, et tient en dissolution les deux matières grasses, T osmazome, le phosphate acide de potasse et quelques traces d'hydro-chlorate de soude; la por- tion non dissoute est Talbumine contenant le soufre et les sels insolubles. Si on délaie dans Teau la matière cérébrale fraîche, on peut en coaguler Talbumine par la chaleur , par les acides, par les sels métalliques, etc. Le cerveau est extrêmement difficile à incinérer : ce phé- nomène dépend du phosphore contenu dans les matières grasses, qui passe à l'état d'acide phosphorique, et recouvre de toutes parts les molécules charbonneuses, qui se trouvent par là privées du contact de Tair : aussi parvient-on à les réduire plus facilement en cendres en les lavant de temps en temps pour leur enlever Tacide phosphorique. Cervelet de l'homme, et cerveau des animaux herbi- vores. D'après M. Vauquelin, ces parties sont composées des mêmes principes que le cerveau de l'homme. M. John élève des doutes sur l'existence du phosphore dans le cer- veau de quelques animaux : du moins il n'en a pas trouvé dans les analyses qu'il a faites en 1814. Suivant lui, cet Organe ne contiendrait pas de soufre. Moelles allongée et épinière. Ces parties sont de la même 3Ô0 TROISIÈME PARTIE. nature que le cerveau ; mais elles contiennent beaucoup plus de matière grasse , moins d'albumine, d'osmazome et d'eau. Nerfs. Ils sontformés des mêmes élémens : cependant ils renferment beaucoup moins de matière grasse et de matière colorante, et beaucoup plus d'albumine; ils contiennent, en outre de la graisse ordinaire. Mis dans Teau, ils ne se dissolvent pas , blanchissent, deviennent opaques , et se gonflent sans éprouver beaucoup d'altération ; le liquide acquiert, au bout de quelques jours, une odeur de sperme extrêmement sensible. Laissés pendant quelque temps dans du chlore , ils diminuent de longueur, et deviennent plus consistans , plus blancs et plus opaques. ( M. Vau- quelin. ) De la Peau. 937. La peau est formée de trois parties , Tépiderme, le tissu réticulaire et le derme. L'épiderme est insoluble dans Teau et dans Talcool, fort peu soluble dans les acides sulfu- rique et hydro-chlorique étendus, et complètement soluble dans les alcalis. Distillé, il fournit beaucoup de sous-car- bonate d'ammoniaque. M. Vauquelin le regarde comme du mucus durci. Suivant M. Hatchett, il a beaucoup de rap- port avec Talbumine coagulée , et M. Chaptal le compare à la corne et à l'enduit de la soie. Le tissu réticulaire de Malpighi paraît formé de mucus, et peut-être de gélatine ; celui des nègres et des peuples de couleur brune contient probablement du carbone. ( John. ) Derme ou peau proprement dite. M. Chaptal le regarde comme composé de gélatine et d'un peu de fibrine ; tandis que, suivant M. Thompson, il ne serait que de la gélatine modifiée. Il est membraneux, épais, dur, assez dense, com- posé de fibres entrelacées , et arrangées de manière à imiter les poils d'un feutre. Distillé, il se comporte comme les DE LA PEAU. 351 matières azotées ; il se gonfle dans Teau bouillante, et finit par se dissoudre en grande partie ; le solutum se prend en gelée par le refroidissement ; les acides ou les alcalis fai- bles le ramollissent, le gonflent, le rendent presque trans- parent, et le dissolvent en partie; Teau froide finit presque par agir sur lui de la même manière. Il est insoluble dans Talcool , les ethers et les huiles. La peau, com- binée avec le tannin, est employée sous le nom de cuir. 938. Du tannage.— Cuir. Après avoir lavé les peaux, on leur enlève le poil et Tépiderme qui les recouvrent, soit en les plongeantpendant plusieurs jours dans de Teau de chaux, ou dans une liqueur légèrement acide, par exemple, dans de Teau aigrie par un mélange de farine d'orge et de levure, soit en les abandonnant à elles-mêmes, à la température de 3o° à 35°, après les avoir disposées les unes sur les autres. Par l'un ou l'autre de ces moyens, les peaux se gonflent, les pores s'ouvrent, et Ton peut facilement, à Taide d'un couteau rond, détacher le poil et Tépiderme ; alors on les met dans une eau courante afin de les ramollir; on les presse avec le même couteau pour détacher le poil et Tépiderme qui n'avaient pas été séparés dans la première opération. On procède ensuite au gonflement, opération qui consiste à les plonger dans une faible dissolution d'acide ou d'al- cali , et dont l'objet principal e6t d'ouvrir davantage les pores ; on les tient pendant quelque temps dans de Teau contenant quelques écorces pour leur faire subir le pas- sement ; enfin on les combine avec le tannin : pour cela, on les plonge dans de Teau contenant Une certaine quan- tité de tan en dissolution (poudre d'écorce de chêne); quelques jours après on les relire pour les plonger dans une dissolution un peu plus concentrée ; on répète cette opération avec des dissolutions plus concentrées, puis on les laisse pendant six semaines dans la fosse. (Séguin.) Ces fosses sont des cuves en bois ou en maçonnerie, au fond 35â TROISIÈME PARTIE. desquelles on met du tan en poudre, sur lequel on étend une peau que Ton recouvre de tan ; on met successivement sur celui - ci une nouvelle peau , du tan , etc. ; on fait arriver de Teau dans ces cuves; peu à peu le tannin se dis- sout, se combine avec la gélatine, et donne un composé très-dur qui constitue le cuir. ( Voyez pag. 264 de ce vol. ) On peut, par ce moyen, tanner plusieurs peaux dans l'es- pace de trois mois ; tandis que par le procédé ancien, celui qui consiste à les mettre dans la cuve avant de les avoir plongées dans les infusions de tan, et à renouveler le tan à mesure qu'il s'épuise , il faut au moins un an pour terminer l'opération. Si, au lieu de cuir, on veut obtenir de la peau pour em- peigne ou pour baudrier, on procède delà même manière, excepté que Ton supprime les deux opérations connues sous les noms de gonflement et de passement. Des Tissus cellulaire, membraneux, tendineux, aponèvrotique et ligamenteux. Tissu cellulaire. Ce tissu très-délié , qui fait partie de tous les organes , et qui paraît consister en une multitude de lamelles transparentes, est composé, d'après M. John, de gélatine, d'un peu de fibrine, de phosphates de chaux et de soude. Les membranes muqueuses et séreuses sont formées de gélatine comme la peau : aussi se dissolvent-elles facile- ment dans Teau bouillante. Les membranes des artères nous ont fourni de la fibrine, une matière grasse par- ticulière et du mucus. DU TISSU GLANDULEUX. 353 Tendons. Suivant Fourcroy , les tendons de l'homme et des quadrupèdes mammifères sont composés de beau- coup de gélatine soluble dans Teau bouillante, d'un peu de phosphate de chaux et d'hydro-chlorates de soude et de potasse. Il en est de même des aponévroses. Ligamens. D'après M. Thompson , les ligamens qui réunissent les os dans les articulations de l'homme con- tiennent de la gélatine , et paraissent composés, en grande partie, d'une substance particulière semblable à Talbumine coagulée; ils ne se dissolvent qu'en partie dans Teau bouil- lante , et le solutum se prend en gelée par le refroi- dissement. Du Tissu glanduleux. On distingue deux sortes de glandes , les lymphatiques ou conglobées, et les conglomérées, telles que le foie, les reins, etc. 939. Glandes lymphatiques.Sui\ant Fourcroy, elles sont formées d'une matière fibreuse tout-à-fait insoluble , d'un peu de gélatine soluble dans Teau bouillante , d'hydro- chlorates de soude et de potasse, et d'un peu de phosphate de chaux. Glande thyroïde. M. John a fait l'analyse de la glande thyroïde d'une personne scrophuleuse ; cette glande avait acquis le volume d'un œuf de poule.-Elle fournit, i° une substance qui, par l'ébullition, donna beaucoup de mucus animal casé; ux, dont la noix de galle et Talcool précipitaient un peu de gélatine ; 2° une matière grasse , solide, parti- culière; 3° un peu d'albumine; 4° de l'hydro-chlorate d'ammoniaque, du phosphate de chaux, des traces d'oxide de fer, uni peut-être à Tacide phosphorique, un atome de carbonate de chaux, fort peu de soude, et de Teau. o4o. Glandes conglomérées. Foie. Suivant Baume, le foie humain contient une matière grasse analogue à la cétine, 354 TROISIÈME PARTIE. de la soude , et une liqueur albumineuse. Fourcroy fit l'analyse d'un foie qui était resté à Tair pendant dix ans, et qui avait été un peu attaqué par les insectes ; il y trouva une matière soluble dans les alcalis caustiques , une sub- stance analogue à la cholestérine ( voyez § 856 ) , une matière huileuse concrète, des parties membraneuses , des vaisseaux, de la soude, et un peu d'ammoniaque ( ? ). Foie d'un veau. Suivant Geoffroy le cadet, 2 livres 7 gros de ce foie donnèrent 2 onces 1 gros 60 grains d'extrait déliquescent. Ces détails analytiques, très-incomplets, prou- vent combien il serait important de faire des expériences sur l'organe sécréteur de la bile, ainsi que sur la rate , les reins, etc., organes sur la composition desquels on n'a au- cune donnée exacte. Du Tissu musculaire ou des Muscles. 941. Muscles de l'homme. Suivant M. John, la chair hu- maine ne diffère pas de la chair de bœuf et de celle des autres animaux. Muscles de bœuf. Les muscles contiennent toujours des vaisseaux lymphatiques et sanguins, des nerfs, des aponé- vroses, des tendons, du tissu cellulaire, de la graisse, etc. Ils sont formés d'eau, de gélatine, d'osmazome, d'albu- mine, de fibrine, d'un acide libre destructible qui, sui- vant M. Berzelius, est Tacide lactique; d'hydro-chlorate de soude, de phosphates de soude, d'ammoniaque et de chaux, d'hydro-chlorate d'ammoniaque et de potasse, d'un sel calcaire.formé par un acide destructible, de sulfate de potasse, d'oxide de fer, et, suivant quelques chimistes, de soufre et d'oxide de manganèse. MM. Berzelius, Grin- del, etc., élèvent des doutes sur l'existence de Tosmazome dans la chair musculaire. Le premier de ces savans regarde cette matière extractive comme de Tacide lactique et du lac- DU TISSU MUSCULAIRE. 355 tate de soude combinés avec une matière animale; et le dernier pense qu'elle est le produit de l'altération de la gélatine. 94^. Lorsqu'on chauffe la chair musculaire , Teau se vaporise et entraîne avec elle une petite portion de ma- tière animale ; le rôti obtenu contient presque tous les principes de la viande, et par conséquent est très-nourris- sant. Si on élève fortement sa température, on le décom- pose complètement, et Ton obtient tous les produits four- nis par les substances azotées. ( Voyez § 828 ). 943. L'eau froide versée sur la chair musculaire dissout Talbumine, Tosmazome et les sels solubles; si on sou- met le mélange à une douce chaleur, que Ton augmente progressivement, ce liquide dissout en outre la gélatine; la graisse se fond , et Talbumine ne tarde pas à être coa- gulée sous la forme d'écume, que Ton peut enlever à Taide d'une écumoire. Le résultat de cette opération est le bouillon et le bouilli. Le bouillon est formé de gélatine qui le rend nourrissant, d'osmazome qui lui donne une saveur agréable, d'aride lactique, de sels solubles , et d'une certaine quantité de graisse; en le laissant refroidir, celle-ci se fige, vient à la surface, et peut être séparée à l'aide d'une écumoire ou de tout autre moyen mécanique. Nous verrons, en parlant des os, comment on peut faire du bouil- lon en employant une partie de viande et 3 parties de géla- tine d'os et des légumes. Le bouilli n'est que de la fibrine si on a fait chauffer Teau assez de temps pour enlever à la chair tout ce qu'elle offre de soluble : dans ce cas il est in- sipide, fibreux, etc. Si au lieu de chauffer ainsi graduellement la viande et Teau, on plonge la chair musculaire dans ce liquide bouil- lant, on obtient du mauvais bouillon: en effet, la tempé- rature se trouve assez élevée pour coaguler de suite toute Talbumine; celle-ci bouche les pores de la viande et s'op- pose à la dissolution de la gélatine et de Tosmazome. 356 TROISIÈME PARTIE. Abandonnée à elle-même, la chair musculaire se décom* pose et fournit une multitude de produits que nous ferons connaître en parlant de la putréfaction. Des Os. g44« Les os humains sont formés , suivant Fourcroy et M. Vauquelin, de beaucoup de phosphate de chaux et de très-peu de phosphate de magnésie, de phosphate d'ammo- niaque, d'oxides de fer et de manganèse, unis probablement à Tacide phosphorique, de quelques traces d'alumine et de silice, de gélatine et d'eau. Les proportions de ces maté- riaux varient suivant l'âge, l'état de santé, le tempéram- ment, etc. Outre ces substances, les os humains contien- nent, i° une assez grande quantité de carbonate de chaux soupçonné par Hérissant, et dont l'existence a été démontrée par MM. Proust, Hatchett, etc.; 20 une plus ou moins grande proportion de graisse. ( Thompson. ) M. Berzelius a annoncé le premier que Tacide hydro-phtorique ( fluorique) faisait partie des os humains, résultat qui ne se trouve point confirmé par les expériences de Wollaston, Brande, Four- croy et M. Vauquelin. Voici les proportions données par le savant chimiste suédois: cartilage soluble dans Teau (géla- tine), 32,17 ;vaisseaux sanguins, i,i3 ;fluate de chaux, 2,00; phosphate de chaux, 51 ,o4 ; carbonate de chaux, n,3o; phosphate de magnésie, 1,16; soude, hydro-chlorate de soude, eau, 1,20. On a lieu de s'étonner que M.Berzelius ne fasse point mention des oxides de fer et de manganèse, de la silice et de Talumine , substances dont l'existence dans les os humains a été mise hors de doute par Fourcroy et M. Vauquelin. Dès Tannée 1800, ces deux savans chimistes avaient pu- blié l'analyse d'un crâne humain monstrueux, déterré à Reims environ quarante ans auparavant ; ils l'avaient DES 0 5. 357 trouvé contenir, sur 1000 parties, gélatine,0,123; phos- phate de chaux, 0,572 ; carbonate de chaux, 0,222 ; hydro- chlorate de chaux, 0,022; eau,0,061;oxide de fer ethvdro- chlorate de soude. Ils obtinrent, des os trouvés dans un tombeau du 1 ie siècle, du phosphate acide de cliaux, une matière colorante animale soluble dans Teau et dans Tal- cool , qui devenait verte par Les alcalis, et un peu de phosphate de magnésie : ces os étaient acides et d'une couleur pourpre. Vogelsang, en analysant un os de cime- tière , âgé de 1100 ans, trouva qu'il ne contenait point de gélatine, mais qu'il renfermait plus de carbonate de chaux que les os frais. On peut voir, dans les Annales du Muséum (année 1800), plusieurs autres analyses d'os humains pris à différentes époques, et faites par Fourcroy et M. Vau- quelin. Il résulte de ces différens travaux que les os doivent être regardés comme formés d'une matière animale et d'une partie terreuse. 945. Propriétés des os. Les os sont solides, blancs,insi- pides, inodores, très-durs dans la vieillesse, ductiles jusqu'à un certain point dans l'enfance. Distillés, ils se décomposent à la manière des substances azotées, noircissent, et donnent un liquide contenant une huile empyreumatique et du sous- carbonate d'ammoniaque. Chauffés avec le contact de Tair, ils s'enflamment et noircissent ; phénomènes qui dépen- dent de ce que la partie animale absorbe Toxigène de Tair et se charbonne. Si. on continue à les chauffer, le charbon lui-même se combine avec Toxigène et passe à l'état d'acide carbonique, en sorte qu'il ne reste plus que la partie terreuse blanchâtre, connue sous le nom de terre des os : il suffit de pulvériser, de laver et de mouler cette terre pour préparer les coupelles, les troehisques, etc. Abandonnés à eux-mêmes , soit à Tair libre, soit dans la terre, ils se délitent, s'exfolient et tombent en poussièrel la matière animale finit donc également par être détruite. 358 TROISIÈME PARTIE. Si on les soumet à Taction de Teau bouillante après les avoir râpés, on ne parvient qu'à dissoudre une petite portion de leur matière organique ( gélatine cl graisse ) ; mais si on les fait chauffer dans la marmite de Papin, à une pression beaucoup plus considérable que celle de l'atmosphère, on dissout toute la gélatine, on fond la graisse, et il ne reste plus que la partie terreuse friable. 946. Sionlesfaitdigérerpendantseptàhuitjours avec de Tacide hydro-chlorique faible, cet acide dissout tous les sels qui entrent dans leur composition ; les os se ramollissent, deviennent très^flexibles , et finissent par ne plus contenir que la matière animale. Si, dans cet état, on les plonge pendant quelques instans dans de Teau bouillante, et qu'après les avoir essuyés on les soumette à un courant d'eau froide et vive, ils peuvent être regardés comme de la gélatine pure, ou du moins comme une matière qui, étant dissoute dans Teau bouillante, fournit la plus belle colle. Tous les acides faibles jouissant de la propriété de dissoudre la partie terreuse des os, agissent de la même manière. On emploie les os pour préparer le phosphore, Tacide phosphorique, les sels ammoniacaux, les coupelles, certains trochisques, et la gélatine, avec laquelle on peut faire des gelées , des crèmes, des blancs-mangers, de la colle or- dinaire, du bouillon, d'excellentes tablettes de bouil- lon , etc. C'est à M. Darcet que nous sommes redevables de l'emploi de la gélatine des os pour la préparation du bouillon ; il est parvenu à en extraire 3o pour 100 à Taide de Tacide hydro-chlorique ; ses avantages ne peuvent plus être révoqués en doute, comme on peut s'en convaincre par le passage suivant du rapport fait par les membres de la Fa- culté de médecine de Paris. « Il est reconnu que, terme moyen, 100 kilogrammes de viande contiennent 80 kilo- grammes de chair et de graisse et 20 kilogrammes d'os 5 ipo, DES OS. 359 kilogr. de viande font, dans nos ménages, 4oo bouillons d'un demi-litre chacun ; les os qui sont jetés ou brûlés donne- raient 3o centièmes de gélatine sèche; conséquemment les 20 kilogrammes ci-dessus en fourniraient 6 kilogrammes avec lesquels on ferait 600 bouillons. Le nombre de bouil- lons produits par les os est donc à celui de la viande comme 3 est à 2. Cent livres de viande ne donnent que 5o livres de bouilli, et 100 livres de la même viande four- nissent 67 livres de rôà; il y a donc près d'un cinquième à gagner en faisant usage du rôti. Cent livres de viande fournissent 5o livres de bouilli et 200 bouillons. Cent livres de viande, dont 25 sont employées pour faire le bouillon avec 3 livres de gélatine des os, donneraient 200 bouillons et 12 livres et demie de bouilli ; et les 75 livres restant four- niraient 5o livres de rôti. On voit donc que, par Ce moyen, Ton a une quantité égale de bouillon de qualité supérieure et 5o livres de rôti ; de plus, 12 livres et demie de bouilli. » » On a préparé le bouillon avec le quart de la viande qu'on emploie ordinairement ; on a remplacé par de la géla- tine d'os et des légumes, les trois autres quarts qui ont été donnés en rôti; les malades , les convalescens, et même les gens de service, n'ont pas aperçu de différence entre ce bouil- lon et celui qu'on leur donnait précédemment ; ils ont été aussi abondamment nourris et très-satisfaits d'avoir du rôti au lieu de bouilli. Mise à l'état de tablettes avec une cer- taine quantité de jus de viande et de racines, la gélatine d'os fournit un excellent aliment. M. Darcet nous a fait voir des échantillons de celte dernière préparation qui surpassent en beauté et qualité tout ce que nous avons connu jusqu'ici en ce genre. ». ( Annales de Chimie, tom. xcn, pag. 3oo. ) 947. Os des animaux herbivores. Suivant Fourcroy et M. Vauquelin , il sont composés des mêmes principes que les os humains. D'après M. Berzelius, les os de 36o TROISIÈME PART TE, bœuf contiennent aussi du fluatc de chaux, et, suivant M. John, du sulfate de chaux. Les os de cheval et d'dne ont également fourni à M. Proust du fluate de chaux. Os fossiles d'éléphant. M. Proust y a trouvé de o,i4 à o,i5 de carbonate, de phosphate et de fluate de chaux. M. Chevreul, en analysant des os fossiles qui paraissaient provenir d'ani- maux marins, a trouvé: sulfate de chaux avec matière ani- male, i i; eau, fo 7; phosphate de chaux, phosphates de fer et de manganèse, 6,7; albumine, 1 ; carbonate de chaux, 4; fluate de chaux, une petite quantité : ils ne contenaient point de magnésie. Corne de cerf. La corne de cerf paraît renfermer les mêmes principes que les os. Distillée, elle se comporte comme les matières azotées, et fournit une huile qui, étant distillée plusieurs fois, constitue Thuile animale de Dippel. Si on traite la corne de cerf par Teau bouillante, on en dissout la gélatine, et on peut obtenir la gelée de corne de cerf. Os fossile ( turquoise}', phosphate de chaux, 80 ; carbonate de chaux, 8 ; phosphate de fer, 2; phosphate de magnésie , 2 ; albumine, 1 î; eau el perle, 6 £. ( Bouillon- Lagrange. ) Os des oiseaux. Ils sont composés comme les os hu- m-u'ns; mais ils renferment -— de phosphate de magnésie. ( Vauquelin et Fourcroy, Expériences sur les os des poules.) Os de poissons. Ces os, différens de ceux des autres ani- maux, paraissent entièrement formés de mucus analogue à celui que Ton trouve dans les cheveux, les cornes, les ongles, etc. Os de sèche. Ces os, placés sur le dos de la sèche com- mune (sœpiaqfficinalis),sont formés de gélatine, 8; carbo- nate de chaux, 68 ; eau et perte, 24. ( Mérat Guillot.) Sui- vant Karsten, ils contiennent o,23 de phosphate de chaux. Ils sont épais , solides, friables , ovales et remplis de cellules ;. ils entrent dans la composition des poudres dentrifices. DES DIFFÉRENTES PARTIES MOLLES , etC 36l Des différentes parties molles susceptibles de s'ossifier. Les artères, les valvules du cœur, les bronches , les vais- seaux artériels, anévrysmatiques, la glande pinéale, et une foule d'autres parties sont susceptibles de s'ossifier. Si on analyse ces matières ossifiées, on y découvre beaucoup de phosphate de chaux, et quelquefois tous les autres élé- mens des os : du moins tels sont les résultats que nous a fournis la maiière ossifiée d'une loupe qui s'était déve- loppée sur la partie externe de la cuisse , et qui n'avait aucune communication avec le fémur. Quelquefois aussi on découvre dans les glandes salivaires et pancréatiques, dans les poumons, dans la glande prostate, dans la fosse naviculaire, dansle bulbe de lurètre, dans les canaux urinaires, etc., des concrétions composées de phosphate de chaux et d'un peu de matière animale ; cependant, dans quelques circonstances, ces concrétions, surtout celles du poumon, sont entièrement formées de carbonate de chaux et de matière animale. ( Crumpton.)Nous devons à M. The- nard une série d'expériences intéressantes sur ces ossifica- tions : nous allons en indiquer les résultats tels qu'il les a consignés dans son ouvrage de Chimie, tom. m, en rap- portant seulement le poids du résidu provenant de leu^ calcination jusqu'au rouge. Poids du résida. Kyste osseux de la glande thyroïde..............*......... o,c4- Idem................................................ °fi& Idem----*..........................-................ o,34. Plèvre ossifiée. • • •..................................... o,i4- Ossification de l'aorte............•......................0,0*. Ovaire de femme ossifie'................................ o,55. Glande me'seote'riqne ossifiée............................. rt>7J. Glande thyroïde ossifiée................................ 0,06, Concrétion trouvée à la surface convexe du foie , dans vin kyste recouvert par le péritoine..........•'.................. o,6.j. Concrétion o»»euse tiouve'ë au-dessus du ventricule latéral droit, dans la substance cérébrale d'une femme de trente ans-• • • 0,66. 362 TROISIÈME PARTIE. Des Dents. 948. La composition des dents ne diffère pas beaucoup de celle des os. Suivant M. Berzelius, la racine des dents des enfans est formée de 28 parties de cartilage, de vaisseaux sanguinset d'eau; de 61, g5 de phosphate de chaux, de5,3o de carbonate de magnésie, de 2,10 de fluate de chaux , de i,o5 de phosphate de magnésie , de i,4<> de soude et d'hydro-chlorate de soude. M. Moréchini admet aussi l'exis- tence de Tacide fluorique (hydro-phtorique) dans les dents, principalement dans l'émail; tandis que Fourcroy, MM.Wol- laston, Pepys , Vauquelin et Brande n'ont jamais pu le découvrir. Voici les analyses comparatives des dents faites par M. Pepys, et insérées dans l'ouvrage de M. Thompson. Dents des Premières dents Racines des Email des Phosphate de chaux. Carbonate de chaux. adultes. . 64 6 des enfans. 62 6 dent». 58 4 dents. . 78. 6. . 20 20 28 0. 10 12 10 16. Le phosphate de magnésie paraît aussi faire partie des dents. Fourcroy et M. Vauquelin, ont également trouvé un peu de phosphate de fer dans Témail; ils se sont assurés que lorsqu'on le calcine, il perd 11 j p. f en eau et en ma- tières animales, en sorte qu'il contient évidemment la sub- stance à laquelle M. Pepys a donné le nom de tissu cellu- laire; et si ce chimiste ne Ta pas trouvée, cela doit être attribué à ce qu'il a cherché à l'isoler au moyen de Tacide nitrique , qui >ouit de la propriété de la dissoudre. Racines des dents de bœuf. Cent parties contiennent, suivant M. Berzelius, 31,00 de cartilage, de vaisseaux san- guins et d'eau; 57,46 de phosphate de chaux, 5,6g de fluate de chaux, 1,36 de carbonate de chaux, 2,07 de phos- DU TARTRE DES DENTS, CtC. 363 phate de magnésie , 2,40 de soude et d'hydro-chlorate de soude. Email des mêmes dents, 81,00 de phosphate de chaux, 4,00 de fluate de chaux, 7,10 de carbonate de chaux, 3,oo de phosphate de magnésie, i,34 de soude, 3,56 de membranes, vaisseaux sanguins et eau de cristallisation. Dents d'éléphant (ivoire, défense d'éléphant ). L'ivoire frais renferme du fluate de chaux, suivantMM. Gay-Lussae et Moréchini. Fourcroy et M. Vauquelin n'en ont point trouvé; ils ont observé qu'il contenait du phosphate de chaux, et qu'il perdait 45 pour 100 par la calcination; du reste, il leur a semblé de même nature que les os. Calciné jusqu'à un certain point, il se charbonne, et fournit un noir très-beau et très-recherché. Ivoire fossile. Moréchini est le premier qui ait annoncé dans cet ivoire l'existence du fluate de chaux, découverte qui a été confirmée par les analyses de Klaproth, John, Proust, Fourcroy et M. Vauquelin. Ces deux derniers chi- mistes ne l'ont cependant pas trouvé dans l'ivoire fossile de Loyo, de Sibérie et du Pérou. Ils en ont retiré des défenses de sanglier. Du Tartre des dents. g49- Fourcroy,Wollaston,Chaptal, etc., avaient annoncé que le tartre des dents était composé de phosphate de chaux. Voici l'analyse qui en a été donnée par M. Berzelius : phos- phate de chaux, 79,0 ; mucus, 12,5 ; matière salivaire parti- culière, 1,0 ; substance animale soluble dans Tacide hydro- chlorique, 7,5. Du Tissu cartilagineux. 950. Suivant M. Hatchett, les cartilages de l'homme se- raient composés d'albumine coagulée, et de quelques traces de phosphate de chaux. Haller les regardait comme de la gélatine concrète unie à une terre osseuse. M. Chevreul a 364 TROISIÈME PARTIE. donné, en 1812, l'analyse des os cartilagineux d'un squalus maximus ( requin) de 24 pieds 4 pouces de long ; il les a trouvés formés d'une matière huileuse, d'une sub- stance analogue au mucus, d'un principe odorant, d'a- cide acétique et d'acétate d'ammoniaque. Ses cendres contenaient du sulfate, de Thydro-chlorate et du carbonate de soude, du sulfate de chaux, des phosphates de chaux, de magnésie et de fer, et quelques atomes de silice, d'alu- mine et de potasse. Il est extrêmement probable que ces divers principes entrent également dans la composition des cartilages des autres animaux. Les cartilages sont placés aux extrémités articulaires des os ; ils sont solides , inco- lores, demi-transparens, etc. Des Cheveux, des Poils, des Ongles. 951. Cheveux noirs. D'après la belle analyse de M. Vau- quelin, les cheveux noirs contiennent, i° une très-grande quantité de matière animale analogue au mucus desséché; 20 un peu d'huile blanche concrète; 3° une très-petite quantité d'huile d'un gris verdâtre, épaisse comme le bitume ; 4° des atomes d'oxide de manganèse et de fer oxidé ou sul- furé ; 5° une quantité sensible de silice ; 6° une quantité plus considérable de soufre ; 70 un peu de phosphate et de car- bonate de chaux. Cheveux rouges. On y trouve les mêmes principes, excepté que Thuile d'un gris verdâtre est rem- placée par une huile rouge. Cheveux blancs. Ils renferment, outre les substances contenues dans les cheveux noirs, un peu de phosphate de magnésie ; mais Thuile d'un gris ver- dâtre est remplacée par une autre qui est presque incolore j ils ne contiennent pas non plus de fer sulfuré. Ces expé- riences conduisent naturellement à admettre que la couleur des cheveux noirs est due à l'huile gris verdâtre et proba- blement au fer sulfuré ; celle des cheveux rouges et blonds- DES CHEVEUX , DES POILS ET DES ONGLES. 365 à des huiles rouges et jaunes qui, par leur mélange avec une huile noire, donnent la couleur aux cheveux bruns ; les cheveux blancs devront la leur à l'absence de Thuile noire et du fer sulfuré. M. Vauquelin -suppose, pour ex- pliquer la blancheur subi te des cheveux chez des personnes frappées d'un profond chagrin ou d'une grande peur, qu'il s'est développé un acide quia détruit la couleur de Thuile. Suivant lui, le blanchiment naturel des cheveux déterminé par Tàge tiendrait à ce que Thuile colorée n'est plus sé- crétée. Propriétés des êlieveux. Distillés, ils fournissent du sous-carbonate d'ammoniaque, de Thuile, du charbon, etc. ( Voyez § 828.') Chauffés avec le contact de Tair, ils s'enflamment facilement, phénomène que M. Vauquelin -attribue à Thuile. Exposés à Tair, ils en attirent l'humi- dité, se gonflent, mais né se pourrissent pas. Le chlore les blanchit d'abord , puis les transforme en une masse qui ressemble à de la térébenthine. Ils sont in- solubles dans Teau; lorsqu'on les fait chauffer dans lamar- mite de Papin , ils fournissent du gaz acide hydro-sulfu- rique et se décomposent, en sorte que le liquide ob- tenu ne contient pas le mucus tel qu'il existait dans les cheveux. Ils sont en partie solubles dans une faible disso- lution de potasse caustique ; cependant ils paraissent aussi se décomposer , puisqu'il se dégage de Thydro - sulfate d'ammoniaque. Les acides sulfurique et?hydro-chlorique faibles se colorent en rose et les dissolvent. L'acide ni- trique, après les avoir jaunis et dissous , les décompose, et il se forme de Tacide oxalique, de Tacide sulfurique et de la matière amère. L'alcool bouillant dissout les sub- stances huileuses qu'ils contiennent ; Thuile blanche:se dé- pose par le refroidissement sous la forme de lamelles bril- lantes • le* huiles noire et rouge restent dissoutes, et ne peuvent être obtenues que par Tévaporation de Tesprit-de- 366 TROISIÈME PARTIE. vin : on observe, pendant le traitement, que les cheveu* rouges deviennent bruns ou châtains foncés. Les sels ou les oxides de mercure, de plomb et de bis- muth noircissent les cheveux rouges, blancs et châtains , ou du moins les font passer au violet. M. Thenard indi- que la préparation suivante comme étant propre à les noircir. On réduit en poudre fine et on mêle intimement une partie de litharge (protoxide de plomb) , une partie de craie et une demi-partie de chaux vive éteinte ; onajoute assez d'eau pour donner au mélange la consistance d'une bouillie épaisse; on en applique une légère couche sur du papier , dont on se sert pour mettre des papillottes ; on les enlève au bout de quatre heures , et on nettoie les cheveux avec un peigne et de Teau. La coloration en noir obtenue par ce moyen paraît dépendre de ce que le soufre des che- veux passe à l'état de sulfure noir en se combinant avec le plomb du protoxide. Si on voulait se servir des dissolutions salines dont nous avons parlé plus haut, il faudrait les étendre de beaucoup d'eau. Plique polonaise. Suivant M. Vauquelin, la plique est formée de mucus analogue à celui des cheveux , seule- ment un peu modifié et un peu moins durci ; il pourrait se faire aussi qu'il fût un peu différent dans sa nature. Poils et ongles. D'après ce savant chimiste , les poils et les ongles contiennent beaucoup de mucus analogue à celui des cheveux, et une petite quantité d'huile à la- quelle ils doivent leur souplesse et leur élasticité. Du Cérumen des oreilles. 952. M. Vauquelin regardele cérumen des oreilles comme un composé de mucus albumineux, d'une matière grasse analogue à celle qui se trouve dans la bile , d'un principe colorant, qui se rapproche aussi de la bile par sa saveur DES CALCULS BILIAIRES DE l'hOMME. 36^ amère et par son adhérence à la matière grasse, de soude et de phosphate de chaux. Le cérumen se dissout dans Talcool, et donne beaucoup de sous - carbonate d'ammo- niaque à la distillation. Des Calculs biliaires de l'homme. g53. Nous devons à M. Thenard un très-beau travail sur ces concrétions. Après en avoir analysé plus de3oo, ce savant conclut que la plupart sont formées de 88 à 94 pour cent de cholestérine (adipocire), et de 6 à 12 de principe co- lorant ou matière jaune de la bile. Déjà Fourcroy, en 1785, avait annoncé l'existence de la cholestérine dans ces con- crétions. Leurs propriétés physiques varient : quelques-unes sont formées de lames blanches, brillantes et cristallines; d'autres paraissent entièrement composées de lames jaunes 9 il y en a qui sont jaunes intérieurement, et dont la sur- face externe est verte ou d'un brun noirâtre. Toutes, excepté celles qui sont blanches , renferment des atomes de bile que Ton peut séparer par Teau. Nous fîmes, en 1812, l'analyse d'un calcul biliaire trouvé chez une jeune fille de quatorze ans, ictérique de naissance, et qui conserva Tictère pendant toute sa vie 5 nous le trouvâmes formé de beaucoup de matière jaune, de très-peu de matière verte , et d'une petite quantité do picromel: il ne contenait point de cholestérine. Nous avons vu depuis que M. John avait analysé, en 1811 , un calcul biliaire dans lequel il avait également trouvé le picromel. L'existence de cette matière dans ces sortes de concrétions est d'autant plus extraordinaire, que la bile humaine n'en contient pas. M. Thenard pense que ces calculs se forment dans les canaux biliaires , d'où ils passent dans la vésicule du fiel, et plus rarement dans les intestins. Quant à l'origine 368 TROISIÈME PARTIE. de la cholestérine, qui ne se trouve pas dans la bile de l'homme, il croit qu'elle se produit dans le foie , ou bien qu'elle est le résultat de la décomposition de la matière résineuse de la bile, qui, du reste, n'existe pas, ou ne se trouve qu'en petite quantité dans la plupart de ces cal- culs. L'expérience prouve que le remède de Durande , composé d'éther et d'huile essentielle de térébenthine, a été souvent efficace pour faire disparaître les concrétions dont nous parlons. M. Thenard pense, avec raison ,que ce médicament agit plutôt en déterminant leur expulsion par les intestins, qu'en les dissolvant. Calculs de l'intestin de l'homme. M. Thenard en a ana- lysé deux qui étaient entièrement semblables aux précédons. M. \auquelin en a trouvé qui étaient de nature purement résineuse. Calculs de bœuf Ils sont formés par la matière jaune de la bile, qui se dépose aussitôt qu'elle est abandonnée par son dissolvant, la soude; ils ne contiennent point de résine, parce que celle-ci est retenue dans la bile de boeuf par le picromel avec lequel elle a beaucoup d'affinité. M. The- nard , à qui nous devons ces observations, pense qu'il n'est rien moins que prouvé que ces calculs disparaissent au printemps, lorsque les animaux se nourrissent d'herbes fraîches. Les calculs biliaires de chien , de chat, de mouton et de la plupart des quadrupèdes n'ont pas été analysés; ils sont ëgàïemfent regardés , par M. Thenard, comme composés de matière jaune , puisque la bile de ces animaux est formée des mêmes principes que celle de bœuf. Il faut cependant en ^excepter la bile-de cochon. Calculs rénaux de l'homme. Bergman est le premier qui ait annoncé l'existence de Tacide oxalique dans un de ces ■ calculs, et celle de Tacide urique uni à une matière ani- male , et à un peu de chaux dans un aujre. Fourcroy eu DES CALCULS VÈSICAUX. 36c) a trouvé qui étaient formés d'acide urique , et qui offraient quelquefois à leur surface des cristaux irréguliers , com- posés probablement de phosphate d'ammoniaque et de phosphate de soude. Suivant M. Brande, ils sont près- qu'entièrement formés d'acide urique et de matière ani- male ; quelquefois aussi ils renferment de l'oxalate de chaux. M. Gaultier de Claubry a analysé quatre calculs trouvés dans le rein gauche d'un homme , et dont chacun offrait un noyau d'oxalate de chaux, et une couche exté- rieure d'acide urique. Des Calculs vèsicaux. 954. Les calculs vèsicaux, regardés par Schéele comme de Tacide lithique (urique ) , présentent, dans leur compo- sition et dans leurs propriétés physiques, des différences assez marquées pour que Ton en admette treize espèces. Le beau travail de M. Vauquelin et de Fourcroy, dans lequel on trouve six cents analyses de ces sortes de calculs , et les re- cherches plus récentes de M. Wollastonsur l'oxide cystique, mettent cette assertion hors de doute. Voici les substances qui entrent dans la composition de ces espèces. i°. Acide urique. Ils sont jaunes ou d'un jaune rou- geâtre ; leur poudre ressemble à la sciure de bois ; chauffés , ils s'enflamment sans laisser de résidu ; ils sont insolubles dans Teau, et solubles dans un excès de potasse et de soude , sans dégager d'ammoniaque ; Tùrate alcalin pro- duit précipite des flocons blancs d'acide urique lorsqu'on le traite par Tacide hydro-chlorique. 20. Urate d'ammoniaque. Ils sont d'un gris cendre ; ils agissent commeJesprécédens sur les alcalis, excepté qu'il se dégage de l'ammoniaque pendant leur dissolution. 3°. Oxide cystique. Il est sous la forme de cristaux confus, jaunâtres, demi-transparens, insipides, très-durs, ne rou- 11. a4 37O TROISIÈME PARITE. gissant pas Yinfusum de tournesol. Distillé, il se comporte comme les matières azotées (voyez t. icl, pag. 489) , et il fournit une huile extrêmement fétide; il paraît contenir moins d'oxigène que Tacide urique; il estinsolubledans Teau, dans Talcool, dans les acides tartarique, citrique, acétique, et dans le carbonate neutre d'ammoniaque. Il se dissout à merveille dans les acides nitrique, sulfurique, phospho- rique, oxalique , et surtout dans Tacide hydro-chlorique ; ces dissolutions cristallisent en aiguilles divergentes, so- lubles dans Teau. si toutefois elles n'ont pas été altérées par une trop forte chaleur ; on peut le précipiter de ces dissolutions par le carbonate d'ammoniaque. La potasse , la soude , l'ammoniaque et la chaux peuvent aussi le dis- soudre, et donner des produits cristallisables ; le solutum est précipité par les acides citrique et acétique; ce der- nier, versé dans une de ces dissolutions chaudes, donne par le refroidissement des hexagones aplatis. (M. Wol- laston. ) 4°. Oxalate de chaux (calculs muraux). Ils ont une couleur grise ou brune foncée ; ils sont formés de couches ondulées, et offrent à leur surface des tubercules ordinai- rement arrondis et semblables à ceux des mûres. Comme tous les oxalates, ils sont décomposés à une température rouge, et laissent pour résidu de la chaux ou du carbonate de chaux, suivant que la chaleur est plus ou moins élevée. ( Voyez les caractères de ces deux substances, tom. ier, pag. 23o et 235.) 5°. Silice. Ils ressemblent assez aux précédens, mais ils sont moins colorés. Leur poids ne diminue pas sensible- ment par la calcination, et le résidu est insipide , inso- luble dans les acides et vitrifiable par les alcalis. (Vau- quelin et Fourcroy. ) 6°. Phosphate ammoniaco-magnèsien. Il est blanc cristallin et demi-transparent ; lorsqu'on le traite par la po- DES CALCULS VÈSICAUX. 3<1I lasse, la soude, etc., il est décomposé ; l'ammoniaque se dégage , la magnésie se précipite, et il se forme du phos- phate de potasse : ils sont solubles dans Tacide sulfurique. 70. Phosphate de chaux. Il est opaque et en masses inco- lores ; il est insoluble dans les alcalis, et ne dégage point d'ammoniaque ; il ne se dissout point dans Tacide sulfu- rique, qui le décompose avec dégagement de chaleur, et forme du sulfate de chaux épais comme un magma ; il se dissout à merveille dans les acides nitrique et hydr»-chlo- rique. 8°. Matière animale. Presque tous les calculs renfer- ment une matière animale dont on ne connaît pas la nature et qui, suivant M. Thenard, pourrait être du mucus de la vessie altéré. Après avoir parlé des substances qui entrent dans la composition des 600 calculs examinés par Fourcroy et M. Vauquelin , et de celui qu'a découvert M. Wollaston, nous allons faire connaître les treize espèces que nous avons déjà annoncées, et dont douze ont été indiquées par les deux célèbres chimistes français. Tantôt on ne trou- vera dans ces espèces qu'une seule des substances énumé- rées ; tantôt il y en aura plusieurs : dans ce dernier cas, il faudra les scier et en examiner les différentes couches : en général, celle qui sera le plus près du centre sera la plus insoluble, irc Espèce. Acide urique; elle formait environ le quart delà collection de Fourcroy et de M. Vauquelin ; 2e, urate d'ammoniaque ; rare ; 3e, oxalate de chaux; environ un cin- quième; 4e? oxide cystique; très-rare; 5e, acide uriqueetphos- phates terreux, en couches distinctes ; environ un douzième ; 6e, idem, dans un état de mélange parfait ; à-peu-près un quinzième ; 7e, urate d'ammoniaque et phosphates en cou- ches distinctes ; environ un trentième ; 8e, idem, dans un état de mélange parfait; à-peu-près un quarantième ; 372 TROISIÈME PARTIE. 9% phosphates terreux en couches fines ou mêlés intime- ment; environ un quinzième; 10e, oxalate de (baux et acide urique en couches très-distinctes ; environ un tren- tième ; 1 Ie, oxalate de chaux et phosphates terreux en cou- ches distinctes ; à-peu-près un quinzième; 12% oxalate de chaux, acide urique ou urate d'ammoniaque et phosphates terreux; environ un soixantième ; 13% silice, acide urique, urate d'ammoniaque et phosphates terreux ; à-peu-près un trois êfcntième. 955. Formation des calculs vèsicaux. Les matériaux qui entrent dans la composition de ces calculs existent cons- tamment dans Turine , ou bien s'y trouvent dans certaines circonstances , soit qu'ils aient été produits par une altéra- tion du liquide , soit qu'ils aient été introduits avec les ali- mens ou avec les boissons. Ils sont tous insolubles dans Teau; il peut donc arriver que quelques-uns d'entre eux, par des causes particulières , se trouvent en beaucoup trop grande quantité pour pouvoir être dissous par le liquide; alors ils se déposent en partie et forment un noyau autour duquel de nouvelles portions viennent se joindre pour le grossir. Il peut aussi se faire que des corps étrangers tels que des épingles , du sang, de Tétain , etc., soient intro- duits dans la vessie et déterminent la précipitation d'un ou de plusieurs des matériaux qui abondent dans Turine. On i?nore encore si tous les calculs prennent leur origine dans les reins ou dans la vessie ; ceux qui sont composés d'acide urique et d'oxalate de chaux se forment souvent dans le rein, surtout les premiers : il est probable qu'il en est de. même des autres, du moins dans certaines circonstances. Dans le cas où le calcul renferme différens matériaux, celui qui est le plus insoluble se dépose le premier et forme le n0yau • la dernière couche est composée de la substance la moins insoluble. Traitement des calculs vèsicaux. On a beaucoup prÔNu DES CALCULS VÈSICAUX. 37J autrefois leslithonlripliques ou dissolvans des calculs vèsi- caux , et on a conseillé d'injecter tour-à-tour dans la vessie des acides ou des alcalis faibles. Ces moyens sont généra- lement abandonnés aujourd'hui, parce qu'ils sont irritans et le plus souvent inutiles : en effet, supposons même que leur emploi ne soit suivi d'aucun inconvénient, comment savoir le liihontriptiqne que Ton doit employer lorsqu'on ne connaît pas la nature du calcul que Ton cherche à dé- truire ? On pourrait, à la vérité , par l'analyse de Turine , connaître les principes qui y dominent, et présumer par là quelle peut être la nature delà pierre ;mais ces analyses, difficiles pour des personnes peu exercées dans les opéra- tions chimiques , ne fourniraient jamais que des données approximatives. L'expérience a prouvé que les boissons abondantes, surtout Teauacido-carbonique et la magnésie pure, étaient les remèdes les plus efficaces pour faire cesser la disposition caîculeuse , et rendre soluble le gravier qui aurait déjà pu se former, dans le cas où il serait composé d'acide urique (cequi arrive le plus ordinairement). Nous croyons que ces médicamens agissent à-la-fois en facilitant la dissolution des petites concrétions et en modifiant les propriétés vitales des reins. On conçoit aisément que ces moyens ne doivent être d'aucune valeur lorsque le calcul a déjà acquis un certain volume et beaucoup de-dureté. 956. Calculs urinaires de cheval. Ces calculs sont en gé- néral formés de carbonate de chaux et de matière animale; quelquefoison en a trouvé qui contenaient aussi du phosphate de chaux, du phosphate d'ammoniaque, de l'oxide de fer, du carbonate de magnésie , etc. ( Fourcroy , Vauquelin , Pearson , Brande , Wurzer , etc. ) On peut en dire autant des calculs vèsicaux de bœuf Les calculs vèsicaux des animaux carnivores renferment en général du phosphate ou de Toxalate de chaux, et pou ou point de carbonates, % ^74 TROISIÈME PARTIE. Des Concrétions arthritiques. 957. Ces concrétions, désignées encore sous le nom de tuf arthritique, n'ont été connues qu'en 1797 , époque à laquelle M. Wollaston en a fait l'analyse; il les a trouvées formées d'urate de soude et d'un peu de matière animale. Fourcroy et M. Vauquelin ont confirmé cette découverte en iSo3. M. Vogel, en i8i3 , a analysé une de ces con- crétions qui contenait de Turate de soude, de Turate de chaux et un peu d'hydro-chlorate de soude. Des Concrétions de différens animaux. 958. Bézoards ( ou concrétions formées dans l'estomac ou dans les intestins de plusieurs animaux). Suivant Fourcroy et M. Vauquelin , on doit admettre sept espèces de bé- zoards. ire Espèce. Bézoards en couches concentriques, très-fragiles , faciles à séparer et rougissant Yinfusum de tournesol : ils sont formés de gluten animal et de phos- phate acide de chaux, mêlé quelquefois d'un peu de phos- phate de magnésie. 2e Espèce. Bézoards demi-transpa- rens , jaunâtres , en couches concentriques : ils sont composés de phosphate de magnésie et de gluten animal 5 quelquefois aussi ils renferment un excès d'acide. 3e Es- pèce. Bézoards en rayons divergens , bruns ou verdâtres , très-volumineux et très-communs chez les animaux herbi- vores ou granivores : ils contiennent du phosphate ammo- niaco-magnésien et du gluten. 4e Espèce. Bézoards intes- tinaux biliaires, d'un rouge brun , composés de grumeaux agglutinés et formés par la matière grasse, huileuse, de la bile : d'après M. Thenard, ces concrétions ne seraient que de la matière jaune delà bile. 5e Espèce. Bézoards intes- tinaux résineux, en couches lisses , polies, fragiles, dou- ces au toucher : ils paraissent formés d'une matière ana- DES MATIÈRES PARTICULIÈRES A CERTAINS AKIMAUX. 375 logue à la substance biliaire, et d'une autre résineuse, sèche et incolore ; ils sont fusibles : les bézoards orien- taux appartiennent à cette espèce. 6e Espèce. Bézoards intestinaux fongueux : on y trouve les débris du boletus igniarius (amadouvier) et un peu de gluten animal ; ils sont quelquefois recouverts d'une croûte de phosphate ammoniaco-magnésien. 7e Espèce. Bézoards intestinaux pileux (égagropiles ) : ils sont bruns, jaunes , fauves , etc.; ils sontformés de poils que les animaux avalent, et qui sont souvent mêlés de foin, de paille, de racines, d'écor- ces , etc. M. John a remarqué que le poil qui constituait Tégagropile différait dans chaque espèce d'animal : ainsi, chez le cerf, il est formé de poil de cerf; chez le chamois, de poil de chamois , etc. Suivant Fourcroy, on doit ranger parmi ces bézoards les concrétions composées de matière fécale durcie. Concrétion du cloaque d'un vautour. Suivant M. John, elle était formée d'acide urique pur, d'urate de chaux, d'urate alcalin, de gluten animal et d'un atome d'urate ammoniaque. Concrétion de la vessie d'une tortue. Elle paraissait contenir de Tacide urique , d'après M. Vauquelin. Concrétion trouvée dans les reins de T esturgeon. Albu- mine , 2 ; eau, 24 ; phosphate de chaux, 71,5o ; sulfate de chaux, o,5o. ( Klaproth. ) Fourcroy et M. Vauquelin, en examinant la concrétion d'un poisson , y trouvèrent du car- bonate de chaux , un peu de phosphate de chaux et de substances muqueuses et membraneuses. De quelques autres matières particulières à certaines classes d'animaux. 059. 1 °. Mammifères.—Musc. On trouve dans leThibet et dans la grande Tartarie des animaux analogues au chevreuil v que Ton appelle chevrotins , et qui offrent vers le nombril 3^6 TROISIÈME PARTIE. une bourse renfermant le musc , sous forme de gru- meaux amers et très-odorans : celui que Ton débite dans le commerce contient ordinairement de la graisse ou des résines. D'après M. Thiémann, le musc du Thibet se- rait formé de 0,10 de carbonate d'ammoniaque, 0,09 de cire pure, 0,01 de résine, 0,60 de gélatine, o,3o d'albu- mine et de membrane animale,0,01 de potasse, o,o3d'hy- dro-chlorate de soude, et o,o4 de carbonate de chaux : il ne contiendrait point d'huile éthérée. Le musc de Sibérie, ana- lysé pai le même pharmacien, a fourni à-peu-près les mêmes produits , mais dans d'autres proportions. Lemusc est très- inflammable ; il est en partie soluble dans Teau et dans Tal- cool, et il jouit des propriétés anti-spasmodiques les plus énergiques. Civette. Cette substance se trouve dans une vésicule située près de l'anus du viverra zibetha, petit quadrupède d'Afrique, de l'Arabie et des Indes. Suivant Barneveld, elle a beaucoup d'analogie avec le musc sous le rapport de sa composition chimique ; sa consistance est à-peu-près comme celle du miel ; son odeur est très-forte, sa saveur un peu acre, et sa couleur d'un jaune pâle ; on ne s'en sert que dans la parfumerie. Castoreum. Ce pro- duit se trouve dans deux poches membraneuses situées dans les aînés du castor ; il a la consistance du miel très-épais , une saveur acre, amère , nauséabonde, et une odeur très- forte qu'il perd par la dessiccation. Bonn a fait l'analyse du castoreum provenant d'un castor pris à Geldern, sur la rive d'est de TYssel, et il y a trouvé -^ d'huile éthérée, j de cholestérine et un peu de résine, \ de chaux, £ de tissu cellulaire, de la soude, du phosphate de soude et de l'oxide de fer. M. Laugier a découvert, dans celui du Canada , de Tacide benzoïque libre et combiné. On emploie le castoreum en médecine comme anti-spasmodique. 960. Oiseaux.— Œufs. La coquille d'œuf est composée , d'après M. Vauquelin , de carbonate de chaux , d'un peu DES MATIÈRES PARTICULIÈRES A CERTAINS ANIMAUX. 3j7 de carbonate de magnésie , de phosphate de chaux , d'oxide de fer, de soufre et de matière animale servant de gluten : elle ne contient point d'acide urique. La membrane interne de la coquille est formée , suivant le même chimiste, d'une substance albumineuse soluble dans les alcalis et d'un atome de soufre. Le blanc d'œuf contient, suivant M. John, beaucoup d'eau et d'albumine, un peu de gélatine , de la soude, du sulfate de soude, du phosphate de chaux, et peut- être de l'oxide de fer. Jaune d'œufi II renferme , d'après le même chimiste , de Teau , une huile douce jaune, de la gé- latine , une très-grande quanlité d'une substance albumi- neuse modifiée , du soufre , un atome d'acide libre qui est peut-être de Tacide phosphorique , et fort peu d'une matière brune rougeâtre, soluble dans Téther, dansl'alcool, et qui n'est pas de la graisse. Enveloppe du jaune. M. John croit qu'elle est de nature albumineuse. On n'a pas encore analysé les ligamens ni la cicatricule des œufs. Poissons. - Laite des poissons et en particulier de la carpe. M. Vauquelin et Fourcroy ont prouvé en 1807 que la laite de carpe contient les f de son poids d'une matière volatile, de la gélatine, de Talbumine, une matière grasse, savon- neuse, de Thydro-chlorate d'ammoniaque , des phosphates de chaux, de magnésie , de soude et de potasse et du phos- phore : cette dernière substance existe dans la carpe comme dans le cerveau ; elle est combinée avec l'hydrogène, Toxi- gène , le carbone et Tazote, et fait partie de la molécule ani- male ; on peut s'en convaincre en traitant la laite de carpe comme nous l'avons dit en parlant de la matière grasse blanche du cerveau, § 934. M- John n'admet pas le phos- phore comme principe constituant de ce produit ; cepen- dant les expériences des chimistes français nous semblent prouver jusqu'à l'évidence qu'il y existe, 961. Mollusques.—Encre de sèche, ou liqueur noire sé- crétée par un appareil glanduleux des sèches. Elle parait for- 378 TROISIÈME PARTIE. mée d'une matière charbonneuse divisée dans du mucus et sans action sur la plupart des réactifs. (Fourcroy. ) C'est à tort que Ton a cru que l'encre de la Chine était préparée avec cette liqueur ; on sait, au contraire, que la base de celte encre est le noir de fumée très-divisé. Coquilles. M. Vau- quelin a trouvé dans les coquilles d'huitres du carbonate de chaux, un peu de phosphate de chaux, du carbonate de magnésie, de l'oxide de fer et de la matière animale. M. Hat- chett , qui avait déjà fait l'analyse des coquilles d'une moule fluviale, de l'oreille de mer, du voluta cyprœa, des patelles deMadera , etc., n'avait point trouvé de phosphate de chaux. Perles, nacre. Ces matières paraissent foimées des mêmes principes que les coquilles dont nous venons de parler ; l'art peut les imiter parfaitement. Limaçons de dif- férentes espèces. Suivant Kastner, les limaçons donnent, lorsqu'on les traite par Teau bouillante , une gélatine qui jouit de toutes les propriétés de Tichtyocolle, et qui peut la remplacer. 962. Insectes. — Cantharides. L'analyse la plus récente des cantharides, celle quia été faite par M. Robiquet, prouve qu'elles sont formées d'une huile grasse , fluide , verte , ne produisant point d'ampoules; d'une matière noire , inso- luble dans Teau, non vésicante ; d'une substance jaune, vé- sicante, dans laquelle se trouve la matière active des cantha- rides ; d'acide urique, d'acide acétique, de matière animale et de squelette de la cantharide, de phosphate de chaux et de phosphate de magnésie. DéjàThouvenel, Beaupoil et quel- ques autres chimistes avaient analysé ces insectes ; mais les résultats qu'ils avaient obtenus étaient loin d'être aussi complets que ceux du savant pharmacien que nous avons cité. Propriétés de la matière vésicante- Elle est sous la forme de lames micacées , incolores ; desséchée, elle est insoluble dans Teau, soluble dans Talcool bouillant et dans Thuile, d'où elle se dépose, par le refroidissement* DE LA PUTRÉFACTION. SjQ en paillettes , à la manière de la cétine, en affectant tou- jours une forme cristalline. M. Robiquet appliqua sur sa lèvre la centième partie d'un grain de cette substance fixée à l'extrémité d'une petite lanière de papier ; au bout d'un quart-d'heure, il éprouva une légère douleur, et bien- tôt après il se forma de petites cloches. Fourmis. Elles ren- ferment, suivant Gehlen , de Tacide formique et de Thuile éthérée. g63. Polypiers. M. Hatchett a fait un très-grand nombre d'analyses de polypiers qu'il divise en quatre classes sous le rapport de leur composition chimique. i°. Les madre- pora muricata et labyrinthica, les millepora cœrulea et alcicornis, contiennent beaucoup de carbonate de chaux, et fort peu de matière animale. 20. Le madrepora fascicu- laris, les millepora cellulosa, fascicularis et truncata, renferment beaucoup de matière animale et du carbonate de chaux. 3°. Le madrepora polymorpha , l'iris ochracea, le coralina opuntia , le gorgonia nobilis ( corail rouge ), sont formés d'une assez grande quantité de matière animale, de beaucoup de carbonate de chaux et d'un peu de phosphate de chaux. 4°- L'éponge officinale est presqu'entièrement composée de matière animale gélatineuse, et d'une sub- stance mince , membraneuse , analogue à Talbumine coa- gulée. De la Putréfaction. Les animaux ou leurs parties, soustraits à l'influence de la vie , et placés dans des circonstances favorables , ne tar- dent pas à se putréfier : examinons quelle est l'influence de Teau, de Tair et du calorique sur cette décomposition spontanée, quels en sont les phénomènes et les produits, et par quels moyens on peut l'empêcher de se manifester. q64 • La présence de Y eau est indispensable pour que la putréfaction se développe : en effet,M. Gay-Lussac a conservé 38o TROISIÈME PARTIE. pendant plusieurs mois, sans aucune altération , de la viande suspendue dans l'intérieur d'une cloche au bas de laquelle se trouvait du chlorure de calcium, substance très-avide d'humidité, qui agissait en absorbant Teau contenue dans la viande ; d'ailleurs, il est généralement connu que le sel commun , Talcool, et plusieurs autres matières ayant de l'affinité pour Teau, empêchent la putréfaction de la chair, dont elles absorbent l'humidité. Ne sait-on pas encore que des cadavres ont été conservés pendant long-temps dans des terrains arides et secs ? L'air atmosphérique n'est pas indispensable pour que la putréfaction se manifeste, puisqu'elle a lieu dans Teau qui a bouilli, ou dans l'intérieur de la terre ; cependant il exerce une action qu'il importe de connaître. Lorsqu'il est très^sec et souvent renouvelé, il retarde la putréfaction , probablement parce qu'il s'empare de l'humidité de la matière animale ; si, au contraire, il est humide et stagnant, il la favorise en cédant de Teau , et une certaine quantité de son oxigène, La température de i5°à 25° est la plus favorable pour que la putréfaction se développe; si la chaleur était beaucoup plus forte, la matière animale se dessécherait ; si la tempéra- ture était à o° ou au-dessous , elle se conserverait pendant long-temps : combien de cadavres intacts n'a-t-on pas retirés de la neige, où ils avaient été ensevelis pendant plu- sieurs mois ! 965. Phénomènes généraux qui accompagnent la putré- faction. La matière animale se ramollit si elle est solide ; elle devient plus ténue si elle est liquide ; sa couleur passe au rouge brun ou au vert; elle exhale une odeur fétide , insup- portable ; on observe un boursoufïlement léger qui soulève la masse -, quelque temps après la matière s'affaisse , son odeur change et devient moins désagréable. Il se forme, pendant cette décomposition, de Teau , du gaz acide carho- DE LA PUTRÉFACTION. 381 nique , de l'acide acétique, de l'ammoniaque et de l'hydro- gène carboné :ces gaz, en se dégageant, entraînent une por- tion de matière à demi pourrie, qui les rend si infects et qui constitue sans doute les miasmes ; il ne reste qu'un produit terreux si la substance qui se pourrit est dans Tair. Si la matière qui subit la décomposition spontanée est musculeuse , et qu'elle soit plongée dans Teau ou enfouie dans un terrain humide, elle se transforme en un corps gras mêlé de tissu cellulaire. Ce corps , appelé gras des cadavres, a été analysé dans ces derniers temps par M. Che- vreul , qui Ta trouvé formé d'un peu d'ammoniaque , de potasse et de chaux, combinées avec une très-grande quan- tité d'acide margarique et d'un autre acide peu différent ; d'où il résulte qu'il doit être regardé comme une sorte de savon. Suivant ce chimiste, il serait le résultat de Taction de la graisse du muscle sur l'ammoniaque provenant de la décomposition de la fibrine , de Talbumine, etc. 966. Moyens propres à prévenir la putréfaction. On a proposé plusieurs moyens pour empêcher la putréfaction ; nous en avons faiteonnaitre quelques-uns en parlant de l'in- fluence de Teau sur cette décomposition spontanée. (Voy. § 964. ) Le savant professeur Chaussier a prouvé le premier que les cadavres pu leurs parties pouvaient se conserver par- faitement en les plongeant dans une dissolution saturée de sublimé corrosif, et en remplaçant celui-ci à mesure qu'il était décomposé : en effet, nous avons fait voir que, par la réaction de ce sel sur les substances animales, il se forme un composé de proto-chlorure de mercure et de substance animale, qui est dur, imputrescible, inaltérable à Tair, et inattaquable parles vers et parles insectes. ( Voyez pag. 253 de ce vol.) Ce procédé nous paraît mé- riter la préférence sur tous les autres. 382 TROISIÈME PARTIE. Des Fumigations. 967. L'air atmosphérique est quelquefois imprégné de miasmes qui le rendent délétère. On ignore au juste quelle est la composition intime de ces miasmes, mais tout porte à croire qu'ils sont formés des mêmes principes que les substances végétales ou animales ; assez souvent même ne sont-ils produits que par des matières azotées à demi pourries. Le meilleur moyen connu pour les détruire est de les mettre en contact avec le chlore, comme Ta prouvé le premier l'illustre Guyton de Morveau : en effet, ce corps s'empare de l'hydrogène qui entre dans leur composition, passe à l'état d'acide hydro-chlorique, et les transforme en une substance qui n'exerce plus d'action nuisible sur l'é- conomie animale. On dégage le chlore comme nous l'avons indiqué tome Ier, pag. 488, en mettant du peroxide de manganèse , de Tacide sulfurique faible et du sel com- mun dans une terrine, si Ton veut désinfecter un amphi- théâtre , ou dans une fiole si Ton veut purifier Tair d'une salle d'hôpital remplie de malades; car, dans ce dernier cas , on doit éviter de dégager une trop grande quantité de chlore à-la-fois. DE LA PRÉPARATION DES SUBSTANCES VÉGÉTALES. De VAcide acétique. 968. On obtient Tacide acétique par divers procédés ; i° en décomposant le bois par la chaleur dans des vaisseaux fermés ; 20 en décomposant quelques acétates par le feu ou par Tacide sulfurique ; 3° en distillant le vinaigre. Premier procédé. On décompose le bois dans des fours en brique ou dans de grands cylindres de tôle (voy. pag. T\i6 de ce vol. ); on recueille dans un réservoir de bois le produit DE LA PRÉPARATION DES SUBSTANCES VÉGÉTALES. 383 liquide, qui est formé d'eau, d'acide acétique et d'une huile épaisse, semblable, jusqu'à un certain point, au goudron; on l'abandonne à lui-même jusqu'à ce que la majeure partie de Thuile soit déposée ; on le décante et on le sa- ture avec du carbonate de chaux ( craie ) ; il se produit de l'acétate de chaux qui reste en dissolution, tandis que l'excès de matière huileuse vient à la surface , d'où on peut la sé- parer à Taide d'une écumoire. La liqueur contenant l'acétate de chaux est mêlée avec du sulfate de soude ; les deux sels se décomposent, et donnent naissance à du sulfate de chaux presque insoluble, qui se précipite, etàdel'acétate de soude soluble; on fait évaporer celui-ci, et on obtient des cristaux jaunes et même brunâtres, colorés par de Thuile, dont on peut les débarrasser en les desséchant, leur faisant éprou- ver la fusion ignée pour détruire la matière huileuse, les redissolvant dans Teau, et les faisant cristalliser de nou- veau. Ces cristaux, desséchés et chauffés légèrement dans un appareil distillatoire , avec de Tacide sulfurique con- centré, se décomposent et donnent Tacide acétique pur et concentré; il reste dans la cornue du sulfate de soude. Il paraît cependant que le procédé le plus généralement em- ployé pour obtenir cet acide consiste à dissoudre l'acé- tate de soude dans une quantité d'eau déterminée , et à le décomposer par Tacide sulfurique du commerce ; le sul- fate de soude cristallise, et, par la simple distillation , on peut se procurer Tacide acétique. Deuxième procédé. — Vinaigre radical. On introduit dans une cornue de grès lutée et disposée sur un fourneau à réverbère , assez d'acétate de deutoxide de cuivre pour en remplir la moi- tié ; on adapte à cette cornue une allonge , un récipient et un tube de sûreté ( voyez pi. ire, fig. ire ) , et on chauffe graduellement la cornue; l'acétate décrépite, blanchit, se dessèche, et ne tarde pas à se décomposer ; on obtient dans le ballon un liquide verdâtre , composé d'acide acétique , 384 TROISIÈME PARTIE. d'une petite quantité d'acétate de cuivre entraînée sans avoir éprouvé de décomposition , d'un peu d'eau et d'un peu d'esprit pyro-acétique ( voy. pag. 16 de ce vol.) ; les gaz que Ton recueille sous les cloches sont formés de § environ d'acide carbonique et de \ de gaz hydrogène carboné ; il paraît aussi qu'ils tiennent en suspension un atome de cuivre métallique, qui donne à ce dernier la faculté de brûler avec une flamme verte. Le produit solide qui reste dans la cornue estcomposé de cuivre métallique , d'un peu de charbon, et, suivant M. Vogel, d'un peu de protoxide de cuivre. On purifie le produit liquide en le distillant dans une cornue de verre munie d'un récipient tubulé, et Ton obtient Tacide acétique pur. On peut également se procu- rer le vinaigre radical en distillant 16 parties d'acétate de plomb cristallisé, une partie de peroxide de manganèse , et o parties d'acide sulfurique concentré. (Baups.) On peut encore l'obtenir très-beau en suivant le procédé de MM. Lar- ti^ue et Rudrauff (Bulletin de Pharmacie, tom. m.) Troi- sième procédé. On introduit du vinaigre dans la cucurbite d'un alambic , et on distille jusqu'à ce que le résidu ait la consistance de la lie de vin ; les dernières portions obtenues sont beaucoup plus acides que les premières, parce que Teau est plus volatile que Tacide acétique. ( M. Proust. ) Le vinaigre distillé qui est le résultat de celte opération a une odeur et une saveur faibles. Du vinaigre. On peut obtenir le vinaigre avec le vin, la bière, etc. ; il suffit pour cela d'exposer ces liquides à Tair. Voici comment on procède à Orléans : on commence par verser ioo litres de vinaigre bouillant dans un tonneau ouvert, de 4°° litres de capacité, disposé dans un atelier dont la température doit être constamment de i8° à 200 ; au bout de huit jours, on y verse io litres de vin dont on a laissé déposer la lie; huit jours après on ajoute encore io f ljues de vin : on recommence cette opération tous les huit, DE LA PRÉPARATION DES SUBSTANCES VÉGÉTALES. 385 jours , jusqu'à ce que le tonneau soit plein. Quinze jours après avoir ainsi rempli ce vase, le vin se trouve converti en vinaigre; on en retire la moitié, et on recommence à verser tous les huit jours io litres de nouveau vin. Si la fermentation est très-énergique, ce que Ton reconnaît à la grande quanlité d'écume dont se charge une douve que Toa plonge dans le tonneau , on ajoute plus de vin, et à des intervalles plus rapprochés. Le vinaigre blanc s'obtient avec le vin blanc ou avec le vin rouge que Ton a laissé aigrir sur le marc des raisins blancs. Le vinaigre rouge provient du vin rouge; on peut le rendre incolore , comme Ta prouvé Figuier, en le filtrant à plusieurs reprises à travers du charbon : lorsqu'il est trouble on le clarifie à Taide du lait bouillant ; il suffit d'en verser un verre dans 20 ou 3o litres d'acide, et de passer le liquide pour le séparer du coagulum. Acétates de zircone etd'yttria. On dissout les bases ré- cemment précipitées, dans Tacide acétique ( Klaproth ). Acétate d'alumine. On l'obtient en faisant agir, pendant dix à douze heures, de Tacide acétique concentré sur de l'alu- mine en gelée (hydrate) , et à une température qui n'excède pas 25°. On le prépare encore en décomposant le sulfate d'a- lumine pur par de l'acétate de plomb dissous ; on sépare, par la décantation et par le filtre, le sulfate de plomb précipité. Acétate de glucine. On sature à chaud de Tacide acé- tique étendu de son poids d'eau , avec du carbonate de glucine. Acétate de chaux. On l'obtient comme nous l'avons dit en parlant de la préparation de Tacide acétique. Acétates de baryte et de strontiane. On décompose les hydro-sulfates sulfurés de baryte ou de strontiane par Ta- cide acétique; on porte le mélange à l'ébullition pour vola- tiliser Tacide hydro-sulfurique et précipiter le soufre ; on filtre l'acétate , et en le fait cristalliser. 386 TROISIEME PARTIE. Acétate de potasse (Terre foliée détartre ). On verse de Tacide acétique concentré et pur sur du sous-carbonate de potasse dissous dans de Teau distillée , et on obtient un sel très-blanc et parfaitement saturé ( Baup ) ; cependant il n'est pas aussi friable que celui que Ton prépare par le procédé suivant, qui est le plus généralement employé. On sature le sous-carbonate de potasse dissous avec du vinaigre distillé ; on évapore la liqueur jusqu'à siccité dans une bassine d'argent, et Ton obtient un sel coloré par la matière glutineuse du vinaigre ; on le fait fondre dans le même vase , et aussitôt qu'il est fondu, on y jette -^ de poudre de charbon ; on agite pendant quelques instans ; on laisse refroidir la masse, et on la traite par Teau ; on filtre la dissolution, et on obtient l'acétate incolore: le charbon paraît agir en s'emparant de la matière glutineuse décomposée par le feu. On a conseillé, dans ces derniers temps , de préparer l'acétate de potasse par la voie des dou- bles décompositions, en versant du sulfate de potasse sur de l'acétate de plomb; mais INI. Boullay a fait sentir les dangers qu'il pouvait y avoir à suivre ce procédé, si par malheur tout l'acétate de plomb n'était pas décomposé. Acétate de soude. On l'obtient en saturant avec du vinaigre distillé le sous-carbonate de soude. Acétate d'ammoniaque. On sature avec du sous-carbo- nate d'ammoniaque solide de Tacide acétique concentré; on évapore la dissolution à une douce chaleur, et on obtient l'acétate cristallisé. On peut aussi le préparer en chauffant, dans un appareil distillatoire, une partie d'acide acétique avec 2 parties d'un mélange propre à fournir l'ammoniaque (savoir , une partie de carbonate de chaux et une partie d'hydro-chlorate d'ammoniaque ). Il se dégage d'abord de Teau, puis de l'acétate d'ammoniaque. Acétates de zinc et de protoxide de fer. Onmetdu zinc ou du fer à Tétat métallique dans de Tacide acétique ; Teau DE LA PRÉPARATION DES SUBSTANCES VÉGÉTALES. 38? «st décomposée; ilse dégage de l'hydrogène, et les métaux oxides se dissolvent dans Tacide. Acétate de peroxide de fer. On peut le faire directement enexposantà Tairde la tournure de fer et de Tacide acétique. Dans les manufactures de teinture, on le prépare en substi- tuant à Tacide acétique pur Tacide provenant de la distilla- tion du bois et contenant encore de Thuile ; on le désigne alors sous le nom de pyro-lignite de fer, parce que Tacide était connu autrefois sous le nom d'acide pyro-ligneux. Ce sel est préféré à l'acétate ordinaire pour tous les usages de la teinture et de Timpression sur toile; il imprime des cou- leurs plus vives, plus nourries et plus fines. Acétate de manganèse. On décompose le carbonate de manganèse par Tacide acétique. Acétate de cuivre. On dissout le vert-de-gris (acétate de cuivre-}-hydrate de deutoxide de cuivre ) dans le vinai- gre chaud; on évapore la liqueur, et on en favorise la cristallisation au moyen de bâtons verticaux que Ton y plonge , et sur lesquels les cristaux se déposent. Vert-de-gris. On met une lame de cuivre sur une couche peu épaisse de marc de raisin; on recouvre la lame d'une nou- velle couche de marc , sur laquelle on applique une autre lame de cuivre, et ainsi successivement; au bout de six se- maines on sépare le vert-de-gris attaché aux surfaces du cuivre, et on fait servir de nouveau les lames à la même fabri- cation. Théorie. Le marc contient du moût de raisin ; ce- lui-ci fermente et donne successivement naissance à de l'al- cool et à de Tacide acétique; cet acide s'unit au cuivre qui se trouve oxidé par Toxigène de Tair. On prépare ce pro- duit principalement à Montpellier et dans ses environs. Acétate de plomb neutre. On fait chauffer dans des chaudières de plomb ou de cuivre étamé, de la litharge (protoxide de plomb) et un excès de vinaigre distillé; on concentre la dissolution , et on la fait cristalliser. 388 TROISIÈME PARTIE. Sous-acétate de plomb soluble ( extrait de saturne )* On fait bouillir, pendant demi-heure, une partie de li- tharge finement pulvérisée, avec 3 parties d'acétate de plomb neutre,dissous dans une grande quantité d'eau distillée; on évapore jusqu'à ce que le sel marque 28 degrés à l'aréo- mètre de Baume ; on le laisse refroidir et on le filtre. Sous-acétate de plomb au maximum d'oxide. On verse dans le sel précédent un grand excès d'ammoniaque, qui s'empare d'une portion d'acide acétique , et précipite le sous-acétate très-chargé d'oxide ; on lave le précipité avec de Teau et de l'ammoniaque. Céruse ( carbonate de plomb , blanc de plomb ). On fait arriver un courant de gaz acide carbonique dans une dissolution de sous - acétate de plomb soluble ; il se précipite du carbonate de plomb, et le sel se Irouve ra- mené à l'état d'acétate neutre; on le décante , et à Taide de la litharge, on le transforme de nouveau en sous-acétate de plomb soluble, que Ton décompose encore par Tacide car- bonique ; on lave bien le carbonate précipité , et on le livre dans le commerce après l'avoir fait sécher. Avant de connaître ce procédé, on préparait le blanc de plomb en soumettant les lames de ce métal à Taction de la vapeur du vinaigre, de Tair et de Tacide carbonique; le plomb s'oxi- dait, passait à Tétat de sous-acétate , qui était ensuite dé- composé par Tacide carbonique ; ce procédé, moins avan- tageux que le premier, n'est pas encore généralement abandonné. Acétate de protoxide de mercure. On l'obtient en dé- composant le nitrate de protoxide de mercure par Tacé- tate de potasse : il se précipite sous la forme d'écaillés, tandis que le solutum renferme du nitrate de potasse. Acétate de peroxide de mercure. On fait digérer dans Tacide acétique, et à Taide d'une douce chaleur, le deu- toxide de mercure très-divisé ; si on faisait évaporer lar de l'acide malique. 38q dissolution, le deutoxide serait ramené à l'état de protoxide par l'hydrogène et le carbone d'une portion d'acide acétique. Acétate d'argent. On peut l'obtenir directement en faisant dissoudre l'oxide d'argent dans Tacide acétique, ou bien par voie des doubles décompositions , en versant de l'acétate de potasse sur du nitrate d'argent : dans ce cas, l'acétate que Ton veut se procurer se dépose sous la forme de lames brillantes. De VAcide malique, 969. M. Donovan, après avoir comparé les diverses mé- thodes proposées pour obtenir Tacide malique pur, donne la préférence à celle de M, Vauquelin. On commence par évaporer jusqu'aux deux tiers le suc de sempervivum tecto- rum (joubarbe) , qui contient du malate acide de chaux ; on le laisse reposer pendant quelques heures, et après l'avoir filtré , on le mêle avec un poids égal au sien d al- cool , pour précipiter le malate acide de chaux ; on laisse ce précipité à Tair, afin de le dessécher et de le priver de Talcool qu'il pourrait retenir ; on le fait dissoudre dans Teau, et on décompose le solutum par Tacétate de plomb ; il se forme sur-le-champ un précipité de malate de plomb ; on le lave, et on le traite par aussi peu d'acide sulfurique étendu qu'il en faut pour saturer le protoxide de plomb : on prend , par exemple , une partie de malate et ^ partie d'acide sulfurique du commerce, étendu de cinq à six fois son poids d'eau ; on soumet le mélange à l'ébullition : Tacide sulfurique décompose le malate de plomb, forme du sul- fate insoluble, et Tacide malique est mis à nu : cet acide se trouve alors dans la liqueur ; mais il renferme un peu de> sulfate de plomb ; on l'abandonne à lui-même pendant quelques jours , jusque ce qu'il ne se dépose plus de ce sel ; alors on filtre la dissolution ; on l'agite avec un peu de Utharge finement pulvérisée, qui s'empare de l'excès 39© TROISIÈME PARTIE. d'acide sulfurique ; on filtre et on y fait arriver un courant de gaz acide hydro-sulfurique pour précipiter à l'état de sulfure noir le plomb qu'elle pourrait contenir; on filtre de nouveau, et on fait bouillir Tacide malique pour le débarrasser de Tacide hydro-sulfurique ; on cesse l'ébul- lition lorsque la vapeur qui se dégage ne noircit plus un papier humecté avec de l'acétate de plomb. On prépare encore Tacide malique avec le suc des pom- mes, ou en traitant le sucre par Tacide nitrique faible (voyez § 64i ) ; mais le premier de ces procédés a l'in- convénient d'être trop compliqué , et le second ne donne pas un produit constant. De l'Acide oxalique. 979. Ou verse de Tacétate de plomb sur de l'oxalate acide de potasse (sel d'oseille) dissous dans vingt-cinq à trente fois son poids d'eau, et Ton obtient par la voie des doubles décompositions de Tacétate de potasse soluble et de l'oxalate de plomb insoluble ; on agit surcelui-ci comme sur le ma- late de plomb. On peut également préparer Tacide oxa- liqre en traitant le sucre par cinq à six fois son poids d'acide nitrique à 220 (voy.§6/±i) : il faut, dans ce cas, cHviser Tacide, en trois portions , et les mettre successive- ment sur le sucre, à une heure d'intervalle environ. Oxalate de potasse (sel d'oseille). On met dans de Teau le rumex acetosella ou Yoxalis acetosella piles ; quelques jours après, on les presse fortement, on chauffe le suc qui en provient, on le mêle avec de l'argile, on le laisse pen- dant un»jour ou deux dans une cuve en bois; on le décante lorsquil est clair, et on Tévapore dans une chaudière de cuivre pout le faire cristalliser ; les cristaux obtenus sont redissous, et fournissent, par de nouvelles évaporations ? de l'oxalate acide de potasse pur. 5oo parties de rumex don- nent 4 parties de ce sel. Les autres oxalates solubles s'ob.- DE L'ACIDE SORBIQUE. 3ûl tiennent directement avec Tacide et la base simple ou car- bonatée. Ceux qui sont insolubles se préparent par la voie des doubles décompositions. De l'Acide sorbique. 971. A Taide de la pression, on seprocure le suc des baies mûres du sorbus aucuparia ; on le décante, on le passe , et on y verse de Tacétate de plomb ; il se forme un pré- cipité coloré de sorbate et de malate de plomb , que Ton met sur un filtre et qu'on lave avec de Teau froide pour lui enlever la matière colçjrante ; alors on verse sur le filtre une très-grande quantité d'eau bouillante, et on recueille à part le liquide filtré, qui contient du sur-sorbate de plomb : en effet, le sorbate rieutre est décomposé par Teau bouillante en sur-sorbate soluble et ensous-sorbate insoluble ; ce dernier reste sur le filtre avec le malate de plomb. A mesure que la liqueur contenant le sur-sorbate se refroidit, il se dépose des cristaux argentins de sorbate neutre de plomb (voyez pag. 33 de ce vol.) ; on fait bouillir ces cristaux avec une quantité d'acide sulfurique moindre que celle qui est né- cessaire pour les décomposer en entier, et Ton obtient du sulfate de plomb insoluble et de Tacide sorbique contenant du protoxide de plomb ; on a soin d'agiter continuellement la liqueur qui est en ébullition , pour éviter la formation d'une masse dure qui résiste à toute espèce de décompo- sition. On fait arriver dans cette liqueur encore bouillante, un courant de gaz acide bydro-sulfurique ; le prêt ride de plomb est décomposé et précipité à l'état de suliure noir^ on décante Tacide, et on l'expose à Tair pendant quelques jours pour le priver de Texcès d'acide hydro-sulfurique. Suivant M. Donovan , à qui nous devons tous ces détails,. il est impossible de dissiper ce gaz par l'ébullition. Lorsque le sous - sorbate de plomb qui était resté sur le 392 TROISIEME PARTIE. filire avec le malate ne communique plus rien à Teau bouil- lante, on le traite par Tacide sulfurique , qui forme avec le protoxide de plomb un sulfate insoluble, et laisse dans la liqueur les acides malique et sorbique. Cette liqueur , qui peut être considérée, jusqu'à un certain point, comme du nouveau suc de baies, doit être traitée par Tacétate de plomb pour en obtenir une nouvelle quantité d'acide sorbique. Le cidre, traité comme le suc des baies dont nous par- lons , fournit une assez grande quantité d'acide sorbique, ( M, Barruel. ) Acide tartarique. 972. On commence par se procurer du tartrate de chaux ; pour cela on fait dissoudre 5 parties de crème de tartre dans 5o parties d'eau bouillante; on y met assez de car- bonate de chaux pulvérisé ( craie ) pour saturer l'excès d'acide tartarique , et on agite la liqueur qui est en pleine ébullition ; il se dégage du gaz acide carbonique, et il se forme du tartrate de chaux insoluble et du tartrate de po- tasse neutre soluble ; celui-ci retient un peu de tartrate de chaux ; on verse dans la liqueur un excès d'hydro- chlorate de chaux qui décompose tout le tartrate de potasse neutre , en sorte que Ton obtient une nouvelle quantité d© tartrate de chaux insoluble ; on lave le précipité à grande eau, et on le décompose à Taide de la chaleur et de l'agi- tation par les § de son poids d'acide sulfurique du com- merce , étendu de 4 à 5 parties d'eau ; il se produit du sulfate de chaux peu soluble, et Tacide tartarique reste en dissolution avec un peu de sulfate de chaux. Après avoir laissé reposer la liqueur , on la décante et on la concentre par Tévaporation ; on sépare le sulfate de chaux qui se pré- cipite, et on fait cristalliser l'acide tartarique ; mais comme il retient de Tacide sulfurique, on le traite successivement DE L* A CI DE TARTARIQUE. 3g$ par la litharge et par Tacide hydro-sulfurique, comme nous l'avons dit en parlant de Tacide malique. Crème de tarire. On fait dissoudre dans de Teau bouil- lante le tartre brut qui se dépose sur les parois des ton- neaux pendant la fermentation du moût de raisin ; il se forme par le refroidissement de la liqueur des cristaux presque incolores ; on les fait redissoudre dans de Teau bouil- lante , dans laquelle on délaie 4 ou 5 centièmes d'une terre argileuse et sablonneuse qui s'empare de la matière colo- rante ; on évapore la liqueur jusqu'à pellicule , et Ton obtient des cristaux de crème de tartre incolore : on se sert des eaux mères pour faire de nouvelles dissolutions. Crème de tartre soluble. ( Voyez § 612. ) Flux blanc et flux noir. On obtient le premier en proje- tant dans un creuset rouge 2 parties de nitrate de potasse et une partie de tartre; tandis qu'on emploie pour la prépara- tion du flux noir parties égales de ces deux corps : le flux noir est composé de sous-carbonate de potasse et de charbon; l'autre est du sous-carbonate de potasse ; d'où il suit que les acides nitrique et tartarique sont décomposés, et que Toxi- gène du premier se combine avec l'hydrogène et le carbone du second. Tartrate de potasse neutre. On projette peu à peu de la crème de tartre finement pulvérisée dans une bassine d'argent contenant une dissolution chaude de sous-car- bonate de potasse; l'excès d'acide tartarique décompose le sous-carbonate et s'unit à la potasse, tandis que Tacide carbonique se dégage ; le tartrate de chaux qui fait partie de la crème de tartre se dépose sous la forme de flocons blancs ; on filtre la liqueur, on la concentre par Tévaporation, et on l'abandonne à elle-même pour la faire cristalliser. Tartrate de potasse et de soude (sel de Seignette). On agit de la même manière , excepté que Ton substitue au spus-carbpnaie de potasse celui de soude^ 394 TROISIÈME PARTIE. Tartrate de potasse et de protoxide d'antimoine (émé- tique ). On fait bouillir pendant une demi - heure , dans des vases de verre, de terre ou de porcelaine, parties égales de crème de tartre et de verre d'antimoine (1), et 12 par- ties d'eau ; on agite presque continuellement le mélange ; on le filtre et on Tévapore jusqu'à siccité ; on traite la masse par Teau bouillante, qui dissout tout l'émétique formé, et laisse une portion plus ou moins considérable de la silice contenue dans le verre d'antimoine ; on filtre la dissolution, on la concentre par Tévaporation , et on l'abandonne à elle- même; à mesure quele refroidissement a lieu l'émétique cris- tallise ; au bout de vingt-quatre heures , lorsque la majeure partie du sel est déposée sous la forme de cristaux, on décante les eaux mères, et on les évapore à plusieurs reprises pour avoir de nouveaux cristaux qu'on purifie par de nouvelles dissolutions et cristallisations s'ils sont colorés. Phénomènes de l'opération. Il se dégage un peu de gaz acide hydro-sulfurique ; il se produit des flocons de kermès d'un rouge brun ; la liqueur se colore ci jaune ou en jaune verdâtre ; il se dépose du tartrate de chaux sous la forme d'aiguilles ; et si l'ébullition a été continuée assez long-temps, la liqueur se prend en gelée par le refroi- dissement. Théorie. L'eau est décomposée ; son oxigène transforme en protoxide l'antimoine du sulfure d'anti- moine qui fait partie du verre ; son hydrogène s'unit au soufre de ce sulfure, et donne naissance à de Tacide hydro- sulfurique , qui s'unit à une portion de protoxide d'anti- moine avec lequel il forme du sous-hydro-sulfate (kermès ) ; la majeure partie du protoxide d'antimoine se combine (1) On se rappelle que !e verre d'antimoine est composé de protoxide et de sulfure d'antimoine, de silice , d'alumine et de fer oxidé. La crème de tartre contient, outre le tartrate acidulé de potasse , du tartrate de chaux. DE L'ACIDE CITRIQUE. 3û5 avec Yexcès d'acide tartarique de la crème de tartre, et donne naissance à du tartrate de potasse et de protoxide d'antimoine ( émétique ) ; le tartrate de chaux, auparavant dissous par Tacide tartarique libre, se sépare à mesure que celui-ci sature le protoxide d'antimoine , et se dépose par le refroidissement de la liqueur; il se forme aussi du tar- trate de fer qui colore la liqueur; enfin l'état gélatineux de la dissolution dépend de la silice qui a été mise à nu. Tanrate de potasse et de fer ( tarire martial soluble , tartre chalybé ). Il suffit de faire bouillir dans de Teau parties égales de limaille de fer et de crème de tartre, et de concenirer la dissolution par Tévaporation pour obtenir ce sel cristallisé. Teinture de mars tartarisée. Elle se prépare en versant, sur une dissolution concentrée du sel précé- dent, une certaine quantité d'alcool, qui l'empêche de se décomposer. Boules de Nancy. On fait une pâte liquide avec deux parties de crème détartre, une partie de limaille de fer porphyrisée et de Teau-de-vie ; on l'agite de temps en temps, et on ajoute de nouveau liquide à mesure qu'il s'évapore ; le fer s'oxide aux dépens de Tair, et se combine avec l'excès d acide tartarique de la crème de tartre • le mélange devient d'un rouge brun et plus consistant; lorsqu'il est encore mou, on en forme des boules du poids d'une once, que Ton imprègne d'eau-de-vie, et que Ton fait sécher. De l'Acide citrique. 973. On abandonnelesuc decitron à lui-mèmependantun jour ou deux, pour le débarrasser d'une matière mucilagi- neuse qui se précipite; on le décante ; on le fait chauffer, et on sature Tacide qu'il contient avec de la craie fine- ment pulvérisée (carbonate de chaux); il se forme du citrate de chaux insoluble; on le lave plusieurs fois avec de Teau chaude jusqu'à ce que celle-ci sorte incolore; on le chauffe légèrement avec de Tacide sulfurique affaibli, qui 396 TROISIÈME PARTIE. forme avec la chaux un sel peu soluble; Tacide citrique reste dans la liqueur et doit être purifié, comme nous l'avons dit en parlant de Tacide tartarique. Les meilleures proportions pour opérer la décomposition du sel parais- sent être une partie de citrate supposé sec, et 3 parties d'acide sulfurique à 1,15 de pesanteur spécifique. Les citrates so- lubles se préparent directement ; ceux qui sont insolubles s'obtiennent par la voie des doubles décompositions. De l'Acide benzoïque. 974- L'acide benzoïque peut être préparé, i° en versantde Tacide hydro-chlorique sur Turine des animaux herbivores , concentrée par Tévaporation ; Tacide décompose le ben- zoate de potasse , et précipite Tacide benzoïque sous la forme de petites aiguilles. (Fourcroy et Vauquelin.) 20. En faisant bouillir, pendant une demi-heure, une partie de chaux vive éteinte, 10 à 12 parties d'eau, et 4 ou 5 parties de benjoin pulvérisé ( composé principalement d'acide ben- zoïque et de résine); la chaux s'empare de Tacide, et forme un benzoate soluble qu'il suffit de filtrer et de traiter par Tacide hydro-chlorique pour décomposer : en effet, Tacide benzoïque se précipite sur-le-champ si la dissolution du benzoate est concentrée. 3°. En chauffant modérément du benjoin dans un vase de terre dont on a usé les bords, et que Ton a recouvert d'un long cône en carton, percé d'un petit trou à son sommet ; on fait adhérer le cône au vase au moyen de bandes de papier collé; le benjoin se fond et se décompose ; Tacide benzoïque se volatilise, et va se condenser sur les parois du cône sous la forme d'aiguilles satinées ; au bout de quelques heures l'opération est ter- minée , ce que Ton reconnaît à ce qu'il ne se dégage plus de vapeurs piquantes du benjoin. L'acide benzoïque préparé par Tun ou l'autre de ces procédés, surtout par le dernier, peut être coloré paj? une DE L'ACIDE GALLIQUE, 3$) matière huileuse ou résineuse ; M. Thenard conseille, pour le purifier, de le faire chauffer avec son poids d'acide nitri- que à 25°, de réduire la liqueurpresquà siccité, afin de détruire la matière colorante , de dissoudre la masse dans Teau , et de faire cristalliser le solutum pour priver Tacide benzoïque de Tacide nitrique. Les benzoates solubles se pré- parent directement. De Y Acide gallique. 975. i°. On verse 8 à io parties d'eau sur une partie de noix de galle pulvérisée ; quatre ou cinq jours après on dé- cante le liquide, qui contient du tannin et de Tacide gallique, et on le laisse à Tair pendant un ou deux mois ; Teau s'éva- pore presqu'en envier ; la majeure partie du tannin et un peu d'acide gallique se décomposent, et donnent lieu à de la moisissure qui vient à la surface de la liqueur, tandis que Tacide non décomposé cristallise; mais il retient la por- tion de tannin qui n'a pas été altérée. On lave la moisissure et le dépôt cristallin avec un peu d'eau froide, puis on les traite par Teau bouillante, qui dissout tout Tacide gallique cristallisé ; on évapore la dissolution, et Ton en obtient des cristaux grisâtres, grenus et étoiles. (Schéele. ) Cet acide gallique peut être facilement purifié en le soumettant à une douce chaleur dans une cornue de verre ; il se sublime alors sous la forme de belles lames incolores et brillantes. MM. Berthollet ont proposé de le purifier en le faisant dis- soudre dans de Teau chaude, et en le traitant par un peu d'oxide d'étain, qui forme, avec le tannin et un peu d'acide gallique , un composé triple insoluble , tandis que la ma- jeure partie de Tacide reste pure dans la dissolution. 2°. On fait bouillir la noix de galle dans de Teau ; on évapore le decoctum jusqu'à siccité ; on réduit la masse en poudre , et on la traite à plusieurs reprises par de Talcool rrès-concentré qui dissout Tacide gallique ; on filtre les 3g8 TROISIÈME PARTIE. dissolutions alcooliques, et on les évapore jusqu'à siccité; on traite par Teau le produit solide, qui contient beau- coup d'acide gallique; on évapore la liqueur après l'avoir filtrée, et Ton obtient des cristaux que Ton peut puri- fier , soit par la sublimation , soit d'après le procédé de MM. Berthollet. Acide quinique. 076. On commence par séparer le quinate de chaux du quinquina : pour cela on fait des infusions concentrées de cette écorce ; et on les réduit eu consistance d'extrait par Tévaporation; cet extrait contient de la résine, du quinate de chaux, du mucus, etc. ; on le traite par Talcool, qui dissout la résine ; on décante, et on fait dissoudre le résidu dans Teau; on filtre la dissolution , et on l'abandonne à elle-même dans un lieu chaud ; le quinate de chaux se dépose sous la forme de lames d'un brun rougeâtre ; on le purifie en le redissolvant dans Teau et en le faisant cristal- liser de nouveau. Pour séparer Tacide quinique de ce sel, on le fait dissoudre dans dix ou douze fois son poids d'eau, et on verse dans le solutum de Tacide oxalique faible , qui précipite toute la chaux; Tacide quinique reste alors dans la liqueur; on la laisse évaporer spontanément jusqu'à ce que Tacide cristallise. (Vauquelin ). Acide morique. 977. On se procure du morate de chaux en traitant l'é- corce dumûrier pardel'eau distillée bouillante, et en faisant évaporer la dissolution. On fait bouillir ce sel avec de Ta- cétate de plomb, et Ton obtient de Tacétate de chaux so- luble et du morate de plomb insoluble ; celui-ci est lavé , mis sur un filtre , et décomposé par Tacide sulfurique , comme nous l'avons dit en parlant de Tacide malique. ( Voyez pag. 389 de ce vol. ) DES ACIDES MELLITIQUE ET SUCCINIQUE. Acide mellitique. 978. On tiaite à plusieurs reprises, par Teau bouillante, la mellite pulvérisée, et Ton obtient une dissolution de mel- litatc très-acide d'alumine; on la filtre, on la concentre au bain-marie, et on la mêle avec de Talcool, qui en précipite l'alumine. Après avoir filtré de nouveau la liqueur, on Tévapore jusqu'à siccité pour en dégager Talcool ; on dis- sout dans Teau froide la masse solide, friable et d'un blanc jaunâtre; on concentre la dissolution à une douce chaleur, et Ton obtient des cristaux d'acide mellitique, que Ton purifie par une nouvelle dissolution et cristallisation. Acide succinique. 979. On introduit du succin (ambre) dans une cornue dont le col se rend dans une allonge à laquelle on adapte un ballon tubulé; on chauffe modérément la cornue; le succin se ramollit et entre en fusion ; il se dégage une très-petite quanlité d'huile fluide et peu colorée, et au bout de plu- sieurs heures, on voit paraître des aiguilles d'acide suc- cinique ; on élève davantage la température; alors la masse se boursouffle considérablement et il se vaporise plus d'a- cide; quelque temps après elle s'affaisse d'elle-même , et il ne se forme plus d'acide ; on suspend l'opération et on purifie le produit. Si à cette époque on continuait encore la distillation, on obtiendrait une huile très-brune, vis- queuse, et comme onguentacée; enfin, si on faisait rougir le fond de la cornue, il se sublimerait dans le col, et même dans le ballon , une substance jaune de la consistance de la cire. ( MM. Robiquet et Colin. ) On purifie Tacide succinique huileux en le dissolvant dans de Teau chaude, ensaturant la dissolution parla potasse? et en la faisant bouillir avec du charbon qui s'empare de la matière huileuse; on filtre, et on traite le succinate de 4oo TROIsli-ME parti;-;. potasse par le nitrate de plomb ; il se précipite du suc- cinate de plomb , que Ton décompose par Tacide sulfu- rique , comme nous l'avons dit à l'article acide malique. ( Richter. ) Le sel de succin du commerce n'est que du sulfate acide de potasse imprégné d'huile de succin. Les succinates so- lubles se préparent directement. Acide fungique. 980. On fait bouillir le suc du bolet dunoyer, dans lequel il y a du fungate de potasse , de Talbumine , etc. ; celle-ci se coagule; on filtre la liqueur, et on Tévapore jusqu'en consistance d'extrait; on traite celui-ci à plusieurs reprises par Talcool, qui dissout plusieurs substances, et qui n'agît pas sur le fungate de potasse, que Ton fait dissoudre dans Teau ; on décompose le solutum par Tacétate de plomb , et il se produit du fungate de plomb insoluble ; après l'avoir lavé, on le chauffe avec de Tacide sulfurique faible, qui forme avec le protoxide de plomb du sulfate insoluble ; tandis que Tacide fungique , uni à une matière animale, reste dans la liqueur; on filtre et on sature Tacide par l'ammoniaque; on fait cristalliser à plusieurs reprises le fungate d'ammo- niaque pour le débarrasser de la matière animale; on le redissout dans Teau, et on le précipite de nouveau par Tacétate de plomb : le fungate de plomb obtenu est décom- posé par Tacide sulfurique faible, qui laisse Tacide fun- gique en dissolution. ( Braconnot. ) Acide de la laque en bâton. 981. On réduit la laque en poudre fine, et on Tépuise par Teau; le solutum est évaporé jusqu'à siccité; on traite la masse par Talcool ; on filtre ; on évapore cette dissolution alcooli- que jusqu'à siccité ; le nouveau résidu est traité par Téther, DES ACIDES MÉCONIQUE ET CAMPHORIQUE. 4oi qui laisse enfin une masse sirupeuse d'un jaune de vin clair que Ton fait dissoudre dans Talcool ; on traite le so- lutum par Teau qui en précipite de la résine ; Y acide de la laque reste en dissolution avec un peu de potasse et de chaux; on décompose la liqueur par Tacétate de plomb, et Ton obtient un précipité composé de protoxide de plomb et de Tacide que Ton cherche à séparer; on décompose ce précipité par Tacide sulfurique faible, qui forme avec Toxide de plomb un sel insoluble, tandis que l'acide reste en dissolution. Acide méconique. 982. On prépare cet acide en faisant bouillir pendant quatre ou cinq minutes l'extrait aqueux d'opium avec de la magnésie calcinée ; on obtient sur-le-champ un précipité de morphine et de méconate de magnésie ; on le lave, et on le fait bouillir à plusieurs reprises avec de Talcool, qui dis- sout toute la morphine et laisse le méconate de magné- sie ; on décompose celui-ci par Tacide sulfurique faible et Ton obtient du sulfate de magnésie et de Tacide méco- nique solubles; on verse dans le solutum de l'hydro-chlo- rate de baryte, qui y fait naître un précipité de méconate et de sulfate de baryte ; on lave ce précipité, et on le traite par Tacide sulfurique faible: le méconate de baryte est dé- composé , et Tacide méconique mis à nu. (M. Robiquet. ) Acide camphorique. 983. On introduit dans une cornue (voyez pi. ire, fig. 1rc ) une partie de camphre, et 12 parties d'acide nitrique à 25° de l'aréomètre de Baume; on chauffe graduellement, jusqu'à ce que la moitié du liquide soit passée dans le réci- pient ; on cohobe, c'est-à-dire, on remet le liquide distillé dans la cornue; on distille de nouveau ; on recohobe, et on continue à distiller jusqu'à ce qu'il ne reste plus dans la cornue n. 26 402 TROISIÈME PARTIE. que le quart de Tacide nitrique employé; alors on laisse refroi* dir le liquide, etl'acide camphorique cristallise; on le lave pour le débarrasser de Tacide nitrique qu'il retient. Pendant cette opération, il se dégage du gaz nitreux, qui provient de Tacide nitrique décomposé : en effet, une partie de Toxigène de cet acide s'empare d'une portion d'hydrogène et de car- bone du camphre, avec lesquels il forme de Teau et de Ta- cide carbonique. Acide mucique (saccholactique). 984. On chauffe modérément, dans un appareil semblable au précédent, 3 parties d'acide nitrique et unepartiedesucre de lait, de gomme ou de manne grasse ; il se dégage beau- coup de gaz nitreux, et il reste dans la cornue de Tacide mucique sous la forme d'une poudre blanche, qu'il suffit de laver pour l'avoir pur. L'opération est terminée lors- qu'il ne se dégage plus de gaz : la théorie est la même que celle que nous avons donnée en parlant de Tacide cam- phorique. Acide pyro-tartarique. 985. On distille Tacide tartarique dans un appareil analogue au précédent, et Ton obtient, entr'autres produits ( voyez § 571 ) , un liquide d'un brun rougeâtre, con- tenant de Teau, de Thuile, de Tacide acétique et de Tacide pyro-tartarique ; on le filtre à travers du papier imbibé d'eau-, une partie de Thuile reste sur le filtre ; on sature la liqueur filtrée avec du sous-carbonate de potasse; on la ré- duità siccité par Tévaporation ; on dissout dans Teau la masse obtenue, et on filtre la dissolution avec du papier mouillé- on répète cette opération plusieurs fois, jusqu'à ce que Ton ait séparé la majeure partie de Thuile; alors le pyro- tartrate et Tacétate de potasse sont d'une couleur brunâtre ; on les évapore jusqu'à siccité et ou les introduit dans DE L'ACIDE SUBÉRIQUE. 4o3 Une cornue , pour les décomposer par de Tacide sulfu- rique faible et aidé d'une douce chaleur; Tacide acétique vient se condenser dans le récipient, tandis que Tacide pyro-tartarique se sublime dans la voûte de la cornue, sous la forme de lames incolores. La crème de tartre fournit moins d'acide pyro-tartarique que Tacide tartarique. Acide subérique. 986. On chauffe dans un appareil semblable au précè- dent (1) 6 parties d'acide nitrique à 3o° et une partie de râ- pure de liège ; on cohobe et on recohobe le liquide distillé jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de gaz nitreux; alors on verse la masse contenue dans la cornue dans une capsule de porcelaine, et on la fait évaporer en l'agitant continuel- lement. Quand elle est sous la forme d'extrait , on y ajoute six ou sept fois son poids d'eau ; on la fait chauffer pendant quelque temps et on la retire du feu. Lorsque le refroidissement est opéré , on y remarque 3 parties dis- tinctes : i° on voit à la surface une matière grasse figée, que Ton enlève avec une carte ; 20 au fond se trouve une ma- tière ligneuse et floconneuse; 3° enfin Tacide subérique fait partie du liquide que Ton concentre par la chaleur et qu'on laisse refroidir; par ce moyen Tacide se dépose sous la forme de petits flocons d'un blanc jaunâtre, que Ton traite par Teau froide afin de dissoudre la matière qui les colore ; on les dissout ensuite dans Teau bouillante à plu- sieurs reprises , et on finit par obtenir Y acide incolore. (1) Dans toutes ces expériences , il est important que le vo- lume de la cornue soit au moins double de celui du mélange sur lequel on agit. 4o4 TROISIÈME PARTIE. De T Acide nancéique. 987. On fait évaporer à une douce chaleur le jus de bette- raveaigri; lorsqu'il est presquesolide, on le traite par Talcool; on filtre la dissolution et on la fait évaporer jusqu'en consis- tance sirupeuse ; on Tétend d'eau, et on la sature avec du carbonate de zinc ; on filtre ; la liqueur filtrée contient un sel composé d'oxide de zinc et d'acide nancéique ; ce sel cristallise par Tévaporation ; on dissout ces cristaux dans Teau pour les faire cristalliser de nouveau; alors on les redissout et on verse un excès d'eau de baryte dans la dis- solution; l'oxide de zinc est précipité , et la liqueur ren- ferme un sel composé d'acide nancéique et de baryte : on précipite celle-ci par Tacide sulfurique, on filtre , et par Tévaporation on obtient Tacide nancéique pur. Du Sucre de canne. 988. L'extraction de ce sucre se fait dans les Indes occiden- tales et orientales. On coupe la canne à sucre quatre ou cinq mois après la floraison ; alors sa hauteur varie depuis quatre jusqu'à six mètres ; sa couleur est jaunâtre et son suc est très- doux ; il contient depuis six jusqu'à quinze pour cent de sucre ; on en détache les feuilles et on retire le suc en la com- primant entre trois cylindres , que Ton met en mouvement à Taide de chevaux ou de bœufs. Les cannes exprimées por- tent le nom de bagasse. On trouve dans le suc beaucoup d'eau, du sucre cristallisable , du sucre liquide , un peu de gomme, de ferment, et d'albumine ou de fécule verte , du ligneux et quelques sels; il est important de procéder de suite à la cuisson de ce liquide pour éviter qu'il ne fermente. Préparation de la cassonade. On fait bouillir le suc dans une chaudière de cuivre, avec un peu de chaux ; Talbumine se coagule , et vient à la surface sous forme d'écume que Ton enlève ; on continue l'ébullition jusqu'à ce que la li» DU SUCRE SE CANNE. 4°^ queur marque 24° à 260 à l'aréomètre ; dans cet état, on l'appelle vesou ; on prétend qu'il suffit de jeter un peu d'é- corce du theobrorna guazuma dans cette liqueur bouillante pour la clarifier sur-le-champ. Quoi qu'il en soit, on la filtre a travers de la laine placée sur des claies d'osier ; on la laisse reposer pendant six ou huit heures, puis on la décante pour en séparer quelques matières terreuses ; on la remet dans la chaudière, et on Tévapore jusqu'en consistance d'un sirop très-épais : à cette époque, sa température est de x io°. On met le sirop dans des bassines appelées rafraîchissoirs , et de là dans des caisses offrant plusieurs trous que Ton a bou- chés avec des chevilles de bois entourées de paille de maïs ; au bout de vingt-quatre heures, lorsqu'il commence à cris- talliser, on l'agite pour favoriser sa solidification ; cinq à six heures après, on débouche les trous pour laisser écouler le sirop non cristallisé, que Ton recueille et que Ton soumet à une nouvelle évaporation : le sucre solide obtenu dans les caisses est exposé à Tair pendant quelques jours, et, lorsqu'il est sec, on le livre dans le commerce sous le nom de cassonade, moscouade, sucre brut, etc. Raffinage. On dissout la cassonade dans Teau, on y ajoute du sang de boeuf, et on chauffe graduellement jusqu'à l'é- bullition ; Talbumine du sang se coagule , s'empare des ma- tières étrangères insolubles , et forme une écume que Ton enlève. On laisse refroidir le liquide, et on le traite trois fois par le sang ; lorsqu'il est bien clarifié , on le passe à travers la laine , on Tévapore jusqu'en consistance d'un si- rop très-épais que Ton met dans des rafraîchissoirs où il est agité ; quand sa température est à 4o°, on le verse dans des cônes en bois dont la base est en haut et dont le sommet offre un petit trou que Ton bouche avec une cheville ; le su- cre ne tarde pas à cristalliser ; alors on débouche les trous , et toute la partie liquide (mélasse) s'écoule dans des pots disposés exprès pour la recevoir. 4o6 TROISIÈME TARTir. M. Derosne a proposé un procédé de raffinage qui pa- raît préférable ; il consiste à verser peu à peu sur la surface du pain de sucre, immédiatement après l'écoulement du sirop non cristallisé, un litre d'alcool du commerce à 36°, et à re- couvrir la base du cône pour empêcher la volatilisation de Tes- prit-de-vin ; au bout de deux heures , lorsque Talcool a dis- sous le sucre liquide et coloré, on le laisse écouler par le sommet du cône, et on répète l'opération avec moitié de nouvel alcool; on dissout dans Teau le sucre renfermé dans le cône, pour le traiter par le sang de boeuf, comme nous l'avons dit, et le soumettre à l'opération du terrage. L'al- cool employé et qui contient la mélasse peut être distillé et servir de nouveau. Terrage. Le sucre raffiné et disposé dans le cône est re* couvert d'une couche d'environ 27 millimètres d'épaisseur d'une terre argileuse blanche, délayée dans de Teau. Si le cône était entièrement plein de sucre , on commencerait par en enlever une couche de 27 millimètres. L'argile cède peu à peu Teau qu'elle contient; ce liquide traverse tout le sucre, dissout la partie sirupeuse colorée, et s'écoule par le trou pratiqué au sommet du cône. Huit jours après , on enlève l'argile, qui a acquis la consistance d'une pâte ferme; on met du sucre pulvérisé sur la base du pain, et on le re- couvre de nouveau d'argile humectée : le terrage n'est termi né qu'au bout de trente-deux jours, c'est-à-dire, lorsqu'on a renouvelé quatre fois l'argile , renouvellement qui a lieu tous les huit jours. Alors on retire les pains des cônes, et on les laisse à Tétuve pendant un ou deux mois ; là, ils se dessèchent, achèvent de cristalliser et se raffermissent. M. Howard est parvenu à raffiner le sucre par un pro- cédé qui mérite d'être exposé. On prend le sucre brut, on le chauffe au bain de vapeur avec une petite quantité d'eau; on verse le mélange dans des pots de terre cuite, et on y ajoute du sirop concentré : par ce moyen, la mélasse s'é- 1)V SUCRE DE CANNE. 407 coule; chaque quintal de sucre en fournit environ dixlivres, taudis que, par la méthode de raffinage ordinaire, on en ob- tient trente livres. On mêle un quintal du sucre résultant avec deux livres d'alun, dont l'excès d'acide a été saturé par une quantité convenable de chaux vive ; on dissout le mélange dans un peu d'eau au moyen du bain de vapeur; on filtre rapidement, et on obtient une dissolution siru- peuse, transparente, de couleur d'ambre ; on la concentre par Tévaporation, dans des chaudières qui sont des sphéroïdes en cuivre communiquant avec une pompe pneumatique que Ton fait agir pendant tout le temps de l'opération; par ce moyen, on peut faire une sorte de vide dans la chaudière, et la liqueur peut bouillir à une température très-basse , avantage très-grand suivant M. Howard, puisque, par l'ébul- lition sous la pression atmosphérique, une partie du sucre cristallisable se transforme en mélasse. Aussitôt que la cuite est assez avancée, on procède à la granulation (i), ; pour celgt on met le liquide dans un vaisseau de cuivre découvert, dont la température a été élevée à 82° thermomètre centigrade au moyen de la vapeur d'eau ; on le laisse refroidir jusqu'à 65°, puis on le verse dans des moules de terre cuite pour le mettre en pains. Lorsqu'après le refroidissement la mé-> lasse s'est écoulée, on verse sur la base du pain une nou-* velle quantité de sirop saturé : par ce moyen, on sépare tout le sirop coloré en jaune ; il n'en reste qu'un peu au sommet du pain, que Ton enlève à Taide d'un instrument inventé pour cet objet ; à cette époque, le sucre peut être livré dans le commerce. (1) Les chaudières offrent un mécanisaae particulier à Taide duquel on peut facilement en extraire du sirop et Juger s'il est assez cuit ; elles renferment en outre, dans leur intérieur, im thermomètre et une éprouvette à mercure. 4o8 TROISIÈME PARTIE. Sucre de betterave. Culture de la betterave. On sème les betteraves à la fin de mars ou en avril, lorsque la gelée n'est plus à craindre. Il paraît à-peu-près indifférent de prendre la graine des bet- teraves rouges , jaunes , blanches , etc. Le terrain le plus convenable à leur culture est celui qui a de la profondeur et qui est à-la-fois meuble et gras; celui qui provient du défrichement des prairies, le terrain d'alluvion fumé et travaillé depuis long-temps, sont très-propres à cet objet. Ces terrains doivent être préparés par deux ou trois labours très-profonds et un engrais convenable. On sème les bet- teraves à la volée comme le blé, puis on a recours à la herse ; cette méthode offre plus d'avantages que celle qui consiste à semer à la main, au semoir, en couche ou pé- pinière. On arrache à la main ou par le sarclage toutes la herbes qui poussent à côté de la betterave et dont le voisi- nage est extrêmement nuisible à son développement. L'é- poque à laquelle cette plante doit être cueillie varie ex- Çraordinairement suivant le climat : dans les environs de Paris, et même à une distance de quarante à cinquante lieues de la capitale, on doit procéder à l'arrachement dans les pre- miers jours d'octobre , tandis que, dans les pays méridio- naux , cette opération doit être faite bien avant; sans cela , il arrive que le sucre formé se décompose par l'acte de la végétation, et se trouve remplacé par du nitrate de potasse. Après avoir enlevé les feuilles aux betteraves , on les met en plein air sur un sol bien sec, qui soit à l'abri des inon- dations , et que Ton recouvre de quelques cailloux et de paille ; on dispose les betteraves en couches, au centre desquelles on laisse un trou pour donner issue aux vapeurs y et on recouvre ces couches avec de la paille de seigle 01* d'avoine ; ces précautions sont indispensables, puisque, d'un côté, les betteraves gèlent à 1°—o°, et que, d'une autre part,. »U SICRE BE BETTERAVE. 4°9 elles germent à 8° ou 9°-f-o°, surtout si Tair est humide. H serait plus convenable de les conserver dans des granges ou dans des greniers ; mais il est presque impossible de trouver un emplacement de ce genre capable de contenir toutes les betteraves dont on a besoin. Si cependant on veut les emmagasiner, il faut, i° les laisser dans les champs pen- dant quelques jours pour les sécher ; 20 les mettre à découvert tant que la température n'est qu'à quelques de- grés au-dessus de zéro, à moins qu'il ne pleuve; 3° dé- monter les tas, enlever les betteraves qui pourraient être gelées ou pourries , et rétablir la couche. Extraction du sucre. On coupe les collets et les radi- cules des betteraves, et on ratisse la surface avec des cou- teaux ; on les réduit en pulpe à Taide de râpes cylindri- ques , mues avec rapidité à la main ou par le moyen d'un manège ; la pulpe est soumise à la pression , d'abord dans de petites presses à levier , puis à Taide de presses beau- coup plus fortes : on obtient par ce procédé de 65 à 75 pour cent de suc qui marque depuis 5 jusqu'à 11 degrés à l'aréo- mètre de Baume. Ce suc contient, outre les substances que Ton trouve dans celui de canne , de Tacide malique et de Tacide acétique, et ne peut guère fournir que trois à quatre pour cent de sucre ; il est reçu dans une chaudière appelée dépuraloire, que Ton fait chauffer dès qu'elle est remplie au tiers ou à moitié ; lorsque la température est à 65 ou 66° , on étouffe le feu en le recouvrant de braise mouillée ; on jette alors dans la chaudière environ 48 grains de chaux (fusée dans Teau tiède) par litre de suc ; on porte la liqueur presqu'au degré de l'ébullition; on retire le feu , eV Ton ne tarde pas à remarquer à la surface du bain une couche que Ton enlève avec Técumoire ; on fait écouler le liquide au moyen d'un robinet disposé à un pied du fond de la chaudière. On porte rapidement le liquide à l'ébullition, et on y 4IQ TROISIÈME PARTIE. verse de Tacide sulfurique étendu de 20 parties d'eau, dans la proportion d'7^ de la chaux employée ; on agite : il vaut mieux que le mélange soit avec un léger excès de chaux qu'avec excès d'acide. On mêle à la liqueur yf^ de charbon animal parfaitement broyé , par exemple, de celui qui provient de la préparation du bleu de Prusse ; immé- diatement après on y ajoute la moitié du charbon qui a servi la veille; on continue l'ébullition jusqu'à ce que la liqueur marque 18 ou 200 à l'aréomètre, et on laisse re- poser jusqu'au lendemain ; alors on la passe à travers de la laine; on l'introduit dans une chaudière ronde, de deux pieds de large sur dix-huit pouces de hauteur; on la rem- plit au tiers, et on fait chauffer de nouveau jusqu'à ébullî- tion. Si la cuite brûle, on ralentit le feu et on agile la liqueur: si le bain écume beaucoup, on y jette un peu de beurre et on modère le feu. La cuite est terminée lors-> qu'en prenant un peu de sirop entre le pouce et l'index et en écartant rapidement ces deux doigts, il se forme un filet qui casse sec : à cette époque , on couvre le feu, et, quelques minutes après, on verse le sirop dans des rafraî* chissoirs , et de là dans des cônes ; on fait subir à ce sucre les opérations que nous avons décrites sous les noms de raffinage et de terrage, en parlant du sucre de canne. Margraff a découvert le sucre de betterave. M. Achard de Berlin Ta obtenu le premier en grand ; M7Déyeux est le premier en France qui ait répété avec succès les expé- riences d'Achard ; enfin M. Chaptal a donné, en i8i5 , un très-beau Mémoire sur cet objet, dans lequel nous avons. puisé tout ce qui vient d'être exposé. Sucre de châtaignes. 989. Les châtaignes contiennent, outre le sucre, de la fé- cule , une matière gommeuse et de Talbumine. On laisse en contact, pendant vingt-quatrç heures, 3 parties d'eau e^ DU SUCRE D E ' RAISIN. 4IT une partie de châtaignes pulvérisées et privées de leur écorce ; on agite le mélange de temps en temps, et on dé- cante la liqueur ; on remet une nouvelle quantité d'eau sur la poudre, et on recommence la même opération après avoir décanté le liquide ; le résidu est presqu'entièrement formé de fécule ; les trois dissolutions contiennent le sucre et le mucilage ; on les faitchauffer séparément jusqu'à ce qu'elles marquent 38° à l'aréomètre de Baume , et on les met dans une étuve; au bout de quelques jours, elles cristal- lisent ; la première dissolution , plus sucrée et moins mu- ci la gineuse que les deux autres , cristallise plus facilement. On met les cristaux qui sont plus ou moins pâteux dans des toiles serrées ; on] les presse ; la majeure partie du mucilage s'écoule par les trous, tandis que la cassonade reste dans la toile ; cette cassonade, assez belle, très-sucrée, conserve une légère saveur de châtaigne. Sucre de raisin. 990. Le suc de raisin est formé d'eau , de sucre, d'une ma-» tière analogue au ferment, de tartrate acide de potasse, de tartrate de chaux, de quelques sels , etc. On commence par saturer l'excès d'acide tartarique avec du marbre ou de la craie en poudre (carbonate de chaux) ; on agite; lors- qu'il n'y a plus d'effervescence , on laisse reposer la liqueur, on la décante, et on la traite par du sang ou des blancs d'oeuf, comme nous l'avons dit pag. 4°5 de ce vol. ; on fait évaporer le liquide jusqu'à ce qu'il marque 35° bouillant à l'aréomètre , puis on le laisse refroidir et cristalliser. Sirop de raisin. On le prépare comme le sucre, excepté qu'il faut faire subir au suc l'opération du mutisme, et qu'il ne faut l'évaporer que jusqu'à 32° bouillant. Le mu- tisme consiste à agiter le suc dans des tonneaux dans les^ quels on a préalablement enflammé des mèches soufrées ; ou bien à mêler ce suc avec du sulfite acide de chaux, ou 4l2 TROISIÈME PARTIE. avec de Tacide sulfureux : par ce moyen , Toxigène de Tair se porte sur Tacide sulfureux, et n'agit point sur le ferment contenu dans le suc, en sorte que celui-ci n'éprouve pas la fermentation spiritueuse, comme cela arriverait si on ne prenait pas cette précaution. Sucre de Diabète. 991. On fait concentrer Turine des diabétiques jusqu'en consistance d'un sirop clair, qu'on abandonne à lui-même ; le sucre cristallise ; on égoutte les cristaux, on les presse et on les fait dissoudre dans de Talcool bouillant; le solutum, soumis à une évaporation lente et spontanée, fournit des cristaux très-blancs. (Chevreul.) Sucre d'amidon. (Voyez § 645. ) Sucre des Champignons. 992. On fait évaporer le suc de Y agarieus volvaceus ; lors- qu'il est suffisamment réduit et refroidi, il fournit une sorte de gelée ; on traite celle-ci par Talcool bouillant ; on fait évaporer la dissolution , et on obtient le sucre cristal- lisé. Les agarieus acris et canthat'ellus, les hydnum repan- dum et hybridum, le boletus juglandis et le lycoperdon truncatum, fournissent également du sucre. Sucre liquide de mélasse. 9g3. On l'obtient dans la préparation du sucre de canne ou de betterave : c'est le liquide sirupeux et coloré qui s'é- coule par le sommet des cônes pendant le raffinage. ( Voyez pag. 4o5 de ce vol. ) Du Miel. 994. On enlève avec un couteau les lames de cire qui fer- ment les alvéoles des gâteaux ; on place ceux-ci sur des claies d'osier et on les soumet à une douce chaleur ; le miel vierge DE LA FÉCULE. 4l3 s'écoule bientôt goutte à goutte ; lorsqu'ils n'en fournissent plus , on les brise , on les laisse égoutter de nouveau et on élève un peu plus la température ; on sépare le rouget et le couvain qu'ils renferment, et on les soumet à une pression graduée ; par ce moyen, tout le miel finit par s'écouler. S'il est limpide, on ne lui fait subir aucune espèce de pu- rification ; mais s'il est trouble , on le laisse reposer pen- dant quelque temps , on l'écume et on le décante. De la Mannite. 995. On fait dissoudre la manne en larmes dans Talcool bouillant ; par le refroidissement, la mannite se précipite ; on la fait dissoudre de nouveau dans Talcool très-chaud , et on l'obtient cristallisée à mesure que le liquide se refroidit. ( M. Thenard. ) De la Fécule. 996. Lorsque la fécule ne se trouve pas mêlée au gluten , il suffit de prendre les parties des plantes qui la contiennent, de les diviser, de les placer sur un tamis et de les laver avec une grande quantité d'eau; ce liquide dissout toutes les parties solubles à froid , entraîne la fécule et la laisse précipiter par le repos : tel est le procédé suivi pour ex- traire la fécule delà moelle de plusieurs espèces de pal- miers ( sagou ) , celle de pommes de terre, d'arum, de bryone, etc. Le salep s'obtient en laissant dans Teau bouil- lante, pendant quelques instans, les tubercules d'orcliis; par ce moyen on les priv e d'un principe amer soluble; le résidu pilé, desséché et moulu constitue le salep. Il est d'autant plus important de laver ces fécules avec soin , que la plupart d'entre elles sont unies à des principes caustiques, véné- neux, qui se dissolvent dans Teau. Fécule d'orge et de blé ( amidon ). Ces deux graines cé- réales contiennent, outre la fécule , du gluten, du sucre, de 4l4 . TROISIÈME PARTIE. Talbumine et quelques sels ; on débarrasse la fécule de tous ces corps par la fermentation et par des lavages. Pour cela, on met dans de grandes cuves de la farine d'orge ou de froment grossièrement moulue, de Teau et une petite quan- tité d'eau sure, qui est composée d'eau, d'acide acétique , d'alcool, d'acétate d'ammoniaque, de phosphate de chaux et de gluten. ( M. Vauquelin. ) La farine ne tarde pas à fer- menter ; le sucre et le gluten réagissent l'un sur l'autre et donnent naissance à de Tacide carbonique qui se dégage sous la forme de gaz, et à de Talcool qui reste dans la liqueur; celui- ci passe bientôt à l'état d'acide acétique; enfin une portion de gluten se putréfie et fournit de l'ammoniaque. L'acide acétique se combine en partie avec cet alcali et en partie avec le gluten ; il dissout aussi le phosphate de chaux con- tenu dans la farine ; le liquide tenant en dissolution ces di- verses substances porte le nom à"eau sure ou d'eau grasse: en effet, il est trouble et gluant. Lorsqu'au bout de vingt, trente ou quarante jours, la majeure partie du gluten est dé- composée, on décante Teau sure après avoir enlevé la moisissure qui est à sa surface, et on trouve au fond un dépôt formé de beaucoup de fécule et d'une certaine quan- tité de son qui était mêlé avec la farine ; on le lave, on dé- cante la liqueur et on le délaye dans de Teau; alors on met le mélange sur un tamis de crin disposé au - dessus d'un tonneau ; la fécule et le son le plus fin passent à travers le tamis , tandis que celui qui est plus grossier reste dessus ; on agite Teau dans laquelle se trouvent la fécule et le son ; celui-ci vient à la surface ; on décante le liquide , et, à Taide d'une pelle, on enlève la première couche de son. On répète cette opération jusqu'à ce que Ton ait obtenu la fécule pure,- alors on la moule dans des paniers d'osier , et on la fait sécher au grenier; on casse les blocs de fécule , on expose les morceaux à Tair pendant quelques jours, et on les fait sécher à Tétuve. DE L'iNULÏNE ET DU LIGNEUX. 4*^ De VLnuline. 997. On fait bouillir des racines d'aulnée dans une assez grande quanùié d'eau; on filtre la liqueur et on Tévapore jusqu'en consistance d'extrait; on traite celui-ci par Teau froide, et ilse précipite sur-le-champ une grande quantité d'inuline que Ton doit laver à plusieurs reprises et par dé- cantation ; on la dessèche lentement, en évitant de la mettre sur des filtres , car elle y adhère si fortement qu'on ne peut l'en détacher. (Gaulthier de Claubry. ) Du Ligneux. 998. On traite successivement et à plusieurs reprises la sciure de bois par Talcool, Teau, Tacide hydro-chlorique et Teau de potasse; ces menstrues dissolvent, à Taide de la chaleur, les divers principes résineux, extractifs, muqueux, salins, etc., qui sont unis au ligneux, tandis que celui-ci reste pur; on le lave et on le fait sécher. Chanvre, lin. ( Voyez § 771. ) Papier. On entasse des chiffons lavés et desséchés, et on les humecte de temps en temps ; les principes étrangers au ligneux et susceptibles de se putréfier, se décomposeut, exhalent une odeur infecte, et les chiffons se trouvent blanchis ; on les fait passer à travers des cylindres striés pour les diviser, et on les fait bouillir dans de Teau privée de fer et de sels calcaires; par ce moyen, on obtient une pâte qui se délaye et se suspend dans le liquide ; on enfonce dans celui-ci des cribles très-fins, sur lesquels la pâte se précipite en une couche légère qui forme la feuille de papier, qu'on laisse sécher et qu'on recouvre de colle. Il est beaucoup plus avantageux de traiter les chiffons par une dissolution alcaline, et de les blanchir en les 4l6 TROISIEME PARTIE. exposant au serein, que de leur faire subir la fermen- tation putride dont nous venons de parler. On peut égale- ment faire du très-beau papier avec de la paille. Le papier le plus pur contient, outre le ligneux, du carbonate de chaux, de la silice et un atome d'oxide de fer. Des Produits de la distillation du bois. Nous avons établi ( § 637 ) que le bois distillé fournit du charbon, de l'huile, de Tacide acétique, de Teau, du gaz hydrogène carboné , du gaz oxide de carbone et de Ta- cide carbonique. M. Mollerat est le premier qui ait formé un établissement en grand pour recueillir ces divers pro- duits et en tirer parti ; nous allons donner la description du procédé suivi actuellement à Cboisi-sur-Seine, et dont l'objet principal est l'extraction de Tacide acétique et du charbon. « On dispose, à Tune des extrémités d'un bâtiment très- vaste , quatre fourneaux destinés à recevoir de grandes cornues, dont la partie inférieure est en fonte et tout le reste en forte tôle. A très-peu de distance du fond de ces cornues, se trouve l'ouverture d'un tuyau en cuivre , du diamètre de 3 pouces, qui s'élève contre les parois, et s'évase en entonnoir à la partie supérieure. Ln cylindre en cuivre, de 8 ou 9 pouces de large, et long de 18 à 20 pieds, s'ajuste à cet entonnoir, sort de l'atelier, se recourbe et va plonger au fond d'un vaste cuvier plein d'eau qui se renouvelle sans cesse. Là, il se décharge dans un condensa- teur auquel sont adaptés, d'un côté , un petit robinet pour l'écoulement des liquides, et, de l'autre, un cylindre à- peu-près du même calibre que le précédent, et qui s'élève verticalement, se recourbe, rentre dans l'atelier , se re- courbe de nouveau, et va s'ouvrir dans le foyer. Cet appareil monté, on remplit la cornue de bois coupé DES PRODUITS DU BOIS. 4*7 depuis un an, et qui est, autant que possible, droit,long et de Ja grosseur du poignet ; on le range avec ordre , et, lorsque la cornue est pleine, on la ferme avec son couvercle, qu'on assujettit par des vis ; on lute avec de la terre argi- leuse , et, au moyen d'une grue, deux hommes l'enlèvent et la placent dans son fourneau. On met par-dessus une Cou- verture en maçonnerie d'un poids considérable ; on ajuste le cylindre à la cornue, et Ton fait du feu. Toute Teau qui appartient au bois se dissipe, et bientôt la carbonisation commence; alors il se dégage beaucoup d'acide carbonique , beaucoup d'acide acétique très-étendu d'eau, beaucoup d'hydrogène carboné, beaucoup d'une matière huileuse analogue au goudron , et peut-être un peu de gaz oxide de carbone. Dans quelque point de la cornue que la décomposition se fasse , tous ces produits sont forcés de traverser la masse entière pour chercher l'ouverture du tuyau indiqué, lequel est à dessein placé à l'extrémité inférieure ; ils se rendent par ce dernier dans le cylindre en cuivre, qui les pdrte dans le condensateur. Là, presque tout ce qui est eau , acide acétique et matière huileuse , se condense et coule par le petit robinet, pendant que tout ce qui est acide car- bonique, gaz hydrogène carboné, gaz oxide de carbone , entraînant une petite quantité des autres produits, remonte par le second cylindre , et va dans le foyer , où il sert de combustible. Lorsque l'opération a marché cinq heures, on dirige, au moyen d'un robinet, ces vapeurs inflammables sous une autre cornue, où Ton vient d'allumer le feu. La chaleur du fourneau et celle qui se développe dans le bois pendant sa décomposition, suffisent pour déterminer la carbonisation de tout ce qui est contenu dans la première. On n'attend pas même que le dégagement de ces vapeurs ait cessé pour la retirer, parce que le charbon serait trop friable. Lorsque h. 37 4l8 TROISIÈME PARTIE. la cornue voisine commence à donner des produits gazeux et peut se passer de son secours, on l'enlève et Ton met le feu aux gaz qui en sortent, pour n'être pas incommodé de leur odeur ; la flamme qu'ils produisent est de la grosseur du corps , et s'élève à plusieurs pieds au-dessus du tuyau : elle dure environ une demi-heure. Immédiatement après que cette cornue est enlevée , on la remplace par une nouvelle, et Ton procède comme ci- dessus. Cette pratique demande quelques précautions : en effet, au moment où Ton sort la cornue de son fourneau, le cy- lindre de cuivre est rempli de vapeurs inflammables ; si on la Intait de suite avec celle qui lui succède, les gaz se mêle- raient avec Tair qu'elle contient, et la plus petite étincelle qui pénétrerait par les fissures de la cornue produirait une détonnation épouvantable : aussi ne lute-t-on jamais l'ap- pareil qu'au moment où lès vapeurs empyreumatiques se manifestent. Les cornues sont de la capacité de 72 à 100 pieds cubes ; elles contiennent une et demie à deux voies de bois : lors- qu'il est bien choisi et de bonne qualité, il donne vingt- huit pour cent de charbon, et 240 à 3oo litres d'acide pyro- ligneux contenant un douzième de goudron. Le charbon a conservé la forme du bois ; il n'est mêlé que d'une très-petite quantité de poussier qui provient des écorces; il réunit toutes les qualités d'un bon charbon; sa combustion est plus rapide et plus vive : aussi il en faut moins pour porter les liqueurs à Tébullition. Si on l'expose au contact de Tair , il gagne au poids dix pour cent. Les bois durs donnent les résultats les plus salisfaisans ; les bois blancs sont rejetés : il faut cinq à six heures pour les carboniser, et sept heures pour laisser refroidir le char- bon ». (P. L. Dupuytren.) DES ACIDES M.ARGARIQUE ET OLÉIQUE. 4*9 Le procédé généralement suivi par les charbonniers pour extraire le charbon, consiste à enflammer le bois avec le contact de Tair, et à l'éteindre lorsqu'il est charbonne; il est évident que . dans cette opération , non- seulement on perd Tacide acétique , Thuile et les gaz , mais que Ton obtient encore moins de charbon que par la distillation dans des vaisseaux clos , puisque Toxigène de Tair transforme une portion du charbon mis à nu su gaz acide carbonique. De l'Olivile. 999. On fait dissoudre la gomme d'olivier dans un excès d'alcool rectifié : on abandonne la liqueur à elle-même et l'olivile cristallise ; on ia purifie en la redissolvant dans Talcool et en la faisant cristalliser de nouveau. 1000. Stéarine et Élaïnc. ( Voyez §666. ) De la Cétine. 1001. La cétine se trouve unie à une matière huileuse; on la soumet à la pression pour en séparer la majeure partie de Thuile , et on la purifie par des fusions et des cristalli- sations successives. De l'Acide oléique et de l'Acide margarique. 1002. On fait chauffer, à la température de 700 à ,90°, s».5p grammes de graisse, t5o grammes de potasse et uu litre d'eau; au bout de deux jours on obtient un liquide qui, par le refroidissement, se convertit en une masse savonneuse, formée de margarate et d'oléate de potasse, d'huile volatile et d'un corps orangé ( voyez § 667 ) ; il y a, outre cette masse, une portion liquide dans laquelle ©ii ne trouve qu'un principe doux. On délaye la masse gélati- neuse dans dix litres d'eau froide, et on l'abandonne à elle- 4^0 TROISIÈME PARTIE. même pendant huit à dix jours ; Teau décompose le mar-* garate de potasse , et en précipite du sur - margarate sous la forme d'une matière nacrée que Ton met à part; le liquide trouble qui en résulte , contenant encore de Tacide margarique, est évaporé jusqu'à ce qu'il ac- quière de nouveau une consistance gélatineuse; alors on le délaye dans une grande quantité d'eau, et il fournit une nouvelle quantité de matière nacrée ; on répète plusieurs fois ces opérations, jusqu'à ce qu'il ne se forme plus de dépôt nacré de sur-margarate de potasse ; à cette époque la dissolution est claire et contient tout l'oléate de potasse , Thuile volatile et le corps orangé; elle renferme encore de Tacide margarique ; on la concentre, et on y verse de Tacide tartarique 5iqui s'empare de la potasse etprécipite 120 grammes d'un corps gras , floconneux , composé de beaucoup d'acide oléique et d'un peu d'acide margarique. On fait chauffer ce précipité avec 3i grammes de potasse et 420 grammes d'eau ; il se forme de nouveau un savon com- posé de beaucoup d'oléate de potasse et d'un peu de mar- garate : on le délaye dans beaucoup d'eau ; le margarate se décompose en entier et se précipite à l'état de sur-mar- garate (corps nacré), en sorte qu'il ne reste plus dans la dissolution que Yoléate de potasse ; on le traite par Ta- cide tartarique, qui s'unit à la potasse et précipite Tacid« oléique pur. Quant à Tacide margarique, on l'obtient en décompo- sant les diverses quantité de sur-margarate de potasse pré- cipitées , par Tacide hydro-chlorique faible, qui forme avec la potasse un sel soluble et laisse Tacide margarique : il suffit de dissoudre celui-ci dans Talcool bouillant pour l'obtenir cristallisé à mesure que le refroidissement de la liqueur a lieu. (Chevreul.) DES HUILES FIXES. 4aI De l Acide cétique. ioo3. On fait digérer pendant cinq ou six jours 3ogrammes de cétine, 120 grammes d'eau et 18 grammes de potasse à Talcool, afin d'obtenir un liquide jaune, et une masse savonneuse et visqueuse, composée principalement d'acide cétique et de potasse; on la délaye dans Teau, que Ton fait chauffer jusqu'à ioo°; parle refroidissement la liqueur dépose une matière brillante et nacrée. On la traite par Talcool bouillant, qui la dissout presque en totalité, et laisse précipiter par le refroidissement des aiguilles de ce- tate de potasse ; une portion de ce sel reste en dissolution dans Tesprit-de-vin et peut en être séparée par Tévapora- tion. On décompose alors le cétate de potasse par Tacide hydro-chlorique, qui forme avec Talcali un sel soluble, tandis que Tacide cétique est mis à nu. ( Chevreul. ) De la Graisse. 1004. On sépare mécaniquement les substances étrangères- à la graisse ; on fait fondre celle-ci avec une certaine quan- tité d'eau; on la décante et on la passe à travers une toile. Des Huiles fixes. ioo5.Les huiles fixes dont on fait usage comme aliment se préparent en exprimant le fruit ou la graine qui les contient, après les avoir divisés. Cette opération se fait à froid si Thuile que Ton veut extraire est fluide ; tandis qu'on se sert de plaques de fer plus ou moins chaudes si elle est con- crète, Les huiles que Ton emploie pour l'éclairage s'ob- tiennent en soumettant les graines à Taction de la presse après les avoir humectées, torréfiées et broyées. Le but de la torréfaction est de détruire la matière mucilagineuse avec laquelle elles sont mêlées et qui s'opposerait à leur 4^.1 TROISIÈME PARTIE. séparation. Nous allons exposer rapidement les particula-*' rites relatives aux préparations des principales huiles grasses. Huile d'olive vierge. On exprime à froid les olives mûres et non ferm entées. Huile commune. On délaye dans Tèàu bouillante la pulpe des olives dont on a déjà séparé Thuile vierge par l'expression : Thuile vient à la surface de Teau. Huile fermentée. On entasse les olives pour les faire fermenter et on les soumet à Taction de la presse. Huile d'amûndes douces. Après avoir frotté les unes contre h s autres les amandes dans un linge rude, pour les débarras- ser de la poussière qui est à leur surface, on les pile et on en fait une pâte que Ton introduit dans des sacs de coutil ; on presse ceux-ci entre deux plaques de fer préalablement chauffées dansTeaubouillante; on clarifie Thuile par le re- pos. Huile de colza. Après avoir broyé la graine du bras- sica napus, on la chauffe avec un peu d'eau et on la sou- met à Taction de la presse. L'huile obtenue par ce moyen doit être débarrassée d'une certaine quantité de mucilage qu'elle renferme : en y parvient facilement en l'agitant avec -~ de son poids d'acide sulfurique, et le double de son volume d'eau; au bout de huit ou dix jours, surtout si la température a été de 25 à 3o°, Thuile pure se ras- semble à la surface, tandis que Tacide sulfurique uni au mucilage se trouve au fond, sous la forme de flocons ver- dalrès; TèXcès d'acide se combine avec Teau; on décante l'huile et on la filtre en la versant dans des cuviers dont les fonds sont percés de plusieurs trous, dans lesquels on met dès mèches de coton longues d'environ un décimètre. ( M. Thenard. ) Huile de ricin. On fait bouillir dans de Teau les semences de ricin pilées; Thuile ne tarde pas à venir à la surface, tandis que le principe acre qui l'accom- pagne se volatilise. Huile de lin. Après avoir torréfié les semences -, on les broie, on les chauffe avec un peu d'eau, DES HUILES ESSENTIELLES ET DES EAUX. 42^ vt on les exprime. Huile ou beurre de cacao. On sépare les écorces et les germes du cacao ; on le broie et on le met dans Teau bouillante ; le beurre fond et se rassemble à la surface ; on le coule dans des moules. On peut encore l'ob- tenir en formant une pâte liquide avec le cacao broyé à Taide d'une pierre chaude, en renfermant cette pâte dans un sac de toile, et en la pressant entre deux plaques de fer préalablement chauffées dans Teau bouillante. Huile de noix muscades. On pile les noix dans un mortier de fer ; on les réduit en pâte à Taide d'un peu d'eau bouillante , et on presse celle-ci entre deux plaques chaudes comme la précédente. Des Huiles essentielles et des Eaux aromatiques. 1006. Les huiles essentielles qui ne sont pas extrêmement fugaces se préparent toutes par le procédé suivant : on in- troduit dans la cucurbite d'un alambic la .partie de la plante contenant Thuile; onajoute de Teau et on chauffe; l'eau et Thuile essentielle se volatilisent et viennent se condenser dans un récipient d'une forme particulière (pi. ire, fig. 2e), connu sous le nom de récipient florentin. Aussitôt que Teau arrive au niveau B C elle s'écoule par l'anse D E, tandis que Thuile reste au-dessus de B C Lorsque l'opération est terminée , que Teau passe sans çdeur, on sépare Thuile de Teau en versant le produit de la distillation dans un entonnoir dont on bouche le bec avec le doigt; bientôt après Thuile vient à ia surface ; alors on retire le doigt pour laisser écouler Teau qui passe la première; ce liquide contient une portion d'huile en dis- solution et porte le nom d'eau aromatique. Si on ne cher- che à obtenir que Thuile essentielle, et que d'une autre part la plante qui doit la fournir en .contienne peu, bn doit, au lieu d'eau simple, se servir d'eau aromatique déjà. saturée de Thuile que Ton veut extraire. 4^4 TROISIEME PARTIE. Les huiles essentielles qui sont extrêmement fugaces, telles que Thuile de jasmin, de lis, de violette, se pré- parent parle procédé suivant : onimbibe d'huile d'olives un drap de laine blanche sur lequel on met une couche de fleurs aromatiques récemment cueillies ; on recouvre cette couche d'un autre drap de la même étoffe également im- prégné d'huile grasse ; on dispose ainsi successivement des fleurs et des morceaux de drap jusqu'à ce que la boîte de fer-blanc qui les contient en soit remplie. L'huile d'olives s'empare de l'huile essentielle des fleurs. Lorsqu'au bout de vingt-quatre heures celles-ci sont épuisées, on les remplace par d'autres, et on les renouvelle jusqu'à ce que Thuile fixe soit saturée d'huile volatile; à cette époque, on exprime les morceaux de drap dans Talcool, qui s'empare de Thuile essentielle; on distille ce liquide au bain-mari e, et Ton obtient dans le récipient de Talcool saturé de Thuile aro- matique, du jasmin, du lis, etc. : on lui donne le nom d'essence. Des Savons. 1007. Savon à base de soude, ou savon dur. Il est le résul-' tat, comme nous l'avons déjà établi, de Taction de la soude sur un corps gras. MM. Pelletier, Darcet et Lelièvre ont prouvé que tous les corps gras n'étaient point susceptible* de saponifier également bien la soude. Ils les rangent à cet égard dans Tordre suivant: i° les huiles d'olive et d'a- mande douce; 20 le suif, la graisse, le beurre, Thuile de cheval ; 3° Thuile de colza et celle de navette ; 4° les huiles de faîne et d'oeillet ; mais il est nécessaire de les mêler avec Thuile d'olive ou avec les graisses pour en obtenir des savons durs; 5° les huiles de poisson; 6° Thuile de che- nêvis ; 70 les huiles de noix et de lin. Ces trois dernières ne donnent jamais que des savons pâteux, gras et gluans. En France, en Italie et en Espagne, on ne se sert guère DES SAVONS. 42^ que d'huile d'olive pour saponifier la soude; tandis qu'en Allemagne, en Angleterre et en Prusse, On ne fait usage que de suif et de graisse. Nous allons exposer le procédé de la saponification par Thuile d'olives. On verse de Teau froide sur un mélange de 5oo livres de sous-carbonate de soude pulvérisé, de bonne qualité, et de i25 livres de chaux éteinte; douze heures après, lorsque la chaux s'est emparée de Tacide carbonique du sous-carbonate, on fait écouler le liquide, auquel on donne le nom de première lessive, et qui contient une assez grande quantité de soude : il marque de 200 à 25° à l'aréo- mètre. On verse deux fois de Teau sur le résidu, et Ton obtient deux lessives, dont Tune marque de io° à i5°, et l'autre de 4° à 5°. On se procure 600 livres d'huile. # On introduit la lessive la plus faible dans une grande chaudière, dont le fond offre un tuyau de 68 millimètres de diamètre, nommé l'épine; on y verse peu à peu une certaine quantité d'huile , et on chauffe le mélaDge jusqu'à le faire bouillir; la réaction commence, et le liquide res- semble à une émulsion. On ajoute successivement de la lessive faible et de Thuile, et on fait en sorte que la masse soit toujours bien empâtée, qu'il n'y ait ni lessive au fond de la chaudière, ni huile à la surface du liquide. A cette époque le savon est avec excès d'huile; on ajoute peu à peu de la lessive forte, et on remarque, lorsque la saponi- fication est complète, que le savon se sépare du liquide et se présente à la surface. Alors on cesse de chauffer et on fait écouler par Tépine tout le liquide, qui, ne conte- nant plus de soude caustique, est impropre à la sapo- nification. Afin d'être certain que Thuile est saturée de soude, on remet dans la chaudière où est le savon une nouvelle quantité de lessive caustique, et on fait bouillir de nouveau , jusqu'à ce que la pesanteur spécifique de la lessive soit de i,i5o à 1,30a* 4*6 TROISIÈME PARTIE. 1008. Le savon résultant de ces opérations est d'un bleu foncé noirâtre, et renferme —5 d'eau ; sa couleur est due à un composé d'alumine, d'oxide de fer , d'acide hydro- sulfurique, d'acide oléique et d'acide margarique (1). Il peut être regardé comme composé de deux savons, l'un blanc , l'autre alumino-ferrugineux noirâtre. Préparation du savon blanc. On délaye peu à peu dans des lessives faibles la masse savonneuse obtenue ; on chauffe doucement et on couvre la chaudière; le savon alumino- ferrugineux noirâtre ne tarde pas à se précipiter, parce qu'il est insoluble à cette température dans les lessives dont nous parlons ; on sépare alors la pâte du savon blanc , et on la coule dans des mises où elle est refroidie et solidifiée; on la cojipe en tables et on la livre dans le commerce sous le nom de savon blanc, savon en table. Il renferme, sur 100 parties, 4,6 de soude et 45,2 d'eau. On l'emploie pour les 11 sages délicats. Préparation du savon marbré. Nous venons de voir que la masse savonneuse d'un bleu noirâtre ne contient que — d'eau, et qu'elle renferme, outre le savon blanc, un savon noirâtre; il s'agit, pour la transformer en savon mar- bré , d'y ajouter une quantité d'eau légèrement alcaline, suffisante pour que le savon coloré se sépare de celui qui est blanc, et se réunisse en veines plus ou moins grandes, qui, par leur disposition, imitent une marbrure bleue appliquée sur une masse blanche. Il est évident que si on employait trop de lessive, l'opération serait manquée y (1) La soude que l'on a employée ayant été préparée dans des fours argileux , contient de l'alumine ; elle renferme en outre du fer oxidé et du sulfure de soude ; celui-ci mis dans l'eau lorsqu'on fait la lessive, passe à l'état d'hydro-sulfate sulfuré , et l'acide hydro-sulfurique qu'il contient se dégage^ au moment où l'empâtage se fait. DES savons. t\in parce que tout le savon noirâtre serait précipité. Le savon marbré contient, sur ioo parties, 6 de soude et 3o d'eau; d'où il suit que, sous le même poids , il renferme plus de savon que celui qui est blanc. Les savons de soude faits avec le suif, le saindoux, le beurre, Thuile d'amandes douces, de palme, de noisette, etc., se préparent de la même manière. M. Colin a publié, en 1816, des observations impor- tantes relatives à la fabrication du savon dur. i°. Le savon ne peut pas se former sans eau. 20. L'huile privée de mu- cilage donne des savons de qualité inférieure à ceux que forme Thuile ordinaire ; en général celle qui n'a été soumise à Taction d'aucun corps pondérable donne le plus beau savon. 3°. Toutes les huiles peuvent fournir des savons solides et assez durs pour pouvoir être employés aux savonnages à la main. 4°« La partie solide de Thuile appelée suif pur M. Braconnot, paraît former des savons de meilleure qualité que Thuile entière. 5°. La petife quan- tité d'eau de chaux contenue dans la lessive prépare la sa- ponification des huiles , qui paraissent exercer peu d'action sur la potasse et sur la soude. 6°. Le sel commun dont on fait usage dans la saponification a pour objet de substituer de la soude à la petite quantité de potasse que renferment les soudes du commerce, et de durcir le savon en s'empa- rant complètement ou partiellement de Teau qu'il contient, et dé l'excès de soude qui parait nécessaire à sa dissolution. 70. L'excès d'alcali diminue la blancheur du savon, lui donne une mauvaise odeur et le rend moins dur. 1009. Savons de potasse (savons mous.) Le savon vert se prépare avec de Thuile de graines. On procède à la saponi- fication de ces huiles comme nous l'avons dit en parlant des savons de soude. Lorsque toute Thuile a été mise dans la chaudière, et que le savon est d'un blanc sale et opaque, on diminue le feu, on agite continuellement la masse, 42* TROISIÈME PARTIE. avec de grandes spatules, et on ajoute de la lessive plus caustique que celle dont on s'était servi jusqu'alors. Le savon acquiert de la transparence, devient plus consistant et peut être coulé dans des tonneaux. 11 renferme le plus souvent, sur iooparties,9,5 dépotasse et 46,5 d'eau; il est avec excès d'alcali. Le savon de toilette se prépare de la même manière, excepté que Ton substitue les graisses aux huiles de graines. 1010. Savon dur fait avec la potasse et le sel commun. Dans les pays où la soude est rare, on obtient le savon dur en décomposant le savon de potasse par l'hydro-chlorate de soude dissous dans Teau ( sel commun ) ; aussitôt après le mélange de ces deux corps, Tacide hydro - chloriqûe se combine avec la potasse du savon mou, tandis que les acides oléique, etc., de celui-ci s'unissent à la soude pour former du savon dur; on le sépare de la lessive, et on le convertit en savon blanc ou en savon marbré, par les procédés déjà exposés. De la Cire des abeilles. ion.Aprèsavoirséparéle miel des gâteaux au moyen de la pression, on les enferme dans des sacs que Ton plonge dans des chaudières contenant de Teau bouillante ; la cire fond, se sépare du couvain , vient à la surface de Teau, et se fige à mesure que le liquide se refroidit. Si on veut la priver de sa couleur jaune, on la coupe en rubans minces que Ton expose à la rosée, ou que Ton met en contact avec du chlore. Des Bésines. 1 o 12. Les résines dont nous avons parlé découlent sponta- nément des arbres qui les contiennent, ou s'obtiennent par incision ; on les soumet à l'action de la chaleur pour les dé- barrasser de T huile qu'elles peuvent renfermer. Pcix noire.. DU CAMPHRE. 4lQ On introduit dans des fours la matière résineuse qui reste sur les crasses des filtres de paille, lorsqu'on purifie la téré- benthine et le galipot ; on y met le feu par la partie supé- rieure, afin de liquéfier la résine et de la faire descendre sur le sol du four, d'où elle se rend dans une cuve à moitié pleine d'eau , placée à une certaine distance ; alors on la fait cuire dans une chaudière de fonte pour lui donner de la consistance et la noircir, et on la coule dans des moules de terre noire. Goudron. Lorsque le pin ne peut plus fournir de térébenthine, on l'emploie à la préparation du goudron. Pour cela, on met le feu à des tas de petits morceaux de bois desséchés, placés dans Un four dont la forme est un cône renversé, et dont le sol est carrelé; on ne tarde pas à voir la partie résineuse fluidifiée et enpartie charbonnée ou le goudron, se porter vers la partie la plus déclive du sol, et de là dans un réservoir disposé à une certaine dis- tance. Brai gras. On le prépare en faisant cuire dans une chaudière en fonte parties égales de brai sec ou colophane, de goudron et de poix noire. Si ou emploie plus de brai sec, on obtient la poix bâtarde. Noir de fumée. On fait chauffer dans une chaudière les résidus de goudron et de résine, les écorces de pin , etc. • la partie résineuse fond, se décompose, et donne naissance à une fumée qui se dégage par un tuyau incliné , et va se rendre dans une chambre sur les parois de laquelle elle se condense en partie; mais la plus grande portion se cou- dense dans l'intérieur d'un cône en toile, suspendu à la. partie supérieure de la chambre, et dont la base est tendue par un cerceau. Lorsque l'opération est terminée, on des- cend le cône , et on en détache le noir de fumée. Du Camphre. ioi3. i°. On chauffe, dans de grandes cucurbites de fer, des fragment de bois du laurus camphora et de Teau; le cam- 430 TROISIÈME PARTIE, phre, entraîné par la vapeur aqueuse , se Volatilise et vient se condenser dans l'intérieur des chapi teaux, qui sont en terre et garnis de cordes de paille de riz. Celte opération se fait principalement dans Tlnde, d'où le camphre arrive sous la forme de petites boules ou de masses impures, contenant de la paille, desfragmens de bois, etc. On le raffine en Hollande par le procédé suivant : on introduit dans des bouteilles de verre noir à large goulot et de forme ronde , placées 6ur des bains de sable, un mélange d'environ 2 livres de camphre et 4 onces de chaux ou de craie ; on les chauffe ; le camphre se réduit en vapeur, se sublime, et vient s'at- tacher aux parois de la bouteille sous la forme d'une masse hémisphérique, transparente et cristalline , que Ton ne peut obtenir qu'en cassant le vase ; la chaux, dans cette expérience , s'empare d'une huile empyreumatique jaune qui colorait le camphre. 20. On peut séparer le camphre qui se trouve dans les labiées, en se procurant Thuile es- sentielle de ces plantes, et en les exposant à Tair, à la tem- pérature de 200 à 220 ; Thuile se volatilise la première, et le camphre reste sous la forme de crisiaux. Du Camphre artificiel. 1014. On l'obtient en faisant arriver du gaz acide hycjro- chlorique dans 100 parties d'huile de térébenthine pure, placée dans une éprouvctte , que Ton entoure d'un mé- lange frigorifique de glace et de sel. Lorsque Thuile a absorbé environ le tiers de son poids de gaz, elle offre une masse cristalline molle; on la laisse égoutter pendant quel- ques jours pour en séparer environ 20 parties d'un li- quide incolore , acide, fumant, et 110 parties de camphre artificiel; grenu, cristallin , etc., que Ton purifie en le laissant à Tair sur du papier Joseph, en l'agitant avec le solutum de sous-carbonate de potasse, en le lavant à grande eau, et en le faisant sécher. DE L'ALCOOL ET DE l' E AU - D E - V I E. 43l Du Caoutchouc (gomme élastique). i o 15. Après avoir fait une incision aux arbres qui peuvent fournir le caoutchouc {voy. pag. i r 8 de ce vol.), il en découle un suc laiteux dont on applique une couche sur un moule terreux pyriforme; on le soumet à l'action de la fumée pour le dessécher; puis on applique une seconde couche, que Ton dessèche par le même moyen , et ainsi de suite ; on hrise U moule, et on en retire les fragmens par un trou pratiqué exprès à la partie supérieure. On fait des dessins en,creux sur les poires de caoutchouc obtenues par ce moyen, lors^ qu'elles sont encore peu consistantes.'. De l'Alcool et de ÏEau-de-vieK 1016.Nous avons établi (pag. 119de ce vol.)que Talcool est le résultat de la fermentation spiritueuse : donc le Vin , Iç cidre, la bière et toutes les liqueurs fermentées, doivent être plus ou moins propres à l'extraction de ce produit. Les vins les plus généreux en fournissent environ A de leur poids; il en est, au contraire , qui n'en donnent que — ; le cidre en fournit à-peu-près^, et la bière -^ environ. L'al- cool que Ton peut retirer de ces liquides y existe-t-il tout formé, ou bien se produit-il pendant la distijlaliou à laquelle on est obligé de les soumettre pour l'obtenir, comme le pensait M. Fabroni ? Les expériences faites par M. Gay-Lussac, dans le dessein d'éclaircir cette question, démontrent jusqu'à Tévidence que Talcool fait partie de ces boissons. ip. Si on agite du vki avec delà litharge parfaitement porphyrisée , peu de temps après il sera incolore et transparent comme de,Teau,; si on sature /p liquide avec du sous-carbonate de potasse, aussitôt l'al- cool viendra se rassembler à la surface. 20, Si on distille du vin dans Je vide, à la température de i5°, on en ob- tiendra beaucoup d'alcool : or, cette température est infé- 432 TROISIÈME PARTIE. rieure à celle qui se développe pendant la fermentation f et par conséquent incapable de donner naissance à de l'al- cool : il faut donc admettre que celui-ci existait tout formé dans le vin. Autrefois on préparait Tesprit-de-vin en distillant le vin dans des vaisseaux fermés, jusqu'à ce qu'il n'en restàtplusoue la moitié dans la cucurbite de l'alambic. Le produit liquide obtenu dans le récipient, connu sous le nom d'eau-de-vie, et composé de beaucoup d'eau , d'une certaine quantité d'alcool, d'une matière huileuse aromatique, etc., était distillé de nouveau, et fournissait un produit alcoolique plus fort ; celui-ci était distillé deux ou trois fois encore , et ce n'était qu'alors qu'il était converti en alcool pur. Dans ces opérations , la partie la plus volatile ou la plus alcoolique passait la première dans Je récipient, avec un peu d'eau , tandis que la majeure partie de ce dernier liquide restait dans la cucurbite : aussi se gardait-on bien de pousser trop loin la distillation pour ne pas volatiliser cette portion aqueuse, qui aurait affaibli Talcool pur déjà condensé dans le ballon. L'art de la distillation a été singulièrement perfectionne depuis douze ans, époque à laquelle Adam prouva qu'il était possible d'établir en grand un appareil propre à fournir , dans une seule opération , de Y alcool à un degré donné. MM. Bérard, Lenormant, Duportal, etc., en France, et M. Jordana en Catalogne, se sont successivement occupés de simplifier et de rendre plus économique le procédé qui fait tant d'honneur à Adam, et que nous allons décrire d'une manière succincte, tel qu'il a été simplifié par M. Du- portal (i). L'appareil se compose d'un alambic muni de son (i) Voyez les mémoires de M. Duportal ( Annales de Chi- mie), l'ouvrage que vient de publier à ce sujet M. Lenormant, les Mémoires de M. Chaptal, et celui de M. Carbonell. de l' Alcool et de l' e a u •» d e - v i fi. 4^ thapileau , et de trois ou quatre grands vases de cuivre, communiquant entre eux au moyen de tubes également en cuivre; un de ces tubes établit aussi la communication entre l'alambic et le premier vase. Cet appareil est par consé- quent semblable à celui de Woulf, dont nous avons déjà parlé, et qui consiste en une cornue et en plusieurs flacons bitubulés, que Ton fait communiquer entre eux à Taide de tubes recourbés. Voici les principes sur lesquels est fondé l'art de la distillation au moyeQ de cet appareil : i°. La vapeur aqueuse ou alcoolique , en passant de l'état de gaz à l'état liquide , abandonne une très-grande quantité de calorique latent qui devient libre (voyez t. iei, p. 27, E.) ; %° l'alcool est plus volatil que Teau ; par conséquent, si on a un mélange de ces deux liquides et qu'on l'expose à une température qui ne soit pas très-élevée, il se vapori- sera beaucoup plus d'alcool que d'eau. Procédé. On met du vin dans la cucurbite et dans les deux premiers vases, jusqu'à ce qu'ils en soient presque remplis, et on fait bouillir celui qui est dans la cucurbite; la vapeur alcoolique et aqueuse formée se rend dans le premier vase, perd une grande quanlité de calorique , se condense, et chauffe le vin qu'il contient; bientôt celui-ci entre en ébul- lition, donne naissance à de la vapeur qui va se condenser dans le second vase, dont le vin ne tarde pas à être échauffé, et même à éprouver une légère ébullition; la vapeur alcoo- lique et aqueuse produite dans ce second vase se rend dans le troisième, qui est vide, et passe à l'état liquide. Si on maintient ce dernier vase à une température peu élevée , Talcool, beaucoup plus volatil que Teau, se vaporise, et vient se condenser dans le quatrième : à la vérité, il entraîne avec lui une certaine quantité d'eau. En.maintenant ce quatrième vase à une température déterminée, on peut en retirer de Peau-de-vie ou de Talcool plus concentré, suivant que la chaleur est plus ou moins forte. On fait 28 434 TROISIÈME PARTIE. passer la vapeur de cette eau-de-vie ou de cet alcool dans un serpentin plein de vin, où elle se condense ; ensuite on la fait arriver dans un autre serpentin rempli d'eau, pour la refroidir complètement et pouvoir l'enfermer dans un tonneau. Lorsque le vin contenu dans l'alambic est privé de tout Talcool qui entrait dans sa composition, on le fait sortir par un robinet, et on fait arriver dans la cucurbite celui qui se trouve dans le premier vase; à son tour, ce dernier est remplacé par cè%ui du second, et celui-ci Test par celui du serpentin, qui est déjà chaud ; enfin, on met du nouveau vin dans ce serpentin. M. Baglioni, distillateur à Bordeaux, découvrit en 1813 un moyen de rendre celte distillation continue, avantage immense qu'obtint également Jordana, sans avoir connais- sance du procédé employé par Baglioni. L'alcool préparé par ce moyen n'est pas encore assez concentré pour certains usages auxquels on le destine en chimie,* il contient d'ailleurs assez souvent un peu d'acide acétique, qui faisait partie du vin dont on Ta extrait. Pour le déphlegmer autant que possible et le priver de Tacide, on le distille sur de la chaux ou de la baryte caustique. ( M. Gay-Lussac. ) Quelquefois aussi on se borne à lui enlever son excès d'eau en le laissant pendant vingt-quatre heures en contact avec du chlorure de calcium ( muriâte de chaux sec) et en le distillant : on n'obtient alors dans Je récipient que la portion la plus spiritueuse, surtout si on a fractionné les produits, et que Ton ait mis à part la première moitié volatilisée. Rhum. On se le procure en distillant leprcduit alcoolique provenant de la fermentation du suc de la canne ( arundo saccharifcrw). Taffia , Mrchwasser et rack. Ces liqueurs n'obtiennent, la première, avec la mélasse; la seconde, avec les cerises pilées sans avoir été séparées de leurs DES ÉTHËRS. 435 noyaux ; là troisième, avec les fruits de Yareca cathecu et du riz. Lorsque ces matières ont éprouvé la fermentation alcoolique, on les distille. Vin , Cidre, Bière. (Voyez pag. «l3o et 234 de ce vol.) Eaux-de-vie de grains. Les eaux-de-vie de grains, pré- parées par l'ancien procédé de distillation , ont une saveur empyreumatique désagréable; elles sont d'une qualité su- périeure lorsqu'on les a obtenues à Taide de l'appareil d'Adam, et elles seraient meilleures encore si on distillait les grains et le marc avec de Teau ; dans cecas, la température n'excéderait jamais ioo°, et il ne se formerait point d'huile empyreumatique. Ethers du premier genre, 1017. Ether sulfurique. Cet éther est le résultat de Taction de Tacide sulfurique concentré sut Talcool à la température de l'ébullition. L'analyse démontre que les élémens de Tal- cool peuvent être représentés par 2 volumes de gaz oléfiant (hydrogène per-carboné); et 2 vol.de vapeur d'eau (ovig. et hydrog.) Th. de Saussure. Les élémens de Téther, d'après M. Gay-Lussac, peuvent être représentés par 2 volumes de gaz oléfiant, 1 volume de vapeur d'eau (oxig. et hydrog.)j d'où il résulte que, pour convertir Talcool en éther, il faut seulement lui enlever la moi lié de Teau qu'il renferme, ou du moins la moitié des élémens , oxigène et hydrogène, dans le rapport convenable pour former de Teau; il est donc évident que, lorsqu'on fait réagir Talcool et Tacide sulfurique , celui-ci, doué d'une grande affinité pour Teau, en détermine la formation aux dépens de Toxigène et de Thydrogène de Talcool, qui, par là , se trouve transformé en éther. La préparation de cet éther , d'après la méthode in- 436 TROISIÈME PARTIE. diquée par M. Boullay, nous semble devoir être adoptée de préférence à celle que Ton suit ordinairement. Voici la description de l'appareil employé par ce savant pharma- cien. ( Voyez pi. 2, fig. 4- ) ^ •> grande cornue de verre tubulée placée sur un bain de sable ; BB, tube de verre de 5 à 6 centimètres de diamètre, long d'un mètre environ , traversant un baquet rempli d'eau froide , et mieux encore de neige ou de glace, et se rendant dans un grand flacon vide C; D, tube de Welter, faisant communiquer le flacon C avec le vase E, rempli d'eau ou d'alcool. P Q ( voyez pi. 2, fig. 5 ) , allonge ordinaire garnie d'un couvercle en cuivre HJqui y est mastiqué ; AB, en- tonnoir en cuivre garni de son robinet/), et fixé sur le cou- vercle HL; E, petit tube de cuivre implanté sur le cou- vercle HL, pour remplacer la tubulure : il est percé laté- ralement à sa partie supérieure , et coiffé d'une virole également percée ; F, robinet de cuivre* dans la garniture inférieure de l'allonge PQ; O, bouchon de plomb devant entrer dans la tubulure X de la cornue A ( fig. 4 ) • il enveloppe un morceau de liège percé au centre pour laisser passer la tige inférieure, et destiné à servir d'isoloir ; CG, tube de communicationd'unelongueurindéterminée, propre à faire communiquer cet appareil avec l'intérieur de la cornue A (i). On introduit dans la cornue ( fig. 4 ) 12 livres d'acide sulfurique concentré; on place ensuite dans la tubulureX l'entonnoir décrit fig. 5, et on fait en sorte que le tube C G, par lequel il se termine, traverse Tacide et descende près du fond de la cornue ; alors on introduit rapidement dans l'entonnoir io livres d'alcool à 38°, et mieux à 4©°; ou (i) Plusieurs pharmaciens remplacent l'allonge PQ, l'enton- noir AB, etc., par un tube en S dont l'extrémité inférieure plonge dans le liquide contenu dans la cornue. DES ÉTITEES. 437 ouvre les robinets D, F; Talcool passe facilement au tra- vers Tacide, avec lequel il se mêle très-bien, sans se colorer sensiblement ; la liqueur s'échauffe, bout, et il se volatilise un peu d'alcool ; on soutient de suite la distillation en chauf- fant la cornue de manière à ce que le mélange continue à bouillir ; Téther se forme, et vient se condenser dans le flacon C. Lorsqu'on a retiré environ 2 livres d'éther, on met dans l'allonge PQ 10 livres de nouvel alcool, que Ton introduit goutte à goutte dans la cornue, et on y parvient facilement en ouvrant le robinet supérieur ; car alors la pression de l'atmosphère produit l'écoulement, que Ton règle à volonté en ouvrant plus ou moins le robinet infé- rieur. En général on se règle, autant que possible, pour la quantité d'alcool que l'on ajoute sur celle d'éther qui passe dans le récipient; on obtient par ce moyen i5 li- vres de liqueur éthérée très - suave , limpide, marquant environ 5o degrés, et ne contenant point d'huile douce, de vin ni d'acide sulfureux ; la liqueur qui reste dans la cornue est transparente, d'une couleur de bière et nulle- ment charbonneuse; on peut s'en servir pour la prépa- ration de la liqueur d'Hoffmann ou de quelques sulfates. L'éther obtenu doit être rectifié ; on l'agite à froid avec une dissolution concentrée de potasse, que Ton ajoute peu à peu jusqu'à ce qu'il ne manifeste plus d'odeur étrangère ; par ce moyen, on le débarrasse de la petite quantité d'huile douce, de vin et d'acide sulfureux qu'il pourrait conte- nir; lorsqu'il est rassemblé à la surface, on le sépare de la couche inférieure à Taide de l'entonnoir et du doigt, comme nous l'avons dit en parlant des huiles essentielles (§ 1006), et on le distille à une douce chaleur, avec ~ de chlorure de calcium (muriate de chaux sec), pour le priver de Teau avec laquelle il est uni. Voyons maintenant quel est le procédé généralement èuivi (pi. ire, il^ 3). On introduit dans la cornue B 4^8 TROISIÈME PARTIE. une partie d'alcool à 36°, et on y verse peu à peu une partie d'acide sulfurique concentré; on agite pour favo- riser la combinaison qui a lieu avec élévation de tempé- rature ; on adapte à la cornue une allonge et un ballon tubulé C, dont la tubulure Xçpmmunique avec un flacon F, et l'autre G avec un vase T, au moyen d'un tube ; on chauffe après avoir luté les jointures, et Ton obtient l'éther dans le flacon F, car il n'en arrive que très-peu dans le vase T. On cesse l'opération aussitôt qu'il se manifeste des vapeurs blanches dans le col de la cornue : en effet, à cette époque il ne se forme presque plus d'éther; celui-ci doit alors être purifié par la potasse et par le chlorure de calcium , comme nous l'avons dit en décrivant le procédé de M. Boullay. Il est évident que la théorie de sa formation est la même que celle dont nous avons parlé au commen- cement de cet article ; Tacide sulfurique décompose Talcool en s'emparant d'une portion de son oxigène et de son hy- drogène. Nous devons actuellement faire connaître les inconvé- niens qu'il y aurait à continuer la distillation lorsqu'il se manifeste des vapeurs blanches. A cette époque, la quantité d'alcool qui reste dans la cornue est peu con- sidérable , puisqu'il s'est formé beaucoup d'éther à ses dé- pens ; au contraire, Tacide sulfurique n'a point diminué ; il a été seulement un peu affaibli par Teau qui s'est pro- duite aux dépens de Toxigène et de l'hydrogène de Tal- cool; nous pouvons donc considérer le mélange contenu dans la cornue au moment où Téthérificatîon cesse, comme composé de beaucoup d'acide sulfurique et de peu d'alcool : or, l'expérience prouve qu'en faisant chauffer un pareil mélange, Tacide et Talcool sont décomposés, et fournis- sent du gaz hydrogène per-carboné, de Teau, du charbon, du gaz acide carbonique, du gaz acide sulfureux, et une huile connue sous le nom d7huile douce de vin : ces 4$UX »rs Ether». 4^0 derniers produits passeraient donc dans le récipient, s'uni- raient à Téther, et l'altéreraient singulièrement ; il est même impossible, quelque précaution que Ton prenne, d'obtenir par ce procédé de l'éther qui n'en contienne une quantité notable. C'est à Taide de ces considérations que nous pouvons faire sentir l'avantage de la méthode de M. Boullay : en effet, puisque les divers produits dont nous venons de parler ne se forment que parce que la quantité d'alcool va toujours en diminuant dans la cornue , il est évident qu'on les évitera si on ajoute de Talcool à mesure qu'il se forme de Téther; d'ailleurs, M. Boullay parvient à éthérifier 20 livres d'alcool avec 12 livres d'acide , tandis que , par l'ancien procédé, on n'en éthérifie qu'un poids égal à celui de Tacide employé. Mais, dira-t-on, dès qu'il suffit, pour obtenir une plus grande quantité d'éther, d'ajouter de Talcool à Tacide qui reste dans la cornue, on doit pouvoir préparer, avec une quantité donnée d'acide sulfurique, autant d'éther que Ton désire. L'observation prouve le contraire ; il arrive un mo- ment où Téthérificatîon cesse, quelle que soit la quantité d'alcool ajoutée; c'est lorsque Tacide se trouve tellement affaibli par Teau qui s'est produite pendant l'opération, qu'il n'a plus le pouvoir de déterminer la formation d'une nouvelle quantité de ce liquide. Ether phosphorique. Cet éther qui, comme nous l'avons dit(§ 702), est de la même nature que le précédent, a été ob- tenu pour la première fois par M. Boullay. On le prépare en introduisant dans une cornue A 1000 grammes d'acide phos- phorique pur à 1,460 de pesanteur spécifique ; on le chauffe jusqu'à 900, et on fait arriver à travers, et goutte à goutte, 1000 parties d'alcool à 4o° (voyez pi. 2, fig. 4 )? 'e mélange bouillonne avec force; une partie de Talcool se volatilise, et va se condenser dans le récipient; on le sépare J 44° T R O î S I È M E P A R T I E. et ce n'est guère que lorsque les trois quarts de Tesprit-de- vin ont été introduits dans la cornue que Téther se forme et peut être recueilli dans le ballon. Suivant M. Boullay, on peut également obtenir une certaine quantité de cet éther en distillant et en recohobant plusieurs fois de l'ai-» cool à 4o° sur de Tacide phosphorique au degré de con- centration dont nous avons parlé. Ether arsenique. On fait arriver , goutte à goutte , 5oo grammes d'alcool à 4°° dans le fond d'une cornue contenant 5oo grammes d'acide arsenique, dissous dans 25g grammes d'eau distillée (l'appareil est le même que le précédent); on chauffe; le mélange est fortement agité; presque les trois quarts de Talcool se volatilisent et se con- densent dans le récipient ; on les sépare, et ce n'est qu'alors que Téther commence à se former : du reste, il est entiè- rement semblable à ceux dont nous venons d'indiquer le mode de préparation. M. Boullay, qui nous a encore fait connaître cet éther, conclut de toutes ses expériences , i° que les ethers du premier genre ne se forment jamais à froid; 2° que la pré- cipitation du carbone, ou même la coloration du mélange contenu dans la cornue, ne sont pas des conditions indis- pensables de Téthérification ; 3° que la formation d'huile douce de vin est entièrement étrangère à Téthérification, puisqu'il suffit de varier les proportions d'acide et d'alcool pour obtenir isolément Téther ou cette huile ; 4° Cf11*3 ce n'est pas seulement à l'élévation de la température, mais à la différence survenue dans les proportions par l'effet de la distillation, qu'on doit attribuer les produits qui suc- cèdent à Téther au moment où Talcool se irouve entière- ment décomposé; 5° que Téthérification s'opère sans que Talcool subisse d'autre changement que la perte d'une por- tion de son hydrogène etdesOn oxigène, qui servent à former çle Teau. DES ETHERS. 44' Des Ethers du deuxième genre. 1018. Ether hydro-chlorique. L'appareil dont on se sert pour préparer cet éther se compose d'une cornue de verre à laquelle est adapté un tube de Welther, qui va plonger au fond d'un flacon à trois tubulures A, à moitié rempli d'eau ; de ce flacon part un tube recourbé qui se rend dans une longue éprouvette E, sèche, vide , et entourée de glace ; la troisième tubulure du flacon A reçoit un tube de sûreté droit; TéprouveUe E est fermée par un bouchon percé d'un trou, par lequel s'échappe Téther qui ne peut pas se condenser. On introduit dans la cornue parties égales d'alcool et d'acide hydro-chlorique concentrés ; on lute les jointures, et on chauffe graduellement le mélange jusqu'à l'ébullition ; Téther se forme et arrive avec une portion d'acide et d'al- cool dans le flacon A, contenant de Teau ; celle-ci dissout Tacide et Talcool, tandis que Téther va se condenser dans Téprouvette E. L'opération doit être conduite de manière à ce que les bulles ne se dégagent ni trop lentement ni trop rapidement dans le flacon A. Pour obtenir l'éther hydro- chlorique gazeux, il suffit d'en introduire un peu à l'état liquide dans une éprouvette pleine de mercure, et ren- versée sur la cuve de ce métal ; il se transformera en gaz à la température de 11° -f- o. Ether nitreux. On prépare cet éther dans un appareil composé, i° d'une grande cornue placée sur une grille de fer, de manière à ce que Ton puisse à volonté ajouter ou enlever du charbon; 2° de cinq ou six flacons bitubulés, dont le premier est vide, et dont les autres sont à moitié remplis d'eau salée; chacun d'eux est supporté par une terrine, et entouré d'un mélange frigorifique de sel et de neige ou de glace pilét j 3° de tubes de sûreté recourbés , 442 TROISIÈME PARTIE. établissant la communication entre ces différens vases, et disposés de manière à ce que la branche la plus longue plonge jusqu'au fond de Teau salée; 4° d'un dernier tube recourbé propre à recueillir les gaz. On introduit dans la cornue parties égales en poids d'acide nitrique du commerce et d'alcool à 36° ; on lute les jointures, et on met quelques charbons incandescens sous la cornuer, la liqueur ne tarde pas à entrer en ébul- lition, et à être violemment agitée; on retire le feu, et, pdur modérer Taction, on jette de temps en temps de Teau froide sur la cornue avec une éponge. On connaît que Topé- ration est terminée lorsqu'il ne reste plus dans ce vase qu'environ le tiers du mélange employé, et surtout lors- qu'en abandonnant ce mélange à lui-même , il cesse de bouillir. Les produits de cette opération sont : i° Yéther ni- treux , beaucoup de gaz protoxide d'azote, un peu de gaz azote et de gaz acide carbonique, qui se volatilisent et pas- sent dans les flacons ou dans la cuve; 2° beaucoup d'eau, un peu d'acide acétique et de gaz acide nitreux, qui ne se dégagent qu'en partie; 3° enfin une petite quantité d'une matière facile à charbonner, qui reste dans la cornue avec Tal- cool et Tacide nitrique non décomposés, et avec la portion d'eau, d'acide acétique et d'acide nitreux non volatilisés. Théorie. L'acide nitrique se trouve en partie transformé en acide nitreux par l'hydrogène et le carbone d'une por- tion d'alcool, qui lui enlèvent de Toxigène ; cet acide ni- treux s'unit alors à la majeure partie de Talcool non dé- composé et constitue Téther nitreux. La formation des produits gazeux qui, en se dégageant, entraînent Téther nitreux, est tellement rapide , qu'il faut nécessairement favoriser la condensation de Téther dans les vases , en em- ployant beaucoup de flacons, et en maintenant à une tem- pérature très-basse Teau salée qu'ils renferment. On délute l'appareil, et on procède à la purification de DES ETHERS. 44' Téther : le premier flacon contient une grande quantité d'un liquide jaunâtre, forméd'alcool faible, d'éther, d'acides nitreux, nitrique, acétique, etc; les quatre autres offrent, à la mh(ace du liquide qu'ils renferment, une couche ver- dâtre, composée d'ether nitreux, d'acide nitreux et d'alcool. On sépare ces différentes couches au moyen de l'entonnoir et du doigt, comme nous l'avons dit en parlant des huiles essentielles (voyez § 1006); on réunit Téther obtenu par ce moyen au liquide condensé dans le premier flacon, et on soumet le mélange à la distillation ; par une douce cha- leur Téther se volatilise, et peut être recueilli dans le réci- pient (que Ton a entouré de glace); mais il contient encore un peu d'acide , dont on le débarrasse au moyen de la chaux pulvérisée, sur laquelle on le fait séjourner pen- dant une demi-heure. M. Laudet proposa, en 1814, d'ajouter au mélange d'alcool et d'acide nitrique, de la gomme, de Tamidon, du sucre, etc., pour diminuer leur action réciproque et rendre l'opération moins tumultueuse : effectivement, ces substances jouissent de cet avantage ; mais on retire moins d'éther que dans le cas où Ton fait agir simplement Talcool et Tacide. Suivant M. Planche, on peut se procurer l'éther nitreux par un procédé plus économique et moins compliqué que celui dont nous venons de parler. On introduit dans une cornue tubulée un mélange pulvérulent de 28 onces de ni- trate de potasse et de 14 onces de peroxide de manganèse ; on adapte à la cornue une allonge et un ballon tubulé; de celui-ci part un tube qui va se rendre dans le premier flacon de l'appareil de Woulf, dans lequel on a mis de Talcool, dont l'objet est de condenser Téther qui passe à l'état de gaz ; deux autres flacons de cet appareil renferment de Teau dis- tillée. On luteles jointures, et, au moyen d'un tube en S, on introduit dans la cornue un mélange refroidi de 80 onces I 444 TROISIÈME PARTIE. d'alcool à 36°, et de 13 onces d'acide sulfurique concentré. Au bout de douze ou quinze heures, on chauffe graduelle- mentla cornue; la distillation s'établit; on la continue jusqu'à , siccité, et Ton a soin de rafraîchir l'appareil. Le produit ob- tenu, qui pèse 6o onces, est distillé de nouveau à une très- douce chaleur, avec une once et demie de magnésie calcinée. Lorsque la moitié du liquide est passée dans le récipient, on arrête l'opération ; on distille encore , sur une demi-once de magnésie pure, le liquide volatilisé dans le récipient, et on reçoit le produit dans un petit ballon jaugé d'avance: on arrête l'opération lorsque le niveau dé la liqueur est arrivé à la marque qui indique 8 onces d'eau. L'éther nitreux obtenu par ce moyen est aussi pur que possible suivant M. Planche ; il doit être renfermé dans de petits flacons en cristal. Ether hydriodique. On distille au bain - marie un mélange de 2 parties en volume d'alcool concentré, et d'une partie d'acide hydriodique à 1,700 de densité ; on obtient dans le récipient un liquide alcoolique incolore , qui, par l'addition de Teau, laisse précipiter, sous la forme de petits globules, un liquide d'abord laiteux, mais qui ne tarde pas à devenir transparent : ce liquide est Téther hydriodique (M. Gay-Lussac); il suffit de le laver avec de Teau pour l'avoir pur. Ether acétique. On introduit dans une cornue 100 par- ties d'alcool rectifié , 17 parties d'acide sulfurique du commerce, et 63 parties d'acide acétique concentré; on adapte à cette cornue une allonge et un ballon entouré de linges mouillés, et on chauffe graduellement le mélange; la liqueur entre en ébullition , et il se produit 125 parties d'éther acétique qui viennent se condenser dans le récipient: il suffit de laisser cet éther pendant demi-heure en contact avec 10 à 12 parties de potasse à la chaux, et de l'agiter de eemps en tçmps, pour le purifier (M.Thenard). 11 paraît DES ÉTnËRS. 44^ tpie Tacide sulfurique agit dans cette expérience en s'em-- parant de Teau contenue dans Tacide acétique et dans Tal- cool , et en empêchant celui-ci de se volatiliser. Il ne se forme pas un atome d'éther sulfurique. On peut également préparer cet éther en distillant jusqu'à siccité 3 parties d'a- cétate de potasse , 3 parties d'alcool rectifié, et 2 parties d'a- cide sulfurique concentré; le produit volatilisé et condensé dans le récipient, doit être distillé dé nouveau avec ^ de «on poids d'acide sulfurique à 66°. Autrefois on préparait cet éther en distillant parties égales d'alcool et d'acide acétique rectifiés; lorsqu'on avait obtenu dans le récipient les deux tiers du mélange employé , on cohobait, on distillait de nouveau, on recohobait, et ce n'était qu'après plusieurs distillations, et après avoir perdu une certaine quantité du produit, que Ton parvenait à ' obtenir cet éther, qu'il fallait encore distiller avec la po- tasse , et qui contenait une grande quantité d'alcool ; ce procédé est généralement abandonné depuis que M. The- nard a fait connaître celui dont nous avons parlé. Ether benzoïque. On fait chauffer dans un appareil ana- logue au précédent, 3o parties d'acide benzoïque, 6o parties d'alcool et 15 parties d'acide hydro-chlorique liquide concen- tré; il se dégage d'ahord de Talcool contenant un peu d'acide, puis on obtient dans le ballon un peu d'éther benzoïque; mais la majeure partie de cet éther reste dans la cornue : à la vérité, il est recouvert par une couche formée d'alcool d'eau, d'acide benzoïque et d'acide hydro-chlorique. On traite à plusieurs reprises la masse contenue dans ce vase par Teau chaude, qui dissout cette couche et laisse Téther benzoïque, qu'il suffit de laver avec un peu de dissolution de potasse , puis avec de Teau, pour lui enlever un atome d'acide benzoïque en excès, et l'avoir pur. (M. Thenard,) Ether oxalique, citrique et malique. On distille dans un appareil semblable au précédent, 3o parties de Turç 446 TROISIÈME PARTIE. ou de l'autre de ces acides, 35 parties d'alcool pur, et io parties d'acide sulfurique concentré ; on continue l'opéra- tion jusqu'à ce qu'il passe dans le récipient un peu d'éther sulfurique : à cette époque on laisse refroidir le liquide contenu dans la cornue, et on Tétend d'eau pour en précipiter Y ether dont nous parlons ; on le purifie comme l'éther benzoïque. (M. Thenard.) Ether tartarique. On emploie, pour l'obtenir, les mêmes proportions d'alcool et d'acide que pour l'éther citrique, excepté que Ton substitue Tacide tartarique à Tacide citri- que; on distille le mélange jusqu'à la même époque ; mais au lieu de verser de Teau dans le résidu, on y ajoute peu à peu de la potasse ; il se précipite du tartrate acide de po- tasse; lorsque la liqueur est saturée par Talcali, on la dé- cante, on Tévapore , et on la traite à froid par de Talcool très-concentré; le solutum alcoolique fournit par Tévapo- rarationune matière sirupeuse épaisse, qui est Y éther tar- tarique, ou du moins une combinaison d'alcool et d'acide tartarique. (M. Thenard.) De l'Esprit pyrç-acétique. 1019. On distille de Tacétate de plomb dans une cornue de grès, à laquelle on adapte un ballon à deux tubulures, dont Tune donne passage à un tube qui va se rendre au fond d'une longue éprouvette entourée de glace et de sel ; on recueille le produit liquide provenant de la décomposi- tion de Tacétate, on le sature par la potasse ou par la soude, et on le distille à une douce chaleur ; l'esprit pyro-acé- tique vient se condenser dans le récipient ; on le privé de Teau qu'il contient en le distillant sut du chlorure de cal- cium ( muriate de chaux sec ). DES VERNIS. 44« Des Vernis. 1020. Vernis à Valcool. Les vernis à Talcool peuvent être considérés d'une manière générale, comme des com- posés de substances résineuses et d'alcool. Voici comment on prépare celui que Ton applique sur les boîtes, les car- tons, les étuis, etc. On laisse pendant une heure ou deux, dans Teau bouillante, un matras contenant 32 parties d'al- cool concentré, 4 parties de verre pilé grossièrement, 6 parties de mastic pur, et 3 parties de sandaraque finement pulvérisés , que Ton agite de temps en temps avec un tube de verre; on y verse 3 parties de térébenthine de Venise très-claire, et on continue à chauffer le mélange pendant une demi-heure : au bout de ving-quatre heures, on décante la liqueur, et on la filtre à travers du coton. Suivant Tingry, à qui nous avons emprunté ces détails, le verre dont on se sert augmente le volume du produit, et facilite Taction de Tal- cool; il s'oppose, en outre, à ce que les résines adhèrent au matras et se colorent. Vernis à l'essence. Ils ne diffèrent des précédens qu'en ce qu'ils contiennent de Thuile essentielle de téré- benthine au lieu d'alcool ^ on les prépare par le même procédé , et on en fait usage pour vernir les tableaux. Voici la composition de celui que Ton emploie de préfé- rence : mastic pur en poudre, 12 parties; térébenthine pure, 1 partie et demie; camphre en fragmens , ± partie; verre blanc pilé, 5 parties ; huile essentielle de térébenthine rectifiée, 36 parties. Vernis gras. On applique ces vernis sur les voi- tures de luxe, les lampes, le bois, le fer, le cuivre, etc. On les prépare en faisant fondre à une douce chaleur , dans un matras, 16 parties de résine copal, et en y versant 8 par- ties d'huile de lin ou d'œillet lithargirée et bouillante ; on agite le mélange, et lorsque la température esta 6o°ou 8o° 44°* TROISIÈME PARTIE. on y ajoute 16 parties d'huile essentielle de térébenthine; on le passe de suite à travers un linge, et on le garde dans Une bouteille dont l'ouverture est assez large : il ne tarde pas à s'éclaircir. ( Art de faire et d'appliquer les vernis -, parTingry, tome i, page i35. ) De l Hématine. 1021. Après avoir fait digérer pendant quelques heures la poudre de bois de campèche avec de Teau à 5o ou à 55°, on filtre le solutum et on Tévapore jusqu'à siccité ; le pro- duit obtenu est mis en contact avec de Talcool à 36°. Au bout de vingt-quatre heures, on filtre et on chauffe la dis- solution alcoolique jusqu'à ce qu'elle ait acquis une con- sistance épaisse; alors on y ajoute un peu d'eau , on Té- vapore de nouveau à une douce chaleur, et on la laisse refroidir ; Y hématine cristallise ; on lave les cristaux avec de Talcool et on les fait sécher. ( Chevreul. ) Du Bouge de carthame. 1022. On le prépare avec la fleur de carthame, dans laquelle on trouve, outre la couleur rouge insoluble dans Teau, une matière colorante jaune, soluble dans ce liquide. On lave le carthame à plusieurs reprises, jusqu'à ce que Teau ne soit plus colorée par la matière jaune ; on décante et on fait macérer le résidu pendant une heure avec son poids d'eau et o,i5 de sous-carbonate de soude , qui a la propriété de, dissoudre la matière rouge ; on filtre la dissolution, on en sature la soude par le jus de cilron et on y plonge des écheveaux de coton : dans cet état la liqueur doit être d'un beau rouge cerise ; la matière rouge abandonnée par Tal- çali se trouve , au bout de vingt - quatre heures, entière- ment précipitée et combinée avec le coton. On lave celui-ci à plusieurs reprises avec de Teau tiède, qui dissout le reste de la matière jaune; on le laisse pendant une heure dans DE LA POLYCHROÏTE, DE l'iNDKJO, etc. 44çi ttn bain composé de vingt fois son poids d'eau, et d'un dixième de ce même poids de sous-carbonate de soude afin de dissoudre de nouveau la matière rouge qui était fixée sur le coton; on précipite cette matière par le jus de ci- tron, et on la fait dessécher après avoir décanté le liquide. ( Dufour. ) De la Polycliroïte. io 23. On traite le safran par Teau froide; on évapore la dis- solution jusqu'en consistance de miel, et on fait macérer le produit avec de Talcool à 4o°; on filtre le solutum et on le dessèche par Tévaporation. La masse obtenue est la polychroïte^ De l'Indigo guatimalai. 1024. Après avoir lavé les feuilles de Yindigofera, on les place dans une cuve et on les recouvre d'eau ; e les ne tardent pas à fermenter; le liquide verdit, devient un peu acide , et sa surface se recoure de builes et de peiiicules irises; alors on le fait passer dans une autre cuve- on l'agite et on le mêle avec de Teau de chaux qui favorise la précipitation de Tindigo; lorsque celui-ci est déposé, on le lave et on le fait séchera l'ombre. On opère de même pour extraire cette matière colorante du pastel; mais comme Tindigo précipité par Teau de chaux est vert, et qu'il doit cette couleur à un mélange de jaune et de bleu, il faut le laver avec de Tacide hvdro- chloriqûe faible , qui dissout la «baux, et rend la matière jaune plus soluble dans Teau, en sorte qu'il suffit ensuite de le mettre en contact avec ce dernier liquide pour lui enlever la couleur jaune et l'obtenir bleu. Indigo pur. On chauffe dans un creuset de platine re- couvert de son couvercle l'indigo guatimala, et Ton ne tarde pas à obtenir Tindigo pur, sublimé sous la forme de cris- 11. 29 450 TROISIÈME PARTIE. taux, et attaché à la partie moyenne du creuset; on peut encore l'obtenir en traitant successivement Tindigo guati- mala par l'eau, par Talcool et par Tacide hydro-chlorique. (Chevreul. Voyez § 720.) De la Matière coï&rànte du bois de santal rouge. 1025. Après avoir lavé le bois de santal réduit en poudre, on le fait bouillir à plusieurs reprises avec de Talcool con- centré; on évapore le solutum, et Ton obtient pour résidu la matière colorante dont nous parlons. (Pelletier.) De V Or canette. 1026. On traile par Téther sulfurique la partie corticale de Torcanette; le solutum contient la matière colorante; on fait évaporer Téther et on obtient Torcanette. De VÉmétine. 1027. Après avoir réduit en poudre la partie corticale de Tipécacuanha, on la traite par Téther à 6o° pour dissoudre toute la matière grasse odorante. Lorsque ce Véhicule n'exerce plus d'action, on fait bouillir la poudre à plu- sieurs reprises avec de Talcool à 4°°5 on filtre les dissolu- tions bouillantes, et Ton obtient un précipité blanc flocon- neux analogue à la cire ; on filtre de nouveau les dissolutions et on les fait évaporer au bain-marie ; le résidu, d'un rouge safrané, contient Y émétine, de la cire, de la matière grasse et de Tacide gallique. On le traite par Teau froide, qui ne dissout que Témétine et Tacide gallique ; on filtre, et on précipite celui-ci par le carbonate de baryte ou de magné- sie , ou par Talumine en gelée : l'émétine ainsi isolée est redissoute dans Talcool, et le solutum évaporé jusqu'à siccité. DE LA PICROTOXINE , DE LA SARCOCOLLE , etC. 451 De la Picrotoxine. 1028. On fait bouillir dans Teau la coque du Levant sé- parée de son péricarpe; on verse dans la dissolution fil- trée de Tacétate de plomb, qui y fait naître uu préeioité- on filtre et on évapore la dissolution jusqu'en consistance d'extrait; celui-ci est traité par Talcool à 4o°, et la li- queur résultante évaporée de nouveau. On répète ces opé- rations jusqu'à ce que Ton obtienne un produit complète- ment soluble dans Teau et dans Talcool ; ce produit est formé de picrotoxine et de matière jaune; on Tagiie avec un peu d'eau qui dissout la matière jaune, et détermine la séparation d'un Irès-grand nombre de petits cristaux qu'il suffit de laver. ( Boullay. ) De la Sarcocolle. 1029. La sarcocolle pure s'obtient en traitant par Teau ou par Talcool la sarcocolle du commerce, et en évaporant la dissolution jusqu'à siccité. De la Gelée et de l'Ulmine. ( Voyez pag. 164 de ce vol. ). De T Asparagine. io3o. On fait chauffer le suc d'asperges pour en coaguler Talbumine; on le filtre, on le concentre par la chaleur et on le laisse évaporer spontanément; au bout de quinze à vingt jours Y asparagine cristallise en prismes rhomboï- daux, que Ton recueille pour les dissoudre dans Teau et les faire cristalliser de nouveau. Il faut éviter de prendre avec Tasparagine d'autres cristaux aiguillés, peu consistans, qui sont mêlés avec elle, et qui paraissent avoir quelque rapport avec la mannite. ( MM. Vauquelin et Robiquet. ) 4^'-' TROISIÈME PARTIE. De la Morphine. io3i. On verse, sur huit onces d'opium concassé , une pinte d'eau distillée; au bout de deux jours, ou filtre la dis- solution, et on l'agite avec un gros et demi ou deux gros de magnésie pure ; on fait bouillir le mélange pendant quatre à cinq minutes, et on le met sur un filtre; l'excès de mag- nésie et la morphine restent sur le filtre ; on les lave, on les presse pour les dessécher, puis on les traite par Talcool bouillant, qui dissout toute la morphine sans agir sur la magnésie; on filtre la dissolution alcoolique encore bouil- lante , et la morphine se précipite par le refroidissement. ( M. Robiquet. ) M. Sertuerner a proposé l'emploi de l'ammoniaque pour séparer la morphine de la dissolution aqueuse d'opium; mais la magnésie doit lui être préférée, parce qu'elle donne plus de produit, qu'il est beaucoup moins coloré et beau- coup plus alcalin. De la Substance cristallisable de l'opium (sel d'opium). io32. On peut obtenir ce produit avec la dissolution aqueuse de l'opium ou avec le marc. Dans le premier cas, on évapore la dissolution jusqu'en consistance de sirop épais, que Ton traite par cinq ou six fois son poids d'eau; on filtre et on évapore de nouveau le solutum. On traite de même par Teau la masse sirupeuse qui en résulte. Dans chacune de ces opérations, Teau qui sert à délayer le pro- duit sirupeux sépare une portion de substance cristalli- sable, unie à de la résine et à un peu d'extrait. On traite cette portion par Talcool bouillant, et par le refroidisse- ment on obtient le sel d'opium cristallisé ; à la vérité, il est coloré en jaune par de la résine, et il faut le purifier en le dissolvant dans Talcool et en le faisant cristalliser à plu- DE LA FUNGINE ET DU GLUTEN. ^SS sieurs reprises. Pour retirer le sel d'opium du marc, M. Derosne conseille de faire digérer, à la température de 3o à 4o°, une partie de celui-ci avec 5 k6 parties d'alcool, de filtrer la liqueur encore chaude , de remettre de Talcool sur le résidu pour lui faire subir une nouvelle digestion, enfin de faire bouillir de Talcool sur la masse qui a déjà subi cette double digestion; alors on réunit les liqueurs alcooliques, et on les distille dans des vaisseaux clos jus- qu'à ce que la liqueur soit épaissie; on la jette dans une capsule de porcelaine; la majeure partie de la résine se dé- pose; on décante la liqueur dans laquelle se trouve le sel d'opium, qui cristallise par le refroidissement; on le fait redissoudre dans Talcool pour le faire cristalliser de nou- veau et l'avoir pur. On peut encore l'obtenir en faisant bouillir le marc d'opium avec de Talcool, filtrant la liqueur bouillante, redissolvant dans Talcool les cristaux qui se déposent par le refroidissement, et les faisant cristalliser de nouveau. De la Fungine. io33. On prépare la fungine en traitant les champignons par Teau, par Talcool, par les acides, et par une dissolu- tion alcaline faible ; ces menstrues dissolvent les divers prin- cipes qui constituent les champiguons, et laissent la fungine, qui y est insoluble. Du Gluten. io34« On forme,avec la farine de froment et de Teau, une pâte que Ton malaxe sous un filet d'eau ; ce liquide entraîne la fécule et dissout Talbumine et le sucre qui entrent dans la composition de la farine, et qui étaient logés dans les in- terstices du gluten ; au bout de quelques minutes, celui-ci reste entre les mains. Il est pur quand il ne irouble plus Teau dans laquelle on le met. 454 TROISIÈME PARTIE. De la Levure de bière (ferment). io35. On la sépare de la masse écumeuse qui se produit pendant la fermentation de l'orge germée. (Voyez page 23g de ce vol. ) De la Préparation du pain. io36.Le pain se prépare ordinairement avec la farine de froment ou de seigle; les autres semences, ainsi que la pomme de terre, ne x'burnissent du pain de bonne qualité qu'autant qu'on les a mêlées aux précédentes. On fait une pâte avec de la farine et du levain frais délayé dans de l'eau tiède; on la pétrit afin de mêler intimement ces différ rentes substances, et on l'abandonne à elle-même à une température de 12 à i5°. Il s'établit bientôt une réaction entre les élémens qui composent la farine et le levain ; le sucre éprouve la fermentation spiritueuse , et donne nais- sance à de Tacide carbonique et à de Talcool, qui passe bientôt à l'état d'acide acétique; le gaz carbonique formé tend à se dégager, dilate les cellules du gluten, rend la pâte légère, blanche, et s'oppose par conséquent à ce qu'elle soit mate : on dit alors que la pâte est levée ; à cette époque on la fait cuire. Si la farine que Ton emploie ne contient pas de gluten , ou que son mélange avec le levain n'ait pas été intime , on obtient un pain mat. M. Vogel, dans un travail récent sur la panification, a établi, i° que le gaz acide carbonique ne peut pas rem- placer la levure et le levain, comme l'avait prétendu M. Edling ; 20 que le gaz hydrogène a la faculté de soule- ver la pâte, mais qu'il ne peut pas la faire fermenter- 3° qu'il est impossible de former du pain en réunissant les élémens de la farine préalablement séparés par l'analyse; 4° que lorsqu'une farine de mauvaise qualité refuse d'en- trer en fermentation, et donne un mauvais pain, on peut DU TANNIN. 4^5 l'améliorer au moyen du carbonate de magnésie, proposé par M. Edmond Davy. ( Voyez tome Ier, p. 223.) Ce sel est décomposé par Tacide acétique contenu dans la pâte, et Tacide carbonique mis à nu sert probablement à dilater les cellules du gluten: toujours est-il vrai que le pain renferme dans ce cas de Tacétate de magnésie. 5°. Que le pain fait avec le riz ou avec l'avoine est dur; que ce der- nier est en outre grisâtre et sensiblement amer. Nous allons terminer cet article par l'exposition des mé- langes à Taide desquels on peut faire du pain. On peut l'obtenir excellent avec moitié de froment et moitié de maïs ; le pain de ménage peut être préparé avec parties égales de farine de froment, et de farine de seigle, d'orge, d'avoine, de sarrasin et de pomme de terre; celle-ci peut même, lorsqu'elle est fraîche, y entrer pour les deux-tiers ou pour les f. Suivant M. Cadet de Vaux, on obtient 36 livres de bon pain avec 18 livres de farine d'orge, 9 livres de farine de blé et 9 livres de parenchyme de pomme de terre. ( Voyez § 811.) Du Tannin. xoZn. Tannin de la noix de galle. M. Proust a proposé deux procédés pour séparer cette substance de l'infusion de noix de galle. Le premier consiste à saturer Tacide gallique qu'elle renferme par le sous-carbonate de potasse, et à laver le tannin précipité. Suivant M. Bouillon-Lagrange, pn doit substituer à ce sel le sous-carbonate d'ammoniaque, et faire digérer le précipité dans Talcool à 0,817 de pe- santeur spécifique. Dans le second procédé, on précipite le tannin en versant dans la même infusion de l'hydro-chlo- rate d'étain': le tannin est alors uni avec l'oxide d'étain; on fait passer à travers le précipité lavé du gaz acide hydro- sulfurique, qui transforme l'oxide en sulfure, tandis que le 4^6 TROISIÈME PARTIE. tannin reste en dissolution ; on fait évaporer la liqueur jusqu'à siccité, et on l'obtient. Suivant M. Mérat Guillot, on doit précipiter Yinfusum de noix de galle par Teau de chaux, et laver le précipité avec de Tacide nitrique ou hydro-chlorique f< ibles, qui mettent à nu Je tannin pur. On a encore proposé quelques autres procédés pour séparer cette matière ; mais nous devons avouer que tou- jours le tannin obtenu contient de Tacide gallique, et en outre une portion du réactif qui a servi à le précipiter; en sorte qu'il nous a été impossible, jusqu'à ce jour, de nous procurer cette substance pure. Tannin de cachou. Il suffit, pour obtenir ce corps, de faire bouillir le cachou avec de Talcool, de filtrer le so- lutum, de l'évaporer jusqu'à siccité, et de mettre la masse en contact avec Teau froide, qui ne dissout guère que le tannin. (M. Davy.) Tannin artificiel. (Voyez pag. 195 de ce vol.) De l'Encre. io38. L'encre dont nous allons indiquer la préparation doit être regardée comme une combinaisondetannin, d'acide gallique , d'oxide de fer et de peroxide de cuivre; elle con- tient en outre de la gomme que Ton peut considérer comme y étant à l'état de simple mélange , et qui sert à lui don- ner de la consistance et du brillant. On fait bouillir pendant deux heures une livre de co- peaux de bois de campèche , 2 livres de noix de galle con- cassée et 75 livres d'eau ; on remplace celle-ci à mesure qu'elle s'évapore ; on mêle 6 mesures de ce decoctum avec 4 mesures d'eau saturée de gomme arabique , et on y ajoute 3 ou 4 mesures d'une dissolution de proto-sulfate de fer, dans laquelle on a mis du sulfate de cuivre dans la rioportion de yj de la noix de galle employée ; aussi- DE LA TIBRINE ET DE L'ALBUMINE. 4^7 lot que le mélange est fait, on l'agite et il devient noir. (M. Chaptal.) De la Matière sucrée, et de la Matière cristallisable de la réglisse. 1039. Matière sucrée. On verse sur le decoctum de racine de réglisse déjà refroidi et filtré, un peu de vinaigre distillé ; il se produit un précipité gélatineux composé de beaucoup de matière sucrée , et d'un peu de substance animale unie à Tacide acétique ; on le traite par Talcool après l'avoir lavé; on fait évaporer le solutum, et on obtient celte matière à l'état de pureté. Matière cristallisable. Le decoctum dont on a séparé la malière sucrée par Tacide acétique, après avoir été filtré, est précipité par un excès d'acétate de plomb; alors il est incoloie ; on y fait arriver un courant de gaz acide hydro- sulfurique pour transformer en sulfure de plomb insoluble Tacétate qu'il contient ; on filtre et on fait évaporer la dis- solution; la matière dont nous parlons cristallise, et peut être purifiée par une nouvelle dissolution et cristallisation. DE LA PRÉPARATION DES SUBSTANCES ANIMALES. 1 De la Fibrine. io4o.Si onbatlesang avec une poignée de bouleau immé- diatement après sa sortie de la veine, la fibrine vient s'at- tacher au bois; il suffit ensuite delà soumettre à des lavages réitérés pour la décolorer et l'avoir pure. De l'Albumine. 1 o41 • Albumine liquide. Elle constitue le blanc d'ceuf : à la vérité, celui-ci contient en outre quelques .sels et du .sous- carbonate de soude , dont il est impossible de le priver. 458 TROISIÈME PARTIE. Albumine solide. On verse de Talcool dans le blanc d'œuf dissous dans Teau et filtré ; Talbumine se précipite sur-le-champ; on la lave. Du Principe colorant du sang. 1042. Après avoir égoutté sur un tamis de crin le caillot du sang, on l'écrase dans une terrine avec 4 parties d'aride sul- furique préalablement étendu de 8: arlies d'eau, et on chauffe le mélange à 700 thermomètre centigrade, pendan cinq à six heures; on filire la liqueur encore chaude qui contient le principe colorant du ?ang, de l'albumine, et probable- ment de la fibrine; on lave le résidu avec une quantité d'eau chaude égale à celle de l'aride employé; on évapore les dissolutions jusqu'à ce que leur volume soit réduit à moi- tié, et on y verse assez d'ammoniaque pour qu'il ne reste plus qu'un'léger excès d'acide; on agite , et on obtient un dépôt d'un rouge pourpre, formé principalement par le principe colorant, et qui ne renferme ni albumine ni fibrine ; on le lave jusqu'à ce que Teau de lavage ne con- tienne plus d'acide sulfurique , ou ne précipite plus le ni- trate de baryte ; alors on le met sur un filtre , on Tégoultè sur du papier Joseph., on l'enlève avec un couteau d'ivoire et on le fait sécher dans une capsule. (M. Vauquelin.) De la Gélatine. io43. Nous avons déjà indiqué (§946) le procédé que Ton doit employer pour obtenir la gélatine des os ; voyons maintenant comment on s'y prend pour préparer la colle- forte avec les rognures de peaux, de parchemin, de gants ; avec les sabots, les oreilles de bœuf, de cheval, de mouton , de veau , etc. Après avoir enlevé le poil et la graisse contenus dans ces matières, on les fait bouillir DU CASEUM ET DU FROMAGE." 4^9 pendant long-temps avec beaucoup d'eau ; on sépare les écumes , dont on favorise la formation à Taide d'une petite quanlité d'alun ou de chaux ; on passe la liqueur, et on la laisse reposer; on la décante, on l'écume de nouveau, et on la fait chauffer pour la concentrer. Lorsqu'elle est suffi- samment rapprochée , on la verse dans des moules préala- blement humectés, où elle se prend en plaques molles par le refroidissement ; au bout de vingt-quatre heures, on les coupe en tablettes, et on les fait sécher dans un endroit chaud et aéré. io44« Colle de poisson. Pour l'obtenir, on lave la mem- brane interne de la vessie natatoire de certains esturgeons ; on la dessèche un peu, on la roule , et on achève de la dessécher à Tair. On prépare encore une colle moins pure en traitant par Teau bouillante la tête, la queue et les mâchoires de certaines baleines et de presque tous les poissons sans écailles. Du Caséum. io45. On abandonne le lait à lui-même; on sépare la crème à mesure qu'elle se forme ; on lave le caillot précipité, on Tégoutte et on le dessèche : ce caillot est le caséum pur. (Voyez Lait, §928.) Du Fromage. 1046. Le fromage frais n'est autre chose que le caséum, tandis que les autres sont le résultat/de la décomposition éprouvée par ce corps. Pour les obtenir, on expose au grand air le caséum bien égoutté et salé; on le retourne tous les deux jours , et on sale de nouveau la partie supé- rieure ; quand il est sec, on le met dans une cave sur un lit de foin , en ayant soin de le retourner encore de temps en temps ; il est fait lorsqu'il est devenu gras : à celte époque, 460 TROISIÈME PARTIE. il ne contient plus de caséum ; on y trouve une matière huileuse , de Tacétate d'ammoniaque, etc. Du Beurre. 1047. Apnîs avoir obtenu la crème, en exposant le lait à Tair , on l'agite fortement, soit au moyen d'un- tonneau dont Taxe mobile offre plusieurs ailes , soit au moyen d'un disque de bois attaché à l'extrémité d'un long bâton : bientôt elle se partage en deux parties : Tune , li- quide et laiteuse, porte le nom de lait de heurrre , et contient du petit-lait, du caséum et un peu de beurre ; l'autre est le beurre : on sépare celui-ci, on le lave à grande eau, et on le malaxe jusqu'à ce qu'il ne blanchisse plus ce liquide ; alors on le livre dans le commerce : cepen- dant il est loin d'être pur ; il retient encore du caséum et du sérum qui le rendent si facilement altérable en été : pour le débarrasser de ces matières, on le fait fondre à une chaleur d'environ 60 à 66° : il vient à la surface, tandis que le sérum liquide, plus pesant, se trouve au-dessous avec les flocons de caséum ; on le décante et on le conserve. On a prétendu pendant long - temps que le beurre et la crème ne se trouvaient pas tout formés dans le lait, et qu'ils se produisaient pendant le battage, en absorbant Toxigène de Tair; cette opinion est tellement dénuée de fondement, qu'il suffit de quelques heures pour séparer la crème du lait que Ton a mis dans des vaisseaux clos privés d'air et exposés au soleil ; cette séparation a même lieu lorsqu'on agite du lait dans un flacon qui est à moitié rem- pli d'acide carbonique, et qui ne contient pas d'air. Du Petit-Lait. 1048. On verse une cuillerée de vinaigre dans un litre de lait écrémé bouillant : sur-le-champ la majeure partie du ca- séum et du beurre se précipite ; on décante le petit-lait DU SUCRE DE LAIT ET DE l'uRÉE. fôt surnageant -, qui est encore trouble ; on le passe à travers un tamis de crin très-serré, et on le fait chauffer ; aussitôt qu'il entre en ébullilion , on le mêle avec un blanc d'oeuf délayé dans quatre à cinq fois son poids d'eau ; il se forme un nouveau coagulum composé d'albumine, de caséum et de matière butireuse; on le passe à travers un linge fin, et Ton obtient une liqueur très-limpide, qui est le petit- lait. Le procédé suivant est encore préférable : on délaye dans un peu d'eau une petite quantité de présure que Ton verse dans le lait; on laisse le mélange sur des cendres chaudes pendant quelques heures ; on le chauffe ensuite en évitant de le faire bouillir; le coagulum se forme ; on en sépare le sérum, on le mêle avec un blanc d'oeuf bien battu, et on le porte à l'ébullition ; aussitôt qu'il bout on y ajoute un peu d'eau mêlée avec une ou deux gouttes de vinaigre, et il devient très-clair ; on le passe à travers un linge fin. Du Sucre de lait. 1049. On évapore le petit-lait, et on le laisse cristalliser ; les cristaux de sucre de lait obtenus sont dissous dans Teau , et «cristallisés de nouveau, pour les séparer d'un peu de caséum et de quelques substances salines qui les altèrent. Cette préparation se fait principalement en Suisse. De l'Urée. io5o. On évapore Turine jusqu'en consistance sirupeuse ; on entoure de glace le vase qui la contient, et on la mêle peu à peu avec son volume d'acide nitrique à 24°, qui se combine avec l'urée ; on agite, et on rassemble sur un linge les cristaux rougeàtres de nitrate acide d'urée; on les lave avec de Teau à o° , et après les avoir desséchés sur du papier Joseph, on les dissout dans Teau, et on les dé- compose par un excès de carbonate de potasse ; la liqueur 462 TROISIÈME PARTIE. se trouve alors composée d'ure'e, de nitrate de potasse et de l'excès de carbonate ; on Tévapore presque jusqu'à sic- cité et à une douce chaleur ; on traite le produit par de Talcool très-pur, qui ne dissout que Turée ; on fait éva- porer le solutum, et Turée cristallise; on la dissout dans de Talcool, et on la fait cristalliser de nouveau pour l'avoir pure. ( Fourcroy et M. Vauquelin. ) De la Matière extractive du bouillon (osmazome). i o51. On traite à plusieurs reprises la chair musculaire avec de Teau froide, qui dissout Talbumine, Tosmazome et quel- ques sels; on fait bouillir la dissolution pour coaguler Talbu- mine que Ton sépare avec une écumoire ; on la filtre lors- qu'elle est moyennement concentrée, et qu'il ne se coagule plus d'albumine ; on continue Tévaporation à une douce chaleur jusqu'à ce que la liqueur ait acquis la consis- tance d'un sirop ; on la traite par Talcool qui dissout Tos- mazome; on filtre, et on fait évaporer de nouveau pour volatiliser Tesprit-de-vin. On peut encore préparer Tosma- zome en concentrant le bouillon ordinaire séparé de la graisse : en effet, celui-ci ne contient guère que de TosHia- % zome et de la gélatine; il suffit donc de le traiter par Tal- cool , qui dissout le premier de ces corps sans toucher sen- siblement à l'autre. De la Matière jaune de la bile. io52. On étend la bile de boeuf de dix ou douze fois son volume d'eau ; on y verse quelques gouttes d'acide nitri- que , et sur-le-champ on obtient un précipité jaune très- abondant, formé de la matière que nous cherchons à séparer et d'un peu de résine ; on le lave, et on le traite par Talcool, qui dissout la résine et laisse la matière jaune. (M. Thenard.) DE LA RÉSINE DE LA BILE , DU PICROMEL , etc. 463 De la Bésine de la bile. io53.La bile dont on a extrait la matière jaune est filtrée et mêlée avec une dissolution d'acétate de plomb neutre qui y fait naître un précipité composé d'oxide de plomb et de résine; on le lave et on le décompose par de l'acide ni- trique faible ; celui-ci dissoul l'oxide de plomb , et la ré- sine reste sous la forme de glèbes molles et vertes. (M.The- nard. ) Du Picromel. io54« On commence par verser dans de la bile deboeuf éten- due d'eau de Tacétate de plomb du commerce, pour en précipiter la matière jaune, la résine et les acides sulfu- rique et phosphorique qui entrent dans la composition du sulfate et du phosphate de soude ; on filtre la liqueur dans laquelle se trouve le picromel, et on la mêle avec un excès de sous-acétate de plomb ; il se forme sur-le-champ un précipité blanc floconneux composé d'oxide de plomb et de picromel ; on le lave à grande eau , on le dissout dans du vinaigre distillé, et on fait arriver dans le solutum un cou- rant de gaz acide hydro-sulfurique , qui décompose l'oxide de plomb, et en précipite le métal à l'état de sulfure noir; on filtre, et on fait chauffer la liqueur pour en chasser les acides acétique et hydro-sulfurique; il ne reste plus que le picromel. De la Cholestérine. io55. On prépare la cholestérine en faisant bouillir dans Talcool les calculs biliaires de l'homme réduits en poudre fine : la cholestérine se dissout et cristallise à mesure que la liqueur refroidit. 464 TROISIÈME PARTIE. -> De l'Acide urique. io56. On l'obtient en faisant bouillir, avec delà potasse et de Teau, le dépôt de Turine non putréfiée, ou les calculs uri- naires jaunâtres : on forme par ce moyen de Turate dépotasse soluble , que Ton décompose par Tacide hydro-chlorique ; il se produit aussitôt un précipité blanc floconneux d'acide urique ; on le lave pour en séparer tout l'hydro-chlorate de potasse. De l'Acide rosacique. io5 7. Après avoir lavé le dépôt rouge qui se forme dans Tu~ rine des individus atteints de certaines fièvres nerveuses, etc., on le fait bouillir avec de Talcool, qui dissout Tacide rosa- cique et qui n'agit pas sensiblement sur Tacide urique; on évapore le solutum et on obtient Tacide rosacique. De V Acide amniotique. io58. On fait évaporer jusqu'en consistance sirupeuse les eaux de Tamnios de la vache, et on les fait bouillir avec de l'alcool ; celui-ci dissout Tacide amniotique, et le laisse précipiter presqu'entièrement à mesure qu'il se refroidit. De V Acide sébacique. 1059. L'acide sébacique fait partie du produit liquide que Ton obtient dans le récipient lorsqu'on distille de la graisse dans des vaisseaux fermés ; il y est en petite quantité, et se trouve mêlé avec de la graisse altérée et avec un peu d'acide acétique ; pour l'obtenir on traite ce liquide à plusieurs reprises par Teau bouillante; on le laisse refroidir après l'avoir agité, on le décante chaque fois, et on le décompose* par de Tacétate de plomb dissous dans Teau ; il se forme un précipité blanc floconneux de sébate de plomb ; on le DES ACIDES LACTIQUE ET CHOLESTERIQUE. 4^5 lave, et lorsqu'il est sec on le chauffe avec parties égales d'acide sulfurique étendu de cinq ou rix fois son poids d'eau ; il se produit du sulfate de plomb insoluble, et de Ta- cide sébacique soluble à chaud ; on filtre et Tacide cristallise par le refroidissement de la liqueur ; on lav» les cristaux pour les débarrasser de T;«cide sulfurique qu'ils r« tiennent, et on ne cesse le* la\ âges que lorsque le liquide ne préci- pite plus le ni ira le de baryte : à cette époque on le fait sécher. ( M. Thenard. ) De l'Acide lactique. to6o. On fait évaporer le pelii-îait: lorsqu'il est réduit à un huitième de son volume, on le fil.re pour en séparer la matière caséeuse et on verse de Teau de chaux dans la dissolution ; par ce moyen, on précipite le phosphate de chaux qu'il contient; on filtre de nouveau et on précipite l'excès de chaux par de Tacide oxalietie très-faible; alors on fait évaporer la liqueur jusqu'en consistance sirupeuse et on la mêle avec de l'alcool conceiiiré, qui ne dissout que Tacide lactique ; on volatilise Tesprit-de-vih par la chaleur et l'acide reste pur. (Schéele.) Suivant M. Berzelius, il fau- drait faire digérer pendant quel que temps la dissolution al- coolique avec du carbonate de plomb, la décanter , et faire passer à travers le lactate de plomb formé un courant de gaa acide hydro-sulfurique , qui préopiterait le plomb et lais- serait dans la dissolution Tacide lactique uni à Talcool; l'acide obtenu par ce moyen serait beaucoup plus pur. De l'Acide cholestérique. 1061. On fait chauffer la cholestérine avec de Tacide nitri- que concentré ; bientôt Tacide et la cholestérine se décompo- sent : i ! se dégage du gaz nitreux, et Ton obtient dans la cornue des aiguilles d'acide cholestérique mêlées d'acide nitrique; 11- 3o 466 TROISIÈME PARTIE. on sépare ce dernier en faisant bouillir le produit sur du carbonate de plomb. ( MM. Pelletier et Caventou. ) Du Cyanogène. 1062. On chauffe dans une petite cornue de verre, à la- quelle on adapte un tube recourbé, du cyanure de mercure neutre et parfaitement sec, qui ne tarde pas à noircir et à se fondre comme une matière animale ; il est décomposé et fournit du cyanogène gazeux que Ton recueille sur la cuve hydrargyro-pneumatique, du mercure et une assez grande •quantité de cyanure qui se volatilisent, et un charbon cou- leur de suie aussi léger que du noir de fumée, qui reste dans 3a cornue. Si la température est assez élevée pour ramollir le "Verre, une portion de cyanogène est également décomposée, «t Ton obtient de Tazote. Si le cyanure dont on se sert est "humide, il ne donne que de Tacide carbonique, de Tam- ;*noniaque et beaucoup de vapeur hydro-cyanique. De l'Acide hydro-cyanique. io63. On prépare cet acide en décomposant le cyanure de mercure par Tacide hydrô-chlorique , à Taide d'un appareil composé d'une cornue tubulée à laquelle on adapte un tube horizontal d'environ 6 décimètres de longueur et un cen- timètre et demi de diamètre intérieur. Le premier tiers de ce tube, celui qui tient au bec de la cornue, est rempli de petits fragmens de marbre blanc ( carbonate de chaux ), qui servent à retenir Tacide hydro-chlorique qui peut se dégager pendant l'opération, et dont on doit éviter autant que possible la volatilisation. On met dans les deux autres -tiers des fragmens de chlorure de calcium (muriate de chaux fondu), substance très-avide d'eau et qui s'empare de selle que pourrait contenir la vapeur hydro-cyanique. L ex- DU CYANURE DE MERCURE. 467 î rémité de ce tube va se rendre dans un récipient vide entouré d'un mélange frigorifique préparé avec 2 parties de glace pilée et une partie de sel commun. L'appareil étant ainsi disposé on introduit dans la cornue 2 parties de cyanure de mercure et une partie d'acide hydro-chlorique liquide et concentré; on lute les jointures et on chauffe graduel- lement; bientôt Tacide hydro-cyanique se dégage et se condense dans le premier tiers du tube, entre les fragmens du marbre ; à Taide d'une chaleur modérée, on lui fait parcourir toute la longueur du tube , on le laisse plus ou moins de temps en contact avec le chlorure de calcium et lorsqu'il est parfaitement desséché , on le fait arriver dans le récipient. A la fin de l'opération, on trouve dans la cornue du proto-chlorure de mercure (calomélas) et du cyanure non décomposé. Théorie. L'hydrogène de Tacide hydro-chlorique se combine avec le cyanogène du cyanure pour former Tacide hydro-cyanique , tandis que le chlore et le mercure mis à nu s'unissent et donnent naissance à du proto-chlorure de mercure. (M. Gay-Lussac ) Nous avons déjà indiqué ( § 870) comment Schéele était parvenu à obtenir, pour la première fois, Tacide hydro-cyanique. Du Cyanure de mercure. io64- On le prépare en faisant bouillir dans une fiole 8 parties d'eau, une partie de deutoxide de mercure et 2 par- ties de bleu de Prusse réduit en poudre fine; le mélangé ne larde pas à perdre sa couleur bleue et la liqueur devient jaune ; alors on la filtre et on obtient le cyanure cristallisé. On pourrait, par des évaporations et des cristallisations successives, le débarrasser de l'oxide de fer qu'il contient • mais il est préférable de le faire bouillir avec du deu- toxide de mercure qui précipite cet oxide; on filtre et on traite de nouveau la liqueur par le deutoxide de mercure 468 TROISIÈME PARTIE. jusqu'à ce qu'il ne se dépose plus d'oxide de fer (Proust) ; alors on sature l'excès d'oxide mercuriel par de Tacide hydro-cyanique ou par de Tacide hydro-chlorique, et Ton obtient le cyanure pur. Hydro-cyanates simples. Us sont le résultat de Taction directe de Tacide hydro-cyanique sur les oxides. Hydro-cyanate de potasse et de fer. On commence par purifier le bleu de Prusse réduit en poudre fine, en le fai- sant bouillir, pendant une demi-heure , avec de Tacide sulfurique étendu de cinq à six fois son poids d'eau ; cet acide dissout Talumine et quelques autres matières étran- gères ; on filtre et on lave le bleu de Prusse, qui reste jus- qu'à ce que les eaux de lavage ne contiennent plus d'acide sulfurique, ou ne précipitent plus par le nitrate de ba- ryte ; alors on le fait bouillir avec une dissolution de po- tasse à Talcool étendue d'eau ; le bleu de Prusse se décom- pose, perd sa couleur, et Ton obtient de Thydro-cyanate de potasse et de fer dans la dissolution, et un précipité brun rougeâtre de peroxide de fer ; on filtre , on sature l'excès de potasse de la dissolution par un peu d'acide acétique , et on fait évaporer : le sel double ne tarde pas à cristalliser. Hydro-cyanate de potasse et d'argent. (Voy. § 882.) Du Bleu de Prusse. 1 o65. On calcine dans un creuset de terre ou de fonte par- ties égales de sang desséché, de rognure de corne, ou bien du charbon qui en provient, et de sous-carbonate de potasse du commerce ; lorsque la température est rouge et que le mélange est pâteux , on le retire du feu et on le laisse re- froidir ; il contient alors du cyanure de potasse dont le cyanogène a été formé aux dépens de Tazote et du carbone de la matière animale : on ne peut pas admettre qu'il ren- ferme de Thydro-cyanate de potasse , car celui-ci est dé- DU BLEU DE PRUSSE. 4"9 composé et ramené à l'état de cyanure, à une température rouge ; on délaye ce mélange dans douze ou quinze fois son poids d'eau ; on l'agite et on le filtre au bout d'une demi- heure ; la dissolution est composée de cyanure de potasse qui, suivant M. Gay-Lussac , n'a pas été décomposé (i), de l'excès de sous-carbonate de potasse, d'hydro-chlorate de potasse, de sulfite sulfuré, et d'un peu d'hydro-sulfatejsulfuré de potasse (2) ; on y verse un excès de dissolution aqueuse formée de 2 à 4 parties d'alun (sulfate acide d'alumine et de potasse), et d'une partie de sulfate de fer du commerce ; il se dégage sur-le-champ du gaz acide carbonique et de Tacide hydro-sulfurique, et il se forme un précipité bmn noirâtre, dans lequel on trouve, outre le bleu de Prusse pur, de Talumine et une petite quanlité d'hydro-sulfate de fer qui lui donne la couleur noire. Il est évident que dans cette expérience Tacide de l'alun se porte sur la potasse du sous- carbonate , et que Talumine se précipite avec le bleu de Prusse et une portion d'hydro-sulfate de fer. On décante le précipité, et on le lave à plusieurs reprises avec de Teau que Ton renouvelle toutes les douze heures ; bientôt il passe du noir au brun verdâtre, au brun bleuâtre, et au bout d© (1) La décomposition du cyanure par Teau n'a lieu que lorsqu'on verse ce liquide dans le mélange encore très-chaud ; alors il se forme du sous-carbonate d'ammoniaque qui s'exhale sous forme de vapeurs blanches épaisses. (2) L'hydro-chlorate de potasse fait partie du sous-carbonate employé ; quant au sulfite et à Thydro-sulfate sulfuré de po- tasse , ils proviennent évidemment de ce que, pendant la cal- cination , le sulfate de potasse contenu dans le sous-carbonate a été transformé en sulfure par le charbon : ce sulfure, mis dans l'eau , s'est changé en sulfite et en hydro-sulfate sulfuré. ( Voyez Action du charbon sur les sulfates, et de l'eau sur les sulfures , t. ier, pag. 200 et 227.) 47° TROISIÈME PARTI". vingt à vingt-cinq jours il est bleu; alors on le rassemble sur une toile et on le fait sécher. De ïAcide chloro-cyanique. 1066. On l'obtient en faisant passer un courant de chlore dans une dissolution d'acide hydro-cyanique; on suspendl'o- pération lorsque la liqueur jouit de la propriété de décolorer Tindigo dissous dans Tacide sulfurique ; alors on la chauffe pour en dégager l'excès de chlore et on l'agite avec du mer- cure. En distillant cette dissolution, on obtient le gaz chloro-cyanique , mêlé, à la vérité, avec du gaz acide car- bonique. ( Voyez § £87 , M. Gay-Lussac. ) t de l'examen des forces, ete. QUATRIÈME PARTIE. SECTION PREMIÈRE. De Y Examen des forces doit dépend l'action chi* mique des corps, et des Composés considérés relativement à la proportion de leurs élémens. CHAPITRE PREMIER. De l'Examen des forces d'où dépend l'action chimique des corps. 1067. 0n a cru pendant long-temps qu'il suffisait d'avoir égard à l'affinité réciproque des corpô pour se faire une idée exacte de leur action chimique, en sorte que cette force a été regardée comme absolue. M. Berthollet, l'illustre au- teur de la Statique chimique, a prouvé Je premier que cette théorie, due à Bergman , est erronée , et qu'il est impos- sible de connaître l'action que les corps exercent les uns sur les autres sans avoir égard à leur affinité, au degré de cohésion de leurs molécules et à celui du composé au- quel ils donnent naissance , à leurs quantités , à leur force élastique, etc. Nous allons examiner tout ce qui est re- latif à chacun de ces agens ; mais comme nous avons déjà établi, page 3 du tome ier, plusieurs propositions rela- tives à l'affinité, nous nous occuperons seulement de re- chercher ce qui tient à l'influence des autres forces, i%* 47* QUATRIÈME PARTIE. De l'Influence de la cohésion, et de la force expanswe de la chaleur sur t affinité. i°. La cohésion doit être considérée en général comme un obstacle à la combinaison : ainsi l'oxigène et le diamant sont doués d'une grande affinité entre eux ; ils ne se com- binent pourtant que lorsque la température a été assez élevée pour diminuer la cohésion du diamant ; le calo- rique est donc le principal agent rie cette combinaison , et son action est évidemment bornée à la diminution de la cohésion. 2°. // existe cependant des cas où deux corps gazeux dont les molécules n'ont aucune cohésion ne peu- vent se combiner qu'à l'aide du calorique : ainsi si Ton veut obtenir de Teau avec un volume de gaz oxigène et 2 volumes de gaz hydrogène, ou de Tacide hydro-chlorique avec un volume de chlore et un volume de gaz hydrogène , il faudra chauffer ces mélanges : il est évident que le calorique agit dans ces cas autrement qu'en diminuant la cohé- sion puisqu'elle est nulle. 3". Dans certaines circonstances, le calorique, loin de favoriser la combinaison des corps, s'y oppose et sépare même les élémens qui étaient déjà unis. Nous pouvons prouver cette proposition en rappelant que le gaz hydrogène percarboné, l'ammoniaque, etc., sont décomposés par la chaleur ; il en est de même du carbonate de chaux, qui, étant suffisamment chauffé , se transforme en acide carbonique et en chaux, pourvu que la pression à laquelle il est soumis ne soit pas très-forte, car le che- valier Hall a prouvé que si on fait rougir du carbonate de chaux dans un tube de fer très-épais, qui est entièrement rempli et que Ton bouche parfaitement, non-seulement le sel ne se décompose pas, mais il fond, cristallise par le refroidissement, et donne naissance à du marbre. L'in- fluence de la pression sur ïaffinité se retrouve dans un assea DE L INFLUENCE d'un LIQUIDE SUR L'AFFINITÉ. ^jS grand nombre de circonstances. i\°. H est des cas où le calorique seul ne peut pas décomposer certains corps, dont il détermine la décomposition s'il est aidé d'une autre substance qui > par elle-même, ne fouit pas non plus de cette propriété. Ainsi le sulfate de baryte est décomposé, à une température rouge, par Tacide borique; il se pro- duit du borate de baryte, de Tacide sulfureux et du gaz oxigène : or, ni la chaleur ni Tacide borique , pris isolé- ment , n'opéreraient pas cette décomposition. Le carbonate de baryte est transformé en acide carbonique et en hy- drate de baryte lorsqu'on le fait chauffer jusqu'au rouge blanc, et qu'on y fait arriver de la vapeur aqueuse ; ce- pendant ni Teau ni la chaleur, employées séparément, ne lui font subir aucune altération. Mais rien ne prouve combien la chaleur influe sur Taction de Tacide carbonique et delà baryte, comme le fait suivant : l'hydrate de baryte et Ta- cide carbonique obtenus dans l'expérience précédente, s'unissent avec énergie pour reformer le carbonate de ba- ryte lorsqu'on les met en contact à la température ordi- naire. De l'Influence qu'exerce la présence d'un liquide sur l'affinité. 1068. On peut établir, d'après un très-grand nombre de faits, 1 ° que des corps qui n'exercent aucune action à l'état solide, agissent lorsqu'on les fait dissoudre dans un liquide; 2° que celui-ci influe singulièrement sur la nature des com- posés qui se forment : ainsi l'hydro-chlorate d'ammoniaque etle carbonate de chaux secs donnent, lorsqu'on les chauffe, du sous-carbonate d'ammoniaque, de Teau et du chlorure de calcium (voyez § 3o3); tandis que la dissolution de celui - ci dans Teau fournit avec le sous - carbonate d'ammoniaque de Y hydro-chlorate d'ammoniaque et du 4^4 QUATRIÈME PARTIE. carbonate de chaux, c'est-à-dire les mêmes sels qui s'é- taient réciproquement décomposés par Taction de la cha- leur. D'une autre part, le sulfate de baryte, qui est décom- posé par Tacide borique solide à une température rouge, ne Test pas par Tacide borique dissous dans Teau ; au con-« traire, les borates sont décomposés par Tacide sulfurique liquide. De l'Influence des masses sur l'affinité. 1069. Nous avons annoncé (pag. 5, t. ier) que si un corps ^peut se combiner avec trois proportions de B, de manière à former trois composés AB, ABB, ABBB; dans le premier composé, B sera beaucoup plus fortement attiré par A que dans le second, et ,à plus forte raison, que dans le troisième ; et nous avons conclu que l'affinité qui s'exerce entre ces deux corps variera suivant qu'il y aura une, deux ou trois quantités de B. Prouvons cette proposition par quelques expériences : i° si on traite le sulfate neutre de potasse par Tacide nitrique, on obtient du nitrate de po- tasse et du sulfate acide de la même base ; Tacide nitrique s'empare de la moitié de la potasse contenue dans le sul- 1 fate neutre ; mais il ne peut pas la lui enlever complète- ment : donc la dernière moitié est plus fortement attirée par Tacide sulfurique que la seconde. 20. Si on calcine le peroxide de manganèse on obtient du deutoxide et de Toxi- gène ; si on fait passer de l'hydrogène à travers le deu- toxide chauffé jusqu'au rouge , on le transforme en pro- toxide et il se produit de l'eau; mais le protoxide obtenu n'est plus décomposé par l'hydrogène : il suit de là que la portion d'oxigène séparée par la simple action de la cha- leur est moins fortement retenue que celle qui a besoin du concours de l'hydrogène et du feu pour être mise à nu, et que celle-ci Test encore moins que celle qui fait partie du protoxide et qui ne peut pas être enlevée par l'hydrogène,. DE L'INFLUENCE DES MASSES SUR L'AFFINITÉ. 4/^ ■j". Que Ton dissolve dans un peu d'eau du nitrate de bis- muth ; que Ton ajoute de l'eau à la dissolution, le sel sera décomposé ; la liqueur contiendra la majeure partie de 1 acide avec un peu d'oxide , tandis que le précipité sera formé de la majeure partie de l'oxide avec un peu d'acide (sous-nitrate) ; que Ton ajoute beaucoup plus d'eau , le précipité sera redissous , et la liqueur se trouvera contenir de Teau et du sous-nitrate de bismuth dissous dans Tacide nitrique. Cet exemple prouve combien la quantité d'eau influe sur la nature des combinaisons auxquelles on peut donner naissance. 4°- On obtient avec un peu d'eau et du margarate neutre de potasse un corps mucilagineux, dans lequel le sel se trouve sans avoir subi d'altération. Si on ajoute au composé une très-grande quantité d'eau, la moitié de la potasse est dissoute par le liquide, le sel se trouve décomposé, et il se précipite du surmargarate de po-< tasse : ce fait ne permet pas de révoquer en doute Tin-r fluence de la masse d'eau sur l'affinité de Tacide marga- rique pour la posasse. 5°. On peut préparer avec de Teau, de la potasse et de Tacide borique un -sel acide rougissant Yinfusum de tournesol ; mêle-t-on ce sel avec une grande quantité d'eau, loin de rougir Yinfusum, il verdit le sirop de violette et devient alcalin. (Voy. p. 278, t. Ier, note.) 6°. Que Ton dissolve du butirate acide de potasse dans une petite quantité d'eau, le papier de tourne solqu'on y plongera ne passera qu'au pourpre, tandis que si Ton ajoute beau- coup d'eau, le papier sera fortement rougi :1a masse du liquide influe donc sur l'affinité qui existe entre le butirate de potasse neutre et l'excès d'acide butirique ; si la liqueur se trouve très-étendue , Tacide butirique est à peine retenu par le sel neutre, et peut exercer son influence sur la cou- leur du tournesol. 4?6 QUATRIÈME PARTIE. De VInfluence de la lumière solaire sur l'affinité. 1070. On peut démontrer, à Taide de plusieurs expériences, que, dans un très-grand nombre de cas , la lumière solaire exerce sur l'affinité la même influence qu'une tempéra- ture de i5o à 6oo° : ainsi les oxides d'or et d'argent sont décomposés en oxigène et en métal par la lumière solaire ; le chlore dissous dans Teau et exposé au soleil décom- pose le liquide, et donne naissance aux acides hydro- chlorique et chloriqûe. La plupart des couleurs végétales sont altérées par les rayons solaires , etc. Il est cependant des cas où la lumière produit des phénomènes que Ton n'a pas encore pu obtenir avec la chaleur : ainsi le chlo- rure d'oxide de carbone (gaz carbo-muriatique ) se forme lorsqu'on expose à Taction de la lumière volumes égaux de chlore et de gaz oxide de carbone ; le gaz acide carbo- nique est décomposé par les parties vertes des végétaipÊ exposés au soleil, etc. Influence de l'électricité sur l'affinité. 1071.Afin d'examiner dune manière convenable l'in- fluence de l'électricité sur l'affinité, nous allons étudier sé- parément l'influence de l'étincelle électrique et celle de la pile voltaïque. Influence de l'étincelle électrique. Dans certaines cir- constances , Y étincelle électrique favorise la séparation des élémens des corps composés. Le gaz ammoniac , le gaz acide hydro-sulfurique ,les gaz hydrogène carboné et phos- phore sont décomposés et réduits à leurs élémens par un courant d'étincelles électriques ; il en est de même de l'eau lorsqu'on la soumet à Taction d'un certain nombre d'étin- celles. Dans d'autres circonstances, Y étincelle électrique favorise la combinaison des corps : ainsi une seule étin- INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ SUR l'AFFINITÉ. 477 celle suffit pour transformer en eau un volume de gaz oxi- gène et 2 volumes de gaz hydrogène, phénomène d'au- tant plus remarquable que nous venons d'établir la possi- bilité de décomposer ce fluide par le même agent. Lors- qu on fait passer un grand nombre d'étincelles à travers un mélange de ioo parties en volume de gaz azote, de 25a de gaz oxigène et d'une certaine quantité de chaux ou de potasse humides , on obtient de Tacide nitrique, et par conséquent un nitrate. Le chlore et l'hydrogène, à vo- lumes égaux, se combinent par Taction de l'étincelle et donnent de Tacide hydro-chlorique. Un volume d'oxigène et 2 volumes d'oxide de carbone donnent de Tacide carbo- nique. 1072. Influence de la pile. L'expérience prouve quelWi- gène, les acides et les corps qui ont de l'analogie avec eux, sont attirés par le pôle vitré de la pile , et vice versa; que l'hydrogène, les alcalis et les corps qui leur sont analo- gues sont attirés par le pôle résineux. Décomposition de Veau par la pile. Nous avons prouvé, pag. 109 du tom. ier, que Teau est décomposée par la pile voltaïque en oxigène, qui est attiré par le pôle vitré , et en hydrogène qui Test par le pôle résineux. Nous devons maintenant donner l'explication de ce phénomène, en exa- minant d'abord ce qui arrive à une simple molécule d'eau. On sait que les corps électrisés parle contact ou par le frot- tement attirent ceux qui sont doués d'une électricité diffé- rente de la leur , et repoussent ceux qui ont une élec- tricité semblable : donc, puisque Toxigène est attiré par le pôle vitré de la pile, il devra être électro-résineux , efi l'hydrogène, qui est attiré par le pôle résineux, devra être électro-vitré. Il faut donc admettre que la décomposition d'une particule d'eau par la pile a lieu parce que l'affinité qui existe entre Toxigène et l'hydrogène est vaincue, i° par l'énergie avec laquelle Toxigène est attiré par le 478 QUATRIÈME PARTIE. pôle vitré et repoussé par le pôle résineux ; 20 par l'é- nergie avec laquelle l'hydrogène est attiré par le fluide ré- sineux et repoussé par le fluide vitré. Voyons mainte- nant ce qui se passe lorsqu'au lieu d'agir sur une sim- ple particule, on opère sur une grande série de parti- cules. Nous pouvons représenter par O et par H Toxigène etThydrogène de la particule d'eau qui est en contact avec le fil vitré ; par O' et H' les élémens de Teau de la par- ticule qui vient immédiatement après ; par 0"et H" la troi- sième , etc. Aussitôt que la pile sera en activité, O O' O" quitteront H H' H" pour se porter vers le pôle vitré ; et à leur tour // H' H" quitteront O O' O" pour se porter vers le pôle résineux; mais H, en quittant O, s'unira à O' pour reformer de Teau. H', en quittant O', s'unira à O" pour don- ner naissance à de Teau, en sorte que seulement Toxi- gène de la première particule et l'hydrogène de la der- nière se dégageront à l'état de gaz, les autres s'étant unies pour reformer de Teau. (M. Grothus. ) Décomposition des acides par la pile. Si les acides sont liquides , concentrés et formés par Toxigène et un autre corps, leur oxigène se portera vers le pôle vitré, et l'autre corps au pôle résineux ; Teau qu'ils renferment sera éga- lement décomposée. S'ils sont très-étendus, il n'y aura que Teau de décomposée. Les acides hydro-chlorique, hydrio- dique et, suivant M. Davy, ;l'acide hydro-phtorique, sont également décomposés par la pile : le chlore, l'iode et le phtore vont au pôle vitré et l'hydrogène au pôle résineux. Décomposition des bases salifiables. Nous avons prouvé que la potasse, la soude, la baryte, etc., sont décomposées par la pile; que Toxigène est attiré par le pôle vitré, et le métal par le pôle résineux; Teau de ces alcalis est également décomposée. L'ammoniaque concentrée , soumise à l'action de cet agent, est réduite en azote qui se porte au pôle vitré, et en hydrogène qui est attiré par le pôle résineux. DES COMBINAISONS DÉFINIES. 4j9 Décomposition des sels par la pile. (Voyez § i53.) 1073. Après avoir examiné les phénomènes relatifs à la décomposition des corps par la pile, nous devons étudier ceux qui ont pour objet les combinaisons opérées par cet instrument. Que Ton introduise de l'argent dans de Teau, et qu'on le fasse communiquer avec le pôle vitré d'une pile en activité , il s'oxidera , tandis que Teau seule ne Taltère point. Le tellure, qui n'exerce point d'action sur ce liquide, se transformera en hydrure si on le met dans Teau, et qu'on le fasse communiquer avec le pôle résineux d'une pile ; etc. Nous renvoyons , pour plus de détails , à l'article Attraction du Dictionnaire des Sciences naturelles, dans lequel M. Chevreul a traité ce sujet avec beaucoup de sagacité. CHAPITRE IL Des Composés relativement à la proportion de leurs élémens. Lorsque les corps ont beaucoup d'affinité entre eux, ils se combinent dans un très - petit nombre de proportions définies. Ils peuvent, au contraire , se combiner en un très- grand nombre de proportions s'ils ont peu d'affinité : on dit alors que les combinaisons sont indéfinies. Des Combinaisons définies. 1074» La composition des corps formés de deux élémens qui ne s'unissent qu'en un très-petit nombre de proportions j est soumise à une loi remarquable dont M. Berzelius a fait connaître toute la généralité par des expériences mul- tipliées , et que Ton peut énoncer ainsi : lorsque deux corps sont susceptibles de s'unir en diverses proportions , ces proportions sont constamment le produit de la multiplica* 48o QUATRIÈME PARTIE. tion par i i, 2,3,4? elc-1 de la plus petite quantité d'un des corps, la quantité de l'autre corps restant toujours la même. Ainsi en supposant, avec M. Berzelius , qu'il existe quatre oxides de manganèse, et que le protoxide soit formé de ioo parties de métal et de i4,o533 d'oxigène, le deu- toxide sera formé de 100 de métal et de i4,o533 multiplié par 2 ; le tritoxidecontiendra ioo de métal et i4,o533 mul- tiplié par 3 ; enfin le peroxide sera composé de ioo de manganèse et de i4,o533 multiplié par4« Nous allons rap- porter un très-grand nombre de faits propres à mettre cette loi dans tout son jour. Composition des oxides métalliques. Deutoxide de sodium. Cent parties de métal, 33,995 d'oxigène. Tritoxide, la même quantité de métal et le double d'oxigène, c'est-à-dire, 67.990 (t). Deutoxide de potassium, 19.945 d'oxigène. Tritoxide, trois fois au- tant d'oxigène environ, = 59,835. (MM. Gay-Lussac et Thenard. ) Protoxide de manganèse , i4,o533 d'oxigène. Deu- toxide, 28,1077. Tritoxide, 42.16. Peroxide, 56,2i5. (M. Berzelius. ï (2). Protoxide de fer, 25 parties d'oxigène. Deutoxide, 37,5. Tritoxide, 5o. On voit ici que la quan- tité d'oxigène contenue dans le deutoxide est 1 |, celle que renferme le protoxide. ( M. Gay-Lussac. ) Protoxide d'é- (1) Nous supposerons dorénavant que Ton entend toujours parler de 100 parties de métal. (2) On se rappellera que nous n'avons parlé que de trois oxides de manganèse j nous donnons ici la composition de quatre de ces oxides pour faire connaître le travail de M. Berzelius , qui les admet ; nous agirons de même pour tous le« métaux que ce savant chinoise regarde comme pouvant fournir un plus grand nombre d'oxides que ceux que nous avons cru devoir reconnaître. DES COMBINAISONS DÉFINIES. 4^t Min , 13,6 d'oxigène. Deutoxide, 20,4. Tritoxide, 27,2. ( M. Berzelius. ) Protoxide d'arsenic,8,475d'oxigène. Deutoxide, 34,?63 (ou bien quatre fois autant). Acide arsenique, 51,428. (M. Berzelius.) Protoxide d'antimoine, ^,65 d'oxigène. Deutoxide, 18,6 ( ou quatre fois autant). Tritoxide, 27,9. Peroxide, 37,2. (M. Berzelius.) Protoxide de Cuivre, 12,5 d'oxigène. Deutoxide, 25. (M. Berzelius.) Protoxide de plomb, 7,7 d'oxigène. Deu- toxide, 11,1 (ouunefoiset demie autant). Tritoxide, i5 A. ( Berzelius. ) Protoxide" de mercure, 4 d'oxigène. Deutoxide , 3. ( Fourcroy et M. Thenard. ) Protoxide de platine, 8.287 d'oxigène. Deutoxide , i6,38. ( M. Berzelius. ) Protoxide de rhodium, 6,71 d'oxigène. Deutoxide, i3,42. Peroxide, 20,13. (Berzelius.) Protoxide d'or, 4,026 d'oxigène. Deu- toxide, 12,077, c'est-à-dire, trois fois autant d'oxigène. ( M. Berzelius. ) Composition des sels. L'oxide de tous les sels d'un même genre, par exemple, de tous les sulfates, des carbonates, etc., au même degré de saturation, renferme une quantité d'oxigène propor- tionnelle à la quantité d'acide avec lequel il est uni, ou à la quantité d'oxigène de cet acide. Si les sels sont neutres, Toxigène de Tacide est une, deux, trois, quatre, jusqu'à huit fois aussi abondant que celui de l'oxide ; dans les sels acides, la quantité d'oxigène de Tacide peut être encore plus forte relativement à celle de l'oxide; tandis que, dans les sous- sels, elle peut être égale, ou le double, ou le triple, ou bien la moitié, le tiers, çtc. 1075. Sous-carbonates. L'acide carbonique de ces sels 1 482 QUATRIÈME PARTIE. contient deux fois autant d'oxigène que l'oxide qui est combiné avec lui ; la quantité d'oxigène de l'oxide est à la quantité d'acide carbonique du sous-carbonate comme i à 2,754. Carbonates neutres. L'acide de ceux-ci renferme quatre fois autant d'oxigène que l'oxide qu'il sature, ce qui est une conséquence directe d'un fait bien connu : savoir que les carbonates neutres contiennent le double d'acide carboniqiîe que les sous-carbonates. Sulfates neutres. L'acide des sulfates neutres contient trois fois autant d'oxigène que l'oxide qu'il sature; en outre, Ta- cide renferme deux fois autant de soufre que l'oxide contient d'oxigène. La quantité d'oxigène de l'oxide est à la quantité d'acide du sulfate comme 1 à 5. Sulfites. L'acide des sul- fites renferme deux fois autant d'oxigène cpie l'oxide qui entre dans leur composition ; Toxigène de l'oxide est à la quantité d'acide du sulfite, comme 1 à 3,33. Iodates. L'acide de ces sels contient environ cinq fois autant d'oxigène que l'oxide qu'il sature ; la quantité d'oxigène de l'oxide est à la quantité d'acide qui compose Tiodate comme 1 à 20,61. Nitrates. L'oxigène de l'oxide , dans les nitrates neutres, est à la quantité d'acide qu'ils renferment comme 1 à 6,82. Arseniates. L'acide des arseniates contient deux fois autant d'oxigène que l'oxide qu'il sature; Toxigène de cet oxide est à la quantité d'acide comme 1 à 5,89. Molybdates. L'acide des molybdates contient probablement trois fois autant d'oxigène que l'oxide qui entre dans sa composi- tion; Toxigène de cet oxide est à la quantité d'acide mo- lybdique comme 1 à 9,6. Tungstates. L'acide tungsti- que de ces sels contient probablement quatre fois autant d'oxigène que l'oxide qu'il sature ; Toxigène de cet oxide est à la quantité d'acide du sel comme 1 à 19,1. Hy- driodates. Dans les hydriodates , l'hydrogène de Tacide hydriodique est à Toxigène de l'oxide comme 11,71 en poids sont à 88,29; l'iode de Tacide est à Toxigène de COMPOSITION DES SULFURES. /\8$ Toxide comme i5,62 à i en poids. Hydro-sulfates. Dans les hydro-sulfates , l'hydrogène de Tacide est à Toxigène de l'oxide comme i \,j i en poids sont à 88,29, ou dans le même rapport que dans Teau. Dans les oxalates neutres, Toxigène de l'oxide est à Tacide que contient l'oxalate comme 1 à 5,568. Dans les oxalates acidulés, il esf comme 1 à 5,568 multiplié par 2. Dans les oxalates acides, le rapport est de 1 à 5,568 multiplié par 4. Enfin, dans les sous-oxalates, Toxigène de l'oxide est à Tacide comme 1 à -^§±. d'où il résulte que les oxalates neutres contiennent le double d'acide que les sous-oxalates, la moitié de celui qui constitue les oxalates acidulés, et le quart des oxalates acides. Acétates neutres, f oxigène de Toxide est à la quantité d'acide acétique d'un acétate comme 1 à 7,23. Citrates. Dans les citrates, Toxigène de Toxide paraît être à la quantité d'acide comme 1 à 7,*74^- Tartrates neutres. L'oxigène de Toxide paraît être à la quantité d'acide tartarique d'un tartratre comme 1 à 12,14. Oléates. Cent parties d'acide oléique saturent une quantité de base contenant 2,835 d'oxigène. Margarates neutres. Cent parties d'acide margarique saturent une quantité de base contenant 3 parties d'oxigène. Composition des sulfures. 1076. L'expérience prouve que la plupart des oxides métalliques des quatre dernières classes donnent, lorsqu'on les traite par Tacide hydro-sulfurique, un sulfure et de Teau, c'est-à-dire, que Toxigène de Toxide se trouve en assez grande quantité pour saturer l'hydrogène de Tacide. Il résulte de ce fait que la quanlité dé soufre des sul- fures métalliques dont nous parlons est proportionnelle à la quantité d'oxigène que contiennent les oxides. Sui- vant M. Berzelius, on ne peut former avec les métaux 484 QUATRIÈME PARTIE. tout au plus qu'autant de sulfures qu'ils peuvent donner d'oxides ; en outre, le proto-sulfure d'un métal quelconque renferme deux fois autant de soufre qu'il y a d'oxigène dans le protoxide du même métal ; le deuto-sulfure en con- tient deux fois autant qu'il y a d'oxigène dans le deutoxide : ©r, nous avons dit, en parlant de la composition des oxides d'un même métal, que la quantité d'oxigène contenue dans ceux qui sont très-oxidés était i «, 2 ou 4 fois aussi con- sidérable que celle du protoxide : donc nous devons ad- mettre la même loi de composition pour les sulfures. Eclair- cissons ces données par un exemple : supposons que de9 trois oxides d'un métal, le protoxide contienne, sur 100 parties de métal, 6d'oxigène, le deutoxide 12 , et le tri- toxide 24 ; supposons de plus que Ton puisse former trois sulfures avec le même métal ; le proto-sulfure sera composé de 100 de métal -f- 12 de soufre; le deuto-sulfure contien- dra 24 de soufre et le trito-sulfure 48. Cette opinion de M. Berzelius n'est pas généralement adoptée ; quelques chimistes, à la tête desquels nous devons placer l'illustre Berthollet, pensent que le soufre peut s'unir en un très-grand nombre de proportions avec le même métal ; mais, suivant M. Berzelius , ces diverses combinaisons doivent être considérées comme de véri- tables sulfures avec un excès de soufre ou de métal. Composition des iodures. 1077. L'acide hydriodique donne, avec plusieurs oxides métalliques, de Teau et un iodure ; d'où il résulte que, comme dans les sulfures, la quantité d'iode est proportion- nelle à la quantité d'oxigène des oxides. COMPOSITION DES CHLORURES MÉTALLIQUES. 485 Composition des phosphures métalliques. 1078. On a fort peu de données sur la composition de ces corps ; on présume qu'ils sont soumis à la même loi que les sulfures, c'est-à-dire, que la quantité de phosphore qu'ils renferment est proportionnelle aux quantités d'oxi-. gène contenues dans les oxides métalliques. Composition des chlorures métalliques. 1079. Lorsqu'on décompose par le feu un hydro-chlorate dont Toxide est réductible, on obtient de Teau et un chlo- rure : or, Teau est formée d'un volume d'hydrogène et d'un demi - volume d'oxigène, tandis que , dans Tacide hydro- chlorique, il y a un volume d'hydrogène et un volume de chlore : doncla quantité de chlore d'un chlorure métallique doit être à la quantité d'oxigène de Toxide du même métal comme i à f, c'est-à-dire, comme le poids d'un volume de chlore est au poids d'un demi-volume d'oxigène ; d'où il résulte que la composition des chlorures est soumise à la même loi que celle des sulfures et des iodures. 1080. Nous venons d'établir par des faits nombreux, auxquels nous aurions encore pu en ajouter d'autres , qu'il existe des rapports entre les poids des proportions d'un corps A , tel que Toxigène, qui peuvent s'unir à une même quantité d'un corps B, tel que le fer; mais il n'existe aucune proportion entre le poids du corps A et celui ducorpsZ?^ ainsi on ne peut pas dire que io grains du corps A doivent se combiner avec ioo grains du corps B. La loi dont nous avons parlé se borne à exprimer que ioo grains du corps B se combinant avec io grains du corps A, s'il est possible de former d'autres combinaisons entre ces deux; corps , 100 grains du corps B s'uniront avec une quantité 486 QUATRIÈME PARTIE. du Corps A qui sera i £, 2,4? 5 fois aussi forte que les io grains. Il n'en est pas de même lorsqu'au lieu d'établir un rap- port entre les poids des corps on l'établit entre leurs vo- lumes ; car alors on remarque , non - seulement qu'il y a des rapports simples entre les divers volumes du corps A qui se combinent avec un volume du corps B, mais encore qu'il en existe entre les volumes respectifs de A et de B. Nous pouvons éclaircir cette proposition par un exemple : ioo volumes d'azote s'unissent avec 5o volumes d'oxigène pour former du gaz protoxide d'azote : on voit ici qu'il y a un rapport simple entre les volumes respectifs de Tazote et de Toxigène, puisque celui-ci est la moitié de l'autre ; ioo vo- lumes d'azote s'unissent à ioo volumes de gaz oxigène pour donner naissance à du gaz nitreux: ici, non-seulement on observe des rapports entre les volumes respectifs, qui sont égaux , mais encore entre les proportions d'oxigène du protoxide et du deutoxide d'azote , puisque celui-ci contient deux fois autant d'oxigène que l'autre ; on pourrait multiplier ces exemples. Nous devons à M. Gay-Lussac la découverte d'une très-belle loi relative à l'objet dont nous nous occupons; elle peut être exprimée ainsi : Quelles que goient les proportions dans lesquelles les corps gazeux s unissent, on obtient des composés dont les élémens, en volume, sont des multiples les uns des autres; et quand, par suite de la combinaison, le volume des gaz est con- tracté , la contraction a un rapport simple avec les vo- lumes des gaz , ou plutôt avec celui de l'un d'eux : par exemple : ioo \ol. d'oïig. se combinent *T«e aoo *ol. d'hydrogène ; la rontraetiôn est égale» 100 Tok 100 d'.iotc............ 3oo ......_............................ aoo joo idem.............. 5o — d'oiigèoe .......................... 5o ioo idem.............. ioo — idem , sans contraction apparent*. xoo idem.............. l5o. ioo- idem.............. 200. i»» idem.............. ajo, COMBINAISONS DES GAZ. 4^7 Le tableau suivant peut être présenté comme un exemple de la simplicité des rapports suivant lesquels différens gaz se combinent avec le gaz ammoniac : nous l'avons extrait de l'ouvrage de M. Thenard. SUBSTANCES. PROPORTIONS B N y O-LU M E. PROPORTIONS EN POIDS. 1 GAZ ammo. ACIDE. GAZ ammo. ACID£. Hydro - chlorate d'ammonniaque. Carbonate d'am-ruoniaq. neutre. • Souscarb. d'arum* FIuo-borate d'am-Sons - fluo-borate d'ammoniaque. • Autre sous-fluo-borate d'amm.* • Fluate d'am. silic. Carbo - mnriate d'ammoniaque. • Sulfite d'arnmon- -Nitrate d'ammo-niaque neutre.* • 1------ 1 IOO IOO IOO IOO IOO ioo IOO IOO IOO IOO Ioo IOO 5o IOO 5o 33,33 5o 5e (d'aï-ioo dentox. 5ogazoxig* IOO IOO IOO IOO IOO IOO IOO IOO IOO IOO 1. ai5,86 J I M. Gay-f Lnssac. 254,67 f > Mémoires 137,53 J d'Arcueil, 397»36 1 198,68 [ , .- f M. John ta r ( -Ann. de 399»48 iKchimie, It. LXXXVl). i43,58 t ,88'98 ! M. The-t oard. 266,55 1 1081. La loi découverte par M. Gay-Lussaç est susceptible d'une multitude d'applications précieuses. i°. Veut-on, connaître la pesanteur spécifique d'un gaz composé, par exemple, du gaz ammoniac, on sait que deux volumes de gaz ammoniac résultent d'un volume de gaz azote et de trois volumes d'hydrogène j il suffit de faire l'addition 4^$ QUATRIÈME PARTIR. des pesanteurs spécifiques d'un volume d'azote et de trois volumes d'hydrogène, et de diviser la somme par 2 : ainsi : • Pesanteur spécifique c'est-à-dire : la pesanteur spécifique du gaz acide hydro- sulfurique, 1,1912 , est au poids de ce gaz, 100, comme la pesanteur spécifique de l'hydrogène, 0,07321, est au poids de l'hydrogène, x. En multipliant l'un par l'autre les termes moyens , et en divisant le produit par 1,1912 , on aura 6,i45 d'hydrogène pour ce poids: donc le gaz acide hydro- sulfurique est formé, sur ioo parties, de 6,145 d'hydro- gène , et de 93,855 de soufre. Analyse du gaz oxide de carbone. Supposons que Ton demande quelle est la quantité d'oxigène et de carbone qui entre dans la composition de 100 grains de gaz oxide de carbone : on sait que le volume du gaz oxigène contenu dans les 100 grains de gaz oxide de carbone est la moitié de celui qu'offre ce gaz ; on connaît d'ailleurs les pesan- teurs spécifiques du gaz oxigène et du gaz oxide de car- bone : il s'agit donc d'établir la proportion suivante si Ton veut connaître la quantité d'oxigène qu'il renferme : 0,9569 : 100 :: o,55i9 : x — quantité d'oxigène dans le gaz. orest-à-4ire : la pesanteur spécifique du gaz oxide de car- bone, 0,9569, est au poids de ce gaz, 100 grains, comme la pesanteur spécifique de Toxigène, divisée par 2, DE L'ANALYSE DES GAZ COMPOSÉS. 5o$ o,55i9 (i), est au poids de l'oxigène , x. En multipliant les termes moyens , et en divisant le produit par 0,9569, on aura 57,4 grains d'oxigène pour ce poids : donc le gaz oxide de carbone est formé, pour ioo parties,' de 57,4 d'oxigène, et de 46,6 de carbone. Analyse du gaz acide carbonique. La pesanteur spéci- fique du gaz acide carbonique est de 1,5196 ; celle du gaz oxigène est de 1,10359: or, dans un volume d'acide car-* bonique, il y a un volume de gaz oxigène : il suffira donc d'opérer comme nous l'avons dit pour Tacide hydro-sulfu- rique pour trouver que Tacide carbonique est formé dçk 72,624 d'oxigène et de 27,3764e carbone. Analyse du gaz hydrogène percarboné. La pesanteur spécifique de ce gaz est de 0,9784 ; il contient deux fois son > olume de gaz hydrogène ; la pesanteur spécifique de celui-ci est de 0,07321: ilsuffiradonc d'établir la proportion suivante : 0,9784: 100 : : 0,14642 : x, ou à la quantité d'hydrogène; c'est-à-dire la pesanteur spécifique du gaz hydrogène percarboné, 0,9784, est au poids de ce gaz, ioq, comme la pesanteur spécifique du gaz hydrogène , multi- pliée par 2 = 0,14642, est au poids de l'hydrogène qui entre dans sa composition : ce poids est 14,96. Le gaz hy-. drogène percarboné est donc formé de 14,96 d'hydrogène- et de 85»,4 ^ carbone. Ces exemples nous paraissent suffisans pour donner une idée de la méthode que Ton doit employer pour calculer aisément les proportions des élémens d'un gaz composé ; nous allons par conséquent nous borner à indiquer les résultats des analyses faites jusqu'à ce jour, Hydrogène (1) On divise par 2 , parce que le gaz oxide de carbone ne contient que la moitié de son volume d'oxigène : or, la pesan* teur spécifique du gaz oxigène est de i,io3i6. 50^. QUATRIÈME PARTIE. perphosphoré, une partie d'hydrogène et 12 parties de phos- phore en poids. Gaz acide hydriodique, 100 parties d'iode et 0,849 d'hydrogène. Protoxide d'azote, 100 parties d'oxi- gène, et 17 5,63 d'azote en poids. Deutoxide d'azote ,100 parties d'oxigène , 87,815 d'azote en poids. Gaz acide ni- tr'eux, 233,8 d'oxigène, 100 d'azote en poids. Tableau des Proportions en volume des élémens qui composent différens gaz. HOMS DES GAZ. Gaz oxide de carbone- — acide carbonique- PROPORTIONS. il contient Ja moitié de son volume d'oxigène. Il renferme un volume égal au sien i II renferme d ( d'oxigène. protoxide d'azote- 5o parties d'oxigène et 100 d'azote en volume. deutoxide d'azote.......| Volumes égaux d'oxigène et d'azote. f Un peu plus de son volume de gaz ( oxigène. f II contient deux fois son volume de — hydrogène percarboné* • ■. • < ( gaz hydrogène. ( Il renferme un volume e'gal au sien de [ gaz hydrogène. i Un volume d'hydrogène e'gal à la f_ moitié du volume du gaz acide. ( Volumes égaux d'hydrogène et de [ chlore. parties en volume contiennent parties de gaz hydrogène — acide sulfureux — hydro-sulfuriqtie* • — bydriodiqae...... — hydro-cblorique- ■ — hydrogène arsenic | 100 partit i i4o pai de l'analtse de l'eau. 5o5 CHAPITRE IL De l'Analyse de l'eau. Si on fait passer une qur.n'iié déterminée de vapeur aqueuse à travers un métal incandescent , qui en absorbe tout Toxigène sans se combiner avec l'hydrogène, celui-ci se dégagera, et pourra être recueilli clans des cloches graduées, placées sur Je mercure ou sur Teau ; on pourra donc déter- miner facilement son poids, et en le retranchantde celui de la vapeur qui aura été décomposée, on aura celui de Toxigène, puisque Teau n'est formée que d'hydrogène et d'oxigène. Tel est le principe sur lequel est fondée l'analyse de Teau. Que Ton introduise 200 grains d'eau distillée, parfaite- ment pure, dans une cornue de verre dont le col se rend dans un tube de porcelaine verni intérieurement, et con- tenant une quanlité déterminée de tournure de fer parfai- tement décapée ; que Ton dispose ce tube dans un four- neau à réverbère, de manière à ce que la partie qui con- tient le fer puisse être chauffée jusqu'au rouge cerise seu- lement ; que Ton fasse rendre l'autre extrémité du tube de porcelaine dans le tuyau d'un serpentin ; que l'extrémité tubuleuse de celui-ci pénètre dans un flacon vide, bitu- bulé , qui, par une de ses tubulures, donne passage à un tube de verre recourbé, propre à porter le gaz hydrogène sous des cloches graduées ; enfin, l'appareil étant ainsi monté, que Ton élève la température du fer jusqu'au rouge cerise, et que Ton remplisse le serpentin d'eau et de glace, on ob- servera , en mettant le feu sous la cornue qui contient Teau distillée, i° que celle-ci ne tarde pas à entrer en ébulli- tion ; 20 que la vapeur formée traverse la tournure de fer; 3° qu'une portion de cette vapeur est décomposée en oxi- gène qui se combine avec le fer, et en gaz hydrogène que Ton recueille dans les cloches; 4° qu'une certaine quantité 5o6 O V A T H I E M K P A \< T I E. de vapeur passe à travers le fer sans se décomposer, vient se condenser dans le serpentin et coule dans le flacon. Supposons qu'après avoir volatilisé toute Teau de la cor- nue et laissé refroidir l'appareil, on trouve i oo grains d'eau dans le flacon, on conclura qu'il n'y en a eu que ioo grains de décomposés par le fer : or, le volume de gaz hydrogène obtenu indique que son poids est de 11,71 grains : donc les 100 grains d'eau sont formés de 88,29 d'oxigène et de 11,71 grains d'hydrogène ; et, en effet, en pesant le fer on trouve que son poids est augmenté de 88,29 grains , et qu'il est à l'état de deutoxide. CHAPITRE III. Analyse des acides minéraux. Les acides minéraux sont solides, liquides ou gazeux. Ces derniers seront reconnus par les caractères exposés en parlant de l'analyse des gaz ; il sont au nombre de huit : savoir , l'acide carbonique, Yacide sulfureux, l'acide chloreux ( oxide de chlore ) , Yacide nitreux, les acides carbo-muriatique (chlorure d'oxide de carbone) , phtoro-~ borique, phtoro-silicique, hydro-chlorique et hydriodique. Les acides solides sont les acides tungstique, iodique, phos-, phorique, arsenique, molybdique, borique et columbique. On les distinguera les uns des autres, par les caractères sui-; vans: i° Tacide tungstique est le seul qui soit jaune, et Ta- cide chromiquele seul qui soit rouge. L'acide iodique est décomposé sur-le-champ par Tacide sulfureux ou par Ta- cide hydro-sulfurique qui en séparent l'iode. Les acides^os-ï phorique et arsenique sont fortement déliquescens ; mais ce dernier donne de Toxide d'arsenic volatil, ayant une odeur alliacée lorsqu'on le ckauffe jusqu'au rouge. Parmi les au- tres acides non déliquescens, Tacide molybdique se trans- forme en oxide bleu lorsqu'on le met dans une dissolution DE L'ANALYSE DES ACIOKS MINÉRAUX. 5o7 d'hydro-chlorate de protoxide d'étain. On distinguera l'acide borique de Tacide columbique, en ce que le premier, dissous dans l'eau bouillante, se précipite en lames par le refroidissement, tandis que l'autre est toujours en poudre; d'ailleurs, Tacide columbique, dissous dans Tacide sulfu- rique , donne par Tacide phosphorique une gelée blanche, opaque, consistante, insoluble dans l'eau (i). Les acides liquides sont, les acides hydro-phtorique , hypo-phosphoreux , phosphoreux , phosphatique, sulfu- rique et nitrique. L'acide hydro-phtorique ( fluorique ) est le seul qui corrode le verre à froid. Les acides hypo-phos- phoreux , phosphoreux et phosphatique, sont les seuls qui, étant chauffés , s'enflamment spontanément en don- nant naissance à du gaz hydrogène perphosphoré. L'acide sulfurique précipite le nitrate de baryte en blanc, et le pré- cipité est insoluble dans Teau et dans un excès d'acide. L'acide nitrique ne trouble point ce sel ; d'ailleurs, il jouit de caractères qui le font reconnaître sur-le-champ. (Voy- § 123.) Nous venons de supposer le cas où ces acides se pré- senteraient à l'état liquide, gazeux et solide; mais s'ils étaient dissous dans Teau, comment procéderait-on pour les reconnaître ? On ferait chauffer leurs dissolutions dans une petite fiole ; ceux qui sont gazeux donneraient un gaz que l'on pourrait recueillir dans des cloches ; les liquides ne changeraient point d'état, et ceux qui sont so- lides se déposeraient sous la forme de poudre ou de cristaux. (i) Nous avons cru devoir établir la différence de ces acides d'après un seul caractère, pour ne pas être obligés de répéter tons ceux dont se compose leur histoire, et qui ont été exposés dans le tome ier-.nous devons cependant prévenir qu'il importe, avant de se décider sur leur nature, de constater s'ils possèdent les propriétés que nous leur avons assignées. 5o8 QUATRIÈME PARTIE. Des Moyens propres à faire connaître les proportions des élémens qui constituent les acides minéraux. Nous avons déjà exposé comment on doit agir pour ana- lyser les gaz acides composés ; nous devons donc nous occuper seulemeut de ceux qui sont liquides ou solides, et que Ton peut analyser par des méthodes exactes ; nous ne parlerons que des principaux. Acide borique. On fait bouillir ioo parties de bore avec de Tacide nitrique pur, et on obtient i5o parties d'acide borique ; d'où il faut conclure que le bore a absorbé 5o parties d'oxigène à Tacide nitrique pour s'acidifier, et par conséquent qu'il est formé de 2 parties de bore et d'une partie d'oxigène. (MM. Gay-Lussac et Thenard. ) Acide sulfurique. On transforme 100 grains de soufre en acide sulfurique au moyen de Tacide nitrique bouillant, et on détermine quelle est la quantité d'acide sulfurique formé : supposons qu'elle soit de 238, on conclut que cet acide contient 100 de soufre et i38 d'oxigène. Pour par- venir à connaître la quantité d'acide sulfurique produit, on précipite la liqueur obtenue par le nitrate de baryte et on pèse le sulfate de baryte précipité : or, on sait, par les ana- lyses précédentes, quelles sont les quantités d'acide et de base qui constituent ce sel. (Voyez Analyse des sels, pag. 53o de ce vol. ) Acide nitrique. Les expériences récentes de M. Gay-Lus- sac prouvent que Tacide nitrique est formé d'un volume d'azote et de 2 volumes et demi d'oxigène; on connaît les pesanteurs spécifiques de ces gaz et celle de l'acide nitrique; par conséquent on peut déterminer la composition de cet acid.e en établissant la proportion dont nous avons parlé page 5o2 de ce volume. Acide iodique. On décompose dans une cornue 100 par- ties d'iodate de potasse sec , et Ton obtient 22,59 d'oxi- DE L'ANALYSE DES MÉTAUX. 5oQ gène et 77,41 d'iodure de potassium : donc Toxigène ob- tenu appartient à Tacide iodique et à la potasse. Mainte- nanton sait que les 77,41 d'iodure renferment 58,937 d'iode et 18,473 de potassium: donc , dans les 100 parties d'io- date décomposé il y avait 18,427 de potassium; mais cette quantité de potassium y était à l'état d'oxide et combinée avec 3,773 de gaz oxigène : donc, des 22,59 d'oxigène ob- tenus en calcinant Tiodate. 3,7-73 appartiennent à la po- tasse et 18,817 appartiennent à Tacide iodique; cet acide est par conséquent formé de 18,817 d'oxigène et de 58,937 d'iode, ou bien de 31,927 cToxigène et de 100 d'iode, ou de 1 d'iode et de 2,5 d'oxigène en volume. (M. Gay-Lus- sac.) CHAPITRE IV. Un métal étant donné, déterminer quelle est sa nature. Nous ne nous occuperons que des métaux des quatre dernières classes , ceux de la première n'ayjpt pas été ob- tenus encore, et ceux de la seconde étant faciles à recon- naître , parce qu'ils se transforment en alcalis lorsqu'on les met dans Teaû. (\ oyez Analyse des alcalis, pag. 515 de ce vol.) Le métal qui, étant mis dans Tacide suif urique faible, à la température ordinaire, se dissout avec effervescence et dégagement de gaz hydrogène, est ou du^èr, ou du zinc, ou du manganèse, ou du nickel. S'il n'est pas dans ce cas, et qu'il soit dissous dans Ta- cide nitrique concentré bouillant, ce sera du cobalt, du palladium, du cuivre , de Yurane, du mercure, du bismutî, du tellure, de l'argent ou de Y arsenic. Si, n'étant pas dis- sous par Tacide sulfurique faible ni par Tacide nitrique bouillant, il est transformé par celui-ci en une poudre blan- che, ce sera de Yélain, de Y antimoine ou du molybdène. 5lO QUATRIÈME PARTIH. Si le métal n'est attaqué par aucun de ces acides , et qu'il s'oxide en le faisant chauffer avec le contact de Tair, ce sera du chrome, du columbium, du tungstène, du titane, du cérium ou de l'osmium. Enfin, s'il ne s'oxide pas lors- qu'on le place dans les mêmes circonstances , ce sera de Yor, du platine , du rhodium ou de Y iridium. ( M. The- nard. ) (i). Analyse de quelques Alliages. D'étain et de plomb. On en fera bouillir ioo grains avec un excès d'acide nitrique pur, et Ton obtiendra du nitrate de plomb soluble et du peroxide d'étain insoluble. Lors- qu'il n'y aura plus d'action , on étendra la liqueur avec de Teau distillée, on la filtrera, on lavera bien le précipité, et après avoir réuni les eaux de lavage, on décomposera le ni- trate de plomb par le sulfate de potasse ; le précipité de sulfate de plomb, lavé, desséché et pesé, donnera la quan- tité de plomb (ioo de ce sulfate contiennent 68,39 de plomb) : d'une autre part, on pèsera le peroxide d'étain pour détermnrer la quantité d'étain qui entre dans sa com- position ( 127,2 de ce peroxide renferment 100 d'étain). D'étain et de cuivre. On l'analyse commeJte précédent, excepté que le nitrate de cuivre obtenu est décomposé par la potasse, qui en sépare le deutoxide de cuivre, que Ton calcine après l'avoir bien lavé : 125 de deutoxide de cuivre sont formés de 100 parties de cuivre et de 25 d'oxigène. ( M. Proust. ) On se rappelle que le métal des cloches est formé de 22 parties d'étain et de 78 parties de cuivre. Si on veut (1) Après avoir ainsi établi ces diverses coupes, on examinera les propriétés des dissolutions nitriques ou hydro-chloriques de ces métaux , et on pourra affirmer quelle est leur nature. On pourra consulter, à cet égard , les caractères que nous avons placés à la tête de l'histoire des sels métalliques, t. ior. DE L'ANALYSE DE QUELQUES ALLIAGES. 5ll obtenir le dernier de ces métaux en grand , on y parvient facilement en soumettant l'alliage à Taction de Tair à une température élevée; Tétain* étant plus fusible et plus oxidable que le cuivre, peut en être facilement séparé. On commence par oxider entièrement une portion de métal de cloche; les deux oxides de cuivre et d'étain formés sont mêlés avec le double de leur poids de nou- veau métal de cloche et chauffés avec le contact de Tair ; par ce moyen on obtient du cuivre sensiblement pur, surnagé par des scories composées d'oxide d'étain, d'oxide de cui- vre, et d'une petite quantité de terre qui fait partie du four- neau dans lequel on opère. Ces scories sont décomposées, à une température élevée, par ^ de leur poids de charbon , et fournissent, i° un alliage qui contient environ 60 par- ties de cuivre et 40 d'étain ; 20 de nouvelles scories ren- fermant beaucoup plus d'étain que les premières. On cal- cine l'alliage dont nous venons de parler ; il se forme beau- coup plus d'oxide d'étain que d'oxide de cuivre, en sorte qu'il se trouve bientôt contenir les mêmes proportions de cuivre et d'étain que le métal des cloches; alors on le coule et on lui fait subir les mêmes opérations qu'à celui-ci ; en sorte que Ton obtient une nouvelle quantité de Cuivre. Les scories obtenues dans les diverses opérations que Ton a été obligé de faire sont de nouveau réduites par le char- bon , et forment un alliage d'environ 28 de cuivre et de 72 d'étain; pn calcine encore cet alliage pour transformer en oxide au moins 24 à 26 parties de Tétain qu'il contient ; on enlève cet oxide, et l'alliage qui reste est chauffé dé nouveau , de manière à oxider de Tétain et du cuivre, et à obtenir encore un composé analogue au métal de cloches , que Ton traite comme nous l'avons dit précédemment pour en avoir le cuivre; on répète ces opérations jusqu'à ce qve Ton ait retiré la majeure partie du cuivre contenu dans le métal des cloches. 5 ri QUATRIÈME PARTIE. On sépare Tçtain de Toxide d'étain en traitant celui-ci par le charbon dans un fourneau à manche. Alliage de plomb et d'antimoine. On opc.c comme pour l'alliage de plomb et d'étain : il faut seulement savoir que le peroxide d'antimoine qui rrsto est formé de 160 parties de métal et de 3o parties d'oxi;^ ' e. ( M. Proust. ) De zinc et de cuivre ( laiton). On fait dissoudre Tal- liage dans Tacide nitrique pur, et on fait bonii :ir la dissolu- tion des deux nitrates avec de la pota se puie , caustique; le peroxide de cuivre seul est précipité: on le lave et on le pèse après l'avoir desséché ; la tiissolulion contient alors du nitrate de potasse , de la potasse et de Toxide de /inr- ; on la sature par Tacide hydro-chlorique, et Ton y verse un excès de sous-carbonate de potasse; l'hydro-chlorate de zinc est décomposé, et Ton obtient un précipité de carbonate de zinc ; on le lave, on le sèche et on le calcine; Toxide de zinc résidu fait connaître la quanlité de métal qui entre dans sa composition. ( 124,47 d'oxide de zinc contiennent 2{,47 d'oxigène.) Alliage d'argent et de cuivre. On le fait dissoudre dans Tacide nitrique à Taide de la chaleur ; on étend d'eau la dissolution des deux nitrates; on y verse de Tacide hydro- chlorique, qui précipite tout l'argent à l'état de chlorure ; on filtre, on lave le précipité, et après avoir réuni les eaux de lavage, on sépare le deutoxide de cuivre du nitrate par la potasse ; on sait combien cet oxide contient de métal ; on connaît d'ailleurs la composition du chlorure d'argent ; on a donc toutes les données nécessaires à la résolution du problême. ( 4o5,59 de chlorure d'argent sont formés de ioo de chlore et de 3o5,59 d'argent.) Nous devons main- tenant faire connaître comment on parvient à analyser un pareil alliage par la coupellation. Analyse d'un alliage d'argent et de cuivre par la cou- pellation. On introduit dans une coupelle préparée avec DE LANALYSE DE QUELQUES ALLIAGES. 5l3 des os calcinés, broyés et lavés , une certaine quantité de plomb métallique (i) ; on chauffe la coupelle dans un four- neau , et lorsque le plomb est fondu, on y ajoute une partie de l'alliage enveloppé dans du papier; le plomb favorise la fusion du cuivre ; l'un et l'autre de ces deux métaux passent à l'état d'oxide aux dépens de Toxigène de Tair 5 les oxides formés fondent, se volatilisent en partie sous la forme de fumée; mais la majeure partie est absorbée par la coupelle , qui peut être regardée , jusqu'à un certain point, comme un filtre pouvant donner passage à ces oxides fondus ; au bout d'un certain temps on remarque un phénomène connu sous le nom d'éclair; l'alliage devient brillant, et l'opération est terminée ; l'argent se trouve seul dans l'intérieur de la coupelle, tandis que les oxides de cuivre et de plomb ont été complètement absorbés ou volatilisés ; on laisse refroidir l'appareil ; on pèse le bouton d'argent, et on connaît la quantité qui entre dans la composition de l'alliage ; en retranchant cette quantité du poids de l'alliage soumis à l'expérience, on a celle du cuivre. Alliage d'or, d'argent et de cuivre. On soumet cet alliage à la coupellation, ainsi que nous venons de le dire pour le précédent ; mais comme la quantité d'argent qu'il renferme est en général très-petite, on en ajoute une cer- taine portion; lorsque l'opération est terminée, et que les oxides de plomb et de cuivre ont été absorbés par la cou- pelle, on traite le bouton composé d'or et d'argent par de Tacide nitrique pur, qui dissout ce dernier métal sans tou- (1) Lorsqu'on agit sur l'alliage qui constitue les monnaies de France , et dans lequel il y a 9 parties d'argent et une de cuit vre on emploie 7 parties de plomb ; il n'en faut que 4 parties pour l'argent tle vaisselle ; il en faut, au contraire , 10 parties pour faire l'essai de la monnaie de billon : en général , il en faudra d'autant plus que l'alliage contiendra plus de cuivre. 5l4 QUATRIÈME PARTIE. cher à l'autre. L'addition d'une certaine quantité d'argent est indispensable ; sans cela , dans le traitement dont nous parlons , Tacide nitrique ne dissoudrait que la portion qui est à la surface du bouton. Lorsqu'on ne veut pas déterminer il'une manière rigou- reuse les proportions de l'alliage qui constitue les bijoux d'or, on se contente de l'essai suivant, qui n'est qu'approxi- matif : on frotte le bijou sur une pierre de touche ( cor- néenne lydienne) jusqu'à ce que Ton ait produit une couche d'environ 2 à 3 millimètres de largeur et de 4 millimètres de longueur ; alors on passe sur cette couche un liquide composé de 25 parties d'eau, 38 d'acide nitrique à i,34o de densité, et 2 d'acide hydro-chlorique à 1,173 : si la cou- che conserve sa couleur jaune et son éclat métallique, on conclut que l'or est au titre convenable, c'est-à-dire à 0,750 ; si, au contraire, la couleur qu'acquiert la trace est d'un rouge brun, et qu'elle s'efface lorsqu'on l'essuie, on juge que le bijou est à un titre inférieur, et qu'il contient d'au- tant moins d'or que la trace est plus effacée. CHAPITRE V. De T Analyse des oxides. On parvient facilement à déterminer quelle est la na- ture d'un oxide métallique en le dissolvant dans un acide pour le transformer en sel, et en examinant la manière dont celui-ci se comporte avec les réactifs. (Voy. Analyse des sels, p. 5i 7 de ce vol.) Il est cependant quelques oxides que Ton peut reconnaître par des moyens plus simples : ainsi Y oxide d'osmium a une odeur analogue à celle du chlore ; Y oxide d'arsenic se volatilise et répand une odeur alliacée lorsqu'on le chauffe ; les oxides de chrome et de cobalt fondus aveCÎe borax le colorent, le premier en vert, l'autre en bleu; Toxide de molybdène est bleu , et se transforme en acide DE L'ANALYSE DES OXIDES. 5i5 blanc, lorsqu'on le chauffe avec Tacide nitrique; les oxides d'étain et d'antimoine ne se dissolvent pas dans Tacide ni- trique bouillant, et sont solubles dans Tacide hydro-chlo- rique ; les oxides de manganèse, fondus avec la potasse et le contact de Tair, donnent du caméléon minéral, etc. On peut également reconnaître avec facilité les oxides qui, mis dans l'eau, se dissolvent et constituent les alcalis. Des Alcalis. Ces alcalis sont la chaux, la strontiane la barvte, la potasse, la soude et l'ammoniaque. Si l'alcali aune odeur forte et piquante, ce sera de l'ammoniaque; s'il est inodore et qu'il ne précipite pas par Tacide carbonique ou par un sous-carbonate soluble, ce sera de la potasse ou de la soude : la potasse précipite en jaune serin par l'hydro-chlorate de platine; la soude, au contraire , n'est point troublée par ce sel. Si Talcali précipite par Tacide carbonique ou par un sous-carbonate soluble, ce sera de la chaux , de la baryte, ou de la strontiane. L'eau saturée de chaux ne précipite pas par Tacide sulfurique, tandis que le contraire a lieu pour Teau saturée de baryte ou de strontiane. On pourra distinguer l'un de l'autre ces deux derniers alcalis par les caractères suivans : i° Teau de stron*- tiane très-étendue ne précipite plus par Tacide sulfurique, tandis que Teau de barytese trouble toujours ; 2° la strontiane forme avec Tacide Irydro-chlorique un sel cristallisable en aiguilles, soluble dans Talcool, dont il colore la flamme en pourpre; la baryte, au contraire, donne avec le même acide, un sel qui cristallise en lames, insoluble dans Tal- cool , et qui n'altère point la couleur de sa flamme. Des Procédés au moyen desquels on parvient à déterminer les proportions d'oxigène et de métal qui constituent un oxide. Ces procédés varient suivant la nature des oxides. i°. Si Toxide est réductible par la chaleur, on l'introduit dans 5l6 QUATRIÈME PARTIE. une cornue de verre à laquelle on adapte un tube recourbé -,. on pèse l'appareil et on chauffe graduellement ; il se dégage d u gaz oxigène, et le métal reste dans la cornue ; on pèse celle- ci de nouveau à la fin de l'expérience, et on note la diffé- rence des poids; d'une autre part, on calcule le poids de Toxigène d'après le volume qu'il occupe : il est inutile de faire observer que le poids de ce gaz ne peut être déterminé exactement qu'autant qu'on a égard à la pression et à la température de l'atmosphère. 2°. Si Toxide appartient à la seconde classe, on détermine les proportions de ses élémens parla synthèse, en mettant dans de Teau pure une quantité déterminée du métal dont il est formé, et en recueillant tout Thydrogène qui résulte de la décomposition de Teau : le volume de gaz hydrogène obtenu indique son poids, et par conséquent on connaît celui de Toxigène qui s'est fixé sur le métal. 3°. SiToxide appartient à la troisième classe, on traite une portion du métal qui entre dans sa composition par Ta- cide sulfurique faible (1); Teau est décomposée, etparl'hydro- gène obtenu on peut connaître la quantité d'oxigène combinée avec le métal. 4°* On connaîtra la composition de quelques oxides en faisant chauffer dans des vaisseaux fermés le métal avec Toxigène, et en déterminant de combien son poids est augmenté, et quelle est la quantité d'oxigène absorbé : Toxide d'arsenic pourra être analysé par ce moyen. 5°. On peut déterminer les proportions d'oxigène dans plusieurs oxides en transformant une quantité connue de métal en nitrate au moyen de Tacide nitrique , et en calcinant celui-ci dans un creuset de platine; il ne reste que Toxide, dont il suffit d'avoir le poids pour connaître celui de ses élé- mens : le zinc, le fer, le bismuth, le cuivre, le plomb, le cobalt, etc., sont dans ce cas. 6°.Tous les oxides peu- (1) Excepté Tétain , car celui-ci doit être traité par Tacide ro-chlorique. hyd ANALYSE DES SELS MINÉRAUX. 5l^ vent être analysés sans que Ton soit obligé de faire une seule expérience, et seulement en ayant égard à la loi qui préside à la composition des sels : prenons pour exemple le protoxide de plomb ; on sait queles sulfates neutres con- tiennent cinq fois autant d'acide sulfurique qu'il y a d'oxi» gène dans Toxide qu'ils saturent ; par exemple, 200 parties de sulfate de cuivre renferment 100 parties d'acide, 80 de cuivre et 20 d'oxigène; Toxigène fait justela cinquième par- tie de Tacide ; on sait également que le sulfate de protoxide de plomb est formé de 100 parties d'acide et de 279,74 de protoxide ; il est donc évident que cette quantité de pro- toxide doit être composée de 259,74 de plomb et de 20 d'oxigène, puisque nous avons établi que la quantité d'oxi- gène doit être le cinquième de celle de Tacide qui entre dans la composition du sel ; il s'agira donc d'établir cette simple proportion : si 259,74 de plomb sont combinés avec 20 d'oxigène, 100 le seront avec 7,7. La détermination de Toxigène par ce procédé est fondée , comme Ton voit, sur ce que, dans les sels d'un même genre et au même état de saturation, les quantités d'oxigène contenues dans les oxides sont proportionnelles aux quantités d'acide qui les saturent. CHAPITRE VI. Un sel minéral étant donné, déterminer quelle est sa nature. La résolution de ce problême se compose de la résolu- tion de deux autres : i° la détermination de Tacide qui entre dans la composition du sel : 20 celle de la base. Nous allons nous occuper d'abord de la détermination de Tacide. 1082. Ou le sel fait effervescence lorsqu'on le met en con- tact avec Tacide sulfurique à froid ou à une température peu élevée, ou le contraire a lieu. 5l8 QUATRIÈME PARTIE. Sels faisant effervescence. Sels ne faisant pas efferves- cence. Carbonates. Nitrates. Sulfites. Iodates. Sulfites sulfurés. Sulfates. Nitrites. Chromâtes. Chlorates. Borates. Hydro-chlorates. Molybdates. Hydro-sulfates. Tungsiates. Fluo-boraies ( phtoro-borates ). Arseniates. Fluales ( phtorures ). Arséniies. Carbo -muriates ( i ). Columbates. Hydriodates. Phosphites. Hypo-phosphites. Phosphates. A. Supposons que le sel fasse effervescence : s'il ne se dégage point de vapeurs, ce sera un carbonate ; s'il y a dégagement de vapeur ayant l'odeur de soufre enflammé , et qu'il ne se dépose pas de soufre , ce sera un sulfite ; s'il se comporte de la même maniète , excepté qu'il laisse précipiter du soufre, ce sera un sulfite sulfuré; s'il y a dé- gagement de vapeurs rouges orangées , et que le sel fuse sur les charbons ardens, ce sera un nitrite ; si la vapeur est jaune verdâtre , et que le sel se comporte comme le pré- cédent lorsqu'on le met sur les charbons ardens, ce sera un chlorate ; s'il laisse dégager des vapeurs blanches en- ièrement solubles dans Teau, donnant avec le nitrate d'ar- gent un précipité blanc caillebotté, insoluble dans Teau et dans Tacide nitrique, ce sera un hydro-chlorate ; si le gaz qui se dégage a l'odeur dceufs pourris , ce sera un hydro- sulfate, pourvu qu'il n'y ait point de soufre précipité ; car, dans ce cas, ce serait un hydro-sulfate sulfuré ; si les (i) Combinaisons des bases avec le chlorure d'oxide de car- bone gazeux ( gaz carbo-muriatique ). ANALYSE DES SELS MINÉRAUX. 5l9 vapeurs blanches sont extrêmement épaisses et qu'elles noircissent le papier avec lequel on les met en contact, ce sera un phtoro-borate ; si ces vapeurs se décomposent dans l'eau et donnent un précipité blanc floconneux, ce sera un fluate (phtorure ) ; si les vapeurs recueillies dans une éprou- vette sont décomposées par Teau sans donner de précipité, mais que le liquide contienne de Tacide hydro-chlorique et qu'il reste du gaz acide carbonique, ce sera un carbo- muriate ; enfin, s'il y a à-la-fois dégagement de gaz acide sulfureux reconnaissante à l'odeur de soufre enflammé et de vapeurs violettes d'iode , ce sera un hydriodate : d'ail- leurs, le chlore décompose sur-le-champ ces sels et en pré- cipite Tiode. B. Supposons que le sel ne fasse pas effervescence avec l'acide sulfurique concentré : s'il dégage des vapeurs blan- ches et qu'il fuse sur les charbons, ce sera un nitrate ; si, par l'addition de Tacide sulfureux, il se précipite de Tiode , reconnaissable à la vapeur violette que produira le précipité lorsqu'on le fera chauffer, ce sera un iodate ; si, en le faisant bouillir avec deux fois son poids de nitrate , de baryte et de Teau distillée, on obtient un précipité blanc, insoluble dans Teau et dans Tacide nitrique, susceptible de se transformer en sulfure lorsqu'après l'avoir séché on le calcine pendant une heure avec son poids de charbon, ce sera un sulfate. Supposons que le sel ne soit ni un nitrate, ni un iodate, ni un sulfate, et qu'il soit soluble dans l'eau, il importe , pour reconnaître avec facilité Tacide qui le compose, de le combiner avec la potasse ou avec la soude, si toutefois il na pas ces alcalis pour base. On commencera par verser dans sa dissolution du sous-carbonate de potasse; s'il ne préci- pite pas, on sera certain qu'il estàbase dépotasse, de soude ou d'ammoniaque; s'il précipite, on aura la certitude du con- traire ; dans ce cas on y ajoutera assez de sous-carbonate de 5lO QUATRIÈME PARTIE. potasse pour le transformer en sel de potasse soluble. Sup- posons maintenant que le sel qui n'est ni un nitrate, ni un iodate, ni un sulfate, soit insoluble dans l'eau, on le transformera en sel de soude soluble, en le faisant bouillir, pendant une heure, avec 8 ou io parties d'eau distillée et 3 parties de sous-carbonate de soude pur : en effet, quelque soit le sel insoluble sur lequel on agisse, on le décomposera en totalité ou en partie , en vertu de la loi des doubles dé- compositions , exposée § 160, et que nous allons rappeler. Le sel inconnu est formé de : Acide -f- base. On le fait bouillir avec Soude -}- acide carbonique. Il se forme......... Sel de soude Carbonate insoluble. soluble. *----------r Lorsque, par ce moyen, on est parvenu à avoir dans la dissolution (que nous supposons être concentrée) Tacide que Ton cherche à déterminer, et qui fait partie du sel, on le reconnaîtra par les moyens suivans : Le chromate est coloré ; il précipite les sels de plomh en jaune serin , et en rouge violacé le nitrate d'argent. Le borate laisse précipiter, par Tacide nitrique ou hydro- chlorique , des cristaux lamelleux d'acide borique. Le /no- lybdate laisse précipiter de Tacide molybdique blanc pul- vérulent par l'addition de Tacide sulfurique ; une lame d'étain plongée dans le mélange ne tarde pas à devenir bleue. Le tungstate est précipité en blanc par Tacide hydro- chlorique , sous la forme de sel double, et lorsqu'on fait bouillir le précipité dans Teau, Tacide tungstique est mis à nu, et offre une belle couleur jaune. L'arseniate précipite les sels de cuivre en blanc bleuâtre, le nitrate d'argent en rouge brique, et les sels de cobalt en rose. L'arsénite pré* cipite en vert les sels de cuivre, en jaune clair le nitrate d'ar» ANALYSE DES SELS MINÉRAUX. 521 gent, en jaune pur les hydro-sulfates mêlés avec un peu d'a- cide nitrique. Le columbate laisse précipiter Tacide colum- bique sous la forme d'une poudre blanche, lorsqu'on le mêle avec Tacide sulfurique. Le phosphite et hypo-phos- phite, évaporés jusqu'à siccité et calcinés, se décomposent, et donnent du gaz hydrogène perphosphoré qui s'enflamme spontanément. Le phosphate ne jouit pas de cette propriété ; mais lorsqu'on le décompose par l'hydro-chlorate de chaux, on obtient du phosphate de chaux insoluble, qui, étant lavé et traité par Tacide sulfurique, donne du phosphate acide de chaux , dont on peut retirer du phosphore par le charbon. ( Voyez pag. 484 du tome Ier. ) io83. Après avoir déterminé la nature de Tacide qui fait partie du sel, on s'occupera 4e rechercher quelle est sa base. Supposons d'abord que le sel soit soluble dans Teau et sans excès d'acide (i). A. On versera dans sa dissolution de Y hydro-sulfate de potasse pur ; s'il précipite par ce ré- actif, il appartiendra aux quatre dernières classes, ou bien il sera à base d'alumine ou de zircone. Supposons qu'il ne précipite pas par Thydro-sulfate, il appartiendra à la série suivante ; Sels de potasse. Sels de magnésie. — de soude. — de glucine. — d'ammoniaque. — d'yttria. —- de chaux. — de baryte. — de strontiane. —- de rhodium. (i) Nous supposerons aussi que le sel n'a pour base ni l'oxide de tungstène, ni l'oxide d'osmium , ni le protoxide d'iridium , pi la silice , parce que les sels solubles formés par ces métaux sont excessivement rares -, la plupart même sont inconnus : d'ailleurs, comme ils ne sont qu'au nombre de quatre) on 5'22 QUATRIÈME PARTIE. On le traitera par l'ammoniaque ; s'il ne précipite pas, il appartiendra à la première colonne; s'il précipite, il fera partie de la deuxième. Examinons d'abord ceux qui ne précipitent pas. On versera dans la dissolution du sous- carbonate de potasse : trois seulement précipiteront : Sels qui ne précipitent pas. Sels qui précipitent. Sels de potasse. Sels de chaux. — de soude. — de baryte. — d'ammoniaque. — de strontiane. — de rhodium. On reconnaîtra facilement ceux qui ne précipitent pas : en effet, les sels ammoniacaux, triturés avec de la chaux vive, laissent dégager du gaz ammoniac, doué.d'une odeur caractéristique; en outre, ils ne précipitent pas par la po- tasse , tandis que cet alcali précipite des sels de rhodium un oxide jaune. Les sels de soude ne sont point troublés par l'hydro-chlorate de platine ; ceux de potasse au contraire donnent, avec ce réactif, un précipité jaune serin. Les sels qui ont précipité par le sous-carbonate de po- tasse se trouvent transformés en carbonates de chaux, de baryte et de strontiane insolubles; on ramassera les pré- cipités sur un filtre, et on les calcinera dans un creuset avec du charbon ; par ce moyen on les décomposera, et on aura les bases, que Ton reconnaîtra par les moyens in- qués page 5i5 de ce volume. Supposons maintenant que le sel ait été* précipité par l'ammoniaque , sa base sera ou de la magnésie , ou de la glucine, ou de Tyttria ; on versera sur le précipité un excès dépotasse; s'il est redissous, ce sera de la glucine; s'il ne Test pas, ce sera de la magnésie ou de Tyttria ; on distin- pourra aisément les reconnaître à l'aide des caractères que nous avons établis en faisant leur histoire. ANALYSE DES SELS MINÉRAUX. 523 guera facilement ces deux oxides Turi de l'autre en pre- nant une nouvelle quantité de sel, et en y versant un excès d'ammoniaque; Tyttria sera précipitée* en entier, tandis que la magnésie ne le sera qu'en partie; en soi te que la liqueur contiendra un sel ammoniaco - magnésien qui, étant filtré et mis en contact avec de la potasse, laissera précipiter le reste de magnésie. Après avoir examiné les sels qui ne précipitent pas par Y hydro-sulfate de potasse, nous devons chercher à reconnaître ceux qui précipitent par ce réactif. On versera de la potasse pure dans la dissolution pour en précipiter Toxide : celui-ci sera coloré ou incolore : Précipités incolores ( i ). Précipités colorés. Sels de zircone. Sels de deuto et de tritoxide — d'alumine. de fer. — de protoxide de manganèse. — de molybdène. — de zinc. — de chrome. — de protoxide de fer (si on — de deutoxide d'urane. agit dans des vaisseaux fermés.) — de cobalt. — de cuivre. — d'argent. — de platine. — d'or. — de palladium. — d'étain. — d'arsenic. — d'antimoine. — de tellure. — de protoxide de cérium. — de titane. — de bismuth. — de plomb. Supposons que Toxide précipité soit incolore ; on l'ex- posera à Tair pendant quelque temps ; s'il bleuit subite- (i) Nous supposons les sels parfaitement purs, et nous ran- geons parmi les précipités incolores ceux qui sont blancs, ou tout au plus d'un blanc légèrement jaunâtre. 5^4 ÇUATTIIÈME PARTI F. ment, ce sera du protoxide de fer ; s'il brunit et finit par noircir, ce sera du protoxide de manganèse. On reconnaîtra celui de zinc, en ce que le sel qui Ta-fourni précipite en blanc par Tacide hydro-sulfurique et parles hydro-sulfates. Les sels de zircone et d'alumine précipitent en blanc par les hydro- sulfates , mais ils ne sont pas troublés par Tacide hydro-sul- furique. Le sel alumineux sera distingué du sel de zircone en ce que le précipité qu'y fera naître la potasse sera redissous par un excès d'alcali, tandis que la zircone est insoluble dans cet agent. Le sel d'arsenic et le deuto-sel iïétain pré- cipitent en jaune clair par les hydro-sulfates ; mais Toxide d'arsenic, mis sur les charbons ardens, répand une odeur alliacée, tandis que le deutoxide d'étain n'offre point ce caractère. Les sels de plomb, de titane, de bismuth et de tellure précipitent en noir ou en brun foncé par les hydro- sulfates ; mais les sels de plomb ont une saveur sucrée, précipitent en jaune serin par le chromate de potasse , fei tonnent, lorsqu'on les décompose par la potasse, un oxile soluble dans un excès d'alcali. Les sels de titane purs précipitent en rouge de sang par Thydro - cyanate de po- tasse et de fer (prussiate). Les sels de bismuth sont pré- cipités en blanc par Teau distillée , et donnent, par la potasse, un oxide insoluble dans un excès d'alcali. Les sels de tellure ne sont point troublés par Thydro-cyanate de potasse et de fer. Les sels de protoxide d'étain donnent un précipité couleur de chocolat par les hydro - sulfates. Les sels d'antimoine fournissent avec ce réactif un précipité orangé, qui devient même rouge par l'addition d'une plus grande quantité d'hydro-sulfate. Enfin, les sels de cérium sont précipités en blanc par les alcalis , par l'oxalate d'am- moniaque et par Thydro - cyanate de potasse et de fer : ils ne sont point troublés par Yinfusum de noix de galle (i). 'i) La marche que nous venons de tracer ne doit être re- ANALYSE DES SELS MINÉRAUX. 52J Supposons maintenant que Toxide précipité soit coloré: s'il est vert ou rouge, et que le sel qui Ta fourni précipite en bleu par Thydro-cyanate de potasse et de fer, ce sera du deutoxide ou du tritoxide de fer ; s'il est jaune ou bleu, qu'il soit dissous par l'ammoniaque, et que la dissolution soit d'un bleu céleste, ce sera du protoxide ou du deu- toxide de cuivre ; si étant bleu il noircit par l'addition du chlore, ou bien qu'il donne des sels roses en le dissolvant dans les acides un peu étendus, ce sera du protoxide de cobalt ; s'il est olive , et que la dissolution qui Ta fourni donne un précipité blanc cailleboté par Tacide hydro- chlorique , et un précipité rouge par le chromate de po- tasse , ce sera de l'oxide d'argent ; s'il est bleu, et si, étant chauffé avec Tacide nitrique, il se transforme en acide mo- lybdique blanc pulvérulent, ce sera deYoxide de molybdène ; s'il est d'un vert foncé, et si, traité dans un creuset avec de la potasse solide, il donne un chromate reconnaissable aux propriétés exposées p. 363 du t. ier, ce sera de Y oxide de chrome; s'il est d'un jaune pâle, et que la dissolution d'où il a été séparé précipite en noir par les hydro-sulfates, en rouge de sang par Thydro-cyanate de potasse et de fer, et en couleur de chocolat par Yinfusum de noix de galle, ce sera de Y oxide d'urane ; si, étant chauffé dans un creuset, il se réduit avec facilité, ce sera de Toxide d'or, de l'oxide de platine ou de Toxide de palladium , ce que Ton reconnaîtra facilement par la nature du métal obtenu. io84* Nous avons supposé jusqu'ici , dans la détermi- nation de la base qui fait partie d'un sel, que celui-ci était gardée que comme préparatoire ; il faudra , lorsqu'on sera parvenu à reconnaître quelle esl l'espèce de sel, constater si elle possède effectivement les diverses propriétés dont nous avons parlé en faisant les histoires particulières. ( Voy, t. ier.) £26 QUATRIÈME PARTIE. soluble dans Teau ; voyons maintenant comment il faut agir si le sel est insoluble dans Teau. Après l'avoir réduit eu poudre fine , on le fait bouillir pendant une heure avec io à 12 parties d'eau distillée et 3 ou 4 parties de sous-carbonate de potasse pur ; par ce moyen , on le dé- compose en totalité ou en partie ; son acide se porte sur la potasse et forme un sel soluble, tandis que sa base, que nous cherchons à connaître , se précipite à l'état de car- bonate ; on lave parfaitement le précipité avec de Teau distillée, et on le traite par Tacide nitrique pur, un peu étendu d'eau, et à la température ordinaire; s'il se dissout ( ce qui arrive le plus souvent) , on a un nitrate dans lequel on découvre la base que Ton désire connaître , par les moyens que nous avons indiqués en parlant des sels solu- bles ; s'il ne se dissout pas, on en opère la dissolution au moyen de Tacide hydro-chlorique ou de Teau régale : il Ti'est aucun carbonate qui résiste à ces épreuves. Des Moyens propres à faire connaître la quantité d'acide et d'oxide qui entre dans la composition dun sel. On connaît plusieurs procédés à Taide desquels on peut résoudre ce problême : i°. On prend 100 grains de base pure, on les combine avec un grand excès d'acide, et on calcine le sel qui en résulte pour volatiliser l'excès d'acide; on pèse le sel ob- tenu , et on connaît sa composition : en effet, supposons que, dans l'expérience dont nous parlons, on ait obtenu 200 grains de sel , celui-ci sera formé des parties égales d'acide et de base : ce procédé est applicable à l'analyse des sulfates de chaux, de baryte , de strontiane et de mag- nésie. Dans quelques circonstances , on se contente de verser assez d'acide faible pour neutraliser la base étendue d'eau, afin de déterminer les quantités employées : c'est ANALYSE DES MINÉRAUX. $2J ainsi qu'on peut faire l'analyse du sulfate d'ammoniaque. Enfin, si Tacide et la base sont à l'état de gaz, on agit dans des cloches, et Ton lient compte des volumes de gaz employés pour parvenir à la saturation complète ; ces volumes indiquent? les poids ; on peut, par ce moyen, faire l'analyse de l'hydro-chlorate d'ammoniaque. 2°. Après avoir desséché le sel, soit en le soumettant à Taction d'une chaleur rouge, soit en le chauffant au degré de Teau bouillante , suivant qu'il est facilement ou difficilement décomposablepar le feu, on en pèse i oo grains on les dissout dans Teau, et on les décompose par la po- tasse ou la soude ; tout Toxide se précipite ; on le lave, on le sèche , on le calcine, et on en détermine la quantité : supposons qu'il y en ait 60 grains , on conclut que le sel renferme 4o grains d'acide. Ce procédé, inverse du pré- cédent, est applicable à un très-grand nombre de cas ; mais il est insuffisant lorsque Toxide précipité peut se dis- soudre dans la potasse ou dans la soude , ou bien lorsqu'il absorbe facilement Tacide carbonique, et que celui-ci ne peut pas être expulsé par la chaleur. 3°. On peut analyser plusieurs sels par la voie des dou- bles décompositions : par exemple, le sulfate de soude pur peut être transformé en sulfate de baryte au moyen de l'hydro-chlorate de cette base : or, on sait que 100 grains de sulfate de baryte contiennent 34 grains environ d'acide sul- furique : donc, en retranchant cette quantité du poids du sul- fate de soude employé, on a celle de la soude : on suppose toujours, dans ces opérations, que le sel que Ton analyse a été pesé après avoir été privé d'eau. Ce procédé est appli- cable à un très-grand nombre de cas. 4°. Les carbonates peuvent être analysés en en traitant 100 grains par une quantité connue d'acide nitrique dans une fiole dont le poids est également connu : supposons que la fiole pèse 2 onces et Tacide nitrique employé i5o grains, 628 Q LATRIE M E PARTIE. et qu'à la fin de l'expérience, au lieu de 2 onces-j-i 5o grains, on ne trouve que 2 onces -f- i3o grains, on conclura que Tacide carbonique dégagé qui fait partie des 100 graina de carbonate pèse 20 grains. 5°. Il arrive souvent que Tacide d'un sel est volatil ou décomposable parle feu, tandis que Toxide est fixe; alors il suffit d'en faire rougir 100 grains dans un creuset, et de voir combien il a perdu après la calcination : plu- sieurs carbonates, plusieurs nitrates et nitrites sont dans ce cas. 6°. Il est possible de déterminer la composition d'un sel sans faire une seule expérience, seulement en ayant égard à la loi qui préside à la composition des corps. Sup- posons, par exemple, que Ton désire connaître les propor- tions d'acide et d'oxide qui constituent le sulfate de plomb t on dira : 100 parties d'acide sulfurique doivent être com- binées avec une quantité de protoxide de plomb contenant 20 parties d'oxigène, puisque, d'une part, nous avons établi, page 482 de ce volume, que dans tous les sulfates neutres la quantité d'acide est cinq fois aussi forte que celle de Toxi- gène renfermé dans Toxide, et que d'ailleurs l'expérience prouve que, dans le sulfate de cuivre, 100 parties d'acide saturent une quantité de deutoxide contenant 20 parties d'oxigène. Il s'agit donc simplement de déterminer quelle est la quantité de protoxide de plomb dans laquelle il entre juste 20 parties d'oxigène: pour cela, on établira la propor- tion suivante : si 7,7 d'oxigène transforment ioodeplomb en protoxide, combien 20 d'oxigène en transformeronl-ils 1 7,7 : 100 :; 20 : x. On trouvera 259 parties de plomb. Il est donc évident que dans le sulfate de plomb il y aura 100 d'acide , 20 d'oxigène et 259 de plomb , ou, ce qui revient au même, 100 d'acide et 279 de protoxide. DE L'ANALYSE DES SELS MINÉRAUX. Ô29 _ H résulte de ces faits que lorsqu'on connaît la compo- sition d'un sulfate , celle des oxides métalliques, et le rapport de Tacide sulfurique avec Toxigène de ces oxides, on peut déterminer la composition de tous les sulfates , pourvu qu'ils soient au même état de saturation : ce que nous disons des sulfates s'applique à tous les autres genres. 70. Plusieurs iodates, la plupart des chlorates et quel- ques autres sels, peuvent être analysés par le procédé sui- vant : on calcine ioo grains du sel dans des vaisseaux fermés, et Ton obtient du gaz oxigène et un iodure ou un chlorure métallique : supposons qu'il se dégage 20 grains d'oxigène et qu'il reste 80 grains de chlorure ou d'iodure, Toxigène obtenu appartient à Tacide et à Toxide du sel : or, on connaît la composition de Tiodure ou du chlorure , et par conséquent la quantité de métal qu'il renferme. Supposons qu'il faille à ce métal 4 grains d'oxigène pour passer à l'état d'oxide, il est certain que 16 grains d'oxi- gène appartiendront à Tiode ou au chlore : on aura donc la composition de Tacide et de la base. Tableau représentant la composition des principaux sels. Borates. Borate de baryte....... Acide, 100j base, 136,97 de soude....... — 100 — 56,68 Carbonate de baryte* • • • Acide, ioo;base, 345,83 decliaux-*-* — 100 — 127,41 de sonde • • •. — 100 — 143,i3 Carbonates.........\_ dépotasse.......... — 100 — 218,37 — de plomb.......... — 100 — 5o6,o6 — dedentox. de came. — ioo — 181,58 II. 34 53c- QUATRIEME PARTIE. Suite du Tableau représentant la composition des prin- cipaux sels. Phosphates Phosphites, Sulfates* * Phosphate de baryte neutre.- acide- acidulé. Phosphate de plomb neutre. acide. Sous-phosphate........... Phosphate d'argent......... Phosphate de chaux........ Sous-phosphate de chaux».. Phosphate de soude desséché. Phosphite de potasse........ — de soude.....•........ — d'ammoniaque......... — de magnésie........... — de baryte............. — de chaux (2)....... Sulfate de baryte........ Ai — de chaux............ — de potasse........... — de soude........• • • • — de magnésie......... — d'alumine........... — de protoxide de fer* • • — de zinc.............. — de deatoxide de cuivre. — de protoxide de plomb. — de merenre.......... Acide, iooj base ,ai4/,6 — IOO — 107,11 — IOO — i55,5 — IOO — 3i4,oo -- IOO — 23o,6o — IOO — 472,00 -- IOO — 487,38 — 100 — 84,53 -- IOO — 107(1) — 100 — 87 Acide, 100; base, 12.5,31 — 100 — i45,39 — 100 — 196,15 —- 100 — 45,41 — IOO -- 123,02 — ioo — i5o,oo ide, 100 j base, 190,47 100 — 70,1-5 ioo — 120,2757 IOO — 78,83a IOO — 51,9483 IOO — 42,80 IOO — 100,00 IOO — 101,967 IOO — 100,000 IOO — 379.74 IOO — 520,00 (1) Les analyses du phosphate de chaux prises dans le mémoire de M. Ber- nelias ne s'accordent pas avec celles de Fourcroy et de M. Vauquelin , qui ont donné 143,90 de chaux; ni avec celle de Klaproth , dans laquelle on trouve 227,80 de chaux. (2) Ces analyses ont été faites par Fourcroy et M. Vanquelin, long- temps avant l'époque où le Mémoire de M. Dulong sur les acides du phosphore a paru : or, il résulte du travail de ce chimiste que les sels décrits , par les auteurs qui l'ont précédé , sous le nom de phosphites , sont ou des phophates, ou le plus souvent un mélange de phosphates et de phosphites. Les véritables phosphites n'ont pas encore été analysés. DE LA COMPOSITION HES PRINCIPAUX SELS. 531 Suite du Tableau représentant la composition des prin- cipaux sels. S Iodate de potasse.......----Acide, ioo; base, 28,61 — d'ammoniaque......... — 100 — 10 g4 — de baryte............. — IOO — 4«,34o C Chlorate de potasse----Acide, 61,228 ; base , 88,17 Chlorates.......•! — de soude sec...... — 120 — 100,000 [ -•■ de baryte (1)..... — 54 — 46,000 Nitrate dépotasse.......... Acide, 100• base, 88,17 — de soude.*............ — ioo — £7,79 — de baryte.............. — 100 — i3g,64 Nitrates. •••••• •( — de chaux.............. — 100 — 5i,45 — de magnésie-*.........• — 100 — 38,09 — de plomb............. — Ioo — 205,09 — d'argent............... — I00 — 207,59 Hydro-chlorate de potasse.* • Acide, 100 j base, 172,81 — de soudé •••• ••.....••• — 100 — n3,26 ydro.chlorates.< - de baryte.............. _ ioo - a73,67 — de chaux. • • • ■......... — 100 — 100,81 — de deutoxide de mercure. — ioo — 387,g3 f Chlorure d'argent* • • Chlore, ioo; Argent, 3o5,59 Chlorures* **| — de potassium* •• * — loojPotassinm, m,3io r Hydriodate de potasse....... Acide, looj base, 37,426 ,. .. , ; — de soude.............. — 100 — 24,728 Hydnodates • • • • ( , ^ ' J \ — de baryte.............. — ioo — 00,622 {.— de zinc................ — ioo — 32,35a Acétate de chaux....."",••• Acide, 100-base, 54,8 — de baryte..........••• — 100 — 131,76 — de soude •............ — 100 — 62,1 "^ — de plomb neutre (2)--- — Ioo — 217,66a Sous-acétate de plomb solub. =— ioo — 656 Sous-acétate insoluble...... — 100 — 1608 (1) Suivant M. Vauqaelin , l'acide chloriqûe ne parait pas suivre dans ses combinaisons, les proportions d'oxigène contenues dans les bases. (2) Il renferme en outre 53,i4o d'eau. 532 QUATRIÈME PARTIE. Suite du Tableau représentant la composition des prin- cipaux sels. Oxalate d'ammoniaque----Acide, 74,45 ; base, 35,55 — de magnésie........... — 73>68 "~" a6,3a -desoude.............. - 65,63 - 36,37 [ -dechaux............. - 62,5o - 3,,5o — de strontiane.......... — 3g,77 — bo=" — de baryte............. — 41**6 — 58'84 — de plomb............. — 25,2o — 74>s° Citrate de chaux.......... Acide,68,83; base, 3l,17 — de soude sec........... — 60,7 — 3g,3 — d'ammoniaque......... — 6a — 38,o ^ — de magnésie.....*..... — 66,6 — 33,34 — de baryte............. — 5o — 5o,o \ — de plomb............. — ioo —190,0 (Tartrate de plomb......... Acide, 100 ; base, 167 — dechaux.............. — 5o,55 — 2i,6| . — eau de combinaison..... — 27,81 — 00,00 1 — de potasse neutre sec* • • — Ioo — 7«>4 (_ — de soude............. — 100 — 35,a Succinate de plomb.......... Acide, 100 ; base, 223,61 Gallate de plomb............ —■ 100 — 173,97 Saccholactatc de plomb...... — 100 ■— 106,87 Benzoate de plomb.......... — 100 — 93,6i CHAPITRE Vil. De VAnalyse des Pierres. Les oxides des deu:$-premières classes peuvent entrer dans la composition des pierres : à la vérité, on n'y trouve, le plus souvent, que de la silice, de l'alumine, de la chaux, de la magnésie, et des oxides de fer et de man- ganèse. Pour les analyser , on transforme ces différens oxides en sels, dont on détermine ensuite la nature : c'est ce qui nous engage à placer leur histoire immédiatement après celle des substances salines. DE L'ANALYSE DES PIERRES. 533 Il est fort rare que la cohésion des pierres soit assez faible pour qu'on puisse espérer de les dissoudre en totalité ou en partie , en les traitant par les acides ; la plupart sont inattaquables par ces agens, en sorte que Ton est forcé de les soumettre à des opérations préalables pro- pres à détruire leur cohésion. i°. On les broie dans un mortier d'agate ou de silex dont on connaît le poids, et lorsqu'elles sont réduites en poudre excessivement fine, on en pèse 5 à io grammes; on retire tout ce qui reste dans le mortier, et on pèse celui-ci (i) • la trituration ne doit se faire que par parties d'un demi-gramme tout au plus ; «i la pierre était très-dure , il serait utile delà faire rougir et de la jeter dans Teau ; par ce moyen on réussirait à la pulvériser plus facilement. 2°. On chauffe la poudre avec trois fois son poids de potasse caustique pure, dans un creuset de platine ou d'argent, que Ton lait rougir pendant trois quarts d'heure au moins ; on laisse re- froidir le mélange, et on le retire du creuset au moyen de Teau bouillante, que Ton emploie à plusieurs repri- ses , en ayant soin de recueillir les liqueurs dans une cap- sule de platine ou de porcelaine , et sans en perdre un atome : dans cet état, ce mélange peut être dissous par Tacide hydro - chloriqûe, tant la potasse, en s'insinuant entre les molécules pierreuses > les a éloignées les unes des autres , et a diminué leur cohésion. 3°. On verse peu à peu , dans la capsule , de Tacide hydro-chlorique pur ; on agite, et on élève la température jusqu'à ce que la (i)ll y a des pierres tellement dures que le morlier peut être attaqué par elles ; alors il perd une portion de silice, qui se trouve augmenter la quantité de cet oxide qui fait partie de la pierre : cette quantité peut être connue en pesant le mortier avant et après la trituration , et doit être retranchée de celle que fournira la pierre. 534 QUATRIÈME PARTIE. dissolution soit comph'te (i) ; alors on la fait évaporer* pour en chasser l'excès d'acide, et pour précipiter la silice ; vers la fin de Tévaporation, quand le mélange est près d'avoir une consistance plus que pâteuse , on ménage le feu, et on agite sans cesse pour empêcher la matière d"être projetée. 4°* On délaye le produit dans dix ou douze fois son volume d'eau distillée et on le fait bouillir ; tous les hydro-chlorates sont dissous, tandis que la silice reste ; on filtre, et on lave parfaitement le précipité siliceux qui est sur le filtre ; on connaît le poids de la silice en la pesant avec le filtre, que Ton a desséché à la température de Teau bouillante. Le poids du filtre seul, desséché à cette température, sera connu par une opération préalable, en sorte qu'on n'aura qu'à le retrancher dé celui du filtre contenant la silice pour connaître la quantité de cet oxide. 5°. La liqueur filtrée, réunie aux eaux de lavage, contient les hydro-chlorates des oxides qui entrent dans la composition de la pierre , et en outre celui de potasse formé par la potasse et par Tacide ajoutés. Nous allons maintenant nous occuper des procédés que Ton doit suivre pour déterminer la nature de ces hydro-chlorates , suivant qu'ils seront plus ou moins nombreuxv A. Supposons d'abord qu'il n'y ait que des hydro-chlo- rates de chaux et d'alumine; on y versera un excès d'am- moniaque liquide pure, qui ne précipitera que Talumine ; on la laissera déposer, et on la lavera, en ayant soin de tenir le vase bouché (2) 5 on filtrera et on pourra peser le (1) 11 est sans doute inutile de rappeler que la silice devient soluble à la faveur de la potasse. ( Voyez § 23a. ) (2) Si on fait ces lavages à l'air, Tacide carbonique de l'at- mosphère s'unit à l'ammoniaque, et le sous-carbonate formé précipite une portion de chaux, en sorte que l'analyse est inexacte. 1 DE L'ANALYSE DES PIERRES. 535 filtre après l'avoir desséché à la température de Teau bouil- lante ; on versera dans les hydro-chlorates de chaux et d'am- moniaque qui se trouvent dans la liqueur, du sous-carbo- nate de potasse pur -, toute la chaux sera précipitée à l'état de sous-carbonate ; on lavera le précipité ; on le fera des- sécher , et on le calcinera pour en avoir la chaux. B. Hydro-chlorates de chaux, de magnésie et de fer. On rendra la liqueur acide en y versant de Tacide hydro- chlorique, et on y ajoutera de l'ammoniaque , qui ne pré- cipitera que l'oxide de fer; on filtrera la dissolution, et on la traitera par le sous-carbonate de potasse , qui y fera naître un précipité composé de sous-carbonate de chaux et de sous-carbonate de magnésie -, après l'avoir lavé on le sa- turera par Tacide sulfurique étendu de son volume d'eau ; les «sulfates de chaux et de magnésie seront aisément séparés l'un deTautre, le dernier étant très-soluble et le premier Tétant à peine -, on pourra même , pour être plus sur qu'il ne reste point de sulfate de chaux en dissolution, concentrer la liqueur ; on filtrera ; on séparera la magnésie du sul- fate par la potasse caustique ; et Ton décomposera le sul- fate de chaux en le faisant bouillir avec une dissolution d'oxalate d'ammoniaque ; par ce moyen on obtiendra de l'oxalate de chaux insolubèe, qu'il suffira de laver, sé- cher et calciner pour décomposer, et en avoir la chaux. C. Hydro-chlorate de chaux, d'alumine et de glucine. On versera de l'ammoniaque dans la dissolution, qui ne sé- parera que la glucine et l'alumine; on les lavera et on les dissoudra dans Tacide hydro-chlorique. Le solutum sera traité par un grand excès de sous-carbonate d'ammoniaque liquide , qui ne précipitera que Talumine, que Ton pourra obtenir sur le filtre, et dont on déterminera le poids après l'avoir calcinée. La liqueur qui contient le carbonate de glucine sera chauffée jusqu'à l'ébullition -, le carbonate d'am- moniaque se volatilisera , et le carbonate de glucine sera? 536 QUATRIEME PARTIE. précipité-, on le ramassera -, on le fera sécher et on le cal- cinera pour en avoir la glucine. Quanta l'hydro-chlorate de cliaux , on en séparera la chaux, comme il vient dêlre dit (B). D. Hydro-chlorate de chaux, d alumine, de glucine et de fer. On les traitera par l'ammoniaque, qui préci- pitera la glucine , Talumine et Toxide de fer. Ce pré- cipité encore à l'état gélatineux, sera traité par un excès de potasse caustique , dissoute dans Teau distillée ; Talumine et la glucine se dissoudront dans cet alcali à Taide de l'é- bullition , tandis que Y oxide de fer restera. On saturera la liqueur par Tacide nitrique , et on en précipitera Talumine et la glucine par l'ammoniaque ; on procédera ensuite à la séparation de ces deux oxides, comme nous l'avons dit (C). E. Hydro-chlorates de chaux , de magnésie, de glu- cine, d'alumine, d'oxide de fer et d'oxide de manga- nèse. On versera dans cette dissolution une assez grande quantité d'hydro-sulfate d'ammoniaque pour précipiter les oxides de fer eide manganèse ainsi quel'alumine : la dissolu- tion, filtrée etréunie aux eaux de lavage du précipité, con- tiendra les hydro-chlorates de chaux, de magnésie, de glu- cine, et de Thydro-sulfate d'ammoniaque; on y ajoutera un excès d'acide hydro-chloriqu^ et on la fera chauffer pour en chasser Tacide hydro-sulfurique -, alors on la traitera par l'ammoniaque, qui ne précipitera que la glucine; on sépa- rera la chaux de la magnésie , comme il a été dit (B). Quant au précipité occasionné par Thydro-sulfate d'am- moniaque, et dans lequel se trouvent Talumine et les hydro- sulfates de fer et de manganèse, on le traitera par la po- tasse caustique liquide, qui dissoudra seulement l'alu- mine*, la dissolution, saturée par Tacide hydro-chlorique et traitée par l'ammoniaque, laissera précipiter Talumine. Les hydro - sulfates de fer et de manganèse seront dissous dans Tacide hydro - chloriqûe. On a proposé plusieurs DE L'ANALYSE DES PIERRES. 537 procédés pour séparer Toxide de fer de Toxide de man- ganèse; mais, suivant M. Vauquelin, il n'en est au- cun qui soit exact : voici celui auquel ce savant ac- corde la préférence : on sépare les deux oxides de Tacide hydro-chlorique au moyen de la potasse ; on les lave et on les fait dissoudre dans Tacide sulfurique ; on évapore les sulfates et on les calcine à une légère chaleur rouge ; le sulfate de fer se trouve décomposé et transformé en per- oxide , tandis que le sulfate de manganèse n'est pas décom- posé ; on traite par Teau, qui dissout ce sel et qui n'agit point sur le peroxide. On est presque toujours forcé de re- commencer Tévaporation et la calcination pour décomposer les dernières portions de sulfate de fer qui pourraient rester. io85. Si après avoir retiré ces différentes matières, on ne trouve pas que leur poids corresponde, à quelques cen- tièmes près, à celui de la pierre analysée, on soupçonnera qu'elle contient de la potasse ou de la soude ; alors on re- commencera l'analyse, et au lieu d'employer un alcali, on fera fondre la pierre avec trois ou quatre fois son poids d'acide borique pur et vitrifié ; on dissoudra le produit dans Tacide hydro-chlorique, et on fera évaporer la dis- solution jusqu'à siccité; on traitera la masse par Teau, qui dissoudra tous les hydro-chlorates, et laissera la silice et presque la totalité de Tacide borique; la dissolution filtrée sera traitée par le sous-carbonate d'ammoniaque, qui précipitera la chaux, la magnésie , Talumine, les oxides de fer , de manganèse, etc., en sorte quvil ne res- tera plus dans la liqueur que les hydro-chlorates de po- tasse ou de soude , et Thydro-chlorate d'ammoniaque ré- sultant de la combinaison de l'ammoniaque ajoutée avec Tacide hydro-chlorique, qui tenait en dissolution les di- verses bases que Ton a précipitées; on évaporera cette li- queur à siccité, et on calcinera la masse pour en chasser Thydro-chlorate d'ammoniaque ; on aura alors, en suppo» i 538 QUATRIÈME PARTIE. sant qu'il y ait de la potasse et de la soude, des hydro- chlorates de ces bases ; on les transformera en sulfates au moyen de Tacide sulfurique, et on procédera à leur sé- paration par la ciistallisation. 1086. L'analyse des argiles rentre dans tout ce que nous venons de dire: en effet, elles sont ordinairement formées de silice, d'alumine, de carbonate de chaux , d'oxide de fer et d'eau. CHAPITRE VIII. De l'Analyse des Eaux minérales. On donne le nom d'eau minérale à celle qui renferme un assez grand nombre de matières pour avoir de la sa- veur , et pour exercer une action marquée sur l'économie animale. Autrefois on divisait les eaux minérales en eaux thermales ou chaudes, et en eaux froides. Cette division n'étant d'aucune utilité pour l'étude, a été abandonnée, et on lui en a substitué une autre fondée sur la nature des substances qui entrent dans la composition des eaux et qui y prédominent. On distingue aujourd'hui des eaux ga- zeuses , sulfureuses , ferrugineuses et salines. Cette distri- bution peut être utile sous le rapport des propriétés médi- cales des eaux minérales, mais elle est d'un faible secours en chimie : en effet, lorsqu'on a déterminé que Teau ap- partient à la section des ferrugineuses , par exemple , on n'en est pas moins obligé , si on veut en faire une analyse exacte, d'y rechercher ^d'autres sels, des gaz, etc, qu'elle peut contenir. Substances que l'on a rencontrées dans les eaux miné- rales (1). Acide hydro-sulfurique , hydro-sulfates de soude (1) Les substances écrites en caractères italiques sont celles. ^ue Ton rencontre le plus abondamment. DE L'ANALYSE DES EAl/X MIXÉRALCS. 53cjr et de chaux sulfurés,* acide carbonique, carbonates de chaux, de magnésie et de fer dissous à la faveur de Ta- cide carbonique ,• carbonate de soude ; cannâtes de po- tasse et d'ammoniaque ; suif ates de soude, de chaux, de magnésie, d'alumine, de potasse, d'ammoniaque, de fer et de cuivre ; alun; hydro-chlorates de soude, de chaux, de magnésie , de potasse, d'ammoniaque, d'alumine, et, suivant Bergman, de baryte , et même de manganèse , d'a- près Withering ; nitrates de potasse, de chaux et de mag- nésie ; acide borique , sous-borate de chaux; soude; si- lice ; acide sulfureux ; matières végétales et animales ; oxigène et azote. Ces substances ne peuvent pas se rencontrer toutes dans Ja même eau minérale : en effet, plusieurs d'entre elles se décomposent mutuellement, comme nous l'avons fait voir dansle tableau du tome premier, page 4775 il est rare qu'une eau en contienne au-delà de huit ou dix. L'analyse dont nous allons nous occuper étant assez compliquée, nous croyons devoir examiner tout ce qui y est relatif dans trois sections distinctes : i° moyens de dé- terminer la nature des principes des eaux minérales ; 2° pro- cédés à Taide desquels on peut les séparer ou en détermi-^ ner les quantités; 3° applications des préceptes établis à l'analyse des principales eaux. §Ier. Des Moyens propres à faire connaître la nature des principes contenus dans les eaux minérales. 1087. On en remplit une fiole et un tube recourbé qnr se rend sous des cloches pleines de mercure, et on chauffe jusqu'à l'ébullition pour en dégager les gaz (voy. § 76) ; au bout d'un quart d'heure, on laisse refroidir l'appareil : supposons que Ton ait obtenu des gaz , on en détermine la nature, comme nous l'avons dit en parlant de l'analyse des fluides aériformes ; si Teau minérale contenait du scus-. 54° QUATRIÈME PARTIE. carbonate dWmoniaque, on obtiendrait également dans la cloche une eau alcaline, *ce sous carbonate étant vo- latil au-dessous de la température de Teau bouillante. ( § 285). Si Teau minérale ne s'est pas troublée , on la fait bouillir encore pendant vingt à vingt-cinq minutes, etsi elle continue à conserver sa transparence, on est certain qu'elle ne renferme ni du carbonate de chaux , ni du carbonate de magnésie, ni du carbonate de fer : en effet, ces car- bonates ne se trouvent en dissolution dans les eaux mi- nérales qu'à la faveur de Tacide carbonique ; d'où il suit qu'en chassant celui-ci par l'ébullition, ils doivent se pré- cipiter. Supposons, au contraire, que Teau se trouble par l'ébullition, et que le gaz obtenu soit de Tacide carbo- nique , il est évident que l'un ou l'autre de ces carbonates, ou deux d'entre eux, ou tous les trois, font partie de Teau minérale ; si le précipité est coloré en jaune brunâtre, on peut présumer qu'il contient du carbonate de fer. Du reste, on fait l'analyse de ce précipité en le dissolvant dans Tacide hydro-chlorique, et en traitant les hydro-chlorates solu- bles comme il a été dit en parlant des pierres ( E, p. 536 de ce vol.). Si le liquide qui a bouilli, que nous nommerons D, et dont ou a séparé les carbonates insolubles, n'a point l'odeur d'œufspourris et neprécipitepointennoirl'acétatedeplomb, tandis que Teau minérale qui n'a pas été chauffée jouit de ces deux propriétés , on est certain qu'elle ne renferme point d'hydro-sulfate sulfuré, mais qu'elle contient de Yacide hydro-sulfurique, et, dans ce cas, celui-ci aura été dégagé et recueilli dans les cloches. Si le liquide D ne donne point un précipité bleu par Thydro-cyanate de potasse et de fer (prussiate) , il ne ren- ferme point de sulfate de fer; si Teau minérale que Ton n a pas fait bouillir donne ce précipité avec ce même réac- tif, on peut affirmer qu'elle contient du carbonate de fer, DE L'ANALYSE DES EAUX MINÉRALES. 541 et, dans ce cas, celui - ci se sera déposé pendant l'ébul- lition. Si le liquide D verdit lé sirop de violette et fait effervescence sans dégager des vapeurs, lorsqu'on le mêle avec quelques gouttes d'acide sulfurique, on est certain qu'il renferme un carbonate soluble par lui-même , qui pourra être le carbonate de potasse, et surtout celui de soude. S'il donne par Thydro-chlorate de baryte un préci- pité blanc , insoluble dans Teau et dans un excès d'acide nitrique , il contient un ou plusieurs sulfates. Si le ni- trate d'argent y fait naître un dépôt cailleboté de chlorure d'argent, insoluble dans Tacide nitrique et soluble dans l'ammoniaque , il renferme un ou plusieurs hydro-chlo- rates. Si, après l'avoir décomposé par la potasse , et avoir séparé le précipité par le filtre, le liquide qui en résulte, évaporé jusqu'à siccité, donne un produit qui fuse sur les charbons ardens, ou en augmente la flamme, il contient un ou plusieurs nitrates. Si le liquide D, traité par un excès d'ammoniaque , et séparé du précipité par le filtre, donne un nouveau préci- pité par la potasse , il contient un sel magnésien, soluble dans Teau par lui-même. S'il laisse déposer du cuivre sur une lame de fer, ou qu'il bleuisse par l'ammoniaque, il renferme un sel de cuivre, qui probablement est le sul- fate. S'il donne par Tacide oxalique un précipité blanc in- soluble dans un excès d'acide oxalique, soluble dans Ta- cide nitrique pur, et susceptible de fournir de la chaux vive par la calcination , il contient un sel calcaire soluble par lui-même. Si étant évaporé jusqu'à siccité, il se réduit en une masse qui, triturée avec la chaux vive, laisse dégager de l'ammoniaque, il renferme un ou plusieurs sels am- moniacaux autres que le sous-carbonate. 542 QUATRIÈME PAR TIE. § II. Des Procédés à taide desquels on peut séparer les principes constituans des eaux minérales , ou en déter- miner les quantités. Afin de simplifier l'analyse dont nous allons nous occu- per , supposons d'abord que Ton ait reconnu, par les essais préliminaires, que Teau minérale ne contient que des matières fixes et une des substances volatiles suivantes : oxigène, azote, acide carbonique, acidt; hydro-sulfu- rique, acide sulfureux , et sous-carbonate d'ammoniaque. 1088. i°. On sépare l'oxigène et l'azote par la chaleur, comme nous l'avons dit § 76 , et on en détermine les quantités au moyen de Thydrogène dans Teudiomètre, ou au moyen du phosphore (1). io8q. 20. On dégage Tacide carbonique en faisant bouillir Teau dans des vaisseaux fermés pendant cinq à six murales; on en apprécie le poids en le recevant dano une éprouvette contenant une dissolution d'ammo- niaque et d'hydro-chlorate de chaux : en effet, à mesure que le gaz arrive, il se précipite du carbonate de chaux, tindis qu'il se forme de Thydro-chlorate d'ammoniaque soluble ; on pèse le carbonate de chaux lavé et desséché , et son poids indique celui de Tacide qu'il renferme. On pourrait se demander si Tacide carbonique obtenu dans cette expérience était combiné ou non, dans Teau miné- rale , à un sous-carbonate ; rien ne serait si facile à déter- miner : en effet, dans le cas où cette combinaison aurait lieu, le sous-carbonate se précipiterait par l'ébullition; on en apprécierait le poids, et le gaz acide carbonique recueilli (i) Il est inutile de faire remarquer que, dans toutes les expériences dont nous allons parler, on agit sur une quantité d'eau connue. DE L'ANALYSE DES EAUX MINÉRALES. 543 serait égal à celui qui fait partie du sous-sel, puisque les sous-carbonates contiennent la moitié de Tacide qui se trouve dans les carbonates saturés. 1090. 3°. L'acide hydro-sulfurique 'doit être également séparé par l'ébullition dans des vaisseaux fermés ; mais on doit le recevoir dans une dissolution d'acétate de plomb acide dans laquelle il fait naître un précipité noir de sulfure de plomb ; on connaît la quantité de soufre que celui-ci contient, et le soufre étant connu , on apprécie facilement le poids de Tacide hydro-sulfurique dont il fait partie. 1091. 4°* Quant à Tacide sulfureux, on le sépare de la même manière, et on le reçoit dans de Teau distillée ; pour en déterminer le poids, on le transforme en acide sulfu- rique , au moyen du chlore, et on verse dans la liqueur assez de nitrate de baryte pour faire passer tout Tacide sul- furique à l'état de sulfate insoluble; on pèse celui-ci, et on connaît la quantité d'acide sulfurique , et par conséquent celle de Tacide sulfureux. 1092. 5°. Le sous-carbonate d'ammoniaque s'obtient en distillant Teau minérale ; il passe dans le récipient ; on en détermine la quantité en saturant le produit volatilisé par Tacide hydro-chlorique , et en faisant évaporer Thydro- chlorate , dont on apprécie le poids. 1093. Supposons maintenant que Teau minérale, au lieu de contenir plusieurs matières fixes et une seule substance volatile,en contienne deux ou trois. Premier exemple. L'eau renferme de Voxigène, de l'azote et de l'acide carbonique. On la fait bouillir dans une fiole munie d'un tube re- courbé ( la fiole et le tube sont entièrement remplis) ; les trois gaz se dégagent, et vont se rendre dans une cloche graduée; on absorbe Yacide carbonique au moyen de la potasse caustique, et le résidu, formé d'oxigène et d'azote, est traité dans Teudiomètre à hydrogène. Deuxième exem- 544 QUATRIÈME PARTIE. pie. L'eau renferme de l'acide carbonique et de Vacide sul- fureux. On sature Tacide sulfureux avec un peu d'acétate dechaux, de manière à former du sulfite de cliaux insoluble ; alors on agit sur Teâu comme si elle ne contenait que de Tacide carbonique. ( Voy. § 1089.) Pour déterminer la quantité d'acide sulfureux, on prend une nouvelle por- tion d'eau et on la chauffe dans des vaisseaux fermés ; les acides sulfureux et carbonique se dégagent, et se dissol- vent dans une certaine quantité d'eau distillée, disposée préalablement dans le récipient ; on agit ensuite sur ce li- quide comme si Tacide sulfureux y existait seul. ( Voy. § 1091.) Troisième exemple. L'eau contient de l'acide hydro - sulfurique et de l'acide carbonique. On la chauffe dans des vaisseaux fermés pour en dégager les deux gaz , que Ton fait passer à travers une éprouvette contenant une dissolution d'acétate acide de plomb , qui arrête et décom- pose Tacide hydro-sulfurique, tandis qu'elle n'exerce aucune action sur Tacide carbonique ; celui-ci sort de Téprouvette, et va se rendre dans un flacon dans lequel on a mis de l'am- moniaque et de Thydro-chlorate de chaux. (Voyez § 1089 et 1090.) Après avoir indiqué les procédés à Taide desquels on peut apprécier les quantités des matières volatiles conte- nues dans les eaux minérales , nous allons exposer ceux que Ton doit suivrepourparvenir à connaître les proportions des matières fixes. On saura combien il y a d'hydro-sulfate sul- furé en versant dans Teau minérale qui a bouilli pendant une demi-heure, de Tacide acétique, et en faisant arriver le gaz acide hydro-sulfurique qui se dégage dans une éprouvette contenant de Tacétate acide de plomb ; il se forme un pré- cipité noir de sulfure de plomb, dont on connaît les pro- portions de soufre et de plomb ; il y a en outre une portion de soufre de Thydro-sulfate sulfuré qui se dépose dans la cornue, DE L'ANALYSE DES EAUX MINÉRALES. 545 Les autres principes contenus dans Teau, que nous sup- posons débarrassée de tous les principes volatils et exempte d'hydro-sulfate, seront séparés , et leur quantité déterminée par le procédé suivant. On la fera évaporer jusqu'à siccité dans une bassine de cuivre étamée ,* on détachera parfai- tement la masse, et on la fera bouillir avec de l'eau dis- tillée à plusieurs reprises, jusqu'à ce que le liquide n'ait plus d'action sur elle ; on obtiendra un résidu B. Le solu- tion sera évaporé, et lorsqu'il sera parfaitement desséché, on le traitera à une douce chaleur par de Talcool concentré à 0,817 de densité,, qui pourra dissoudre quelques matières : supposons qu'il en dissolve, et appelons A la dissolution ; le résidu, insoluble dans Talcool 30,817, sera traité par Tal- cool moyennement concentré à 0,872 de densité, qui dis- soudra encore quelques sels : nous nommerons F cette se- conde dissolution alcoolique; enfin il y aura un résidu sa- lin E insoluble dans Talcool et soluble dans Teau; d'où il suit que, par ce moyen, on parviendra à partager les matières contenues dans Teau minérale qui a bouilli, en quatre por- tions; savoir : R, formée des substances qui sont insolubles dans Teau ; A, composée de celles qui sont solubles dans Teau et dans Talcool concentré ; F, qui renfermera celles qui peuvent se dissoudre dans Teau et dans Talcool moyen- nement concentré ; enfin E , qui contiendra celles qui sont solubles dans Teau et insolubles dans Talcool. 1094* R ne pourra contenir tout au plus que lés carbo- nates de chaux, de magnésie et de fer, du sulfate de chaux et de la siliGe. Supposons qu'il en soit ainsi : par Tacide hydro-chlorique faible, on transformera les trois carbo- nates en hydro-chlorates solubles (1); on filtrera, et après (1) Nous avons indiqué, en parlant de l'analyse des pierres B, comment il faut déterminer les principes constituans de ces trois sels. 546 QUATRIÈME PARTIE. avoir lavé légèrement le résidu de sulfate de chaux et de silice, on le fera bouillir avec du sous-carbonate de po- tasse et de Teau distillée ; par ce moyen , on transformera le sulfate en carbonate de chaux insoluble ; on lavera par- faitement le résidu, et on le traitera par Tacide hydro- chlorique faible , qui transformera le carbonate en hydro-* chlorate de chaux soluble, et qui n'agira point sur la silice. 1095. A. Les matières solubles dans Talcool concentré sont la soude, les nitrates de chaux, de magnésie, les hydro-chlorates de chaux et de magnésie. On les fera dis- soudre dans Teau : si le liquide ne rétablit point la cou- leur du tournesol rougi par un acide, il ne contient point de soude libre : supposons ce cas, qui est le plus commun : On divisera le liquide en deux portions égales ; dans Tune, on versera une assez grande quantité de nitrate d'ar- gent pour précipiter tout Tacide hydro-chlorique et former du chlorure d'argent; on pèsera celui-ci après l'avoir lavé et desséché : son poids fera connaître celui de Tacide hydro- chlorique qui est combiné avec la chaux et avec la magnésie. On versera dans l'autre portion de dissolution saline assez de sous-carbonate de potasse pur pour précipiter la chaux et la magnésie à l'état de sous-carbonates; on lavera le précipité, on le fera sécher, et, par Tacide sulfurique, on déterminera la quantité de chaux et de magnésie qu'il renferme , en sorte que, par ce moyen, on connaîtra combien il y a d'a- cide hydro-chlorique, de chaux et de magnésie dans les hydro - chlorates et les nitrates de chaux et de magnésie dont on cherche à apprécier les proportions. Supposons que Ton ait agi sur 100 grains d'un pareil mélange, et que Ton ait trouvé, par les expériences que nous venons de rapporter, que la quantité de chaux, de magnésie et d'a- cide hydro-chlorique qu'il contient s'élève à 80 grains , il est évident qu'il renfermera 20 grains d'acide nitrique. Il de l'analyse nrs eaux minérales. 54*7 sera , d'ailleurs , aisé de vérifier si la chaux et la magnésie se trouvent dans le rapport convenable pour la saturation des acides hydro-chlorique et nitrique dont les quantités sont connues. FI La liqueur alcoolique F contient les hydro -chlo- rates de soude et d'ammoniaque; on Tévaporera jusqu'à siccité, et on calcinera le produit; Thydro-chlorate d'am- moniaque sera volatilisé, tandis que celui de soude restera: par conséquent la différence entre le poids, avantet après la calcination, donnera la quantité d'hydro-chlorate volatilisé. 1096. E. Les matières solubles dans Teau et insolubles dans Talcool faible ou concentré sont très - nombreuses , comme on peut s'en assurer en consultant ce que nous avons établi au commencement de ce chapitre ; néanmoins nous allons nous borner, dans l'examen actuel, à celles que Ton rencontre le plus communément, et qui sont les sulfates de soude et de magnésie, et le carbonate de soude. Il est impos- sible qu'il y ait à-la-fois du carbonate de soude et du sulfate de magnésie ; car ces deux sels se décomposent récipro- quement ; il ne peut donc y avoir que du sulfate de soude et du sulfate de magnésie, ou du sulfate de soude et du carbonate de soude. Supposons ce dernier cas : on traite le résidu salin par Tacide acétique pour transformer le car- bonate en acétate ; on évapore jusqu'à siccité, et on fait bouillir la masse avec de Talcool ; le sulfate de soude y est insoluble, tandis que Tacétates'y dissout; d'ailleurs, on peut recueillir Tacide carbonique en décomposant le carbonate pa r Tacide acétique dans des vaisseaux fermés, et en recevant le gaz acide carbonique dans une éprouvette contenant de l'ammoniaque et de Thydro-chlorate de chaux. Suppo- sons maintenant qu'il s'agisse de déterminer les propor- tions d'un mélange de sulfate de magnésie et de sulfate de soude ; on le fait dissoudre dans Teau , et on en pré- cipite la magnésie, en faisant bouillir la dissolution avec £48. QUATRIÈME PARTIE. du sous-carbonate d'apimoniaque ; on a sur le filtre le carbonate de magnésie, qu'il suffit de laver , de sécher et calciner, pour en avoir la magnésie; la liqueur filtrée renferme du sulfate de soude et du sulfate d'ammoniaque; on la fait évaporer et on fait rougir la masse dans un creuset jusqu'à ce que tout le sulfate d'ammoniaque soit décomposé et volatilisé ; alors il ne reste plus que le sul- fate de soude. § III. De l'Analyse des principales Eaux minérales. Eau d Aix-la-Chapelle, iooo grammes contiennent : Acide hydro-sulfurique. .............. 28,54 P* c- (■)• Acide carbonique.................... i8,o5 Carbonate de chaux.................. o,i3o4 gr. — de magnésie..................... o,o44° — de soude....................... °*5444 Hydro-chlorate de soude.............. 2,5697 Sulfate de soude.................... 0,2657 Silice............................. 0,0705 On la chauffe dans des vaisseaux fermés, de manière à dé- gager les gaz, et à les faire passer successivement à tra- vers de Tacétate acide de plomb et à travers un mélange d'ammoniaque et d'hydro-chlorate de chaux ; à Taide de la première dissolution , on détermine la quantité d'acide hydro-sulfurique, et à Taide de la seconde celle d'acide car- bonique. On évapore la liqueur jusqu'à siccité, et on fait bouillir le produit avec de Teau distillée, qui ne dissout que le carbonate, Thydro-chlorate et le sulfate de soude ; on fait évaporer la dissolution jusqu'à siccité, et on la traite par Tal- cool à 0,872 dedensilé, qui ne dissout que l'hydro-chlorate de soude; le sulfate et le carbonate de soude sont ensuite traités (1) JNous désignons le pouce cube par/?, c. , le gramme par gr., et le grain par gn. DE L'ANALYSE DES EAUX MINÉRALES. 5/Çg par Tacide acétique; il se forme de Tacétate de soude solu- ble dans Talcool, tandis que le sulfate ne Test pas. Quant *u résidu insoluble dans Teau , formé de carbonate de magnésie, de carbonate de chaux et de silice, on le met en contact avec de Tacide hydro-chlorique faible, qui n'at- taque point la silice, et transforme les deux carbonates en hydro-chlorates solubles ; on sépare la chaux de la magnésie, comme il a été dit à l'article Analyse des pierres. Eau de Balaruc. iooo grammes : Acide carbonique......................... 56, p. c. Carbonate de chaux....................... 7> gr* — de magnésie.......................... o,55 Hydro-chlorate de soude................... 45,o5 — de chaux............................ 5,45 — de magnésie......................... 8,25 Sulfate de chaux.............,........... 4»20 Quelques atomes de fer. On la fait chauffer dans des vaisseaux fermés pour en séparer Tacide carbonique; on Tévapore jusqu'à siccité; on traite le produit par deux ou trois fois son poids d'eau distillée bouillante, qui ne dissout que les hydro-chlorate* de chaux et de magnésie; on évapore de nouveau le solu- tum jusqu'à siccité; on le traite par Talcool très-concentré', qui laisse Thydro-chlorate de soude et dissout ceux de chaux et de magnésie ; on sépare la chaux de la magnésie par les moyens déjà indiqués. Quant au résidu, composé de carbonates de chaux et de magnésie et de sulfate de chaux , on le traite par Tacide hydro-chlorique faible , qui transforme les carbonates en hydro-chlorates solubles, et laisse le sulfate de chaux. Eau d'Enghien. ioo livres : Acide carbonique.......................... i w> g8. Acide hydro-sulfurique...................... 700 p. c. 55o QUATRIÈME PARTIE. Carbonate de chaux........................ 214 g** — de magnésie........................... 15 i Hydro-chlorate de soude..................... 24 —- de magnésie..............»............ 80 Sulfate de chaux........................... 555. Sulfate de magnésie........................ i58 Matière extractive et silice , un atome. Eau de Sedlitz. 5 livres : Acide carbonique...................... 6 e1*. Carbonate de chaux...........,......... 9*75 — de magnésie........................ 6^5 Sulfate de soude........................ 34,5 — de chaux.. »........................ 25 75 — de magnésie........................ 1410,0 Matière résineuse....... f, 1 Eau de Seltz. 2 pintes f : Acide carbonique......................... g0 p# c Carbonate de chaux....................... 17 gn* — de magnésie.......................... 20/j5 — de soude............................. 24,0 Hydro-chlorate de soude................... 109,5 Eau de Spa. 100 litres : Acide carbonique........................ 1080 p. c. Carbonate de chaux...................... , 54^5 „•* — de magnésie......................... 565'5 ~ de s°"5 ~ tlefer.............................. 59)2 Hydro-chlorate de soude.................. , q>2 Eaux de Plombières. Une pinte : Carbonale de chaux....................... JL gn — de soude .. :.......................... ^ gr 5gn> Hydro-chlorate de soude................... ! i.gn. Sulfate dé soude.......................... 2 A DE L'ANALYSE DES EAUX MINÉRALES. 55l Matière animale................... t _l_ Eau de Pyrmont. ioo livres : Acide carbonique........................ i5oo cn. Carbonate de chaux...................... 548,-5 — de magnésie......................... 35g — °\e fer.............................. ,05,5 Hydro-chlorate de soude.................. 122,0 — de magnésie......................... i54 Sulfate de soude cristallisé................. 289 — de magnésie cristallisé................. 547 Principes résineux....................... 9 Eau de Passy. Une pinte : Acide carbonique........................ 0,20 gB. Carbonate de fer......................... 0,80 Hydro-chlorate de soude................... 6,60 Sulfate de chaux......................... 42>2 — de magnésie.......................... 22,6 Alun.......................,.......... 7,5 Sulfate de fer........................... 17 A Bitume, un atome. Eatf, du Mont-dOr. 26 pintes : Acide carbonique........................... 13o g*». Carbonate de chaux.......................... u6 — de magnésie............................ 58 — de fer.................................. 11 Hydro-chlorate de soude...................... i45 Sulfate de soude............................ 57 Alumine.................................. 6a Eau de Bagnères de Luchon. Cette eau renferme des quantités indéterminées d'acide hydro-sulfurique, de carbonate, d'hydro-chlorate et de sul- fate de soude, un peu de silice et de la matière extractive. 552 QUATRIÈME PARTIE. Eaux de Bonnes, source dite la Vieille. 20 litres , tem- pérature de 260 : Acide carbonique, environ............... 90 p. c. Acide hydro-sulfurique................... 40'0 Hydro-chlorate de magnésie............... ogros 19 gn. — de soude........................... o 27 Sulfate de magnésie..................... 1 6 Sulfate de chaux........................ 1 5j Carbonate de chaux..................... o r\r \ Soufre............................... o 4 Silice................................. o 4î Eaux de Barèges, source dite Royale. 30 litres, tempé- rature de 260 : Mêmes produits gazeux que la précédente. Hydro-chlorate de magnésie desséché.......ogros 10 g*. — de soude........................... o 11 Sulfate de magnésie.. •.................. o 11 Sulfate de chaux....................... o ^2 Carbonate de chaux.....................o 18 Soufre............................... o 5 Silice................................ o 4 Peu de matière végéto-animale. Eaux de Cauterets, source de la Raillère. 20 litres , température de 38° : , Acide carbonique....................... 80 p. c. Acide hydro-sulfurique................... 160 Hydro-chlorate de magnésie............... o gros 8 gn. —- de soude.......... .. "............... o 8 Sulfate de magnésie..................... o 18 — de chaux........................... o 54 Carbonate de chaux...................... o 10 1 Silice................................„ o 4 Soufre............................... o 4 ~î DE l'analyse VÉGÉTAL». 553 CHAPITRE IX. De l'Analyse végétale. On peut se proposer la résolution des deux problêmes suivans dans Tanalyse végétale: i° déterminer quels sont les principes immédiats qui constituent une partie quel- conque d'un végétal ; 20 quelles sont les quantités d'oxi- gène , d'hydrogène et de carbone qui entrent dans la com- position de chacun de ces principes immédiats. La chimie n'a pas encore fait assez de progrès pour que la résolution du premier problême puisse être réduite à des préceptes généraux , simples et faciles à exécuter. Nous nous bornerons donc à dire que les méthodes généralement suivies dans ce genre d'analyse ont pour ob- 'jet les traitemens divers que Ton fait subir aux végétaux, soit par Teau , soit par Talcool, par Téther sulfurique , les acides faibles, les alcalis étendus , etc.; tel principe immédiat, soluble dans Teau, ne Test pas dans Talcool, tandis qu'un autre se dissout facilement dans ce liquide ; alors le moyen de séparation est naturellement indiqué. Mais si Tanalyse qui s'occupe de rechercher et de séparer les principes immédiats des végétaux est encore loin d'a- voiratteint le dernier degré de perfection , il n'en est point de même de celle dont l'objet est la détermination des pro- portions d'hydrogène , de carbone et d'oxigène qui en- trent dans la composition de ces principes. Nous devons à MM. Gay-Lussac et Thenard un très-beau travail sur ce point difficile, dont nous allons indiquer les principaux traits , en prenant pour guide le Mémoire qu'ils ont con- signé dans leur ouvrage intitulé Recherches physico-chi- miques. 554 QUATRIÈME PARTIE. Méthode pour déterminer la proportion des principes constituons des matières végétales. Cette méthode consiste à chauffer jusqu'au rouge, dans un appareil particulier, un mélange du principe immédiat et de chloraie de potasse (muriate suroxigéné), et à déterminer la quantité d'acide carbonique produit et de gaz oxigène mis à nu. Il est aisé de voir que, dans cette expérience, Toxigène du chlorate de potasse et celui qui fait partie du principe immédiat, transforment l'hydrogène et le carbone de ce principe en eau et en acide carbonique. Description de l'appareil. (Voyez pi. 2, fig. 7.) « Il est formé de trois pièces bien distinctes :Tune, A A'', est un tube de verre fort épais , fermé à la lampe par son extrémité inférieure, ouvert au contraire par son extré- mité supérieure, long d'environ 2 décimètres et large de 8 millimètres; il porte latéralement, à 5 centimètres de son ouverture, un très-petit tube 5 JS', aussi de verre, qu'on y a soudé, et qui ressemble à celui qu'on adapterait à une cornue pour recevoir les gaz ; l'autre pièce est une virole CC en cuivre, dans laquelle on fait entrer l'extrémité ouverte du grand tube , et avec lequel on l'unit au moyen d'un mastic qui ne fond qu'à 4»° ; la dernière pièce est un robinet particulier, DD', qui fait tout le mérite de l'ap- pareil; la clef de ce robinet n'est pas trouée et tourne en tous sens, sans donner passage à Tair ; on y a seulement pratiqué à la surfaee, et vers la partie moyenne, une cavité capable de loger un corps du volume d'un petit poids ; mais cette cavité est telle , qu'étant dans sa position supérieure y elle correspond à un petit entonnoir vertical E qui pé- nètre dans la douille, et dont elle forme en quelque sorte l'extrémité du bec , et que, ramenée dans sa position infé- rieure , elle communique et fait suite à la tige même du> DE L'ANALYSE VÉGÉTALE. 555 robinet, qui est creusé , et qui se visse à la virole. Ainsi, lorsqu'on met une matière quelconque dans l'entonnoir, bientôt la cavité se trouve remplie de cette matière , et la porte, lorsqu'on tourne la clef, dans la tige du robinet, d'où elle tombe dans la virole et de là au fond du tube de verre. On voit (pi. 2, fig. 7 ) ce robinet adapté seule- ment à la virole ; la tige de ce robinet passe à travers une capsule FF dont l'usage sera indiqué plus bas ».) Re- cherch. phys.-chim. , t, 11, pag. 269. ) Procédé. On broie séparément la substance végétale et le chlorate de potasse fondu et parfaitement pur (1) ; lorsqu'ils sont réduits en poudre impalpable, on les des- sèche à la température de Teau bouillante ; on pèse d'a- bord , dans une petite capsule de verre et à Taide d'une balance extrêmement sensible, la matière végétale; et, pour avoir son poids d'une manière plus exacte, on détermine préalablement celui de la capsule seule; on pèse ensuite le chlorate; on mêle aussi intimement que possible ces deux poudres impalpables sur un porphyre, en les retour- nant en tous sens à Taide d'un couteau de fer flexible ^2) ; on les réduit en une pâte ferme à Taide d'une petite quantité d'eau;on la moule dans un petit cylindre creux de laiton, (1) En incinérant une portion de cette substance végétale , on s'est assuré d'avance , par les quantités de cendres obtenues, des proportions des matières étrangères qui entrent dans sa composition • cette incinération doit être faite dans un creuset de platine , et de manière à ce que les cendres du fourneau ne se mêlent pas avec celles que fournit la substance végétale. (2) Les proportions de chlorate et de principe immédiat ne peuvent pas être indiquées d'une manière générale, car elles varient suivant la nature de ce principe* on peut cepen- dant dire que l'on doit employer plus de chloraie qu'il n'en faut pour que le mélange, calciné dansle petit tube de verre 556 QUATRIÈME PARTIE. dont le diamètre intérieur est de om,oo25 ; on ramollirait la pâte dans le cas où elle deviendrait trop ferme, et si ce cylindre s'engorge on le nettoie avec la tige représentée fig. 7 ; on transforme cette pâte en petites boulettes que Ton arrondit à l'aide des doigts, et on les dessèche à la va- peur de Teau bouillante. Ces opérations préliminaires étant faites , on graisse la clef du robinet; on pratique un trou au milieu d'une bri- queZ, dans lequel on enfonce le tube A A' jusqu'au tube latéral B B' ; on assujettit le tout ; on soutient le tube BB', qui se rend dans la cuve à mercure, par une brique pour qu'il ne s'échauffe pas ; on met quelques charbons rou- ges sur la grille de fer G , sur laquelle repose l'extrémité inférieure du tube A A' ; on introduit de la glace dans la petite capsule de laiton FF', afin d'empêcher la graisse du robinet de fondre ; on élève jusqu'au rouge obscur, à Taide d'une lampe à esprit-de-vin H H, la température inférieure du tube A A', et on fait tomber au moyen du robinet, et successivement, une vingtaine des bou- lettes dopt nous avons parlé, qui s'enflamment aussitôt qu'elles sont en contact avec la partie du tube rougie; Tair de l'appareil est chassé et remplacé par les gaz provenant de la décomposition de la boulette : c'est à dater de ce mo- ment que les résultats de l'expérience doivent être soigneu- sement notés. On continue à faire tomber des boulettes dont on s'attache à connaître parfaitement le poids ; on recueille avec le plus grand soin et dans un flacon jaugé, les gaz qui se dégagent ; lorsque celui-ci est plein, on re- commence l'opération en faisant arriver le gaz dans un autre flacon , et si les flacons sont de même capacité , ils ne sont dont nous avons parlé, laisse un résidu blanc; alors on esS certain que toute la matière végétale sera décomposée par le sel. de l'analyse végétale. 557 entièrement remplis de gaz que lorsqu'on a décomposé un même poids de boulettes; on a le plus grand égard à la tem- pérature et à lapression atmosphériques. On procède ensuite à 1 analye du gaz, qui, si on agit sur une matière végétale non azotée, doit être formé d'acide carbonique et d'oxigène; on absorbe Tacide carbonique par la potasse et par Tèau, et on détermine les proportions d'oxigène, au moyen de l'hydro- gène , dans Teudiomètre de Volta, perfectionné par M. Gay- Lussac. ( Voyez pag. 495* ) i°. On connaît le poids de la matière végétale analysée ; 2° on connaît la quantité d'oxigène fournie par le chlo- rate de potasse pour transformer la matière végétale en eau et en acide carbonique : en effet, on sait, par une analyse faite avant de commencer l'opération , combien ce chlorate contient d'oxigène ; on a d'ailleurs le poids de Toxigène qui est superflu et qui se dégage a l'état de gaz ; 3° on con- naît la quantité d'acide carbonique produite , et par con- séquent celle de carbone de la matière végétale ; on sait combien il a fallu d'oxigène pour donner naissance à cet acide carbonique ; il est donc aisé de calculer combien il s'est formé d'eau. Supposons que Ton ait décomposé [\o parties de ma- tière végétale, que le chlorate de potasse employé con- tienne 8o parties d'oxigène, et qu'après l'opération on en trouve dans le flacon 20 parties ; il est évident qu'il y a eu Go parties d'oxigène employées. Supposons que Ton ait ob- tenu 82 parties et^ de gaz acide carbonique, on dira : puis- que daus ces 82 parties et \ de gaz il y a 60 parties d'oxi- gène et 22 parties et i de carbone, les 4<> parties de ma- tière végétale analysée contiennent 22 parties et £ de car- bone ; mais comme tout Toxigène du chlorate qui a été employé a servi à transformer le carbone en acide carbo- nique , il est évident que Teau, qui est aussi un des pro- duits de l'expérience, n'a pu se former qu'aux dépens de 558 QUATRIÈME PARTIE. Toxigène et de l'hydrogène de la substance végétale : donc les 4° parties de cette matière sont formées , i° de carbone............................. 22,5. Oxigène et hydrogène dans les proportions né- cessaires pour former Teau............... 17,5. 4o,o. Méthode de M. Berzelius. M. Berzelius, qui est parvenu à combiner presque toutes les matières végétales avec Toxide de plomb , en fait Tana- lyse par une méthode qui diffère de la précédente. Il fait un mélange d'une partie de matière végétale unie à Toxide de plomb , de 5 ou 6 parties de chlorate de potasse pur, et de 5o à 6o parties de chlorure de sodium ( sel marin ré- cemment fondu ) ; il chajiffe ce mélange dans un appareil particulier, à une température propre à le décomposer complètement et graduellement, et il obtient de l'eau, du gaz acide carbonique, du gaz oxigène, du chlorure de potassium, du sous-chlorure de plomb, et du sous-carbc- nate de soude. Les gaz sont recueillis dans des cloches dis- posées sur la cuve à mercure ; Teau est condensée dans le récipient ou dans un tube contenant du chlorure de cal- cium ( muriate de chaux fondu); les deux chlorures et le sous-carbonate de soude, qui sont fixes, restent dans le tuyau dans lequel on chauffe le mélange. M, Berzelius ne s'attache qu'à déterminer la quantité d'eau et d'acide car- bonique produits ; il connaît le poids de Teau en pesant, avant et après l'expérience , le ballon et le tube contenant le chlorure de calcium ; le poids de Tacide carbonique est apprécié , i° en traitant le gaz par la potasse caustique pure ; 2° en déterminant combien il y en a dans le sous- carbonate de soude. de l'analyse des matières animales. SSy CHAPITRE X. Analyse des Matières animales. L'analyse des matières animales, comme celle des sub- stances végétales, peut être considérée sous deux points de vue : i° tantôt on cherche à connaître la nature et le nombre des principes immédiats des matières animales ; 20 tantôt on détermine les quantités d'azote , d'oxigène , d'hydrogène et de carbone qui entrent dans la composi- tion de ces principes. § Ier. Des Procédés à l'aide desquels on peut déterminer le nombre et la nature des principes immédiats qui consti- tuent les parties des animaux. Ces procédés sont fondés sur les propriétés dont jouissent les principes immédiats des animaux. Il en est qui sont so- lubles dans Teau ou dans Talcool à toutes les températures; quelques-uns ne se dissolvent que dans l'un ou dans l'autre de ces liquides , et à une température déterminée. L'acé- tate de plomb en précipite quelques-uns, tandis qu'il n'agit point sur d'autres ; et ceux-ci peuvent quelquefois être pré- cipités par le sous-acétate du même métal. Enfin , Tacide nitrique, les alcalis faibles, une légère chaleur sont autant de moyens dont on peut encore se servir dans quelques cas particuliers pour séparer ces divers principes. On peut dire d'une manière générale que tous les réactifs qui ne les altè- rent pas, et qui peuvent précipiter les uns sans agir de même sur les autres, peuvent être employés avec succès. Nous allons faite des applications de ces données aux principales analyses particulières. Analyse du sang. On abandonne le sang à lui-même afin d'obtenir le caillot et le sérum. Caillot. On le traite par Teau froide jusqu'à ce que le liquide soit incolore : le résidu est la fibrine. L'eau de lavage contient beaucoup 560 QUATRIÈME PARTIE. d'albumine et le principe colorant. On ne connaît aucun , moyen propre à la séparation exacte de ces deux substances ; on peut faire chauffer le liquide pour coaguler à-la-fois Talbumine et le principe colorant, et peser le coagu- lum; la majeure partie du poids obtenu devra être attribuée à l'albumine, puisque le principe colorant n'entre que pour une très-petite quantité dans le sang. Sérum. Il est formé d'eau, d'albumine et de plusieurs sels. On détermine la quantité d'eau en le faisant bouillir et évaporer jusqu'à sic- cité dans des vaisseaux fermés; Talbumine se coagule; on traite successivement la masse par Teau et par Talcool afin de dissoudre les sels ; enfin , on pèse Talbumine, et si Ton veut faire Tanalyse des matières salines qu'elle retient, on la calcine jusqu'à ce quelle soit entièrement réduite en cendres, et on fait Tanalyse de celles-ci, comme nous l'a- vons dit en parlant des sels. Analyse de la synovie. On la traite par un acide faible pour en précipiter la partie filandreuse, puis on agit sur ce liquide comme sur le sérum du sang. ( Margueron. ) Salive. ( Voyez § 901. ) Bile de bœuf. On détermine la proportion d'eau contenue dans la bile de boeuf en la faisant évaporer jusqu'à siccitédans des vaisseaux fermés. On connaît la nature et les proportions des sels en incinérant la masse obtenue. On sépare la matière jaune en versant sur une nouvelle quantité de bile étendue d'eau un peu d'acide nitrique ; il se fait sur-le-champ un pré- cipité de cette matière contenant un peu de résine; on le traite par Talcool, qui dissout celle-ci et n'agit point sur l'autre. On filtre la liqueur privée de matière jaune, et on la traite par Y acétate de plomb préparé en faisant bouillir 8 parties d'acétate du commerce avec une partie de litharge; Toxide de plomb s'unit à la résine et se précipite ; on lave le dépôt et on le traite par Tacide nitrique faible et froid ; il se produit du nitrate de plomb soluble, et la résine est DE L'ANALYSE DES MATIÈRES ANIMALES. 561 mise à nu ; la liqueur d'où la résine a été précipitée ren- ferme encore le picromel ; on y verse du sous-acétate dé plomb qui y faitnaître un précipité blanc floconneux d'oxide de plomb et de picromel; on le met sur un filtre et on le fait dissoudre dans du vinaigre distillé ; on fait arriver à travers la dissolution un courant de gaz acide hydro-sul- furique , qui précipite le plomb à l'état de sulfure noir ; on filtre la dissolution , et on la fait évaporer pour en chasser les acides acétique et hydro-sulfurique ; le picromel reste pur. Urine. On la chauffe dans des vaisseaux fermés, à la tem- pérature de 4o à 5o°, afin de recueillir Teau et de décom- poser le moins d'urée possible ; lorsqu'elle est réduite en consistance d'extrait, on sépare la liqueur du dépôt salin qui s'est formé et qui est très-abondant; on la traite par Tacide nitrique pour transformer Turée en nitrate acide d'urée, dont on extrait Turée par le carbonate de potasse et Talcool. ( Voy. § io5o.) On traite les sels par Teau dis- tillée bouillante qui les dissout tous, excepté Turate d'am- moniaque, le phosphate ammoniaco-magnésien et le phos- phate de chaux (i) ; on lave ce dépôt et on le fait bouillir avec de la potasse pure et caustique, qui décompose les deux premiers sels , en sorte que Ton obtient de Turate et du phosphate d'ammoniaque solubles , de la magnésie et du phosphate de chaux insolubles. On verse dans la dis- solution de Tacide hydro-chlorique qui précipite Tacide urique, dont on peut déterminer la quantité ; on filtre, et on verse dans la liqueur filtrée de Thydro-chlorate de chaux (ï) Quelques-uns des sels obtenus en évaporant l'urine sont le résultat de la décomposition qu'elle éprouve pendant l'éva- poralion : il serait sans doute utile d'avoir un procédé propre à séparer les matériaux de l'urine sans la décomposer ; mais nous n'en connaissons point, et celui que nous conseillons nous paraît mériter la préférence sur les autres. iu 36 56*1 QUATRIÈME PARTIE. qui précipite Tacide phosphorique à Tetat de phosphate de chaux; le poids de celui-ci indique celui de Tacide phos- phorique. Quant au précipité composé de magnésie et de phosphate de chaux, on le fait dissoudre dans Tacide ni- trique, et on le traite par l'oxalate d'ammoniaque, qui ne précipite que la chaux à l'état d'oxalate : la magnésie peut être précipitée de la dissolution par la potasse. Les sels de Turine , solubles dans Teau , sont évaporés jusqu'à siccité _, et le résidu est traité successivement par Talcool concentré et par Talcool faible , comme nous l'a- vons dit en parlant des eaux minérales. Si on veut déterminer la nature des acides libres qui se trouvent dans Turine , on doit agir sur une nouvelle por- tion de liquide , immédiatement après son expulsion de la vessie. 1097. Calculs urinaires. ( Voyez pag. 369 de ce vol. ) 1098. De la Matière cérébrale. On dessèche une por- tion de cerveau , pour connaître la quantité d'eau qu'il renferme. On fait bouillir, à plusieurs reprises, une autre portion de cet organe avec de Talcool à 36°, qui dissout les deux matières grasses , Tosmazome et quelques sels ; on filtre la liqueur bouillante , et, par le refroidissement, on voit la matière grasse blanche se déposer ; on évapore la liqueur jusqu'à consistance de bouillie ; on traite le résidu par Talcool froid, qui dissout Y osmazome, et qui n'agit point sur la matièie grasse rouge. La portion non soluble dans Talcool contient Talbumine, le soufre, et plusieurs sels que Ton peut obtenir par l'incinération. Des Os. On connaît la quanlité de matière animale qu'ils renferment, en réduisant en cendre 100 grains d'os, et en pesant le résidu. On peut apprécier le poids du carbonate de chaux en traitant les os calcinés par Tacide acétique, et en versant dans Tacétate de chaux obtenu de l'ammoniaque, pour précipiter le peu de phosphate de chaux DE L ANALYSE liTIS ^.tATIÈI'ES ANIMALES. 563 qu il pourrait conteuir, fihranl la dissolution et la décom- posant par le sous-carbonate de potasse; par ce moyen on obtient un précipité de carbonate de chaux dont la quan- tité est égale à celle qui fait partie des os. On sépare le phosphate de chaux en faisantdissoudredans Tacide nitrique faible les os calcinéset déjà traités par Tacide acétique; la dissolution, filtrée et mêlée avec un excès d'am- moniaque , donne un précipité gélatineux de phosphate de chaux, de phosphate ammoniaco-magnésien et d'alu- mine ; on le fait bouillir avec de la potasse pure et caus- tique, qui décompose le phosphate soluble, et dissout Talu- mine, en sorte que le résidu est formé par la magnésie et par le phosphate de chaux ; on le dissout dans un excès d'acide nitrique , et on le traite par l'ammoniaque , qui ne précipite que le phosphate de chaux , vu que le sel ammo- niaco-magnésien reste en dissolution. Voici comment Fourcroy et M. Vauquelin procèdent à la séparation de la magnésie , de la silice , de Talumine, de Toxide de fer et de Toxide de manganèse des os. « i°. On décompose les os calcinés et mis en poudre m par une quantité égale d'acide sulfurique concentré. » 2°. On délaye le premier mélange dans 12 parties » d'eau distillée ; on jette le tout sur une toile; on laisse » égoutter le sulfate de chaux , et on le presse forte- » ment. » 3°. On passe la liqueur au papier , et on la préci- » pite par l'ammoniaque ; on la filtre une seconde fois ; » on lave le précipité, et on met la liqueur à part. » 4°* On traite le précipité, encore humide, par Ta- » cide sulfurique, dont on a soin de mettre un léger » excès ; on filtre de nouveau ; on lave le précipité ; on » réunit la liqueur avec la* première ( n° 3 ) ; enfin on » recommence cette opération jusqu'à ce que le précipité » formé par l'ammoniaque se dissolve entièrement dans 564 QUATRIÈME PARTIE. » Tacide sulfurique, ce qui annonce qu'il ne contient plus » de chaux en quantité sensible. » Parxette suite d'opérations, on convertit toute la » chat^te: des os en sulfate de chaux, qui , étant peu » soluble, se sépare de la liqueur où se trouve Tacide » phosphorique avec les sulfates de magnésie , de fer , do » manganèse et d'alumine. » 5°. Ces matières , séparées de Tacide sulfurique par » l'ammoniaque, doivent être traitées avec de la potasse » caustique qui s'empare des acides sulfurique et phos- » phorique, dégage l'ammoniaque et dissout Talumine. » 6°. On précipite Talumine de la dissolution alca- yt line au moyen du muriate d'ammoniaque ; on la lave, » et on s'assure, par les moyens connus , si c'est vérita- ri) blement de Talumine. » 70. On fait sécher la magnésie , le fer et le manga- » nèse , dont on a séparé Tacide phosphorique et Talu- 3> mine par la potasse ; on les fait calciner pendant long- » temps dans un creuset de platine, et on verse dessus » de Tacide sulfurique étendu d'eau jusqu'à ce qu'il y en » ait un léger excès. » Celui-ci dissout la magnésie et une portion de fer , » mais ne touche pas au manganèse. »» 8°. On fait évaporer la dissolution de magnésie con- » tenant du fer ; on la calcine fortement ; le fer se sé- » pare, et la magnésie , au contraire , reste unie à Tacide » sulfurique ; on dissout dans Teau, et on obtient le fer » à l'état d'oxide rouge ; on précipite par le carbonate de » potasse, et on s'assure qu'elle est pure par les moyens » connus. » 90. On réunit le fer de l'opération précédente avec » le manganèse de l'expérience 7; on les dissont l'un et » l'autre dans Tacide muriatique mis en excès ; on étend » la dissolution d'eau, et on. y ajoute du carbonate da de l'analyse nrs matières Animales. 565 » potasse jusqu'à ce que Ton voie des flocons rouges se » séparer, et la liqueur devenir claire et sans couleur. » Ces flocons appartiennent à Toxide de fer ; on filtre » pour les séparer ; on fait bouillir la liqueur dans un » matras. Au bout d'un certain temps , le manganèse se » précipite sous la forme d'une poudre blanche ; et lorsr- » que la liqueur ne précipite plus rien, et que la po- » tasse n'y produit plus aucun effet, on filtre , et on a le » manganèse, qui devient noir par la calcination. » Voilà donc Talumine, la magnésie, le fer et le man- » ganèse séparés par les moyens que nous venons de dé- )> crire ; il ne nous reste plus qu'à trouver la silice. » io°. Pour cela , on fait évaporer la liqueur qui con- » tient le phosphate et le sulfate d'ammoniaque des expé- » riences 3, 4 -. etc. ; à mesure qu'elle se concentre, il )> s'y forme des flocons noirs assez volumineux , qu'on » sépare de temps en temps par la filtration ; et lorsque » le sel est bien sec, on le dissout dans Teau, et Ton ob- » tient encore un peu de la matière noire. » n°. On lave ces flocons, on les calcine dans un » creuset de platine , et on obtient ainsi une poudre. » blanche qui a toutes les propriétés de la silice. » Pendant ces opérations, l'ammoniaque se dégage » pour la plus grande partie, ainsi que Tacide sulfu- » rique, à l'état de sulfate d'ammoniaque: Tacide phos- » phorique est alors assez pur ; cependant la potasse » caustique en dégage un peu d'ammoniaque. » ( Annales de Chimie. ) Méthode pour déterminer la proportion de* principes con- stituans des matières animales. MM. Gay-Lussac et Thenard ont fait l'analyse de plu- sieurs substances animales, en suivant le même procédé 566 QUATRIÈME PARTIE. que celui qu'ils ont employé pour les matières végétales ; il faut seulement avoir soin de faire usage d'une quantité de chlorate de potasse capable de transformer toute la matière animale en gaz , sans pour cela qu'elle soit en excès ; car alors on obtiendrait du gaz acide nitreux qui complique- rait les résultats. En opérant ainsi, il se forme de Teau , et Ton obtient du gaz azote, du gaz acide carbonique, et du gaz hydrogène oxi-carburé; on fait Tanalyse de ce mé- lange dans Teudiomètre de Volta perfectionné par M. Gay- Lussac : à Taide de Toxigène et de l'étincelle électrique , on peut déterminer la quantité d'hydrogène qu'il renferme; à Taide de la potasse on connaît la quantité d'acide carbo- nique qui fait partie du gaz enflammé , et on apprécie le poids de Tazote comme il a été dit pag. 493 de ce vol. FIN, JBfcm, de- Ch^Hfrdt'ca/es. J>1 o____x Cenfiine.'mr pour mètre C^? 1-y.f. 9999999 Jt/errv de CàJfedicafe TABLE DES MATIÈRES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE. A Acétates... page 16, 585 Acides animaux........ 2-6 — végétaux.......... ii Acétique......... 14, 582 Acide amniotique. . 278, 46-f — benzoïque.... 42* ^96 Butirique............. 281 — camphorique.. 49» 4QI — cétique............ 82 — chloro-cyanique ^99, 47° — cholestérique.. 282, /^65 — citrique...... 4° ■ 3g5 — formique.......... 2-9 — fungique..... 47 • 400 — gallique...... 44, 5g7 — hydro - cyani- que........ '289, 4^6 — lactique...... 280, 4D5 — lithique. (Voy. acide urique) 2*-6 , 4^4 — de la laque en bâton...... 4^, 400 — malique...... 26, 5hg — margarique... 79, 4'9 — mellitique .... 4^' 599 — méconique.... 4°* • 4°' —*- morique...... 4°> D9° — mucique...... 5o , i\oï. — nancéique..... 52, 404 .— oléique....... 82 , 419 — oxalique...... 28, 090 __ préparé avec l'é- ther et le platine.... 129 Acide prussique. ( Voyez hydro- cyanique.) — prussique oxi- géné. (Voy. Acide chlo- ro-cyanique.) — pyro-tartarique. 5i, 4°2 — quinique..... ^5 , 598 — rosacique..... 277 , 4^4 — saccholactique. (Voy. Acide mucique.) — sébacique..... 281, 4^4 — sorbique...... 52, 5gi — subérique .... 5i , 4°^ — succinique .... 47 t. 599 — larlarique..... 55, D92 — urique....... 276 , 4^4 Adipocire {choles- térine )............. 275 Affinité.............. 47ï agarieus campes. t'-is , bulbosus , theogalus, mus- carius, volvaceus ... 225 Ail.................. 222 Ait atmosphérique ( analyse )...........492 Air expiré............ 5)6 Albumen de lagrai- ne................ 5 Albumine.......254 > 4^7 568 ÏABLE IJES MATIÈRES Alcool.......... ng, 452 Aîocs................ i85 Al unage de la laine, de la soie, etc........ i5i Ambre jaune.......... 244 Amer ( matière jau- ne détonnante )...... 249 Amidon........* 66, 4'5 Amnios.............. 520 Analyse.............. 489 Animaux (corpsor- ganiques)........... 246 Animé (résine )........ 1 08 Aponévroses.......... 555 Assafœtida.......... 18p Aparagine............ 166 Asphalte............. 244 Avoine............... 219 Axonge. (V. Grais- se de porc. ) B Barras... ............. 112 Bassorine............. 71 Baume............... 186 Belladona...........214 Benjoin.............. 188 Benzoates........ 4 3 , 597 Betteraves {sucre). 69, 4f'8 Betteraves( racine).. . . 212 Beurre.......... 88, 545 et 460 Beurre de cacao... 97 , 425 — denoixmuscade 97, 425 Bézoards orientaux..... 574 Bière........... 254, 256 et 460 Bile............ 526, 56o Bitumes.............. a45 Blanc de baleine. (Voy. Cétine.)___... 78 —- de céruse ou ^e plomb........ 588 Blanchiment de la laine,de la soie, etc................ 148 Bleu de Prusse... 297 , 468 — Raymond.......... 15g Bois................ 197 — de Brésil , de Fernambouc ... l55, 197 — jaune fustique. i56, 198 Bouillon......... 555, 558 Boule de Nancy.. 58, 5g5 Brai gras............. 429 — sec............... 115 Bulbes............... 221 C Cachou............... 1 g4 Cactus opuntia........ 5 Cadavres {art de les conserver)......581 Caillot de sang (composition)....... 5io — (sa formation )......511 Calaguala ( racine ).....211 Calculs biliaires dé l'homme........... 567 — intestinaux........ 568 — urinaires de l'homme........ 56g — urinaires des animaux......... 575 —- de la vésicule de bœuf.....____568i — de la vésicule de l'homme......567 Camphorates.......... 4q Camphre........ 114, 429 — artificiel...... 117,450 Cannelle............. iqq Cantharides.......... . 578 Caoutchouc...... 118, 451 Carpe ( laite) ........ 577 PAR ORDRE AL Carthame........ 142,448 Cartilages............ 363 Casearille ( écorce )..... 2o5 Caséum......... 290, 459 Cassave.............. 212 Cassonade............4o4 Castoreum............3*-6 Cendres contenues dans les plantes. 7, 8 Céruse............... 588 Cétine.......... 78 , 4*9 Cerveau.........347 , 562 Cérumen des oreilles............. 366 Cérine............... 106 Chair................354 Champignons......... 225 Charbon de bois (sa préparation). 4IO>, 4*9 ■— de terre........... 240 Chanvre............. 199 Chêne ( écorce )....... 199 Cheveux............. 564 Cholestérine ( adi- pocire )....... 275 , 465 Cholestérates.......... 285 Chyle................ 5o4 Chyme............... 5o5 Cidre........... 254, 592 Cire............ i©5, 420> Citrates......... 42 > 59°" Civette.............. 576 Cochenille............ i55 Colle forte....... 261, 264 Colle de poisson....... 264 Colophane............ ll* Combinaisons défi- nies ............... 479 .— indéfinies.......... 487 Composition des oxides............. 48° — des sels.......• • • • 4^2 — sulfures........., • 485 PHABÉTIQTJE. 569 Composition des iodures. 484 — des phosphures.....Ibid- — des chlorures.....Ibid. Concrétions arthri- tiques , etc.......... 374 Conservation des cadavres...........381 Copahu {baume de)... 10g Copal................ 109 Coquilles........ 376, 578 Corail rouge..........379 Cornes {mucus).......265 — de cerf............ 36o Couleur rouge du carthame...... * 42 * 44^ — ( matières colo- rantes)..... 140, 448 Crème de tartre.. 36, 5g5 Curcuma ( racine ).....208 Cyanogène.......283, 44^ Cyanures........ 284, 4^7 D Daphne alpina....... i65 Décreusage de la soie, du lin, etc.....i49 Dents................ 56a Derme...............35o Désuintage............ i5o Diabète sucré .... 61, 412 Digestion............. 3oa E Eau de Tamnios de la femme........... 52» Eau blanche.......... 26 Eau de Goulard......Ibid. Eau minérale.......... 558 Eau sure des ami- donniers...........4*4 Eau yégéto-minérale.... 26 57O TABLE DES Eau-de-vie....... 124, 4^2 — de grains..........455 Eaux aromatiques.. 90, 423 Ecarlaie (teiulure)..... i54 Écorces.............. 198 Ëgagropile........... 575 Élaïne.......... 77, 4 '9 Elémi (résine)......... 110 Email des dents....... 562 Émétine......... 160, ^5o Émétique........ 58, 39$ Emplâlre diapalme..... 95 Empois.............. 66 Encens.............. 184 Encre............... /\56 Engrais ( son in- fluence dans la \ végétation)......... 7 Épiderme............ 55o Éponge.............. 579 Esprit de Mindéré- rus........... 20, 586 — pyro-acétique.. 13g, 446 — de vin........ 119, ifii Essai de l'alliage d'argent, de cui- vre et des pièces d'or, par la cou- pellation...........512 Essences.............. 424 Ethers divers..... -27, 435 Eudiomètre de M. Gay-Lussac......... 49^ £«y*;tf£or/M/«(feuil- les)................ 215 Euphorbe............ 182 Excrémens des oiseaux............ 5o8 — des poules.......... 5og — des quadrupè- des mammifères.....3o8 Extractif............. i65 Extrait de Saturne. a5, 388 MATIERES Farine de froment.....218 Fécule amilacée... 66, 4'3 Ferment........ *74> 4^4 Fermentation. .-...... . 226 — acide............. 236 — alcoolique ou vineuse............ 227 — putride des vé- gétaux. ............ 238 — put ride des ani- maux ............. 37g — spiritueuse........ 227 — vineuse...........Ibid. Feuilles.............. 212 Fève................ 220 Fibrine.......... 25o, /j57 Fleurs............... 216 Flux blanc et noir. 36, 3g3 Frangipane........... 342 Fromage............. 4^9 Froment............. 218 Froment niellé........ 21g Fruits charnus......... 220 — charnu de ta- marin ............. 221 Fumigation........... 382 G Galbanum............ 182 Gaiipot.............. 112 Gallates.............. 4*> Garance.............. 152 Gaude............... i55 Gaz (analyse).......... 4^9 Gélatine......... 261 , |58 Gelée végétale......... 164 Gentiane............. 208 Germination.......... 3 Girofle.............. 216 PAR ORMRE A fides.............. 5^*5 len.......... 171, 455 nme.............. 69 nme ammoniaque... 181 nme de Bassora. Voy. bassorine)..... 109 nme copal ( ré- ine)............... 10g nme de gaïac....... *ftg mueguite......... ,«3 nme lacque......... 110 nme olivier........ *8q nmes-résines....... *80 u.dron............. 429 unes céréales....... 217 ïisses......... 85, 421 •minées............ 2I« as des cadavres...... atiole............. 2,5 ano............... 5o8 H mâtine........ i4* , 448 mards............. nigstein........... /^Q uille.............. 3^0 îles.......... 88, 421 de camphre........ 115 douce de vin.......458 essentielles.... 97, 423 fugaces............ 424 grasses....... 88 , 421 de naphte......... 245 de pétrole......... 243 de pieds de bœuf.. . 87 siccalives......... 96 volatiles...... 97 , 425 leur delà tran- uralion........... 55o le Tœil........... 522 ro-cyanates. .. 4^8 , 292 romel............ 64 LPHABÉTIQUI. I 57r Indigo... ,42, 44g Influence de la co- hésion et de la force expansive de la chaleur sur l'affinité............ 472 Influence qu'exer- ce la présence d'un liquide sur l'affinité............ 473 Influence des mas- ses sur l'affinité...... 474 Influence de la lu- mière solaire et de l'électricité sur l'affinité......... 476 Inspiration et expi- ration des plantes..... 5 Irmline.......... 68, 4i5 Iris (racine)........... 207 Ipécacuanha........... 2o5 Isatis linctoria....... 44ô Ivoire................ J Jalap................ 206 Jatropha manioc...... 212 Jayet................ 240 Jus de réglisse........210 K Karabé (succin)........ 244 Rina................ 200 Kinate de chaux.......5g8 Kino (gomme)......... 194 Kirchwasser........... 434 $r TABLE D T. S Laine........... i4g* 1$° Lait................. 54i Laite de carpe. (V. carpe. ) Laques............... i4i Laque ( gomme)...... t 10 Larmes.............. 524 Légumineuses {graines).......... 219 Levure de bière... 174, 4^4 Lichens.............. 224 Lie de vin............ 251 Liège................ 204 Ligamens..,.......... 555 Ligneux........ 72, 4'6 Lignite.............. 240 Limonade sèche ,...,,. 42 Liqueur fumante de Cadet..,........... ig — séminale.......... 324 ■— animales acides..... 35o — des sécrétions,.....518 — vineuses de quel- ques plantes sucrées..... 256, 434 Lycopode {semen- ces) ...............220 Lymphe.,............ 318 M Madrepora............ 37g Malates.............. 27 Malambo ( écorce)..... 2o5 Mahhe {bitume)....... 244 Manne............... 190 Mannite......... 65, 4*3 Margarine. (Voy. Acide margari- que. ). Mastic (résine). ,.,.,.. ni M ATI ÈRES. Matière butireuse. 88, 315 et 460 Matière caséeuse. . 270, 4^9 Matière cérébrale. 547 » ^62 Matière colorante du sang....... 259 > 4$8 Matières de la ré- glisse......... 210, 4^7 Matières extractive du bouillon... . 271, 4^2 Matière fécale......... 507 Matière jaune de la bile.......... 272, 4^2 Matières colorantes. i4"» 44^ Matières grasses... 76, 85 et 421 Matières ossifiées....... 561 Matières végétales. 1, 585 Matières animales. 246, 4^7 Méconique. (Voy. Acide. ) Mellile.......... 4°* > ^99 Mellitates............ 46 Membranes........... 352 Mère de vinaigre....... 584 Métaux [Analyse)..... 5og Miel............ 65, 412 Mises dans lesquel- les on coule le sa- von ............... 426 Moelle de sureau....... 75 Morphine........ 166, 4^2 Moscouade. (Voy. Cassonade. ) Moût de raisin......... a5o Mucates.............. 5i Mucilage {gomme)..... 69 Mucus animal.........265 Musc................ 575 Muscles.......,......554 Mutisme.............. 4'l Myrica cerifera....... io5 Myrrhe.,..,.,,....,. i85> *AR ORDRE N Nacre de perle........ 378 Naphte.............. 245 Noir de fumée.........429 Nielle..............2lg Noix de cocotier....... 220 Noix de galles......... ig5 O OEil................. 322 Oléique (Acide). Olivile.......... 75, 419 OEufs................ 576 Oignons.............. 221 Oliban............... 184 Ongles............... 564 Onguent citrin....... . 87 Onguent gris......... Ibid. Opium............... 177 Opopanax............ 184 Orcanette....... 146 , ùfio Orge................ 254 Os............. 556, 562 Osmazome....... 271, 462 Ossifiées (matières).....56i Oxalates......... 2g, 5go Oxides {analyse) ..... 5i4 ALPHABÉTIQUE. Ô73 Peau................ 55o Perles................ Petit-lait........3/*.3 , 460 Pétrole............... 2.45 Picromel........ 27 < , 4^3 Picrotoxine...... 162, 4-»1 Pierres (analyse)....... 5Z«2 — de touche.......... 514 Plantes............... 1 Plique polonaise....... 366 Pois................. 220 Poils................ 366 Poix................. 4^8 Polychroïte...... *4^> 449 Polypiers............. Pollen............... 217 Pomme de terre........ 225 Principe colorant du sang.......25g, 5g8 Principe doux des huiles.............. 65 — narcotique de l'opium.... 170, 452 Produits de la dis- tillation du bois...... 4X6 Prussiates. (Voyez hydro-cyanates et cyanures. ) Pulpe de tamarin......221 Purification de l'hui- le de colza..........422 Putréfaction..........2 38 Paille de froment et d'orge (cendres)..... 218 Pain de cassave........ 212 Pain............ 21g, 454 Panification........... 4^4 Papaver (suc)......... 179 Papier............... 4*5 Pastel................ 449 Pavot blanc........... 177 Quercitron........... 155 Quinquina............200 R Racines.............. 2o5 Rack................ 454 •574 TABLE DES Raffinage du sucre...... 4o5 Raisin................ 25o Réglisse.............. 209 Résines.......... 1.07, 428 — de la bile..........463 — de Botany-Bay ( gomme- ki- ^ .n°)............. *94 Respiration........... 3i5 Rhubarbe............. 207 Rhum............... 454 Riz................. 218 Rouge de carthame (Voyez Cartha- me. ). S Sagou........... 67, 4i3 Saindoux............. 87 Salep........... 68, 4i3 Salive................ 52i Sang............ 5io, 55g Sang-dragon.......... 112 Sandaraque........... mi Santal rouge...... 197 , 145 et 45o Sarcocolle....... i65, 451 Savons.......... 100, 424 Savon deNStarkey....... io4 — à base d'am- moniaque........... 104 Scammonée........... 184 Scille. ............... 222 S cle.ro tium. (cham- pign n............. 218 Scories du métal des cloches (exploita- tion ).............. 5n Sébates.......... 282, 4°5 Sécrétions. .... ...... 518 Sèche................ Seigle..'.............. 217 MATIÈRES Seigle ergoté.......... 217 Sels ( analyse)......... 517 — d'oseille....... 5o, 5go — de saturne..... 25, 3'->~ — de Seignette.... 57, 5g5 — végétal........ 35, 3g3 — de vinaigre......... 16 Semences............. 217 Séné ( feuilles )........ 2i5 Sérum du lait..... 5j5 , 46" — du sang.......' 510, 55g Sève des plantes....... 175 Sirop de raisin......... 411 Sorbique (acide)........ Stéarine......... 76 , 4'9 Storax calamité........ 188 Styrax liquide ... ,..... 188 Subérates............. 52 Subérine............. 72 Substance cristalli- sable de l'opium. 170, 4^2 — animales...... 2/[6, 457 — grasses............ 75 Suc gastrique......... 5i5 — pancréatique....... 522 — de papayer......... 17a — de pavot blanc...... 177 — huileux et rési- neux ........... 186 — laiteux............ 177 — mucilagineux....... 1 go — sucrés........... Ibid. Succin............... 244 Succinates............ 47 Sucre........... 59, 40 \ — de lait........ 274, 461 — de plomb..... 25, 387 — de saturne. .. . 25, 087 Sueur................ 55o Suif...............'.. 86 Suint................ i5o Sumac............... 198 Synovie......... 519, 56o PAR ORDRE AL T Tal>ac............... 212 Tableau des huiles volatiles............ og — des sels............ 52g T*ffia................ 454 Tamarin............. 321 lan................'• '99 lannnge............. 35r Tannin.......... 192, 455 Tartrates........ 34, 393 Tartre rouge ou brut............... 393 — des dents.......... 563 Teinture............. 147 — de mars, de Lu- dovic...... 38, 3g5 — de mars tarlari- sée............Ibid. Tendons............. 555 Térébenthine......... 112 Terrage du sucre....... 4°6 Terre du Japon (ca- chou).............. ig4 — foliée de tartre, ig, 586 Terreau......4.......239 phabétique. 575 Tissus des animaux...... 35i — cartilagineux....... 365 — glanduleux......... 555 Tourbe.............. 25g Transpiration.......... 53o u Ulmine......... 164, 4^1 Urée............ 267, 461 Urjne.....---'.. 33i; 56i Urique (acide). V Végétaux............. 1 Verdet.......... 21 , 587 Vernis............... 447 Vert-de-gris..... 22, 387 ' Vin................. 23o Vinaigre............. 14 — de bois............ 4 ' 6 — radical............584 z Zoophy tes............ 37g FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE. NLM052288997